Savannah Prescott…

Ce matin, moi, j’avais relus trois fois le L.A.People. que j’avais acheté et qui était dans ma chambre. Jordan me permettait d’aller acheter le pain seul pas loin de chez moi et j’avais acheté le L.A.People parce que ça parlait de Savannah Prescott et qu’elle était dans The Burning Fire que j’aimais bien.

Mais en revenant chez moi et en le lisant dans ma chambre, j’avais vu que c’était pas une interview de Savannah Prescott mais de mon père…

J’avais tout lu… Moi, je savais vraiment pas que Savannah c’était la cousine de mon père. Moi, je suis fan de The Burning Fire. Mon père le sait… Pourquoi il m’a pas dit ? Peut-être à cause de ce que je lisais qui me fait trop grimacé. Moi, je comprenais tout… Et moi, je savais pas que Savannah était comme ça.

J’avais refermé le L.A.People. Mon père avait parlé de Sky. Mais il avait rien dit sur moi. Il en voulait pas à Sky. Il disait que Sky avait besoin d’aide. Moi, je savais qu’elle était dans un centre. Mais mon père avait quand même pas parlé de moi.

Pourquoi ?

Je grommelai. C’était Amon qui avait écrit l’article et j’allais aller voir Amon tantôt parce que j’allais à la boxe. Lui, il sait que Ward est mon père. Alors pourquoi il m’a pas dit qu’il allait le voir ?

Je sais pas.

Je devais savoir.

Je dis rien à Jordan pour l’article. Il savait même pas que j’avais acheté le L.A.People que j’avais caché dans ma chambre. Et quand il me déposa à la salle de sport, je me dirigeai directement vers les vestiaires pour me changer avant de saluer Amon d’un :

-‘Lu.

Neutre. Tout ça avant de commencer mes tours de salle. Il y avait quelques gens, ici, dont des enfants qui s’entrainaient. Tous des loosers. Je les avais déjà tous battu sauf un que je connaissais pas. Moi, je pense que c’est un nouveau.

Moi, je le battrais aussi.

Quand j’eus finis mes tours. Je commençai à frapper sans rien dire à Amon. D’habitude, je parlais un peu plus. Mais là, j’étais concentré.

Jusqu’à-ce que j’arrête complètement de frapper pour lever les yeux vers Amon.

-Toi, tu es allé voir mon père en prison… Toi, tu m’as pas dit que tu allais le voir. Pourquoi tu m’as rien dit ? Puis, pourquoi tu as tout écrit au lieu de me dire qu’à moi que Savannah Prescott est de ma famille ?

Je plissai du nez.

-Moi, je savais pas qu’elle était folle… Moi, je croyais qu’elle faisait que de la basse.

Oui. Qu’elle en faisait tout le temps. Comme Howard Stone devrait faire tout le temps de la batterie.

Moi, je savais pas ce que je devais comprendre de l’article.

@ Billy Lighter

Le dernier numéro de L.A. People se vendait comme des petits pains. Les gens aimaient l’odeur du sang et du scandale. Est-ce que je ressentais de la satisfaction à avoir encore tapé juste ? Parce qu’interroger Ward plutôt que Savannah elle-même, qui ne m’aurait rien donné, avait été un coup de génie ! J’avais mixé scandale et fascination pour un criminel qui faisait déjà tourner la tête de toutes les femmes de L.A. alors même qu’il avait été incarcéré, à la base pour violence conjugale.

Donc, satisfaction ou non ?

Professionnellement, oui. Humainement… Heu… Non, pas du tout…

Ces dernières années, j’avais eu l’impression d’avoir plus de compassion, de passer des choses sous silence pour le bien de certaines personnes.

Là, je retombais dans mes vieux travers et je n’arrivais pas à déterminer si j’aimais ça ou non.

Etre impitoyable était grisant.

Mais aujourd’hui, j’allais entraîner Grant, le fils de Fleming. Je ne savais pas s’il aurait lu l’article alors je en pensai pas à des phrases toute faite pour lui répondre. On verrait sur place.

