Mon plan était dans ma tête. J’devais faire payer à Amon. J’devais lui faire comprendre à quel point ce qu’il avait fait m’avait rendu à la fois triste et en colère. J’voulais qu’il comprenne à quel point notre amitié était foutue à cause de lui.

J’pourrais plus jamais lui faire confiance. JAMAIS !

J’avais un plan, donc… Mais j’avais bu. Beaucoup bu. Beaucoup trop bu. Du coup, alors que j’pris ma voiture direction le loft d’Amon et bien, mon plan devenait de plus en plus flou dans ma tête.

En fait, tout devenait flou. Peyton… David… Kenzie… River… Ward… Jimmy… Livia… Livia… Livia… J’secouai la tête. Ma conversation avec Livia ne sortait pas de ma tête. Chaque fois que j’y pensais mon cœur battait plus vite. Ce qu’elle avait dit… Ça me révoltait mais j’arrivais pas à me sortir de la tête qu’elle avait sans doute autant besoin d’aide que moi.

J’l’avais vu se faire parasité par Ward… J’voulais pas la voir se faire parasité par son père.

J’pensais à ça mais aussi à Savannah que j’avais pas encore revenu depuis l’article. Un article qui avait fait place à un autre pas plus tard que ce matin. Celui où elle révélait être atteinte du SIDA. Elle l’avait dit à Amon et j’avais failli gerber en le lisant… Y’avait aucune compassion dans ses mots. Comme s’il avait jeté sa foutue âme à la poubelle.

Quel enfoiré !

Mon esprit vagabondait si bien que j’vis pas que j’roulais parfois un peu trop à droite et que mon rétroviseur finit par entrer en collision avec un autre rétroviseur et que les deux furent arrachés… Tout ce que j’vis c’est que j’étais arrivé devant l’immeuble d’Amon. Il faisait nuit… Il était… Heu… 1h du mat’, j’crois.

J’sortis d’un pas décidé de ma voiture flingue à la main. Maintenant, où que j’aille, j’prenais mon flingue. Mais là, c’est en main que j’avais et j’finis par me diriger vers l’escalier de secours. J’grimpai. J’avais bu tellement de vodka que j’remarquai pas que j’avais aucun équilibre et que, chaque seconde, j’risquais de tomber.

Mais j’finis par arriver devant l’une des fenêtres du loft d’Amon… J’avais pris un caillou au passage et sans hésiter, j’le lançai avec force sur la fenêtre qui se brisa. Ça fit un bruit de malade et j’entrai dans le loft laborieusement avant de lancer à Amon qui devait avoir tout entendu vu que c’était un loft.

-Réveille-toi le traitre ! Faut qu’on parle.

Ma voix était pâteuse mais ne manquait pas de force et j’écartais les bras mon flingue à la main.

@ Billy Lighter

Je rêvais de Sonne… De son corps magnifique, de ses seins lourds et délicieux. Il fallait que je la revoie. Le rêve était un signe. Je dormais comme un bébé… Savannah Prescott ? Je l’avais déjà oubliée, tout comme Ward qui allait moisir en prison jusqu’à la fin des temps. J’avais fait mon job, maintenant je passais déjà à autre chose : à Sonne… Et au prochain scandale que j’allais dénicher.

J’avais reçu une prime sacrément conséquente pour mes deux derniers articles. J’avais empoché l’argent et puis voilà.

Tout en dormant, je me retournai lascivement dans mon lit. Il n’y avait pas de bruit dans le loft… Mais quand un bruit de carrosserie froissée se fit entendre, je ne me réveillai même pas.

Dans ma tête, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Demain, je contacterais Sonne, et on passerait un peu de bon temps ensemble.

Mais c’était sans compter sur le courroux d’Howard Stone !

Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait.

Je me réveillai en sursaut en entendant un grand bruit de verre brisé. Je m’assis sur mon lit et tendis l’oreille. Quelqu’un entrait dans le loft !

Et je n’avais rien pour me défendre ! Pas de batte de baseball, et pour aller à la cuisine, il fallait que je traverse tout le loft pour y trouver un couteau !

Puis j’entendis la voix pâteuse d’Howard Stone qui me traitait de traître… J’aurais reconnu sa voix et son accent trainant entre mille.

Je me levai de mon lit, en boxer, et allumai la lumière pour découvrir Howard, débraillé, échevelé, les yeux brillants d’alcool et un flingue à la main, se tenant à quelques mètres de moi.

