Assise à mon bureau, je lisais avec un certain pincement au cœur un énième article relatant la mort tragique et prématurée de Peyton Stone. Je n’affectionnais pas particulièrement la Diva, surtout depuis qu’elle avait freiné la tourner sur laquelle Shiri, ma protégée, assurait la première partie. Cela avait été difficile de rassurer ma chanteuse par la suite. Elle craignait que le caprice de Lola n’entache sa réputation et qu’aucune salle ensuite ne lui fasse confiance. Fort heureusement pour elle, ce fut plutôt le contraire qui se produisit. Plusieurs salles la réclamaient, probablement parce qu’elles avaient vu son grand potentiel.

Arrivée au bout de ma lecture, je refermais le journal et j’attrapais la pile de courrier qui m’était destinée. Il y avait là-dedans des démos d’aspirants chanteurs ce qui n’était pas sans me rappeler Finan et sa démo de piètre qualité. Un petit sourire se dessina au coin de mes lèvres alors que ce souvenir traversa mon esprit. Il en avait fait du chemin depuis ce jour, passant d’artiste solo à groupe de trois, à homme marié puis père d’un puis deux enfants pour enfin ajouter un membre à sa formation pour former un quatuor qui avait complètement tout déchiré lors de leur prestation au Hollywood Bowl. Je leur avait d’ailleurs tous fait parvenir une bouteille du meilleur champagne pour les féliciter. J’aimais offrir de petites attentions de ce genre.

Au travers des démos dont les enveloppes étaient estampillées d’étoiles multicolores ou encore dessinée comme une véritable œuvre d’art, tout ça dans le but d’attirer l’attention d’un manager tel que moi, se trouvait des factures que je transférerais au département financier, des invitations à des galas, des réceptions ou des spectacles bénéfices en tout genre. Dans le lot, une enveloppe violet attira mon attention.

Je glissais mon doigt sous le rabat de l’enveloppe et en sortit une lettre ainsi qu’une autre feuille que je mis de côté le temps de lire ce qu’il y avait d’écrit. Il arrivait parfois qu’un auteur-compositeur envoie ses textes aux maisons de disques dans l’espoir d’avoir un retour favorable et de voire sa chanson endisquer.  Le texte que je lisais était excellent !

Plusieurs pensées s’entrechoquèrent dans ma tête alors que je voyais là, entre mes mains, un futur succès radiophonique. Il fallait cependant que je réfléchisses à qui je pourrais confier une chanson de ce genre, il faudrait évidement aussi qu’on nous compose la mélodie qui bercerait les paroles, un point que je réglerais plus tard.

Évidement, je pensais à Shiri mais je ne la sentais pas prête pour ce genre de chanson. Il fallait y mettre du cœur, de l’émotion, or Shiri était encore trop immature pour endosser ce texte. Je ne parlais pas ici de sa personnalité mais de son chant. Elle était parfaite pour de la pop qui nous donnait envie de danser, c’était indéniable.

La chanson que j’avais sous les yeux était un duo, du moins, je voyais beaucoup plus de potentiel pour un duo. La chanson aurait plus d’impact, elle irait chercher plus de gens.

Finan s’imposa dans la tête en même temps qu’un autre visage et une idée folle prit doucement forme.

J’attrapais le combiné de mon téléphone et composais le numéro de la tour voisine, un sourire immense sur mes lèvres.

- Mademoiselle Ferguson ? C’est Samantha… Oui très bien et vous ?... J’en suis ravie. Je dois immédiatement parler à Daniele, est-ce possible ? Merci, je l’apprécie !

Mademoiselle Ferguson, Sonne Moriarty de son nom de femme mariée ne me plaça pas longtemps en attente. La voix de mon époux se fit entendre à l’autre bout du fil.

- Amore mio ? Nous devons parler business toi et moi ! Peux-tu venir me rencontrer à mon bureau ?

Il râlerait certainement de devoir se déplacer chez MTI mais je savais que l’attrait du business piquerait sa curiosité assez pour qu’il marche sur son orgueil et traverse la rue nous séparant.

Le monde de la musique avait été ébranlé par la mort prématurée de la diva, Lola. Elle était morte en couche ce qui rendait la chose dramatique. Je ne portais absolument pas Peyton Stone dans mon cœur. Je trouvais qu’en plus d’être déconnectée de la réalité, elle était une manipulatrice dans l’âme. J’avais pu voir ses talents - il y a quelques années - alors que j’avais voulu faire d’elle l’un de mes poulains.

Donc, je n’aimais pas Peyton mais ce n’est pas pour ça que je souhaitais sa mort. Encore moins de cette façon. Je n’aimais pas son mari non plus mais je n’aurais jamais souhaiter à Stone de perdre sa femme et de se retrouver seul pour élever deux marmots. Il n’allait pas s’en sortir. C’était un fait. Le petit merdeux ne savait déjà pas mener sa vie alors élever deux enfants… Heureusement qu’il avait une belle brochette d’amis.

