Jesse avait géré la première partie de Livia. Jamais je ne l’avais vu chanter et jouer aussi bien. J’avais tout filmé, fier de mon fils. La cassette serait pour Howard et quelque chose me disait que c’était ce qui avait motivé Jesse à tout donner de ses dernières forces…

Oui, parce que, après ça, Livia avait à peine chanté trois ou quatre chansons que Jesse s’était endormi dans les bras de Brooke…

J’avais alors embrassé ma fiancée et le petit sur le sommet du crâne et leur avait conseillé de rentrer à l’hôtel. Demain, nous devions reprendre l’avion en direction de Los Angeles et ce ne serait à nouveau pas de tout repos. Mais une fois à la maison, on reprendrait un rythme normal, ce qui ne serait pas plus mal pour notre petit Jesse.

J’avais dit à Brooke que je resterais jusqu’à la fin du concert de Livia. Premièrement parce que mon ancienne protégée m’épatait à chaque fois, mais aussi parce que je devais voir Daniele ensuite.

Et ce que j’avais à lui dire n’allait pas lui plaire. Car c’était lui l’organisateur de la tournée. C’était lui qui avait choisi les dates et lui qui nous avait demandé de faire de Jesse la première partie de Livia.

On allait le planter en pleine tournée et ça me mettait un peu mal à l’aise.

Je n’avais pas l’habitude de manquer à mes engagements.

Une fois le concert de Livia terminé, je la pris dans mes bras au passage pour la féliciter de sa prestation. Puis, avec elle, je me dirigeai vers les coulisses. Elle rentra dans sa loge et je lui souhaitai le bonsoir avant d’aller à une loge un peu plus loin.

« Daniele Ricci » était indiqué sur la porte, imprimé sur une simple feuille A4.

Je frappai à la porte et attendis qu’on m’autorise à entrer. La voix de l’Italien se fit entendre et j’entrai timidement.

-Daniele… Je peux te parler ?

La loge, alors même qu’elle n’était préparée que pour une soirée, était luxueuse ! Il y avait un mini bar et tout ! Moi, je n’avais même pas de loge et partageais celle de Jesse. Ça ne me dérangeait pas mais voir ça me rappelait que j’étais encore loin, en tant que manager, d’avoir la carrière et la réputation de mon collègue.

Je m’approchai sans oser m’asseoir. J’étais un peu nerveux.

-En fait, voilà… Jesse ne peux pas continuer la tournée.

Je pinçai les lèvres.

-Je suis désolé. J’aurais voulu tenir mon engagement envers toi.

@ Billy Lighter

Cette tournée est un véritable triomphe !

Livia n’avait pas fait un seul concert en dessous d’un autre et, ce soir, elle amenait encore une prestation digne des plus grandes. J’avais bien fait de la voler à Jack Perry – lui n’aurais jamais su l’emmener aussi haut à cause de son côté bien trop protecteur.

Mais moi, j’avais réussi à lui donner suffisamment de latitude pour dévoiler la femme qu’elle était. Elle se débrouillait bien et avait – limite – une style de vie bien trop exemplaire pour son statut de rockstar. Elle grandissait sous les yeux du public et le public appréciait ça.

Bref, j’étais parfaitement satisfait. Bien que Samantha manquait tout de même. Elle était retournée à Los Angeles - après que Lola ait arrêté sa tournée – afin de rejoindre nos enfants. Nul doute qu’elle viendra une fois ou deux sur la tournées pour venir me voir.

J’avais – donc – vu le jeune Jesse qui, ce soir, était survolté. Ensuite, ça avait été à Livia de réitéré l’exploit d’un concert parfait. Le public danois avait été plus que comblé sans compter que j’étais bien plus rassuré de ne pas voir Stone s’amener sur scène depuis que j’avais lu – ce matin – qu’il était coincé dans un lit d’hôpital après une chute dans l’escalier. Sa vie était en train de prendre un sale tournant au petit merdeux entre cette chute et son possible futur divorce. Comme quoi les retours de karma existent !

J’avais félicité Livia après son concert avant de me rendre dans ma loge où se trouvait mon whisky. Je m’étais servi un verre – ça sera mon petit verre tranquille avant la fête ! – et m’étais posé un peu dans un siège imposant.

J’avais bu quelques gorgées avant d’entendre frapper à ma porte.

-Oui ?, dis-je pour laisser la personne entrer.

C’était Jack Perry – le père et manager du petit morveux de Starky. Il voulait me parler, visiblement.