Ward avait dit qu’il aimait ses enfants… Et j’avais passé ça sous silence… Parce que je savais que le petit était bien mieux avec son tuteur qu’avec son père. J’étais un salopard, j’avais ma propre vision du bien et du mal et elle était sacrément tronquée.

Mais je savais que Ward avait une mauvaise influence sur Grant. J’avais pu le voir rien que dans sa façon de boxer quand il avait été brièvement sous la tutelle de son véritable père.

Et si Ward avait été sincère ? S’il aimait vraiment ses enfants ? A sa façon un peu dégénérée à lui, évidemment…

Est-ce que Grant ne méritait pas de le savoir ?

J’étais dans le vestiaire en train de me changer alors que je réfléchissais à tout ça. Il n’y avait pas grand monde aujourd’hui et je sursautai au salut de Grant. Je posai ma main sur mon cœur. T’as pas l’esprit tranquille, Amon ?

-Putain ! Tu m’as fait peur ! Salut, Grant !

Il ne dit rien de plus. Se changea et on sortit dans la salle… Je fis moi aussi des tours de salle en courant puis on choisit un sac de frappe, sans même se parler. On était rôdés.

Puis soudain, il s’arrêta de frapper… Et les questions fusèrent. Je restai un instant interdit…

-Je suis allé le voir sur un coup de tête… Après avoir reçu un message étrange. De toute façon, il a interdiction de vous voir, toi et ta petite sœur… Donc je n’aurais pas pu te prendre avec moi. Et Jordan aurait pas voulu, de toute façon.

Il se demandait aussi pourquoi j’avais écrit l’article plutôt que de lui dire personnellement que Savannah Prescott était de sa famille…

-Je ne m’attendais pas non plus à ce qu’elle soit pas une personne fréquentable… Au départ, je pensais faire un article qui te prouverait qu’il n’y a pas que des criminels dans ta famille.

Je soupirai.

-Malheureusement, Prescott n’est pas l’exemple que j’espérais qu’elle soit.

@ Billy Lighter

J’avais fait peur à Amon en arrivant. Moi, je comprenais pas pourquoi. Il savait que j’allais arriver tôt ou tard. Puis, de quoi il pourrait bien avoir peur ? On est dans une salle de sport. Personne va le tuer ici.

Je ne dis rien de plus et je commençai à taper sur le sac. Moi, je dis rien. Je rassemblait mes idées. Parce que j’avais des questions pour Amon. Il avait été voir mon père et je voulais savoir pourquoi il me l’avait pas dit avant qu’il allait le voir mais, aussi, pourquoi il avait dit à tout le monde pour Savannah et pas juste à moi. Moi, je ne comprenais rien à ça.

Et les questions sortirent d’un coup après que j’ai frapper quelques fois sur le sac. Amon disait qu’il était allé voir mon père sur un coup de tête mais que, de toute façon, Jordan aurait pas voulu que j’y aille. Je plissai des yeux regardant Amon.

-Non. Mais moi, j’aurais pu te donner des questions pour mon père et toi, tu aurais pu me dire les réponses. Moi, il y a plein de choses que je veux savoir.

S’il avait bien fait mal à Sky. Combien de temps il allait être en prison. Si j’allais vivre chez Jordan pour toujours. S’il en avait encore quelque chose à faire de moi. Parce qu’il avait pas parlé de moi dans l’article alors peut-être qu’il m’avait oublié. Je voulais savoir.

-Et puis, c’est pas juste que je peux pas le voir. Moi, je comprends pas pourquoi on me donne jamais le choix.

Jamais jamais. Et j’aimais pas ça DU TOUT !

Moi, je disais que je m’attendais pas à ce que Savannah soit folle mais Amon non plus. Il pensait qu’elle était pas folle et que, du coup, moi, j’aurais des gens pas fous dans ma famille. J’haussai des épaules.

-Mon père est innocent.

Il ne l’est pas. Moi, je sais qu’il a une « entreprise » à South L.A. et qu’il est contre Reed. Moi, je sais tout ça et je sais que c’est mal.

-Mon grand-père est un méchant, ça je le sais et Savannah est folle. Moi, je m’en fiche, en fait.

