Il fallait que je vois Ivar…

J’avais reporté ça à bien trop longtemps prétextant que j’étais malade ce qui m’empêchait d’aller en studio. Ce n’était pas tout à fait un mensonge, en réalité. J’avais bel et bien mal au bras au point que j’avais été sous régime anti-douleurs pendant plusieurs jours… Maintenant ça commençait à aller mieux…

Il fallait, donc, que je me lance. Je doutais que Tiff ait dit quoi que ce soit à Ivar. Elle me laissait le faire parce qu’elle considérait que je devais assumé mes actes. Et, sincèrement, elle n’avait pas tort…

Donc, j’avais téléphoné à Ivar pour lui demander s’il voulait faire une soirée entre potes au Stryge Bar. C’était mon bar fétiche. Celui où j’avais fait mes débuts dans la musique. Celui où Samantha était venu me cherché. Celui qui me servait de refuge depuis des années. Là, je m’y sentais en sécurité. De toute façon, les endroits où je pouvaient mettre les pieds en paix avaient drastiquement diminuer depuis la « mission Riley »… Car je n’étais plus bien vu ni des New Soldados, ni des Los Diablos…

Mais le Stryge, j’y étais toujours le bienvenu.

J’avais, donc, laissé Tiff et Guillermo a leur soirée télévision pour me diriger vers le Stryge Bar où j’étais arrivé avant Ivar. A l’intérieur, l’ambiance était au métal avec, sur scène, un groupe amateur qui faisait des reprises de Roadtramp. L’ambiance du Stryge était unique et n’était pas comparable à ce qu’on retrouvait au Dizzy ou au Crazy Ginger, des bars que j’avais, aussi, l’habitude de fréquenter souvent que je faisais encore partie des Los Diablos.

Je pris un table me remémorant les super soirées que je passais au Dizzy avec Alonso… Des discussions qu’on avait… Au-delà des gangs, on était devenu ami… Il m’avait confié des choses qu’on n’oserait confier qu’à ses meilleurs amis et inversement. Mais tout ça, je l’avais perdu…

Et je ne voulais pas le perdre avec Ivar que je considérais, désormais, comme le petit frère que je n’ai jamais eu.

Pour ça que je devais mettre les choses à plat quoi qu’il en coute.

Et quand je le vis entrer dans le bar, je lui fis signe pour qu’il me rejoignes. Je ne savais pas si on allait réussir à être tranquille mais on fera au mieux.

Quand il s’approcha, je lui souris.

-Salut Ivar ! Comment tu vas ?

Je nous commandai un bière en faisant signe vers Cali. Elle savait ce que j’avais l’habitude de commander et je savais qu’Ivar aimait la bière aussi.

-Quoi de neuf ? Tout va bien avec Vanya ?

Ouais… Je freinais un peu à entrer dans le vif du sujet, là. Même si je savais qu’Ivar n’était pas stupide… Il savait que mes jours de silence radio ne me ressemblait pas vraiment.

@ Billy Lighter

Putain, le soulagement !

J’étais resté accroché au cornet du téléphone bien après que Finan ait raccroché ! Enfin, j’avais des nouvelles d’eux ! Parce que là, ça faisait quelques jours que je me pointais au studio et… et rien… Pas de Tiff, pas de Finan… Et ils ne prévenaient même pas qu’ils ne venaient pas.

Mais j’avais pas perdu mon temps pour autant… J’avais créé des nouveaux riffs de basse, j’avais entraîné ma voix au chant pour quand je chantais avec Finan pour rendre sa voix encore plus forte et plus profonde… Bref, j’avais bossé, même si je ne considérais pas ça comme un travail.

J’avais aussi essayé de passer des coups de fils à Tiff et Finan mais ils ne répondaient pas… Et j’osais pas aller jusque chez eux parce que j’avais peur de pas être le bienvenu… Peut-être qu’ils avaient des problèmes… J’espérais pas des problèmes de couples qui mettraient le groupe à mal…

Pendant ces quelques jours, j’avais un peu perdu de mon enthousiasme habituel… Parce que je m’inquiétais et je m’inquiétais tellement que j’avais une boule au ventre.

