J’étais enfin libre… Les médecins m’ont donné l’autorisation de sortie de l’hôpital et j’ai pas attendu longtemps avant d’appeler Sonny pour qu’il vienne me chercher pour me reconduire chez moi.

Et une fois chez moi, j’avais pas tardé à dépoussiérer quelques flingues de ma collection pour en mettre un dans ma table de nuit et un dessus. Au cas où… Parce que j’savais pas ce que Ward ou River pourraient me faire dans mon foutu sommeil… J’crevais de trouille en fait si bien que je m’étais dit que sortir et dormir sans flingue était une foutue mauvaise idée.

Même si… J’dormais pas beaucoup en fait… Le sifflement dans mon oreille m’en empêchait et j’avais plus la morphine de l’hôpital pour m’aider à dormir. Du coup… Bah… J’ai trouvé un truc. De la vodka mélanger avec mes anti-douleur. C’était mal mais efficace. Et j’dormais sans cauchemar avec ça. Parce que, ouais, les cauchemars avaient pas cessés depuis que je m’étais fait tabasser…

Et c’est sans doute à cause de ce cocktail parfait que j’me suis réveillé trop tard ce matin… Ouais, j’avais pris rendez-vous avec Jack à travers une des secrétaire de BSC… Jack qui devait avoir lu ma p’tite guerre avec Reed dans les médias. Jack qui devait pas avoir aimé ça… Mais l’était pas venu me voir à l’hôpital parce que j’lui avais dit que j’préférais pas que Jesse me vois là-bas. C’était avant, j’crois, que Jack soit au courant de ce que j’avais dit parce qu’il semblait pas fâché au téléphone. Parce qu’apparemment, je p’tit Jesse avait un cadeau pour moi. Mais lui aussi j’préférais le voir après avoir vu Jack… C’était mieux.

Donc, j’avais pris rendez-vous… Et on me l’avait mis à 11h mais... Bah là que j’me levais, il était 11h et j’devais encore m’habiller et rouler jusqu’à Downtown.

J’enfilai des vêtements, but quelques coups de vodka, pris mes médoc’ et j’pris ma Mustang pour filer jusqu’aux bureaux de BSC. Une fois arrivé, j’me présentai devant la réceptionniste.

-J’viens voir Jack…

Elle regarda dans son carnet et leva un sourcil.

-Vous aviez rendez-vous à 11h… Il est 12h30…

Ouais, j’sais.

-Ouais… J’sais… Mon réveil est cassé.

Elle déclara qu’elle allait le prévenir pour voir s’il avait du temps pour moi. Elle téléphona, donc, et après son coup de fils, elle me sourit.

-Vous pouvez y aller, Monsieur Stone. Monsieur Perry est disponible.

J’souris. Il va me tuer mais j’ai vu pire que Perry ces derniers temps.

-Cool ! Oh et vous êtes nouvelle ?

Elle hocha de la tête pour confirmer.

-Bon courage, alors ! Le patron de cette boîte est un enfoiré. Oh et vous pouvez m’appeler Howard comme tout le monde. Ou Stone su vous êtes fâchée sur moi.

Elle rigola. Au moins, j’avais fait sa journée, j’crois. Et j’filai dans l’ascenseur pour rejoindre l’étage du bureau de Jack. Quand j’fus devant, j’toquai et entrai tout en même temps.

-Salut, Jack !

J’ferai la porte m’avançant vers son bureau avant de m’affaler dans la chaise en face de lui.

-J’sais, tu veux sûrement me tuer… Mais faut faire la file alors… Comment va mon p’tit Jesse ? J’ai lu qu’il avait abandonné la tournée… Il va bien, hein ?

Ouais, j’espère qu’il va bien.

@ Billy Lighter

Au départ, j’avais cru qu’Howard ne voulait pas qu’on vienne le voir à l’hôpital pour ne pas inquiéter Jesse outre mesure. Et puis, ce n’était jamais gratifiant d’être vu sur un lit d’hôpital…

Je n’avais compris que trop tard, en lisant L.A.People, pourquoi Howard avait ensuite pris rendez-vous avec moi à la tour plutôt que de venir voir Jesse chez nous ou qu’on aille chez lui… Il ne voulait pas voir Jesse en fait… Enfin, pas tout de suite.

Jesse avait été déçu… Et moi, j’étais furax !

Fireworks étaient le seul groupe que j’avais, en dehors de Jesse, qui avait une belle notoriété… Pas que je sois un carriériste comme Daniele Ricci ou Daryll Rogers, mais Fireworks, c’était ma petite perle à moi.

Et Howard, pour des raisons qui m’échappaient complètement, voulait retirer son groupe de BSC ! Pourquoi ?! Seigneur Dieu ! Pourquoi ? Ce n’était pas comme s’il n’avait jamais su comment Jimmy Reed était ! C’était de notoriété publique !

En plus, il était passé midi et il n’était toujours pas là !

Je lui avais donné rendez-vous à 11 heures !

Pour finir, la réceptionniste me contacta par téléphone pour me dire qu’Howard était enfin arrivé !

-Juste quand je vais aller manger, évidemment ! Faites le monter, s’il vous plait…

Quelques minutes plus tard, Howard entra dans le bureau tout en frappant.

Il me salua, moi je le vrillai du regard jusqu’à ce qu’il soit affalé dans le siège face à moi.

-Tu pues l’alcool jusqu’ici…

Il avait encore les fantômes de ses hématomes sur le visage et avait les yeux injectés de sang et complètement vitreux. Il était littéralement bourré et complètement débraillé.

Il savait que j’avais envie de le remettre sur un lit d’hôpital tellement j’étais furieux ! Mais avec sa nonchalance habituelle, il demanda des nouvelles de Jesse.

Sans répondre, je lui tapai le numéro de L.A.People où il annonçait que son groupe et BSC, c’était fini et je haussai un peu la voix… Sans vraiment crier…

-Tu ne pouvais pas venir me voir AVANT de faire une déclaration dans L.A.People ???! Non ! Il fallait que tu le dises à tout L.A., mais pas à ton manager !

J’écartai les bras en signe d’impuissance.

