Finan, Tiffany et Guillermo, avec les deux bébés, Heaven et Yoric, étaient restés en Irlande. Tiffany n’était pas encore tout à fait assez reposée pour entreprendre le long voyage en avion. Mais Vanya et moi, on était rentrés à L.A. Vanya avait des obligations pour son émission et je me voyais mal la laisser rentrer toute seule.

Comme je n’avais pas grand-chose à faire sans la présence de Finan, si ce n’était perfectionner mon jeu de basse à la maison, je m’étais rendu à United For Youth tous les jours…. Je jouais à des jeux avec les enfants, inventait des activités, distribuait des tracts au skate park de Santa Monica et autres.

Mais il y avait deux ou trois jours, l’association avait reçu une lettre qui m’était destinée. Une lettre écrite sur du beau papier et d’une magnifique écriture très féminine, toute en rondeurs. Elle venait de la part de Maritza Reed qui souhaitait s’impliquer dans le projet, non seulement à coups de chèques, mais aussi par une présence active que ce soit aux évènements de charité et dans la vie de tous les jours de notre petit refuge.

J’avais fait la moue, froncé les sourcils, gratté ma tête et réfléchis un peu.

On ne pouvait pas se passer d’un tel appui… Mais les mots qu’Howard Stone avait eus à la radio m’étaient revenus en tête : il voulait donner l’argent des ventes de son prochain album à l’association pour faire un pied de nez à Jimmy Reed.

Sauf que là, ce n’était pas le boss de BSC qui était demandeur, mais bien sa femme.

J’avais replié la lettre et regardé autour de moi les enfants jouer aux différents ateliers… La matériel qu’on avait, les jeux qu’on pouvait mettre à leur disposition, tout comme du matériel de première nécessité comme des draps de lit, du savon, du shampooing et autre…

On avait vraiment besoin de tout ça.

J’avais donc téléphoné au numéro qu’il y avait dans la lettre et c’était une secrétaire nommée Frances qui m’avait répondu. J’avais dit que ce serait avec plaisir que je ferais visiter nos locaux et découvrir United For Youth à Madame Reed. On s’était donné rendez-vous dès 9 heures du matin le lendemain.

Le lendemain donc, à l’heure dite, je me trouvais devant l’entrée de United For Youth qui se trouvait en fait dans les locaux de la mission Saint John’s.

Et je haussai les sourcils en voyant un taxi se stationner devant la mission. J’avais imaginé que Maritza Reed se déplacerait en limousine et pas en taxi… Dès qu’elle sortit du véhicule, je vis au moins trois paparazzis sortir de leur cachette et mitrailler la dame…

Je parcourus la distance qui nous séparait et l’accueilli avec un sourire.

-Bonjour, Madame Reed. Enchanté de faire votre connaissance. Je suis Ivar Miller. C’est moi qui serai votre guide.

Et encore des flashes !

-Venez, rentrons, on sera plus tranquilles.

Une fois à l’intérieur, je secouai la tête.

-Wow… Ils sont toujours après vous, comme ça ?

@ Billy Lighter

En revenant de Tijuana, j’avais écrit à Ivar Miller une lettre de ma plus belle écriture, dans laquelle je lui faisais pas de mon intérêt pour la fondation United For Youth. Sans vraiment me montrer trop entreprenante ni en utilisant des termes très explicites, je lui disais être en mesure d’aider en m’impliquant monétairement parlant et en donnant de mon temps.

Jimmy et moi en avions discuté et il était impératif que je sois vue, main à la pâte. J’avais, évidement, un véritable intérêt pour la cause mais je comprenais aussi l’enjeux et l’importance d’agir. Je serais le visage de la famille Reed, la porte flambeau du nom et si les différents paparazzis qui ne se lassaient plus de nous suivre depuis qu’Howard Stone avait eu l’idée de régler ses comptes comme s’il était dans une cours d’école se servaient de mes actions pour nous servir, c’était tout bénéfice pour nous. United For Youth allait y gagner et nous aussi, que pouvions nous souhaiter de plus ?

Ivar Miller s’était fait désirer un tout petit peu mais avait fini par donner signe de vie et ce fut avec Frances que le rendez-vous  fut bouclé. J’étais prête et excitée à l’idée de m’impliquer. Il était temps que je reprenne une vie plus active, comme je le faisais à Tijuana mais à un tout autre niveau.

Je m’étais sobrement vêtue pour ne pas détonner avec la fondation, sans non plus négliger mon apparence. J’avais opté pour une robe grise, droite que j’avais agencé à mes chaussures et comme seule coquetterie, je portais des perles à mes oreilles, discrètes mais qui rappelaient que j’avais des moyens solides d’aider la fondation. Rachel Reed avait approuvé ma tenue d’un simple mouvement de la tête. Je prenais un peu la place qu’elle tenait avant que je ne revienne dans la vie de son fils.