J’avais pas besoin d’exemple. Moi, je ne suis que moi.

-Mais moi, maintenant que je sais ça, peut-être que j’aurais des places pour The Burning Fire gratuite pour toujours. J’aurais qu’à demander à Savannah vu qu’elle est de ma famille. Moi, j’irais la voir et lui demander des places. Et je lui dirais de faire un album au lieu de prendre de la drogue.

Oui. C’est mieux. Je veux un album.

Je parlais calmement. Moi, j’essayais juste de comprendre tout.

Je fixai Amon droit dans les yeux.

-Mon père… Il a parlé de moi ?

Oui. Je voulais savoir.

@ Billy Lighter

Après un long moment de silence, Grant s’était arrêté de frapper sur le sac… Et là… Toutes les questions étaient tombées ou, tout du moins, celle qu’il avait pour le moment. J’avais dit à Ward que j’avais fait l’article en partie pour son fils. Et puis, finalement, mon instinct de journaliste people avait repris le dessus quand j’avais vu la merde que je déterrais…

Et j’en avais complètement oublié Grant. Maintenant, fallait que j’assume.

Il me regarda dans les yeux en fronçant les sourcils. Il avait bien conscience qu’il n’aurait pas pu venir voir son père avec moi… Mais il aurait voulu lui transmettre des questions.

-Je suis désolé, Grant… Je n’y ai pas pensé… Mais tu sais… Je pense que ce n’est pas bon d’avoir des contacts avec Ward… Même à distance… C’est un manipulateur.

Et il avait clairement déjà manipulé son fils qui voulait absolument le voir, lui parler, lui poser des questions.

Grant pesta qu’on ne lui laissait jamais le choix… Qu’il ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait pas voir son père.

Je frappai un coup distrait sur le sac.

-Comme je t’ai dit… Ward est toxique et dangereux.

Il répliqua du tac au tac que son père était innocent.

Et je répondis tout aussi vite.

-Non, il ne l’est pas.

Je soupirai et me mis à la hauteur de Grant.

-Je connais ton père depuis que je boxe ici… Je sais qu’il est capable de tuer. Je sais aussi qu’il a eu plus que des liens étranges avec les gangs de l’Eastside et de South L.A. et c’était sûrement pas seulement pour jouer au Monopoly avec eux.

Il savait que son grand-père était un taré… Maintenant, il savait que Prescott, sans être dangereuse, ne valait pas beaucoup mieux. Mais le petit ne perdait pas le nord. Il y voyait là une occasion d’avoir des places pour les prochains concerts de The Burning Fire.

Je me détendis un peu et souris.

-Ça ne coûte rien d’essayer… Mais j’ignore si elle connait ton existence.

Je cru la conversation close quand les yeux noirs de Grant se fixèrent dans les miens. Il voulait savoir si son père avait parlé de lui.

-Il a dit qu’il aimait ses enfants… Mais tu sais, avec Ward, on est jamais sûr s’il est sincère ou non… Mais bon… Voilà… Il l’a dit… Je vais pas te mentir.

@ Billy Lighter

Moi, je dis à Amon qu’il aurait dû me le dire comme ça j’aurais demandé à ce qu’il passe des messages à mon père. Il disait qu’il y avait pas pensé ce qui augmenta mon air fâché. Et il dit que, de toute façon, c’était pas bon pour moi d’avoir des contacts avec mon père.

-Moi, je pense pas que c’est toi qui doit me dire ce qui est bien pour moi. Moi, je le sais. Je suis grand.

Mais les gens, ils choisissaient toujours pour moi et je n’aimais pas ça DU TOUT. Les juges, Jordan et maintenant Amon… Tous, ils voulaient décider pour moi. Je voulais voir mon père mais je ne pouvais pas. Je voulais aller au parc mais je ne pouvais pas. Je ne peux rien faire !

Mais à tout ça Amon disait que Ward était toxique et dangereux.

-Moi, j’ai vécu avec lui et je ne crois pas. Moi, je pense que tu le connais pas.

