Ward tenait ses promesses… C’est ce qu’il dit après que cette folle de Riley proposa de me descendre moi ou de descendre la p’tite amie de Jordan… J’savais que sa vie à elle était aussi en danger mais j’pensais pas qu’elle en viendrait à tuer quelqu’un pour s’en sortir…

C’était complètement dingue.

Mais quand Ward dit qu’il voudrait pas tuer Nell, j’fus à moitié soulagé. Mais j’crois que j’le fus encore plus quand il dit qu’il tenait ses promesse…

Il tira mes cheveux pour me causer. J’gémis mais le mal dans les cheveux était pas comparable à ce que j’ressentais dans mes côtes. J’avais déjà eu aussi mal… C’était quand Alonso m’avait démoli le genou quand il m’a tabassé dans une ruelle de l’Eastside…

Ward voulait me relâcher mais non sans me menacer… Il voulait pas que j’le balance aux flics, bien sûr… Et si j’venais à le faire il me le fera payer méga cher. Tous ces gens qu’il citait… J’y tenais. J’voulais pas qu’un seul d’entre eux meurent à cause de moi. Pourtant, ce type méritait d’être en prison…

J’me retrouvais dans le même cas que Samantha… Et j’crois que j’pouvais pas faire autrement, cette fois, que d’être entièrement d’accord avec tout ce qu’elle m’avait dit l’autre jour.

J’devrais le dénoncer mais j’le ferais pas… Parce que j’avais trop à perdre.

Il demanda si j’avais compris…

-Ouais… Méga compris.

Comme j’pouvais pas comprendre ça, connard !

Et j’crus qu’il venait de lire l’insulte dans mes pensées parce qu’il lâcha mes cheveux mais arma son flingue. J’le fixai comprenant pas trop ce qu’il se passait. L’allait me tuer quand même ?

Non…

Il tira mais à côté de mon oreille. Le brut de la détonation me fit crier de douleur. Y’eus comme un « patch » dans mon oreille avant que je n’entende plus qu’un gros larsen. Les voix me venaient de plus loin et j’respirais plus vite tellement j’avais mal.

J’entendis pas quand il appela Josh…

J’entendis que vaguement les ordres que Ward donna à Josh…

J’sentis juste plus de douleur quand Josh me fit me relever. J’avais mal et j’entendais mal… Sauf ce foutu bruit de larsen…

Après ça, tout alla vite.

On m’remit le sac sur la tête. On m’remis mon portefeuil dans ma poche… On m’embarqua dans une foutue bagnole… Puis on roula longtemps avant qu’on me largue à South L.A. non loin du Crazy Ginger.

J’étais dans une ruelle seul. J’avais mal, j’respirais mal, j’entendais à moitié, j’avais crevé de trouille, j’avais encore la trouille, j’me repassais tout de ma tête et quand j’retrouvai la force, j’réussi à me lever non sans gémir et en me tenant les côtes…

J’réussi à atteindre ma voiture, à entrer dedans et à verrouiller toutes les portes…

C’est là, devant mon volant, que j’remarquai que j’tremblai à mort… J’avais complètement déssaouler avec tout ça mais c’était tout de même le chaos dans ma tête.

Puis y’avait ce bruit de larsen et après de très longue minutes à regarder mes mains tremblées, mon corps pris conscience de l’ampleur des dégâts… Si bien que, d’un coup, j’arrivais plus à respirer comme il faut…

Me fallait mon inhalateur…

J’avais plus le mien…

Je me penchai alors tant bien que mal vers ma boite à gant pour en sortir un autre. Je pris alors un grand coup d’air…

Et ça fit mal.