Mon taxi me déposa devant la mission Saint-John’s qui abritait les locaux de la fondation. Les deux organismes semblaient même avoir fusionné ce qui permettrait l’aide que pouvait apporter la famille Reed à la population de Los Angeles. Chaque petit geste comptait, pas vrai ? À peine la voiture s’immobilisa que je repérais les vautours qui me mitraillaient déjà avec leurs appareils photos alors que je venais à peine d’ouvrir la portière. Ivar Miller me rejoignit et m’accueillit avec un sourire sincère alors que moi, je lui tendis une main protocolaire accompagné d’un sourire aussi franc que le sien.

- C’est un plaisir pour moi également de faire votre connaissance Monsieur Miller.

Il m’invita à le suivre à l’intérieur de la Mission ce qui allait nous permettre d’éviter les flashes et de discuter plus librement. La Mission, à première vue, semblait bien tourner avec tous les bénévoles qui étaient afférés à différentes tâches mais je savais que ce n’était pas parce que tout semblait tourner rondement que c’était le cas. Je me souvenais de toutes ces heures à réparer des livres avec les moyens du bord, quand je m’occupais de la bibliothèque à Tijuana ! Toutes ces fois où nous avions trouvé une solution avec pas grand-chose, ça tenait du miracle.

- Non, ce n’est pas toujours comme cela. Disons que c’est par période…

Ce n’était effectivement pas toujours comme cela et heureusement ! Nous étions la saveur du mois. Un nouveau scandale éclaterait quelque part et ils ne s’intéresseraient plus autant à tous nos faits et gestes.

- Alors, Monsieur Miller ? Que diriez-vous de commencer cette visite en s’autorisant de laisser tomber le vouvoiement ? Je t’appellerai Ivar si tu m’appel Maritza.

@ Billy Lighter

J’avais serré la main de Madame Reed devant les photographes. Rien de bien scandaleux ! Tout ce qu’ils pourraient dire, c’était que la famille Reed, par l’intermédiaire de Maritza, se lançaient dans une énième bonne cause.

Elle se disait enchantée de faire ma connaissance et je souris tout en tiquant un peu. Je n’avais que 23 ans et n’étais pas du tout habitué à ce qu’on me donne du Monsieur Miller.

J’emmenai directement la belle dame à l’intérieur, pour qu’on soit plus tranquille. Voir les photographes fondre sur elle m’avait fait un peu peur. Est-ce que ce serait comme ça pour nous aussi, quand The Warriors serait un peu plus connu ? Est-ce qu’on allait devoir faire attention et vivre cachés ?

Mais ça ne semblait pas perturber la femme de Jimmy Reed le moins du monde ! Elle disait que ça n’arrivait que par période. Je pinçai les lèvres, évitant de demander si c’était à cause de ce qu’Howard Stone avait dit à la radio. Cette affaire concernait son mari, pas elle.

J’ouvris finalement la bouche.

-Heureusement que ce n’est pas comme ça tout le temps…

Puis elle me fit avoir un grand sourire en me proposant de la tutoyer et de nous appeler par nos prénoms. Je n’imaginais pas qu’une femme comme elle fasse une telle proposition.

-Super ! Ce sera Maritza alors ! Je n’avais pas osé vous le proposer.

Je lui fis signe de me suivre.

-Venez, je vais vous faire visiter.

Je la fis entrer dans le réfectoire qui servait, à cette heure-ci, de salle de jeu. Les enfants étaient d’ailleurs en train de jouer et un petit black de quatre ans à peine vint vers moi avec un ballon.

-Tu joues avec moi, Ivar ?

Je me penchai vers lui.

-Bientôt, il faut d’abord que je fasse visiter à Maritza, d’accord ?

Il hocha la tête et regarda Maritza qui m’accompagnait.

-Elle est belle.

Je rigolai.

-Allez, vas jouer, petit dragueur ! J’arrive.

Je désignai la salle à Maritza.

-Ici, on fait des jeux avec les enfants en attente d’adoption ou de familles d’accueil. Si vous vous impliquez dans l’association autrement que par l’argent, les enfants seraient ravis d’avoir de nouveaux compagnons de jeux. C’est ici aussi qu’on les nourri. Dans la même salle. Et le soir, les enfants aident à distribuer la soupe aux pauvres avec l’aide de bénévoles.

@ Billy Lighter

Aussitôt sortie de la voiture, aussitôt je fus mitraillée des flashes aveuglants des paparazzis qui ne nous lâchaient plus depuis la sortie médiatique et controversée d’Howard Stone. Il y avait bien toujours un photographe caché quelque part, près à croquer sur le vif nos moindres faits et gestes mais c’était pire dernièrement. Heureusement, c’était périodique. Nous étions la cible du moment jusqu’à la prochaine bourde d’une célébrité nous fasse oublier.