Et je déclarai que mon père est innocent. Moi, je savais que c’était faux mais je m’en fichais de ce qu’il faisait. Ce qui me contrariait c’était qu’il avait fait mal à Sky. Ça moi, je devais lui dire que j’aimais pas ça et que s’il le faisait encore, moi, je le frapperais.

Mais Amon clama que mon père était pas innocent. Je roulai des yeux.

-M’en fiche…

Il se mit alors à ma hauteur et dit qu’il connaissait mon père ici, de la boxe. Il disait que mon père était capable de tuer. Oui. Sans doute. Il savait aussi que mon père avait des liens avec les gangs. Oui. Je le sais. Il me l’a dit.

-M’en fiche. Moi, lui, il me ment jamais et je peux aller au parc et m’entrainer avec lui.

Et je savais que mon grand-père était un méchant. Mais je vis pas avec lui. Moi, je l’ai même jamais vu. Et Savannah, elle était folle mais je crois que maintenant, grâce à notre lien, je pourrais avoir des places de concert gratuites. Amon était d’accord avec ça.

-Moi si je lui dis que j’existe elle pourra plus ignorer.

Non. Elle pourra plus.

Puis, je fixai Amon lui demandant si mon père avait parlé de moi. Parce que, dans l’interview, il parlait de Sky et pas de moi.

Mais en vrai, il avait parlé de moi. Il avait dit qu’il m’aimait. Je restai un moment à regarder Amon penchant la tête sur le côté. A moi, il m’avait jamais dit ça… Il avait jamais dit qu’il m’aimait. Moi, je savais pas trop si c’était vrai ou s’il avait menti à Amon.

-Oh…

Je tiquai. J’étais surpris.

-C’est bien… Si c’est vrai c’est bien…

Mais je m’y attendais pas.

-J’espère qu’il va sortir… J’aime bien Jordan mais, moi, je peux rien faire quand je suis chez lui. Puis, mon père, il dit jamais « Grant, tu peux pas faire ça, c’est mal » ou des trucs comme ça. Moi, je sais ce qui est mal ou non. Moi, si je fais mal à quelqu’un c’est qu’il est méchant. Voilà. Mon père il comprends ça. Pas Jordan.

Je fixai Amon.

-Moi, j’aimerais savoir s’il va sortir.

Amon est journaliste, non ? Moi, je crois qu’il peut savoir.

@ Billy Lighter

On avait arrêté de frapper sur le sac. Grant avait besoin de parler, de poser des questions. Et je voulais bien y répondre. Je pensais qu’il avait le droit de savoir le peu que je savais sur son père. Mais quand je lui dis que son père était pas forcément la meilleure des influences, il se braqua  en disant que c’était pas à moi de lui dire ce qui était bon pour lui. Qu’il était capable de décider tout seul.

-Peut-être… mais je suis ton ami… ou en tout cas, je te parle en tant qu’ami… Je te donne mon point de vue et celui-ci est que Ward Fleming n’est pas quelqu’un de bien.

Je haussai les épaules.

-Après, tu en fais ce que tu veux. Je ne suis pas ton père, ni ton tuteur. Juste ton ami.

Je soulignai quand même que Ward était toxique et dangereux mais Grant affirma avoir vécu avec lui et pensais que je ne le connaissais pas.

-Ou alors, je connais son vrai visage… Parce qu’avec moi, il n’a pas à jouer les pères de famille, ni les maris… Ici, à la salle de sport, il peut être lui-même…

Et le vrai Ward n’était vraiment pas quelqu’un de bien, ni de recommandable, encore moins de fréquentable. C’était un manipulateur, un menteur compulsif et une vraie teigne sur le ring.

Quand Grant dit que son père était innocent, je me gênai pas pour le contredire. Mais il s’en fichait.

Il s’en fichait parce qu’apparemment, Ward le laissait tout faire, ne lui mettant aucune limite, là où Jordan lui en mettait peut-être un peu trop parce qu’en tant que policier, il voyait tellement de malheurs sur une journée qu’il surprotégeait le garçon.

-Je suis sûr que Jordan te laisse aussi faire des trucs… Tu peux venir ici, pas vrai ? Et il ne te conduit pas toujours. Tu prends le bus et tout. Puis il y a ton travail à la tour qu’il te laisse faire.