Je gémis de douleur. J’respirais mieux mais ça sifflait…

Et y’avait toujours ce larsen…

J’portais alors ma main à mon oreille…

Ça saignait… J’gémis…

-Arrête…

Je gémis ça… Je parlais de l’horrible sifflement que j’entendais…

Mais il partais pas… J’essuyai le sang de ma main mais une partie avait sécher…

J’voulais rentrer… J’voulais Peyton… J’voulais n’importe qui… Mais avant, fallait que j’vois Jordan. Pourtant dans cet ordre ? Pourquoi Jordan avant ? J’sais pas… J’sentais que j’devais aller là… J’savais plus réfléchir comme il faut…

J’sais pas combien de temps j’suis resté dans ma voiture à gémir et reprendre plus ou moins pieds… Longtemps. Le soleil s’était levé… L’était tôt et les gens commençaient à sortir.

Alors, j’démarrai… Et j’conduis jusqu’au commissariat.

J’me garai mal à quelques mètres de l’endroit… J'avais bien fait en sorte qu'on me suive pas... J'avais vérifié et pris de détour pour être sûr. J’sortis de ma voiture et entrai machinalement dans le commissariat en me tenant les cotes qui me faisait souffrir.

J’avais envie de vodka… D’une tonnes de médoc’ aussi… De n’importe quoi qui pourrait me faire dormir et oublier tout ça…

J’me présentai devant une femme qui était à son bureau. J’crois que c’est une secrétaire…

-‘Jour… J’peux voir Jordan Keller ? C’est méga important… Il est là ? S’vous plait dites moi qu’il est là… Faut que j’le vois. J’suis son indic’…

Ma voix était faible et sifflait… J’tremblais toujours… J’étais complètement à côté de mes pompes…

@ Billy Lighter

Les inspecteurs Keller et Greenly et moi-même ne comptions plus les heures passées sur le cas de Ward Fleming. Nous épluchions tout et quand je disais tout, c’était absolument tout ce que nous pouvions trouver se rapportant de près ou de loin au fils du tristement célèbre boucher de Los Angeles.

De fils en aiguilles, nous tracions des liens. Ils étaient maigres et possiblement qu’ils ne nous mèneraient nulle part mais c’était tout de même mieux que rien. Il ne fallait rien négliger, nous ne savions pas quand un nœud allait se dénouer et nous permettre de trouver quelque chose.

Nous faisions ça à temps perdu, au travers de nos emplois du temps déjà chargé. Moi, je vivais seule alors ça ne me dérangeait pas de rester de longues heures au bureau pour travailler sur notre enquête surtout que cela me permettait de passer beaucoup de temps en tête à tête avec Conrad puisque Jordan devait rentrer pour passer du temps avec Eleanor. Hier, alors que nous étions sur le cas de la Casa Nuova, Conrad avait remarqué que je portais un nouveau chemisier et il avait même deviné que mon nouveau parfum sentait la cerise.

Ce soir, j’étais en poste à la réception du commissariat et je soupirais d’ennuis. Jordan était rentré souper à la maison, Conrad avait demandé à rentrer plus tôt car il était enrhumé et il préférait prendre du repos ce soir pour revenir en forme demain. C’était bien qu’il prenne soin de lui mais s’il était resté, j’aurais été heureuse de prendre soin de lui.

- Bonsoir…

Je venais de me faire sortir de mes rêveries par un sosie pas mal amoché d’Howard Stone, avant que je ne réalise qu’il s’agissait effectivement de Stone, le seul et l’unique. Il avait sa respiration sifflante et il était tout couvert d’ecchymose. À le voir en si piteux états, o n aurait dit qu’un train lui avait rentré dedans ! C’était une salle période pour lui cela dit. Plusieurs journaux rapportaient que son mariage se cassait la gueule.

- L’inspecteur Keller est aller souper à la maison mais…

Je levais mon bras pour regarder l’heure sur ma montre et je constatais que Jordan devait en fait être sur le point de revenir.

- Il devrait arriver d’une minute à l’autre. Vous pouvez patienter ou préférez-vous que j’aille chercher un autre inspecteur ?

Ou un médecin... Ou un croque-mort ?

- Je vais aller vous chercher un verre d’eau…, su vous voulez bien attendre sur l’un des fauteuils à l’entrée.

