Ma belle Prada pelotonnée sur mes genoux, je réfléchissais à de nouvelles idées de chansons pour compléter la sortie de mon premier album. Samantha ne me mettait pas vraiment la pression mais j’avais sentie qu’elle commençait légèrement à trouver le temps long avant que je ne lui annonce qu’enfin, j’avais quelque chose à lui faire entendre. Je savais bien qu’elle faisait tout cela pour mon bien, elle veillait à mes intérêt et que j’avais un engagement avec MTI qui m’avait fait suffisamment confiance pour me confier la première partie de la tournée de Lola mais voilà ! Je ne savais pas créer sur commande, en claquant des doigts. Samantha m’avait dit que, lorsque j’aurais la renommée de The Lightening par exemple, je pourrais me permettre de faire patienter tout le monde mais que là, tout de suite, je n’avais pas encore les moyens de me payer ce luxe.

Parlant de moyen, m on compte en banque commençait à crier famine, lui aussi, rien pour m’aider à me détendre. Heureusement que j’avais quelques petits contrats comme le concert au Rainbow et qu’il y en avait encore quelques-uns d’inscrit sur mon calendrier. Il y avait des soldes annoncées dans plusieurs boutique de Rodeo Drive, il ne fallait surtout pas que je les rates sous prétextes que je devais payer les charges de mon appartement.

Il me fallait donc composer, enregistrer mon album, le voir se vendre comme un petit pain chaud et engranger gloire et richesse. Je rêvais en couleur mais ne fallait-il par se fixer un objectif pour l’atteindre ? Alors je me répétais que la clé de mon succès était au bout de mes doigts, que je réussirais à briller au firmament moi aussi.

Prada ronronnait alors qu’avec ses petites pattes avant, elle jouait avec mes doigts qu’elle tentait de mordiller. Heureusement que j’avais ma chatte, ma meilleure amie, pour me divertir et me réconforter ! Il me suffisait de la caresser plusieurs fois par jour et je gardais ma bonne humeur qu’on disait contagieuse ! Mais voilà que ma chatte n’en faisait aussi qu’à sa tête ! Elle sauta en bas de mes genoux, probablement qu’elle en avait assez que je la caresse et couru un peu dans mon studio avant de s’enfuir par la porte !

- Oh ! Prada !! Reviens ici !!

Samantha m’avait prévenu de bien faire attention pour qu’elle ne sorte pas de mon studio, que les animaux de compagnies n’étaient pas forcément les bienvenues ici. Je comprenais cela tout à fait, hein ! J’imaginais qu’un chien aboyant dans les corridors pourrait déranger les artistes en enregistrement, par exemple.

D’un bon, je me levais pour poursuivre ma chatte au travers des couloirs de MTI. Le truc c’est que je n’avais pas du si elle avait prit à gauche ou à droite et que je me retrouvais dans une impasse. Je devais improviser en me demandant, si j’étais Prada, de quel côté j’aurais été attiré. Il devait bien y avoir quelque chose qui l’avait attiré d’un côté plutôt que d’un autre ! Je tournais à gauche en me souvenant qu’il n’y avait rien au tournant du corridor. Enfin, si ! Il y avait un dernier studio, le plus gros, le plus imposant celui qu’utilisait presque toujours The Lightening. Mackenzie Stone, alors qu’elle m’avait fait visiter l’endroit, avait parler de ce studio comme d’un temple et qu’il ne fallait pas le profaner.

Je n’en avais pas l’intention puis, si Prada avait prit cette direction, elle se buterait à une porte fermée.

Quel soulagement de voir que ma chatte était bel et bien devant la pore du studio mais la réjouissance fut de courte durée puisque la porte n’était pas fermée et qu’en me voyant, Prada décida d’entrer dans la saint pièce ! Je sentie mon visage perdre d’un coup toutes ses couleurs et mon cœur ne faire qu’un bon.

- Ooooh, non! Praaaaada !!

Je devais absolument la récupérer. Je pris donc mon courage à deux mains et j’entrais dans le studio qui, heureusement pour moi, n’était pas coiffé de sa lumière rouge indiquent qu’ils enregistraient. À première vue, il ne semblait y avoir personne, un soulagement ! J’avançais tout de même précautionneusement, lentement, à la recherche de ma chatte qui s’était cachée quelque part entre un instrument ou un meuble.  J’en étais au milieu de la pièce quand je vis Prada circuler, la queue droite levée avant d’arquer le dos et de sauter sur les cuisses de Billy Lighter que je n’avais jusque-là pas remarqué.