-Qu’est-ce qui te prends ? Qu’est-ce qu’il se passe avec Reed ? Tout ce que tu as dit sur lui n’est pas nouveau, tu as signé ici en sachant qu’il était comme ça… Alors pourquoi ?

@ Billy Lighter

Je saluai Jack mais, à voir sa tête, l’était vraiment pas content. J’savais pas si c’était à cause de ce que j’avais dit dans L.A.People, de mon retard, des deux ou bien d’autres chose que j’aurais fait sans m’en rendre compte…

Il ouvrit la bouche après que j’me sois installé face à lui… Il disait que j’puais l’alcool et j’pris un air assez contrarié. P’tain, tout le monde allait me lâcher avec ça ? Est-ce que j’lui dis, moi, qu’il sent le café ? Non ! Pourtant, il sent le café ! Comme toute cette foutue tour, d’ailleurs.

-Oh… Même pas de « bonjour »… Non un « Howard tu pues l’alcool ». Ok... Bah, tu pues le café, Jack…

J’ai l’air d’être d’humeur à recevoir une leçon de morale ? Non. J’avais eu ma dose à l’hosto. Chaque jour j’recevais des leçons de morales à l’hosto de la part des infirmières. Ce sont de vraies mégères, celles-là.

J’savais, avant d’entré, qu’il serait pas de bonne mais je m’attendais pas à ce que ça soit à ce point-là. Alors, j’demandai des nouvelles de Jesse… Parce que j’avais réellement envie d’avoir des nouvelles de Jesse. J’avais pas eu envie qu’il vienne me voir à l’hosto parce que j’avais une tête à faire peur et que j’voulais pas effrayer le p’tit. J’savais qu’il avait dû en voir d’autres d’où il venait mais c’était pas une raison pour en rajouter. Surtout si Jack aussi aurait posé des questions sur mon état et aurait vu qu’il y avait un problème entre mon état et mon explication sur mon état.

Mais Jack me dis rien sur Jesse. Il préféra me foutre mon L.A.People devant moi. Je disais « mon » parce qu’il y avait mon article dedans. Il disait que j’aurais dû venir le voir avant de faire cet article. J’fis la moue… Ouais, j’aurais dû…

-J’croyais que t’étais encore en tournée…

C’était vrai en plus… Puis, j’avais fait tout sur un coup de tête… Je m’attendais pas à ce qu’Amon passe si vite me voir et tout.

Il me demanda ce qu’il me prenait et tout… Il disait que tout ce que j’avais dit sur Reed était pas nouveau alors il comprenait pas… Je le fixai alors droit dans les yeux. Parce que j’avais pas tout dis à L.A.People et j’savais que Jack devait savoir la vérité sur Reed… Après tout, l’était le père adoptif de Jesse. Devait savoir d’où Jesse venait, non ? Il devait savoir que pour l’adopter, l’a dû trafiquer, non ? S’il le sait alors j’comprenais pas pourquoi l’avait pas déjà quitté BSC… Et s’il le savait pas alors c’est que Reed était encore plus vicieux.

-Tu me poses réellement la question, Jack ?

J’le regardais… Plus avec un air nonchalant mais avec un air sérieux.

-Tu sais quand même d’où vient Jesse, hein ? Tu sais que c’était un gamin qui travaillait pour les Los Diablos, hein ? Et tu me demande pourquoi j’en veux à Reed?

En fait, ouais, il devait se demander pourquoi je lui en voulait maintenant. C’est ce qu’il avait dit, d’ailleurs, alors j’ajoutai des explications.

-Reed est venu me voir à l’hosto. T’sais, j’suis pas tombé dans l’escalier en fait, mais j’me suis fait tabassé par le chef des New Soldados. Si j’me suis fait tabassé c’est parce que j’ai voulu aider un flic à garder la garde d’un gamin qui s’appelle Grant Custer… J’crois que tu le connais. L’est dans l’école de Jesse. Parait même qu’il travaille dans cette tour. Bah, le p’tit Grant est le fils biologique du chef des New Soldados. Alors, j’ai voulu aider mon ami le flic en jouant les indic’. Mais j’me suis fait avoir et voilà le résultat.

Je fixai toujours Jack. Ça expliquait pas ce que j’avais contre Reed. Mon discours était décousu. J’étais bourré et énervé.

-Reed, il est pas venu pour voir si j’allais bien mais parce que j’avais posé des questions à sa fille pour obtenir des infos et coincé Ward Fleming. Il se fichait que j’aille bien ou non. Et, apparemment, tu t’en fiches aussi vu que la première chose que tu me demandes c’est des foutu trucs de management !

Ok, j’abusais pour Jack, j’avoue…

@ Billy Lighter

Howard râla que je ne lui avais pas dit bonjour. Mais s’il était complètement bourré, moi, j’étais énervé. Et j’avais des raisons d’être énervé ! Mon seul groupe phare voulait se faire la malle et je savais que Jimmy Reed m’attendrait au tournant même si c’était peut-être lui la cause de tout ce bordel !

Je ne relevai pas sa remarque comme quoi je puais le café. Sa réaction était puérile. C’était digne d’une cour de récré.

Par contre, je lui expliquai bien qu’il aurait du venir me voir en premier. Moi ! Son manager ! Et pas Sørensen !

Il répliqua qu’il me croyait en tournée. Je le regardai, furieux.

-On a inventé le téléphone, Howard !

J’aurais accepté qu’il m’explique tout ça par téléphone. Et ensemble, on aurait peut-être pu trouver une solution. Cibler les problèmes et les régler pour pouvoir avancer.

Mais ce que je ne comprenais pas, c’était pourquoi, tout d’un coup, il s’en était pris à Reed. Tout ce qu’il avait dit sur le magnat de BSC, on le savait déjà… Il avait même parlé de lien avec la mafia ce qui me laissait entendre qu’Howard en savait bien plus sur Reed qu’il n’en avait dit sans oser aller trop loin quand même.

Alors je lui demandai quelle mouche l’avait piquée. Il me regarda, sérieux, comme si c’était évident.

-Oui, je te pose la question, Howard.

Il me répondit par d’autres questions. Car forcément, je devais savoir d’où venait Jesse.

