Sous le choc !

Voilà comment je me sentais après avoir vu la photo de Peyton sur le dernier L.A.People avec en gros titre, l’annonce de son décès. Ça me semblait surréaliste, comme si, une fois de plus, Amon Sørensen rapportait tout de travers. Ça ne serait pas la première fois et vu comment il semblait jubiler de rapporter les rumeurs sur les problèmes de couple d’Howard et Peyton, je ne serais pas surprise mais hélas, il disait vrai. Il n’y avait pas que le L.A.People qui annonçait le décès de Lola, toutes les stations de radio faisaient des flash infos avant de passer l’un des succès de la chanteuse.

J’avais les mains glacées et moites alors que je grimpais à bord d’un taxi pour me rendre au studio de télévision pour rencontrer Robin North avec qui je devais faire la lecture du script de l’épisode pour lequel j’étais invité à tenir un rôle. Hier encore, j’étais excité à l’idée de participer à la sitcom. J’en avais beaucoup parlé avec Cash qui s’était prêté au jeu l’an dernier en se glissant dans la peau d’un entrepreneur de pompes funèbres. Je ne me sentais pas nerveuse à l’idée de passer devant les caméras, je n’étais pas gênée du tout par ça. J’étais par contre un brin anxieuse de la réaction des gens.

Je ne regrettais pas du tout d’avoir donné l’info à Sørensen concernant ma maladie, je savais très bien me défendre toute seule contre les regards désapprobateurs, les chuchotements accusateurs, les jugements systématiques. Je craignais plutôt que ma présence jette une ombre sur la sitcom la plus populaire, que des téléspectateurs soient fâchés de me voir y interpréter un rôle, parce que j’étais devenue stigmatisée par le SIDA.

J’entrais dans le studio où déjà, je n’entendais que les commentaires d’incompréhensions et de stupeurs vis-à-vis l’annonce du décès de la femme de mon bon ami Howard. Ça semblait laisser tout le monde complètement abasourdie, comme si personne ne doutait qu’une femme sur le point de donner la vie pouvait perdre la sienne en contrepartie.

Le cœur gros, je pensais à Howard et la douleur qu’il devait ressentir. Malgré l’aventure que nous avions entretenue, malgré les soucis matrimoniaux qu’il m’avait confiés, l’amour qu’il avait pour sa femme était indéniable. Il l’aimait comme un fou !

Franchement, il n’y avait rien à comprendre dans tout ça. Moi, j’étais malade et condamnée. Je vivais chaque jour un peu plus sur du temps emprunté. Je savais que je n’aurais jamais d’enfants, que je ne pouvais plus bâtir de projet sur le long terme. Peyton venait de donner naissance à ses bébés, elle avait mit sa carrière sur pause mais rien ne l’aurait empêché de reprendre le contrôle quand ses enfants auraient été plus vieux. Elle et Howard pouvaient rêver grand et en couleur. La logique aurait été que je meurs et que Peyton vive.

Ma pensée n’aidait en rien puisque Peyton était morte dans la salle d’accouchement. Nous n’étions pas à bord d’une voiture dont j’aurais été la seule survivante. Je n’aurais donc pas pu tenter de donner ma vie pour sauver la sienne. Pourtant, là, toute suite, s’il y avait une possibilité de le faire, je le ferais !

- Salut Robin !

De faire la lecture de ce script allait me changer les idées. Peut-être aussi que de pouvoir parler avec quelqu’un qui n’était pas implicitement impliqué envers moi ou Howard et Peyton me ferait du bien.

- Merci de m’avoir invité à participer à la sitcom. Dans les circonstances, je ne pensais pas me retrouver sur la liste des invités.

@ Billy Lighter

C’est en ce jour extrêmement étrange que j’avais rendez-vous avec Savannah Prescott pour la lecture du scénario de l’épisode où elle était invitée. Etrange parce que ce matin, on entendait que le nom de Peyton a peu près partout. A la radio, à la télévision, dans les journaux. Tous ne parlaient que de la diva qui avait succombé à son accouchement.

