-Grant… Tu es sûr que tout vas bien chez toi ?

Madame Summers me regardait alors que j’étais assis face à son bureau. On m’avait envoyé ici parce que j’avais poussé Dylan dans les escaliers et qu’il s’est cassé la cheville.

Dylan m’avait insulté. Moi, j’avais fait que le poussé. Il est pas mort. Il méritait ça. Insulter c’est mal.

-Oui. Pourquoi ?

Oui, ça allait bien. Moi, je pouvais lire des Comics tard. Moi, je pouvais toujours aller chez BSC. Moi, je faisais toujours de la boxe même si c’est mon père qui m’entrainait le mercredi soir et plus Amon. Moi, je pouvais même me promener en ville tout seul. Mon père m’entrainait à tirer sur des canettes avec un flingue. Et puis, Sky était souvent là et jouait avec moi. Moi, ça allait bien chez moi.

Elle pointa du doigt ma figure avec toujours son air inquiet.

-Ton gros hématome près de ton œil… Comment t’es-tu fait ça ? C’était à la maison ?

Moi, je voyais pas le rapport… Oui, c’était à la maison. Moi, j’étais rentré du parc l’autre jour et mon père m’a retourné une baffe dans la figure. Il était fâché parce que j’avais oublié de verrouiller la porte avant de partir… J’avais eu mal. Je lui en avais voulu. Mais il s’est excusé et m’a acheté des Comics.

-Non. A la boxe. Je fais de la boxe. Vous le savez.

Elle soupira et hocha de la tête. Moi, si je disais la vérité, je ne verrais plus jamais Sky.

-D’accord… J’ai essayé de contacter ton père et ta belle-mère mais personne ne répond chez toi… J’imagine qu’ils travaillent.

J’hochai de la tête.

-Oui. Ils travaillent.

Elle hocha de la tête.

-D’accord… Alors, je les convoquerais pour leur parler… Parce que ce que tu as fait à Dylan, je ne peux pas laisser passer ça comme ça. Ainsi, tu seras suspendu de l’école jusqu’à-ce que je puisse les voir. Grant… Tout le monde à l’école essaye vraiment de t’aider à contrôler ta colère mais il faut aussi que tu y mette du tiens. Je sais que la boxe te fais du bien mais depuis que…

Depuis que quoi ? Elle hésita et repris.

-Depuis quelques temps, ça ne vas plus du tout. Tu avais fait des progrès mais je ne les vois plus… Alors avant de te réintégrer, il faudra que je parle à tes parents… Je vois bien que ton père signe toutes les notes que tu as dans ton journal de classe mais je ne vois quand même aucun changement. Il en dit quoi de toutes ces notes ?

Quoi ? Celle où je réponds aux prof et où je frappe Guillermo Quinn ? Guillermo Quinn commence toujours alors je vois pas pourquoi je devrais être puni.

Et mon père, il en dit rien. Il regarde, signe et puis me rend le journal.

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Rien.

Elle soupira…

-Il faudra vraiment que je le vois. Ta belle-mère aussi… J’aimerais la rencontrer. En attendant, vas en retenue jusqu’à midi et, donc, tu es renvoyé jusqu’à nouvel ordre… Je suis vraiment désolée Grant mais la sécurité des autres est importante.

Je fixai Madame Summers. Elle me renvoyait. C‘était bien. J’allais pouvoir aller plus souvent chez BSC, jouer plus souvent avec Sky et tout. Moi, j’aimerais être renvoyé. Alors, j’esquissai un sourire avant de sortir.

-Merci Madame Summers. Moi, je vais pouvoir faire des choses intéressantes comme ça. Au revoir.

Et je m’en allai pour aller en retenue jusqu’à la sonnerie de midi. C’était mercredi. On avait congé l’après-midi et j’avais rendez-vous avec Amon à la salle de sport. Mon père savait pas m’entrainer aujourd’hui parce qu'il était pas là toute la journée alors je lui avais demandé si je pouvais me faire entrainer par Amon.

Il avait fait la moue mais avait accepté.

