J’étais furieux, faisant les cents pas dans la tour après être revenu d’un restaurant thaï, l’un de mes préférés, où Alonso m’avait passé un appel pour que celui-ci ne soit pas pris à la tour. Je ne pensais pas être surveillé par les flics et les fédéraux mais mieux valait ne pas tenter le diable. Alonso connaissait les heures et les jours où je venais manger ici et il n’avait qu’à passer un coup de fil au numéro du restaurant et commander des nouilles au poulet sans sauce soja pour que le patron comprenne que l’appel était pour moi.

C’était donc ce qu’Alonso avait fait pour me raconter ce qu’il s’était produit durant la nuit.

Avec Carlos et Finan, ainsi que quelques hommes, ils avaient suivi le plan d’une petite pute inconnue au bataillon en pensant qu’elle serait plus intelligente que Ward.

Erreur !

Grave erreur !

J’avais perdu trois Los Soldados, dont Fabrizio, un membre plutôt prometteur.

On ne pouvait se fier qu’aux membres du gang et uniquement aux membres du gang. Et cette fille, elle sortait de chez les New Soldados ! Qu’est-ce qu’ils croyaient ?!

C’était, évidemment, Finan qui avait décidé de faire confiance à cette fille… Et d’après Alonso, celle-ci avait tenté de prévenir Ward au dernier moment.

Je serrais les dents et le combiné du téléphone. Et, si je ne disais rien, mon œil gauche tiquait à chaque phrase du latino.

Ça s’était terminé par un fiasco. Des morts dans notre camp… Finan blessé…

Quant à la fille, elle était repartie avec Ward et Alonso craignait que Finan ne fasse quelque chose d’insensé pour la sauver.

Je n’avais pas achevé mon repas, laissant plus que le montant de l’addition sur la table et j’étais retourné à la tour. J’avais des aigreurs d’estomac.

Heureusement, je pouvais appeler Finan depuis mon appartement de la tour puisqu’après tout, il était maintenant un artiste à la solde de Samantha Mancini. Personne ne pourrait me reprocher d’essayer de débaucher un artiste… Daniele faisait ça tout le temps.

Je composai donc son numéro. Blessé comme il était, et vu qu’il n’était encore que midi et demi, il devait toujours être chez lui.

J’attendis quelques tonalité puis je reconnu la voix de Finan.

-Bonjour, Finan. C’est Jimmy Reed. Ne va pas après cette fille. Elle est condamnée et c’est tout ce qu’elle mérite. Quant à toi, c’est terminé, on ne te veut plus parmi nous. Contente-toi de faire de la musique, d’élever ton enfant et d’aimer ta femme.

Ma voix était grave et autoritaire.

-Tu as bien assez donné pour nous. Et personne ne te fait plus confiance.

@ Billy Lighter

Je n’avais pas réussi à dormir… Et pas uniquement parce que dormir dans le fauteuil n’était pas confortable… Non, je n’avais simplement pas pu dormir car j’avais passé la nuit à me repasser la scène de ce qu’il s’était passé et me faire en tête tout le scénario de ce qu’il pourrait arriver à Riley…

Je ne pouvais pas aller la sauver. Déjà parce que c’était dangereux d’y aller seul mais, en plus, parce que j’avais promis à Tiff que je n’irais pas. Et j’avais bien compris que si je merdais encore une fois, je perdrais Tiff pour toujours. Et pas que Tiff, d’ailleurs mais Guillermo et notre bébé à naitre aussi.

Je n’avais pas envie de ça.

Pourtant, je ne pouvais pas faire autrement que de me sentir coupable. Si jamais je venais à lire dans la presse que Riley a été retrouvé morte, je savais que j’allais culpabilisé. Sans compter que, en attendant d’avoir des nouvelles, j’allais devoir prévenir Bailey du destin de sa sœur… Elle avait le droit de savoir…

Sans doute qu’elle aussi m’en voudra mais… Mais de toute façon, je n’étais plus à une personne près à ce niveau-là.

