Assise au salon de l’immense et imposante demeure de Don Hughes, j’avais encore du mal à réaliser que j’étais de retour à Los Angeles. Cela ne faisait même pas vingt-quatre heures que mon avion avait atterrit et que mon père était venu me cueillir à l’aéroport que déjà, je me lançais dans un projet que j’avais accepté à reculons. Écrire des biographies n’était pas ma tasse de thé. Je préférais et de loin, la liberté que le roman fiction, particulièrement l’horreur, me permettait. J’avais une plus grande facilité de composition quand mon esprit n’était pas restreint par des faits déjà établi.

J’écoutais depuis un bon moment déjà, tout en prenant des notes, Don Hughes qui se gargarisait de tout ce qu’il avait accompli dans sa vie. Certes, il y avait matière à écrire une belle biographie et son histoire se vendrait très certainement, mais je ne remporterais pas un pulitzer avec ça !

Par moment, l’homme à la tête de la prestigieuse Major Tom inc semblait se perdre dans ses pensées desquelles je n’osais pas sortir de peur de le voir repartir sur un tout autre sujet. Il était un peu décousu et je devais le ramener sans cesses là où nous étions. Don me donnait l’impression de ne pas vouloir tout me dire ou plutôt, de vouloir enjoliver ses souvenirs pour les rendre plus mémorables. Devais-je lui rappeler qu’il ne m’avait pas engagé pour faire une œuvre de fiction ?

Sur la table basse du salon, entre nous deux, des dizaines d’albums photos et des scrapbooks étaient étalés et ouverts, témoins silencieux de la vie de l’homme d’affaire. Il s’était longtemps attardé sur une photo de lui et son fils Julian. Le petit posait fièrement sur l’épaule de son père et ce dernier tenait un gros poisson par la queue. J’aurais trouvé cette photo magnifique et touchante si elle ne semblait pas être la seule du genre dans tout le lot de photos, des centaines, que j’avais regardé jusqu’à présent. En général, les enfants de Don posaient seuls ou avec leur mère, devant leur divers succès ou sorties familiales.  

-  Pour en revenir à Julian, n’avez-vous pas été surprit par son désir d’émancipation et le besoin de l’assoir en se mariant rapidement avec la jeune Olivia Reed ?

Évidement, j’avais utilisé le nom de famille de son père plutôt que celui de sa mère pour faire réagir Don qui, jusqu’à présent, n’avait eu que de bons mots pour la femme de son fils qui venait de conquérir le cœur du monde entier. Je faisais tourner mon stylo bille entre mes doigts en attendant la réponse de Don. J’espérais qu’il me parlerait du fait que son fils avait épouser l’héritière de Jimmy Reed. Je ne devais certainement pas être la seule à y voir un certaine rapprochement entre les deux maisons de disques concurrentes, de trouver cela même un peu gros comme coïncidence. Jimmy Reed n’était certainement pas assez vicieux pour utiliser sa propre fille pour mettre la main sur MTI en la faisant épouser Julian, n’en demeurait pas moins que si c’était un roman de fiction, ce serait la trame parfaite pour un bon suspens.

Quand Don eu terminé de m’expliquer son point de vue sur cette union, je refermais mon carnet de note et appuyais sur le bouton de mon petit enregistreur portatif. Ces petites machines coûtaient cher mais valaient tellement l’investissement ! Je ne ratais plus une seule information, il ne me suffisait que de réécouter les bandes pour retrouver tout le contexte lié à une note.

- J’ai suffisamment de matériel pour commencer la rédaction de votre biographie. D’ici la fin de la semaine, je vous apporterai un premier jet et nous pourrons continuer l’interview et discuter de d’autres moments de votre vie.

En prenant l’un des scapbooks, un article de journal en tomba et je le rattrapais au vol avant de le déplier et d’en lire le titre à haute voix. L’article mentionnait que la jeune femme avait été choisi pour tenir un rôle dans la comédie musicale les Misérables en Europe, rien de bien spectaculaire alors pourquoi avoir garder cet article en particulier au travers de d’autres qui parlaient des succès liés à MTI ?