Je souriais a Ivar Miller qui était venu m’accueillir et je le rassurais, du moins je tentais de le faire, concernant l’attention médiatique. Il aurait certainement à vivre quelque chose de semblable lui aussi, qu’il ne veuille ou non. Son groupe devenait de plus en plus célèbre et finirait par faire parler de lui pour autre chose que par les problèmes juridiques de son chanteur.

Tout de suite, je proposais à Ivar de laisser tomber les formules de politesse et de s’appeler par notre prénom et de se tutoyer. Il accepta, avouant qu’il n’aurait pas osé m’appeler Maritza mais il l’avait fait en me vouvoyant. Ça me fit rire, doucement. Je sentais sa nervosité menée peut-être par son désir de tout faire dans les règles de l’art. J’allais lui montrer que je n’étais qu’une femme comme toutes les autres et que je ne désirais que d’aider une cause qui m’était importante.

Ivar me guida vers le réfectoire, là où plusieurs enfants jouaient. Ça grouillait de partout, leurs petites vois s’élevaient et leurs rires faisaient vibrer la grande pièce d’une belle énergie. Tout de suite, un gamin mignon comme tout s’approcha pour demander à Ivar s’il venait jouer avec lui. Il était adorable avec ses grands yeux brillants et ses boucles serrées sur son crâne.

- Oooh !

Mon cœur fut conquis par ce petit bout d’homme qui disait que j’étais très belle.

- Est-ce toi qui lui donne des tuyaux sur comment parler aux femmes, Ivar ?

Ivar rigolait puis envoya le petit, à qui il avait promit de le rejoindre plus tard, jouer plus loin. Ensuite, Ivar m’expliqua ce qui se passait dans la pièce. Les enfants y jouaient et ne demanderaient pas mieux que je m’installe avec eux pour m’amuser.

- J’y compte bien. Je suis très douée pour le bricolage, tu sais.

Je n’aurais pas peur de mettre la main à la pâte, que ce soit en jouant avec eux, en bricolant, en faisant même du sport dans la cours. Je ne viendrais pas tous les jours comme aujourd’hui, en robe et en talon. Quand je viendrais m’impliquer, je porterais des souliers de courses, un jeans et un t-shirt, tout simplement.

Cette salle avait plusieurs vocation, puisqu’elle servait aussi de salle à diner pour les enfants et le soir, les enfants aidaient à aider. Ils servaient de la soupes aux pauvres, mission première de St-John’s.

- Je trouve ça formidable que les enfants puissent aider eux aussi. Ils ne sont jamais trop jeunes pour apprendre l’altruisme. C’est une valeur que j’ai voulu inculquer à mes enfants dès leur plus jeune âge. Je les amenais avec moi, quand j’habitais toujours Tijuana, travailler à la bibliothèque de la ville.

Il y a bien un orphelinat, là-bas, mais la possibilité de s’y investir en offrant du temps n’était pas accessible comme cela l’était ici.

- Est-ce que le nombre de bénévole est suffisant par rapport à la demande, Ivar ?

@ Billy Lighter

Maritza Reed sembla conquise directement par un des enfants qu’on rencontra dans le réfectoire.  Ça m’amusa de la voir sourire, mais je ne m’attendis pas à sa question qui me fit rougir. Est-ce que c’était moi qui apprenais aux jeunes garçons à parler aux femmes ? Je frottai l’arrière de ma tête et rigolai.

-Heu… Non… Je crois qu’ils sont plus doués que moi, pour certains.

Ma gêne passée, je regardai la latina dans les yeux d’un air on ne pouvait plus sérieux.

-Mais il est certain que vous serez pour eux, si vous venez souvent, une figure maternelle dont ils ont cruellement besoin. Moi, je suis plus un grand frère.

Je désignai les enfants d’un geste du menton.

-Beaucoup n’ont pas eu la vie facile. Ce sont des enfants abandonnés par des parents qui ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins… Des enfants des junkies ou de prostituées…

Je pinçai les lèvres.

-Je suis désolé de vous le dire, mais on est bien loin du monde que vous connaissez. Et vous entendrez beaucoup de choses difficiles à entendre, venant de leurs petites bouches.

J’en savais en réalité très peu sur Maritza Reed… Je ne savais pas qu’elle avait vécu dans l’une des villes les plus pauvres et les plus dangereuses du Mexique, tout comme j’ignorais qu’elle avait vécu aussi longtemps dans l’Eastside à essayer de trouver sa place. Pour moi, c’était la femme d’un gros riche, point.

Mais elle comptait bien s’impliquer à fond dans l’association. Je souris quand elle affirma être douée pour le bricolage.