Bref, la télé et les médias n’en revenaient toujours pas. Les chansons de Peyton passaient tous les jours à la radio bien plus qu’à la normale – et ça me cassait un peu les oreilles. C’est MTI qui allait se remplir les poches ! Tout le monde sait que la mort d’un artiste fait gonfler les ventes d’albums et de produits dérivés. Don Hughes devait se frotter les mains… Enfin, je savais qu’il ne le faisait pas. Don Hughes était bien trop gentil et sensible pour ça.

Je bossais actuellement dans mon bureau. Je prévoyais pas mal de chose pour Sniper ainsi que pour Jackson et Tobby. Des concerts pour qu’ils puissent faire vivre leur musique vu que leurs albums avaient bien marché. Enfin… Celui d’Evan avait un peu moins marché que d’habitude mais Sniper restait un produit plus que vendeur et les critiques avaient largement passé l’éponge sur son album plus personnel.

J’avais arrêté de bosser pour prendre une pause mais avant que je ne réussisse à me – re – servir un whisky, Sonne m’avait dit que j’avais un coup de fil provenant de la tour d’en face. C’était Sammy.

Elle voulait me voir dans son bureau. J’aurais pensé à une petite escapade coquine si Sammy n’avait pas précisé que c’était pour cause business.

-Business ?, dis-je intrigué. Tu m’en diras tant, amore mio.

J’avais regardé l’heure.

-Laisse-moi dix grosses minutes. C’est loin MTI, dis-je avec un petit sourire en coin.

J’avais raccroché. Elle avait piqué ma curiosité – c’est pour ça que je voulais bien faire les trajets jusqu’à la tour d’en face.

Je m’étais levé et j’avais pris l’ascenseur pour descendre en bas de la tour avant de marcher les quelques mètres qui séparaient les deux tours rivales. J’étais entré dans le hall tout blanc de chez MTI. BSC était une tour bien plus accueillante – c’était la patte moderniste de Jim qui voulait ça.

Le gamin – en d’autres terme, Victor Hunter - était en train d’emballer la réceptionniste alors j’étais passé sous les radars. Parce que, sinon, chaque fois que je passais, je me faisais interpellé pour vérifier auprès de mon épouse si j’étais bien ici pour elle… C’était un ordre de Stanley – le second de Hughes – qui avait peur que je ne vienne faire de l’espionnage industriel…

Il est complètement parano.

Mais là, grâce à ce gamin de merde, je pouvais passer sans problème et rejoindre l’ascenseur direction l’étage du bureau de Sammy. Une fois là-haut, je fis signe à la secrétaire avant d’entrer dans le bureau de ma douce.

-Amore mio !, m’exclamais-je les bras écarté. Tu m’as manqué !

On s’était vu ce matin alors la remarque était plutôt humoristique.

Je m’étais avancée pour l’embrassé avant de me laisser tomber dans le siège face à son bureau.

-Tu as vu ? Je suis passé sous les radars ! Digne d’un vrai espion, dis-je avec un petit sourire en coin.

Si ça n’avait pas été le cas, elle aurait reçu un coup de fils.

-Alors, c’est quoi ce « business » dont tu veux absolument me parler ?, demandais-je intrigué.

J’avais passé un coup de fil à mon tendre et cher époux afin de lui demander de me rejoindre à mon bureau pour parler business. Je savais que ce serait suffisant pour piquer sa curiosité car, n’étant pas employés pas la même maison de disque, les occasions de parler affaire ensemble étaient rares.

Il n’avait fallu que dix petites minutes à Daniele pour faire le chemin entre nos maisons de disques respectives et grimper jusqu’à mon bureau. D’ailleurs, quand il entra, il se venta d’être parvenu jusqu’à moi tel un espion. Ça me fit rigoler alors que je replaçais mes cheveux que j’avais laissé lâche pour la journée. Ainsi coiffée, on voyait moins les quelques fils de sagesses qui parsemaient de plus en plus ma chevelure.

- Un vrai ninja !

Je passais mes bras autour de son cou lorsqu’il vint m’embrasser. S’il disait sur un ton taquin que je lui avais manqué, je pouvais moi dire sans rire que c’était bien le cas. J’adorais être en sa compagnie. Chaque seconde de ma vie passée loin de lui était longue et ennuyante.

Daniele alla prendre place dans l’un des fauteuils devant mon bureau puisqu’il n’était pas ici pour que l’on se lèche le visage comme deux adolescents en pleine effervescence hormonal, mais bien pour parler business. Le batifolage sera un projet de fin de soirée, lorsque l’on se retrouvera tous les deux au lit.