-Je sais d’où vient Jesse. Je ne valide pas le fait que lui et Alvaro travaillaient dans la rue pour Reed…

J’avais dit ça d’un air renfrogné. Reed me tenait littéralement par les couilles depuis qu’il avait tout fait pour que Brooke et moi, on puisse adopter notre petit Jesse.

-Mais Reed les a laissés rejoindre United For Youth maintenant… Tous les enfants…

Mais là n’était pas le fond de l’histoire d’Howard que j’écoutais attentivement. Ce n’était pas facile parce qu’il mâchait ses mots tellement son visage était engourdi par l’alcool. Et ma mâchoire tomba quand j’appris qu’il s’était fait piéger et torturer par le chef des New Soldados.

Dans un souffle je dis :

-Oui, je connais Grant… Jesse s’en plaint toujours… Et je l’ai vu ici aussi…

J’avais même du aller rechercher mon badge dans ma voiture le jour où je l’avais croisé.

Bref, Howard avait voulu aider le gamin à ne pas tomber entre les griffes d’un certain Ward Fleming qui devait donc être le fameux El Lider dont la presse parlait. Puis Howard s’énerva du fait que tout ce qui nous intéressait, Reed et moi, c’était les histoires de management.

J’étais bouche bée…

-Mais Howard… je savais pas… Pourquoi tu n’es pas allé voir la police ?

Je clignai des yeux en secouant la tête.

-Et tu t’attendais à quoi de la part de Jimmy Reed, sérieusement ? Qu’il reste à ton chevet à te raconter des histoires ?

@ Billy Lighter

Le téléphone ? J’plissai des yeux avant de croiser les bras. S’il est en tournée, comme il veut que j’lui téléphone, hein ?

-Et comment j’sais où t’es, hein ? Si t’es en tournée, j’peux pas savoir dans quel hôtel tu crèches, vieux. Puis, y’a le foutu décalage horaire…

Ouais… J’le calcule comment, ça, hein ? J’sais pas toujours combien il y a avec les autres pays et la tournée était en Europe, c’est super chiant. Puis, j’étais sur un foutu lit d’hôpital à crever de mal alors bon !

Puis, Amon est venu assez vite alors j’avais bien dû décharger ma haine. Et Amon était là, alors…

Bref, semblerait que Jack me laisse aucune circonstances atténuantes.

Puis, il me demandait pourquoi j’en voulais subitement à Reed… Et là, c’était à moi d’être étonné et j’lui demandai s’il me posait réellement la question ou si tout ça était rhétorique mais Jack voulait vraiment savoir.

Alors, moi, j’voulais savoir s’il savait… Pour Jesse, pour d’où il venait et tout ! Et vous savez quoi ? Bah, Jack savait. Jack savait que Reed avait fait faire des missions à Jesse alors que le gamin avait quoi ? 7 ou 6 ans ? C’est méga horrible ! Mais Jack, il disait simplement « je ne valide pas ce qu’ils ont fait ». C’est sérieux ?! Qu’il aille faire de la politique le Perry ! Je pris un air du type qui tombe des nues.

-Donc… Tu savais que Reed faisait faire des missions à Jesse dans l’Eastside pour son petit trafique de drogue et toi, t’es pas plus choqué que ça ?! Il fait bosser des enfants, sérieux ! J’croyais que tu avais un âme ! Tu m’engueule parce que j’esquinte un p’tit peu la bagnole de ce connard de Masters mais quand c’est Reed qui fait bosser des enfants dans les rues, ça, tu dis simplement que tu ne valides pas ?!

Mais Jack disait que Reed avait donné les enfants à United For Youth. Je fixai Jack, toujours choqué par ce qu’il disait.

-Donc, l’a fait travailler des gosses pendant des années et, maintenant qu’il s’est trouvé un semblant de conscience, tu es prêt à fermer les yeux ?

J’en revenais pas… J’comprenais pas Jack. J’croyais que c’était le type le plus intègre de l’univers après Jordan Keller mais, maintenant, j’commençais à comprendre pourquoi l’était manager.

Puis, j’expliquai ce qu’il m’était arrivé… J’parlai de Fleming et tout… Il disait connaitre Grant. Que Jesse s’en plaignait.

-Bah c’est le fils de Ward Fleming… Et s’il est chez Ward il sera encore pire qu’il ne l’est maintenant. Personne veut ça pour un gosse.

J’voyais bien que Jack était choqué par ce que j’venais de dire. Il disait ne pas savoir. Normal, j’avais menti aux médias. Il demanda pourquoi j’ai pas été voir la police.

-J’ai été… J’ai été voir Keller… Mais…

J’déglutis…

-J’pouvais rien dire… J’pouvais pas expliqué ce qu’il s’était passé même si Jordan savait très bien ce qu’il m’était arrivé. J’pouvais pas témoigner parce que si j’le faisais, Fleming allait s’en prendre aux gens que j’aimais… L’en est capable. C’est un tueur.

Mais il comprenait toujours pas pour Reed… Il se demandait ce que j’attendais de Reed… Je fixai Jack comme si j’étais vraiment désespéré qu’ils comprenne pas.

-J’sais que Reed est un enfoiré. J’le sais depuis des années… Mais quand il est venu à l’hôpital et après tout ce que j’avais compris pendant ma p’tit mission d’indic’, j’ai compris que tout était pire que ce que j’imaginais. Des gens crève dans la guerre entre Reed et Fleming. Il a fait bosser des enfants… L’a aucune considération pour les femmes surtout si elles proviennent de la basse classe. Quand j’me suis fais avoir par Ward, y’avait une fille… Une prostituée. Elle s’était faite démolir par Ward. C’était une Los Diablos… Mais Reed, l’en a rien à faire qu’elle crève. Pour lui, ses hommes auraient jamais dû la recrutée parce que « c’est qu’une femme de basse extraction »… Y’a des morts tout ça parce que Reed se fait triper avec son p’tit pouvoir à la con. Après avoir vu tout ça et entendu Reed parler de tout ça sans avoir la moindre once de remords, ça m’a tué. J’peux plus supporter de rapporter de l’argent à un type pareil. Tu peux au moins comprendre ça, non ?

J’le fixai droit dans les yeux.