J’avais été réellement secoué quand j’avais entendu ça se matin. Je ne connaissais presque pas Peyton mais elle était une figure connue de la musique et, surtout, elle était jeune et était sur le point de vivre une vie de mère de famille. Mais elle était morte… Comme ça… En laissant un mari et deux enfants derrière.

Je n’avais pu m’empêcher de repenser à Apple, mon ex, et notre enfant qui était mort avant même de naitre. Ça avait déjà été une épreuve alors je n’osais pas imaginé ce que devais ressentir Howard à cet instant. Il venait de prendre sa femme dans un jour qui devait être, en théorie, l’un des meilleurs de sa vie. Le connaissais, je savais qu’il allait s’écrouler… Howard était, de par son amitié avec Hank, un peu comme un membre de la famille North. Ma grand-mère, d’ailleurs, le considérait même comme son fils. Elle en parlait toujours tendrement. Elle m’avait une fois dit, alors qu’on parait de The Burning Fire, que tout ce qui manquait à Howard, c’était un mère qui l’aimait.

Et, aujourd’hui, il venait de perdre un de ses piliers. Sa femme… La mère de ses enfants. C’était horrible même si je savais qu’Hank et Bailey sauront le soutenir dans la mesure de leurs moyens.

J’avais essayé de me sortir ça de la tête alors que je trainais dans les studios en attendant Savannah… Elle aussi allait sûrement être ébranlée. C’était un membre de The Burning Fire et elle était aussi très proche d’Howard. Déjà qu’elle n’avait pas la vie facile ses derniers temps avec l’interview de Fleming, par cet enfoiré d’Amon, et la révélation concernant sa maladie.

Je la plaignais… Elle qui devait désormais vivre avec le poids d’une mort annoncée sur les épaules…

C’est sur le plateau que j’avais décidé d’arrêter de faire les cents pas pour me laisser tomber sur une chaise. J’étais au milieu du décor de la sitcom. Il n’y avait personne aujourd’hui. Il n’y aura que Savannah et moi pour la lecture du script. Script que je déposai sur mes genoux alors que la bassiste fit son entrée dans la pièce.

Elle me salua et je me levai pour la saluer aussi. Je souris.

-Salut Savannah. Assieds-toi.

Je la laissai s’asseoir face à moi au milieu de ce qui était la cuisine d’Alice et Casey.

Elle me remercia de l’avoir invité. Elle ne s’attendait pas à ça à cause des circonstances. Je pense qu’elle parlait autant de sa maladie que des révélation de Fleming sur le passé de Savannah.

-Je pisse sur les articles d’Amon, tu sais.

Je le faisais depuis que l’un d’entre eux avait conduit Karen à commettre l’irréparable.

-Il se fiche du mal qu’il fait aux autres à travers ses articles. Quoi que tu ai fait dans le passé, ce n’était pas à ton cousin ou à Amon de le révéler à tout le monde. C’est ton histoire, pas la leur.

Je n’en voulais pas à Savannah. Tout comme je n’avais pas à juger son passé. Je souris un peu.

-Moi ce que je vois en toi, c’est une artiste qui a su se sortir de là. Une artiste de talent qui fait désormais partie de mon groupe favori. Et j’ai trouvé ça courageux de ta part de révélé ta maladie à travers celui qui t’a sûrement blessé avec son article.

Je souriais toujours. Je préférais largement des femmes comme Savannah que des hommes comme Amon.

-Je crois justement que tu mérites ta place dans la sitcom. Pour tout ça.

Je lui tendis alors le script de l’épisode. J’étais sûr qu’elle allait aimer son rôle.

@ Billy Lighter

La nouvelle du décès de Peyton avait de quoi troubler quiconque l’avait côtoyé de près ou de loin avec de bonnes ou de moins bonnes relations. Elle et moi n’avions jamais été amies pourtant, elle s’était décarcassée pour m’aider à enregistrer mon album solo. Ses méthodes étaient dignes de dictature mais le résultat était là ! Je regrettais de ne pas l’avoir suffisamment remercié pour son aide. J’espérais qu’il existe un moyen divin quelconque qui faisait en sorte que là où elle se trouvait maintenant, Lola sache et comprenne qu’en vérité, je l’admirais beaucoup.

