Finan et moi avions eu neuf longs mois pour se préparer à l’arrivée de Yoric et en toute honnêteté, je pensais sincèrement que nous étions prêts. Il n’y avait rien de très difficile à changer des couches bien qu’un nouveau-né en passe des tonnes en une journée ! Puis il y avait les boires tous les quatre heures. Ils reviennent vite mais Yoric prenait très bien le sein et s’endormait une fois son appétit satisfaite. Nous n’avions qu’à le bercer un tout petit peu puis il ne sourcillait même pas ensuite quand nous le déposions dans son petit lit. Nous avions là un bébé qui adorait dormir et qui ne pleurait pratiquement jamais.

Comment début de cohabitation avec notre fils non planifié mais tant désiré, nous ne pouvions souhaiter mieux. Chaque fois que Finan le berçait, chaque fois que je l’observais avec son fils, je retombais amoureuse de lui. Finan était attendrissant avec un si petit bébé dans les bras et croyez-moi ou non, il assurait comme père d’un nourrisson.

Puis Guillermo était adorable avec son petit-frère. Il lui parlait avec douceur et le prenait dans ses bras chaque fois qu’il en avait l’occasion. Finan et moi le laissions faire pour qu’il sente combien nous avions confiance en ses aptitudes de grand frère et ça allait contribuer à forger leur lien fraternel.

Nous vivions vraiment un rêve presque sans nuage.

Presque car la présence d’Heaven compliquait notre quête de paix que nous devions trouver en venant passer notre été en Irlande. Je ne pouvais pas en vouloir à une toute petite fille si son papa était un psychopathe et que sa maman avait besoin de prendre du recule pour mieux les protéger. Je n’en voulais pas non plus à Finan d’avoir accepté, j’aurais fait la même chose, sans hésiter. Le fait était que le moment était mal choisi mais ce genre de chose ne se planifiait tout simplement pas.

La petite devait avoir du mal à trouver ses repaires puisqu’elle se réveillait la nuit et pas aux mêmes heures que Yoric. Elle avait aussi beaucoup de mal à se faire cajoler que ce soit par moi, Vanya ou Abby par contre elle trouvait son bonheur dans les bras de Finan et surtout dans ceux d’Ivar. Vanya rigolait beaucoup autour de cette situation en disant que peut-être qu’Ivar était son père, en réalité mais qu’il ne vouait simplement pas l’avouer.

Aujourd’hui, pour la première fois depuis que nous étions tous réunis ici, Finan et moi étions seul à la maison avec les deux bébés. Abby était à son pub, fallait bien qu’elle continu de le faire tourner bien qu’elle adorait son rôle de grand-mère par intérim comme elle le disait alors que Guillermo, Vanya et Ivar étaient partis explorer l’endroit pour trouver des idées de reportages pour l’émission de Vanya.

Ça faisait tout de même du bien de se retrouver entre nous, puisque nous n’en avions pas encore vraiment eu la chance depuis que j’avais quitté Los Angeles avec Guillermo.

J’étais installée dans la chaise berçante en bois qui faisait face à la vitrine par laquelle je pouvais admirer le paysage toujours aussi magnifique que le jour où je l’avais découvert, et j’allaitais Yoric. Il était bien le fils de son père ! Il ne lâcherait pas sa ‘’bouteille’’ tant qu’il y en aurait encore dedans ! Bon jusqu’à la dernière gouttes !

- Est-ce que tu as eu des nouvelles de Sky ?

Finan venait de me rejoindre avec Heaven toujours si peu souriante et accroché à lui comme le chardon s’accroche à nos vêtements. Dans sa petite tête d’enfant haute tout juste comme trois pommes, elle devait se poser tant de questions ! J’étais triste pour elle et triste de la voir autant méfiante. Elle avait toute sa vie pour découvrir les deux visages de l’humanité, à son âge, elle devait le voir beau et en couleur. Pourtant ça se voyait qu’elle avait déjà goûté à la peur et au rejet.

- Ward en prison, Sky devrait en profiter pour se planter les pieds solidement. Et Sigurd ? Tu as de ses nouvelles à lui aussi ?

Finan m’avait fait plusieurs confidences que je ne trahirais pas mais entre nous, nous pouvions bien en parler.