Alors, moi, j’avais téléphoné à Amon et maintenant que la sonnerie à sonner, je pris le bus jusqu’à la salle de sport. Moi, je commençais à connaitre tout L.A.. Je faisais tout en bus.

J’arriva  à la salle de sport. J’avais mon sac d’école et mon sac de sport. Amon était pas encore là alors, j’allais me changer avant de revenir dans la salle. Amon était là cette fois à l’endroit où on s’entrainait d’habitude. Je mis mes sac dans un coin après l’avoir rejoint.

-Salut, Amon…

Je relevai le regard sur moi.

-Moi, je suis prêt. Moi, j’ai beaucoup fait des progrès. Moi, je vais pouvoir te montrer.

Oui. J’étais fort.

@ Billy Lighter

J’avais reçu un appel de Grant en tout début d’après-midi. Il voulait s’entraîner avec moi parce que son père, qui n’était nul autre que Ward Fleming, n’avait pas le temps de l’entraîner aujourd’hui. J’étais ravi ! Mes entraînements avec le garçon me manquaient… Je ne lui apprenais pas qu’à frapper, je lui inculquais aussi toute la philosophie de la boxe.

Parce que, quoi qu’en pense Sonne, ma bien-aimée, ce n’était pas seulement un sport barbare, quand il était bien pratiqué.

On s’était donné rendez-vous. Grant allait venir en bus. C’était un petit gars bien débrouillard.

J’avais quitté le boulot exprès… Avant, quand Grant s’entraînait avec moi, je prenais tous les mercredis après-midi pour pouvoir passer du temps avec lui. Mais depuis que son père avait gagné la garde, j’avais perdu cette habitude.

Ça faisait du bien de la retrouver.

J’avais préparé mon sac de sport et pris une deuxième bouteille d’eau et des barres protéinées en plus pour pouvoir partager avec mon petit protégé. Puis j’avais pris ma Mustang pour aller jusqu’à South L.A. où je l’avais parquée dans un parking sécurisé. C’était payant mais vu la conjoncture actuelle avec les gangs et tout, je préférais ne pas prendre de risque…

Quand j’étais arrivé, Grant n’était pas là… En fait, si, mais il était dans les vestiaires alors que moi, je m’étais changé dans la salle… Il n’y avait pas vraiment de pudeur à avoir, je ne me mettais pas non plus tout nu et de toute façon, il y avait quand même d’autres sportifs dans les vestiaires alors ça revenait un peu au même.

J’étais en train de bander mes poings, assis sur un banc, quand Grant apparut avec deux sacs, son sac de sport et son sac d’école.

Je souris au petit.

-Salut Grant ! Je suis content de te voir !

Il disait être prêt, ce que je voyais bien. Il disait aussi avoir fait des progrès et il semblait impatient de me montrer ça.

-Je n’en doute pas… Pour ton âge, tu es un boxeur hors pair !

Puis je le regardai un peu mieux et remarquai l’hématome sur la tempe… Je fis la moue.

-C’est en boxant avec ton père que tu t’es fait ça ? Comment ça va les entraînements avec lui ?

Je voulais savoir, parce que je connaissais Ward Fleming et j’étais sûr qu’il n’y allait pas de main morte avec le gamin… En s’entraînant avec moi, il n’avait jamais de bleus… Les seuls qu’il gagnait, c’était quand il faisait des petits tournois avec d’autres gamins…

Mais là… ça ressemblait même pas à un hématome dut à la boxe… Plutôt à une grosse et lourde main qui se serait écrasée sur le coin de sa tête…

@ Billy Lighter

Moi, j’étais prêt et Amon était bien là. Moi, ma journée était pas si mal, finalement. Moi, je saluai Amon. Il disait qu’il était content de me voir. Moi aussi. J’aime bien quand Amon m’entraine. J’aime bien mon père aussi… Mais il frappe plus fort et, après, j’ai mal partout. Pas avec Amon. Mais mon père dit que, comme ça, en combat, je saurais mieux encaisser. Moi je le croyais même si j’aimais pas avoir mal.

Moi, je dis à Amon que j’étais prêt et que j’avais fait des progrès. Il me croyait et je souris.

-Oui. Je suis le plus fort.