Je me levais et allais remplir le plus grand verre que nous ayons et y ajoutais même des glaçons, ça ne pouvait pas lui faire de tort. Puis, alors que je revenais avec le verre dont les glaçons tintaient sous le mouvement, j’aperçue Jordan qui passait la porte du commissariat.

- Inspecteur Keller ? Il y a quelqu’un qui désirerait vous voir.

Je fis un pas de côté pour qu’il voit qu’Howard Stone agonisait sur l’un de nos fauteuils de la salle d’attente.

@ Billy Lighter

Je faisais un double shift aujourd’hui… On avait patrouillé toute la journée avec Conrad mais il avait finalement décidé de rentrer chez lui pour soigner un sale rhume. Même si je n’aimais pas être tout seul et à la merci des nouveaux ou des plus jeunes quand il n’était pas là, j’étais content qu’il pense à se soigner. Déjà, ça lui éviterait de me refiler ses microbes.

J’avais en tête, puisque je serais seul pour la seconde partie de la journée, de travailler sur le cas Fleming avec Katy. Mais j’avais d’abord décidé de rentrer manger avec Nell… La pauvre ne me voyait pas si souvent avec les heures que je faisais et le moindre moment ensemble était précieux.

Surtout qu’elle avait préparé un délicieux repas… J’avais mangé en essayant de ne pas lui parler de ma journée. Pas que j’avais des choses à cacher mais j’avais tendance à ne parler que boulot. Alors je m’étais plus intéressé à ce qu’elle avait fait elle…

Puis bien vite était venu le temps de repartir au commissariat. Plus que quelques heures puis j’aurais trois jours de week-end à passer avec Nell… Ça allait être bien, même si je ne pus empêcher mon cœur de se serrer en pensant à tout ce qu’on aurait pu faire avec Grant.

En arrivant dans le parking du commissariat, je m’en voulus un peu de ne pas avoir pensé à Katy… De ne pas l’avoir invitée à partager notre repas à la maison. La pauvre avait certainement mangé à son bureau en continuant de lire, classer, corriger…

J’entrai dans le commissariat en me disant que pour me faire pardonner, ce serait moi qui lui servirais son café puisque, Conrad étant rentré à la maison, j’allais certainement rester au poste pour faire garde cellule ou quelque chose comme ça.

Ça nous permettrait aussi de continuer à travailler sur Ward.

Mais quand j’entrai dans le poste, je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit à Katy car elle prit la parole la première pour me dire que quelqu’un voulait me voir.

Elle s’écarta et je vis Howard, affalé sur le banc de la salle d’attente et en très mauvais état ! Je me précipitai vers lui, m’accroupissant devant lui et prenant ses mains sui tenaient un grand verre d’eau entre les miennes.

-Seigneur ! Howard ! Qu’est-ce qu’il t’es arrivé ?!

Je le regardai un peu mieux et fronçai les sourcils.

-Il faut qu’on t’emmène à l’hôpital !

Je marquai une pause puis parlai un rien plus bas.

-C’est Ward qui t’a fait ça ?

J’aurais jamais du mettre le batteur sur le coup.

Ward était beaucoup trop dangereux.

@ Billy Lighter

Je m’étais pointé devant une femme… J’la connaissais pas… Elle avait pas d’uniforme alors, j’crois que c’est une secrétaire… Un truc du genre. J’savais pas trop… Mais elle travaillait ici alors j’demandais où était Keller…

Il soupait…

-Souper ?

On est le soir ? J’fus un peu déstabilisé… J’croyais qu’on était le matin… J’pensais n’avoir pas passé tant de temps dans ma voiture. Mais… Semblerait que si… Semblerait que j’ai eu un blackout sans m’en rendre compte. Dans la voiture… Quand j’étais perdu dans mes pensée… J’ai dû m’évanouir à cause de la douleur… J’ai du dormir après… J’savais pas… J’étais déstabilisé…

Mais j’dis rien de plus alors que la fille disait que Jordan allait sûrement bientôt revenir de son souper. Elle disait que j’pouvais patienter… J’avais pas trop le choix même si j’devais avouer avoir une boule au ventre d’attendre ici à la vue d’un possible New Soldados qui pourrait rentrer dans les commissariat… On savait jamais… Mais j’hochai de la tête.