Je tendis les mains devant moi dans un signe d’apaisement.

-Howard ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Lâche ce flingue…

Une forte odeur de vieille vodka commença à emplir le loft. Dans cet état, un coup pouvait partir n’importe où, n’importe comment.

-Tu vas blesser quelqu’un… Mets le pistolet à terre et après, je voudrai bien parler avec toi.

Je ne voyais pas de quoi il voulait parler, mais bon…

-T’es sûr que tu ne t’es pas trompé de maison ? Tu n’es pas chez Jimmy Reed ici…  

@ Billy Lighter

J’étais devant Amon mon flingue à la main. J’voyais pas très clair à cause de l’alcool et parce qu’il faisait sombre dans ce foutu loft. Mais j’étais méga déterminé à faire passer un message à Amon. Celui qu’entre nous c’était complètement fini et c’était sa faute. Ça me faisait méga mal… Parce qu’Amon avait été là pour moi bien des fois… Mais ce qu’il avait fait dernièrement m’avait fait encore plus mal que ça.

Il s’était levé de son lit et l’avait tendu ses bras certainement pour pas que j’tire. Il se demandait ce qu’il se passait et de lâcher mon flingue. J’comptais pas lui tirer dessus. J’suis pas Fleming, hein ! Non. J’voulais simplement lui faire peur. Il le méritait ! Il méritait de pas dormir la nuit ! Il méritait de subir ce qu’il faisait subir à tous les gens sur lesquelles il crachait pour le compte de L.A.People.

Il disait que j’allais blessé quelqu’un et qu’il voulait bien me parlé si j’lâchais mon flingue.

-Non ! J’veux tu crève de trouille, ok ! Tu mérite de crever de trouille. J’lâcherais pas ce foutu flingue.

J’avais levé le ton même si ma voix restait aussi pâteuse que trainante. La terre tournait, j’avais mal partout et j’crevais de chaud. Et quand il déclara que j’m’étais sûrement trompé de maison et que Jimmy Reed n’habitait pas ici, j’le foudroyai du regard.

-J’viens pas voir Jimmy Reed. J’sais très bien faire la différence entre une grosse villa et un p’tit loft de merde, Amon. J’sais faire la différence entre un immense blond et un p’tit blondinet à lunette.

Ouais, l’avait des lunettes le Reed. C’est sûrement ce qui arrive quand on regard trop intensément ses relevés de compte !

-J’viens pour toi ! Toi qui vaut pas mieux que Timmy. Vous allez bien ensemble en fait. Sauf que Timmy, lui, il fait pas semblant d’être mon ami. Il m’utilise mais il l’assume. Toi, tu cesses pas de me poignarder dans le dos. Ok. T’es journaliste people. Que tu parles de mon couple et tout, ça passe. Mais que tu aille interviewer le pire psychopathe de L.A. en sachant ce qu’il m’a fait pour cracher sur ma meilleure amie qui est atteinte du SIDA, c’est vraiment n’en avoir rien à foutre de ce que j’peux ressentir.

J’parlais tout en m’agitant ce qui faisait que mon flingue s’agitait aussi. Mais j’avais pas le doigt sur la détente, alors… Puis, y’avait la sécurité. J’crois…

Les larmes coulaient sur mes joues.

-Tu lui as permis de cracher sur Sav’ et de clamer sa foutue innocence. Tu lui as permis de tacler quelques-unes de ses victimes dont moi. P’tain ! J’dors plus à cause de lui et toi, tu fais en sorte que j’puisse encore moins dormir ! J’TE HAIS !

@ Billy Lighter

Howard était là, dans un état lamentable… et il avait passé le stade du simple énervement depuis longtemps. En plus, il était bourré et avait un flingue en main… Et moi, j’étais juste là, debout face à lui, assez près pour que même plein à mort, il puisse me tirer en pleine tête ou en plein cœur sans difficulté.

Et je me mis à trembler.

Malgré tout, j’essayais de garder contenance et calme.

-Tu as gagné, Howard. Je crève de trouille.

Je ne savais pas pourquoi je méritais ça, mais toujours était-il que j’étais dans une position inédite… J’avais déjà plusieurs fois été menacé de mort, par Lighter entre autres. C’était les affres d’être journaliste people…

Mais personne ne s’était jamais introduit chez moi avec un foutu flingue ! Et encore moins un ami !