- Billy… Pardon, Monsieur Lighter ! Je suis sincèrement désolée, il semble que ma chatte se soit approprié vos cuisses ! Puis-je… ?

Je franchissais la distance restante entre le célèbre chanteur, au moins le plus célèbre de mon époque sans aucun doute et je me penchais pour reprendre ma belle fugueuse mais, à mon plus grand étonnement, elle me fit le dos rond et poussa un miaulement que je ne lui reconnaissais pas.

- Prada ? Cesse de faire l’entêté, voyons ! Nous dérangeons un artiste… Viens, allez !

Les studios.

C’était devenu, depuis qu’April avait quitté ma villa, mon endroit de prédilection. J’écrivais. Je composais. Je devais exprimer ma haine, ma tristesse et ma frustration. Ces sentiments qu’April avait ravivé en moi comme un foutu pyromane dans un champ de paille. Elle m’avait trahi et comme bien d’autres femmes avant elle, elle m’avait quitté sans préavis alors même que j’avais tenté de lui donner tout ce qu’il lui fallait.

Je passais de mauvaises nuit… Liam était à la villa ce qui n’était pas une mauvaises choses. Il éloignait les démons rien qu’avec sa présence. Heureusement, mes journées étaient souvent bien remplie entre studio et promotion.

Je devais composer pour faire disparaitre ces sentiments. Même si je savais qu’une tournée était le seul moyen de m’éloigner de tout ça. Mais en attendant, je n’avais que le studio.

Le numéro 4.

Celui de The Lightening.

Même The Burning Fire n’avait pas un studio aussi grand. Pourtant ils étaient plus anciens que nous. Mais mes exigences semblaient plus élevés que Stone et consort. Stone pour qui j’avais, récemment, enregistré un titre pour l’album en hommage à la diva, Lola. Une star de la musique partie bien trop tôt. En donnant la vie.

C’était dramatique.

Je torturais les touches tu pianos devant lequel j’avais pris place. Je n’enregistrais pas. J’étais juste ici pour passer ma colère. Calmer mes émotions. La musique était le seul moyen.

Je ne trouvais pas encore de mots. J’avais juste quelques mélodies. Les mots viendraient plus tard… C’était toujours comme ça. Les mots me venaient quand je m’y attendais le moins. En rêve. Souvent des rêves qui finissent par me réveiller en sursaut.

Et alors que j’avais taper la dernière note et que j’avais légèrement reculé mon siège du piano, une petite boule de poil grimpa sur mes genoux.

Je fis surpris sur le moment. On voyait rarement des animaux dans les studios. Mais un chat avait, visiblement, pu trouver son chemin jusque dans l’antre de The Lightening.

Je fixai le chat, d’abord interloqué alors que j’entendis une voix féminine s’excuser. Je relevai la tête sur celle que je savais être Shiri, une jeune chanteuse engagée par Samantha.

Je compris que c’était son chat. Qu’elle l’avait laissé filer sans le vouloir. Elle était confuse mais quand elle voulu reprendre son animal celui-ci ne sembla pas du même avis.

Shiri parla à son chat visiblement gênée qu’elle ne veuille pas quitter les cuisses.

Et vous savez quoi ?

Ça me fit rire. Je n’avais plus ri depuis qu’April avait décidé que je ne lui accordait pas suffisamment d’attention et s’en était allée de ma villa. Je me mis à caresser le chat qui ronronnait.

-Elle ne me dérange pas.

J’avais les yeux sur Prada et continuais de la caresser.

-C’est un beau chat. J’ai toujours voulu avoir un chat…

Pourquoi je n’en avais jamais adopté un ? Bonne question… Je partais souvent en tournée. Certainement pour ça.

-Toi, c’est Shiri, c’est ça ? Tu peux m’appeler Billy… Monsieur Lighter, c’est mon père.

Et je n’aimais pas mon père. Je me mis à parler à Prada :

-Elle est chanteuse, c’est bien ça, ta maitresse ?

Le chat ronronna et je souris avant de relever le regard sur Shiri.

-Dommage que je ne t’ai encore jamais entendu chanter.

Je ne le niais pas. Il faut dire que quand je n’étais pas reclus, je chantais moi-même… J’avais souvent peu le temps d’entendre des nouveautés.