-Parce que j’ai l’impression que tu lui pardonne un peu vite ce qu’il a fait faire à Jesse.

Très vite, même.

@ Billy Lighter

Je laissai tomber ma tête dans ma main en soupirant quand Howard se défendit de ne pas m’avoir appelé pour vider son sac plutôt que de tout balancer à Sørensen…

-Howard… Suffit de téléphoner ici, à BSC et ils te donnent automatiquement mon numéro à l’hôtel…

Je savais que je ne lui apprenais rien et que sa défense était complètement nulle, mais bon… J’étais un peu paternaliste et Howard était un peu un ado attardé alors je ressentais le besoin de lui expliquer quand même.

On parla alors de Jimmy Reed contre qui il en avait… Même si dans un sens, je m’en foutais un peu de ce qu’il pensait du magnat de BSC. Ce qui m’importait à moi, c’était que Fireworks ne quitte pas la boîte… En fait, qu’ils ne me quittent pas moi… Parce que si je les perdais, ma réputation et ma carrière allait encore en prendre un coup, surtout après avoir déjà perdu Livia qui cartonnait.

Mais je ne savais pas encore que les choses étaient beaucoup plus graves et beaucoup plus profondes que ça.

On était choqués tous les deux par les réactions de l’autre…

Et quand Howard mis les choses en mots, ça me sembla… pas du tout être l’image que j’avais de moi-même…

Howard avait raison… Reed avait fait travailler Jesse dehors, la nuit, le jour… Jesse faisait encore des cauchemars à propos de son ami Paco qu’il avait vu se faire tuer.

Et moi je faisais quoi ? Je passais l’éponge. Je fermais les yeux comme disait Howard.

Je baissai les yeux, un peu honteux.

-Tu as raison… Tu as raison Howard ! Mais qu’est-ce qu’on peut faire ?

Puis on parla un peu de Grant, le petit vigil de la tour… Il était désormais aux mains de son père qui était aussi un chef de gang et Howard ne souhaitait pas ça pour le petit.

-Howard… Tu es un artiste, je suis un petit manager dans une boîte énorme… Il faut accepter qu’il y a des choses qui nous dépassent ! On ne peut pas être des héros… Moi, j’ai aidé Jesse et Alvaro avec mes petits moyens… Je sais que c’est se donner bonne conscience et fermer les yeux sur le reste mais…

Je le désignai.

-Regarde-toi… Regarde comment ça a fini.

Parce que lui avait essayé de jouer les héros… Et ça avait mal fini. Il avait bien été voir le policier Keller mais…

… mais il avait peur, parce que Fleming pouvait s’en prendre à sa famille et à ses amis.

Je l’écoutai encore une fois attentivement quand il m’expliqua tout en profondeur. En fait, c’était l’accumulation d’un tas de choses qui l’avait fait se dresser contre Reed à défaut de pouvoir se dresser contre Ward dont il avait peur.

Et apparemment, il y avait eu des propos de Reed qu’il n’était pas près de pardonner. Plus que des propos, il y avait l’histoire de cette prostituée pour laquelle Reed ne lèverait pas le petit doigt…

Quand Howard termina en me disant que je pardonnais un peu vite à Reed pour ce qu’il avait fait à Jesse, je le regardai dans les yeux. Et mon air était un air sincèrement désolé.

-Howard… Tu as peur de Ward, non ? Et bien moi, j’ai peur de Reed.

Je pinçai les lèvres.

-Mes deux enfants sont ses anciens petits larbins. Il peut faire éclater ma famille en un claquement de doigt… Et c’est son argent qui nourrit ma famille.

Je secouai la tête.

-Je ne lui pardonne pas. Mais je suis pieds et poings liés dans cette affaire.

Parce que si Howard pensait que Reed ne pouvait pas me détruire, il se voilait sérieusement la face.

@ Billy Lighter

J’dis rien sur l’explication de Jack pour le téléphone parce que j’savais qu’il avait raison… Mais bon, j’étais à l’hôpital, hein ! La flemme de faire tout ça, moi !

Mais c’est après ça que j’entrai dans le vif du sujet parce qu’il semblerait qu’il fallait que j’foute devant le nez de Jack que Jimmy Reed était probablement le pire enfoiré de Los Angeles (voir du monde entier) avec Ward. J’comprenais pas bien pourquoi j’devais tout expliquer comme ça alors même que Jack savait très bien d’où venait Jesse. Il savait que Reed l’avait fait travailler dans la rue à la merci de tous les dangers de l’Eastside. Alors, j’comprenais vraiment pas sa réaction… Ou plutôt son absence de réactions. Devrait être indigné. Jesse aurait p’t-être pu jamais connaitre la vie qu’il avait maintenant parce qu’un gros riche l’utilisait dans la rue en sachant très bien que c’est méga dangereux.

J’étais choqué par la réaction de Jack et lui semblait choqué par ce que je racontais. Et j’lui fis remarqué que sa réaction me tuait.

Et son regard changea. Paraissait plus honteux. Il se demandait bien ce qu’on pouvait faire.

-J’sais pas ! Mais quelque chose au moins !

Pas rien. J’y arriverais plus… Depuis ce qu’il s’est passé avec Ward et après le passage de Reed, j’en pouvais plus de fermer les yeux. Parce que j’l’avais fait aussi même si j’savais pas tout avant ces derniers temps.

Comme avant Grant… Finalement, à regarder en arrière et même si ça avait rien changé pour ce pauvre gamin, j’étais content d’avoir agi. D’avoir essayé. Parce que j’aurais pas essayé, j’aurais culpabilisé plus que ça.

Mais Jack de me dire qu’on était rien alors qu’on ne pouvait rien. J’étais qu’un artiste, lui un manager à la botte de Reed. Il disait avoir aider deux enfants avec ces moyens. C’était vrai… Mais, voulait pas en faire plus et il mis en avant mon état pour monter que faire plus ça risquait de mener les gens au cimetière.

L’avait raison…

Mais…

-J’regrette pas… D’avoir essayé d’aider Grant, j’le regrette pas. Même si ça m’a coûté beaucoup.

Au moins mon sommeil pour le reste de ma vie, à mon avis.