Alors je pensais qu’il s’était trompé de baraque. Que c’était à Jimmy Reed qu’il en voulait mais qu’il était trop bourré pour faire la différence. Mais Howard me fit bien comprendre qu’il était exactement là où il désirait être… Et armé.

-Si tu veux parler, je veux bien parler. Mais je veux d’abord que tu poses le flingue à terre.

Puis il cracha toute la haine qu’il avait en lui. Une haine qu’il avait envers moi. Et plus il parlait, plus les larmes lui coulaient le long des joues. Il m’en voulait, en fait, d’avoir été interviewer Ward Felming.

Evidemment, je savais qu’il avait été tabassé par le psychopathe. Et il m’en voulait d’avoir écrit sur sa bassiste.

Il disait que je m’en foutais de ce qu’il pouvait ressentir.

-Ecoute… Ward sortira jamais de là où il est, qu’il clame son innocence ou non… Quant à Savannah…

Je haussai les épaules.

-Ça fait partie du jeu. Je suis un putain d’enfoiré de journaliste people. Elle est une artiste qui en a quand même soi-disant rien à foutre de ce que j’écris, même si elle en a assez à foutre pour m’écrire une lettre comme quoi elle en avait rien à foute.

Ce que, soit dit en passant, j’avais trouvé particulièrement pathétique. T’en as rien à foutre ? Alors dit rien… Là, ça voudra dire que t’en as vraiment rien à foutre. Mais moi, je savais que ça l’avais au moins fait chier.

-Tu peux me haïr… mais réfléchis un peu… Tu es ami avec tout le monde… Si je veux te préserver, alors, je ne peux plus écrire sur personne…

Je soufflai pour essayer d’arrêter de trembler.

-Howard… Pose le flingue. Tu me fais peur. Ce n’est qu’un article et Savannah est assez grande pour encaisser !
Je le regardai dans les yeux.

-C’est toi qui a un problème, Howard.

@ Billy Lighter

Amon disait qu’il crevait de trouille. J’le fixai droit dans les yeux. Il disait que j’avais gagné. Moi, Howard Stone le looser.

-Tant mieux !

Mais j’crois que l’entendre demander pourquoi j’le visais comme ça me fit enrager. C’est comme s’il avait même pas pensé deux secondes du mal qu’il avait pu me faire. L’en avait rien à foutre. J’crois que j’sauterais d’un pont, il penserait d’abord à l’article qu’il va faire avant d’être triste. En fait, j’sais même pas s’il sera triste. J’suis plus sûr de rien avec lui.

Alors quand j’lui dis que j’étais là pour lui et pas pour l’autre enfoiré de Reed, il continua de trembler. J’avais jamais vu Amon trembler. C’était une première. Il voulait que j’pose le flingue. Qu’il voulait bien parler. J’avançai d’un pas.

-Non. J’lâcherais pas le flingue. Continue de crever de trouille.

Après quoi, j’lui expliquai le problème vu qu’il semblait pas se rendre compte qu’il y en avait un. Et plus j’parlais, plus j’chialais. C’était devenu une habitude. Ce qui me tuait c’était qu’Amon savait que j’avais été tabassé par Ward et qu’il avait quand même été interviewer le psychopathe pour s’taper la gloire et les thunes pour l’article. L’avait, au passage, démoli la réputation de Savannah qui, elle, tentait désespérément de survivre.

Amon essayait de se défendre en disant que Ward allait rester en prison quoi qu’il dise. Puis il parla de Savannah disant que ça faisait partie du jeu et qu’elle en avait rien à foutre mais pas tant que ça. J’foudroyai Amon du regard.

-Bien sûr qu’elle en a quelque chose à foutre ! Tu crois qu’on a pas de sentiments ou quoi ? Tout monde n’est pas Jimmy Reed, hein ! Et Ward a beau être en prison, t’es pas obligé de lui donné une foutue tribune pour l’amuser. L’a pas besoin d’être libre pour me faire mal !

Ma voix s’élevait chaque fois que j’parlais. Comme si parler plus fort allait faire changer Amon. Sauf qu’il changera pas. Il disait que j’étais ami avec tout l’monde et qu’il ne pouvait pas épargner tout le monde. Je foudroyai encore du regard.