-Ok… J’attends… Merci, M’dame…

Elle voulait me donner un verre d’eau et me proposa de m’asseoir dans un des fauteuils à l’entrée. J’hochai de la tête et m’affalai là… J’gémis alors que j’avais toujours le sifflement dans mon oreille. Ça voulait pas s’arrêter…

J’attendais restant quand même sur mes gardes… J’eus ensuite le verre… Puis Jordan arriva… Mais il me vit pas toute suite. Il vit la fille d’abord. J’entendais rien de ce qu’ils disaient. Ils étaient pas si loin mais j’entendais plus le sifflement qu’autre chose.

Puis, il se précipita vers moi. Se mit à ma hauteur. Je mis mon regard vide sur lui. Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? J’peux rien dire… J’peux pas le dire… Alors j’dis rien… Il disait qu’on devait m’emmener à l’hosto.

J’sais…

Mais pas tout de suite.

-Pas maintenant… J’dois te parler… C’est méga important…

Il parla alors plus bas… J’dûs plisser les yeux pour entendre… Il demanda si c’était Ward qui m’avait fait ça.

Mon cœur battait plus vite…

Je lançai des regards inquiet autour de nous… Personne… Sauf la fille et Jordy… Et j’compris que ce simple regard trahissait certainement la réponse à la question de Jordan… Mais j’répondis pas… J’dis simplement.

-Faut que j’parle… Dans un endroit privé. Y’a pas une salle pour nous ?

Devait y’en avoir une parce que Jordan m’emmena ailleurs. Il invita la fille aussi. J’savais pas pourquoi mais si Jordan lui faisait confiance, j’pense que j’pouvais lui faire confiance.

J’avais embarqué le verre d’eau et, une fois assis dans une autre salle, j’déposai le verre. J’me tenais les côtes.

J’relevai le regard sur Jordan. Y’avait une sorte de silence… Et dans ce foutu silence, je n’entendais que le sifflement. Je mis ma main sur mon oreille. Plissai un peu les yeux avant de soupirer.

-J’suis désolé… Pour Grant… J’sais que tu as perdu la garde. Ça aurait jamais dû arriver tout ça. J’aurais voulu que tu la perde pas… Mais j'suis un méga looser...

Puis… Puis, j’craquai… J’sentais la pression descendre d’un coup. Toute la peur que j’avais accumulé depuis que Ward m’avait fait pécher près du Crazy Ginger sortis d’un coup… Et j’me mis à pleurer les bras croisé contre la table et ma tête dedans. J’avais mal aux côtes, j’respirais mal ce qui faisait que mes sanglots étaient entrecoupé de ma respiration saccadée et sifflante…

-J’peux plus t’aider… S’te plait, fait plus rien. Creuse plus… Cherche plus… Y'a rien à trouver sauf...

La mort? Ouais, c'est tout ce qu'il y avait à trouver...

J’disais ça entre mes sanglots incapable de me calmer.

-J’suis désolé… Si tu creuses, ça sera pire… Putain faut que ça s’arrête !!!

J’avais crié cette dernière phrase qui était destinée, en fait, au sifflement que j’entendais et qui cessaient pas.

@ Billy Lighter

Howard Stone, couvert d’ecchymoses et le regard vitreux et fuyant voulait voir Jordan Keller mais l’inspecteur n’était pas encore rentré de son heure de souper. Cependant, en regardant ma montre, je pouvais affirmer qu’il n’allait pas tarder à rentrer. J’invitais donc notre célèbre visiteur à patienter dans la salle d’attente ainsi, je l’aurais à l’œil s’il devait perdre connaissance ou je ne savais pas quoi. S’il tenait encore sur ses deux pieds, je ne voulais pas voir nez du train qu’il avait rencontré !