Aucun autre boxeur de mon âge m’avait déjà battu. Même les plus vieux, ils me battent pas. Vern, il est impressionné. Il dit que, plus tard, je devrais faire une carrière dans la boxe. Moi, je ferais ça en étant Batman.

Amon me regarda un moment alors que tout ce que je voulais faire, c’était boxer. Il pointa alors ma figure comme l’avait fait Madame Summers plus tôt. Il demanda si c’est en boxant avec mon père que j’avais eu ça. Il demandait comment les entrainement allaient avec mon père… Pourquoi tout le monde posait des questions comme ça. Je roulai des yeux et pris un air agacé.

-Non. Mon père frappe pas ma figure en boxant.

Il frappe ailleurs mais c’est pour que je devienne fort. Et je le frappe aussi en retour.

-Moi, j’ai oublié de verrouiller la porte de l’appartement en sortant au parc. Quand je suis revenu, mon père était revenu aussi et il était pas content que j’avais pas verrouillé la porte. Il m’a mis une baffe. Voilà. J’étais pas content. Il s’est excusé et m’a acheté des Comics.

J’haussai des épaules avant de reprendre :

-Moi, j’aime bien les entrainement avec lui. C’est pas comme avec toi… Il veut que je devienne plus résistant alors on frappe moins sur le sac et plus l’un contre l’autre. Moi, j’aime bien aussi…

Je fis la moue.

-Mais Vern veut pas que je combatte contre les autres enfants quand je suis avec mon père. Moi, j’ai râlé quand Vern a dit ça. Je veux plus parler à Vern depuis. Il dit que je peux faire ça que quand je suis avec toi. Je comprends pas pourquoi.

Vern était ici, un peu plus loin. Mais moi, je le regardai pas parce que je lui râlai dessus.

-Mais je crois que je vais pouvoir m’entrainer tous les jours avec toi. Comme ça je pourrais refaire des combats. Tu veux venir tous les jours ? Moi, je suis viré de l’école pour un moment alors on peut faire ça.

Oui. Je voulais ça.  

@ Billy Lighter

Je répondis au sourire de Grant quand il affirma qu’il était le plus fort.

-Oh mais je suis sûr que j’ai encore deux ou trois trucs à t’apprendre. Mais c’est vrai que tu as ça dans le sang.

Puis je remarquai l’hématome qu’il avait à la tempe. Je voulus me rassurer en lui demandant si c’était en boxant avec son père qu’il s’était fait ça… Parce qu’un coup qui part trop fort est vite arrivé, j’en étais la preuve vivante et c’était un peu la raison de mon exile à Los Angeles…

Mais Grant me raconta une toute autre histoire… Une histoire que je laissai en suspens, pinçant les lèvres. Son père lui avait mis une baffe assez forte pour le marquer et pour une broutille… Puis, il lui avait acheté des comics pour s’excuser.

Ça me faisait atrocement pensé à ce que j’avais lu dans un magazine féminin que j’avais lu au travail pour me donner des idées ou trouver de nouvelles tournures de phrase. Un magazine qui contenait un article sensé aider les femmes à détecter si leur mari était abusif ou pas. Et frapper puis offrir des cadeaux en guise d’excuse puis recommencer était l’un des signes…

Et me voyant perdu dans mes pensées, Grant continua en disant qu’il aimait les entraînements avec son père parce qu’ils frappaient moins sur le sac et plus l’un sur l’autre. Apparemment, il aimait ça.

-Tant que ça te plait et que tu n’es pas couvert de bleus après, ça va. C’est surtout la technique qu’il faut entraîner, la force, tu l’as déjà… Pour ton âge et malgré ta carrure, tu es une force de la nature. Mais je suis sûr que plus tard, tu auras plus ou moins la carrure de Ward.

Par contre, j’appris que Vern ne voulait plus qu’il fasse des petits combats contre les autres enfants quand il était avec son père. Je regardai le gosse d’un air dubitatif…

-Boh ? Pourquoi ?

Parce que Ward l’encourageait à aller trop loin ? C’était bien son style…

Vern passa justement par là et je l’interpellai…

-Hey, Vern ! Pourquoi est-ce que Grant ne peux plus faire des combats avec les autres enfants quand il est avec son père ?