-Installe-toi, dis-je en montrant un siège du bras. Tu veux un whisky ? Si oui, sers-toi, rajoutais-je en montrant la bouteille sur la table basse et les verre sur le meuble tout près de lui.

Il avait dit que Jesse ne pouvait pas continuer la tournée. Il est sérieux ? J’avais ouvert de grands yeux. Jesse n’avait pas fait tous les concerts mais une grande partie. C’est Tobby Cooper qui avait assuré certaines date où l’enfant se reposait où rejoignait les bancs de l’école. Seulement, Jesse, désormais, le reste des dates européennes.

-Tu te fiches de moi ? Pourquoi il ne peut pas continuer ? Je l’ai vu tout à l’heure, il va très bien, dis-je en faisant la moue.

Je ne l’avais jamais vu aussi en forme !

-Il est tombé dans l’escalier lui aussi, dis-je un rien moqueur. Perry, je sais que ton fils n’a que 9 ans mais tu t’es engagé pour un certain nombre de date… Jesse est annoncé pour toutes ces dates-là… Des gens vont venir pour lui en même temps que pour Livia. Certains parents prenne leur gamin avec eux juste pour voir Jesse…

Il avait pensé à ça, le Jack ?!

@ Billy Lighter

Daniele m’invita à m’installer, ce que je fis, la boule au ventre. Avais-je peur de sa réaction ? Oui. Mais ce qui m’angoissait par-dessus tout était de ne pas tenir mes engagements. Ça n’était jamais arrivé avant et même si Tobby Cooper pourrait aisément reprendre le flambeau de Jesse, puisqu’il faisait déjà les dates que Jesse ne faisait pas, ce n’était pas une raison.

Ce n’était pas parce qu’il y avait une solution facile qu’il fallait se laisser tenter.

Je m’installai donc sur un fauteuil des plus confortables. Et il me désigna une bouteille de whisky et un verre. Lui, comme à son habitude, buvait déjà.

Je souris, un peu mal à l’aise et me servis un whisky. Peut-être que ça allait m’aider.

-Merci pour le whisky. Et merci de me recevoir.

Je parlais déjà comme si je m’excusais d’exister.

Je pris une grande inspiration et me lançai. Et forcément, l’Italien se redressa un peu sur son siège, surpris par l’annonce que je lui faisais. Mais sa surprise fit vite place à la colère. Je pris une petite gorgée de whisky.

Il disait que Jesse allait très bien et ne voyait pas pourquoi le petit ne pouvait pas continuer.

Je pinçai les lèvres.

-Il est exténué… Il a mis ses dernières forces dans le concert de ce soir parce que je l’ai obligé à le faire en lui disant que j’allais tout filmer pour qu’il puisse offrir la cassette à Howard Stone.

Daniele me mit mon nez dans mon caca en me rappelant mes engagements. Et tant qu’à faire, il ajouta une petite couche de culpabilité en me disant que des gens attendaient le concert de Jesse. Que des parents emmenaient leurs enfants aux concerts pour le voir.

Je soupirai et passai une main sur mon visage.

-Je sais tout ça, Daniele. Et tu me connais, je déteste ne pas tenir mes engagements. Mais comme tu dis, Jesse n’a que 9 ans. Il tombe facilement malade à cause de la climatisation et est épuisé par le jet lag…

Je haussai les épaules… Non pas parce que je m’en foutais mais parce que je n’avais pas plus d’arguments que ça.

-Il y va de la santé mentale et physique de Jesse et je ne le pousserai pas dans ses derniers retranchements. Mon but n’est pas de faire de l’argent, mais de faire tenir le petit sur la longueur. Si on le dégoûte des tournées maintenant, crois-moi qu’à l’adolescence, il nous enverra tous nous faire voir.

@ Billy Lighter

J’avais laissé Jack se servir un whisky. Tant qu’il était là autant ne pas boire seul, non ? Surtout que Jack ne semblait pas du tout à l’aise… Il s’était – donc – servi un verre bien qu’il se faisait tout petit dans ma grande loge.

Puis, il s’était lancé dans ce qui semblait le troubler et qu’il devait absolument me dire – au moins, il avait eu le cran de ne pas tourner autour du pot… Il voulait simplement quitter la tournée bien avant la fin en embarquant avec lui son mini-artiste… J’étais surpris d’entendre ça. Surpris et pas du tout heureux de ça. Surtout que – vu la performance de Jesse sur scène – je ne comprenais absolument pas le résonnement de Perry.