- J’ai reçu une proposition de chanson et je tenais à te la montrer car, à mon avis, elle ferait un très beau duo.

Seulement, je n’avais pas sous la main, la voix féminine qui accompagnerait la voix masculine que j’entendais quand je lisais les lignes magnifiquement composées. Je tendis donc la feuille à Daniele pour qu’il en fasse lui-même la lecture et ensuite, je verrais s’il pensait à la même chose que moi.

- J’ai songé à Finan Quinn pour former un duo sur cette chanson et, avant que tu me demande pourquoi je n’ai pas d’emblé porté mon dévolu sur Shiri, je préfère te dire que je ne la sens pas assez mature pour porter avec justesse cette chanson. Par contre, il me semble que toi tu aies la perle rare.

Il ne fallait pas chercher des heures pour comprendre que je parlais d’Olivia Cortez-Hughes-Reed. Elle avait obtenu son laissez-passer pour jouer dans la cours des grands depuis le début de sa tournée mondiale et elle enchaînait succès par-dessus succès. Je savais même qu’elle venait de terminer une première année d’études en droit ce qui représentait un sérieux et une discipline de fer. Cette jeune femme, puisque nous ne pouvions plus la considérer comme une enfant, avait tout pour réussir et elle ne cessait de le prouver jour après jour.

- Je t’aurais bien proposé de l’endisquer en duo toi et moi mais ma voix de crécelle ruinerait la délicatesse de la tienne.

Si je savais me débrouiller avec de petites berceuses toutes innocentes pour mes enfants le soir, je n’avais aucun talent pour assurer sur une belle chanson où ma voix devait porter une gamme d’émotions.

J’avais clamé avec fierté que j’étais passé – cette fois – entre les mailles du filet en ne me faisant pas pincer par la réceptionniste à l’entrée du bâtiment aux murs blanc de Don Hughes. C’était un exploit – il fallait le dire. Et j’appréciais que Sammy le constate en me donnant le titre de ninja.

-Le meilleur des ninjas, précisais-je.

J’avais embrassé Sammy avant de m’asseoir dans le siège face à elle. J’avais demandé de quel business elle voulait – absolument – me parler et elle avait dit qu’elle avait reçu une proposition de duo.

Ce mot « duo » j’avais commencé à le détester ces dernières années mais comme c’est Sammy qui me présentait les choses, j’imaginais qu’il n’était en aucun cas question du petit merdeux de Los Angeles.

-Un duo ?, dis-je intrigué.

Elle me donna la feuille et je me mis à lire la chanson. C’était de très belles paroles. Parfaites pour un duo – effectivement. J’avais relevé les yeux sur Sammy qui avait pensé à Quinn pour ce duo mais – visiblement – elle ne trouvait pas la voix féminine. Shiri n’allait pas faire l’affaire, de son point de vue. Preuve qu’elle connaissait bien ses artistes.

D’après Sammy, c’était moi qui avait la perle rare.

Oh que oui ! Je l’avais ! Et – bien qu’elle soit plus jeune que Shiri – Livia était, effectivement, plus mature.

-Livia. C’est elle, n’est-ce pas, que tu veux ?, dis-je avec un large sourire.

C’était indéniablement elle !

Sammy avait ajouté qu’elle aurait bien pensé à nous mais sa voix n’était – d’après elle – pas à la hauteur. J’avais rigolé à cette remarque pleine d’auto-dérision de la part de Sammy.

-Tu as d’autres talents, amore mio, dis-je en lui faisant un clin d’œil. Mais c’est vrai. En affaire on ferait un bon duo mais en chant, c’est une autre histoire.

Puis, pourquoi se tuer à cette tâche alors qu’on avait des artistes de renommée mondial à disposition. Enfin – pour l’instant – Quinn n’avait pas une renommée mondial mais j’étais certain, vu ce que j’avais vu au Hollywood Bowl, que ça ne saurait tarder.

-Livia-Quinn, dis-je pensif. Effectivement ça pourrait donner quelque chose d’exceptionnel. J’ai hâte de voir Quinn hors de sa zone de confort !

Ça pouvait bien donner. En espérant que les deux artistes s’entendent. Parfois, les choses ne collaient pas.

-Imaginons que ça donne bien… Livia est une artiste de renommée mondial. Quinn, pas encore. Ça sera 60-40 pour BSC et je te fais une fleur, là, dis-je avec un petit sourire en coin.

Moui – pas question que je lâche plus de leste dans les négociations.

Mon ninja préféré m’avait embrassé et bien que l’envie de le prolonger me titillait, je devais rester raisonnable et amorcer la discussion l’ayant conduit jusqu’à mon bureau. J’avais reçue au travers de ma pile de courrier, une chanson qui avait attirée mon attention avant de me charmer et de me faire rêver au duo parfait pour lui donner vie.

