J’avais laissé Carrie en plan dans notre villa. Elle n’avait qu’à tourner sept fois la langues dans sa bouche et éviter de m’en vouloir trop pour des choses que je n’avais pas faites si elle avait voulu que je passe la journée avec elle.

Mais là, elle m’avait tapé sur les nerfs et Amon en avait fait de même en relatant un tas de connerie. Je me fichais qu’il ait mentionné que je me sois battu. Au contraire, ça faisait parler de moi. Mais me faire mal voir par mon beau-père en disant que j’avais parlé en mal de MTI ne m’arrangeait pas pour le plan que j’avais. Parce que un rien pouvait faire changer le testament de Don Hughes. Je le savais. Et il ne me portait déjà pas dans son cœur. Il serait bien capable de changer d’avis pour Carrie rien que parce qu’elle est marié avec moi.

Donc, je devais aller donné une petite leçon à Amon. Je pouvais le trainer en justice pour diffamation. Sauf s’il racontait la vérité dans un autre article. Dans ce cas, je voulais bien ne pas porter plainte. Ça sera à lui de choisir et il aura intérêt à faire le bon choix.

Parce que je ne comptais pas lui faire de cadeau.

J’avais cherché l’adresse d’Amon dans le bottin avant de me rendre à Downtown pour le confronter directement chez lui. On était dimanche fin de matinée… Les faits avaient eu lieu avant-hier au soir. Un dimanche matin, quasi sûr qu’Amon était chez lui. Si ce n’était pas le cas, je reviendrais plus tard.

J’arrivai devant son immeuble et m’y engouffrai quand un autre des locataires en sortit. Je fixai les boîte au lettre pour trouver le numéro de l’appartement d’Amon. J’aurais pu passer par l’interphone mais ça aurait fait moins d’effets. Je préférais me présenter devant chez lui qu’il se retrouve face au type de la photo qu’il a publié récemment.

Une fois devant la porte de son appartement qui devait avoir une certaine taille, je sonnai avant d’attendre qu’il vienne m’ouvrir.

Et quand ce fut le cas, je le fixai d’un air à la fois sévère et de défi.

-Amon Sørensen. Content de te rencontrer. Je suis sûr que tu sais qui je suis.

Il le savait vu qu’il avait parlé de moi.

-J’ai lu ton article. Ta prose s’améliore malgré que tu sois un foutu immigré. Mais tu pourras éviter d’y ajouter un tas de mensonge… Je peux entrer ? Il faut qu’on parle…

Amon va bientôt regretté d’avoir menti sur le compte d’un avocat. Parce qu’il faut avouer que la manœuvre n’est pas spécialement maligne.

Dimanche… Fin de matinée… Que faisait Sonne à cette heure-ci ? Elle devait s’occuper des enfants, peut-être même déjà préparer le dîner pour toute sa famille. Je fis la moue en y pensant, regardant dans mon frigo ce que j’avais pour me mettre sous la dent.

Mais c’était de Sonne que j’avais faim.

Un dimanche, cependant, ce serait impossible de se voir. Axel devait être en congé comme moi et connaissant le personnage, passer sa journée à regarder se enfants jouer et sa femme le servir.

Pff… ça allait encore être une journée en solitaire pour moi.

Qu’est-ce que je ferais bien ? Aller à la plage ? La salle de sport était fermée…

Ouais, la plage, ça me semblait bien.

Et l’intérieur de mon frigo commençait à se réchauffer à force d’être ouvert. Je le fermai donc sans rien y prendre.

Je m’appuyai contre un mur et soupirai… quelque peu désespéré…

Peut-être que je devrais passer chez Keller avant d’aller à la plage et proposer à Grant de venir avec moi. Ce serait toujours mieux que seul. On pourrait parler boxe, peut-être s’entraîner dans le sable ou nager un peu.

Pourquoi pas ?

C’est avec cette idée en tête que je me redressai, laissant le mur tranquille, pour aller dans mon coin nuit et prendre un sac que je commençai à préparer méthodiquement, avec un maillot de bain, un essuie, de la crème solaire et tout le toutim.

Quand la sonnette retentit.

Je haussai un sourcil. Pourquoi la sonnette de la porte et pas l’interphone ? C’était qui ?

J’allai ouvrir la porte, espérant secrètement que ce soit Sonne ! Qu’Axel ait décidé d’emmener voir leurs enfants voir ses parents en la laissant seule à L.A.