@ Billy Lighter

Les premiers jours avec Yoric avaient été plus simples que je ne l’aurais imaginé. J’étais le genre de mec à toujours voir le mauvais côtés des choses. A me dire que certaines choses sont tout simplement insurmontable. Alors, je m’étais imaginé ne pas dormir de la nuit et être toujours éveillé par les pleurs de mon propre bébé.

Mais non. Yoric se levait bien une ou deux fois par nuit parce qu’il buvait toutes les quatre heures mais il n’était pas difficile de le rendormir. A vrai dire, Yoric aimait dormir autant qu’il aimait boire. C’était un bébé facile en somme. Et je n’allais pas m’en plaindre !

Surtout qu’ici, avec l’aide de Vanya, Ivar et Abby, on avait le temps de s’adapter à notre vie de nouveaux parents. Guillermo aidait aussi beaucoup. Il était très impliqué vis-à-vis de Yoric. Il l’adorait et était d’une douceur que je ne lui connaissais pas. Il était loin le Guillermo qui avait tenté d’enlever un bébé afin de devenir un New Soldados. Et je me rendais compte que, déjà à ce moment-là, tout ce que cherchait Guillermo, c’était une famille qui prenait en compte sa valeur. Ce qu’il avait désormais.

La seule chose qui rendait les choses un peu compliquée était Heaven. La petite, contrairement à Yoric, pleurait plusieurs fois par nuit. Ivar et moi, en général, on se relayait pour aller la consoler. Car on était les seuls qui arrivaient à quelque chose avec elle. Guillermo ne voulait pas s’en occuper et les femmes de la maison, elles, n’avaient pas les faveurs de la fille de Sky. Certainement parce que la gamine ne reconnaissait en aucune d’elle sa Maman. Parce que Heaven avait un an et qu’elle se rendait bien compte qu’elle était au milieu d’une bande d’inconnu. Sa mère devait lui manquer cruellement. Et bien qu’elle avait peu de mots pour exprimer ce qu’elle ressentait, elle avait ses pleurs déchirants et ses regards à faire froid dans le dos. Quelque part, j’avais peur que le choix que Sky avait fait ne fasse plus de mal à Heaven que ça ne l’aidait.

Aujourd’hui, on était seuls, Tiff et moi, avec les deux bébés. J’étais en train d’habiller Heaven qui se débattait réclamant son doudou, sa mère, son père… Elle me foudroyait du regard chaque fois que je la manipulais… Ivar était bien plus doué que moi pour ça… Quand c’était lui, Heaven se laissait faire.

-Calme… J’ai presque fini.

Et je soufflai de soulagement quand j’eus fini. Heaven se calme une fois son doudou en main. C’était une espèce de pieuvre verte. A mon avis, ça faisait déjà un moment qu’Heaven l’avait par que le vert était déjà un peu gris de vieillesse. Bref, c’était un doudou qui avait vécu.

Elle le serra contre elle et je la portai contre moi. Elle s’accrochait à moi qui si, d’un coup, le reste du monde était devenu hostile. Tout le monde sauf moi. Et quand j’arrivai à hauteur de Tiff et Yoric installé devant la grande vitrine, Heaven les foudroya du regard.

Tiff ne tarda pas à demander si j’avais des nouvelles de Sky. Je soupirai prenant place sur un siège à ses côtés alors que Yoric buvait paisiblement.

-Non… Aucune…

Je lui avais pourtant laissé le numéro où m’appeler, ici, en Irlande. Mais elle ne l’avait pas encore fait.

Heaven était blottie contre moi et tenait son doudou. Son air était toujours méfiant. Mais c’est sur la conversation avec Tiff que j’avais, désormais, mon attention. Tiff disait que, maintenant que Ward était en prison et que ses chance de sortir étaient à peu près estimé à deux ou trois pourcent, Sky devrait en profiter pour s’installer quelque part et mener sa vie. C’est ce que j’espérais pour elle aussi… Elle et Sigurd. De lui, j’avais eu des nouvelles.

-Oui. Mais il en a peu de Sky… Elle est toujours au centre pour femmes battues. Du moins, aux dernières nouvelles. Je sais qu’il aimerait pouvoir l’aider plus mais, apparemment, elle préfère gérer ça seule… Je sais qu’il l’aime et, le connaissant, il n’abandonnera pas aussi facilement.

Sigurd était comme ça. Il n’abandonnait pas.