Daniele avait été évidement intrigué par cette proposition de duo bien que je me doutais qu’il avait été échaudé par toutes les fois où de ses protégés avaient sauté la clôture sans le consulter d’abord. Il détestait ça, avec raison ! Mais cette fois, c’était de manager à manager que nous pouvions arranger quelque chose.

- Oui, un duo, amore mio.

Je lui donnais la feuille pour qu’il puisse lire les paroles et qu’il constate de lui-même la qualité et alors, il comprendrait pourquoi nous ne pouvions confier cette chanson à n’importe quelle voix. Celle de Shiri n’était pas assez mature pour transcender autant d’émotions et je doutais que cela ne plaise à Tiffany. Je ne savais d’ailleurs pas si elle chantait en plus de jouer merveilleusement bien d’à peu près tous les instruments de musique.

Je n’avais pas eu besoin de tourner longtemps autour du pot pour que mon cher et tendre comprenne que je voulais Livia sur cette chanson avec mon Irlandais préféré.

- Exactement, je veux Livia pour chanter avec Finan.

Avoir eu une belle voix, j’aurais proposer à Daniele de l’endisquer ensemble, pour le plaisir et qui sait ? Malheureusement, je n’avais pas ce talent, pas assez du moins pour assurer. J’assumais très bien ce fait, ça me faisait même rire.


- Quand tu en auras assez de Jimmy et moi de Don, alors nous ouvrirons notre propre maison de disque.

C’était une idée lancée à la blague mais qui sait ce que l’avenir nous réservait ? Après tout, comme venait de le dire Daniele, en affaire, nous ferions un excellent duo, de quoi faire trembler tous nos compétiteurs ! Du coup, l’idée de bâtir notre propre business me souriait. Ce serait à envisager, dans quelques années…

- J’ai également hâte de voir comment Quinn gérera mais avec le grain particulier de sa voix, je suis certaine que ça donnera un résultat explosif. Ce sera la chanson de l’année l’an prochain, tu verras !

J’en étais convaincue, je voyais mal comment il pourrait en être autrement.

Maintenant que nous étions d’accord sur une collaboration MTI-BSC, il fallait parler argent et je laissais un demi sourire se tracer sur mes lèvres quand Daniele parla d’un pourcentage qu’il n’aurait jamais.

- 60-40 pour MTI, tu veux dire. Parce que je suis l’instigatrice de ce duo, parce que c’est à moi qu’on a remit la chanson et parce que je donne une visibilité incroyable à ta chanteuse qui n’en a pas du tout besoin. Et je te fais une fleur, amore mio. J’aurais pu en parler directement à Livia qui se serait fait une joie de sauter la clôture pour jouer dans le terrain de jeu de sa belle-famille dans lequel elle a déjà les pieds bien plantés. Je pourrais accepter à la limite un 50-50 mais ça n’ira pas en dessous de ça.

C'est un duo que me proposait Sammy. Dans les règles de l'art - pas comme toutes les fois où Stone avait corrompu mes poulains en se trompant de studio. Sniper s’était fait avoir mais - aussi - Livia.. Si c'était bien le genre du premier, j'aurais voulu plus de jugement dans le chef de la fille de Jim.

J'avais lu les paroles de la chanson et - effectivement- c'était fait pour deux personnes. Un homme et une femme. Sammy avait son homme. Finan Quinn. L'Irlandais était plus habitué à un registre plus métal alors il fallait voir ce que ça pouvait donner sur ce genre de chanson mais je faisais confiance à Sammy sur le coup.

Elle avait éliminé Shiri de l'équation - c'est bien pour ça qu'elle me demandais mon aide.

Elle voulait Livia - c'est ce qu'elle confirma.

-Tout le monde veux Livia, dis-je assez fier de l'avoir subtilisé à Jack Perry.

Sammy aurait bien voulu qu'on le fasse nous deux mais elle avait dit ne pas en avoir le talent. On était meilleur en affaire - elle et moi. De là même à ce qu'elle propose qu'on monte, un jour, notre propre maison de disques.

-Trop peu pour moi, j'aime être manager et m'amuser sur les route, dis-je pas emballé par le fait d'ouvrir ma propre maison de disques. Quand je vois la vie de Jim, je me dis qu'il doit s'ennuyer ferme.

Peut-être pour ça qu'il dirige un gang - qui sait?

-Puis j'hériterais d'un empire bien plus grand que tout ce que Jim et Don ont dans quelques années, rajoutais-je avec un petit sourire.

Jim est plus riche que moi - mais ça ne durera pas. Mon père est l'une des plus grosse fortune européenne avec son empire d'import-export.