- Eleanor Harris ? Pourquoi avoir conserver un article de journal qui parle de la présence de cette Angelenos ?

@ Billy Lighter

Juliet Jones écoutait attentivement mes paroles alors que je lui parlais des épisodes importants de ma vie. Faire ma biographie était un projet auquel je réfléchissais depuis un moment et je m’étais décidé à engager la jeune femme pour qu’elle soit l’autrice de ma vie.

Pourquoi un tel choix ? Parce que j’étais fan des romans d’horreur de Jones. Elle savait parfaitement décrire le suspens et la psychologie de ses personnages était tout le temps très recherchée. Mais c’est surtout ses quelques papiers qu’elle avait écrite sur diverses célébrités qui m’avait convaincue que la native de L.A. était la bonne personne pour ce job.

Mon choix de faire cette biographie m’était venue naturellement. J’étais encore assez jeune que pour avoir les idées claires mais assez vieux que pour faire un bilan du passé. Mon image dans la presse était assez effacée. J’avais contribué à ça en faisant le moins de vagues possible. Mon but était de bien gérer MTI et d’offrir au gens la meilleure des musiques dans les meilleures des conditions. Je n’aimais pas les polémiques. Je n’aimais pas les conflits. Je ne tenais pas, non plus, à me faire voir en me comportant comme un Reed en puissance… Mais j’avais envie que les gens en sachent plus sur l’homme que j’étais et sur mes relations avec les membres de ma famille. D’où cette idée de biographie.

J’avais sortis des albums photos. On y retrouvais des photos de Carrie et de Julian. C’est surtout sur l’un des photos avec mon fils que je m’étais attardé. J’avais beaucoup parlé de lui. Il était ma fierté et je savais qu’il ferait un très bon homme d’affaire en plus d’être un futur ingénieur de talent. Il avait l’esprit d’entreprendre et une détermination sans borne.

J’avais raconté quelques anecdotes sur lui ainsi que sur sa sœur qui, désormais, était revenue dans ma vie. J’avais été grandement ravi qu’elle fasse le premier pas. On avait pu mettre derrière nos anciennes querelles. J’avais pu rencontrer mes petits-enfants bien que je les voyais très peu dernièrement étant donné que Carrie avait divorcé peut après son retour à Los Angeles. Je devais avouer avoir très peu d’affection pour Michael Brown… C’était un homme d’affaire vicieux. Ainsi le divorce de Carrie ne m’avait pas plus ému que ça. Mais son mariage avec Victor Hunter ne m’avait pas plus emballé. Je connaissais un peu Victor et je trouvais que comme bien des avocats il manquait de franchise et parlait beaucoup trop.

Mais Carrie était assez grande que pour choisir son mari.

Je m’étais perdus dans certaines anecdotes et Juliet me ramena à Julian dont je ne cessais d’exposer les photos dont l’une des rares où on était ensemble. Ma préférée.

La question portait sur la relation de mon fils avec Olivia Hughes, ma belle-fille.

-Julian a toujours été un garçon sensible mais déterminé. Il savait ce qu’il voulait et je savais qu’il était assez grand pour mener sa vie seul malgré son jeune âge. Je n’ai pas pris son émancipation pour un manque de respect envers moi ou un manque d’affection mais pour une preuve qu’il savait ce qu’il voulait. Je n’en ai pas été surpris et j’ai accepté son choix.

Surtout qu’il venait me voir souvent. Notre relation était très bonne. Il ne voyait, par contre, plus sa mère avec qui il semblait avoir totalement couper les ponts.

-Son mariage était aussi une décision réfléchie. Olivia est une jeune femme très mature. Leur âge ne reflète en rien leur maturité. Surtout que j’apprécie beaucoup Olivia. C’est une jeune femme sensible et sérieuse. Elle sait aussi ce qu’elle veut. Ils font un bon duo.

Je savais que Juliet avait appelé Olivia, Olivia Reed pour une raison. Je ne voulais créer aucune polémique dans ma biographie surtout que je trouvais que Olivia n’avait rien en commun avec Jimmy Reed.