Le patron de la salle se tourna vers moi.

-Parce que toi, tu tempère ton combattant ! Ward, lui, il le pousse à aller trop loin ! Et on ne frappe pas un homme à terre !

Il avait dit ça en grommelant… Mais j’avais vu juste, en gros.

Puis Grant m’annonça que si je voulais, on pourrait s’entraîner tous les jours ensemble parce qu’il avait été viré de l’école. Je me levai, dépassant du même coup Grant de plusieurs têtes et puis lui annonçai :

-On va faire trois tours de salle… Et on va parler, toi et moi. Parce que ce n’est pas une bonne chose que de se faire virer de l’école. Pourquoi on t’a viré ?

Je commençai à trottiner, Grant à côté de moi… Parler et courir en même temps entraînait le souffle.

-Et ton père, il fait ça souvent, te frapper puis t’offrir des cadeaux pour s’excuser ? Mon père me mettait des claques aussi pour m’éduquer, mais c’était souvent mérité et jamais il ne me laissait de marque comme toi tu as à l’œil.

@ Billy Lighter

Moi, j’étais fort. C’est ce que je dis à Amon. Il dit alors qu’il avait sûrement encore des trucs à m’apprendre même si j’étais fort. Je le fixai.

-Oui. Pour être plus fort.

Moi, je voulais être encore plus fort pour, un jour, être le boxeur le plus fort du monde. Moi, je veux ça.

Mais Amon me parla pas de boxe mais de mon bleu sur ma figure. Comme Madame Summers, il voulait savoir si c’était mon père qui avait fait ça. J’expliquais alors l’histoire de la porte. Que mon père m’avait frappé parce que j’avais oublié de la verrouillé. Moi, j’avais pas aimé ça mais il m’avait donné des Comics après.

Amon dit rien alors je parlai des entrainements avec mon père. Je disais que j’aimais bien. Amon disait que le principal c’était que j’aie pas des bleus partout… J’en avais… Mais je dis rien.

-Moi j’entraine tout avec mon père.

Mais je faisais moins de combats contre les autres parce que Vern ne voulait pas et ça m’énervait. Amon se demandait pourquoi alors j’haussai des épaules.

-Parce qu’il est con.

Vern passa à se moment là et Amon lui posa la question. Je fis semblant que Vern était pas là quand il expliqua les raisons. Moi, je les trouvais nulle ses raisons. Il s’en alla juste après.

-C’est nul. Moi j’aimerais me battre quand même !

Mais maintenant, j’avais Amon. Alors, Vern voudra bien que, moi, je me batte contre les autres. Moi, je pouvais venir m’entrainer tous les jours, maintenant, parce que j’étais viré de l’école. Amon voulait qu’on fasse des tours de salle et que je lui parle de l’école… Je roulai des yeux. J’en ai marre…

-Ok…

Je courrais à côté d’Amon.

-Moi, je me suis fait viré parce que Dylan m’a insulté et que je l’ai poussé. Il est tombé dans l’escalier et s’est cassé la cheville. Voilà. Moi, j’aime pas qu’on m’insulte. C’est bien fait pour lui.

Oui. Bien fait !

Puis, il posa des questions sur mon père… Madame Summers en posait souvent aussi… Je roulai des yeux encore une fois. J’en ai marre de parler de mon père… Surtout qu’Amon disait que son père faisait pareil que le mien, alors…

-Non. Il l’a fait qu’une fois. Il l’a plus fait après et il l’avait pas fait avant. Moi, on m’a dit plein de trucs sur mon père. Comme quoi c’est un tueur et tout. Moi, il me fait rien… Il est pas méchant avec moi.

Je courrais toujours à côté d’Amon. Je courrais même un peu plus vite parce que j’aimais pas ses questions. Mais il suivait bien. Je fis la moue.

-Moi, j’en ai marre qu’on pose des questions sur mon père… Moi ça m’ennuie pas de vivre chez lui. Moi, j’ai Sky, chez lui. J’aime bien Sky. Puis, ton père aussi te foutait des baffes, alors… Moi, je vois pas pourquoi toi et Madame Summers posez des questions…

Oui. Je ne comprends pas.