Ne trouvant pas le sommeil, j’avais décidé de me lever tôt et d’aller faire quelques courses avant de préparer le déjeuner. Tiff et Guillermo s’étaient levé un peu plus tard et Guillermo avait filé à l’école un peu plus tard sans voir qu’il s’était passé quoi que ce soit hier. Tout du moins, c’est l’impression qu’il m’avait donné.

C’était mieux comme ça…

Après quoi, c’était Tiff qui était partie sûrement pour prendre l’air loin de moi alors que moi j’avais dit préféré rester à la maison aujourd’hui. Je voulais essayer de me reposer sans compter que mon bras me lançait et que je n’aurais pas assez des anti-douleurs pour calmer le mal…

C’est donc, dans mon lit que j’étais retourné après avoir mangé. Mais je n’avais pas plus trouvé le sommeil me retournant dans tous les sens avant de me décider à aller prendre une douche…

Après quoi le téléphone avait sonné…

J’avais décroché.

-Allo… C’est Finan Quinn…

Ma voix était morose et fatiguée et, de l’autre côté du fil, je reconnu la voix claire et teinté d’agacement de Jimmy Reed. Sans doute qu’Alonso, à l’heure qu’il était, lui avait déjà fait le récit du fiasco d’hier.

Il parla sans transition me donnant l’ordre que Tiff et Alonso m’avaient déjà donné. Soit de ne pas aller courir après Riley. J’aurais simplement espéré que lui enverrais plusieurs Los Diablos la chercher mais je compris bien vite qu’il n’en avait aucunement l’intention car il disait que Riley méritait ce qu’il lui était arrivé.

Je serrai plus fort le cornet de téléphone mais ne dis rien.

Pas tout de suite, en tout cas.

Il annonça que, pour moi, c’était terminé chose qu’Alonso m’avait bien fait comprendre aussi. Sauf que si Alonso me l’avait dit sur un ton énervé, Reed, lui, le faisait d’un ton autoritaire.

Et ça me blessa.

Pas d’être viré. J’attendais ça. Je voulais ça. Mais de cette manière, ça faisait mal. J’avais consacré plus de 13 ans de ma vie au service des Los Diablos. Je leur avait été loyal au point, ces derniers temps, de mettre plusieurs fois ma carrière de musicien et mon couple en péril. Il avait fallu une mission pour que la fiabilité dont j’avais fait preuve pendant tant d’année vole en éclat comme si je n’avais rien fait avant.

Je ne pouvais m’empêcher d’en vouloir à Reed… Vraiment lui en vouloir.

Ma voix se fit plus grave et désabusée.

-Je ne voulais plus être Los Diablos. J’avais remis ma démission bien avant d’entendre que je me faisais virer comme si je n’avais rien fait pendant les 14 années précédentes. Pendant ces années, je n’ai jamais fait un pas de travers. J’ai mis ma vie en danger pour ton business. J’ai tué pour ton business. J’ai tout fait pour que tu t’enrichisses sur le dos de gens désespérés ou de gamins orphelins.

J’avais laissé tombé le vouvoiement. Reed n’était plus mon chef. Il n’était plus, maintenant, que le boss de la maison de disques rivale à celle de ma manager.

-Quant à Riley… Si Fabrizio avait tiré au bon moment, c’est une médaille que tu aurais dû lui donné parce que si le plan avait été suivi à la lettre, Ward Fleming serait mort à l’heure qu’il est. Mais maintenant qu’elle a merdé et comme j’avais approuvé le plan, tu préfère m’insulter et la laisser mourir entre les mains de Ward… Ça aurait été Alonso et non une femme ex-prostituée, tu aurais mis tout en œuvre pour le retrouver. Tu as toujours dit que tu ferais tout pour tes Los Diablos mais je remarque que chacun n’a pas le même traitement.