Sammy avait confiance en Quinn. Elle était sûr que ça donnera bien.

-Il a, effectivement, une voix particulière. Ça peut très bien donner,  confirmais-je.

Nous passâmes assez vite aux négociations. Je voulais du 60-40 pour Livia mais - bien sûr - Sammy n'était pas d’accord. Certains de ses arguments n'étaient pas valables. Ok, c'est à elle qu'on avait remis le duo mais Livia n'avait pas besoin de visibilité contrairement à Quinn. C'est Sammy qui avait besoin de visibilité pour son chanteur. Elle sait que si je refuse, elle devra trouver autre chose et ne pas avoir tant de succès. Or, si Livia se passe de ce duo, ça ne changera pas réellement la trajectoire de sa carrière.

Mais elle y alla de menaces en disant qu'elle pourrait proposer à Livia de sauter la clôture.

-Et faire une Howard Stone de toi, amore moi ?, dis-je avec un petit sourire en coin. Les techniques du petit merdeux t'inspirent ?

Si Livia acceptait en passant par-dessus moi elle saura qu'elle perdra de ma confiance - ce qui n'est pas bon pour le lien d'affaire que nous avions. Elle fait droit des affaires, non? Dans ce cas, elle sait qu'il faut contenter ses alliés.

-Puis, c'est partir du principe que Livia favorise MTI. Tu crois que c'est le cas ?, demandais-je avec le même sourire.

MTI ne reviendra pas à Julian - c'était la rumeur qui courrait.

-57-43 pour BSC. A prendre ou à laisser amore mio, dis-je avec un  sourire en coin. Livia n’a rien à perdre… Mais Quinn a tout a y gagné si Livia fait partie du duo.

J’avais entre les mains une magnifique chanson faite pour être un duo, il ne pouvait en être autrement. Je voyais très bien Finan l’interpréter mais pour lui donner le change, il fallait une voix à la hauteur de la sienne, avec beaucoup de maturité et d’assurance ce qui n’était pas le cas, malheureusement, de Shiri.

J’avais en tête Livia et pour cela, je devais en discuter avec mon tendre et cher époux dans les règles de l’art. Je l’avais donc convié à me rejoindre à mon bureau ce qu’il fit sans tarder, lui qui normalement aime se faire désirer. C’est dire combien j’avais piqué sa curiosité. Je ne le fit donc pas trop attendre pour lui exposer mon idée de duo ce à quoi il répondit que tout le monde voulait travailler avec Livia.

- En effet mais talentueuse comme elle l’est, il est difficile de ne pas penser à elle en tout premier.

À vrai dire, et c’était fort regrettable et triste, j’aurais très bien entendu Lola sur cette chanson mais la vie étant ce qu’elle est, nous devions regretter celle de la grande Diva et continuer d’honorer ce pourquoi elle avait donné toute sa vie : la musique.

Si, dans un monde parallèle, j’aurais pu avoir envie de chanter avec mon époux, je devais admettre que nous avions plus d’affinité en affaire lui et moi. En fait, nous étions à ce point coriaces que nous serions redoutables et qu’un jour, pourquoi pas nous offrir le luxe de bâtir notre propre empire en ayant une maison de disque bien à nous ? L’idée ne séduisait pas Daniele autant que moi.

- Je m’occuperai de la gestion, amore mio, là est toute la finisse du projet qui n’est rien de plus qu’un fantasme en réalité qu’un véritable projet.

Puis Daniele affirmait ne pas avoir besoin de ça pour s’en mettre plein les poches, lui qui comptait sur la mort possiblement prochaine de son père pour toucher le gros lot. Devais-je lui rappeler que son père s’était accoquiné avec une petite jeunesse qui avait elle aussi les yeux sur le magots ou bien je laissais couler ?

Je laissais couler pour revenir sur ce qui nous réunissait dans mon bureau en ce moment précis. Finan avec un grain de voix particulier qui n’allait pas s’accorder avec n’importe lequel c’est pour cela que je visais une association avec Livia mais pas à n’importe quel prix. Ce que Daniele me proposait frôlait le ridicule. Je n’allais pas céder à son 60-40 même si je voulais réellement avoir Livia sur cette chanson.

J’argumentais donc en disant que c’était à moi qu’on avait envoyé cette magnifique chanson et que, bien que Livia n’avait pas besoin de visibilité, elle bénéficierait beaucoup des retombée, il ne fallait pas l’oublier. Aussi, je comptais sur le fait que Livia puisse décider d’elle-même de se joindre au projet en supposant qu’il vienne sur le sujet de la part de son beau-père. Qui sait si elle ne voudrait pas participer sous prétexte que cela plairait à Don.

- Moi ? Faire une Stone de moi-même ? Jamais de la vie…

J’avais étiré la première syllabe de mon jamais pour faire comprendre à Daniele qu’en fait, cela pouvait être une possibilité.