Enfin bref… Avec tout ça, l’enfant ne perdait pas le nord quand même. Il pensait qu’étant affilié à Savannah, il pourrait obtenir des places pour aller voir son groupe préféré… Mais je doutais que la bassiste croit comme ça, sur parole, que Grant était de sa famille…

-Au pire, si ça marche pas avec Savannah, je pourrais essayer d’avoir des places via ma rédaction. On se fera un de leur concert ensemble et tu pourras voir le spectacle depuis la tribune de la presse.

Quand Grant demanda si Ward avait parlé de lui, je ne me sentis pas le courage… A moins que ce soit le retour brutal de mon humanité… de passer sous silence ce que son père m’avait dit… Je ne savais pas si c’était vrai. Ça pris Grant de court… Il perdit toute cette arrogance qui le caractérisait pour quelques secondes. Mais apparemment, lui non plus ne savais pas si c’était vrai ou pas. Mais il disait que si c’était vrai, c’était bien.

Je hochai la tête.

-Ouais, si c’est vrai, c’est bien. J’espère que c’est vrai.

Toujours sous le choc de cette révélation, Grant se livra un peu à moi. Il avait l’espoir que son père s’en sorte parce que son père, disait-il, comprenait des choses que Jordan ne comprenait pas. Je posai ma main sur l’épaule de Grant. Le petit dit alors qu’il voulait savoir si Ward allait sortir.

-Ecoute, Grant… Il faut que tu saches que ton père sait très bien ce qui est bien et ce qui est mal. Mais qu’il aime faire mal aux gens juste pour le plaisir, ce qui n’est pas le cas de Jordan.

Je pinçai les lèvres.

-Je ne sais pas si ton père va sortir. Les accusations portées contre lui sont très grave. Il n’a pas fait du mal qu’à Sky, tu comprends ? Il a fait du mal à beaucoup de gens.

Je soupirai.

-Je ne peux rien de promettre. Mais j’espère que s’il sort de prison, son petit séjour là-bas lui aura servi de leçon.

@ Billy Lighter

Amon il disait qu’il était mon ami et que son point de vue était que Ward n’était pas quelqu’un de bien. Je roulai des yeux. Moi, je peux aller travailler pour Jimmy Reed mais je peux pas voir mon père alors que je sais que les deux font la même chose. Moi, je comprends pas les gens…

J’haussai, donc, les épaules ne répondant rien à ça. Vu que, de toute façon, Amon, il disait que je devais faire ce que je veux.

-Ami. Ok.

J’en avais deux comme ça. Sofia et lui. Ok.

Mais Amon continuait quand même à taper sur mon père. Mais il vivait pas avec lui alors il en savait rien. Il disait qu’il connaissait son vrai visage parce qu'il jouait pas les pères de famille avec lui. Je levai un sourcil à ça. Moi aussi Guillermo et tout pensaient que j’étais méchant… Mais pas Sofia. Moi je suis gentil avec Sofia parce qu’elle est gentille avec moi et j’emmerde les autres parce qu’il ne sont pas gentils ou qu’ils me contrarient.

-Moi, je pense que les gens ont plusieurs visages. C’est comme ça. Moi Sofia pense que je suis gentil. Dylan pense que je suis méchant. Moi, je suis gentil avec Sofia et pas gentil avec Dylan mais ça, c’est rien qu’à cause d’eux.

Oui. Voilà. Si Amon emmerdait mon père normal que mon père soit méchant avec lui.

Moi, je disais qu’avec mon père j’étais plus libre qu’avec Jordan. J’ai 10 ans. Je sais me débrouiller dans la rue. Je sais prendre le bus tout seul. Je connais mieux le bus que Jordan. Mais il veut pas que j’aille au parce tout seul, par exemple. J’aime le parc. Mais Amon défendait Jordan disant que je pouvais venir ici et que je pouvais faire mon travail chez BSC. Je roulai des yeux.