Reed n’aimait pas les prostituée. Il n’avait pas de respect pour elle. La preuve c’est que quand les South Panthers ont été absorbé par les Los Diablos, il avait fait des prostituées des dealeuses.

-Je n’irais pas la chercher. Pas parce que tu ne le veux pas mais parce que Tiff ne le veut pas. Je ne mettrais plus en péril ma relation avec elle. De toute façon, si j’y vais seul, Fleming me descendra. Il attends que je vienne, j’en suis sûr. Il me croit prévisible.

Je l’étais peut-être. Mais il en allait de même pour Fleming. Si, quand il était Los Diablos, il était parfois imprévisible, depuis qu’il était El Lider, il devenait prévisible tellement il s’enfonçait de plus en plus dans la violence. Des gens s’assagissent en vieillissant. Fleming, lui, devient pire.

@ Billy Lighter

Ce fut une voix fatiguée qui me répondit à l’autre bout du fil. Je savais que Finan avait été blessé mais il n’était certainement pas allé à l’hôpital. Il avait trop d’expérience pour risquer ça.

Puis, quand je me mis à parler, ce fut avec toute l’irritation du monde dans ma voix. J’avais perdu des hommes, tout ça à cause d’une petite prostituée qui avait cru pouvoir venir à bout de Ward Fleming en manipulant MES hommes.

Ça, je ne l’acceptais pas.

Mais ensuite, quand j’en eus fini ou presque, je laissai Finan parler. Et lui aussi était irrité.

Je le laissai aller jusqu’au bout, m’allumant une cigarette. L’Irlandais se justifiait, disait que si le plan avait marché, ils auraient reçu une médaille.

Et peut-être avait-il raison. Sauf que jamais la fille, qui qu’elle soit, n’aurait reçu le moindre égard de ma part. J’en aurais simplement fait une dealeuse ou l’aurait renvoyée d’où elle venait. Et dans l’histoire des Los Diablos, jamais son nom n’aurait été mentionné quand il serait venu le temps de raconter l’histoire de la mort de Ward Fleming.

De toute façon, ça ne s’était pas passé comme ça. Tout avait merdé.

Finan termina en disant qu’il n’irait pas courir après cette fille et qu’il ne mettrait plus en danger sa relation avec la multi-instrumentiste de son groupe.

Je me redressai sur mon siège et appuyai mes coudes sur mon bureau.

-Très bien… Alors nous sommes d’accord.

Je soufflai une bouffée de nicotine.

-Je veillerai à ce que Ward ne vienne pas après toi.

Je marquai une pause, puis repris, sur un ton plus doux.

-Et je ne remets pas en cause tes bons et loyaux services. Mais tu as perdu le Nord sur la fin, en pensant que le plan d’une fille de rien pouvait marcher. Tout ce que je t’avais demandé de faire. La dernière chose que je t’avais demandé de faire, c’était de désigner ton successeur. Cette tâche reviendra à Alonso, désormais.

J’avais quand même perdu des hommes dans l’histoire. Et d’après Alonso, la fille avait retourné sa veste au dernier moment. Que Ward la torture et en fasse de la pâtée pour chien, ça m’était égal.

Ce serait quelque chose que je n’aurais pas à faire.

-Profite de ta femme, de tes enfants, de ta musique. Vis la vie qui te revient après tout ce que tu as fait pour nous. Ton nom ne sera pas oublié, en espérant que cette dernière déconvenue s’efface lentement avec la mémoire de ceux qui sont tombés cette nuit…

@ Billy Lighter

Je ne comptais pas aller à la rescousse de Riley pour la simple et bonne raison que j’avais promis à Tiff de ne pas y aller. De toute façon, seul, Fleming ne fera, probablement, qu’une bouchée de moi. J’avais de la ressource mais je n’étais pas stupide au point de croire que je pourrais flouer le gang de Ward à moi tout seul sans l’appuis de mes anciens amis.