-J’pense que même à notre niveau, on peut faire beaucoup. Les gens comme Reed, ils sont rien sans nous. C’est le principe du nombre. En bas, on est plus nombreux. Si on s’allie, on peut faire beaucoup de choses.

J’croyais à ça, moi.

Même si j’devais avoué n’avoir rien pu raconter aux flics à cause des menaces de Ward. Est-ce que j’avais plus peur de Ward que de Reed ? Ouais. Bien plus. C’était p’t-être une erreur mais si Reed était un enfoiré de sale riche de merde, Ward, l’a carrément aucune conscience, aucune morale, rien…

Mais ça n’empêchait que j’trouvais que Jack pardonnait bien vite à Reed ce qu’il avait fait subir à Jesse.

Et c’est là que Jack avoua avoir peur de Reed. J’levai un sourcil et l’écoutai m’dire que Reed pouvait éclater sa famille… Et qu’il ne nourrissait aussi. En gros, Reed tenait Jack par les couilles.

Sauf que Reed se trompait et Jack aussi.

J’pris un air méga sérieux.

-L’éclatera pas ta famille. Il pourra pas. Tu sais pourquoi ? P’t-être que Reed t’as permis d’avoir Jesse mais… Il pourra jamais te le reprendre. C’est moi le père de Jesse. J’peux le prouver légalement. Les tests sont déjà fait. Tant que j’vivrais, il restera chez toi. Personne pourra te le reprendre. Moi, j’peux le reprendre. Moi, j’peux décider. Et j’décide qu’il est chez toi. Voilà.

J’fixai toujours Jack.

-Et l’autre gamin, Jesse m’a dit qu’il venait de United For Youth alors, là encore, y’a pas de soucis.

J’savais pas si tout ce que j’disais se tenait… Mais pour moi, c’était méga logique. Et au pire, j’demanderais à Peyton d’me prêter Maitre Louis. J’le prêterais, ensuite, à Jack.

-Et pour ton salaire. T’sais, Don Hughes, il tuerait pour t’avoir dans son équipe de manager. T’es méga doué.

Ouais, j’le pensais réellement.

-J’sais que quitter BSC, c’est qu’un p’tit coup pour Reed… Mais j’veux lui faire comprendre que mon âme à moi, il l’aura pas… J’veux devenir son pire cauchemar. Ward, les flics s’occuperont d’être le sien.

@ Billy Lighter

Howard était clairement révolté… Et j’aurais du l’être aussi. Seulement, j’étais tellement cadenassé par Reed, qui nous avait donné, à Brooke et moi, la famille qu’on aurait jamais pu avoir, que j’étais prêt à passer l’éponge pour mon petit bonheur personnel. Je n’avais jamais remarqué ça chez moi avant, mais maintenant qu’Howard parlait tout haut de ce que beaucoup pensait tout bas, ça prenait une autre dimension.

Howard ne savait pas ce qu’on pouvait faire, mais il voulait qu’on fasse quelque chose.

Je le regardai, à la fois compatissant et désabusé…

-« Quelque chose » c’est très vague, Howard… Mais par contre, retirer ton groupe de BSC, c’est ça ton plan pour faire mal à Reed ?

Oui, il perdrait certainement un peu d’argent et quelques points en bourse… Peut-être aussi que ça blesserait la fierté du milliardaire.

Mais ça ne sauverait personne.

Je fis remarquer à Howard que nous dresser contre des gens comme Reed et Ward Fleming ne pouvait mener qu’à une chose : se retrouver dans le même état que celui dans lequel il était maintenant. Et je n’avais aucune envie que ça m’arrive. Pas plus qu’il n’arrive quelque chose à Brooke ou aux enfants.

Howard, lui, malgré tout, disait qu’il ne regrettait pas…

Je le regardai dans les yeux.

-Soit déjà bien content que tu sois encore là pour ne pas avoir de regrets.

Ce qu’Howard voulait, c’était carrément une foutue révolution ! Il voulait une grande alliance pour combattre tous les Reed de ce monde.

-Howard… Tu es saoul… A qui tu veux qu’on s’allie ? A la limite, ok, en changeant ton groupe de maison de disque, tu emmènes tes fans avec toi, mais c’est tout…

J’avouai alors avoir peur de Reed. Mais si apparemment lui avait le droit d’avoir peur de Ward, moi, je n’avais pas le droit de ressentir la même chose vis-à-vis de Jimmy. Il disait qu’il ne pourrait pas éclater ma famille parce que Jesse était son fils et qu’Alvaro venait de United For Youth. Quant à mon salaire, il était sûr que Don Hughes m’engagerait.

-Tu sous-estime Jimmy Reed, Howard. Et Don Hughes ne…

Je m’arrêtai net et fronçai les sourcils.

-Attends… Tu es en train de me suggérer de te suivre chez MTI ?

Je soupirai…

-Est-ce que tu as seulement parlé à David de tout ça ? Lui aussi a son mot à dire…

@ Billy Lighter

Ouais. Retirer mon groupe était une façon de faire mal à Reed. C’est évident, non ?

-J’trouve que c’est un méga bon début ! J’sais que tout ce qui compte pour lui c’est ses thunes et son foutu p’tit pouvoir.

Ouais parce qu’il y a des gens qui ont bien plus de pouvoir que lui dans l’monde. Mais Jimmy joue les p’tits dictateur à son niveau.

Jack disait que de me dresser contre des gens comme Reed, c’était pour finir dans le même état que j’étais. Mais même si j’avais souffert et que j’souffrais toujours, j’regrettais pas ce que j’avais essayé de faire. J’peux pas laisser un gosse finir entre les mains de Ward en m’disait que j’aurais pu faire quelque chose mais que j’l’ai pas fait. Tout comme j’peux pas regarder Reed s’enrichir sur le malheur des gens sans faire quelque chose. Mais Jack déclara que j’devais déjà être content d’avoir des regrets. J’fis la moue.

-P’t-être bien… C’est ma célébrité qui m’a sauvé de Ward. Sans ça, m’aurait mis une balle dans la tête et c’est tout.