Mais il disait que son fils était exténué. Qu’il avait mis ses dernières forces dans la bataille parce que Jack l’avait obligé à le faire en lui disant qu’il allait tout filmer pour le petit merdeux bourré qu’était Stone.

-Encore lui, dis-je en roulant des yeux. On aurait absolument pas dit qu’il était fatigué. M’est d’avis qu’il est fatigué quand il veut bien…

Les gamins étaient comme ça. Quand ils n’avaient pas envie de faire quelque chose, ils savaient se faire laid. Peut-être que le gamin n’avait simplement pas envie d’en faire plus et qu’il préférait aller jouer aux petites voitures.

Seulement, ce n’était pas comme ça que ça fonctionnait. Perry s’était engagé à ce que son fils assure la plupart des premières parties de la tournée de Livia – il avait signé un foutu papier pour ça. Et voilà qu’il voulait quitter le navire. On était même pas en pleine tempête en plus !

J’avais mis en avant que ça n’allait pas plaire au public. Certains emmenaient leurs enfants pour voir Jesse avant Livia – c’était un fait ! Jesse allait décevoir son audience en quittant la tournée ainsi.

Perry était au courant de tout ça mais mis en avant l’âge de son fils et sa fragilité vis-à-vis du décalages horaire et des conditions des divers voyages. Seulement, Jack savait – avant la tournée – que son gamin était jeune et qu’une tournée c’est difficile.

-Ce sont des paramètres que tu connaissais avant d’accepter ma proposition Perry, dis-je en faisant la moue.

Il disait qu’il ne pouvait pas faire autrement car il en allait de la santé mentale et physique de son fils. Il dit – ensuite – la plus grande des aberration en disant que le but n’était pas de faire de l’argent mais de faire tenir le gamin sur la longueur. J’ai bien entendu là ?

-Si ton but n’est pas de dégouter ton gamin et de ne pas faire de l’argent, Perry, alors il ne faut pas faire des tournées avec Jesse. Parce qu’être artiste professionnel demande de la rigueur et les enfants stars en sont conscient. Jesse n’est pas le premier. C’est une question de sacrifice. C’est pas un passe-temps, dis-je sur un ton plus sévère. Tu n’as qu’à demander à la femme de Stone. Elle a été enfant star et sa vie tournait uniquement autour de ça.

Seulement, Jack avait toujours fait passé les caprices de ses stars avant le fait que ces mêmes stars ont des responsabilités à tenir. Je suis d’accord qu’il faut préserver la santé de ses artistes – j’avais appris ça à la dur – mais, dans ce cas, il faut faire preuve d’anticipation et, surtout, savoir faire des choix.

-Si Jesse n’est pas capable d’encaisser une tournée ou de sortir régulièrement des albums, il va perdre son public… En gros, il ne fera plus de rentrées. Quand on signe pour une maison de disques, il faut que ça soit aussi rentable pour cette dernière…, dis-je en fixant toujours Jack. Alors poses-toi la question : est-ce qu’à l’adolescence, ton fils aura encore un public ? Parce qu’avant qu’il nous en fasse voir, il faut qu’il ait encore une carrière d’ici là pour nous en faire voir, Jack… Tu as pensé à tout ça ? Tu dis penser à la santé de ton fils mais, dans ce cas, tu vas devoir faire des choix si le petit est fragile et capricieux.

@ Billy Lighter

J’étais loin d’être à l’aise… Et le whisky que je sirotais doucement n’aidait pas vraiment. Il aurait fallu que je boive au rythme de Daniele pour que ça fasse plus d’effet, mais je n’étais pas comme ça. Oh, je ne crachais pas sur quelques verres en soirée comme je ne crachais pas sur un bon repas, mais je n’étais pas réputé pour faire des excès.

Je n’étais pas réputé du tout, d’ailleurs, pas comme l’Italien assis face à moi. Et peut-être cette conversation qu’on était en train d’avoir exposait-elle tout le nœud du problème : je n’étais pas là pour faire du fric mais pour faire avancer mes artistes.

Et c’était d’autant plus difficile que Jesse était aussi mon fils.

Daniele affirmait qu’il était fatigué quand il voulait bien… Je haussai les épaules et soupirai… Puis me mordis la lèvre.

-Je crois qu’il est fatigué quand même. Il s’est endormi dès les premières chansons de Livia, ce soir.

Vu le ton de Daniele, j’étais en train de me faire passer un savon… Et pas un petit. Bon, il ne haussait pas la voir ni rien. Mais il était fâché et déçu. Et il avait raison quand il disait que les gens attendaient de voir Jesse sur scène.