Et si c’était le bébé ? Non… Ils m’auraient quand même prévenu, si Tiff ou le bébé ou les deux avaient des problèmes de santé.

Bref, je ne comprenais pas ce silence radio, et je n’aimais pas ça.

Jusqu’à aujourd’hui où Finan m’avait téléphoné pour qu’on sorte au Stryge… Il ne m’avait pas dit grand-chose, mais n’avait pas l’air de m’en vouloir.

Il me parlerait au Stryge, qu’il avait dit… Ouais, ok… Pas de la fin du groupe, j’espérais !

Pour sortir, j’avais mis une partie de mon costume de scène… Des bottes médiévales en cuir, un pantalon de bure et une tunique brodée confectionnée par Bailey North. J’avais laissé pousser mes cheveux aussi et Vanya prenait beaucoup de plaisir à me les tresser… Le look parfait pour un endroit comme le Stryge…

Et aussi, le signe de mon appartenance à The Warriors !

J’avais laissé Vanya à la préparation de sa future émission, l’embrassant dans le creux du cou. Elle me souhaita que tout aille bien et je lui avais répondu qui avait pas de raison…

J’espérais.

Un groupe reprenait Roadtramp, au Stryge, et pas si mal que ça, même si on sentait bien que c’était des gars qui faisaient vraiment ça pour s’amuser et pas pour gagner leur vie.

Je trouvais Finan à une petite table dans un coin.

Il me salua, me souris, mais je le trouvais un peu pâle, même dans la pénombre du Stryge.

Je lui souris timidement en retour.

-Salut Finan !

Je le regardai, incertain.

-Ben, moi je vais bien, Finan ! Vanya aussi va bien ! C’est vous que je me demande si tout va bien ! C’est quoi ce silence radio ? Vous répondez même pas au téléphone ! Et moi j’ai cru que j’avais fait ou dit quelque chose de mal…

Je m’assis et la bière arriva en moins de deux mais je n’y touchai pas tout de suite.

-Ça va ? Tiff et toi ? Et le bébé ?

@ Billy Lighter

J’attendais Ivar tout en écoutant le groupe amateur qui essayait de se débrouiller comme ils pouvaient. Il n’était pas si mauvais et ça semblait plaire à la clientèle du Stryge qui devait regretter le temps où c’était Roadtramp lui-même venait en représentation ici.

Dommage que je n’arrivais pas à me concentrer réellement sur la musique parce que j’étais bouffé par le stress. Le Stryge avait sur moi quelque chose d’apaisant mais il semblerait que même cet endroit ne pouvait rien contre ma peur de perdre un ami.

Et Ivar finit par arriver. Je lui souris alors qu’il rejoignis ma table. Je le saluai et il me répondit. J’avais l’impression qu’il était aussi stressé que moi… Sans doute que le silence radio l’avait inquiété… Je pouvais comprendre… Il y avait rien de pire que de ne pas savoir. C’était quelque chose que j’avais déjà bien trop expérimenté.

Je demandai s’il allait bien et il répondit que c’était le cas. Tout allait bien avec Vanya aussi. C’était bien qu’il y ait une certaine constance dans ce foutu monde.

Mais Ivar s’inquiétait aussi… Il disait qu’on répondait pas au téléphone… C’était vrai… Et, du coup, Ivar pensait que c’était contre lui qu’on avait quelque chose. Mes lèvres se pincèrent alors qu’on nous apporta nos bière…

J’en bus une gorgée alors qu’Ivar me questionna.

Je me raclai la gorge.

-Tiff et le bébé vont bien. Guillermo aussi.

C’était moi le problème dans l’histoire. Je regardai mon verre cherchant mes mots avant de soupirer.

-Le problème vient de moi… Dernièrement, j’ai merdé… J’ai participé à une mission des Los Diablos afin d’éliminer Ward Fleming.

Je me raclai à nouveau la gorge.