En réalité, j’espérais secrètement que Reed prenne la décision d’utiliser ses propres ressources pour sauver la jeune femme qui, au final, n’avait voulu que nous débarrasser d’une grosse épine dans le pieds. Certes, elle avait ses raisons pour ça. Elle ne le faisait pas pour nous. Mais ça n’empêche que ça aurait convenu à tous. Mais je compris bien vite que Reed n’avait aucune intention de sauver Riley.

Il déclara qu’il veillera à ce que Ward ne vienne pas après moi ce qui me fit ricaner d’un ricanement désabusé. Il avait réussi à faire en sorte que Ward ne touche pas à sa famille en échange d’une guerre de gang mais je doutais qu’il arrive à empêcher Ward de vouloir me tuer.

-Et je peux savoir comment tu comptes faire ça ? Ward me croit en partie responsable de ce qui est arrivé à Sky et de la mort de son fils… Il veut ma mort, point barre. Comment veux-tu l’en empêcher ?

Je n’étais pas dupe. Je savais que Ward ne me laissera jamais tranquille que je fasse partie des Los Diablos ou non.

J’avais aussi montré à quel point Reed manquait de reconnaissance. Il me virait comme un mal propre alors que j’avais donné 14 ans de ma vie à son petit pouvoir. Mais il se défendit en disant que j’avais simplement perdu le nord sur la fin. Quoi ? Quand j’avais ouvert les yeux sur les choses ? Non. Quand j’avais fait confiance à « une fille de rien ». Reed ne connaissait pas Riley. Il ne lui avait jamais parlé. Il ne savait pas ce qu’elle avait vécu. Et la voir l’insulter ainsi me répugnait et me montrait à quel point Reed avait de considération pour les autres en dehors de lui. Quant à la dernière mission qu’il m’avait donné, je ricanai.

-Et bien tu t’arrangeras avec Alonso, alors. C’est lui qui m’a dit de m’occuper de l’infiltration de Riley chez les New Soldados. Car ça a beau être « une fille de rien » comme tu dis, ça n’empêche qu’il n’y a rien de mieux qu’une femme pour infiltrer des gangs justement parce que des gens comme toi pensent qu’elles sont faibles, stupides et inoffensives. C’est ce qu’à pensé Fleming. Et il a bien failli se faire avoir.

Mais je savais que Reed ne m’en voulait pas que pour ça. Je savais qu’il m’en voulait toujours pour les Pequeñas Manos.

Reed me disait de profiter de ma femme, de mes enfants, de ma musique. Il espérait que, avec le temps, mes derniers fiascos s’effacent et que mon nom restera dans les mémoires des Los Diablos.

-C’est si beau dit comme ça…

Je dis ça sur un ton ironique.

-Reed… Aujourd’hui, j’ai perdu des amis. Certaines sont morts, d’autres ne veulent plus me voir dont celui que je considérais comme un frère. J’ai perdu Riley à qui j’avais promis de sortir de là. J’ai perdu le souvenir que ma mère m’avait donné quand j’étais petit. J’ai perdu la confiance de ma femme et je perdrais bientôt celle d’Ivar. Alors, sincèrement, comparé à ça, l’image que je laisse au sein du gang n’a strictement aucune importance. Tu es peut-être fâché pour avoir perdu ceux que tu considères comme « tes hommes » mais moi, c’est des amis que j’ai perdu alors je pense que, aujourd’hui, tu as moins à te plaindre que moi.

C’était clair. Il n’y avait pas photo.

-J’imagine que tu n’as aucune intention d’aller récupérer Riley ? Je dois, donc, m’attendre à lire dans la presse qu’une jeune femme a été retrouvé morte ? Non… Que dis-je… On ne la retrouvera jamais. C’est toujours comme ça. Ce n’est pas grave, je m’occuperais d’annoncer la mauvaise nouvelle a sa sœur, Bailey. Ce n’est pas toi qui va le faire, j’imagine ?