Je prétextai les conditions dans lesquelles la tournée se déroulait mais Daniele me mis devant les yeux que ces conditions, je les connaissais avant de signer un accord avec lui. Et je bu une plus grosse gorgée de whisky pour m’aider un peu… J’avais une boule à l’estomac. Pas parce que Daniele n’était pas content, mais à l’idée de décevoir des enfants.

-En effet, je les connaissais… Mais je ne pensais pas que la santé de Jesse était si fragile. Je sais qu’il est plus sujet à attraper des rhumes que d’autres enfants, mais je ne pensais pas que c’était à ce point-là.

Et Daniele de me rappeler qu’être artiste professionnel demandait de la rigueur, que faire des tournées et des albums n’était pas un passe-temps. Il disait que je n’avais qu’à demander à Lola, la femme du père de Jesse, qui avait été enfant star.

Je grommelai, faisant tourner mon verre entre mes mains.

-Et on voit ce que ça a donné… Elle aussi a reporté ses dates.

Puis Daniele continua en parlant des rentrées qu’il fallait faire pour BSC, de me demander si, à l’adolescence, Jesse aurait encore un public. Il disait que je devais apprendre à faire des choix si Jesse était fragile et capricieux.

-En grandissant, ça ira… Et d’ici à ce qu’il soit adolescent, je compte faire en sorte de monter tout un groupe autour de lui. Un vrai groupe qui, je l’espère, sera aussi fiable que Roadtramp.

Je regardai Daniele dans les yeux.

-Parce que tu as un peu facile, toi… Soit tu as la chance de signer des groupes ou des artistes comme Roadtramp ou Sniper qui savent se démerder tout seul… Soit tu vole des talents fiables comme tu m’as volé Livia…

Voilà, c’est dit.

-Moi, j’essaye de faire percer des gens qui ont de vraies difficultés, comme Fireworks ou Jesse. Des groupes aux côtés desquels je dois être en permanence, pour ne pas qu’ils flanchent. Et je dois faire avec leurs faiblesses.

@ Billy Lighter

Jack disait que son fils était exténué mais je n’avais rien vu de tel ce soir. Au contraire, le gamin avait fait son meilleur concert depuis le début de la tournée. Seulement, c’était parce que Jack lui avait tendu une carotte qu’il s’était démené, apparemment. Même si Perry clamait que le gamin était tout de même fatigué parce qu’il s’était endormi peu après.

-Et bien, comme tous les enfants, il ira mieux après une nuit de sommeil. Je sais de quoi je parle, j’ai des enfants aussi, dis-je fier – désormais – de pouvoir utiliser ça comme argument.

Si j’avais mis en avant le fait que des fans attendaient la montée de Jesse sur scène, Jack, lui, défendait son choix en parlant des conditions de la tournée. Le gamin était fatigué par le décalage horaire et une condition physique pas au top. Seulement, Jack connaissait les conditions avant de prendre part à l’aventure – ce n’était quand même pas un novice ! Il aurait dû prévenir plutôt que guérir et me mettre sur le fait accompli ! C’est ça que je n’aimais pas et qui m’agaçait. Seulement, Perry disait ne pas savoir – avant d’avoir accepté – que le gamin était aussi fragile. Moui, c’est ce qui arrive quand on adopte n’importe quoi à n’importe quel âge. On ne sait pas toujours ce qu’il y a dans le paquet. Or, le petit Jesse était fragile – ce qui semblait évident vu d’où il vient !

-C’est l’enfant d’une droguée, Jack… Il vient du bas-fond de l’Eastside. C’était à prévoir qu’il risquait d’avoir des problèmes divers. Tu as vu sa taille ? Il est minuscule !, dis-je en écartant les bras pour souligner l’évidence.

Les enfants ayant vécu dans des situations extrêmes ont quasi tous des problèmes – tout le monde sait ça ! Seulement, Jack avait surestimer les capacités de Jesse.

Mais ce qui était affligeant c’était que Jack ne semblait pas comprendre son rôle de manager. Bien sûr qu’il est là pour faire du fric ? Jim le paye à quoi ? A torcher le cul de ses poulains ? Non, il doit juste leur permettre qu’il donne le meilleur d’eux même ce qui revient parfois à la renvoyer à leurs responsabilités. Je sais que Jesse à 9 ans mais c’est un enfant star et les enfants stars doivent faire des sacrifices – c’est comme ça. Il n’avait qu’à aller voir Lola, elle lui expliquera qu’une vie d’enfant star est une vie d’adulte !