-Une fille avait un plan qui tenait la route… J’ai approuvé le plan et j’ai participé à la mission. Ça a mal tourné. Fleming est en vie et à la fille.

Je soupirai.

-J’ai pris une balle… Rien de grave, je l’ai prise dans le bras… Mais je suis relégué au canapé… Et avant que tu ne le demande, non, je ne suis plus un Los Diablos. D’ailleurs, je ne l’étais plus vraiment mais je n’avais pas encore trouvé de remplaçant alors…

Alors, je n’avais aucune foutue excuse… Je bus à nouveau une gorgée de bière laissant Ivar encaisser le nouvelle.

@ Billy Lighter

Finan n’avait pas l’air bien… Je me demandais ce que j’avais fait, je me repassais dans ma tête nos dernières conversations… Mais je ne voyais rien qui aurait pu m’attirer les foudres de l’Irlandais et de sa femme, Tiffany.

Mais quand j’évoquai ça tout haut, Finan baissa les yeux, pinça les lèvres, pris un coup de bière et je compris que je n’avais rien fait de mal. Il était plutôt gêné de quelque chose ou un truc comme ça… Alors je lui demandai si chez LUI, ça allait…

J’avais peur qu’il m’annonce une fausse couche de Tiff, ou un accident de Guillermo… Ou encore, qu’ils voulaient mettre fin au groupe. Et plus le suspens planait, plus j’avais le cœur qui se serrait… Mais il me rassura concernant Tiff, le bébé et Guillermo.

Je soupirai et pris une gorgée de bière avant d’essuyer mes lèvres du revers de ma main.

-C’est déjà ça… Tu me rassures un peu… Mais qu’est-ce qu’il y a alors ?

Pas le groupe ! Pitié pas le groupe ! Je m’y sentais trop bien et on faisait un truc que personne n’avait encore jamais entendu avant. Puis, je travaillais dur et surtout, j’aimais profondément Tiff et Finan.

Puis Finan ouvrit les vannes et je restai suspendu à ses lèvres, de plus en plus bouche bée à mesure qu’il parlait. Il avait merdé. Il avait essayé d’éliminer Ward Fleming. Il avait pris une balle dans le bras.

La seule bonne nouvelle là-dedans, c’était qu’il n’était apparemment (ENFIN !) plus un Los Diablos.

Je secouai la tête et le regardai éberlué.

-TU AS FAIS QUOI ?!

J’avais frappé sur la table, une giclée de bière avait sauté hors de mon verre et plusieurs fans de métal à proximité s’étaient brièvement retournés vers nous.

Mais c’était une question rhétorique, car j’avais très bien entendu et très bien compris.

-Finan ! Tu es en sursis ! Même moi qui suis un gamin, je sais ce que ça veut dire ! Tu as envie que ton fils naisse sans son père pour le prendre dans ses bras parce que tu seras en prison ?

Je me renfrognai, croisant les bras.

-Tu m’étonnes que Tiffany te fait dormir dans le canapé. Tu as du lui faire peur ! Qu’est-ce qu’elle ferait sans toi avec deux enfants ?

Puis je pinçai les lèvres.

-Et le groupe ?! T’as pensé au groupe ? Putain, tu as une sacrée chance de ne pas t’être fait prendre !

Mais autre chose me perturbait.

-Tu as conscience que tu as planifié la mort de quelqu’un ? Je suis sûr que c’était sûrement pas quelqu’un de bien… Mais tuer quelqu’un, Finan, bon ou pas ! Tu as fait un plan pour TUER quelqu’un.

@ Billy Lighter

Ivar était inquiet ce qui était compréhensible. Je l’avais, donc, rassuré sur l’état du bébé, de Tiff et de Guillermo… Du coup, il comprenait encore moins le silence radio. Il faut dire que, ce que j’allais lui raconté, il ne pouvait pas vraiment le déduire.