Il s’en fiche comme de sa première couche, alors…

@ Billy Lighter

Finan n’était pas content… Pas plus que moi. Je le sentais dans sa voix alors que la mienne restait maîtrisée. Il doutait de mes capacités à la protéger de Ward, lui et sa famille. Je tiquai… Effectivement, je ne savais pas comment faire. J’avais déjà acquis bien des choses de ce psychopathe qu’était Ward.

Mais Finan avait poussé le bouchon trop loin. Il avait tenté de tuer Ward en suivant le plan d’une petite pute à la con. Je ne connaissais pas la pute en question, mais je croyais Alonso quand il disait qu’elle avait bien failli tous les trahir au dernier moment.

Elle méritait ce qui lui arrivait.

Mais comment allai-je protéger Finan. Je ne pouvais pas lui dire de faire grimper sa notoriété, que celle-ci serait comme un bouclier autour de lui et sa famille. Après tout, Sharon Tate avait quand même été assassinée par la secte de Manson. Et je me demandais si Ward n’était pas encore pire que le gourou serial killer.

-Je ferai tout mon possible. Je trouverai une idée. Ne me sous-estime pas.

J’avais toujours parlé tranquillement, tirant sur ma cigarette.

Finan était outré par la misogynie dont je faisais preuve. Pourtant, ce n’était pas un scoop. Et je détestais déjà cette Riley rien que par ce qu’on disait d’elle. Finan, lui, disait qu’il n’y avait pas mieux qu’une femme pour infiltrer un gang.

-C’est pour ça qu’il y a très peu de femmes chez nous… Les seules qui sont des nôtres font partie des familles d’autres Los Diablos. On ne prend jamais quelqu’un de l’extérieur. Vous avez commis une erreur en la laissant entrer.

Ils avaient fait ça sans me demander… Je me demandais même si Finan avait demandé la permission à Alonso pour ça.

Mais Finan n’en avait pas fini d’être fâché. Pourtant, c’était lui qui avait merdé, pas moi. Je n’avais pas validé cette opération suicide. Et maintenant, il se plaignait que ses amis étaient morts ??? Quel culot !

Je parlai sur un ton plus ferme.

-Je n’ai jamais validé cette opération, Finan. Si tu dois blâmer quelqu’un, c’est toi-même. Ou Riley si tu veux soulager un peu ta conscience. Mais pas moi !

Je marquai une pause pour qu’il imprime bien ce que je venais de dire.

-Quant à la confiance de tout le monde, que tu as perdue ou que tu vas perdre, je n’en suis pas plus responsable.

Il me demanda si j’allais aller chercher Riley… Ou plutôt, me demanda de confirmer que je n’allais pas le faire.

-Oublie cette fille. Elle n’en vaut pas la peine. C’est une pute et une traitresse. Et si Bailey North en avait quelque chose à faire, de sa sœur, elle aurait réagi et fait ce qu’il fallait pour sortir sa sœur de la prostitution et des gangs. Elle en a les moyens. Mais peut-être pas l’envie.

Je soupirai.

-C’est une cause perdue, oublie-la. Ward va peut-être s’amuser avec un temps, mais elle finira par trouver la paix, dans un charnier ou l’autre.

@ Billy Lighter

Jimmy Reed prétendait pouvoir me protéger de Ward Fleming. Et je ne pus m’empêcher de demander comment il allait faire ça. Il disait de ne pas le sous-estimer. Qu’il allait trouver une idée… Je levai un sourcil face à cette réponse…

-Je ne te sous-estime pas… Mais savoir que tu n’as pas encore de plan ne me rassure pas vraiment…

Ward Fleming a tué un tas de gens sans que la police ne retrouve un seul corps. Avoir Jimmy Reed comme allié était un avantage mais je doutais sincèrement que ça soit suffisant même si je savais que Reed avait déjà réussi à négocier quelques trucs avec Fleming comme, notamment, la protection de sa famille. Mais il y a toujours une contrepartie.