Ouais… Et ben non.

Je sursautai presque en voyant l’incarnation d’une photo que j’avais placée dans L.A.People.

-Heu… Ouais… Victor Hunter mais…

Je balbutiais, ce qui n’était pas le cas de l’avocat qui forçait presque pour entrer.

-Immigré ?

Je le regardai, les sourcils froncés.

-Sérieusement ?

Je refermai légèrement la porte.

-Non, tu n’entres pas. Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que tu viens faire ici ?

Me créer des problèmes, c’était clair.

Amon m’avait ouvert le porte. Il était grand et blond, un parfait représentant de sa race. Pas celle des journalistes. Des Danois, bien sûr. Bref… Il savait qui j’étais. Qu’il ne le sache pas aurait été d’autant plus insultant. Comme s’il oubliait directement les conneries qu’il écrivait.

J’avais donné mon avis sur sa prose. Amon n’était pas un grand poète mais c’était le roi du mensonge. Certainement pour ça qu’un torchon comme L.A.People avait décidé de, toute de même, s’attribuer ses services. Mais c’est sur le mot « immigré » qu’il sembla coincer. Je levai un sourcil.

-Et bien, oui… C’est ce que tu es non ?

C’était de notoriété public qu’Amon Sørensen était Danois. C’était, de toute façon, inscrit dans son prénom qu’il n’était pas d’ici. Je ne voyais pas bien ce qu’il trouvait de choquant dans l’appellation.

Mais je n’étais pas ici pour débattre de sa légitimité sur les terres de Los Angeles mais bien pour parler des mensonges qu’il avait vomi dans le dernier L.A.People. C’est ce que je lui dis mais Sørensen tenta de ferme la porte… Je fronçai les sourcils alors qu’il ne voulait pas que j’entre.

Waw ! Quelle hospitalité ! Il ment sur les gens et, après, il n’assume pas que ceux-ci vienne lui dire ses quatre vérités ? Il se fout de ma gueule le viking ?

-Je viens te proposer un choix, tout simplement ! Je suis avocat, non ? Tu l’as écrit toi-même. L’une des seules vérités dans ton article, d’ailleurs. Or, c’est un peu stupide de ta part de mentir dans la presse sur un avocat.

Je le fixai mon regard n’exprimant que de la contrariété et une envie d’écraser le grand Danois avec mon petit doigt.

-Je peux porter plainte pour diffamation. Il y avait un tas de témoin ce soir-là et je suis un excellent avocat. Jimmy Reed ne m’a pas choisi pour rien. Et je la déposerais, cette plainte, si jamais tu ne déments pas publiquement que les trois quart de ton article n’est qu’un gros mensonge.

Je continuai de soutenir le regard d’Amon. J’avais mis mon pied entre la porte et l’encadrement pour éviter qu’il me la reclape au nez.

-On peut en discuter plus calmement à l’intérieur… Tu ne crois pas que c’est mieux ?

Je détestais discuter à la porte, là !

Je grommelai… Effectivement, j’étais un immigré. Enfin, exilé, plutôt… Mais ça faisait maintenant tellement longtemps que je me sentais plus angelenos qu’autre chose.

-Mouais, c’est ça.

Il voulait entrer… Et puis quoi encore ? Je ne connaissais pas ce type, je n’en savais que ce que les rumeurs disaient sur lui. Et j’avais eu la preuve au Crazy Ginger où je m’étais terré dans la foule, que ce type était un sacré bagarreur quand on le faisait sortir de ses gonds.

Alors même si j’étais bon en boxe et vachement plus grand qu’Hunter, je n’allais pas risquer qu’une bagarre éclate dans mon loft. J’aurais bien du mal à justifier à la police pourquoi j’avais démoli le frère de Victoria.

Mais il sembla que c’était avec sa langue que l’avocat se battait le mieux. En effet, après avoir placé un pied dans l’entrebâillement de la porte, il m’expliqua que ce n’avait pas été une bonne idée d’écrire mon dernier article.

J’alias réagir mais il me coupa la parole, continuant, se targuant d’avoir été engagé par Jimmy Reed parce qu’il était bon dans ce qu’il faisait.

Bref, en gros, il me menaçait d’aller en justice.

Je le regardai, interloqué.

-Q… Quoi ?