-Ils savent ce qu’il font et je les soutiens dans leurs projets. Olivia a sa carrière de chanteuse et mène des études en droit des affaires. Elle saura épauler Julian dans sa future entreprise. Il conçoit ses propres voitures et compte faire sa propre marque.

Julian préférait la mécanique à la musique. C’est pour ça que j’avais décidé de légué MTI à Carrie. Mon testament était déjà fait et j’en étais satisfait. Bien que Julian m’avait dernièrement dit de bien réfléchir à mon choix.

Juliet referma son carnet et éteignit son petit enregistreur déclarant qu’elle avait assez de matériel pour commencer la rédaction. Je lui souris.

-Parfait. Ça me convient.

Juliet attrapa l’un des scapbooks et un article tomba au sol. Juliet le rattrapa et se mit à le lire à haute voix. C’était un article sur Eleanor… Je n’avais aucune contact avec Eleanor. Je n’avais pas tenu à en avoir… C’était un de mes regrets les plus grands. D’avoir été assez lâche que pour assumer cet enfant né d’une relation extra-conjugale. Je n’avais pu me retenir de suivre de loin Eleanor. Cet article en était la preuve.

Je ne tenais pas à ce que Juliet le découvre. J’avais fait le choix de ne pas parler de ça dans ma biographie. Mais, maintenant que la jeune femme avait découvert cet article, devais-je vraiment lui cacher la vérité ?

Je me voyais mal créer un mensonge là tout de suite.

Je me raclai la gorge, l’air ennuyé.

-Car Eleanor Harris est ma fille.

Je soupirai.

-J’ai longuement hésité a en faire mention dans ma biographie. Puis, je me suis dit que ce n’était pas correcte vis-à-vis d’elle d’en parler. Elle est née d’une relation extra-conjugale. Je n’ai pas souhaiter reconnaitre l’enfant de peur que les médias s’emparent de l’histoire. J’ai sans doute était un peu rude avec sa mère en les rejetant toutes les deux. J’étais encore marié à l’époque avec la mère de Carrie. Notre mariage a pris fin peu après… Pas pour ça mais pour d’autres choses. A ce moment-là, il était trop tard pour revenir en arrière avec la mère d’Eleanor.

Je pris délicatement l’article en main.

-Après, je n’ai pu m’empêcher de suivre sa carrière. Autant que je le pouvais… Je sais qu’elle est bénévole à Saint-John… C’est une bonne âme.

@ Billy Lighter

La relation entre l’homme d’affaire et son fils ressemblait à tant d’autres. Un père très occupé qui avait laissé la tâche d’élever les enfants à la mère mais qui, de temps en temps, se payait un voyage de pêche avec fiston question de créer quelques bons souvenirs. De quoi alimenter des conversations futures avec les petits-enfants qui verraient en leur grand-père un papa attentionné et qui ne laisserait pas assez de marge au enfants pour reprocher d’avoir été absent.

Je profitais qu’il parlait toujours de sa relation avec son fils pour ramener Olivia Reed sur le tapis. L’union hâtive de l’héritier Hughes avec la fille de Jimmy Reed en avait surpris plus d’un mais pour Don, il ne s’agissait là qu’une preuve de plus de la grande maturité de son fils qu’il qualifiait de sensible et déterminé. Il ne remettait pas en doute non plus la sincérité des sentiments des adolescents qui avaient choisi de convoler avant même d’atteindre leur majorité. Don avait aussi beaucoup d’éloge pour sa belle-fille qui lui prêtait aussi beaucoup de sensibilité et de détermination. Je ne pouvais le contredire pour ce dernier point avec le succès incontestable de la tournée mondiale qu’Olivia venait de terminer. À son âge, c’était notable.

- Julian et Olivia ont beaucoup de beaux projets. Où vous situez-vous là-dedans ? Viennent-ils vous demander conseil, de temps en temps ?