Prada, indisciplinée et curieuse, entra dans le studio que je savais perpétuellement réserver à The Litghening. Je ne voulais pas profaner l’ambiance du groupe, bien qu’il ne semblait pas être là, en entrant dans leur lieu de création mais si je ne récupérais pas ma chatte, qui sait ce qu’elle pouvait y faire ! J’entrais donc à sa suite, sur la pointe des pieds et je l’appelais presque en chuchotant.

J’avançais doucement en balayant la pièce des yeux jusqu’à ce que, finalement, je vois ma belle Prada couchée sur les genoux de Billy Lighter ! Je me figeais sur le coup, ne l’ayant pas remarqué avant. Je m’en vouais encore plus pour la fugue de ma chatte et je me confondis en excuse en vouvoyant le chanteur qui ne semblait lui, pas du tout choqué par la situation. Il affirma même que ma chatte ne le dérangeait pas alors que je tentais de la récupérer.

- Tant mieux si elle ne vous… Si elle ne t’a pas dérangé et, oui, moi c’est Shiri!

J’avais fièrement relevée la tête en réalisant que Billy Lighter, LE chanteur de The Lightening connaissait mon nom ! Je retenue que je ne devais pas l’appeler Monsieur Lighter, que c’était son père qu’on désignait ainsi.

- D’accord alors, je t’appellerai Billy !

Billy s’adressa alors à ma chatte qu’il trouvait très belle, j’en étais fière ! J’en prenais grand soin de ma chatte ! Tous les jours, je la brossais et la caressais pour que son poils demeure le plus doux et brillant possible. De la voir entre les mains de Billy Lighter était presque comme un rêve qui se réalisait !

- Elle est indisciplinée, ma petite chatte ! Elle a voulu aller découvrir les studios. Samantha m’a prévenu de ne pas la laisser vagabonder mais que voulez-vous ! Ma chatte est très sociable, elle aime rencontrer de nouvelles personnes !

Bien qu’à l’instant, elle me faisait mentir en repoussant mes mains alors que je tentais de la reprendre.

- Oh pour vrai ? Mais nous chantons tous les deux sur l’album pour Lola. On m’a demandé d’en faire partit parce que même si Lola n’aimait pas mes robes, elle a dit qu’elle aimait ma voix et mon style !

Il pourrait m’entendre chanter en écoutant le résultat final de l’album mais je pouvais lui faire une démonstration live, s’il le voulait.

- Si tu veux m’accompagner , je peux te chanter ma version de We’re Do We Go Now ! J’aime bien reprendre les chansons que j’adore. C’est comme ça que Samantha a entendu parler de moi, je lui ai envoyé une démo de reprises mais elle m’a dit que je serais mieux d’avoir mes propres compositions pour me faire connaitre. Moi, je pensais que ça intéresserais les gens d’entendre leurs succès rock chanté autrement mais Samantha m’a dit que ce serait pour plus tard, quand je serais plus connue comme chanteuse. Je parle trop là, non ?

Je ricanais en me repenchant à nouveau sur ma chatte pour la récupérer des cuisses de Billy. Cette fois, Prada se laissa faire mais elle souta tout de même de mes bras pour se coucher tout près des pieds de Billy.

- Bon ! Dois-je envisager une garde partagé avec toi pour ma chatte ?

Je ne m’attendais pas à ce qu’un chat entre ainsi dans le studio. Je n’étais pas du genre à aimer être dérangé… Mais là, ce n’était pas un humain qui m’avait dérangé mais une petite boule de poil qui semblait affectueuse.

Sa maitresse ne tarda pas à suivre pour venir récupérer son bien. Moi, je caressais le chat souriant un peu alors que celle que je pensais bien être Shiri avait peur que son chat m’ait ennuyé. Ce n’était pas le cas et je ne tardai pas à le dire. Elle confirma être Shiri.

Elle m’avait appelé Monsieur Lighter. Je préférais largement qu’elle m’appelle Billy. Mais c’est, ensuite, au chat que je m’adressais. C’était plus simple de communiquer à travers le chat que de m’adresser directement à Shiri. En tout cas, la petite boule de poil apaisait un peu la colère que je ressentais depuis qu’April avait décidé de se barrer.

Shiri disait que sa chatte était indisciplinée et que Samantha l’avait prévenue de ne pas la laisser courir partout. J’haussai des épaules.