Du coup, je me lançai à lui expliquer pour arrêter ce suspens qui semblait lui retourner l’estomac. J’avais parlé de Riley, de la tentative de meurtre sur Fleming, de la balle que j’avais pris dans le bras, de l’échec, des Los Diablos que j’avais définitivement quitté…

Et à la fin de mon discours, il s’exclama… Mes lèvres se pincèrent et je regardai autour de nous. Des regards s’étaient tournés mais en voyant que je regardais vers eux, ils regardèrent ailleurs. Je fixai, à nouveau, Ivar.

-J’ai fais exactement ce que je viens de dire…

Ça question était rhétorique mais j’y avais quand même répondu.

Et Ivar me donna a peu près le même discours que Tiff. J’étais en sursis… La moindre erreur pouvait m’envoyer en prison… Si j’allais en prison, je ne pourrais pas assister à la naissance de Yoric… Tiff serait toute seule pour affronter ça. Est-ce que je voulais ça ? Certainement pas ! Mais si j’avais voulu faire ce plan, c’était parce que l’idée de nous débarrasser de Ward Fleming était trop forte…

Je baissai les yeux.

-Je sais… J’en suis conscient, Ivar… Et, non, je n’ai aucune envie de laisser Tiff seule quand elle accouchera.

Il comprenait que je dorme sur le divan et, sincèrement, je le comprenais aussi… Il essayait de me faire prendre conscience du fait que, sans moi, Tiff se retrouvera seule avec deux enfants. Je passai une main sur mon visage.

-Je sais… C’est pas ça que je voulais…

Je voulais simplement nous débarrasser d’un foutu monstre… C’est tout… Parce que c’était le seule moyen de nous débarrasser de Ward sans recevoir ses foudres.

Mais il y avait le groupe aussi… Bref, Ivar avait fait le tour des choses que j’aurais pu perdre mais, surtout, que j’aurais pu faire perdre aux autres.

Je soupirai ne répondant rien à ça… Puis, il commença à dire que j’avais planifié de tué quelqu’un. Pour lui, c’était inconcevable. Pour lui tuer était tué que la personne en face soit bonne ou pas n’entrait pas en jeu. Je le fixai droit dans les yeux.

-Si tu pense qu’un serial killer qui tue des enfants a le statut d’être humain, Ivar, alors, ouais, j’ai fait un plan pour tué quelqu’un. Je regrette tout. D’avoir mis en danger le groupe, d’avoir risqué la prison, voir même plus… Mais ça, je n’arrive pas à le regretter… Ward Fleming est un foutu monstre Ivar… Le genre de monstre que même la prison n’arrêtera pas.

Son père avait échappé à la chaise électrique… Si ça tombe, Fleming, s’il se fait prendre, aura le même sort !

Je soupirai.

-Mais tu as raison. Je n’aurais jamais dû accepté ce plan. Je n’aurais jamais dû me mêler à tout ça. J’aurais dû laisser la rue le tuer et espérer que jamais il ne fasse de mal à toi, à ma famille, à moi… J’aurais dû faire ça.

De ça, j’en étais sûr.

-Et je pense avoir eu ma leçon… Ta colère, celle de Tiff et le fait que Fleming ait réussi à avoir ma chaine comme trophée me suffit largement. Sans compter que la fille ne s’en est sûrement pas sortie. C’est une punition de plus pour moi.

Je me retins d’ajouter que j’avais aussi perdu l’un de mes meilleurs amis mais je me retins. Je laissai plutôt mon regard se perdre dans mon verre.

@ Billy Lighter

Je grommelai un peu alors que Finan disait qu’il savait tout ça ! Pour la prison, pour Tiff qu’il risquait de perdre, pour le bébé, pour le groupe…

-C’est pire alors, si tu en es conscient.

J’étais fâché, mais très surpris aussi d’apprendre que Finan pouvait clairement planifier de tuer des gens. Pour moi, il avait toujours été un gros nounours, malgré ce qu’on racontait sur lui. Un gros nounours plein d’imagination, qui vivaient dans un monde de magiciens, de dragons et de chevaliers…

Mais il y avait aussi les démons, et ceux-là étaient bien réels.

Et l’un de ces démons s’appelait Ward Fleming… Et à mon air choqué, il répondit avec une certitude qui m’ébranla un peu.