C’est d’un pas las et lourd que je me rendis au studio de télévision, là où je devais rencontrer Robin North pour lire et discuter du script de l’épisode pour lequel, je tenais le rôle d’une agente d’immeuble. Quand j’avais reçu la proposition de me joindre à la sitcom, j’avais été flattée, émue, touchée, effrayée et probablement angoissée aussi. Pleins d’émotions qu’avant je n’aurais pas ressenti mais voilà que depuis que j’étais atteinte du SIDA, je m’en faisais de plus en plus avec tout et rien.

J’avais eu peur surtout que ma présence dans la sitcom la plus populaire du petit écran n’entache sa réputation et ne lui fasse du tort. Après l’article de fond de poubelle publié par L.A.People, les gens me regardaient comme si j’avais la lèpre. En fait non… ce serait bien moins pire s’ils me regardaient comme tel. En fait, ils me regardaient en se disant «  Oh, elle a le SIDA parce qu’elle a couché avec son cousin! » Évidement que je n’avais pas couché avec Ward Fleming ! Je le lui avais proposé parce qu’entre une partit de jambes en l’air incestueuse et de me faire casser les doigts des deux mains, la première option était le moins pire des châtiment pour payer une dette de drogue beaucoup trop onéreuse.

Robin m’accueillit avec amabilité en se levant et en souriant. Dans cette période troublée et morose, un visage sympathique ne faisait pas de mal ! Je lui confiais, alors que je prenais place sur le siège qu’il me désignait dans le décors de la cuisine du couple, que je ne pensais jamais recevoir une invitation avec tout ce qui se publiait dernièrement. Sa réponse me fit sourire.

- Alors nous sommes deux !

J’aimais beaucoup la façon de penser de Robin qui n’en avait rien à faire des potins et que mon histoire, en réalité, ne concernait que moi et personne d’autre. Je fis oui de la tête mais je ressentais tout de même une certaine nervosité dont je n’avais pas l’habitude de gérer. Les bons mots de Robin me donnaient le sourire et un peu de courage.

- Je préférais… Enfin j’ai cru que de le dire moi-même ferait en sorte que les pendules soient à la bonne heure et pas autrement. Tant qu’à dire n’importe quoi sur moi, aussi bien dire concrètement ce qu’il en est.

De toute façon à quoi bon me cacher ? Tout finissait toujours par se savoir et mes fréquents aller-retour à l’hôpital allaient tôt faire de mettre la puce à l’oreille d’un paparazzi qui campait devant les urgences au cas où le scoop de l’année s’y présenterait.

- En tous les cas, je suis ravie et honorée par l’invitation. J’espère être à la hauteur. Cash m’a dit qu’il avait bien aimé son expérience.

Je devais avouer qu’il me tardait aussi de sortir de ma zone de confort !

@ Billy Lighter

Je connaissais peu Savannah Prescott. Je savais ce qu’Howard Stone en disait et ce que je lisais dans les divers médias. Mais là, face à elle, je pouvais voir une femme qui semblait à la fois aimable, respectueuse et peu sûre d’elle. Ce que je compris un peu après c’est que ce manque d’assurance venait du fait qu’elle n’était pas sûr d’être légitime par rapport à la sitcom dans laquelle Sloan et moi l’avions invité.

Sauf qu’elle avait toute sa place. Sloan et moi avions décidé d’inviter des personnalité importantes de L.A. et en tant que bassiste de The Burning Fire, mon groupe favori, Savannah avait largement sa place. Et elle l’avait d’autant plus après tout ce qu’Amon avait rapporté dans les médias.

Ainsi, j’avais tenu à la rassurer tout de suite en déclarant que je pissais sur les articles d’Amon. Si j’avais mis, en quelque sorte, les choses à plat avec Sørensen, il n’en restait pas moins que je ne l’appréciais pas. Ça fit sourire Savannah qui pensait exactement la même chose que moi. Ce genre de journalistes ne cherchaient que l’argent et la renommée sans se soucier de l’exactitude des faits ou de la sensibilité des gens qu’ils visent. Sørensen est probablement le pire chez L.A.People. Il avait descendu mon oncle, mon ex-petite amie qui avait fini par sa suicider et bien d’autres personnes que je respectais et ça sans le moindre remords. Du moins, c’est l’impression qu’il donne.