Perry avait alors répliqué que Lola avait elle-même reporté ses dates. Moui – ça m’avait bien fait rire d’ailleurs. Voir couler Lola et Timmy Evans en même temps était jouissif.

-Oui mais elle ne l’a pas fait parce qu’elle a été enfant star mais parce que Stone l’a mise enceinte et qu’il l’a emmerdé au point qu’elle songe au divorce, dis-je avec un petit sourire en coin.

Comme quoi, il n’y a pas que moi que Stone fait chier !

J’avais renvoyé Jack à ses responsabilités vis-à-vis de BSC et – aussi – au fait que son fils n’aura peut-être plus de public une fois ado si jamais il continuait à décevoir ses fans de cette manière. Seulement, Jack disait qu’en grandissant ça ira. Perry voulait monter un groupe autour du gamin. Un groupe aussi fiable que Roadtramp.

-Ah oui ? A quoi ça servira si ton enfant n’est pas fiable ?, dis-je en faisant la moue. Tu crois qu’une fois ado, il sera plus fiable ? Tu sais comment fonctionne un ado, Jack ?

Les ado sont les êtres les moins fiables du monde – c’est bien connu. Je m’étais même retenu de douter que Jesse devienne un ado un jour. Il avait 9 ans mais quand j’entendais le gamin, j’entendais Tony – et Tony a 3 ans !

Jack sorti un rien de ses gongs par après en disant que j’avais facile. J’avais la chance de signer des gens comme Sniper et Roadtramp. Moui – ça s’appelle avoir du flaire. Il m’en voulait même de lui avoir « volé » Livia.

-J’ai juste fait une proposition à Livia, Jack… C’est elle qui a fait son choix, dis-je sérieusement. C’est ma réputation qui m’a permis de l’avoir. Ma réputation et aussi qu’elle s’est rendue compte qu’elle ne pourrait pas avancer si elle restait avec un manager qui la considérait comme une petite fille. Elle voulait grandir. Pour ça, il était impératif qu’elle quitte le nid.

Oui parce que Jack n’était pas un manager, c’était un père. C’est pour ça qu’il se permet de me lâcher en pleine tournée, d’ailleurs.

Il disait que, lui, il essayait de faire percer des gens avec de vraies difficultés. Quel est l’intérêt – sincèrement ? Puis, il n’a pas à faire percer Stone et McAvoy… Ce sont déjà des rockstars.

-Leurs faiblesses ?, dis-je surpris du terme. Ton fils a 9 ans et est sujet aux maladies diverses… Stone est un inconscient, alcoolique et a été diagnostiqué avec une maladie pulmonaire incurable… McAvoy est schizophrène et est les trois quart du temps hors de la réalité en plus de suivre un traitement lourd… Je n’appelle pas ça des faiblesses, j’appelle ça des foutus handicaps. Parfois, le talent ne suffit pas à pallier ces handicaps.

Il fallait voir la vérité en face !

-Quant à Fireworks, ils étaient déjà connu avant que tu ne les prenne en charge… Tu essayes juste de les tenir à flots ce que, d’après les derniers L.A.People, ne va pas être une mince affaire, dis-je songeur en faisant référence – entre autre – au future divorce et à la chute de Stone. Jack… Conseil d’un manager à un autre : ce qu’il te faut, c’est trouver un poulain qui aura du talent mais qui aura, aussi, toute sa tête. C’est aussi ça avoir du flaire. C’est trouver des gens qui pourront faire face à tous les aspects du métier… Des Stone, McAvoy, Lighter et j’en passe… Ils sont bourrés de talents mais leur mental, leur santé ou les deux, dans le cas de Stone, ne leur permet pas d’avoir une carrière stable… Tu finiras par en retrouver un à la morgue malgré tous tes efforts.

Bien que Lighter n’était pas à Jack… Mais il fallait voir la vérité en face avec Stone et McAvoy…

@ Billy Lighter

Malgré le whisky sensé m’apaiser, Daniele commençait un peu à m’énerver. J’étais d’accord et je comprenais tout à fait qu’il soit fâché car on lui avait promis des dates. Mais ce n’était pas une raison pour prendre à la légère l’état de Jesse. Il pensait qu’une simple nuit de sommeil suffirait à rendre toute son énergie à Jesse et sembla fier de pouvoir dire qu’il avait des enfants aussi.

Je fis la moue.