Si je pensais qu’un serial killer qui tuait des enfants avait le statut d’être humain, alors il ne regrettait pas de tuer quelqu’un.

Je pinçai les lèvres, mal à l’aise à mon tour.

-Il tue des enfants ?

Je ne savais pas… Je ne savais pas qui était Ward Fleming, en fait, j’en avais juste entendu parler…

-Un monstre…

Est-ce que je pouvais en vouloir à Finan, alors ?

-Pourquoi t’es pas allé voir la police ?

Je déglutis.

-Votre plan à foiré, si j’ai bien compris… Mais du coup, ce monstre, il va s’en prendre à toi ? A Tiff ? A Guillermo ? Dis-moi que non… Il tue des enfants que tu as dit…

Finan pensait avoir été assez puni par nous tous… Et en plus, il avait perdu sa précieuse chaîne dans l’aventure… Je n’étais plus fâché maintenant… ma colère était passée pour laisser place juste à l’incompréhension. J’étais jamais fâché longtemps.

-Oh merde… Pas ta chaîne !

Je fis un signe de tête vers son bras avant de boire une gorgée de bière.

-Et ton bras, ça va ?

Je soupirai…

-Tu veux que j’essaye de parler à Tiff ? Cette fois-ci, t’es vraiment plus un Los Diablos pour de bon, hein ? C’est pas un mensonge comme la dernière fois ?

@ Billy Lighter

Comme Tiff, Ivar m’en voulait. Je m’y attendais un peu, à vrai dire… Et je ne lui en voulais pas de m’en vouloir. Il me mit sous le nez que j’aurais pu tout perdre en faisant ce que j’avais fait et quand je lui dis que j’en étais conscient, il trouvait ça pire. Je soupirais ne sachant pas vraiment comment me défendre là-dessus. Certainement, parce que je n’avais aucune excuse.

Par contre, je ne pus m’empêcher de me défendre sur le sujet de la tentative de meurtre. Ivar semblait choqué que j’ai pu planifié le meurtre de quelqu’un… Sauf que je ne considérais pas Ward Fleming comme un humain à part entière mais comme un monstre. C’est ce que j’expliquais à Ivar en mettant en avant que Ward tuait des enfants. Et, bien sûr, ce fait choqua mon ami.

Qui est-ce que ça ne choquerait pas, sincèrement ? Surtout que je n’étais pas entré dans les détails… Je n’avais pas ajouté que Ward, en plus de tué de pauvres enfants, les torturait. Il avait fait ça à la pauvre Leandra.

-Oui. Il tue des enfants. Des femmes… Tout y passe avec lui…

Ivar souffla que c’était un monstre. J’hochai de la tête. C’était le bon mot.

Puis vint la question… Celle de la police. Pourquoi ? Je soupirai. J’aurais voulu que Fleming finisse dans le couloir de la mort mais…

-Parce que tout s’écroulerait comme un château de carte… Si Ward Fleming est pris et risque une longue peine ou la peine de mort alors il négociera. Il balancera tout ce qu’il peut balancer pour alléger au maximum sa peine… Et, crois-moi, il en a des choses à dire… J’irais en prison… Probablement pour une longue peine… D’autres subiront le même sort… Et Dieu sait ce que Ward peut faire d’une prison aussi… Il se vengera comme il le peut en faisant un maximum de dégât. Voilà pourquoi la seule issue était le meurtre.

Je soupirais… On avait que le plan et le plan avait foiré. C’est ce que souligna Ivar qui, du coup, se posa la bonne question. Une question qui me retourna l’estomac parce que je n’avais pas osé me la poser à moi-même. Je soupirai.

-Il me hait… Il veut que je souffre… Le fait que j’ai une petite notoriété me protège en partie mais…

Je passai ma main sur ma figure.

-Mais rien n’est sûr. Tout ce que je peux faire c’est vivre au jour le jour et protéger ma famille comme je peux. Le tout est de ne pas se mettre en danger inutilement. Et j’ai l’avantage que Guillermo ne manque pas de ressource. Il connait Ward parce qu’il a vécu avec lui plusieurs années. C’est un avantage.