-Sky crève de trouille. Ward a beau être en prison, on dirait qu’elle a peur qu’il puisse surgir de nulle part. Elle a aussi peur qu’il envoie quelqu’un l’assassiner… Elle a l’impression qu’elle ne pourra jamais vivre en paix. J’ai eu beau la rassuré, rien n’y a fait. Elle est bloquée. Incapable de passer à autre chose. Je ne sais pas quand est le procès de Ward mais plus vite il aura lieu, mieux ça sera. Peut-être que ça aidera Sky…

Si Ward est emprisonné ou, mieux, obtient la peine de mort alors, j’imagine que tout ira mieux après. Pour Sky… Parce que je voyais bien Ward, au pied du mur, dévoiler les pires secrets de Los Angeles…

-En attendant, j’ai dû vous imposer Heaven à toi et Guillermo. J’en suis désolé… En plus, elle n’a même pas l’air heureuse. Au contraire…

Bien que je n’avais aucune idée de comment elle se comportait avec Sky en réalité…

@ Billy Lighter

Yoric tétait son dû comme le petit glouton qu’il était ce qui me faisait rire, chaque fois. Il était bien le fils de son père, ça ne faisait aucun doute ! Il était né que depuis peu mais déjà, je lui trouvais plein de ressemblance avec Finan alors que mon gros nounours lui, répétait sans cesse à quel point notre fils était ma copie conforme. Abby disait que nous avions simplement bien travaillé et donné autant de nous pour faire un parfait mélange. Je comptais sur l’arrivée prochaine de mes parents pour trancher bien que je savais d’avance qu’ils verraient en Yoric tous les traits des Austin !

Mes parents allaient, encore une fois, être surprit par la présence d’une autre adition à notre famille, bien que cette dernière ne soit que temporaire. N’en demeurait pas moins qu’Heaven ne nous facilitait pas la tâche et que même si mon intention était d’en prendre le plus grand soin possible, ce n’était pas tous les jours possibles puisqu’elle ne semblait pas vouloir se faire approcher par moi et même pas Vanya. Je me disais qu’elle tolérait Finan puisque c’était à lui que sa maman l’avait confié quant à Ivar, il lui avait carrément tombé dans l’œil !

Finan me rejoignit à la cuisine avec notre petite Miss Caractérielle qui me foudroya du regard, fort probablement parce que Finan s’était installé trop près de moi à son goût. Elle allait devoir s’y faire puisque je ne comptais pas m’éclipser pour lui rendre la vie plus facile. Nounours n’avait pas de nouvelle de la maman d’Heaven ce qui me fit soupirer. Yoric lâcha mon sein et je lui essuyais le coin de la bouche avec son bavoir avant de remballer son garde-manger dans mon soutien-gorge d’allaitement et de l’installer sur mon épaule pour lui faire digérer son repas. En contrepartie, Finan avait eu des nouvelles de Sigurd mais ce dernier était lui aussi sans nouvelle de Sky.

- Tant qu’elle est dans ce centre, je ne crois pas que nous aurons de nouvelles précises de ses intentions concernant sa fille.

Je comprenais la peur de Sky, j’avais ressentis quelque chose de similaire quand je savais Finan encore aux prises avec les Los Diablos. Le problème de Sky, cependant, était bien plus effrayant puisqu’il impliquait le pire psychopathe que la terre ait pu porter ! J’aurais tout fait pour mettre mes enfants en sécurité moi aussi, même si pour cela, je devais m’en séparer en les confiant à une personne de confiance.

- Pauvre amour… Regarde là ! Pas étonnant qu’elle soit autant méfiante en naissant dans un environnement aussi hostile !

Finan fondait beaucoup d’espoir sur le procès de Ward et sa future condamnation. Sky allait pouvoir rebâtir sa vie à partir de là et aller de l’avant. J’espérais tout de même qu’elle n’attendrait pas jusque-là pour reprendre sa fille avec elle.

- Et si tu téléphonais au centre ? Peut-être que tu pourrais parler à Sky et voir avec elle où elle en est… Lui parler de Sigurd qui se morfond d’elle et de la possibilité de lui confier Heaven…

Yoric lâcha son rot et, ivre de lait qu’il était, s’endormit presque aussitôt dans mes bras quand je le replaçais tout contre ma poitrine. Je n’aurais pu souhaiter avoir un bébé si peu compliqué et entouré comme Finan et moi étions, par notre famille et nos amis, tout était simplifié.