-Oh et bien c’est super ! Ils adorent ça ! Mais c’est là qu’on a aussi besoin de vos dons en argent… Car il faut de l’argent pour le matériel : le papier, les ciseaux, la colle et tout ça…

Ça pouvait sembler être pas grand-chose, mais on en avait cruellement besoin. Je faisais bien des dons moi-même, mais The Warriors ne rapportait pas encore vraiment de quoi nous payer autre chose qu’une vie convenable à nous-mêmes… Mais bientôt, peut-être…

J’expliquai à Maritza que les enfants étaient mis à profit pour distribuer la soupe le soir et elle trouvait que c’était bien. Que c’était leur inculquer de belles valeurs comme elle l’avait fait avec ses propres enfants.

-Ouais… j’ai entendu votre fille, Livia, à la radio… Et… excusez-moi de dire ça mais on ne dirait pas qu’elle est la fille de votre mari… Surtout après ce qu’Howard Stone a dit… Est-ce qu’il est vraiment comme ça ? Votre mari ?

Finan m'avait dit que Reed était le chef des Los Diablos... Mais en voyant sa femme, son désir d'implication et tout... Je me demandais comment les deux pouvaient s'entendre... Et comment elle pouvait aimer quelqu'un comme Reed.

Maritza demanda aussi si on avait assez de bénévoles.

-Pour United For Youth, pas vraiment… On serait pas contre quelques bras en plus. Mais pour la mission en elle-même, je pense que ça va. Des bénévoles supplémentaires viennent toujours pour la soupe…

@ Billy Lighter

À peine entrée dans le réfectoire que je fus complètement conquise pas le charme d’un jeune homme qui disait me trouver très belle. Sa franchise tout assumée me fit sourire et je ne pus m’empêcher de demander à Ivar si c’était de lui que le jeune garçon tenait sa technique de flirt. Évidement, ça fit rougir mon hôte qui se défendit en avouant presque candidement que les enfants se débrouillaient fort probablement mieux que lui dans ce domaine. Pourtant, lui qui était en couple avec l’animatrice Vanya Kournikova, devait avoir plus d’un tour dans son sac pour avoir si belle et talentueuse femme à son bras.

Je ressentais une certaine réticence dans les propos d’Ivar quant à ma présence ici. C’était subtile mais je savait lire entre les lignes. ‘’Si je m’impliquais autrement que par des dons en argent, si je venais souvent’’ sonnait à mes oreilles comme un doute sur mon intention d’implication.

J’entendais et comprenais ce que me disait Ivar et je restais tout sourire en observant la belle agitation dans ce réfectoire multi fonction. Selon Ivar, je pourrais représenter pour ces enfants une figure maternelle alors que lui, était le grand frère.

Ensuite, il me fit un rapide résumé de ce qu’avaient vécus ces enfants. Évidement, pour se retrouver pensionnaires d’un organisme comme celui-ci, je n’avais pas besoin qu’on me fasse un long exposé de la misère humaine. Je regardais toujours Ivar, attentive à ce qu’il me disait tout en me répétant qu’il ne savais absolument rien de moi.

À ses yeux, j’étais la femme de Jimmy Reed et mon petit doigt me laissait croire qu’un certain chanteur barbu et mal engueulé lui avait fait un résumé plus ou moins clair des passe-temps de mon mari. Ce n’était qu’une impression mais je me trompais rarement quand j’en ressentais une. Ivar me jugeait pour qui j’étais, pour le prix de mes vêtements, pour la grosseur de ma maison, mais il n’avait aucune idée des années que j’avais passée dans l’Eastside à trimer dur pour payer mes études. Il ne se doutait pas non plus de tous les sacrifices que j’avais dû faire pendant mes années à Tijuana pour élever ma marmaille pour que personne ne manque de rien. Enrique et moi coupions les coins rond pour que les fins de mois ne soient pas trop abruptes mais mes enfants n’avais manqués de rien.

- Je crois être capable d’entendre leurs confidences.

Je restais droite et souriante, motivée plus que jamais à endosser le rôle de marraine de la fondation, de mère pour ces enfants qui ne demandaient qu’à être réconfortés et aimés et ce n’était pas l’opinion d’Ivar, que je savais biaisée par des ragots de bas étages, qui allait miner ma volonté.

Plutôt que de confronter Ivar et ses sous-entendus douteux, j’expliquais que j’étais douée pour le bricolage. Je savais adapter des façons de faire aux différents âge et faire des merveilles avec à peu près rien. Évidement, pour lui, c’était génial que je puisse bricoler mais mon apport serait encore plus formidable si je pouvais donner assez de sous pour qu’ils achètent du nouveau matériel.

- Il va de soit que je financerai l’achat de nouveau matériel, entre autre chose.

C’était le but de mon implication, que je puisse aider financièrement et manuellement la fondation. Mon implication devait aller au-delà de poignée de main et de coupe de ruban.