J’disais qu’on pouvait s’allier contre les gens comme Reed. Lui, moi, tout le monde. On était plus que ces gens-là qui pense pouvoir nous écraser avec leur p’tit doigt. J’voulais montrer ça à Reed. Montrer qu’il était pas invincible. Que même un p’tit batteur qui vient de l’Eastside comme moi peut se dresser contre lui et gagner la partie. Mais Jack, même s’il avait un tas de qualité, il aimait se plier aux règles et rester dans les clous. Il disait que j’étais saoul. Ok, ça c’est vrai. Mais ce que j’le pense, j’l’ai pensé quand j’étais sobre à l’hosto. Donc, c’est vraiment ce que j’pense ! Il se demandait à qui on pouvait s’allier.

-Mes fans, c’est déjà pas mal. J’en ai plein. Et si j’dis que Reed est un connard et que j’explique mon point de vue, mes fans seront de mon côté. Pourront le huer quand il le verront, comme ça. Ou lui lancer des tomates.

L’idée me fit rire intérieurement. J’voyais bien Reed avec son p’tit costard de pète cul tout rouge de tomate.

Mais Jack m’avoua avoir peur de Reed tout comme, moi, j’avais peur de Ward. Mais j’le rassurais pour les enfants. Parce qu’il était pas question que Reed choisisse de l’avenir de Jesse. C’était moi qui avait le droit de choisir. Pas Reed. Moi, Jack, la femme de Jack et Jewel. C’est les seuls personnes qui avaient des droits sur lui. Mais Jewel, elle est morte à cause de la came de Reed, alors… Y’a plus que nous trois.

Oui, pour moi, tout la came de L.A. venait de Reed.

Mais Jack disait que je sous-estimais Jimmy Reed. Je le fixai droit dans les yeux.

-Non. J’le sous-estime pas. Tout le monde a des limites. C’est toi qui me sous-estime. Toi, Reed, ma mère, vous m’sous-estimer. Mais j’te rappelle que j’me suis sortis de l’Eastside tout seul comme un grand. T’en connais beaucoup qui ont fait ça ?

J’avais parlé de Don Hughes aussi qui serait content que Jack rejoigne MTI. Jack fut alors comme choqué en se rendant compte que j’lui proposais de venir chez MTI.

-Ouais, c’est exactement ce que j’te propose.

Il se demandait si j’en avais parlé à David et j’fonçai les sourcils.

-Ouais, bien sûr que j’en ai parlé à David. Tu m’prends pour qui ? L’est pas très chaud de changer de manager… La maison de disques, il s’en fout… Mais m’a bien fait comprendre qu’il veut que ça soit toi son manager.

J’soupirai.

-Si tu change pas, j’suis coincé… Et si j’suis coincé, j’te jure que ça veut pas dire que j’vais me calmer sur Reed. Va payer d’une façon ou d’une autre. Que tu sois d'accord ou pas!

Parce que j’sais que j’peux pas forcer Jack à changer… Même si j’serais sacrément déçu qu’il change pas.

@ Billy Lighter

Howard trouvait que retirer son groupe de chez BSC était un bon début. Que ça ferait mal à Reed de plus avoir l’argent qu’ils rapportaient avec Fireworks et que son petit pouvoir en prendrait un coup. Il avait probablement raison. Comme sur tout le reste, d’ailleurs.

Il affirma que c’était sa célébrité qui lui avait évité une balle dans la tête… Je soupirai…

-Ce n’est pas une raison pour jouer avec le feu, Howard.

Parce que c’était clairement ce qu’il avait fait en voulant jouer les héros. Je comprenais tout à fait ses raisons et c’était louable de sa part d’avoir voulu aider le petit Grant. Mais il s’était attaqué à des forces qui le dépassaient.

Bref, Howard voulait maintenant la révolution… Monter ses fans contre Reed. Il savait que les gens le suivraient et j’en étais sûr aussi. Il sourit un peu bêtement à l’idée que ses fans balancent des tomates sur le magnat de BSC.

Je lui souris…

-Des fois, Jesse te ressemble tellement… Vous avez la même façon imagée de représenter les choses.

Mais bon, je trouvais qu’l sous-estimait Reed, s’il croyait que le big boss ne pouvait pas m’atteindre. Que Jimmy ne pouvait pas lui rendre la monnaie de sa pièce s’il se dressait contre lui. Mais Howard s’indigna encore, haussant la voix. Il disait que tout le monde le sous-estimait mais me rappela qu’il s’était sorti de l’Eastside tout seul, comme un grand.

-Non, je n’en connais pas beaucoup qui ont fait ça. Et tout a clairement de quoi être fier. Mais c’est une raison de plus pour ne pas tout risquer en essayant de faire tomber quelqu’un qui a les moyens de faire beaucoup plus…

Je regardai Howard dans les yeux.

-Jimmy Reed peut tout s’acheter… Y compris les médias. Tu as bien vu comment il a descendu ton article en flèche.

Je compris ensuite que Howard voulait que je le suive chez MTI. Je tombais des nues. Alors je lui demandai quand même s’il avait demandé son avis à David. Mais le claviériste n’était apparemment pas très d’accord de me larguer derrière. C’était donc pour ça qu’Howard voulait que je le suive chez MTI !

Je ressentis un certain soulagement, même si ça ne me faisait pas plaisir qu’Howard se sente coincé.

Alors je me penchai un peu vers l’avant pour regarder dans ses yeux vitreux.

-Ecoute, Howard. Je ne quitterai pas BSC parce que je suis loyal et que je sens que c’est ici que ma carrière peut décoller.

Je marquai une pause.

-Par contre, conformément à la politique de BSC, en tant que manager, je dois te laisser toute liberté pour ce qui est de ton art. Tu peux écrire tout ce que tu veux, si tu vois ce que je veux dire. Sniper l’a fait et ça a fait mal à Daniele.

Je pinçai les lèvres et ajoutai.

-Et tu peux aussi décider que tous les gains du prochain album de Fireworks n’aille pas à toi, pas à moi et pas à BSC, mais à une œuvre de charité… Comme… Par exemple… United For Youth ?

Je souris vaguement.

-Tu feras plus de mal à Reed depuis l’intérieur de BSC que depuis l’extérieur, Howard.