-J’te demande pas de ne rien dire. J’te demande de réfléchir avant de dire quelque chose ! Que tu parle de mon couple, tu peux le faire. Ça nous passe au-dessus parce que qu’on sait, Peyton et moi, ce qu’il en est ! Mais que tu permette à Fleming de m’atteindre et d’atteindre les gens que j’aime par ton article, ça, c’est méchant !

Donc, ouais, j’le hais !

Et il me demanda encore de poser mon flingue ! Il disait que Savannah allait encaisser. Alors, j’pus pas m’empêcher d’être aussi bas que lui.

-Ouais ! Comme Karen Felberbaum a encaissé, hein !

L’apprenait pas de ses erreurs !

Puis, il disait que c’était moi qui avait un problème. Et c’est moi qui me mit à trembler. De rage, de désespoir, de tout un tas de chose que j’arrivais plus du tout à gérer.

-Ouais ! J’ai quatre problème ! Toi, Jimmy Reed, Ward Fleming et River Moriarty ! Comment tu… Je…

Je craquai… J’me laissai tomber assis au sol ma tête entre mes genoux et mon flingue toujours en main. Je chialai tout en parlant.

-J’croyais juste que t’étais mon pote, bordel… Ce que Fleming m’a fait, j’l’ai dit qu’à quelques personnes… Et… Maintenant, j’sais que tu pourrais utiliser ça contre moi n’importe quand. Parce que t’es qu’un connard, Amon… T’as jamais été mon ami en fait. T’as juste fait semblant.

C’était ça qui me tuait… J’lui avais fait confiance et l’avait fait des confettis de ça.

@ Billy Lighter

Je tremblais. J’avais peur que le coup parte. J’avais entendu dire quelque part que tout ce qu’il fallait pour commettre un meurtre, c’était une bonne raison et une mauvaise journée. ET il me semblait bien qu’Howard avait les deux.

Il ne voulait pas lâcher son arme. Il voulait que je crève de trouille. Ben là, c’était gagné ! J’étais prêt à pisser dans mon froc !

Il était là pour me dire que j’avais fait l’enculé en interviewant Ward Fleming. Que j’avais fait du mal à Savannah. Mais ce que je voyais, moi, c’était que c’était surtout à lui que j’avais fait du mal. Et là, je commençais à m’en vouloir… Lui qui était la nonchalance même, je ne pensais pas pouvoir, par la seule force de ma plume, le blesser à ce point.

Il disait que Savannah en avait quelque chose à foutre et que je n’avais pas à donner une tribune à un criminel comme Ward… Il avait été tabassé par Ward… Et je pensais bien qu’il en restait plus que traumatisé.

Mais ça, je m’en rendais pas compte avant. Pas avant de le voir dans cet état.

-En interrogeant Ward, je n’ai pensé qu’au sensationnel. Et je ne suis pas le seul… Howard ! La presse quotidienne lui donne une foutue tribune chaque jour que Dieu fait… Je ne suis qu’une goutte d’eau dans l’océan.

Je pinçai les lèvres, les mains toujours placées en signe d’apaisement.

-Par contre, je suis désolé si ça t’a fait mal pour Savannah. Mais elle m’a bien fait comprendre dans une lettre qu’elle en avait rien à foutre. C’est elle qui m’a donné l’autorisation d’écrire sur sa maladie.

Je parlais calmement, posément. Du moins, c’était ce que je pensais, mais ma voix tremblait autant que mon corps.

Et je restai un peu interdit quand il continua en disant que je devais réfléchir avant d’écrire. Que je pouvais écrire sur son couple, ça ne le touchait pas.

Mais Ward revint à nouveau sur le tapis. Et ce qui me laissa sur le cul… C’est à la fois l’innocence de l’accusation d’Howard et la puissance qu’elle avait, dans cette seule phrase : « ça, c’est méchant ! ».

Je trouvai juste à rétorquer que Savannah savait encaisser et il me balança Karen Felberbaum à la gueule. Mon cœur se serra de culpabilité… Mais…

-Howard… Le plus proche d’une Karen Felberbaum actuellement, ce n’est pas Savannah.

Je le pointai du doigt.

-C’est toi. Tu vas mal. Et quoi que tu en penses, ce n’est certainement pas seulement à cause de moi.

Il cria à nouveau. Il avait quatre problèmes. Il les cita. Je levai un sourcil.

-River Moriarty ?