J’allais donc lui chercher un grand verre d’eau dans lequel j’ajoutais des glaçons en me disant que ça lui ferait peut-être reprendre ses sens tout en sachant que ça ne viendrait pas tout seul comme par magie.

Je n’avais pas encore quitté Stone que l’inspecteur Keller entra dans le commissariat et je l’informais donc que quelqu’un l’attendait. Dès qu’il l’aperçu, Jordan s’exclama e l’état de Stone et posait des questions en plus de proposer de l’amener à l’hôpital.

- Je peux appeler une ambulance.

En fait j’allais le faire mais Stone interrompis mon mouvement en disant qu’il devait parler à l’inspecteur Keller avant, que cela ne pouvait pas attendre tant cela était important.

- La salle B est libre si vous voulez…

J’allais la leur déverrouiller et sans trop savoir comment, je me retrouvais avec eux dans la salle d’interrogatoire. Je me sentais toute petite, comme une intruse qui venait de se faire surprendre et je restais silencieuse quand Stone commença par se dire désolé pour Grant comme s’il était responsable du dénouement du procès.

Je regardais Jordan en fronçant un peu des sourcils, comme si je tentais de comprendre un film tchèque sous-titré en allemand.  Et Stone continua en disant qu’il ne pouvait plus l’aider et même, il lui demandait de cesser de creuser le cas de Ward Fleming, qu’il n’y avait rien à trouver.

- Je ne suis pas certaine de ça, moi.

Nous avancions dans nos recherches, il y avait une évidence qui nous passait sous le nez et notre trio était déterminé à la mettre en lumière il nous fallait simplement plus de temps et surtout, de ne pas baisser les bras et cesser de creuser.

- C’est Ward Fleming qui vous a arrangé comme ça ? Vous pouvez nous parler, nous sommes là pour aider et il n’en saura rien.

Puis je regardais Jordan en me disant que c’était dommage que Conrad ne soit pas là ce soir. Il aurait voulu entendre ça, lui qui était tout autant impliqué dans nos recherches sur Fleming. J’aurais aimé entendre ce qu’il aurait eu à en dire.

@ Billy Lighter

Howard ne voulait pas parler dans la salle d’attente, surtout quand je lui demandai si c’était Ward qui lui avait fait ça. Preuve que j’avais vu juste.

Mais ce n’est que quand le batteur se leva que je remarquai qu’il saignait d’une oreille. Il avait réellement été torturé et on avait carrément risqué de mettre à mal sa carrière en lui bousillant un outil essentiel… Même si aujourd’hui, des gens comme Sniper revenaient au devant de la scène.

Katy voulait appeler une ambulance. Mais Howard protesta qu’il devait me parler avant.

-Tu tiendras le coup ?

Apparemment oui… D’ailleurs, malgré son état, il y avait quelque chose qu’Howard n’était pas : saoul. Il était totalement sobre… Mais ce n’était pas pour autant qu’il avait les idées claires. Quoi que…

Katy et moi, on conduisit Howard dans la salle B.

Il se laissa tomber sur la chaise, son verre d’eau devant lui… Moi, je restai debout, croisant les bras, stressé. J’avais laissé Katy entrer aussi. Après tout, elle travaillait avec nous sur le cas Fleming. Et j’aurais aimé aussi que Conrad soit là. Mais on ferait sans.

Alors Howard se mit à parler…

Et j’en avais vus, des hommes dévastés dans ma carrière de policier. Mais Howard… Howard était carrément brisé.

Il se traitait de loser, était désolé pour Grant et me suppliait de ne plus creuser. Mon cœur battait de plus en plus vite au fur et à mesure qu’il parlait. Et quelque chose en moi sonna l’alarme quand le batteur s’écroula, en pleurs.

Je m’allumai une cigarette alors que Katy protestait. Mais Katy était jeune, fougueuse… Un peu trop enthousiaste quant à nos avancées sur Fleming.