J’avais ajouté que j’avais trouvé courageux de la part de Savannah de passer par ce même Sørensen pour révéler qu’elle était atteinte du SIDA. Une maladie encore méconnue mais dont on commençait à entendre parler un peu partout. J’en savais peu sur le sujet… Mais je savais qu’on en sortait pas vivant et ça me désolait pour Savannah. Elle déclara alors qu’elle avait préféré révéler les choses elle-même afin de mettre les pendules à l’heure.

J’hochai de la tête.

-Tu as eu raison. Au moins, il n’a pas pu te voler ça.

Parce qu’il y avait rien de pire que de voir dans les médias quelque chose qu’on était pas encore prêt à révéler.

Savannah se disait honorée de l’invitation et parla de Cash qui était déjà passé dans la sitcom en tant qu’invité. Je souris.

-Il a été excellent. Quelques-uns de nos invités pourraient facilement faire une carrière d’acteur. Cash est très bon. Nathan aussi. Le petit Jesse est très bon aussi c’est pour ça qu’on lui a donné un rôle plus récurrent.

Je savais Savannah très proche de Cash. Ils étaient souvent ensemble lors de gala et autres remises de prix.

-Je suis sûr que tu assurera aussi. De toute façon, il n’y aura aucune pression. Même Howard Stone s’est bien débrouillé pourtant, Hank n’a cessé de me dire que c’est un mauvais acteur. Il est plus doué dans son propre rôle.

Je rigolai un peu avant de me rappeler que, à cet instant, Howard devait être dans un sale état. Cette pensée me fit reprendre mon calme.

-On commence à lire le script ?

@ Billy Lighter

Participer à la sitcom pouvait être un couteau à double tranchant. Soit les gens verraient ma présence comme inappropriée et déplacée et bouderaient la série par la suite, soit elle permettrait de me donner un nouveau souffle, de faire parler de moi pour autre chose que de ma maladie. Je n’avais pas de problème qu’on parle du SIDA. Je me disais que plus on en parlait, moins cette maladie serait taboue et que les gens seraient un peu mieux informés. J’en avais simplement marre qu’on croit que je pouvais infecter les gens autour de moi d’un simple regard, en respirant le même air.  

Robin semblait être tout à fait à l’aise avec ma présence, il disait même pisser sur les articles d’Amon Sørensen et ça me fit sourire. Si je pouvais pisser debout, je pisserais dessus aussi et pas qu’au sens figuré.

J’avouais avoir répliqué à Sørensen pour mettre les pendules à l’heure, pour montrer que ce qu’il disait de moi me coulait sur le dos comme sur le dos d’un canard. Je ne pouvais et je ne voulais pas changer ma vie, malgré la fatale issue qui planait au-dessus de ma tête. J’assumais l’entièreté de ma vie.

- Le seul voleur en ce moment, c’est le temps qui s’écoule un petit peu trop rapidement de mon sablier.

De quoi me donner encore plus le goût de vivre ma vie à ma manière, la tête haute et les cheveux dans le vents ! Surtout quand je pensais à la femme d’Howard Stone qui venait de mourir en donnant naissance à ses bébés. J’avais envie de me rendre à New York pour réconforter Howard cependant, je pensais plus sage d’attendre son retour ici à Los Angeles pour lui témoigner mon support. À moins que Peyton ne soit enterrée à New York.

L’invitation pour la sitcom avait été comme une bouffé d’air frais dans mon quotidien. Cash avait apprécié sa participation ce qui me rendais encore plus excité d’y prendre part. Robin confia que plusieurs invités n’étant pas acteur de profession se révélaient de très bon comédien et pourraient même envisager un changement de branche.

- Qui sait si je ne me découvre pas un talent et que je ne décide pas de faire un film avant de mourir !

Je rigolais puis je m’arrêtais pour redevenir sérieuse.

- Pardon. Je sais qu’il ne faut pas prendre la mort à la légère, surtout quand on pense que Lola vient de mourir. Je suis condamnée, j’essais juste de ne pas dramatisé ma situation mais tu vois, ça sort un peu maladroitement.