Pour le reste, je pensais avoir largement été suffisament puni pour ce que j’avais fait. J’avais perdu la confiance de ma femme, d’Ivar et de plein d’autres personnes. J’avais aussi perdu ma chaine et Ivar s’exclama sur ce fait… Je soupirai prenant un air triste.

-Si…

Il demanda si mon bras allait bien… J’haussai des épaules.

-Ça va… J’ai du mal à lever le bras mais ça devrait se réparer assez vite. J’ai vu pire… Je crois que de tout ce que j’ai vécu ce soir-là, la balle c’est anecdotique.

Ivar semblait bien moins fâché qu’au début… Il voulait même m’aider avec Tiff. Je trouvais ça sympa… Mais quand il me demanda si j’étais réellement hors des Los Diablos, je fis la moue.

-Le dernière fois, je ne vous ai pas menti. Je vous ai dit que Reed acterais ma démission uniquement quand je trouverais un remplaçant et… J’ai eu du mal à en trouver un.

Je n’en avais pas trouvé, en fait.

-Mais, ouais… Je ne suis plus du tout un Los Diablos. Ils me l’ont bien fait comprendre en me virant comme si j’étais la dernière des merde.

Ouais… Je ne m’en remettait pas de la façon dont Jimmy Reed m’avait traité.

-Et, pour Tiff… Oui, tu peux essayer de lui parler. Même si j’imagine que c’est le temps qui réussira à faire passer la pilule…

Je fis la moue.

-Je l’espère en tout cas…

Sinon, ça serait un gros coup dur.

@ Billy Lighter

Je repris une gorgée de bière pour faire passer l’impression de nausée et la boule au ventre qui me tenailla quand Finan me confirma d’un ton froid que le fameux Ward tuait des femmes et des enfants. C’était un monstre, un vrai monstre, pas de ceux qu’on pense qu’ils hantent les ténèbres sous notre lit.

J’étais choqué… Choqué que rien ne pouvait être fait contre ce monstre… Pas même les flics pouvaient faire quelque chose, comme me l’expliqua Finan.

Parce que si Ward se faisait prendre, il balancerait les crimes passés de Finan et mon ami finirait en prison où, apparemment, il pourrait être à la portée de Ward et du coup, il pourrait lui arriver malheur.

Du coup, Finan n’avait vu que le tuer comme échappatoire. Mais ça avait merdé.

-Putain…

J’étais sur le cul, sidéré qu’on ne puisse rien faire d’autre que de planifier de tuer un mec pareil. Mais surtout, j’avais peur. Peur pour Finan, Tiff, Guillermo et leur bébé… Il ne me venait même pas à l’idée que Ward pouvait aller jusqu’à étendre sa vengeance sur Vanya et moi.

Pas de police donc…

-Mais tu vas pas essayer de le tuer encore, hein ? Le mieux c’est peut-être de le laisser tranquille plutôt que de mettre des coups de pieds dans la fourmilière. S’il voit que tu le laisse tranquille…

Je déglutis, pensant à tout le mal que Ward pourrait faire pendant ce temps-là, à des femmes et des enfants. Des enfants ! Putain !

-C’est égoïste… Mais si tu le laisse tranquille, il te laissera tranquille aussi… Non ?

Finan disait qu’il allait juste protéger sa famille et que Guillermo lui-même savait quoi faire parce qu’il avait vécu quelques années avec ce foutu serial killer. Je passai une main sur mon visage et ouvris de grands yeux.

-Guillermo a vécu avec lui ? Sérieux ! Pourtant c’est un petit gars avec un cœur gros comme ça…

Je mimai une énorme sphère avec mes bras.

Bref, dans tout ça, Finan avait perdu sa précieuse chaîne avec son crucifix celtique… Je savais que Finan y tenait parce que c’était le seul souvenir de sa mère qu’il lui restait. Puis il y avait son bras, mais ça semblait aller, à ce qu’il disait.