Mais avant qu’il ait pu continuer il bafouilla puis s’effondra. Je me jetai sur lui et lui pris le flingue dans sa main molle pour lui retirer le flingue que je fis glisser au sol loin de nous. Puis je pris son visage entre mes mains pour qu’il me regarde.

-Tu es mon ami. Je ne parlerai jamais de ton agression sauf le jour où tu voudras à ton tour faire du mal à Fleming.

Je le secouai légèrement.

-Mais pour l’instant, Howard… Il faut que tu ailles au Snow White. Tu es en train de te tuer.

@ Billy Lighter

Amon comprenait que j’lui en voulait à mort et la seule satisfaction que j’avais, finalement, c’était de le voir trembler… J’en avais pas d’autres. Hormis le fait de pouvoir lui envoyer à la gueule pourquoi j’le détestais.

Il disait qu’il avait pas pensé à tout ça en interviewant Ward. Et qu’il était pas le seule journaliste à lui donner une tribune vu que tout le monde, dans les médias à L.A., parlaient de ça. J’savais que tous ne parlaient de ça. Ils cherchaient la moindre p’tite info sur Ward ou sa famille. Mais c’est Amon qui avait eu le jackpot !

-T’es le seul qui est allé l’interviewer, hein ! Les autres faisaient que dire des trucs que tout l’monde sait ou s’amusaient à spéculer sur la vie de Ward. Toi, t’es allé le voir ! Maintenant qu’tu l’a fait et que les autres journalistes ont vu que le Fleming est un foutu bavard, ils vont tous aller le voir et la chose va être encore pire !

L’avait ouvert la boite de Pandore, l’abruti !

Il s’excusa pour Savannah et moi. Mais c’était méga trop tard. J’comprenais, maintenant, ce que ressentais Peyton quand j’m’excusais… Juste plus de colère. Ce qui, bien sûr améliora en rien mon morale.  

-Si elle t’a envoyé une lettre c’est qu’elle en a un peu quelque chose à foutre. J’connais Savannah. Et pour sa maladie, t’as écrit l’article sans aucune compassion dedans. Sav’, c’est quelqu’un de bien qui a pris des mauvaises décisions par moment. Elle mérite pas qu’on lui dise qu’elle l’a bien cherché.

Personne méritait ce qu’elle avait. Sauf des gens comme Fleming !

J’finis par conclure que ce qu’avait fait Amon était tout simplement méchant. De la méchanceté à l’état pur. On fait pas ça à ses potes. Il ferait quoi si j’commençais à dire à tout l’monde qu’il baise la femme de Moriarty, hein ?! Ça lui ferait quoi si j’trainais la secrétaire de Ricci dans la boue ? Pas sûr qu’il m’en veuille pas.

J’finis par parlé de Karen sachant très bien que ça lui ferait mal. J’avais dit un tas de chose à Amon mais il m’en avait dit aussi. Et ça, j’savais qu’il l’avait encore sur la conscience. Mais pas encore assez pour ne pas recommencer.

Mais il disait que le plus proche de Karen, c’était pas Sav’…

C’était moi…

J’le fixai. J’tremblais presque autant que lui. Mais j’déclarai en haussant encore le ton :

-SI C’EST A CAUSE DE TOI !

Non… Y’avait Reed, Moriarty et Fleming… Trois psychopathes que j’avais eu le malheur de croiser la route. Et Amon se questionna sur le dernier.

-Ouais ! C’est un sociopathe. Tu l’as écrit aussi, non ?

L’avait écrit vu qu’il avait parlé de son internement. Comme si on internait les gens pour rien !

Mais après ça et alors que j’continuai à cracher ce que j’avais sur le cœur, j’finis par craquer. J’tombai assis au sol la tête dans les genoux. J’me laissai faire quand Amon me désarma. J’avais tout dit… Mais j’me sentais toujours trahi.

Il prit alors ma tête entre ses mains et mon regard brun rouge de larme toisai le sien bleu comme la glace. L’avait les yeux assortis à son foutu cœur.

Il disait qu’il était mon ami. Mais ces derniers temps, on aurait pas dit… Il disait qu’il parlera jamais de mon agression. Et j’le dis d’une p’tite voix pleine de sanglot.

-Si tu l’fais, j’suis mort, t’façon…

Fleming me tuera. Qu’il soit en prison ou non.

Mais j’m’attendais pas à ce qu’il me dise d’aller au Snow White. J’le fixai d’un air désapprobateur.

-Pourquoi le Snow White ? J’suis pas drogué !