J’étais un peu curieuse de voir comment Don prenait sa place de patriarche dans la relation de son fils avec la fille de Reed. Il serait intéressant d’avoir le point de vue de son homonyme mais malheureusement, je n’écrivais pas l’histoire d’amour de Julian et Olivia mais celle de Don Hughes. Je n’allais donc pas rencontrer Jimmy Reed et lui soumettre le même genre de questions.

Après cela, je jugeais avoir assez de matériel pour commencer la rédaction de la biographie de Don. J’allais sortir les grandes lignes et m’assurer que la chronologie était respectée scrupuleusement puis j’ajouterais de la chair autour de l’os avant de faire lire à Don ma première ébauche et de continuer à travailler la biographie.  J’arrêtais donc mon petit enregistreur portatif et je fermais mon cahier de notes puis je pris un des scrapbook duquel tomba un article qui avait été soigneusement plié et rangé entre deux pages, comme s’il avait été caché. Précautionneusement, je le dépliais et en fit la lecture non sans remarquer que les expressions faciales de Don changeaient passablement. Y avait-il un malaise avec cet article ? J’allais rapidement le savoir alors que je le questionnais sur le sujet.

- Ah bon ?

Étais-je surprise d’apprendre que Don Hughes avait une enfant illégitime ? Oui et non. Il ne correspondait pas vraiment à l’idée du type infidèle que je me faisais, cependant, ce n’était pas rare que des hommes hauts placés profitaient de leur notoriété pour sauter la clôture. Certains se retrouvaient avec des petites surprises comme cela était le cas de Don.

Mon interlocuteur m’expliqua ensuite qu’il avait hésité à parler d’elle avant de trancher que cela n’était pas une bonne idée pour Eleanor. Où ne l’était-ce pas pour Carrie et Julian qui, de ce que je comprenais, n’avaient aucune idée qu’ils avaient une demi-sœur.

- Permettez-moi de vous donner mon opinion, vous en ferez ce que vous voudrez mais… Je crois que votre biographie se doit de rapporter l’existence de cette enfant. Elle existe après tout et comme vous venez vous-même de me le dire, vous n’avez pu vous empêcher de suivre dans l’ombre, sa carrière, qui n’a jamais vraiment décollée si je ne me trompe pas ? Peut-être que cette reconnaissance serait bénéfique pour Eleanor et pas forcément que pour sa carrière, mais de façon plus personnel. Olivia chantait elle-même sa quête d’identité.

Pourquoi en priver Eleanor Harris qui ne me semblait pas être une source de problème pour la dynastie des Hughes ? Je regardais Don avec espoir qu’il abonde en mon sens.

@ Billy Lighter

J’avais donné des détails sur ce que je pensais de l’envie d’émancipation de Julian ainsi que son mariage avec Olivia. J’avais vu, dans cette action, non pas un offense mais une preuve de détermination. Julian savait ce qu’il voulait et ça allait le mener loin dans sa vie. Olivia était de la même trempe.

Juliet confirma que les deux jeunes adultes avaient de beaux projets mais voulait savoir comment je me situais par rapport à tout ça. J’avais souris très à l’aise avec la question.

-Comme un soutient. Que ça soit morale ou financier. Olivia et Julian auront toujours un refuge dans ma demeure quoi qu’il arrive. Ils ne m’ont encore jamais concrètement demandé conseils mais si jamais ils en veulent, je saurais leur en donner. Je serais toujours là pour eux. Je ne veux pas non plus troubler leur relation ou leur imposer une vision. Ils mènent leur barque et j’en suis ravi.

Ces dernières indications semblaient assez que pour que Juliet puisse commencer la rédaction de ma biographie. Elle commença à rassembler ses affaires quand une article tomba d’une de mes scrapbooks. Un article qui parlait d’Eleanor qui était mon plus grand secret de famille.

Si j’avais été totalement à l’aise jusqu’ici, le fait que Juliet lise tout haut l’article et se pose des questions sur celui-ci amena comme un malaise. J’avais tranché, avant de la rencontré, que je ne parlerais pas d’Eleanor. J’avais mes raisons… Mais désormais, je ne pouvais ne pas raconter la vérité à celle qui allait, pendant plusieurs semaines, entendre tout ce qui faisait ou avait fait ma vie.