Je désignai Howard d’une main, clope au bec, et m’adressai à elle d’un ton de reproche.

-Voilà ce qu’on trouvera si on continue ! Encore plus de gens dans cet état, voire pire ! Il pourrait s’attaquer à toi, à Nell, à Conrad, à tous ceux que nous aimons. Il n’en saura rien ? Si, il le saura !

Howard cria qu’il fallait que ça s’arrête. Je m’approchai de lui et posai ma main sur son épaule.

-Ok. On arrête. Je n’aurais jamais du t’impliquer là-dedans de toute façon.

Je pris une grande bouffée de nicotine.

-Désolé n’est pas un mot assez fort pour exprimer ce que je ressens…

J’imaginais bien qu’il ne voulait pas porter plainte.

-Est-ce qu’on peut prévenir quelqu’un ? De la famille, des amis ? Quelqu’un qui te ramènera en sécurité chez toi une fois que tu seras passé à l’hôpital ?

@ Billy Lighter

-J’l’ai fait jusque-là…

Tenir le coup… J’l’avais fais jusqu’ici. Me restait qu’à faire passer mon message. C’est tout. C’est tout ce que je voulais faire. Alors, on me fit entrer dans une pièce. C’est la jolie fille qui nous avait donné cette salle. Elle était entrée aussi sûrement parce que Jordan lui faisait confiance.

Et j’faisais confiance à Jordan.

C’est là que j’commençai par des excuses pour Grant. C’était pas moi qui l’avait remis entre les mains de Ward mais… J’savais pas… J’aurais pu faire plus ? Non… J’sais pas. J’étais juste désolé.

Puis, j’craquai complètement. Dans ma tête, y’avait plus rien qui fonctionnait comme il faut tellement le bruit dans mon oreille, les image de la nuit, la peur dont j’arrivais pas à me débarrasser me torturait. J’m’étais jamais senti comme ça… Aussi loin que j’me rappelle.

Et je sommais Jordan d’arrêter de creuser… Parce que j’l’avais fait et j’avais failli y passer… Parce que j’l’avais fait et, maintenant, l’autre cinglé va pas l’lâché. J’avais râlé sur Livia, j’avais râlé sur Samantha, j’avais râlé sur tous les gens qui s’étaient tu mais... Ils avaient méga raison. Le silence, ça achète ta foutue paix et ta foutue vie.

J’pleurais alors que la fille disait qu’elle était pas certaines qu’il y avait rien n’à trouver. Si. Il y avait un tas de trucs à trouver. Mais tu les trouveras pas sans perdre des trucs au passage. En une nuit, j’avais p’t-être perdu ma carrière. Même si mon cerveau n’osais pas encore s’attardé sur cette idée que le sifflement lui criait pourtant.

-Tu trouveras rien de bien.

C’est ce que j’lançai à la fille qui posa quand même des questions. Elle demanda si c’était bien Ward qui avait fait ça. Que j’pouvais parlé. Qu’il saura rien.

Si… Il saura… Y’aura toujours quelqu’un qui lui dira en échange de sa vie.

Mais j’pus pas répondre parce que j’pleurais ce fut Jordan qui semblait avoir compris ce que j’voulais dire.

Ouais…

Ils vont tous mourir.

Non. Pas Nell.

-Pas Nell… Il va pas la tuer… Il l’a dit… Il l’aime bien… Mais les autres, oui... Tous.

J’étais entrain de faire des aveux… Mais j’me retins. Secouant la tête.

-Non ! J’ai rien dit ! Il saura. Il saura toujours.

J’crevais de trouille. Et le sifflement me rendait dingue si bien que je criais que je voulais que ça s’arrête. Je sentis la main de Jordan sur mon épaule. Il disait qu’on allait arrêter. Qu’il aurait pas dû m’impliquer. Je me calmai un rien et me redressai un peu.

-C’est moi… Je voulais…

Je voulais aider… J’aurais pas dû.