Depuis que j’étais journaliste people, j’avais eu droit à des menaces de mort, à du vandalisme…

Mais personne, pas même Robin North, n’avait voulu m’attaquer en justice.

Victor voulait en parler à l’intérieur. Je soupirai et lui ouvris la porte, lui faisant une petite révérence grotesque au passage, avant de refermer la porte derrière lui.

-Tant qu’on y est, je te sers quelque chose ?

Il m’avait tutoyé d’entrée de jeu alors je me voyais mal le vouvoyer en retour. Le loft étant un espace ouvert, il pouvait bien trouver le divan lui-même. Moi, j’allais vers le frigo que je rouvris tout en parlant.

-Pourquoi tu veux que je démente ? Tout le monde sait que L.A.People est un ramassis de mensonges. La plupart des gens lisent sans y croire…

Je haussai les épaules.

-Et ceux qui y croient ont 2 de QI… Coca ou limonade ?

Je regardai vers Victor.

-J’ai fais avec ce que j’ai entendu et ce que les témoins m’ont raconté. Qui nous dit au final que ce n’est pas toi qui ment ?

Je savais très bien que c’était moi qui avais menti. Ou tout du moins, extrapolé un peu sur ce qui s’était dit entre Cash et Victor.

-Tu étais plein, après tout. Est-ce que tu te rappelles seulement ce que tu as dit ?

Amon m’avait bien ouvert mais semblait réticent à l’idée de me faire entrer. Alors c’est sur le pas de sa porte que je lui expliquais que j’étais ici pour son article. Celui qui était remplis de mensonges. Un article qui pouvait me permettre, en toute légitimité, d’envoyer, en justice, ce Danois mythomane.

Je clamai être un bon avocat. La preuve étant, Jimmy Reed m’avait engagé. Tout ça semblait troubler le journaliste qui ne s’attendait, visiblement, pas à ce genre d’action contre lui. Ce qui était étonnant c’était qu’après tant de mensonges et d’années au service de L.A.People personne n’ait eut l’idée de l’envoyer en justice pour diffamation. Certainement parce que tout le monde se disait que ça faisait partie du charme de L.A.People qu’il soit rempli de conneries.

Et bien moi, je me fichais des choses supposées normales. Quand ça ne me plaisait pas, ça ne me plaisait pas. Point à la ligne.

Et l’article d’Amon ne m’avait pas plus.

-Q… Quoi ?

Je l’imitai répétant sa phrase avec le même air étonné et le même accent horrible avant de reprendre d’un air sérieux :

-Tu pensais vraiment que tu pourrais éternellement dire n’importe quoi sans que personne ne réagisse ?

Visiblement oui.

Je proposai qu’on parle à l’intérieur et il finit par m’ouvrir grand sa porte. J’entrai dans le loft qui était assez grand. Il gagnait quand même pas mal d’argent, le petit journaliste de pacotille, visiblement. Il avait fait une révérence avant que je ne passe mais je n’y prêtai pas attention.

Il demanda s’il pouvait me servir quelque chose.

-Ouais, je veux bien.

Je me laissai tomber dans un fauteuil. Il ne m’avait pas donné l’autorisation de m’asseoir mais je ne comptais pas rester debout.

Il se demanda alors pourquoi je voulais qu’il démente étant donné que tout le monde savait que L.A.People était un ramassis de mensonges. Il disait que ceux qui y croyaient avaient deux de QI.

-C’est là que tu te trompes. Les gens croient à ce que tu écris. Ou, du moins, il y a toujours un doute d’où se trouve la vérité là-dedans. Parce que tout le monde sait qu’il y a une part de vérité. Et les gens finissent par croire à ce qu’ils veulent dans les articles que tu écris.

Carrie l’avait cru, elle ! Cette petite idiote.

-Et je veux bien un coca.

Vu qu’il ne semblait avoir que ça et de la limonade…

Il déclara avoir écrit l’article sur ce qu’avait dit certains témoins. Il se disait que je pouvais très bien lui mentir. Je ricanai.

-Non. Je ne mens pas. Et j’ai aussi des témoins, Amon. Beaucoup de témoins.

Cash, déjà… Et le patron du Crazy Ginger. Sans compter les gens qui étaient proches de nous.

Il mis en avant que j’étais bourré ce soir-là et que je pouvais très bien ne plus me rappeler ce que j’avais dit. Je fronçai les sourcils.