Finan affirma qu’il ne nous avait pas menti quand il nous avait dit quitter les Los Diablos. Je fis la moue. C’était pas comme ça que j’avais compris les choses mais bon soit. Cette fois-ci, c’était les Los Diablos qui l’avaient viré pour de bon… Mais ça le faisait rager parce qu’apparemment, ils avaient pas fait dans la dentelle.

Je tendis une main et la posai sur celle de Finan et le regardai dans les yeux.

-Peu importe ! T’en a fini avec tout ça maintenant. Tu n’es plus Finan le Los Diablos. Tu es Finan le mari, le père, le chanteur et le guitariste. Tu es toutes ces choses, Finan ! Et c’est vachement mieux que d’être un gangster.

Je lui proposai de parler à Tiff… D’essayer d’atténuer sa colère. Finan était d’accord, mais pensait que ce serait surtout le temps qui ferait son œuvre.

-Ça peut pas faire de mal que je lui parle…

Je terminai ma bière et tournai le regard vers le groupe qui faisait une petite pause bière…

-La musique… Il faut qu’on pense musique. Car c’est la plus belle chose au monde et ça guérit tous les maux.

@ Billy Lighter

J’expliquai à Ivar les raisons qui me poussaient à ne pas balancer Ward Fleming à la police. Je savais que ça allait entrainer une réaction en chaine totalement incontrôlable qui finirait par nous apporter plus de mal que de bien.

Non… La seule chose qui pouvait éliminer Ward, c’était la rue… Il se fera avoir par sa propre violence à un moment donné. Les gens violents ne vivent jamais très longtemps surtout quand ils se salissent les mains eux-mêmes. Ward, tuer, c’était son passe-temps. Un jour, il s’en mordra les doigts. Il suffisait parfois d’un détail.

Et Ivar s’inquiétait pour ma famille sans se dire qu’il pouvait très bien, en tant que mon ami et membre de mon groupe, être dans la collimateur de Ward. Mais loin de moi l’idée de l’effrayer. Ce n’était pas le but. Je ne voulais pas qu’Ivar vive en devant sans cesse regarder derrière lui.

Il se demandait alors si j’allais encore essayer de tuer Ward. Non… Tout ça, c’était fini pour moi. Je n’allais plus rien risquer contre Ward. J’attendrais que quelqu’un s’en charge. Reed avait assez de gens pour faire ce boulot. En tout cas, Ivar disait que le mieux était de le laisser tranquille. Il pensait que si je faisais ça, Ward finirait par m’oublier. J’haussai des épaules en soupirant.

-Non. Je n’essayerais plus de le tuer. C’est trop dangereux. Sauf si on se faire un combat comme dans les western. Là, je serais sûr de gagner. Je suis plus rapide que lui…

Mais on était pas dans un western.

-Et si je le laisse tranquille… Non. Il ne m’oubliera jamais. Mais sans doute que si je le laisse tranquille, je ne serais pas sa première cible. Il a sûrement d’autres chats à fouetter…

Je l’espérais… Mais rien n’était moins sûr. En tentant de l’assassiner, j’avais attisé sa colère. Et si jamais il avait trop de temps-libre, il est possible que je morfle.

Tout ce que je pouvais faire c’était être sur mes gardes et protéger ma famille. Je disais que j’avais l’avantage que Guillermo connaissait Ward. Ça choqua Ivar d’apprendre que le petit avait vécu avec Ward sans être devenu comme lui. Je souris.

-Tu aurais dû voir Guillermo avant qu’il ne vive avec nous. C’était un caïd. Dans la rue, malgré son âge, il avait déjà des réflexes d’adultes et une façon d’être qui ressemblait beaucoup à Ward… Mais Guillermo n’est pas Ward. Il ne faisait que l’imiter… Ward a eut beau l’élever pendant plusieurs années, Guillermo n’a pas ça en lui. Pour devenir un monstre, il faut avoir ça en soi. Guillermo est un gamin bien trop gentil pour ça.