Jordan était désolé… Ça m’arracha encore un sanglot. Il disait que c’était pas assez d’être désolé… Et ça me rappelait moi et Peyton. J’avais été désolé et c’était pas assez.

Peyton me manquait… Ça me tuait encore plus… J’savais vraiment plus quoi faire.

-Ma vie est foutue…

C’est ce que j’lançai… J’avais perdu Peyton… J’avais perdu mon oreille. C’était tout ce que j’avais.

Jordan demanda s’il fallait appeler quelqu’un. J’reniflai respirant toujours mal. Mes poumons en pouvaient plus… J’en pouvais plus.

-J’ai pas de famille…

Si.

-Peyton est à New York… Ma p’tite sœur…

Vit avec River Moriarty. Ma respiration s’emballa un peu.

-Non… Pas ma p’tite sœur…

Ni David. J’voulais pas l’affoler. Puis, il sait pas conduire. Qui sait conduire ?

-Sonny Robson… Il est ambulancier… J’veux son ambulance à lui… Il me ramènera après.

Je fixai la fille après avoir frotté mes yeux du revers de la main.

-J’suis désolé… Y’a personne qui a voulu parler… J’voulais vous aider…

Personne. Pas même moi. Et le sifflement s’amplifia me faisant grimacer. J’plaquai ma main sur mes oreilles en fermant les yeux. Mes larmes coulaient. Ma respiration était plus rapide. Tellement que j'avais plus mal au côte et que j'avais la tête qui tournait.

-Ce bruit s’arrêtera jamais.

Comme Ward… Il s’arrêtera jamais.

@ Billy Lighter

C’est dans la salle d’interrogatoire B que je dirigeais l’inspecteur Jordan Keller et Howard Stone bien que je doutais que ce dernier puisse se rendre de lui-même tant il était mal en point. Il allait avoir besoin de soins médicaux, qui dépassaient l’expertise des petites trousses de premier soin que nous avions d’accrocher à quelques endroits dans le commissariats en cas de besoin.

Peut-être qu’après la conversation, Jordan allait se proposer pour le conduire à l’hôpital ou alors nous allions faire venir une ambulance mais avant tout, Howard avait des choses à dire et je me retrouvais donc dans la salle d’interrogatoire sans trop savoir ce que j’y faisais.

À peine la porte refermée derrière nous, le célèbre musicien lança que ça ne servait plus à rien de creuser, qu’il n’y avait rien à trouver. Je fronçais les sourcils, j’étais surprise, probablement parce qu’Avec Conrad et Jordan, nous étions nous aussi à creuser de notre côté. Je m’exclamais donc que je doutais que l’on ne trouve rien et qu’il pouvait se confier à nous, après tout, la police était là pour protéger ses citoyens mais je vis sur le visage de Stone que je parlais au travers de mon chapeau et même Jordan me ramassa par la bande, me faisant déglutir difficilement quand il me désigna Howard pour me faire voir l’évidence.

- Très bien, pas obligé de me parler comme si j’étais demeurée… J’ai cru… ah et puis je ne dis plus rien.

Après tout, je n’étais qu’une secrétaire s’étant fait embobinée pour enquêter à temps perdu pour aider un ami qui venait de me signifier que tout ce que nous faisions depuis un moment ne servait strictement à rien. Puisque j’aime voir les choses du bon côté, je devais me dire qu’au moins, j’avais pu passer du temps avec Conrad et que malgré le sérieux de nos recherches, nous avions rigolés par moment.

Je me reculais donc pour m’adosser contre le cadre de la porte pour les laisser discuter entre eux en me disant que je serais mieux de retourner à mon bureau.

C’était tellement triste d’entendre Stone dire qu’il n’y avait personne à prévenir. Sa femme n’était pas là, il parla de sa sœur pour ensuite se reprendre et dire de ne pas la contacter avant de parler d’un ambulancier qu’il avait en ami, je notais mentalement son nom prête à aller passer un coup de fil quand j’en aurais le feu vert. Je ne voulais pas prendre d’initiative qui me vaudrait une nouvelle remontrance de la part de l’inspecteur Keller.