Je trouvais formidable que les enfants puissent s’impliquer pour distribuer de la soupe le soir. Il n’était jamais trop tôt pour enseigner l’altruisme, comme je l’expliquais à Ivar, j’avais de même avec mes propres enfants et la question qui s’en suivit me fit regarder Ivar longuement dans les yeux comme si je scrutais son âme.

- Ainsi donc, le chat sort du sac…

Ce n’étaient pas des confidences maladroite de Finan Quinn mais bien la gastro verbale d’Howard Stone qui inquiétait le jeune homme. J’esquissais un demi sourire puis, tournant la tête vers la salle, admirant ces âmes innocentes qui jouaient je répondis à Ivar sans broder inutilement dans la dentelle.

- Pourtant Livia est tout le portrait de son père. Il n’y a pas à se méprendre, Ivar. Mon mari est un homme influent qui dirige la plus grande maison de disque de Los Angeles et comme pour n’importe qui dans cette position, il y a des gens jaloux prêts à vendre son discours haineux contre une bouteille de vodka.

Howard Stone commençait à me ressortir de partout mais pire encore, le fait que ses paroles puissent avoir été rapportées et achetées comme un sermon du dimanche.

J’en revins vite ensuite aux besoins de la fondation pour demander s’il y avait assez de bénévoles pour suffire à la demande. C’est qu’il y avait beaucoup à faire mais que depuis mon arrivée, je n’avais pas vu beaucoup de gens pour gérer toutes ces petites mains.

- Quand je vivais dans l’Eastside, il y a de cela de nombreuses années, j’avais organisée une collecte de vêtements pour les familles de mon quartier et je m’étais montrée assez persuasive pour recruter des mains bénévoles. Même à Tijuana, là où Livia est née et où j’y ai élevé mes trois enfants dans un quartier aussi pauvre et désœuvrée qu’ici, avec des amies et mères de famille du voisinage, nous avions mis sur pied un système de don et d’échange de vêtements qui fonctionnait plutôt bien. Cela permettait aux famille à faible revenue donc la mienne, d’avoir toujours de quoi bien vêtir ses enfants.

Des idées, j’en avais. Je ne pouvais certifier qu’elles étaient toutes bonnes et qu’elles fonctionneraient toutes mais je savais qu’ici ou ailleurs, nous ne pouvions obtenir de résultat si nous ne tentions rien.

- Peut-être m’as-tu jugé parce que je porte une robe dont le prix pourrait suffire à vous fournir le matériel de bricolage, je conçois que ma couverture est trompeuse mais je peux t’assurer que mon histoire n’est pas différente de celles de ces enfants. Et tout comme je l’ai vécue, je leur souhaite le même genre de fin heureuse.

@ Billy Lighter

Je ne savais quoi penser de Maritza Reed. J’étais perturbé par ce que m’avait dit Finan à propos de son mari. Comme quoi c’était le chef des Los Diablos, comme quoi il faisait travailler les enfants dans les rues… Mais je n’osais pas en dire trop, pour deux raisons : de un, je n’avais pas envie de me mettre Reed à dos en laissant entendre que je savais qui il était vraiment ; et de deux, je ne savais même pas si Maritza elle-même savait ce que son mari était vraiment.

Peut-être qu’il le lui cachait, à elle aussi, comme à tout L.A.

Du coup, j’avais une vision complètement tronquée de cette dame qui me semblait tout droit sortie d’un gala.

Mais elle se disait capable d’entendre même les pires confidences… Je lui souris, pas sceptique mais… un peu perturbé par mes propres pensées.

-Tant mieux… Parfois, ils ont juste besoin de parler. Puis vous avez… l’expérience, j’imagine…

Sans vouloir dire qu’elle était vieille… Juste qu’elle devait en savoir plus que moi sur la vie en général du fait de notre différence d’âge.

Elle aimait faire des bricolages, et ça me remit un peu sur les rails et me ramena à ma mission première. Qui n’était certainement pas de juger une généreuse donatrice, tant en argent qu’en temps.

Elle promit de financer le matériel.

-Je vous remercie déjà d’avance pour ça.

Mais quand je voulus en savoir plus sur Jimmy Reed… Quand je voulus savoir ce qu’elle savait, quand je citai Howard Stone. Elle me jeta un regard, droit dans le mien, qui me pétrifia sur place Je ne fus pas pour autant plus à l’aise quand son regard me scruta pour balayer le réfectoire.

Et elle discrédita Howard… Alors soit elle ne savait pas… Soit elle était bien drillée par son mari.

-Oh… ben… Content de l’apprendre.

Même si je n’étais vraiment pas sûr de vouloir rencontrer Jimmy Reed un jour.

Puis, détendant un peu la situation, elle me parla de ce qu’elle avait fait quand elle vivait dans l’Eastside… Une collecte de vêtements… Et j’apprenais du même coup ses origines modestes.