@ Billy Lighter

Apparemment, Grant aimait quand même s’entraîner avec son père. Il disait qu’ils entraînaient tout ensemble. Je fis la moue.

-Qu’est-ce que tu entends par « tout » ?

Puis Grant râla sur Vern qui ne voulait pas le laisser combattre d’autres enfants quand il était avec Ward. Apparemment, Ward le laissait aller beaucoup trop loin. C’est ce qu’expliqua Vern quand je lui posai la question.

Je me retournai vers l’enfant qui râlait toujours.

-Tu as donc oublié ce que je t’ai appris ? Une fois l’adversaire au sol, c’est fini, tu ne peux plus le frapper. On est pas là pour se faire mal, mais pour montrer qu’on a plus de technique et de force que l’adversaire. Faire mal pour le plaisir, c’est non, Grant.

Quoi que lui ait dit son père.

On commença l’entraînement en courant et je fis parler Grant. A la fois pour son souffle, mais aussi parce que je voulais en savoir plus sur son parcours depuis qu’il était chez Ward.

Il s’était fait virer de l’école, ça commençait déjà mal !

Mais Grant accepta de me parler. Il m’expliqua avec un sang-froid hors norme et sans aucun remord qu’il avait cassé la cheville d’un garçon de son école en le poussant dans l’escalier. Pourquoi ? Parce que le Dylan en question l’avait insulté.

Je soupirai, trottinant toujours.

-Encore une fois, tu as oublié ce que je t’ai appris. On répond aux imbéciles par le silence. Tu dois être fort physiquement, certes… Mais…

Je pointai ma tempe.

-Là dedans aussi. Tu es intelligent, Grant. Peut-être même plus intelligent que la moyenne. Tu as la force mentale pour être bien au-dessus des insultes.

Puis je le questionnai à nouveau sur son père qui l’avait marqué dans la figure pourtant, Grant jurait que Ward n'était pas méchant avec lui et qu’il ne l’avait frappé qu’une fois. Puis il dit qu’il en avait marre qu’on le questionne sur son père dont il connaissait la réputation de tueur.

-Ouais, mon père me foutait des claques. Mais il y a une différence entre une petite claque qui est plus humiliante que douloureuse et une claque donnée pour faire vraiment mal.

Je m’arrêtai de courir et me plaçai derrière un sac de frappe pour que Grant puisse se mettre à frapper dedans.

-Je vais arrêter de te poser des questions sur ton père. Mais promets-moi que s’il te frappe encore pour une broutille, qu’il te fait mal, tu m’en parleras.

@ Billy Lighter

Amon posait des questions sur mon entrainement avec mon père. Moi, j’avais dit qu’on entrainait tout et, pour Amon, ça voulait pas dire grand-chose. Je le fixai droit dans les yeux.

-A frapper, à bouger plus vite quand je boxe, à encaisser mieux quand on me frappe. Tout.

Mais Vern voulait quand même pas que je combatte quand j’étais avec mon père et la raison de Vern était débile. Moi, j’aimais plus Vern. Je râlais sur lui et je ne voulais plus lui parler. Mais Amon disait que j’avais tout oublié de ce qu’il m’avait appris. Je plissai des yeux en le regardant. Je pouvais pas faire mal à quelqu’un au sol. Je roulai des yeux. Moi, je crois que, parfois, les gens pensent que je suis stupide alors que c’est pas le cas.

-Moi, je frappe pas quand les gens sont à terre.

Parfois si… Mais je m’en rends compte après. Mais je le fais moins… Alors, je vois pas pourquoi Amon me fait chier avec ça.

-Moi, j’ai pas oublié. Moi, je suis pas stupide. Je suis pas comme les vieux qui oublient tout, tout le temps.

Les vieux comme Vern et Amon !

-Mon père dit seulement que je dois pas faire de cadeaux. Moi, j’en fais pas. Mais j’en faisais pas quand j’étais avec toi non plus. Donc, ça change rien.