- Je pense que Livia serait tout à fait capable de prioriser MTI pour une raison que j’ignore mais je le sens… Disons que c’est mon intuition féminine qui parle et comme tu le sais, elle me trompe rarement.

Daniele tenta alors un nouveau pourcentage qui me fit sourciller d’abord puis rire ensuite alors que je faisais non de la tête.

- Un petit effort, amore mio, à moins que ce ne soit 57-43 en faveur de MTI ce qui me ferait signer sur le champ et à deux mains ! Quinn à peut-être tout à gagner mais il n’a pas besoin de Livia pour s’élever de la masse. Vois plutôt les retomber pour ta chanteuse alors qu’elle est en pause d’après tournée. Il s’agit que d’un petit projet qui ne lui prendra que peut de temps alors que MTIva tout prendre en charge. 60-40 pour MTI.

Oui – Livia était très talentueuse et, comme Sammy le disait si bien, il était difficile de ne pas penser à elle pour certains projets. Sammy, elle-même, malgré qu’elle avait Shiri dans ses rangs, préférait s’en remettre avec la nouvelle coqueluche de la musique.

Sammy avait évoqué – en rigolant – l’idée qu’on puisse faire ce duo nous deux avant de fantasmé l’idée qu’on puisse ouvrir notre propre maison de disques. Seulement, je n’avais aucune envie de faire ça. Je préférais le confort de BSC. J’étais le meilleur manager de la boîte et je pouvais faire à peu près tout ce que je voulais – sans la paperasse liée au fait d’être patron d’entreprise. Sammy avait dit qu’elle s’occupera de la gestion avant d’affirmer que tout ça n’était qu’un fantasme.

-Sonne n’est-elle pas le mieux qualifiée pour gérer ?, dis-je avec un petit sourire en coin.

Sammy n’avait toujours que des bons mots pour ma secrétaire qui – quelque part – était une petite gestionnaire de mon petit monde.

Moi – de mon côté – j’avais, dans quelques années, hériter d’une énorme fortune. Je n’avais pas vraiment besoin de construire quoi que ce soit. Tout me tombera dessus au moment venu.

On en était revenu au projet de duo. Finan serait donc la voix masculine et Livia la voix féminine. C’était un duo improbable – mais je le voyais bien fonctionner. Il faudra voir si l’Irlandais pourra chanter dans un registre différent de ce qu’il a l’habitude de faire. Mais là n’était pas encore la question. D’abord, il fallait négocier.

J’avais demandé le plus gros pourcentage mais c’est Sammy qui voulait s’en emparer. Finan avait  - pourtant – bien plus à prouver que Livia. Certainement bien consciente de ça, Sammy passa par la bassesse de la menace.

Elle voulait faire une Stone d’elle – n’est-ce pas triste ? Elle voulait corrompre Livia pour qu’elle saute la barrière dans mon dos. J’avais souligné les similitudes entre le plan de Sammy et les petites manigances du petit merdeux de Los Angeles.

Elle ne nia pas.

-Tu me déçois, dis-je en faisant la moue.

L’intuition féminine de Sammy semblait indiquer que Livia serait capable de favoriser MTI.

-Je ne vois pas en quoi ça l’intéresserait, dis-je avant de faire une moue de réflexion. Certes, elle est marié à Julian Hughes mais, d’après ce que j’ai entendu dans les couloirs de BSC et MTI, il n’héritera pas de MTI. La rumeur vient de Victor Hunter… Donc, ça ne semble assez réel.

Sinon, j’aurais vu l’intérêt – ça oui ! Je ne suis pas stupide. Mais maintenant que Don comptait donner la boîte à Carrie, je ne voyais plus bien en quoi donner de l’argent à MTI pourrait intéresser Livia.

Je lançai, donc, un autre pourcentage à l’avantage de BSC. Mais Sammy n’en démordait pas. Je roulai des yeux.

-MTI va tout prendre en charge mais c’est le nom de MTI qui sera sur le pochette alors MTI aura de la publicité. C’est pour ça que BSC mérite le plus gros pourcentage, dis-je inflexible. Ou alors 50-50 et les deux logos, celui de MTI et de BSC, seront sur la pochette… C’est mes deux seules offres. Livia est en vacances… Elle te ferait une fleur en faisant ce duo, amore moi.

Et si Sammy voulait tenter de corrompre, Livia, ainsi soit-il. Je verrais, ainsi, où se trouve l’allégeance de la fille de Jim.

Daniele ne voyait visiblement pas mon hypothétique projet, si je pouvais appeler ça un projet, du même angle que moi. Je me disais que je pouvais très bien le laisser être le manager alors que j’administrerais mais il répondit que Sonne était qualifiée pour le faire.