Je la regardai de haut en bas… Ses habits, son port de tête haut et fier… Alors qu’elle affirmait que son passé n’était pas fort différent  de celui des enfants présents ici.

-Je suis désolé si je vous ai mal jugée… Je pensais que vous veniez du même monde que Jimmy Reed.

Je fis la moue.

-Mais ici, il y a des petits qui sont des orphelins des gangs… Vous avez vécu ça aussi ?

C’était une manière détournée de savoir si elle savait.

-Allons voir les chambres.

Je la guidai dans les escaliers puis un couloir… J’ouvris une porte qui donnait sur une des chambrées décorées de dessins.

-Voilà… Ils dorment par groupe de quatre, filles et garçons séparés, bien sûr… C’est pas le grand luxe, mais c’est confortable et sécurisant pour eux.

@ Billy Lighter

Je sentais, par la façon dont Ivar avait de dire les choses sans les dire, qu’il n’était pas à l’aise avec ma présence et ça n’avait rien à voir avec mon statut social. Il était réticent parce que les paroles d’Howard Stone avaient atteints la cible ce qui signifiait que j’arrivais au bon moment pour réparer les dégâts.

M’impliquer dans une cause ou une autre ne me faisait pas peur, au contraire ! J’avais goûté la misère moi aussi, peut-être pas autant que ces enfants mais assez pour savoir que rien n’était facile pour tout le monde et que les miracles n’arrivaient pas qu’en claquant des doigts. J’étais prête à entendre les confidences de ces enfants, de les prendre sous mon ailes et de les guider de mon mieux dans un monde qui ne faisait de cadeau à personne.

Pour Ivar, j’avais de l’expérience et je compris par son expression qu’il avait peur que je prenne mal le sens de sa phrase. Je ne relevais pas, puisqu’il n’y avait pas de raison de le faire et parce qu’il n’avait pas tort. Avec le temps et les épreuves de la vie, j’avais acquis une certaine expérience. Je pouvais comprendre la jeune fille vivant une peine d’amour, celle qui se retrouvait enceinte sans avoir le père de son bébé à ses côtés. Je savais ce que ça faisait que d’affronter la déception dans le regard de ses parents, de devoir mettre de côtés ses rêves pour pouvoir se relever. Je savais ce que ça faisait que de craindre de ne pas avoir de quoi manger tous les jours, de cacher les trous dans ses vêtements avec un accessoires. Je ne prétendais pas posséder toutes les réponses mais oui, j’avais une certaine expérience de la vie qui me ferais comprendre ou du moins imaginer, ce que ces enfants traversaient.

Je m’engageais à acheter du matériel de bricolage en quantité pour que tous les enfants puissent en bénéficier sans avoir à attendre son tour pour prendre un pinceaux ou un crayon de couleur.

- Ce n’est que la moindre des choses et le début de mon engagement.

Je ne voulais pas m’impliquer avec United For Youth et la Mission St-John’s uniquement en achetant des trucs. Je voulais être présente pour faire des activités avec les enfants, m’amuser avec eux.

Jimmy n’avait pas eu besoin de me préparer aux possibles questions qu’aurait Ivar Miller concernant l’interview d’Howard Stone puisque je savais que cela allait se produire. C’était évident que les gens, par la voix de Miller, auraient des appréhensions à me voir ici, c’était parfaitement compréhensible, cependant, je ne m’attendais pas à ce qu’il amène le sujet en comparant Livia à son père. Je lui répondis alors simplement, sans sourciller, que Livia était tout le portrait de son père et je précisais que la position de Jimmy faisait malheureusement des envieux avide de vivre leur deux minutes de gloire.

Il me fallait mettre les pendules à l’heure et je le fis en prenant ce qui me semblait être une porte ouverte. Je lui parlais de mes années dans l’Eastside, de mon vécu à Tijuana. Je n’avais honte d’absolument rien, au contraire. Tout ce que j’avais vécu avait façonnée la femme que j’étais devenue. Ivar me demanda ensuite si j’avais vécu l’enfer des gangs comme ces enfants l’avaient eux vécus.

Il me paraissait évident qu’il savait et que cela lui démangeait de me mettre le nez dedans mais qu’il savait que ce ne serait pas judicieux pour lui de le faire.

- Serais-je une meilleure marraine pour ces enfants si les miens avaient vécu la même chose ? Si oui, dois-je comprendre que tu es l’un d’eux et que tu es ici pour leur montrer que l’on peut s’en sortir ?

Non, je n’allais pas exposer Jimmy pour satisfaire sa curiosité mal placée.

- Excellente idée !

Aller voir les chambres allaient peut-être aider à repartir la conversation sur une meilleure avenue, moins tendue et sur ce qui devait nous concerner tous les deux : les enfants. Je suivis donc Ivar jusqu’au dortoir et il ouvrit la porte derrière laquelle je découvris une chambre très sobre. Il y avait deux lits superposés pouvant donc accueillir quatre enfants. Ivar me précisa que les filles étaient ensembles et les garçons entre eux, ce qui était parfaitement logique.