Ward lui avait ça en lui et être élevé par le Boucher de Los Angeles avait fait les reste. C’est aussi simple que ça. Guillermo, lui, avait le cœur en or de sa mère.

-Et Ward ne l’a pas élevé seul à l’époque. Guillermo avait sa mère…

Et ça changeait tout.

En attendant, j’avais assez payé pour ce qui était arrivé. J’avais perdu assez de choses. J’ajoutai aussi que je n’étais définitivement plus un Los Diablos. Alonso me l’avait bien montré. Reed aussi…

Et Ivar posa sa main sur la mienne disant que j’étais bien plus de choses que je ne l’imaginais. Je fixai mon ami dans les yeux.

-Tu as sans doute raison… Même si, le passé, je ne pourrais pas l’effacer. Mon passage chez les Los Diablos, ça ne s’effacera, hélas, pas comme ça…

J’étais marqué à vie… Non seulement physiquement mais, aussi, par les morts que j’avais fait que ça soit directement ou indirectement…

Ivar voulait, maintenant, m’aider avec Tiff et je l’en remerciai bien que je pensais que c’était le temps qui serait mon meilleur allié. J’hochai de la tête quand il déclara que ça pourrait pas faire de mal.

Il a sans doute raison.

Il se tourna, ensuite, vers le groupe. Je fis de même alors qu’il disait qu’il fallait qu’on pense à la musique.

-Ouais… La musique… Il n’y a que ça de vrai…

Il avait raison… Je lui souris content, finalement, de savoir que j’avais au moins encore un ami sur cette planète.

@ Billy Lighter

Je soupirai de soulagement quand Finan me confirma qu’il n’essayerait plus de tuer Ward Fleming, monstre ou pas. Bien sûr que je voulais qu’un homme pareil se fasse prendre et soi enfermé quelque part où L.A. pourra l’oublier à jamais. Mais je n’avais pas envie que mn ami se casse la pipe en essayant.

Finan ajouta que s’il le laissait tranquille, Ward le laisserait peut-être tranquille aussi.

-Putain, j’espère.

Mais Finan me dit un truc qui me fit froid dans le dos : Guillermo avait été en partie élevé par le croque-mitaine en personne et avant, il s’amusait à imiter Ward. Fort heureusement, Guillermo n’était pas comme Ward, au fond de lui. C’était un gamin au cœur d’or qui avait finalement trouvé sa place. Une bonne place.

Vanya et moi, on adorait Guillermo qui faisait des chroniques de qualité avec une intelligence rare. Moi-même, je ne saurais pas faire d’aussi belles chroniques sur mes films ou mes comics préférés.

Finan disait que si Guillermo n’avait pas mal tourné, c’était parce qu’à l’époque où il vivait avec Ward, il avait aussi sa mère.

Je pris une gorgée de bière.

-Et bien je suis bien content qu’il soit tombé sur vous. Il n’aurait pas pu trouver mieux comme famille. Et en plus, il va être grand frère, maintenant.

Guillermo n’arrêtait pas de dire qu’il allait protéger son frère corps et âme. Et je ne doutais pas qu’il ferait un super grand frère. Même si je ne savais pas trop ce que ça signifiait parce que j’étais moi-même fils unique.

Bref, ma colère du début de la conversation s’était éteinte aussi vite qu’elle s’était allumée. Et je comptais bien soutenir mon ami maintenant qu’il avait décidé de reprendre le droit chemin. J’étais même prêt à parler à sa femme pour qu’elle lui pardonne… Il fallait qu’elle lui pardonne.

J’avais posé ma main sur celle de Finan en signe de soutien, mais je vis de la tristesse dans ses yeux quand il dit que son passé, son passage chez les Los Diablos, il ne pourrait pas l’effacer…

-Ça fait partie de toi. Il faut vivre avec. Mais tu peux être fier de toi. Parce que tu t’en es sorti et mieux vaut tard que jamais.

Je souris. Et conclus que la musique était tout ce qui comptait, désormais.

-A nous dragons, magiciens, nains et elfes.

A nous le monde !

@ Billy Lighter