-Il y a des trucs bien plus dérangeant qu’un chat. Certains roadies me tapent sur les nerfs en venant sans cesse me déranger uniquement parce qu’ils considèrent qu’ils peuvent entrer parce que la lumière n’est pas rouge. Je préfère avoir la visite de ton chat.

Je continuais de caresser la chatte de Shiri alors que je déclarai n’avoir encore jamais entendu la jeune chanteuse chanter. Elle disait qu’elle était, pourtant, sur l’album en hommage à Lola, elle aussi.

-Alors c’est que tu dois avoir une belle voix. Parce que Lola avait une bonne oreille.

Je ne connaissais pas bien Lola. Mais je connaissais sa musique et c’était une artiste douée.

-Je n’ai pas encore entendu les autres titres de l’album hommage.

Mais Shiri voulait bien me montrer son talent en reprenant un des titres de The Lightening. Je levai un sourcil, intrigué. Elle aimait cette chanson, apparemment. C’est d’ailleurs avec des démos de reprise qu’elle avait convaincu Samantha de la faire signer. Je rigolai un peu quand elle affirma parler trop.

-J’ai ce défaut aussi. C’est ce que Cash pense, en tout cas. Surtout en concert. Il trouve que je parle trop. Mais je n’aime pas être mal compris.

Le chat de Shiri finit par passer de mes genoux à ses bras mais elle sauta encore une fois à mes pieds. J’esquissai un sourire quand Shiri parla de garde partagée de sa chatte.

-Peut-être qu’on devrait envisager ça, oui.

Je rigolai avant de fixer, cette fois, Shiri et non son chat.

-Vas-y. Fait-moi une démonstration sur Where Do We Go Now ?. Je peux la faire au piano. Si ça ta va. Je ne suis pas vraiment doué à la guitare. C’est le truc de Cash, ça. Mais le piano, c’est le mien.

Je me levai pour installer le micro et le mettre à la taille de Shiri.

Prada, cette petite fugueuse tout en fourrure m’avait fait faux bond pour se réfugier sur les genoux de Billy Lighter en personne ! Si elle voulait me mettre mal à l’aise, elle avait trouver la bonne façon de le faire. Seulement, Billy ne s’était pas senti dérangé par la présence de ma chatte sur ses cuisses et s’en amusait même. Heureusement parce que si l’escapade de Prada en était venue aux oreilles de Samantha, je craignais qu’on me retire le droit de l’amener avec moi bien que je n’avais pas vraiment le droit…

- Tant mieux alors si ma chatte ne te dérange pas. Je n’ai pas fait exprès de la laisser fuir, elle m’a glissé entre les jambes et zoup !

Billy préférait nettement avoir la visite surprise de ma chatte que d’être importuné par un roadie entrant dans son studio sans y être invité. Je fis de grands Oui de la tête, entièrement en accord avec ce qu’il venait de dire ! Je n’aimais pas non plus qu’on entre dans le studio où je me trouvais sous prétexte qu’on cherchait si un câble de branchement ou je ne sais quel autre truc machin avait pu être laissé par mégarde ici.

- Toi au moins, tu as une notoriété acquise qui te permet de pousser une beuglante bien sentie, ça force le respect d’être Billy Lighter. Moi, je ne suis que Shiri… La fille un peu nunuche, nouvellement installée dans le portrait musical. Ce que je pense et ressens ne pèse pas encore lourd dans la balance.

C’est du moins ce que je pensais.

Billy était lui aussi du projet secret pour l’album en hommage à Lola. Il n’avait cependant pas eu la chance d’entendre la chanson que j’avais enregistré mais le fait qu’il dise que je devais avoir une belle voix car Lola avait l’oreille pour cela, ça me fit sourire de fierté et rougir parce que de recevoir un compliment de Billy, ce n’était pas tous les jours que ça arrivait !

- C’est triste, hein ? Sa mort et tout… Mais l’album hommage c’est une chouette idée. Moi je crois que tous ceux ayant envie d’y participer ne serait-ce que parce qu’ils étaient fan d’elle, méritent une place sur l’album. Tout le monde a le droit de lui témoigner un hommage et il n’y a pas meilleur façon de le lui rendre qu’en musique !

Je me rendais compte que je parlait vraiment trop ! Je n’étais là que pour récupérer Prada et non pas pour importuner Billy.  Là encore il me fit sourire en confiant qu’on lui reprochait également de trop parler mais qu’il n’aimait pas être mal compris !