- Ils ont un coin à eux, je considère que dans les circonstances, c’est déjà pas mal.

Je notais tout de même, mentalement, que de nouvelles literies, quelques ajouts comme un tapis de sol, des coussins et des lampes de lecture ne serait pas une mauvaise idée. Je pourrais amener tours à tours les cochambreurs faire du shopping, pourquoi pas.

- Est-ce que les enfants ont une aire d’apprentissage adaptée à leur besoins ? Comme une salle de classe ? En fait, est-ce qu’ils sont scolarisés ?

Nous devions veiller à ce qu’ils aient une bonne éducation, qu’ils reçoivent les bases de l’apprentissage comme de savoir lire et écrire. Si United For Youth n’avait pas de professeur pour prendre en charge l’éducation de ses enfants, j’avais en tête la personne idéale pour endosser ce rôle.

@ Billy Lighter

Maritza Reed semblait vraiment vouloir s’impliquer, à tous les niveaux : financier mais aussi donner de son temps pour les enfants. J’en étais très content, mais je repensais aussi à Howard Stone dont les gains pour son dernier single commençaient à nous arriver. Il avait voulu faire ça pour que Reed n’ait pas un sous, si j’avais bien compris.

Et maintenant, voilà que sa femme débarquait pour devenir une figure de proue de l’association.

Elle semblait sincère, je ne doutais pas de ce qu’elle disait mais…

C’était comme si je voyais l’ombre de Reed derrière… Certains des enfants qui étaient ici aujourd’hui provenaient des Los Diablos… De son propre gang…

Du coup, j’avais des questions qui me brûlaient les lèvres, mais j’avais pas vraiment envie de me faire tabasser dans une petite ruelle en pleine nuit parce que j’aurais été trop curieux.

Alors je demandai juste à Maritza si elle avait vécu l’enfer des gangs. C’était à la fois une vraie question, parce que je me demandais si Jimmy Reed ne l’avait pas rencontrée au sein de son gang… Et une question détournée pour savoir si elle était au courant des agissements douteux de son mari.

Je ne voulais pas l’offenser, pourtant, elle le fut au moins un peu, me répondant un peu sèchement.

-Ni l’un ni l’autre… Je ne voulais pas vous offenser… C’était une vraie question. Et je ne suis pas plus originaire d’un gang que vous. Au contraire, j’ai eu une enfance tout ce qu’il y a de plus heureuse.

Je haussai les épaules.

-Personnellement, je pense que ce que je leur apporte, c’est ma bonne humeur et ma joie de vivre.

On monta ensuite voir les chambres et je lui expliquai comment les enfants étaient répartis. Elle examina la chambre avec l’air de quelqu’un qui fait déjà une liste de courses dans sa tête puis se retourna vers moi.

Je m’appuyai dans le chambranle de la porte. Elle voulait savoir si les enfants étaient scolarisés.

-Bien sûr ! C’est une des premières choses qu’on met en place une fois que les enfants arrivent ici. Les petits vont au West Hollywood Elementary School et les grands à Fairfax… On bénéficie d’aides pour ce qui est de l’inscription… Et on utilise les dons pour acheter du matériel scolaire.

Je me grattai la tête.

-Ils ont leur espace d’apprentissage là-bas… Ici même, on est limité… C’est plus une auberge de jeunesse qu’autre chose… Un endroit où se retrouver pour jouer dans le réfectoire et dormir.

Je soupirai…

-Je suis désolé si je vous parais un peu sceptique. Je vois bien que votre désir de vous impliquer est réel. Et j’espère qu’on pourra apprendre à mieux se connaître au fil du temps.

@ Billy Lighter

Ivar Miller savait quelque chose qu’il ne voulait pas avouer. Ça s’entendait par sa façon d’amener les questions qui lui taraudaient l’esprit. Cependant, je n’étais pas ici pour parler de Jimmy à demi-mot, non plus pour jouer au chat et à la souris au travers du scandale créé par Howard Stone. J’étais ici pour apporter mon aide et il me semblait que notre attention devait être centré là-dessus et sur absolument rien d’autre.

Je tentais de le faire comprendre à Ivar en lui répondant, peut-être un peu sèchement, que je n’avais pas besoin d’avoir le vécu d’un enfant de gang de rue pour prendre soin des enfants présent ici. Lui non plus d’ailleurs, il n’avait pas traversé le même périple avec son enfance aisé, pourtant, il apportait joie et bonne humeur et c’était tout ce qui comptait.

- Je ne suis pas offensée, Ivar. Il m’en faudra plus pour l’être. Seulement, j’aimerais que ce soit clair. Je suis ici parce que j’ai envie d’aider ces enfants au moins autant que toi et que c’est tout ce qui devrait compter.