-C’est plus que de la fatigue. C’est de l’épuisement. Jesse a besoin de reprendre un rythme normal. De voir ses amis de son âge. Il ne faut pas oublier qu’il fait à moitié l’école à distance et c’est un poids en plus pour un petit garçon que les adultes n’ont pas.

Je mis en avant aussi les problèmes de santé de Jesse. Et je croisais d’ailleurs toujours les doigts pour que la maladie d’Howard ne soit pas héréditaire et que mon petit gars passe entre les mailles du filet. Daniele, lui, mis en avant les origines maternelles de Jesse. « Droguée », « bas-fond de l’Eastside ». Tels étaient ses mots, des mots durs et méprisants.

-Et il en fait des choses pour un minuscule petit garçon venu des bas-fonds de l’Eastside. Seigneur, Daniele ! On croirait entendre Jimmy Reed !

Jimmy Reed qui faisait travailler des enfants dans l’Eastside. Qui leur mettait de la drogue à portée de main… Mais je ne pouvais rien dire… Car c’était grâce à lui que nous avions pu accueillir Jesse parmi nous alors que Brooke ne peut pas avoir d’enfant.

Daniele me disait d’aller voir du côté de Lola ce qu’elle pensait de la carrière de Jesse. Qu’elle prônerait le professionnalisme quel que soit l’âge. Et quand je mis en avant le fait qu’elle avait aussi reporté ses dates, Daniele remis la faute sur… Howard.

Je ricanai.

-Avec toi, c’est toujours la faute de Stone. C’est même sa faute si les dinosaures ont disparu.

Je parlai à Daniele de mes projets pour Jesse quand il grandirait. Je formerais un groupe autour de lui qui pourrait l’aider… Des membres de son âge qui pourraient  devenir ses amis. Avoir des amis autour de lui le motiverait. Mais Daniele pensait que c’était impossible si Jesse n’était pas fiable.

-Il le deviendra. Je lui apprendrai à être fiable et à se protéger des maladies. Et avec des amis pour le soutenir, des amis pour le motiver et aussi lui faire comprendre qu’il ne peut pas les laisser tomber, je pense que ça ira.

Je haussai les épaules.

-Là, pour lui, il ne laisse tomber personne. Parce qu’il ne se rend pas compte qu’il a pris un engagement envers son public et encore moins envers toi.

A force, je commençais à vraiment m’énerver et fis remarquer à Daniele qu’il avait un peu facile avec ses artistes. Il n’avait qu’à leur trouver des dates et à les laisser faire. Pareil pour les albums. Donnez un studio à Sniper et il vous pond un album malgré sa surdité. Et je savais qu’il en allait de même pour Roadtramp et Livia.

Mais Daniele affirma qu’il n’avait fait qu’une proposition à Livia et que sa réputation et l’envie d’émancipation de Livia avaient fait le reste. Je grommelai… Peut-être était-ce vrai… Peut-être que j’étais trop paternaliste.

Je finis mon verre et m’en servis un autre.

Daniele, lui, m’expliqua que mes artistes n’avaient pas des faiblesses, mais des handicaps… Je grognai.

-Et parce qu’ils ont des « handicaps » comme tu dis, ils n’ont pas le droit à la musique ? Ils n’ont pas le droit de s’exprimer, à leur rythme ? Au contraire, ils en ont besoin bien plus que les autres !

Mais Daniele continua en disant que Fireworks, je devais juste le tenir à flots. Il parla du dernier L.A. People, celui que Jesse était venu nous montrer et qui l'avait mis dans tous ses états.

-Je sais pour la chute d'Howard. C'est ce qui fait, en partie, que Jesse veut rentrer à la maison.

Quant au reste… Au fait que Daniele pensait que je devrais me trouver un talent stable et sérieux au risque d’un jour retrouver un de mes protégés à la morgue… Je grognai.

-Je travaille pour la beauté de la musique, Daniele. Pas pour produire. Les artistes ne sont pas des usines.

@ Billy Lighter

Jack était persuadé que son fils était complètement épuisé. Il était aussi sûr et certain que le petit devait reprendre une vie d’enfant normal. C’est une star ! Il n’aura jamais une vie d’enfant normal – est-ce si difficile à comprendre ?