@ Billy Lighter

J’voulais que les gens se rebellent contre Reed. C’est ce que j’disais de ma voix pâteuse à Jack… J’expliquai que mes fans seraient de mon côté et j’lui fis quelques images pour qu’il comprenne où je voulais en venir. J’voulais que Reed devienne un paria aux yeux de mes fans. Et Jack disait que Jesse me ressemblaient, parfois. J’esquissai un p’tit sourire.

-Les chiens font pas des chats, il parait. Sauf Madame June.

C’était comme ça que Jesse appelait ma chère mère. Madame June. J’savais qu’il lui en avait fait voir dans l’Eastside. C’est sûrement ça qu’on appelle le karma.

Jack trouvait que sous-estimait cet enfoiré de Reed mais moi ce que j’constatais c’est qu’autant Reed que Jack me sous-estimaient moi. J’avais plus d’un tour dans mon sac et j’disais à Jack que je m’étais sortis de l’Eastside tout seul ce qui était pas rien. Il confirma que peu avaient fait ça mais que c’était justement pour ça que j’devais rien risquer. Parce que j’risquais de tout perdre. J’hochai négativement de la tête.

-J’crois pas non. Tant que j’saurais faire de la batterie, j’risque pas de retomber là-bas. C’est ça qui m’en a sorti. C’est ça qui m’en tiendra en dehors.

De ça, j’en étais sûr. Tout comme j’étais plus que sûr d’avoir bien plus d’amis et bien plus de fans que Jimmy Reed. L’avait p’t-être le pouvoir, l’influence et l’argent mais moi, j’avais la sympathie, pas mal de thunes aussi et un talent qu’il n’a pas. J’trouvais que ça pesait dans la balance et dans cette guerre que j’lui avais déclaré.

Mais Jack était plus pessimiste. Il disait que Reed avait les médias et que j’l’avais bien vu avec l’article de Moriarty. P’tain, qu’est-ce que j’déteste les Moriarty.

-Mon article, celui de Sørensen, c’était qu’un début, Jack… J’l’ai fais alors que j’étais dans le gaz sur un lit d’hôpital. J’peux faire mieux et j’ferais mieux que ce que Reed a fait chez son p’tit chien de Moriarty. L’a p’t-être Guitar&Pen et Moriarty mais j’ai L.A.People et Amon. J’sais que j’peux rallier d’autres journalistes à ma cause. Des Snyder et des Kournikova. J’suis sûr que Kournikova sera de mon côté. C’est une femme. Bref, l’a pas fini d’en voir le Reed. Il me prend pour un abruti, il va s’en mordre les doigts.

Mais j’voulais aussi faire mal à son portefeuille et, pour ça, j’voulais que Fireworks change de maison de disques. Pour ça, j’savais que j’devais convaincre Jack de nous suivre. Parce que David voulait pas continuer sans Jack ce qui me coinçait vachement.

Et malgré tout ce que j’avais dit, Jack refusa me faisant soupirer de déception. L’était loyal, il disait.

-Loyal à un enfoiré… Génial…

C’est ce que je marmonnai vraiment déçu de pas pouvoir faire ce que j’avais en tête. Mais Jack essaya de me trouver des solutions en disant qu’il me laissait la liberté d’écrire ce que j’voulais… Et donc, que j’pouvais toucher Reed par mes paroles de chanson. J’ricanai un p’tit peu.

-Et tu crois pas que j’y ai pas déjà pensé ?!

J’dis ça en lui balançant mon carnet de paroles sur son bureau à la page de ma dernière conception. La chanson que j’réservais à Reed. J’le laissais jeter un œil tout en ajoutant :

-Et encore heureux que j’peux écrire ce que j’veux. Chez MTI aussi, j’pouvais, hein ! La liberté que j’demandais chez BSC c’était pas une liberté artistique. J’l’avais avec Timmy. C’était une liberté de mouvement et qu’on me foute la paix avec mes conneries en dehors de la musique.

Mais il ajouta autre chose. Un autre plan qui pourrait toucher Reed au portefeuille mais qui m’laissa un p’tit peu sceptique.

-Et on peut réellement faire ça ? J’crois qu’une grosse partie des gains allaient à la maison de disques. On peut vraiment toucher à cet argent ? J’veux dire, on peut faire en sorte que Reed gagne rien ? J’en doute… Sinon, pourquoi tu me donne pas chaque fois l’entièreté des gains ? T’es l’manager… Si tu dis qu’on peut alors on fera ça.

Puis, Jack déclara que j’pouvais faire plus de mal à Reed de l’intérieur qu’en était à l’extérieur. Ça m’laissa songeur quelques secondes.

L’avait p’t-être raison.

J’me levai et repris mon carnet.

-D’accord… On reste chez BSC… J’ai pas vraiment le choix, hein, c’est ça ? Mais j’te préviens… J’vais mettre cette maison de disques à feu et à sang.

Parce que j’avais plus que ça en tête. Ça a reconquérir Peyton.

@ Billy Lighter

La comparaison avec Jesse fit sourire Howard et le calma un peu. Quant à Madame June, j’en avais déjà entendu parler par Jesse et en recollant les morceaux, j’avais compris qu’il s’agissait de la mère d’Howard.

Je mis ensuite Howard en garde contre le fait qu’en se dressant contre Jimmy Reed, il pouvait risquer de tout perdre. Mais le batteur n’y croyait pas. Il comptait sur son talent pour ne pas retomber dans la misère… Je le regardai en fronçant les sourcils.

-Et si Jimmy ne t’attaquait pas par les voies « légale » ? Et s’il faisait exactement ce que Ward t’a fait, mais en allant plus loin ?

Si Jimmy usait de son pouvoir sur les Los Diablos pour faire définitivement taire Howard ? Ça aussi ça me faisait peur. Parce que j’imaginais que pour devenir chef de gang, Reed n’avait pas du faire que graisser la patte à quelques caïds de l’Eastside.

Quant à leur petite bataille médiatique, Howard n’en avait pas fini. Il ne comptait pas rester sur la contre-attaque du magnat de BSC. Il comptait sur Amon Sørensen mais aussi sur d’autres journalistes comme Jake Snyder et Vanya Kournikova…

-Oui… Aucun doute que Jake Snyder prendra ton parti d’artiste face à la grosse machine BSC. Quant à Kournikova, j’imagine que la misogynie notoire de Reed ne doit pas lui plaire.