J’entendais bien dans le discours de Reed qu’il en voulait à Riley et à moi. A Riley parce qu’elle n’était pas restée à sa petite place de prostituée et à moi pour avoir suivi le plan de cette petite prostituée. Je savais que Reed avait une piètre opinion de certaines femmes. J’avais même pu le voir quand j’avais envisagé Isabel pour reprendre mon poste. Isabel était compétente. Bien plus que Manuel mais c’était une femme et Reed préférait la garder pour tenir sa maison et torcher le cul de son gosse.

Pourtant, pour infiltrer un gang, une femme était une bonne arme. Riley avait parfaitement réussi à amener Fleming là où il le fallait. Elle avait fait sa partie du job. Le plan n’a pas merdé à cause d’elle. Mais Jimmy préférait rester dans son esprit clairement misogyne alors qu’il disait qu’il y avait peu de femme chez les Los Diablos et que les seuls femmes étaient des femmes des autres membres du gang. Il disait que l’erreur était d’avoir fait entrer Riley.

-Quand on manque d’effectif, on ne peut pas se permettre de faire la fine bouche. Tu es chef d’entreprise. Tu devrais le savoir.

Et les Los Diablos manquait d’effectif. Certaines étaient morts, d’autres avait rejoint le gang de Fleming parce que, au départ, il payait mieux. Reed avait augmenté les salaires mais ça n’empêchait que les Los Diablos restaient moins nombreux parce que Fleming ratissait plus large au niveau des membres en engageant les pires sociopathe de la ville.

Et si Reed était fâché, ce n’était pas lui quand avait le plus perdu hier. Je ne pus m’empêcher de lui dire que, moi, j’avais perdu gros. Très gros. Mais il se défendit disant qu’il n’avait pas validé cette opération. Que je devais me blâmer moi ou Riley. Qu’il n’était pas non plus responsable de la confiance que j’avais perdu.

-Et tu crois que je ne m’en veux pas ? Si je m’en veux. Et c’est justement bien assez.

Je n’avais pas besoin que Reed étale sa colère. Il croyait quoi ? Que diriger un gang serait un long fleuve tranquille ? Qu’il n’aurait que des victoires ? Non. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Je n’ai pas besoin de l’entendre me blâmer ou blâmer Riley.

-Et si tu n’es pas content des choix que j’ai fait, je t’invite à venir faire le travaille que j’ai fais pendant 14 ans. Pour ça, il faut être disponible toutes les nuits pour coordonner tout le monde en croisant des doigts pour que des New Soldados n’aient pas l’envie de venir faire une fusillade ou l’autre.

Il savait en quoi consistait mon travail et, très sincèrement, je doutais que ce travaille lui plaise.

Je demandai, ensuite, si les Los Diablos comptaient aller récupérer Riley en me doutant que ça ne serait pas le cas. Reed confirma qu’ils ne le feraient pas. Il disait que Riley n’en valait pas la peine. Il disait que même Bailey ne semblait pas avoir voulu l’aider. Là encore, il parlait sans savoir. C’est juste que les choses étaient bien plus compliquée.

-Elle en avait l’envie. Je crois que, au fond, Riley en avait envie aussi. Mais avec Ward à son cul, impossible de vivre sereinement.

D’où le plan.

Mais pour Reed, Riley ne valait rien. C’était, de toute façon, une cause perdue qui n’en valait pas la peine. Que Ward allait simplement s’amuser un peu avec avant de l’achever… Les mots de Reed était durs et dépourvu de la moindre considération pour la vie d’une jeune femme. Une jeune femme qui avait fait des erreurs, certes, mais qui n’en restait pas moins une vie humaine.