Je n’avais rien répliqué à ça. J’avais préféré le renvoyer au fait qu’il connaissait les condition d’une tournée et que si son enfant était fragile, il aurait dû y penser avant mais Jack avait dit ne pas savoir que le petit était fragile à ce point. Alors c’est qu’il était naïf parce que Jesse était le fils d’une droguée et il venait des quartiers les plus pauvre de l’Eastside. Mais Jack trouvait que pour d’où il venait, il faisait des choses extraordinaires – c’est le père qui parlait, là… Il trouvait mes mots durs parce qu’il disait que je parlais que Jim.

-Jim est mon meilleur ami, je te rappelle, dis-je avec un sourire en coin. Mes mots ne sont pas durs. Ce sont des faits. Et, je te l’accorde, il a du talent, du culot et de la chance mais il a aussi des responsabilités…

C’est surtout ça que Jack ne doit pas oublier. Les engagements ce n’est pas une blague – il doit apprendre à son fils à tenir ses promesses. Et s’il n’en est pas capable alors il devrait faire la musique pour son plaisir et vivre sa vie normal. Parce qu’une vie d’enfant star est une vie de sacrifice. Qu’il demande à Lola. Sauf qu’il avait mis en avant que Lola avait aussi reporté ses dates. J’avais mis en avant que c’était la faute de Stone – ce qui était vrai ! Mais Jack me croyait trop prompt à tout remettre sur Stone.

-Avoue que c’est souvent sa faute, dis-je en faisant la moue. Et on ne sait pas pour les dinosaures… Peut-être que c’est sa faute aussi…

Seulement, ici, c’était bien Jesse le problème. Jack comptait, au fur et à mesure, lui construire une groupe mais ça ne changera pas le fait que le gamin restait peu fiable. Mais Jack était persuadé qu’entouré de gens de son âge ça ira mieux…

-Des gamins de son âge ? Tu va commencer la casting tout de suite ? Parce que trouver tant de talents si jeune, ça ne va pas être de la tarte et peut-être auras-tu toute une troupe de gamins fatigués à un moment donné… Et en grandissant, ça sera une bande d’ado…, dis-je horrifié à l’avance pour Perry. Si tu fais ça, je te souhaite bien du courage.

En attendant, le problème de Jesse était qu’il ne pensait pas laisser tomber quiconque… Il ne comprenait pas qu’il avait pris des engagements. Pourtant, était-ce si dur à comprendre pour un gamin de 9 ans, ça ?

-Peut-être devrait-il rencontrer des fans déçu… Il comprendra, ainsi, dis-je sérieusement.

Jack commençait à s’énerver – ça se sentait. Ainsi, il avait commencé à m’attaquer moi en disant que j’avis facile. Je n’avais pas facile, je savais simplement sélectionner les bonnes personnes pour leur offrir la carrière qu’il mérite. Puis, il me fait rire… Avec The Army, ça n’avait pas été facile tous les jours ! Il n’avait toujours pas – non plus – digéré le fait que je lui avais volé Livia… Seulement, c’était le choix de la gamine de Jim et Jack ne trouva rien n’à répliquer là-dessus preuve que j’avais raison.

J’avais souligné – aussi – que ses artistes n’avaient pas des faiblesses mais des handicaps. Que ça soit au niveau de leur physique précaire que de leur mental… Seulement, Jack trouvait injuste qu’à cause de ça, ces talents n’aurait – dans mon monde – pas droit à une carrière.

-Bien sûr qu’ils en ont le droit… Mais leur rythme n’est pas, hélas, le rythme qu’impose le business…, dis-je sincèrement. Il faut aussi qu’ils mordent sur leur chique. Ou alors, tu leur permet d’aller a leur rythme mais, dans ce cas, il faut bien réfléchir avec de s’engager avec d’autres manager qui voudront aller à un autre rythme.

Oui parce que c’était ça le nœud de notre problème. Je ne pouvais pas ralentir l’élan de Livia pour faire de la place pour le rythme de Jesse… Quant à Fireworks, Jack ne les avais pas fait connaitre – il était simplement là pour ne pas que le bateau coule.

Et vu les derniers L.A.People, le bateau prenait déjà l’eau ! Jack l’avait bien vu et disait que c’était en partie pour ça que Jesse voulait rentrer.

Sérieusement ?

-Tu vois… Encore la faute de Stone, dis-je en le mettant face à l’évidence. Il est à l’hôpital, qu’est-ce que Jesse peut changer à ça ? Qu’il rentre à L.A. ne changera rien à l’état de Stone…

Un Stone qu’il finira par trouver à la morgue si ça continuait. Seulement, Jack persistait à travailler pour la beauté de la musique. Parce que ce n’était pas mon cas ?