J’savais très bien pourquoi.

-J’peux pas y aller… J’dois être avec Peyton. Elle va bientôt accoucher… J’peux pas rater ça… Puis, j’dois être près de David. J’veux pas qu’ils craquent tous les deux. Ils ont besoin de moi.

C’était vrai. Ils avaient besoin de moi. Pour l’instant, y’avait qu’eux qui comptaient dans ma vie.

-Puis… Si j’vais au Snow White, tout le monde pensera que Reed avait raison… Ils penseront que j’ai fini par suivre ses conseils. Il m’aura totalement décrédibilisé. L’aura gagné et JAMAIS, j’le laisserais gagner. J’ai perdu contre Ward… J’perdrais pas contre ce foutu Reed.

J’suis pas un looser.

-Et…

Ma gorge se serra.

-J’vais être super malheureux là-bas… Si j’y vais, j’sais que j’survivrais pas…

J’le savais au fond de moi.

@ Billy Lighter

Je laissais Howard cracher sa haine. Je voyais qu’il en avait besoin. Il avait besoin que ça sorte. Et je me rendais bien compte, maintenant qu’il me foutait le nez dans mon caca, que j’avais merdé. Mais je ne pensais pas que j’avais merdé envers Savannah, mais bien envers lui. Savannah était grande, forte, elle s’en sortirait.

Mais à voir Howard, je doutais que lui s’en sorte aussi facilement. Et actuellement, je me demandais si je n’étais pas le seul à pouvoir l’aider. Parce que dans son entourage, il y avait qui, sincèrement ? Peyton ? J’avais écrit moi-même qu’elle était certainement pas d’humeur. David McAvoy ? S’il arrivait à s’aider lui-même, c’était déjà pas mal.

Restait Hank North.

Pendant que je me faisais ces réflexion, Howard, lui, me reprochait d’avoir été carrément interviewer Ward et que, du coup, j’avais ouvert la porte à tous les autres journalistes qui voudraient avoir quelque chose de croustillant à se mettre sous la dent.

Je pinçai les lèvres, confus… Mais plus Howard parlait, moins ses reproches m’intéressaient. Ce qui m’inquiétait surtout, c’était l’état dans lequel il était maintenant.

Il fallait absolument l’aider.

Quant à Savannah, Howard disait qu’elle n’en avait pas rien à foutre, que c’était pour ça qu’elle m’avait écrit une lettre. Il me reprochait mon manque de compassion, qu’elle avait fait des erreurs et tout, mais que tout le monde en faisait.

Je soupirai, les mains toujours levée pour ne pas qu’Howard tire.

-Je sais… Mais le truc, c’était que j’étais allé chercher une lueur d’espoir dans la famille d’un petit gars que j’entraine à la boxe… Et j’ai été on ne peut plus déçu d’apprendre que Savannah n’était pas celle que je cherchais.

Il m’envoya Karen Felberbaum à la gueule mais j’utilisai cette pique censée m’aller droit au cœur pour la retourner contre lui. Sauf que j’ajoutai que ce n’était pas seulement à cause de moi qu’il était dans cet état. Il hurla alors que c’était à cause de moi. Je sursautai de peur qu’un coup de pistolet parte et du coup, je ne le contredis pas, même si je n’en pensais pas moins.

Il cita les personnes qui faisaient actuellement de sa vie un cauchemar et je m’étonnais de l’entendre parler de River Moriarty… Howard se croyait entouré de sociopathe, même s’il était vrai que Moriarty avait été interné pendant longtemps.

-Ouais, mais je ne crois pas moi-même tout ce que j’écris… Et ton ami Nathan a dit qu’il avait été enfermé à tort.

C’en fut trop pour Howard qui s’écroula au sol. J’en profitai pour approcher, le désarmer et lui dire qu’il n’avait pas à craindre que je parle de tous les secrets qu’il m’avait confiés. Il disait qu’il était mort si je le faisais. Puis je lui dis platement qu’il fallait qu’il aille au Snow White.

Il protesta et je le regardai d’un air désolé.

-Le Snow White soigne aussi l’alcoolisme Howard.

Il prétexta qu’il devait être là pour Peyton et David.

-Dans cet état, Howard, tu ne les aideras pas… Tu risques juste de faire pire. Parce qu’ils seront tristes pour toi et qu’ils voudront t’aider alors qu’il n’ont pas les moyens de le faire.