Je soupirai… j’étais sûr que tout ça allait m’angoisser à mort.

Mais je ne voulais pas quitter BSC… J’étais loyal… Pas tant à Jimmy Reed, mais à BSC… J’étais un de leurs représentants depuis des années. Howard ne comprenait pas ça… Il disait que j’étais loyal à un enfoiré et désapprouvait.

-J’ai beaucoup travaillé pour cette boîte. Je ne peux pas tout abandonner du jour au lendemain.

Est-ce qu’il pouvait comprendre ça ? Je n’étais pas un artiste, moi… Je n’étais pas autant qu’eux un esprit libre !

Je lui fis remarquer qu’il pouvait atteindre Reed à travers ses chansons, mais il y avait déjà pensé. Je n’aimais pas son ton. Il était arrogant et irrespectueux envers moi. Je le pointai du doigt, sentant la fureur monter en moi.

-Hey ! C’est après Jimmy Reed que tu en as ! Pas après moi. Alors tu vas baisser d’un ton.

Bourré ou pas, il avait intérêt à se calmer.

Il me balança son carnet de paroles et je lus en vitesse la chanson qu’il me montra.

-Tu vois ? Elle est là la révolution. C’est ça que tu dois faire.

Je lui proposai ensuite de faire un album dont tous les gains iraient à United For Youth. Il réfléchit deux secondes. Il se demanda s’il pouvait vraiment ne faire rien gagner à Reed.

-Il faut que tu fasses connaître ce projet, à travers Snyder ou Kournikova, comme tu dis. Si Reed veut sauver la face et être raccord avec ce qu’il a dit dans son interview avec Moriarty, il sera obligé de suivre le mouvement et de donner sa part à la même association.

Je souris, un rien machiavélique.

-Et donner à United For Youth va le faire chier plein tube. Après tout, cette association l’a privé de tous ses petits larbins.

Howard finit par dire qu’il était d’accord. Mais qu’il allait mettre BSC à feu et à sang…

-Qui sait, peut-être qu’à force, tu feras démissionner Jimmy Reed…

Ou Howard finira en sang dans un caniveau de l’Eastside…

@ Billy Lighter

Jack me disait d’me méfier de Jimmy Reed. Qu’il pourrait bien me faire payer par d’autres voies que les voies légales. J’étais déjà passé par là. J’savais de quoi Jimmy Reed était capable.

-Me l’a déjà fait une fois… Quand j’me suis fait tabassé dans l’Eastside. Mais si j’me balade pas là-bas, Reed m’aura pas. Et s’il essaye, j’te jure que j’le balance sans remords.

C’est p’t-être ce qui allait lui arrivé avec Fleming en taule mais c’était leur problème ça.

Moi, en tout cas, j’avais pas de sbires alors tout ce que j’pouvais faire pour emmerder Reed était de le détruire médiatiquement. Pourtant, là, Jack pensait bien que Reed avait l’avantage mais j’déclarai que j’pouvais avoir un tas de journalistes de mon côté comme Snyder et Kournikova… Y’avait aussi Sydney Grey. J’pouvais p’t-être la convaincre aussi. Bref, j’avais pas dit mon dernier mot.

-Y’en a plein que j’peux avoir dans mon camp.

Seulement, Jack, il voulait pas quitté BSC. J’lui avais fournis un tas de preuves que Reed était un enfoiré qui ne méritait pas qu’on travaille pour lui. Mais c’était pas suffisant pour faire vacillé la loyauté de Jack pour la maison de disques et ça m’désolait. Il disait avoir beaucoup travailler pour cette boite et qu’il pouvait pas tout lâcher comme ça. J’roulai des yeux.

-Pourquoi pas ? Quand tu rapporteras plus rien, Reed, l’aura aucun remords à te foutre dehors.

J’en étais certain. J’le voyais comme ça. J’parie que si un jour j’suis plus capable de taper une note juste, Reed me foutra dehors… Parce qu’un jour, ça arrivera… J’le savais.

Jack, l’essaya alors de me convaincre moi que rester au sein de BSC était une idée plus judicieuse pour emmerder Reed. Me parla des chansons que j’pourrais écrire pour dénoncer les gens comme lui mais j’y avais déjà pensé. J’le lui pouvais en m’énervant un peu parce que j’pensais qu’il aurait au moins la présence d’esprit de se dire que j’étais assez malin pour avoir pensé ça tout seul comme un grand.

Et l’avait pas aimé mon ton ce que m’fit rouler des yeux… Mais j’dis rien alors qu’il lut ma chanson en disant qu’elle était là ma révolution. J’ricanai.

-Ça c’est un exutoire. Mais ça touchera pas Reed. Il se fiche de ce que j’écris tant que ça lui rapporte. J’suis pas stupide, hein.

Mais Jack avait une autre idée que j’pensais qui serait pas praticable. En fait, ça l’était pas sauf si j’forçais la main à Reed. J’fis une moue de réflexion…

-Ok… J’ferais ça. Et s’il donne pas ses gains, j’me ferais un plaisir de le dire partout.

Jack, l’était sûr que le fait que Reed doive donner à United For Youth le fera chier parce que l’association l’avait privé de ses p’tits larbins.

-Bah j’espère que ça le fera chier parce que c’est bien le but. Puis, p’t-être que ces gosses, un jour, lui foutront un retour de flamme aussi. Jesse le fait déjà.

On avait vandalisé un portait de Reed dans les studios de BSC… Puis, Jesse m’avait dit avoir déjà voler des thunes à Reed ce qui était très drôle aussi.

J’allais, donc, rester chez BSC parce que Jack me laissait pas l’choix mais j’déclarai que j’allais mettre la maison de disques à feu et à sang. Jack disait que, p’t-être, j’allais arriver à faire démissionner Reed.

J’le fixai droit dans les yeux.

-J’y compte bien. Et s’il démissionne pas, on le foutra dehors.

En tout cas, j’comptais bien l’emporter.

@ Billy Lighter