-Et je travaille pourquoi, moi, Jack ?, dis-je en écartant les bras. Je te rappelle que j’ai appris à la dur ce que c’était de pousser ses artistes à la limite. Je ne le fais plus. Mais mes artistes savent que s’ils ont des engagements, il faut les tenir. C’est pour ça que je n’engage, en général que des adultes. De VRAIS adultes, dis-je en sous-entendant que Jack, lui, n’en avait aucun. Je comprends ton envie de montrer au monde le talent de tes artistes mais, toi qui est si paternaliste, tu dois te poser la question de savoir si la vie de rockstar est une vie pour ton fils ou non… Mais si tu reste constamment sur un « entre-deux » tu vas faire à chaque fois des déçus…

Maintenant, c’est ces artistes et sa carrière – par la mienne.

-Maintenant, je te laisse rentrer à L.A.. Je n’ai pas le choix de toute façon, dis-je en faisant la moue. Mais je te laisse le soin de prévenir le public. Moi, je m’occupe de ramener Tobby sur la tournée.

@ Billy Lighter

Daniele semblait avoir réponse à tout… En même temps, j’étais d’accord et reconnaissais qu’il avait bien plus d’expérience que moi. Est-ce que j’allais devenir un manager à la Ricci pour autant ? Non. Je ne le pourrais pas. J’aimais trop m’impliquer dans le travail de mes artistes, les suivre, les encourager, les aider à tirer le meilleur d’eux-mêmes.

Daniele, lui, ne fit que mettre en avant les faiblesses, pire !, les handicaps de mes protégés. Et c’est ainsi qu’il parla de Jesse et de ses origines en termes peu élogieux. J’avais l’impression d’entendre le patron de BSC.

Et l’Italien de souligner qu’il était le meilleur ami de ce dernier. Il disait que c’était des faits avant de me rappeler que Jesse avait des responsabilités.

-J’en ai parlé avec lui et j’en parlerai encore, pour qu’il comprenne bien, la prochaine fois, qu’il ne peut pas se débiner. Que puis-je faire d’autre ?

En plus, Daniele remettait tout sur Stone qui n’était même pas là… Mais je ne relevai pas. Nous tenions encore secret le fait que Howard était le père de Jesse.

J’expliquai alors à mon confrère que quand Jesse grandirait un peu, je monterais un groupe autour de lui, avec des jeunes de son âge. Mais il ne voyait pas cette idée d’un très bon œil.

-Vous étiez tous à peine sortis de l’adolescence quand tu as signé The Army. Je ne vais pas faire ça tout de suite mais quand il sera plus grand ! Il y a plein de jeunes avec du talent. Tu as déjà vu le petit Guillermo à l’émission de Kournikova ? Il y a des jeunes qui ont du talent très tôt.

Je pinçai les lèvres et baissai les yeux quand Daniele dit que Jesse devrait rencontrer des fans déçu et que là, il comprendrait peut-être… Je vidai mon second verre de whisky d’une traite pour toute réponse.

J’accusai ensuite Daniele de vouloir priver d’une carrière musicale des gens comme mes protégés, qui avaient des difficultés physiques et mentale (quelque chose qui plairait sûrement hautement à Jake Snyder). Il s’en défendit mais affirma quand même que mes protégés devaient tenir le rythme et faire des efforts.

-Ils font déjà beaucoup d’efforts. Tu n’as jamais vu McAvoy travailler.

Puis j’annonçai, en parlant du L.A.People, que c’était en partie la chute d’Howard qui faisait que le petit voulait rentrer à L.A. Et Daniele de sauter à nouveau sur l’occasion pour cracher sur Stone. Je secouai la tête et laissai tomber. Je préférai souligner que je travaillais pour la beauté de la musique, pas pour le business.

Daniele répliqua alors que c’était ce qu’il faisait aussi. Qu’il avait appris à la dure ce que c’était que de pousser ses artistes jusqu’à leurs dernières limites. Et que c’était pour ça qu’il n’engageait que de vrais adultes.

-Alors tu prive le monde de beaucoup de bonne musique, comme Reed quand il remballe les artistes féminines… Etre manager, je pense, c’est savoir tirer le meilleur de gens comme Jesse et Howard… Et si ça doit se faire à un rythme ralenti, alors ainsi soit-il.

Je le regardai dans les yeux et posai mon verre alors qu’il me congédiait. Je me levai.

-Je prendrai mes responsabilités, bien évidemment. Je passerai encourager Livia pour le reste de la tournée et puis on rentrera à la maison.

@ Billy Lighter