Je le serrai contre moi.

Et puis je compris que David et Lola n’étaient presque qu’un prétexte. Ce qu’il ne voulait pas, c’était que Jimmy Reed gagne.

-Bordel ! Mais on s’en fout de Jimmy Reed ! Si tu ne fais pas quelque chose, c’est lui et pas Fleming qui va te tuer… Et ce sans même se salir les mains parce que tu te seras tué tout seul.

Je le berçai doucement… Il croyait ne pas survivre au Snow White.

-Essaye au moins… Et si tu ne prends pas ce que je dis comme un conseil d’ami parce tu ne me considère plus comme tel, vas au moins voir Hank North. Je suis sûr qu’il te dira la même chose.

@ Billy Lighter

Amon se justifiait toujours. Il disait que s’il avait été voir Ward c’était uniquement pour avoir de bons échos de Savannah. Comme si Fleming allait dire du bien de sa cousine. C’est complètement con. Fleming, s’il peut écraser quelqu’un, il le fait. Qu’est-ce qu’Amon voulait trouver pour Grant, là-bas ? Parce que j’savais qu’il entrainait Grant. Il me l’avait dit. Et Amon savait que j’connaissais Grant aussi parce que c’est bien pour ça que Fleming m’avait tabassé. Parce que j’voulais faire un truc pour Grant.

J’le foudroyai, à nouveau, du regard.

-Tout le monde a des casseroles, Amon. Sav’, toi, moi… Tout le monde. C’est pas pour ça que tout est à jeter. Tu voulais que Grant voit le bon côté de sa foutue famille ? Tu aurais pu mettre en avant que Sav’ a réussi à percé comme bassiste, qu’elle a su gérer sa carrière jusqu’à se tenir au top mondial, qu’elle a eu sa place dans l’groupe le plus en vue du monde et que, maintenant, malgré sa maladie, elle reste forte et n’abandonne pas. Là, Grant aurait vu que, peu importe qu’il soit lié à Fleming, ça l’empêche pas d’être qui il veut. Mais non… Tu as voulu mettre en avant uniquement les erreurs de Sav’. C’est tout. Rien d’autre. Grant va se dire qu’entre son père et son grand-père serial killer, l’a une p’tite cousine droguée et dépravée. C’est tout ce que t’as réussi pour lui au lieu de raconter l’histoire qui compte.

J’voulais pas être dans la tête du gosse. De ce qu’il devait penser maintenant. De toute façon, j’avais déjà du mal à vivre dans ma tête alors inutile de me mettre à la place des autres.

-La famille, c’est un truc pas simple de base. T’as rien simplifié pour lui. T’as juste empoché les thunes et la gloire.

Et j’pus pas m’empêcher de lui faire mal à mon tour. J’savais qu’Amon avait un cœur même si, dernièrement, on pourrait dire qu’il en avait pas. Et j’savais que le suicide de Karen, il l’avait toujours sur la conscience.

Mais il retourna ça contre moi.

Et j’clamai qu’il était bien mon problème avant de mettre en avant tous mes autres problème. Il se questionna sur Moriarty. Mais il disait qu’il croyait pas lui-même tout ce qu’il écrivait. Sauf pour Sav’, apparemment, Ça il l’avait cru. Comme si la parole de Ward Fleming était parole d’évangile. Amon avait bu ses paroles comme le monde entier buvait celle de Jimmy Reed.

S’en est à gerber.

-Nathan est complètement naïf ! River est un foutu psychopathe. L’a essayé de m’tuer par jalousie, bordel ! Et maintenant, c’est mon foutu voisin ! J’espère que tu vas m’croire aussi bien que t’as cru Fleming sur parole !

Mon ton montait et ce fut trop. Beaucoup trop. Et j’craquais. J’en pouvais plus. Tout ce que j’voulais c’était boire assez pour dormir et m’réveiller que dans vingt mille jours. Dans autant de temps, tout sera terminé.

Vraiment tout.

Amon se mit à ma hauteur après m’avoir désarmé. Il clamait que j’devais aller au Snow White mais j’étais pas drogué. Il disait que c’était aussi pour l’alcoolisme. J’gémis. J’pouvais pas y aller. Pour Peyton et David, j’pouvais pas. Mais Amon disait que dans mon état j’allais pas les aider et qu’ils seront triste parce qu’ils auront pas les moyens de m’aider.