Je révélai, donc, avoir non pas deux mais trois enfants. Eleanor était la deuxième. Celle que j’avais eu d’une relation extra-conjugale. C’était un regret. Pas sa naissance. Une naissance était toujours une bénédiction. Mais comment j’avais, à l’époque, gérer les choses.

C’est un genre de surprise que je vis sur le visage de la jeune Jones. J’expliquai, ensuite, mon choix de ne pas parler d’Eleanor. Mais la jeune femme se permis de me donner son opinion sur la chose.

Je l’écoutais attentivement me pousser à révéler l’existence d’Eleanor dans ma biographie. Elle pensait que tout cela pouvait être bénéfique autant pour moi que pour Eleanor. Je pris un moment pour réfléchir le regard dans le vide avant de le relever sur Juliet.

-Eleanor sait que je suis son père… Contrairement à Livia qui, elle, au départ, n’en savait rien. Mais il est vrai que je n’ai pas dû lui laisser l’image que je voudrais qu’elle ait de moi. Elle doit me prendre pour le genre d’homme qui ne prends pas ses responsabilité.

Je soupirai… C’était ce que j’avais été à l’époque.

-Elle doit me penser à la fois lâche et sans cœur.

Était-ce vraiment ce que je voulais laisser dans la tête d’Eleanor ?

-C’est ce que penseront les lecteurs en découvrant l’histoire…

Je fis une moue de réflexion à nouveau.

-Ne devrais-je pas d’abord rencontrer Eleanor ? Mettre les choses à plat avec elle ? Je ne voudrais pas qu’elle soit prise par surprise en lisant ma biographie et en découvrant que j’ai raconté au monde qu’elle est ma fille sans lui avoir parlé avant. Ça ne serait pas correcte.

J’avais des défauts mais pas celui d’être dénuer de bon sens.

-Qu’en pensez-vous ?

@ Billy Lighter

La fierté qu’éprouvait Don pour son fils était évidente. Il n’avait pas besoin de me le dire pour que je le comprenne. Cela dit, il n’avait pas été un père très présent et la façon dont il décrivait son ‘’implication’’ dans ce qu’il disait être un soutient pour Julian et sa jeune épouse ressemblait à une tentative désespéré d’être décrit comme un bon père.

Est-ce que ces années passées à monter sa maison de disque, à participer à des réunions sans fin, à discuter avec des avocats, des managers, des artistes, à prendre part à des galas plutôt que de lire des histoires avant le dodo ou d’assister au spectacle de fin d’année faisait de lui un mauvais père ? Non, je ne le pensais pas et personne qui lirait cette biographie le croirait. Il n’était qu’un homme de sa génération qui devait ramener le pain bénit sur la table coûte que coûte !

- En tous les cas c’est magnifique de voir qu’ils ont pu trouver votre appuie pour se marier et que vous continuer de les soutenir, même maintenant qu’ils volent de leurs propres ailes. Ils doivent vous en être reconnaissant.

Maintenant que j’avais assez de matière pour commencer ma rédaction, je me sentais prête à mettre fin à cet entretiens. Nous pourrions nous rencontrer à nouveau d’ici la fin de la semaine afin qu’il puisse lire ce que j’avais de fait jusqu’à présent. Si tout lui plaisait et qu’il me donnait son ok pour continuer, je pourrais lui poser davantage de questions, approfondir certaines zones grises.

Je me levais et refermais un scrapbook duquel tomba un article parlant d’une Angelenos qui s’était illustrée en Europe sur la production des Misérables. Je ne comprenais pas pourquoi avoir conservé cette coupure de journal jusqu’à ce que Don me confie que la jeune femme de l’article, Eleanor Harris, était sa fille illégitime.

Ma surprise était difficile à cacher, lui qui venait de passer des heures à me parler de sa droiture, de sa famille sa grande fierté.