- Moi aussi ! Je débite tout un tas de mot parce que je veux être certaine qu’on comprenne exactement ce que j’ai à dire !

Prada passa des cuisses de Billy à mes bras mais sauta immédiatement au sol pour aller se coucher près des pieds de Billy, à croire qu’elle l’avait adopté au point où je lançais l’idée d’en faire une garde partagé. C’était évidement une blague, ma petite chatte me manquerait beaucoup trop lorsqu’elle serait chez Billy !

Billy accepta que je lui fasse entendre ma version de sa chanson Where Do We Go Now? et proposa même de se mettre au piano. J’en étais ravie et nerveuse tout à la fois. De mémoire, ce serait la première fois de toute ma vie que j’allais chanter devant l’artiste, ma version de sa chanson. Il se leva de son fauteuil pour placer un micro à la bonne hauteur pour moi puis se plaça ensuite au piano.

- Bon et bien… Je suis prête !

Shiri avait eu peur que sa chatte m’ennuie mais ce n’était pas le cas. Elle expliqua l’avoir laisser fuir sans le vouloir. C’était vif, un chat alors ça pouvait se comprendre.

J’avouai largement préféré me faire interrompre par la présence de la boule de poil de Shiri que par des roadies. Parfois, il avaient la sale manie d’entrer ici juste parce que la lumière n’est pas rouge. Quand ils le font, ils ont un tout autre accueil que celui que j’avais réservé au chat de Shiri. La chanteuse déclara que, moi, j’avais la chance d’être connu et, donc, quand ça arrivait j’avais le droit de répliqué. Elle, non. Elle ne se sentait pas assez légitime pour ça. J’esquissai un petit sourire en coin.

-Je n’ai pas attendu d’être connu pour pousser des beuglantes sur qui le méritait. Mais, tu verras, plus tu penseras avoir ta place plus tu pourras avoir ton mot à dire.

Je la fixai, ensuite, un peu mieux Shiri qui se disait être nunuche. Ce n’est pas la première chose que j’aurais dit en la voyant. Mais je ne la connaissais pas bien.

-A première vue, tu n’as pas l’air si nunuche que ça.

Shiri était une nouvelle artiste et je n’avais pas encore eu l’occasion de prendre conscience de son talent. Elle déclara être sur l’album hommage à Lola. J’y étais aussi mais je n’avais pas encore pu entendre ce qu’avaient fait les autres. Je savais que Shiri avait fait la première partie de Lola, ceci expliquait sûrement ça. Rien que ça prouvait qu’elle avait du talent. Je connaissais très peu Lola mais je savais qu’elle était totalement capable de reconnaitre une bonne chanteuse.

Shiri trouvait la mort de Lola très triste. Elle déclara que tout le monde avait le droit de lui rendre hommage. En gros, que chacun avait sa légitimité sur cet album. J’hochai de la tête.

-Sa mort est une perte pour la musique, oui. C’est un choc.

Personne ne méritait de mourir si jeune. Enfin si ! Mais pas Lola malgré la réputation qu’elle avait. Je savais ce que c’était d’avoir mauvaise réputation. Il fallait vivre avec. Parce que les gens ne voulaient jamais essayer de comprendre.

-Et tu as sans doute raison. Chaque artiste a la légitimité de lui rendre hommage. Même si je pense que tout le monde ne sera pas d’accord avec toi. Mais bon, ce que les gens pense, il faut s’en foutre. Ma psy me le répète souvent.

Même si ce n’était pas simple. J’avais de grande difficulté à me défaire de ce que pensait les autres. C’est sans doute pour ça que je parlais beaucoup pour être sûr d’être bien compris. Pour que personne ne puisse se faire des idées ou spéculer. Mais il semblerait que Shiri avait le même problème que moi. J’esquissai un petit sourire.

-On a ça en commun alors.

Le chat retrouva les bras de sa maitresse mais ce fut de courte durée parce qu’il se mit bien vite à mes pieds. Il m’aimait bien je pense ce qui ne me déplaisait pas.

Mais Shiri m’avait dit plus tôt être douée pour les reprises. Apparemment, elle en avait une de The Lightening en stock et je devais avouer être curieux à l’idée de pouvoir l’entendre. Je lui proposai, donc, de la faire alors que je pourrais l’accompagner au piano.