- Finan, j’aurais prit exactement la même décision que toi. Guillermo y est hostile probablement parce qu’elle lui rappel Ward.

Je le regardais avec douceur refusant qu’il ne se juge trop sévèrement pour la présence d’Heaven. Guillermo nous le faisait assez bien comprendre sans que Finan ne se tape lui-même sur la tête pour ça. Puis, comme mon gros nounours le disait, la petit n’avait même pas l’air heureuse.

- Sa mère lui manque. Toute cette situation est complexe pour nous qui sommes à même de comprendre, alors imaginer pour elle qui n’a qu’un an. Du jour au lendemain, elle quitte sa maison avec sa maman puis elle quitte sa maman avec un inconnu.

De le dire comme ça me rendait émotive aussi, j’essuyais furtivement une larme au coin de mon œil en me demandant quel avenir pouvait bien l’attendre avec un début de vie comme celui-là.

- Il faut trouver comment la faire sourire et comment la rendre moins…

J’allais dire sauvage ce qui aurait été une bonne façon de le dire mais le mot qui sortit de ma bouche était encore plus représentatif de la personnalité de la petite.

- La rendre moins Fleming…

@ Billy Lighter

Je m’étais installé près de Tiff qui venait de finir de donner à manger à Yoric. J’avais Heaven sur mes genoux alors qu’elle essayait de tuer tout le monde d’un regard tout en serrant contre elle son espèce de poulpe en peluche. Quant elle souriait, elle avait un tout autre visage. Ici, c’était simplement la copie conforme de son père.

Parlant d’Heaven, Tiff s’était demandée si j’avais eu des nouvelles de Sky mais ce n’était hélas pas le cas. Elle n’avait pas donné signe de vie depuis que j’étais allé la voir au centre et que j’avais repris sa fille avec moi. J’avais eu des nouvelles de Sigurd, par contre, mais lui aussi était en attente de plus de nouvelles de celle qu’il aimait. Le pauvre ne devait pas avoir la vie facile pour l’instant, lui non plus.

Tiff déclara que tant que Sky serait dans ce centre on ne risquait sans doute pas d’avoir des nouvelles précise concernant quand elle comptait reprendre Heaven. Je soupirai.

-Sans doute…

Le problème de Sky était qu’elle avait peur. Ce qui était compréhensible, bien sûr. Même si Ward était en prison, elle savait qu’il avait encore des hommes dehors. Qu’il serait bien capable de l’atteindre depuis sa cellule. Je n’avais aucune doute que Ward était disposé à inventer les plans les plus tordus pour arrivé à ses fins.

Tiff regarda la petite et la plaignait. Elle plaignait cette gamine qui avait grandi dans un environnement hostile. Rien que sa naissance avait été un traumatisme. Heaven était à peine née qu’elle perdait son frère jumeaux et était à deux doigts de finir sa vie en tête à tête avec son père…

-Ouais… Certains enfants n’ont pas de chance. Heureusement qu’elle a sa mère.

Même si pour l’instant sa mère n’avait pas la force mentale pour s’en occuper. Et j’espérais que le procès de Ward permettrait à Sky de tourner la page. Je ne savais pas quand était ce foutu procès mais plus vite il aura lieu mieux ça sera pour L.A..

Tiff me proposa de téléphoner au centre. Ce n’était pas une mauvaise idée. J’hochai de la tête.

-D’accord. Je ferais ça. Je n’ai rien n’à perdre à faire ça de toute façon.

Après que j’ai dit ça, Yoric lâcha son rot me faisant un peu rire alors que Heaven gémit de désapprobation. Mais Yoric s’en fichait parce qu’il ne prit pas deux secondes avant de s’endormir. J’esquissai un sourire avant de reprendre un air sérieux pour m’excuser d’avoir imposer Heaven à Tiff et Guillermo. Ma femme disait qu’elle aurait fait pareil et que si Guillermo était si hostile c’est parce que, certainement, tout ça lui rappelait Ward. Je soupirai.

-Peut-être… Je crois aussi qu’il a peur de perdre sa place. Il s’attendait à avoir un petit frère et il a peur qu’Heaven brise quelque chose dans cette dynamique-là.

Ce qui m’inquiétait c’est que ma décision avait autant troublé Guillermo que ça troublait Heaven qui n’était en rien heureuse. Mais Tiff disait que la situation était simplement complexe pour elle. Elle se retrouvait au milieu d’inconnu dans un endroit qu’elle ne connaissait pas. Je soupirai.