- Pour t’administrer toi, amore mio ! Mais je doute qu’elle saurait faire tourner une boîte. Moi, je m’en sens capable !

Si mon cher et tendre était ici, c’était parce que j’avais reçu une chanson qui se prêtait plus que bien à un duo et que j’avais besoin de sa chanteuse phare pour accompagner Finan Quinn celui que j’entendais quand je fermais les yeux, après avoir lu un passage de cette magnifique chanson. Je m’attendais à ce que la négociation soit serrée, avec Daniele, c’était toujours une affaire sérieuse mais je comptais bien lui montrer que je n’étais pas prête à céder à ses demandes uniquement parce qu’il a de très beaux yeux.

Je ne voulais pas donner l’avantage à BSC, hors de question que la maison de disque adverse empoche les plus gros bénéfices ! Après tout, c’était à moi qu’on avait envoyé cette chanson et j’avais eu l’idée du duo, j’avais pensée à Olivia Cortez, j’étais donc l’instigatrice de la manœuvre et par conséquent,  je méritais d’obtenir plus grande satisfaction.

Daniele me demanda si je comptais faire de moi une Howard Stone en allant moi-même trouver Olivia pour lui parler de la chanson et ainsi, la convaincre d’embarquer dans le projet et je m’en défendis… pas vraiment.

- Oh, amore mio ! Je te déçois alors que tu es le premier à dire qu’en affaire, il n’y a pas d’amitié qui tienne ?

Je ne m’abaisserai pas à tenter de manœuvre à la Howard Stone mais je pourrais m’y prendre autrement pour atteindre Olivia et, si toutefois il serait trop ardu voire impossible de la décrocher de son firmament, j’irais vers un autre choix de chanteuse, avais-je le choix ?

Je jouais sur mon intuition pour assoir mon argument comme quoi Olivia pourrait décider de se tourner vers MTI pour un inoffensif duo mais Daniele n’y accordait pas plus de crédit que ça et ça me fit sourire.

- Je n’en démords pas. Je suis persuadée qu’Olivia ne refuserait pas de faire cette chanson par respect par son affiliation par alliance à la maison de disque de son beau-père. Cette jeune fille à des valeurs familiales très profondes.

Puisque ma maison de disque allait tout prendre en charge, je ne voyait pas pourquoi nous devions prendre le plus petit pourcentage. Nous allions essuyer plus de frais que de bénéfices à court termes, certes que la donne serait différente à long terme.

- 50-50 me va, puisque je te l’avais proposé. Mais ça n’ira pas en bas de ça pour MTI.

Olivia était présentement en vacances et ça m’allait. Nous pouvions attendre pour endisquer, le temps que je parles avec Finan et que nous entérinions cette entente entre nos artiste respectif. Il y avait beaucoup de business à abattre avant de passer en studio.

- Je m’occupe de t’envoyer une entente en bonne et dû forme, amore mio. Je l’envoie à l’intention de Sonne, puisqu’elle est qualifiée pour gérer ou bien tu compte la signer toit même ?

Sammy ne voyait pas Sonne faire tourner une boîte. Moui – il était clair que d’être chef d’entreprise et d’être secrétaire ce n’était pas la même chose. Ce n’était pas, non plus, la même chose que d’être chef d’entreprise et d’être manager. Bien que Sammy semblait certaine qu’elle était capable de gérer tout ça.

-Je n’en doute pas, amore mio, dis-je avec un petit sourire en coin.

Mais nous n’en étions pas encore là. Avant tout projet de maison de disques, il y avait celui de ce duo qui impliquera – visiblement – Finan Quinn et Livia. J’étais emballé par cette idée, pour une fois, faite dans les règles de l’art. Mais quand on passa aux négociations, je vis que Sammy était capable de faire quelques bassesses pour attribuer à MTI le plus gros pourcentage. Elle était même prêt à passer derrière mon dos pour corrompre Livia afin qu’elle saute la barrière sans mon autorisation. C’était digne d’Howard Stone et totalement indigne de la femme que j’aimais. Je lui avais fait remarqué mais l’insulte ne sembla pas la toucher. Elle avait même à demi-mot pouvoir tomber aussi bat pour gagner les négociations.

J’avais déclaré qu’elle me décevait et elle avait répliqué qu’en affaire il n’y avait pas d’amitié qui tenait.

-Certes, dis-je en faisant la moue. Mais, en affaire, il y a des règles tacites. Si tu la joue dans mon dos, Sammy, je vais devoir te mettre sur la liste des gens avec qui mes poulains ne peuvent pas négocier. En gros, la liste où se trouve déjà le petit merdeux qui t’inspire tant.