-Je me rappelle très bien ! C’est tes témoins qui étaient complètement bourrés, visiblement. Parce que je me suis bien battu. Pas avec Cash Izbel mais bien avec le chanteur du groupe inconnu qui se produisait ce soir-là. Il n’a pas aimé que je critiques son groupe minable et m’a envoyé un jeton. J’ai répliqué. Je me fiche que tu écrives que je me suis battu. Ça m’aurait même amusé si tu avais écrit la vérité.

Je fixai Amon.

-Ce qui m’emmerde c’est que tu prétends que j’ai critiqué MTI. Au cas où tu ne le saurais pas, je suis marié à Carrie Hughes, héritière de MTI.

Une information que, visiblement, Amon n’avait pas en sa possession.

Je n’avais d’autre choix que de faire entrer Hunter… Même s’il s’était largement foutu de ma gueule en imitant ma surprise. Il menaçait de m’attaquer en justice, il fallait qu’on s’explique. Il m’avait posé une question qui se voulait rhétorique : est-ce que je pensais vraiment ne jamais être inquiété.

Et bien… Ouais… J’avais largement dépassé les limites avec Felberbaum et je n’avais jamais rien eu en retour, hormis la haine de Robin North.

Je le laissai s’installer à l’intérieur du loft et il n’attendit pas mon invitation pour se prélasser dans le divan. Je m’occupai des boissons tout en expliquant qu’il ne fallait pas prendre les informations données dans L.A.People pour argent comptant.

Et je ne pus retenir un sourire en coin quand Victor affirma que tout se basait sur une part de vérité. C’était un peu ma petite fierté. J’inventais beaucoup mais tout partait de faits réels, ce qui faisait que j’étais assez bon pour semer le doute. Parfois, j’avais même la chance d’avoir des photos qui illustraient les choses dans mon sens. Des photos portent toujours à interprétation.

-Oh… Et bien je vais prendre ça comme un compliment…

Je nous pris deux canettes de coca et vint le rejoindre dans le coin salon, lui donnant sa boisson.

J’essayai ensuite de me dépêtrer en parlant de mes témoins qui étaient passablement bourrés. Mais Victor répliqua qu’il avait lui aussi des témoins. Je n’avais vu l’agitation au Crazy Ginger que de loin, malheureusement et les mots de Cash et Victor m’étaient parvenus par des intermédiaires… Le téléphone arabe quoi…

Je soupirai.

-Pourquoi tu ne fais pas une déclaration dans un magazine plus sérieux, alors ? Plutôt que de m’attaquer en justice ?

Je ne comptais pas aller en justice. Parce que ce petit merdeux était avocat et semblait connaître son affaire… Je savais que j’avais très peu de chances de gagner parce qu’en plus, Hunter pourrait utiliser des antécédents vu que ce n’était pas mon premier article mensonger.

Je tentai une dernière fois de le décrédibiliser en disant qu’il était bourré. Mais il commençait à s’énerver.

J’eus alors sa version de l’histoire. Il s’était bien battu, mais pas avec Izbel. Je le regardai, levant un sourcil interrogateur quand il dit qu’il s’en foutait que j’aie dit qu’il s’était battu.

-Quoi, alors ?

Non, ce qui l’emmerdait, c’était que j’ai dit qu’il avait dénigré MTI au profit de BSC…

Et il m’annonça être marié à Carrie Hughes ! Tout s’éclairait !

-Aaaaah ok… je vois. Ta femme n’a pas apprécié, du coup.

Je fis la moue puis pris un air sérieux.

-Je n’ai pas l’intention d’être traîné en justice pour si peu. Alors, on peut s’arranger ? Tu veux quoi ? De l’argent ? Que j’aille expliquer à ta femme ce qu’il s’est passé ?

Amon prit le fait que j’avais souligné que ses mensonges avaient toujours une base de vérité comme un compliment. C’était son petit talent et, jusqu’ici, il ne m’avait pas vraiment prouvé en avoir d’autres.

Je pris la canette de coca qu’il me tendait. Il n’avait même pas de coca dans une bouteille en verre… C’était vraiment le strict minimum de l’hospitalité qu’il me fournissait là. Heureusement que je n’étais pas ici pour longtemps. J’ouvris la canette pour en boire une gorgée.