Puis, on se mit à courir et il parla encore de mon père. Quand j’étais avec Jordan, on me posait pas souvent des questions sur Jordan. On demandait pas si Jordan me foutait des baffes. On demandait pas s’il était méchant avec moi. Avec mon père si…

Je dis que je m’étais fait viré de l’école et j’expliquai pourquoi. Moi, je pensais m’être juste défendu parce que Dylan m’a insulté. Mais Amon disait que c’était pas comme ça qu’on répondait aux insultes. Je plissai les yeux.

-J’ai essayé de faire comme tu dis mais ça arrête pas les insultes. Ils pensent que je suis un looser si je réplique pas. Et je suis pas un looser. Des loosers il y en a plein l’école mais j’en suis pas un.

Jesse l’est, Guillermo l’est, Dylan l’est, Arthur l’est et plein d’autres encore. Il y a que Sofia et moi qui sommes pas des loosers.

Mais Amon disait que je devais répliquer avec ma tête pas mes poings. Je roulai des yeux avec d’esquisser quand même un petit sourire fier quand Amon dit que j’étais très intelligent.

-Oui. Intelligent. Ok. Moi, je ferais autrement pour remettre Dylan à sa place.

Oui. J’avais des idées. Des idées qui feront que, moi, on m’engueulera plus.

Après on parla encore de mon père et des baffes. J’expliquai qu’il l’avait fait une fois et qu’Amon m’avait aussi dit que son père faisait pareil. Je levai, ensuite, un sourcil avec son explication.

-Ça sert à rien de foutre une baffe si ça fait pas mal moi je pense…

J’haussai des épaules. J’aime pas qu’on me foute des baffes mais si ça fait pas mal c’est pas une baffe.

On s’arrêta de courir et j’enfilai mes gants avant de commencer à frapper sur le sac. J’allais aussi vite que quand je m’entrainais avec Amon mais je frappais nettement plus fort.

Il disait qu’il allait arrêter de poser des questions sur mon père mais que s’il me frappait encore je devrais le dire à Amon. J’étais concentré sur le sac à frapper très fort sans vraiment m’essouffler ni m’énerver et je dis :

-Oui. D’accord. Je le dirais. Si ça te fais plaisir.

Moi, je crois pas qu’il recommencera.

-Maintenant, on s’entraine et c’est tout.

Oui. C’est tout.

@ Billy Lighter

Grant expliqua ce qu’il entraînait avec son père et en fait, ce n’était pas si différent de ce qu’on faisait ensemble.

Je souris en coin.

-Comme avec moi, quoi. Mais je comprends que ça te plaise de passer du temps avec ton père.

C’était important… Même si Vern jurait que Ward le laissait aller trop loin, beaucoup trop loin. Pourtant, Grant se défendit en disant qu’il ne frappait pas les jeunes qu’il mettait à terre. Je fis la moue. Je savais qu’il mentait. Je le savais parce que je l’avais déjà vu faire. Au petit tournoi, on avait du s’y mettre à deux, Jordan et moi, pour l’arrêter.

-C’est pas ce que Vern dit… Et je sais que tu es capable de faire ça quand tu te laisses emporter.

Il fut vexé quand je lui dis qu’il avait oublié ce que je lui avais appris. Mais il jurait que non, qu’il n’était pas comme les vieux qui oublient tout. Il ajouta que son père lui disait de ne pas faire de cadeau.

-Il y a une différence entre ne pas faire de cadeau et tabasser les gens pour le plaisir, Grant.

Et je savais que tabasser les gens pour le plaisir était un passe-temps de Ward. Il m’avait moi-même mis ma raclée sur un ring après que j’ai baisé celle qui ne m’avait dit qu’elle était sa petite-amie qu’après. Il avait frappé rude et fort, me laissant blessé pour plusieurs semaines…

Ça avait été inutile. Il aurait pu gagner sans me mettre complètement K.O.

Je soupirai devant l’air buté de Grant.

-Si j’apprends que tu as fait mal à quelqu’un inutilement, Grant, je n’aurai plus envie d’être ton entraîneur. La boxe que tu pratiques avec Ward n’est pas dans ma philosophie.