-Ouais. Mais je peux pas aller au parc… Pourquoi ? Parce que Jordan a peur. Moi, j’aime pas ça. Moi, j’ai prouvé que je pouvais me débrouiller seul mais il veut pas que je m’amuse dans le parc seul ou ailleurs à L.A.. Moi, je vois que ici ou la tour BSC ou l’école quand je suis pas viré.

Mon père, il me faisait confiance. Jordan beaucoup moins.

Je revins sur Savannah et je dis que comme on était de la même famille, je pourrais avoir des places pour The Burning Fire. Mais Amon disait qu’il pourrait aussi en avoir par sa rédaction.

-Ok. Je veux bien. Je dirais à Savannah de faire des concerts. Ou à Howard. Moi, je le connais aussi.

Puis, après, je demandai à Amon si mon père avait parlé de moi. Et j’appris qu’il avait dit à Amon qu’il m’aimait.

Je restai interdit quelques secondes…

Moi, je m’y attendais pas.

Moi, j’étais étonné mais je dis que si c’était vrai, c’était bien. Amon confirma.

-Oui.

Du coup, je voulais un peu plus qu’il sorte de prison. Mon père, il me comprenait là où Jordan disait que je devais pas faire certaines choses. Amon disait que mon père savait très bien ce qui était mal ou bien. Oui. Moi aussi. Mais je tiquai quand il disait qu’il faisait mal aux gens pour le plaisir.

-Moi, j’ai pas vu ça. Il m’a fait mal une fois mais parce que j’avais fait un truc qu’il fallait pas.

Et il avait pas rigolé. Et moi non plus.

Mais je me rappelais alors la sensation quand j’avais poussé Dylan dans l’escalier. Ou le moment où j’avais mis le feu chez Jimmy. Mes lèvres se pincèrent.

Mais je ne dis rien.

Amon savait pas si mon père allait sortir parce que les accusation étaient très graves. J’hochai de la tête.

-Proxénétisme… Je sais pas ce que c’est… Et associations de malfaiteur. Parce que la police pense que c’est El Lider.

Moi, j’avais retenu ça. Mais je savais pas combien de temps on allait en prison pour ça.

-Moi, je croyais qu’on allait longtemps en prison quand on tuait des gens.

Il est pas marqué que mon père a tué des gens.

Amon espérait que si mon père sortait de prison, ça lui aura servi de leçon.

-Moi, s’il sort, je veux juste qu’il ne fasse pas mal à Sky. Le reste, je veux que ça soit comme avant.

Oui. Comme avant.

@ Billy Lighter

Je souris quand Grant ne rejeta pas le fait que je pouvais être son ami. Je savais qu’il n’en avait pas beaucoup, voire pas du tout. Il y avait bien cette Sofia, mais alors pourquoi elle ne venait jamais jouer chez Grant ? C’était un mystère qui m’échappait.

J’essayais malgré tout de lui prouver que son père n’était pas vraiment ce qu’on appelle « quelqu’un de bien ». Je lui expliquais que son père pouvait se montrer gentil uniquement par intérêt, pour le paraître mais alors, Grant eut une réflexion plus que mature pour un garçon de 10 ans…

Les gens avaient plusieurs visages, disait-il.

Je ne pouvais qu’abonder dans son sens.

-Tu as raison… J’ai moi aussi plusieurs visages… Les stars me détestent parce que je dévoile leurs secrets… Mais Sonne, mon amie, m’aime beaucoup, comme Sofia t’aime certainement beaucoup. Donc ouais, je comprends ce que tu veux dire.

Ce qui manquait surtout à Grant, c’était sa liberté bien plus que l’amour paternel. Son père le laissait aller où il voulait, ce qui n’était pas le cas de Jordan.

-Je sais que tu as soif de liberté. Mais tu n’as que 10 ans. Je suis sûr que dans deux ans, Jordan te laissera aller dessiner au parc ou faire du BMX au Skate Park.

Je soupirai.

-Peut-être même avant ça, si ton père ne sort pas de prison. Jordan aura moins peur qu’il te mette la main dessus.

Pour passer à quelque chose de plus léger, on parla de places pour The Burning Fire et Grant me fit rire quand il déclara qu’il pousserait les membres du groupe à faire des concerts.