Amon souligna qu’il avait des témoins. Mouais ! Des témoins qui lui ont raconté n’importe quoi. Seulement, j’avais aussi des témoins et j’avais bien l’impression qu’ils étaient bien plus fiables que ceux d’Amon. Le journaliste se demanda alors pourquoi je ne faisais pas une déclaration dans un journal au lieu de l’attaquer en justice ? Il me prend pour un con ? Dans les journaux ça fera la parole d’Amon contre la mienne. Ça sera L.A. le tribunal et pas un vrai juge. Or que ça soit un juge qui tranche, ça ne laissera aucun doute sur la culpabilité d’Amon.

-Parce que ça ne serait pas aussi efficace. Tu le sais. Je le sais. Tout le monde le sais. Puis, il faut bien faire en sorte que tu ne t’avises plus de recommencer, non ? Tu sais ce que tu risques pour diffamation ?

Et je savais qu’Amon n’aura aucune chance en justice. Il n’y avait aucun doute sur sa culpabilité.

Pourtant il persista à essayer de me dire que mon action était vaine et qu’il ne comprenait pas bien pourquoi tout ça m’énervait. Et tout ça ne fit que m’énerver plus et je commençais à lui balancer pourquoi son article m’avait à ce point contrarié. Qu’il parle de ma bagarre, je m’en fichais comme de ma première couche ! Par contre, qu’il me décrédibilise aux yeux de mon beau-père, ça, c’était là le soucis.

Sauf qu’Amon n’avait pas l’info que j’étais marié à Carrie Hughes. Du coup, avant que l’info n’arrive à ses oreilles, il sembla perplexe. Et je l’imitai à nouveau :

-Quoi, alors ?

Et je lui balançai le « quoi ». Ce qui lui fit comprendre. Enfin… En partie. Il pensait simplement que ça avait mis à mal mon couple. Non. Ce n’était pas ça le soucis. Je ne risquais aucun divorce. Carrie était trop folle amoureuse. Au point qu’elle était sourde à toutes les rumeurs d’infidélités sur ma personne.

Amon voulait s’arranger par de l’argent ou en allant parler à ma femme preuve qu’il n’avait pas compris mon grief.

-De l’argent ? Je doute que tu puisse me donner de quoi me satisfaire. Je suis très riche, Amon. Carrie est une femme d’affaire et je suis avocat. Même tout ce que tu as ne pourrais me satisfaire.

Je m’allumai une cigarette sans demander si je pouvais. J’avais besoin de me calmer. Et je fixai, ensuite, Amon droit dans les yeux.

-Et le soucis n’est pas Carrie. C’est mon beau-père ! Tu m’as décrédibiliser à ses yeux. Le connaissant c’est assez pour qu’il remette en cause l’héritage qu’il veut donner à sa fille. Il ne m’aime déjà pas trop alors si tu en rajoute ça ne va pas m’arranger ! Je veux simplement que tu démente, Amon. Par un article ! Que tu dises que je parlais tranquillement avec Izbel quand un enfoiré d’abruti de chanteur de merde ne vienne m’agresser. Que ça a conduit à une bagarre et que c’est Izbel qui est intervenu pour arrêter la bagarre. Ainsi ça fait des points pour The Lightening. Donc pour MTI et, donc, pour Victor Hunter. Tu captes ? Mon beau-père est content. Tout le monde est content.

Et, surtout, JE serais content.

-C’est ça ou le procès en diffamation. Comme tu veux. Dans les deux cas, je gagnerais à la fin.

Installé dans mon salon comme un pacha, Victor Hunter refusa de faire sa propre déclaration dans un journal sérieux pour contrer l’article que j’avais fait ce week-end. Il disait que ce n’était pas aussi efficace et qu’en gros, il me fallait une leçon. Je le regardai, sceptique. Il me prenait pour un môme qu’il fallait punir ou quoi ?

Il me demanda sur un ton acerbe si je savais ce que je risquais pour une accusation de diffamation.

-Je le sais. J’ai fait des études de droit.

Bon, c’était il y avait longtemps et j’avais choisi d’être journaliste et non avocat comme mon interlocuteur. Mais si je me rappelais bien, ce n’était pas une petite peine et je soupçonnais Hunter d’être un bon avocat. Jimmy Reed ne l’aurait pas engagé dans le cas contraire.