Et si Sammy était certaine que Livia serait tentée de favoriser MTI, je n’en étais pas aussi sûr parce que je savais que Livia n’avait rien à y gagner. Elle était, certes, marié à Julian Hughes mais je savais qu’il n’héritera pas de la maison de disques de son père qui reviendra à sa sœur ainée. Livia a plutôt intérêt à favorisé la maison de disques dans laquelle elle a signé.

Mais Sammy restait persuadée que Livia ne refuserait pas son offre pour des raisons qui étaient autre que l’héritage.

-Mais elle a de la famille chez BSC aussi, n’est-ce pas ?, dis-je avec un petit sourire en coin. Si elle a des valeurs familiales très profondes, elle ne voudra pas trahir son père, je me trompe ?

Qu’est-ce qu’un beau-père par rapport à un père, après tout ? Puis, j’étais son manager ! Si elle a du respect pour moi, elle ne sautera pas la barrière sans me concerter…

-Puis, je la vois mal ne pas me concerté avec alors que je lui ai déjà fait la morale quand elle a fait son duo avec Stone, rajoutais-je sûr de moi.

On en vint rapidement aux chiffres et les négociations me conduire à accepter uniquement deux issues : un avantage de pourcentage pour BSC ou un 50-50 mais avec le logo des deux maison de disques sur la pochette. Cette dernière proposition semblait convenir à Sammy.

-Bien ! 50-50 et les deux logos sur la pochette. Ce qui fait que ça sera une single qui appartiendra aux deux maisons de disques au niveau des droits, dis-je assez satisfait.

Livia était actuellement en vacances mais dès qu’elle en aura fini avec son repos, elle sera prêt à enregistrer. Du reste, Sammy comptait faire le contrat comme il se devait.

-Envoie-le à Sonne, je le signerais quand elle aura tout relu, dis-je avec un petit sourire en coin. Je le relirais ensuite… On ne sait jamais, rajoutais-je avec un petit sourire.

Je m’étais levé.

-Bon ! On va se boire un verre maintenant ?, demandais-je toujours souriant. Quoi de mieux qu’un verre après de bonnes négociations ?

Daniele avait toujours eu un gros égo ce qui faisait qu’en affaire, il avait tendance à croire que tout lui était dû et qu’il ne devait rien à personne. Ce n’était pas mon cas. J’aurais été prête à lui donner la plus grosse part du gâteau s’il n’avait pas dès le départ pris pour acquis qu’il allait l’obtenir. Le pensait-il parce qu’il avait devant lui sa femme ou une femme ? Je voulais lui montrer que je n’était pas prête à me laisser manger la laine sur le dos et lui rappelais qu’en affaire, il n’y avait aucune amitié qui tenait.

Jamais je ne serais allée jusqu’à négocier dans son dos avec Olivia, bien que je le lui laissais le croire, simplement parce que j’aimais bien voir sa mine déconfite alors qu’il sentait perdre un peu de terrain. Il me rappela alors que, si en affaire il n’y avait pas d’amitié qui tienne, je pouvais aussi me retrouver sur la liste noire et que plus jamais il ne négocierait avec moi.

- Ça serait embêtant que je me retrouve sur cette liste. Je tâcherai de faire en sorte que mon nom ne s’y retrouve pas si tu fais en sorte de mettre un peu d’eau dans ton whisky et que tu ne te montre pas toujours trop gourmand. À ton âge, tu dois commencer à surveiller ton cholestérol !

J’esquissais un sourire moqueur avant de faire valoir mes arguments sur ce qui me laissait croire que Livia pourrait privilégier MTI au détriment de BSC dans une hypothétique manœuvre plus ou moins correcte de ma part. J’avais le sentiment que la jeune diva irait plus vers la maison de disque de son beau-père que de celle de son père par respect de ses valeurs familiale alors que Daniele croyait le contraire, pensant que Livia voudrait avantager son père.

- Et bien ce sera une question sans réponse, je suppose.

On en revînt à ce qui était le plus essentiel et l’entente se posa sur un 50-50 avec le logo des deux maisons de disque sur la pochette. C’était très respectable et tranchait équitablement la poire en deux. Je ne demandais rien de plus.

J’allais rédiger un contrat correct et en enverrait une copie le plus tôt possible au bureau de mon cher et tendre afin que Sonne en prenne connaissance et le lui résume avant qu’il ne le signe. Il répondit qu’il le lirait ensuite, juste pour être certain que tout allait.

- Évidement, je m’en doutais, amore mio.

L’entente conclue, Daniele se leva et proposa que nous allions boire un verre. Je me levais donc à mon tour et allais l’embrasser, maintenant que nous pouvions passer à autre chose.

- Puisque tu m’invites, j’accepte volontiers.

J’étais toujours prête pour sortir avec mon époux et passer du bon temps avec lui, entente conclu ou non !