Howard me regarda d’un air triste avant de dire qu’il était désolé, qu’il avait voulu aider mais que personne n’avait voulu parler. Je lui répondis d’un petit sourire compatissant juste avant qu’il ne plaque une main sur son oreille en pleurant.

- Je…

Je connaissais des trucs de réflexologie et des huiles essentielles pouvant aider à diminuer les effets des acouphènes mais mon regard se posa sur Jordan. Ma confiance se dégonfla comme un ballon et je toussotais pour m’éclaircir la gorge.

- Je devrais appeler l’ambulancier, Sonny Robson, c’est bien le nom ?

Je n’ajoutais pas qu’il valait mieux ne pas attendre trop longtemps pour qu’Howard reçoive des soins puisque c’était mon opinion et que je venais d’apprendre qu’il valait mieux que je les garde pour moi.

@ Billy Lighter

J’étais trop préoccupé par l’état lamentable d’Howard Stone pour me soucier de la petite fierté blessée de Katy. En réalité, je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais été cassant. C’était mon instinct protecteur qui avait parlé, car j’avais peur pour elle, pour Nell, pour Conrad, pour Grant. Et si ça signifiait la fin de notre enquête de pouvoir les protéger tous, ainsi soit-il. Katy trouvera d’autres prétextes pour papillonner autour de Conrad.

D’ailleurs, je ne fus pas le seul à être autoritaire parce qu’Howard lui cria aussi qu’elle ne trouverait rien de bien en fouillant. Il était clairement en détresse totale. Mais je me doutais aussi, vu le sang qui en avait coulé, qu’il avait eu quelque chose à l’oreille et peut-être que c’était ça, plus qu’une volonté d’autorité, qui l’avait poussé à crier sur Katy.

Katy qui se renfrogna dans un coin de la salle d’interrogatoire.

Mais je ne fis plus attention à elle. Qu’elle parte, qu’elle reste, ça m’était égal. Ma priorité là tout de suite, c’était Howard qui s’était tellement démené pour nous, pour Grant, qu’il l’avait payé de son intégrité physique.

Il se calma un peu et me dis, suite à la remarque abrupte que j’avais fait à Katy, que Ward ne toucherait pas Nell… Mais qu’il pouvait très bien tuer tous les autres. Il me faisait les aveux qu’il n’avait pas voulu me faire.

Et le pire, c’était que je ne pouvais rien en faire, de ces aveux.

Il s’en rendit compte et s’exclama qu’il n’avait rien dit, rien ! Que Ward le saurait, comme si le criminel était aussi perfide et omniscient que le grand méchant Sauron dans le Seigneur des Anneaux. Comme si, par le simple fait de parler, il allait attirer le regard du serial killer sur lui.

Clope au bec, je vins frotter doucement le dos d’Howard, mais arrêtai vite, voyant que ce simple contact lui faisait atrocement mal.

-Il ne saura pas. On ne dira rien. Et toi aussi, il faut que tu arrêtes de creuser. C’est terminé.

Il pleurait que sa vie était foutue. Qu’il n’avait pas de famille… Ma gorge se serra pour lui. Qu’est-ce que j’avais fait. C’était ma faute s’il était dans un état pareil. C’était moi qui l’avais mis sur le coup en échange de son permis.

Il énuméra les personnes qu’il connaissait et jeta son dévolu sur un ambulancier, Sonny Robson.

Katy demanda si elle pouvait aller appelé l’ambulancier en question, je me tournai vers elle, debout toujours près d’Howard.

-Ouais, s’il te plait Katy…

Howard disait qu’il était désolé, qu’il avait voulu nous aider.

-C’est moi qui suis désolé de t’avoir entraîné là-dedans.

Il plaqua une main sur son oreille et se remit à pleurer, se plaignant du bruit… Je grimaçai… J’espérais que je n’avais pas, en plus du reste, brisé sa carrière.

@ Billy Lighter