Elle accepta alors je mis le micro à sa hauteur avant de me placer derrière mon piano. Je soufflai fermant brièvement les yeux avant de commencer la mélodie de Where Do We Go Now ?.

Et elle enchaîna. Sans aucune peur. Je m’imprégnai rapidement de sa voix tout en douceur. Il y avait quelque chose… Un genre de tonalité dans sa voix qui faisait que la reprise était meilleure que d’autres reprises que j’avais pu entendre.

Je frissonnai sentant toute la douceur de la voix de Shiri. Quelque chose qui mettait un baume sur ces derniers jours qui avaient été difficiles.

Et quand la chanson fut terminée, je laissai planer une petit silence avant de me tourner vers Shiri.

-C’était très beau. Jamais je n’avais encore entendu quelqu’un reprendre cette chanson de cette façon. Ta voix… Je comprends pourquoi Samantha et Lola t’ont laissé une chance.

Parce qu’elle avait quelque chose. J’esquissai un petit sourire.

-Avec ce talent, tu ne tarderas pas à pouvoir te faire entendre ici par les roadies.

Je pouvais bien l’avouer !

J’avais eu peur de la réaction de Billy Lighter lorsque je m’étais rendue compte que Prada, ma petite chatte indisciplinée s’était blottie sur ses genoux. Mais plutôt que d’en être agacé, le célèbre chanteur, une idole de ma jeunesse, s’était dit surprit mais pas dérangé. J’en étais soulagée puisque je craignais que Samantha apprenne pour la fugue de ma chatte et ne me permette plus de l’apporter avec mon au studio, déjà que ma manager n’appréciait pas plus que ça la présence du félin duquel je ne me séparais pratiquement pas.  Pour Billy, la visite inopinée de Prada était préférable à celle de roadies qui entraient comme dans un moulin uniquement parce que la lumière n’était pas rouge. J’aimerais avoir la force d’imposer autant de respect que la simple présence de Billy imposait. Je n’en étais pas encore là, niveau notoriété.

- Alors c’est que tu as un caractère plus fort que le mien, dis-je en jouant avec une mèche de mes cheveux. et merci pour le compliment, ça fait toujours du bien d’en entendre de temps en temps.

C’est qu’avec ma tendance à toujours rire de façon un peu niaise, ma manie de jouer avec mes cheveux en battant des cils, ma passion pour les vêtements spectaculaires, je pouvais passer pour ce genre de fille pourvue d’une cervelle de moineau. Ça ne m’offusquait pas, cela dit ! Je voulais bien porter ce chapeau si ça faisait du bien aux gens me côtoyant de me penser ainsi et de se sentir supérieur à moi. C’est ce qui me permettait en général de passer dans les mailles du filet et de tracer mon petit bonhomme de chemin.

C’est un peu de cette façon que j’en étais venue à être la première partie de Lola et que je me retrouvais aussi à chanter sur son album hommage. J’admirais Lola bien que, malgré qu’elle ait dit que j’avais une belle voix, je me doutais qu’elle ne m’aimait pas tant que ça. De ça non plus je ne m’en offusquait pas, on ne pouvait pas plaire à tout le monde ! Puis, si elle n’était pas tragiquement décédée, nous aurions peut-être fini par être copine elle et moi !

- Oh ! Les gens peuvent ne pas être en accord avec moi, ça ne me fait pas un plis sur la différence ! Mon opinion demeure que si nous avons fredonner un jour ou l’autre l’une des chansons de Lola, que nous nous sommes déhanchés sur ses mélodies, c’est suffisant pour avoir le droit de lui rendre hommage. C’est simplement triste qu’il faille une mort pour avoir envie d’honorer quelqu’un.

Tout en tentant de récupérer ma chatte qui était lascivement pelotonnée sur les genoux de Billy, je parlais de ma passion pour les reprises de chansons. Je rêvais d’en faire un album mais Samantha ne pensait pas que pour démarrer une carrière, ce soi l’idéal. Elle avait peur que je soit ensuite cataloguée comme la fille chantant les chansons des autres et qu’il serait plus sage de me faire connaître d’abord avec mon propre matériel. Ça sembla intéresser Billy quand je mentionnais avoir ma propre version de l’une des chansons de son groupe, assez pour qu’il me propose de m’accompagner au piano pour que je puisse lui en faire la démonstration. C’était excitant et terrifiant ! Si ma version de Where Do We Go Now n’était pas à la hauteur de ses attentes, j’allais peut-être l’offusquer.