-Mais j’dois le faire… Sinon…

Sinon, j’risquaient de plus jamais les revoir. Suffisait de voir comment était David de mon retour de New York. Ou Peyton à mon arrivée à New York. J’avais eu l’impression que si j’avais attendu une minute de plus, ils auraient été plus là.

Mon estomac se retourna un p’tit peu. Et j’déclarai, ensuite, que si j’allais au Snow White Jimmy Reed aurait gagné. Et ça énerva Amon qui me berçait. Il disait que si j’continuais ça allait m’tuer. Que Jimmy Reed allait m’tuer sans même lever le p’tit doigt.

-J’dois le faire… C’est méga important pour moi… Si personne fait rien alors ça prouvera que les gens comme lui seront jamais inquiéter.

J’pouvais pas vivre avec cette idée ça.

J’étais tout contre Amon. J’me laissai faire mais j’tremblais quand même… Il me disait d’essayer. Qu’Hank me conseillerait la même chose.

-J’veux pas raté la naissance de mes enfants. C’est méga important pour moi. J’vais attendre la naissance puis… J’verrai mais…

Mais j’en avais aucune envie.

J’me redressai un p’tit peu, les yeux toujours plein de larmes.

-J’devrais rentrer chez moi…

Retrouver mes cauchemars et essayer de dormir quand même…

@ Billy Lighter

Nerveux, Howard se lança dans un grand discours sur les erreurs que tout le monde faisait. Il disait qu’à la place de donner une tribune à Ward Fleming, j’aurais du interviewer Savannah et mettre en avant ses bons côtés…

-Tu as raison…

Ma voix se brisa un peu… Parce que ouais, il avait raison… Tout à fait raison…

Sauf que, j’avais vu quoi en allant voir Fleming ? Avant Grant ? Avant le bien-être d’Howard qui était mon ami ?

J’avais vu que ça ferait vendre… Et c’était tout. Je n’avais pensé qu’à ça, en premier !

Mon cœur se serra de culpabilité et je m’en mordis la lèvre jusqu’au sang. Je n’osais même pas dire que j’étais désolé… Pas pour Savannah, mais pour Howard. Parce que « désolé » n’était pas un mot assez fort.

Et encore une fois, en la personne d’Howard, je voyais les ravages que mon petit pouvoir pouvait provoquer.

Mais il n’avait pas que moi comme problème. On parla un peu de River Moriarty et je me disais que ce qu’avait écrit Nathan et que j’avais publié annulait mon premier article. Mais encore une fois, j’avais eu tort… Apparemment, l’acteur était vraiment dérangé.

Pourquoi Howard n’avait-il pas prévenu la police… ? C’était l’éternelle question, avec lui ! Il ne l’avait pas fait quand il s’était fait tabassé par les Los Diablos dans l’Eastside ! Il ne l’avait pas fait quand il avait été enlevé et torturé par Ward !  

Tout ce qu’il faisait, c’était essayer de tacler dans les médias un Jimmy Reed à qui tout ça passait par-dessus la jambe !

Cependant, il me répétait encore maintenant, alors qu’il était au 36ième dessous, que c’était ce qu’il devait faire ! Comme un genre de mission divine ou quelque chose comme ça.

-Howard… C’est un fait… Les gens comme Jimmy Reed ne seront jamais inquiétés… C’est pas faute d’écrire sur lui de temps en temps ! Ça lui glisse dessus comme la pluie sur les plumes d’un canard…

Pour moi, Howard menait un combat perdu d’avance… Et se tuait à petit feu.

Quant à ma proposition d’aller au Snow White ou même seulement d’aller voir son ami Hank North…. Il verrait ça plus tard… Parce que bientôt, ses enfants naîtraient.

Je l’écartai un peu de moi pour pouvoir le regarder.

-Ok… je comprends que la naissance soit importante. Mais essaye d’être sobre pour ce grand évènement. Je pense que ce sera important pour Lola que tu sois sobre.

Il se redressa un petit peu, il pleurait toujours… Mais il semblait un peu calmé et voulait rentrer chez lui. Je me levai et allai prendre son arme… Mon père était propriétaire d’une fabrique d’arme au Danemark, je n’eus dont aucun mal à enlever le chargeur et à en retirer les balles. Je glissai les munitions dans la poche de mon ami et lui rendit l’arme remontée, mais vide.

-Je vais t’appeler un taxi.

@ Billy Lighter