Mais pour Jimmy Reed, il y avaient des gens qui valaient mieux que les autres et, pour lui, une ex-prostituée ne valait rien. Absolument rien. Il se fichait complètement de ce que comptait faire Ward. Limite, j’avais l’impression qu’il pensait qu’elle méritait une telle punition.

Et ça me donnait envie de vomir.

D’ailleurs, je laissai un silence passer avant de dire :

-Si j’avais su, il y a 14 ans, que j’allais travailler pour un type qui a si peu de considération pour la vie humaine, jamais je ne serais devenu un Los Diablos. Des gens meurent pour toi dans l’Eastside, Reed… Ils meurent pour que tu puisses te prendre pour un soi-disant Dieu. Riley va mourir après avoir essayé de te retirer la plus grosse épine que tu as dans le pied et quand je vois la considération que tu as pour elle, ça me donne envie de vomir.

Et je finis par conclure :

-Parfois, je me demande si tu vaux mieux que Ward. J’espère que oui. J’espère que ce n’est qu’un genre que tu te donnes. En attendant, en dehors de ma musique qui restera à jamais chez MTI, il est clair que tu n’entendra plus jamais parler de moi.

Et sans attendre, je raccrochai.

@ Billy Lighter

J’avais raison… j’avais raison sur toute la ligne, j’en étais persuadé. Et Quinn, à l’autre bout du fil essayait de se dépêtrer comme il pouvait. Il rejetait la faute sur moi, la perte des Los Diablos sur moi. Alors que c’était lui qui s’était jeté corps et âmes dans le plan de cette Riley la nuit dernière.

Il disait cependant ne pas me sous-estimé, mais ne pas être rassuré que je n’aie pas de plan. Je ne répondis rien à cela. Est-ce qu’il méritait seulement que je me démène pour lui après ce qu’il avait fait. Oui, pour ses longues années de service.

Quant à la fille, je n’avais pas validé son entrée chez les Los Diablos. Comme chez BSC, aucune femme ne pouvait entrer dans le gang sauf les épouses et les filles en âge des autre Los Diablos. Mais Finan disait que quand on manquait d’effectif, il ne fallait pas faire la fine bouche.

-Je suis chef de l’entreprise la plus florissante de L.A., Finan. On peut se passer de femmes qui pensent valoir plus que ce qu’elles ne valent. De femmes qui pensent avoir des idées… Comme ta Riley. Tu ne veux pas te blâmer toi pour les pertes d’hier soir ? Alors blâme cette Riley.

Mais il s’en voulait apparemment, c’était ce qu’il disait.

Je ricanai…

-Heureusement que tu t’en veux. Tu es le seul responsable. Et Alonso, le pauvre, t’a fait une confiance aveugle.

Puis pour se défendre en une vaine tentative, Finan déclara que je devait venir faire le travail qu’il faisait, passer toutes les nuits à se soucier du gang.

-Finan. C’est absurde. C’est comme si j’essayais de faire de la musique à la place des groupes de BSC. Tu étais très compétent à ton poste, tu avais la confiance des hommes qui t’ont suivi sans poser de question… Tu nous a tous trahis.

Et quant à savoir si Bailey North en avait quelque chose à foutre de sa sœur, je n’en étais pas sûr… Mais Finan jurait qu’elles en avaient envie toutes les deux. Sauf qu’il y avait Ward.

-Ça, ce n’est pas mon problème.

Et il acheva en parlant de la considération que j’avais pour la vie humaine.

Ma réponse fut simple et brève…

-Je prends soin des Los Diablos. Chacune de leur mort m’attriste. Mais Riley n’est pas une Los Diablos.

Il se demandait, du coup, si je valais mieux que Ward. Je tiquai mais ne dis rien… Et le laissai raccrocher.

Je déposai à nouveau le combiné écrasai ma cigarette et en rallumai une en me prélassant dans sur mon siège… Il faudrait que je finance les funérailles des Los Diablos tombés au combat…

Mais Riley avait déjà complètement disparu de mon esprit.

@ Billy Lighter