Il ne pensait pas que ce soit digne de mention dans sa biographie par soucis de discrétion pour la jeune femme qui, malgré tout, savait qu’il était son père. Je voyais, par le biais de la biographie, une opportunité pour eux de se retrouver, de rattraper peut-être le temps perdu. Mais pour Don, ce serait une occasion facile de faire de lui un lâche, un homme incapable de faire face à ses responsabilités.

- Oui… Non… Ne croyez-vous pas que la parole revient à Eleanor elle-même ? Peut-être que pour elle, ne pas être la fille illégitime d’un homme bien connu était plus facile que d’être pointé comme étant la brebis galeuse ?

Je pensais qu’il serait très intéressant de donner une opportunité à la jeune femme de s’exprimer sur le sujet et cela se ferait après la publication de la biographie ou alors, Don trouverait le courage de la contacter pour lui dire qu’il avait l’intention de lever le voile sur ce secret de famille si longtemps gardé.

- C’est ce que je crois. Vous devriez la rencontrer et discuter avec elle. Je pense qu’après tout ce temps et parce que vous avez de loin gardé un œil sur sa carrière, elle verra que vous n’étiez pas un homme dépourvu de cœur. Peut-être qu’il vous manquait juste un peu de courage mais qui pourrait vous en blâmer ?

Qui n’avait jamais fait d’erreur ?

@ Billy Lighter

J’étais fier à la fois de Julian que de Livia et du couple qu’ils formaient. Un couple très mature dont j’étais là en soutien s’il le fallait. Julian était mon dernier né et bien qu’on avait des divergences sur bien des sujets, on s’entendait bien. Ma relation avait toujours été plus simple avec lui qu’avec Carrie qui est moins conciliante et qui avait toujours été mal entourée que ça soit, avant, par Michael Brown que, maintenant, par Victor Hunter.

Juliet trouvait magnifique de Julian et Livia ait pu trouver en moi un appui pour se marier. J’avais été là pour Julian à ce moment-là et le beau-père de Livia avait été là pour elle. Enrique était un homme sympathique que j’appréciais beaucoup et qui me semblait plus légitime aux côtés de Livia que Jimmy Reed.

-Ils sont très reconnaissant.

A leur manière. Et j’avais continué de les soutenir en prenant sous mon aile la jeune Livia qui faisait des études en droit des affaires.

Juliet disait avoir assez de matière pour commencer son travail. On prendra à nouveau rendez-vous dans quelques jours afin que je puisse lire ce qu’elle aura déjà écrit. J’avais foi en son talent et j’étais certain qu’elle pourra retranscrire tout ça de la meilleure des façons.

Seulement, dans son mouvement, Juliet fit tomber un ancien article que je conservais depuis très longtemps. Il parlait de ma fille illégitime, Eleanor Harris. Loin de moi l’idée d’inventer un mensonge… Je me mis alors à raconter toute la vérité à la jeune Jones.

Si Juliet poussait pour faire apparaitre cette histoire dans la biographie, moi, je me posais bien des questions à ce sujet. Ça risquait d’entacher mon image et de mettre Eleanor sur le fait accompli. Car si elle sait bel et bien que je suis son père, elle ne veut peut-être pas que tout le monde le sache. Je formulai, donc, mes questions tout haut ainsi que mes craintes.

Je mis en avant le fait qu’Eleanor devait me penser lâche et sans cœur et que le public se dira aussi en lisant cette partie de mon histoire. Une partie dont je n’étais pas fier. Mais pour Juliet, c’était à Eleanor que la parole devait revenir. En gros, je ne pouvais pas savoir ce qu’elle en pensait…

-Vous avez raison… Je ne sais pas ce qu’elle en pense réellement. Mais ce dont je suis certain c’est que j’ai été loin d’être à la hauteur vis-à-vis de tout ça.

Mais je trouvais mieux de parler à Eleanor avant de publier quoi que ce soit. Je n’avais pas envie de l’exposer si ce n’était pas son envie. Je croyais être déjà bien assez bas dans son estime comme ça. Et bien que j’avais de l’appréhension à la rencontrer, je devais trouver le courage rien que pour ne pas laissé se chapitre de ma vie en suspens.