Quant aux insultes qui l’avaient poussé à blessé un garçon de son école, Grant me dit qu’il avait essayé de faire ce que je lui avais dit de faire, mais que ça n’arrêtait pas les insultes.

-Ce qui compte, c’est que tu saches ce que toi, tu vaux. L’avis des autres, on s’en fout.

Je lui fis remarquer qu’il était intelligent et il aima la flatterie… Qui n’en était pas vraiment une parce que je pensais réellement ce que je disais. Du coup, il affirma qu’il ferait autrement pour remettre les autres, dont le fameux Dylan, à sa place.

-Bien. Et d’une façon qui ne te fasse pas virer de l’école, si possible.

Je lui demandai si son père lui mettait des claques souvent alors qu’on était passé de la course d’échauffement à frapper sur le sac. Il disait qu’une claque qui faisait pas mal, ce n’était pas une claque…

-Crois-moi, même quand ça fait pas mal, ton égo en prend un coup.

Puis il me promit de me dire si ça se reproduisait. Je hochai la tête. Il voulait s’entraîner maintenant et ne plus parler.

-Tu frappes plus fort qu’avant, il me semble. C’est bien.

@ Billy Lighter

Amon comprenait que j’aimais les entrainement avec mon père et j’hochai de la tête. Oui. J’aimais bien. J’aimais bien avec mon père et avec Amon. Mais, apparemment, fallait toujours choisir, alors…

Les adultes sont chiants et compliqués.

Un peu comme Vern qui voulait pas que je fasse des combats contre les autres quand j’étais avec mon père. Il disait que c’était parce que je m’arrêtais pas de frapper mais c’était pas vrai. Amon disait qu’il me savait capable de faire ça quand je me laissais emporter. Je plissai des yeux.

-Non. Je fais plus ça.

Il m’a pas vu combattre, Amon, depuis. Il savait pas. Vern non plus vu qu’il me laisse pas me battre. Alors qu’est-ce qu’ils en savent ?

Je disais que mon père m’avait juste dit de ne pas faire de cadeau et Amon disait qu’il y avait une différence entre taper les gens pour le plaisir et pas faire de cadeau.

-La boxe c’est taper les gens pour le plaisir. Si ça m’ennuyais, je ferais pas de boxe.

Oui. Je comprends pas vraiment où veut en venir Amon là… Moi, je comprends plus rien et j’aime pas ça.

Amon disait que si jamais il apprenait que j’avais fait mal à quelqu’un inutilement il ne voudra plus m’entrainer. Je me renfrognai.

-Ok… Mais toi, tu sais pas comment mon père m’entraine. Les adultes, ils jugent toujours sans rien savoir.

Oui. Il savait pas. Il était jamais venu voir quand mon père m’entrainait. Il sait rien. J’aime pas les gens qui parlent et savent pas.

Après, j’avais expliqué comment je m’étais fait viré de l’école. Amon disait qu’il fallait juste pas répondre aux imbéciles mais j’avais essayé et ça fonctionnait pas. Il disait que ce qui comptait c’était que je sache ce que je vaux. Je plissai des yeux.

-Moi, j’aime pas qu’on m’insulte.

Voilà. J’aime pas. Et j’aime quand les gens savent qu’il faut pas m’insulter. Dylan le sait maintenant.

Mais je voulais bien faire autrement comme Amon disait. Moi, j’avais déjà des idées. Et Amon disait que le principal était de pas se faire virer.

-Oui. Pas virer.

Même si j’aimais bien.

Puis on parla des baffes et je trouvais ça con de mettre des baffes qui font pas mal. Mais Amon disait que c’était pire quand l’ego prenait un coup. Je savais pas c’était quoi.

-Ce qui fait mal c’est la douleur.

Oui. Voilà. Moi, j’avais rien compris à ce que venait de dire Amon.

Et j’en avais marre de parler. Je voulais boxer. Mais avant je fis une promesse à Amon. Ça sembla lui convenir.

Puis, je frappai montrant que j’étais fort et Amon le remarqua.

-Oui. C’est bien.

Et c’est les derniers mots que je dis. Le reste, ce n’était plus que de la boxe. Parce que, moi, j’étais ici pour ça.

@ Billy Lighter