Mais bien vite, Grant revint sur son père et je lui avouai qu’il avait dit qu’il l’aimait. J’essayai encore de lui expliquer que Ward était un psychopathe qui faisait mal pour le plaisir… Mais comme Fleming ne lui avait pas montré cette facette-là, il avait du mal à y croire, même si Ward avait déjà levé la main sur lui. Mais apparemment Grant estimait que c’était une punition méritée.

Et comme je ne savais pas ce qu’il s’était passé, je ne pouvais pas juger. Il me demanda alors combien de temps son père allait rester en prison. J’en savais rien. Mais apparemment, le petit connaissait les chefs d’accusation… En même temps, ils étaient un peu partout dans la presse.

-Proxénétisme, c’est quand on fait travailler des filles dans le domaine du sexe. Elles ne gagnent presque rien, mais le proxénète, lui, s’en met plein les poches.

Sans compter qu’elles étaient souvent battues, soit par le proxénète, soit par les clients et qu’elles travaillaient dans des conditions insalubres.

Grant déclara alors qu’il pensait qu’on allait longtemps en prison que quand on tuait des gens… Je pinçai les lèvres.

-Quand on cumule plusieurs mauvais faits aussi… Parce que les peines s’additionnent.

Il espérait que son père allait sortir et que tout allait redevenir comme avant.

-Je l’espère pour toi. Allez, frappe.

@ Billy Lighter

Moi, je pensais pas que mon père était juste mauvais parce que des gens le pensaient. A la maison, il n’était pas mauvais. Pas que j’avais vu. Moi, je disais que les gens avaient plusieurs visages. Moi aussi des gens me trouvaient méchant. Mais je suis pas méchant.

Amon disait que j’avais raison. J’hochai de la tête. Oui, j’avais raison. Lui aussi avait plusieurs visages. Il y avait des gens qui ne l’aimaient pas aussi et d’autres qui l’aimaient bien comme Sonne… Moi, je connaissais Sonne et je l’aimais pas mais Amon l’aimait bien donc… Voilà.

-Oui. Tout le monde a ça.

Mon père, moi, Amon, Sonne… Tout le monde.

Mais moi, je regrettais que mon père soit en prison parce que, quand je vivais chez lui, je pouvais faire plus de choses que je n’en faisais chez Jordan. Je pouvais me promener où je voulais sauf dans l’Eastside. Maintenant, je ne peux plus RIEN faire. Amon disait que si mon père ne sortait pas de prison, Jordan aurait moins peur… Il pensait même que Jordan me laissera, dans deux ans, faire plus de choses. Je roulai des yeux.

-Dans deux ans ? Plein de gens, à mon âge, se promène tout seul ! Moi, je suis assez grand. Puis, je vois pas pourquoi Jordan a peur que mon père me trouve. Moi, j’ai vécu chez mon père et je ne suis pas mort.

Oui. Jordan veut juste pas que je fasse se que je veux parce qu’il a pas confiance en moi, c’est tout ! Rien de plus !

On parla un peu de The Burning Fire avant de revenir à mon père. Moi, j’appris que mon père avait dit qu’il m’aimait ce qui m’avait surpris parce qu’il ne me l’avait jamais dit à moi. Ce qui m’ennuyait c’est que personne savait quand il allait sortir. Moi, je savais les charges mais je les comprenais pas toutes. Amon m’explique le proxénétisme. Je plissai des yeux.

-Oui. J’ai vu ça dans des films.

Je comprenais maintenant. Même si j’avais un tas de questions là-dessus, je ne les posai pas parce que j’avais aussi envie de boxer.

Moi, je dis à Amon que je pensais qu’on allait en prison longtemps que quand on tuait mais c’était aussi le cas quand on faisait plusieurs petites choses.

-Comme à l’école…

Ouais… La vie c’est comme l’école : injuste.

Moi, je finis par dire que je voulais que tout redevienne comme avant et Amon l’espérait aussi.

J’hochai de la tête avant de reprendre l’entrainement.

@ Billy Lighter