Juliet trouvait l’idée de la rencontrer très bonne. Je trouverais l’occasion de dire à Eleanor que, malgré tout, je l’avais suivi de loin. Je pourrais lui expliqué ma version de l’histoire. Lui faire part de mes regrets aussi. Je savais peu de chose d’elle mais d’après ce que j’en savais, c’était une femme très humaines.

Je pris un air de réflexion.

-Vous avez raison. Je la rencontrerais. Ou, du moins, je lui proposerais une rencontre. En espérant qu’elle accepte. Si elle n’accepte pas, je saurais qu’elle ne veut rien entendre… Et je ne pourrais, hélas, pas lui en vouloir.

Pas alors que je l’avais, en quelque sorte, abandonné.

-Merci.. De m’avoir écouté et aider. Je savais que je ne m’étais pas trompé en vous engageant.

@ Billy Lighter

Don était heureux d’avoir de sa relation avec son fils et sa jeun épouse. Je pouvais comprendre le sentiment qu’il ressentait surtout que Julian avait demandé d’être émancipé. Cela aurait pu laisser sous-entendre qu’il voulait faire une coupure net avec ses deux parents mais visiblement, il n’avait que coupés les ponts avec sa mère reconnu comme étant une femme violente.

Après cette conversation, j’étais prête à partir mais ma curiosité légendaire fut attirée par un article maladroitement caché, comme s’il avait été mis là avec l’espoir qu’on le trouve, ou non. Don avait-il espérer remettre son secret entre les mains du destin ? Ça pouvait ressembler à cela, en effet.

Je ne m’attendais cependant pas à ce qu’il m’avoue avoir une enfant illégitime et que cette dernière était au courant de l’identité de son père. Pour une nouvelle, ça en était toute une et pas la moindre ! C’était un peu un choc quand même, parce que jusqu’à maintenant pendant notre conversation, Don avait projeté l’image d’un homme droit et de principes. Disons que cette image lisse venait de s’écailler un peu.

Sachant cela, je voyais mal comment ne pas en parler dans sa biographie. Tout venait à se savoir, Jimmy Reed l’avait appris et probablement se moquerait-il secrètement de son homonyme pour avoir eu lui aussi, son petit écart de conduite.

J’avais des arguments pour ajouter Eleanor Harris dans la biographie de Don alors que lui se montrait réticent. Évidement que la situation était délicate et que l’opinion de la jeune femme comptait sur l’intégration ou non de leur lien dans mon livre.

- Avant de dire que nous n’avez pas été à la hauteur, prenez le temps de la connaitre et de voir si elle souffert de votre absence. Certes, avoir un père est une bénédiction, je suis très près du miens, mais si je n’avais jamais eu de père, souffrirais-je de son absence ?

Pouvait-on manquer de quelque chose dont nous n’avions jamais eu dans notre vie ? Et d’après l’article, Eleanor était très talentueuse. Je me questionnais même pourquoi elle n’avait pas tenté de pousser davantage sa carrière. Par manque de véritable intérêt ?

Je me permis de lui suggérer de rencontrer Eleanor et de discuter avec elle de cette biographie et voir si elle acceptait de s’y retrouver. Avant tout, ce serait une occasion de lui parler en face, d’établir un premier contact et qui sait, sans prétendre que les années perdues seraient rattrapables, de semer un début de quelque chose. Ma suggestion sembla séduire l’homme d’affaire qui me remercia de l’avoir faite.

Ceci signa la fin de notre premier entretient. Je lui serrais la main, rangeais mon matériel et une fois fait, je lui demandais de bien vouloir m’accorder au minimum une semaine pour rendre un premier jet ce qui lui laisserait assez de temps pour rencontrer Eleanor.

- Tenez moi au courant s’il y a des développements.

Je lui serrais la main et le laissais me raccompagner jusqu’à la porte de sa somptueuse demeure.

@ Billy Lighter