-Ouais… J’imagine qu’à son âge sa mère doit beaucoup lui manquer. Mais je pensais qu’elle s’habituerais plus vite. Il semblerait que ça ne soit pas le cas.

Je ne savais pas trop quoi faire alors que Tiff disait qu’il fallait trouver de quoi la faire sourire et la rendre moins Fleming… Elle avait hésité avant d’achever sa phrase et mes lèvres se pincèrent.

-Moins Fleming… Pas évident ça…

Puis, je tentais un peu d’humour.

-Quoi qu’elle n’a encore mordu personne donc j’imagine qu’il y a de l’espoir.

Je mis la petite debout sur mes genoux pour qu’elle nous regarde.

-Comment on te fait sourire, toi ?

Aucune idée… Elle ne faisait que me regarder d’un air totalement neutre. Je soupirai. Je fixai Tiff.

-Des idées ? J’aurais peut-être dû demander à Sky ce qui la fait rire… J’ai déjà trouvé que voyager en voiture la faisait s’endormir à tous les coups. Elle adore ça.

C’était déjà ça de trouvé…

@ Billy Lighter

La vie de Sky ne devait pas être simple en ce moment et, sans savoir concrètement ce qu’elle devait vivre, je pouvais comprendre ce qui l’avait motivé à confier sa fille à Finan. Avec tout ce qui se disait sur Ward Fleming, j’aurais fait exactement la même chose que Sky si jamais eu les pieds dans ses chaussures. Il me paraissait donc logique que, tant qu’elle sera logée dans un centre pour femme battue, nous n’ayons pas de nouvelle concrète d’elle sur ses intentions vis-à-vis d’Heaven.

- Il faudra être patient…

La patience n’était pas un luxe en ce moment mais il fallait l’étirer au maximum ne serait-ce que pour que la petite se sente bien avec nous. Si Sky avait placé sa confiance en Finan c’est qu’il y avait une raison. Plus je regardais Heaven, plus j’étais attristée par sa très courte histoire. Une naissance catastrophique, la perte de son frère jumeau, un père psychopathe, son grand-père a remporté le titre du pire meurtrier en série de Los Angeles et sa mère qui se cachait dans un centre. Elle avait toute les raisons au monde de ne pas avoir envie de sourire et de ne faire confiance à personne, ou presque !

Finan était d’accord que ce n’était pas de chance mais que malgré tout ça, elle avait une maman qui l’aimait. Je touchais doucement la main de mon mari sous le regard désapprobateur d’Heaven.

- Elle aura besoin de toi, à sa sortie. Tu seras là pour elle ?

J’avais pleins de raisons de détester Sky Fleming mais je n’étais pas rancunière et je ne voyais pas l’utilité d’enfoncer une femme qui tentait de s’en sortir. Mais avant ça, je suggérais à Finan de téléphoner à Sky, elle devait avoir le droit de recevoir des appels. Elle serait heureuse d’avoir des nouvelles de sa fille et Finan pourrait en profiter pour lui demander subtilement comment elle va et en savoir plus sur ses intentions et pourquoi pas, lui rappeler qu’il y avait un jeune homme mignon comme tout qui se languissait d’elle.

On parla de Guillermo alors que je flattais le dos de Yoric pour l’aider à digérer son déjeuner. Mon aîné n’appréciait pas la présence d’Heaven et mon opinion là-dessus était qu’il devait voir en elle Ward et que cela devait lui rappeler de mauvais souvenir. Finan ne rejetait pas ma théorie mais pour lui, Guillermo avait peur que la présence de la gamine brise notre dynamique familiale. Il avait si hâte de devenir grand-frère et de former une famille entre nous quatre. Nous étions cinq et il n’aimait pas ça.

- Ce n’était pas ce dont je rêvais moi aussi mais il faut croire que je suis plus résiliente que lui à ce niveau. Ça va lui passer dès que nous aurons des nouvelles de Sky. Nous pourrons lui dire que dans tant de temps, la petite retrouveras sa maman et que nous ne serons plus que nous.

En attendant, nous allions continuer de prendre soin d’Heaven malgré sa réticence envers les femmes de la maison et espérer qu’à force, nous la rendions un peu moins Fleming. Ça ne serait pas simple d’autant plus que sa maman devait lui manquer.