Je devais me faire confiance un peu plus !

Billy s’était installé au piano après avoir placé un micro à ma hauteur et que Prada soit retournée près de lui, mais sur le banc du piano, cette fois. Billy exerçait vraiment un effet d’attraction sur ma chatte.

Prête, je chantais, accompagnée de Billy au piano. Ce n’est pas pour me venter mais j’étais convaincue avoir fait la meilleure version de cette chanson qui sembla planer un moment dans le studio, comme si elle nous avait figée dans le temps. Ce fut Billy qui, après un instant de silence, avec des compliments qui m’allèrent droit au cœur.

- Oh, c’est vraiment gentil ! J’espère tellement aller loin, aussi loin que me portera ma voix !

En espérant que ce soit plus loin que la seule et unique fois où j’ai pu sortir de Los Angeles !

- Prada et moi t’avons assez dérangé, je vais tenter de la récupérer et retourner travailler dans mon studio. Tu peux venir nous dire bonjour quand tu veux, lumière rouge ou pas.

Je m’agenouillais aux pieds de Billy et je tapais doucement sur le sol pour attirer Prada qui était descendu du banc pour retourner derrière les jambes de Billy. Décidément, elle s’entêtait vraiment, aujourd’hui ! Elle s’étira lentement et fini par me rejoindre et me laissa la prendre. Je pris doucement sa petite patte entre mes mains et je lui fis faire au revoir à Billy.

- Fait ciao à Billy, Prada !

Shiri avait avoué ne pas encore se sentir assez légitime que pour renvoyer les roadies qui se permettaient parfois d’entre où ils voulaient quand ils le voulaient. Moi, même quand The Lightening n’était pas encore aussi célèbre qu’aujourd’hui, je ne manquais jamais à exprimer mon point de vue… A la façon Lighter.

Shiri pensait que c’était qu’une question de caractère. Peut-être. Mais elle ne devrait pas se laisser marcher dessus. C’est elle l’artiste. Cette maison de disques ne serait rien sans nous les artistes.

Shiri, tout comme moi, étions sur l’album hommage de Peyton Stone. Chacun avait ses raisons d’y être bien que Shiri pensait qu’il ne fallait pas vraiment de raison ou de lien avec Lola pour lui rendre hommage. J’étais à la fois d’accord et à la fois pas d’accord avec Shiri. C’est un fait que Lola avait sa marque dans le monde de la musique. Elle s’était immiscer, à travers celle-ci, dans le quotidien des gens. Mais ce genre de discours pouvait aussi justifier une pensé que j’aimais moins… Comme quoi, de par tout ça, on appartenait un peu à tout le monde… J’aimais moins cette conception-là…

-Les morts seront toujours plus honorés que les vivants… C’est une foutue réalité de merde mais c’est comme ça. Quant au reste, tu as raisons… Chacun a pu être touché d’une façon ou d’une autre ou a au moins entendu une fois les chansons de Lola.

J’haussai des épaules.

-De toute façon, chacun à ses raisons de rendre hommage. Personne n’a a jugé de la légitimité de ça. Même s’ils le feront quand même.

Parce que les médias les pousseront à le faire ou ils le feront eux-mêmes. Ils sont comme ça.

Après cette discussion, j’avais décidé d’entendre la version de ma chanson que Shiri savait, apparemment, reprendre. Je m’étais installé au piano pour l’accompagner et quand elle poussa la première note, je ne fus pas déçu.

Elle gérait la chanson lui donnait une autre forme que celle que je lui avais donnée. C’était la chanson la plus joyeuse de mon répertoire et Shiri la reprenait admirablement.

Quand elle termina, je lui fis mes compliments. Elle avait de l’espoir pour l’avenir. J’esquissai un sourire.

-Rien ne sera facile sur ce chemin-là… Mais tu peux y arriver.

Elle voulut, ensuite, prendre congé me proposant de venir dans son studio quand je le voulais. Je souris.

-Je n’y manquerais pas.

Parce qu’elle avait été une rayon de soleil dans une journée, encore une fois, très sombre.

Elle reprit Prada qui, cette fois, voulu bien coopéré et je répondis d’un signe à celui du chat.

-A plus, Prada.

Et je les laissais partir un sourire aux lèvres.