Je risquais donc de me retrouver mis à mal, même si je n’irais probablement pas en prison pour ça. Mais je savais que L.A.People risquait de me laisser dans ma merde parce que, si je comprenais bien, c’était ma personne et non pas le magazine que Hunter voulait attaquer.

Je ne comprenais pas bien pourquoi Hunter m’en voulait et il s’amusa à nouveau à m’imiter… C’était bizarre comme réaction. Je comprenais bien qu’il voulait, ce faisant, se foutre de ma gueule mais ça ne m’atteignait pas vraiment.

C’était plutôt lui qui avait l’air con à faire ça.

Je lui proposai de l’argent en dédommagement. C’était probablement ce qu’il y avait de mieux à faire. Mais Hunter refusa parce qu’il estimait que je ne pourrais jamais lui donner assez, étant donné qu’il était déjà riche. Et sa femme aussi.

Sa femme qui n’était autre que Carrie Hughes, la fille de Don Hughes.

Je comprenais mieux maintenant, même si l’avocat prit le temps de me l’expliquer en long et en large, pourquoi cet article l’avait autant fait chier.

Je pris un coup de coca tout en l’écoutant. Apparemment, quand il était lancé, rien ne pouvait l’arrêter.

Il voulait donc, au final, quelque chose d’assez simple : un article rétablissant la vérité tant pour lui que pour The Lightening, afin de contenter tout le monde.

Je me frottai le menton.

-Pourquoi pas ? C’est dans mes cordes… Et puis… Ce sera vendeur de toute façon. Donc quelque part, je serai gagnant deux fois. L’article de l’autre jour a fait vendre et le démenti fera vendre tout autant.

Je souris, carnassier.

-Et je n’ai pas assez d’amour-propre que pour rester sur mes positions, donc…

Je haussai les épaules.

-On sera tous les deux gagnants… et tous les deux contents.

Amon avoua avoir fait des études de droit et, donc, savoir parfaitement ce qu’il risquait pour diffamation. Je levai un sourcil prenant un air des plus surpris.

-Toi ? Tu as fait des études de droit ? Waw ! Et tu es devenu journaliste pour un torchon ? Quelle réussite !

C’était une catastrophe professionnelle que d’avoir fait des études de droit et de devenir un simple gratte papier pour L.A.People. Putain, Amon aurait pu avoir une fonction qui rapporte plus et qui est plus valorisante. Il avait vraiment fait un choix de merde.

Bref… Je le menaçais d’un procès. Il se cherchait des excuses et tout ça commençait à m’énerver. Alors, je lui mis en face le nœud du problème comprenant bien qu’Amon n’avait pas suffisamment fait ses devoirs pour savoir que j’étais, en dehors d’être le frère de Victoria Hunter, le mari de Carrie Hughes. Amon est le genre de journaliste à ne pas creuser et à prendre ce qu’il y a devant son nez. S’il avait creusé il aurait vu que son article ne tenait pas la route !

Mais il avait joué les paresseux et avait réussi à bien me faire chier au passage. Alors comme il m’avait fait chier, je venais le faire chier. Juste retour des choses.

Amon voulait, donc, savoir ce que je voulais. Je le lui expliquai, à nouveau, en long et en large parce que je préférais tout bien expliquer à Amon qui me semblait légèrement lent à la détente. Finalement, ce n’était pas si étonnant s’il avait choisi d’être journaliste et pas avocat. Je ne suis même pas sûr qu’il ait terminé ses études de droit.

Et quand j’eus terminé, il accepta ma demande avec le sourire. Il trouvait que ça sera vendeur. Il disait même être gagnant deux fois. Je roulai des yeux.

-C’est dommage qu’il faut que quelqu’un vienne te donner toutes les clés pour en arriver à cette conclusion.

Lent ! Moi, je vous le dis !

Il déclara ne pas avoir assez d’amour-propre que pour rester sur ses positions et ajouta qu’on sera tous les deux gagnants.

-Tant mieux ! Je n’en demande pas plus.

J’abandonnai mon coca à moitié rempli sur la table basse avant de me lever :

-Je veux que l’article sorte au plus vite. Ne traine pas !

Je n’avais plus rien n’à faire ici.

-Je vais m’en aller. J’ai un vrai boulot moi, alors il faut que je bosse.

Je coincé ma cigarette entre mes lèvres avant de saluer Amon et de m’en aller de son loft que je venais d’enfumer.