S’il voulait du sensationnalisme, il pouvait aller boire une pinte avec Howard Stone et il serait servi !

Je fus contente qu’ensuite, il me guide vers les chambres des enfants pour voir comment ils étaient installés. Tout était en sobriété rien de plus normal mais je ne pouvais m’empêcher de dresser mentalement une liste de choses qui pourraient aiguayer les chambres. Ne serait-ce que de nouveaux rideaux avec de jolis coloris, des tapis de sol ou encore quelques lampes avec des motifs dans les abat-jours.

Ensuite, ce fut au sujet de l’instruction des enfants que je m’intéressais. Il était primordial qu’ils reçoivent une éducation digne de ce nom pour avancer dans la vie. Ivar me confirma qu’ils étaient inscrits à l’école et y allaient tous, selon leur niveau. Je lui souris, rassurée de l’entendre me le dire.

- Me voilà ravie de l’entendre !

Évidement, l’argent demeurait l’enjeu majeur, je pouvais bien le comprendre. Ce n’était pas évident d’équiper les enfants correctement pour l’école et l’espace que disposait la Mission St-John’s pour tout ce petit  monde était limité. Il faudrait construire une annexe vouée uniquement aux enfants qui serait fonctionnelle au possible parce que pour le moment, comme me le faisait remarquer Ivar, l’endroit était restreint.

Le pavillon Jimmy Reed ! Ça sonnait plutôt bien !

- Je ne veux pas faire de promesse que je ne saurais tenir mais je vais essayer de trouver une solution concernant l’espace.

Ivar revînt un peu sur son comportement, du moins, su l’impression qu’il avait pu me faire jusqu’à présent. Au moins, il avait conscience que cela ai pu être déplacé et j’accueillis sa désolation avec un sourire franc.

- Ce n’est rien, je suis capable de comprendre. J’aimerais simplement que tu me vois comme une personne ayant à cœur le bien de ces enfants et qui a réellement envie de mettre la main à la pâte. Nous avons ce but commun alors, partons de cela pour s’apprivoiser l’un l’autre.

Je posais ma main sur son avant-bras en le regardant avec bienveillance.

- D’ailleurs, tiens ! J’ai une idée ! Je vais préparer un atelier cuisine avec les enfants ! Nous pourrions cuisiner des churros et les distribuer le soir avec les gens qui viennent pour la soupe ! Qu’est-ce que tu en penses ?

Moi qui adorait faire la cuisine et qui se faisait reprocher de toujours en faire trop, voilà qui ferait d’une pierre deux coups !

@ Billy Lighter

Dans un sens, j’avais un peu peur que mes suspicions ne mettent Maritza mal à l’aise. Elle venait pour aider et moi, je ne faisais que voir l’ombre de Reed au-dessus de son épaule. Mon problème, c’était vraiment le timing : Howard Stone avait fait un geste vraiment charitable et tout d’un coup, Reed s’y mettait aussi.

Alors soit c’était stratégique… Soit la famille Reed s’était dit que c’était tout simplement une bonne idée…

Ou peut-être Maritza toute seule avait eu l’idée… Pourquoi il faudrait absolument que son mari soit impliqué ?

Elle me rassura un peu en disant qu’elle n’était pas offensée. Je n’avais pas voulu être méchant avec elle. Mais tout ce qui se passait dans la presse actuellement, mêlé à ce que Finan m’avait raconté et à ce qu’Howard Stone avait dit me faisait cogiter comme un con.

Elle disait n’être là que pour aider, sans arrière-pensée.

-Ok…

Je lui souris et la guidai vers les chambres. Une fois là-bas, elle demanda si les enfants étaient scolarisés et je lui dis que c’était le cas. C’était même, après leur avoir donné un toit et de la nourriture, la première chose qu’on faisait.

Puis je lui parlai de l’espace qu’on avait pas et à ça aussi, elle se présenta comme étant la solution.

-Ce serait vraiment cool si on pouvait avoir une vraie salle de jeux, avec une télé et un coin lecture…

Je m’excusai ensuite un peu pour mon comportement… Parce qu’elle avait vraiment l’air de vouloir aider. Elle me pardonna avec un sourire franc et me dis encore une fois que je ne devais la voir que comme quelqu’un qui voulait vraiment aider.

-Ok… On fait comme ça. Je veux apprendre à vous connaître indépendamment de votre mari… Parce que ce que j’en ai entendu ne m’invite pas vraiment à avoir de la sympathie pour lui.

Voilà, c’était dit.

Elle posa la main sur mon avant-bras. Elle avait une idée, qui me fit sourire. Un atelier cuisine. Des churros.

Je souris à mon tour.

-Les enfants vont être ravi… Je vais vous montrer la cuisine. Allons-y !

@ Billy Lighter