Finan tourna Heaven sur ses genoux pour lui demander comment nous pouvions la faire rire et si ça ne changea en rien l’humeur du bébé, moi, ça me fit rigoler.

- Fais-toi mal ! Dans les films, ça fonctionne toujours !

Je rigolais un peu plus ce qui me valu un regard noir de la part d’Heaven alors je repris mon sérieux et suggérais quelque chose de plus simple à m on gros nounours adoré.

- Appel Sky et demande lui ce que sa fille adore manger, ce qu’elle aime qu’on lui chante et subtilement, glisse entre deux questions ce qui la fait rire. Sinon, tu es condamné à te promener dans la camionnette d’Abby !

@ Billy Lighter

De la patience… C’était certain qu’il nous en faudra encore un peu. Sky n’allait pas reprendre Heaven demain et le manque de nouvelle voulait pour l’instant dire que la petite était coincée avec nous encore un petit temps. A vrai dire, j’espérais que le temps ne soit pas trop long et que tout revienne à sa place.

La vie d’Heaven n’avait rien d’un long fleuve tranquille. Depuis le début tout était chaotique ce qui faisait que j’avais sur mes genoux une gamine méfiante, peu souriante et qui ne semblait en rien apprécier la vie avec nous. Je savais que Sky faisait absolument tout son possible pour que sa fille ait la meilleure vie qui soit sauf que la vie s’acharnait aussi sur la pauvre mère qui essayait tant bien que mal de se reconstruire dans un centre pour femmes battues.

Tiff déclara que Sky aura besoin de moi à sa sortie. J’hochai de la tête. J’en étais conscient. Je savais que Sky avait peu d’attache et j’étais sûr que Fleming n’était pas innocent par rapport à ça. Ainsi, en dehors de moi et Sigurd la jeune mère n’avait pas grand-chose… Elle n’avait aucune famille étant orpheline et ne pouvait pas compter sur une famille du côté de Ward… Parce que, que je sache, il n’avait plus rien non plus.

-Bien sûr que je serais là pour elle. Je l’aiderais dans la mesure de mon possible.

Je le faisais déjà en gardant sa fille en sécurité à des milliers de kilomètres de Los Angeles…

Tiff pensait que le mieux était de téléphoner à Sky et ainsi essayer d’en apprendre plus sur ses intentions. Ce n’était pas une mauvaise idée surtout que je n’avais rien n’à perdre. En tout cas, ça me permettra peut-être d’avoir un date pour quand elle sortira du centre et savoir, ainsi, plus ou moins que je pourrais lui rendre Heaven. Ça permettra à Guillermo de moins m’en vouloir. Car c’était un fait qu’il m’en voulait d’avoir amené Heaven.

Tiff disait que la présence de la gamine n’était pas ce qu’elle rêvait mais elle savait s’y faire contrairement à Guillermo. Mais elle était sûr que ça lui passera. Je fis la moue.

-Peut-être que de savoir quand Heaven va partir le calmera un peu. J’espère. Parce que, sur moi, il râle beaucoup.

Restait à rendre Heaven moins Fleming mais je doutais que ça soit si simple. J’avais vu le petit Grant et, maintenant, je voyais Heaven et dans les deux je pouvais y retrouver Ward. C’était tout les deux des enfants qui souriaient peu… Il faut dire que ça ne donne pas envie de sourire que d’être l’enfant de Ward Fleming, je suppose.

Je rigolai quand Tiff proposa que je me fasse mal pour la faire rigoler.

-Le pire c’est que ça risque de fonctionner…

En tout cas, ce n’est pas le rire de Tiff qui allait faire sourire Heaven. La preuve avec cet énième regard noir qu’elle envoya à ma femme.

-En tout cas, heureusement qu’elle n’a pas des mitrailleuses à la place des yeux. Sinon, je crois que, sauf Ivar, on serait tous morts.

C’était un fait.

Et Tiff poussa pour que j’appelle Sky et que je lui demande ce qu’Heaven aimait en dehors d’Ivar, de rouler en voiture et de son poulpe en peluche. Je rigolai à la remarque de Tiff.

-D’accord. Je vais faire ça. Enfin quand il sera un peu plus tard histoire que je téléphone quand il sera une heure décente à L.A..

Je me penchai alors pour embrasser Tiff sous les petits cris de protestations d’Heaven. Des cris qui ne réveillèrent même pas Yoric qui dormait paisiblement. Je le fixa.

-J’aimerais redevenir un bébé parfois, quand je le vois.

Je souris avant de me lever, Heaven dans mes bras.

-On va un peu dehors ? Il faut beau. Il faut en profiter. Demain, il va pleuvoir.

Comme souvent un Irlande.

@ Billy Lighter

Finan et moi étions du même avis concernant Heaven. Elle était avec nous pour un bon moment puisque Sky avait un gros travail à faire pour se reconstruire une vie. Il nous faudrait donc user de notre patience, de moins de ce qu’il nous en restait et prendre les prochaines semaines, un jour à la fois. Qui plus est, quand Sky serait prête à sortir du centre et que nous serions de retour à Los Angeles, il faudrait forcément que mon mari demeure présent pour la jeune femme qui n’avait pour ainsi dire, plus rien.

- Tu es un homme extraordinaire et généreux, nounours ! Est-ce qu’on te l’a dit, dernièrement ?

Généreux, il l’était et même trop. Ça l’avait mené à prendre de mauvaises décisions dernièrement ce qui avait créer un froid entre nous deux. Malgré tout, je ne restais jamais en colère très longtemps, ça, Finan le savait et c’était bien sa chance.

Je suggérais à Finan de passer un coup de fil à Sky et tenter d’en savoir plus sur ses intentions, question de nous fixer nous aussi. Je ne voulais pas qu’elle pense que nous ne voulions plus garder sa fille, ce n’était pas le cas bien que la cohabitation avec la petite était loin d’être simple. Je croyais surtout que de savoir une approximation d’une date de retour aiderait Guillermo à tolérer Heaven.

- Il râle sur tout parce que tu es celui par qui Heaven est arrivé parmi nous. Mais je crois qu’il râle aussi sur moi parce que je te soutiens là-dedans mais il ne le montre pas parce qu’il doit se dire qu’après l’accouchement, je n’ai pas la force d’argumenter avec lui.

Nous n’étions pas les seuls qui allaient devoir s’habituer à Heaven. Cette dernière allait devoir aussi accepter qu’elle était prise avec nous pour un certains temps et, en attendant, nous allions devoir trouver comment la rendre un peu  moins Fleming. Ce n’était pas une démarche simple mais en cherchant un petit peu, nous allions certainement trouver quelque chose qui fonctionnerait. Finan interrogea le bébé en la tournant vers lui et je lui suggérais de se faire mal, ça fonctionnait toujours dans les films !

- Je sais ! Je veux voir ça en tous les cas, si tu essais !

Mon rire m’octroya un regard noir de la part d’Heaven et, comme le disait Finan, heureusement qu’elle n’avait pas de mitraillette dans les pupilles !

- C’est fou quand même de voir combien même à cet âge, elle peut nous faire craindre, d’un seul regard, qu’elle ne nous saute au visage ! Ça doit lui venir de son père !

Ça ne pouvait pas faire autrement !

Finan devait vraiment passer ce coup de fil à Sky, ne serait-ce que pour nous fixer et tant qu’à faire, pour en savoir un petit peu plus sur sa fille et comment la faire rire, entre autres chose car mis à part sa peluche en forme de pulpe, elle ne semblait vraiment pas tenir à grand-chose.

Finan se pencha vers moi pour m’embrasser ce qui fit se lamenter Heaven qui poussa des cris stridents qui ne firent même pas sourciller Yoric qui dormait profondément. Finan disait, en voyant cela, qu’il aimerait bien redevenir un bébé, lui aussi !

- Moi aussi ! Yoric ne se réveil pas malgré des bruits autour de lui ! Ça doit être parce qu’on l’a habitué au bruit pendant ma grossesse en passant tout ce temps en studio.

Nous avions pratiqué plusieurs de nos pièces pendant ma grossesse et on disait que le bébé, dans le ventre de sa mère, se familiarisait avec les sons rapidement, dont la voix de son père. Yoric était habitué aux bruits t ne s’en formalisait pas plus que ça et c’était une chance vu les pleurs répétés d’Heaven la nuit !

Finan me proposa de profiter du jardin pendant qu’il ne pleuvait pas. Je me levais en tenais tout contre moi Yoric et je le couvris de sa petite couverture pour ne pas l’exposer trop aux rayons du soleil. Peut-être que bientôt, ce serait notre quotidien, si nous trouvions la maison de nos rêves ici !

@ Billy Lighter