Voilà pourquoi je ne rejoignais pas Howard à New York pour le soutenir. J’allais faire pire que mieux, je le sentais ! Et puis je me disais que Peyton ne verrait pas d’un bon œil que la fille avec qui son mari l’avait trompé vienne offrir ses bras, même pour pleurer.

Robin proposa ensuite que nous lisions le script. J’ouvris donc le document et je commençais la lecture et, chaque fois que je terminais une phrase, un sourire se dessinait sur mes lèvres. J’adorais ce que je découvrais, le personnage que j’allais incarner, la façon dont il était écrit entre autres. Je voyais la femme dans mon esprit, comment je voulais rendre sa gestuelle, sa façon de se tenir.

- Je ne sais pas si vous avez décidé du costume et tout, mais je la voir très stylée, avec un chignon serré, des lunettes à grosses montures qui font très stricte, le genre qui regarde de haut.

Ce que je ne suis pas, en sommes !

@ Billy Lighter

Savannah avait été maitre de sa décision de révéler à tous sa maladie. Je déclarai qu’Amon n’avait pas su lui voler ça mais elle voyait bien au-delà d’une possible querelle avec un journaliste en manque d’attention. Pour elle, le seul voleur, actuellement, c’était le temps qui s’écoulait et qui la rapprochait inévitablement vers une mort prématurée. Je pris un air compatissant.

-Je n’ose même pas imaginé à quel point ça doit être difficile…

Et ce qui était enrageant c’était que je ne pouvais absolument pas l’aider. Même les médecins ne le pouvaient pas. Ils pouvaient simplement retarder l’échéance. C’était infiniment triste.

Je ne regrettais en rien notre décision, à Sloan et moi, d’inviter Savannah sur notre sitcom. Elle était stressée, bien sûr, car c’était sa première expérience comme actrice mais je tentai de la rassuré en parlant des autres invités passé avant elle. Certains étaient étonnamment doués comme Cash et Nathan. D’autres avaient été fidèles à eux-mêmes comme Howard Stone et sa défunte femme. Stone était, pourtant, un bien piètre acteur. Du moins, de l’avis d’Hank. Mais il savait parfaitement bien se jouer.

Savannah déclara alors qu’elle se trouvera peut-être un talent et qu’elle fera peut-être un film avant de mourir. Je rigolai un peu.

-Qui sait ? Après tout, tout est possible. Si jamais tu veux faire un film, un jour, je suis ton homme.

J’aimais les nouveaux projets et m’y lancer. J’adorais créer et si Savannah avait besoin de quelqu’un pour mettre son idée en place, je pouvais l’y aider.

Elle tenta de reprendre son sérieux avant de dire qu’il ne fallait en théorie pas prendre la mort à la légère. Sauf que quand la mort devient ton compagnon de voyage alors je pense que, parfois, il faut en rire pour mieux vivre la situation. Elle fit le parallèle avec le destin tragique de Lola.

-Tu as le droit d’en rire. Tu n’as pas à t’excuser. Et… Ce qui est arrivé à Peyton est horrible… Mais ta situation est différente. Tu sais que tu vas mourir et le mieux est de parfois en rire pour mieux vivre la chose. Je comprends ça.

J’eus une pensée pour le pauvre Howard mais je la chassai assez vite pour me centrer sur notre travail. On devait lire le script et c’est ce qu’on commença à faire. Savannah semblait assez satisfaite du scénario étant donné le sourire qu’elle avait sur les lèvres après chaque phrase. Un sourire communicatif qui mettait un peu de baume sur cette journée bizarre.

Elle vint, ensuite, avec une idée de costume. Je rigolai un peu. Pas parce que l’idée était stupide. Loin de là, elle était même très bonne. Mais parce que j’essayais d’imaginer Savannah avec une telle tenue.

-Ça va te changer une tenue pareille. Au point même que j’ai du mal à imaginer. Savannah Prescott en fille à l’allure strict, ça va faire réagir. Je pense que c’est une très bonne idée !

Je souris.

-Je demanderais aux costumières de nous faire ça. Mais il semble que tu as déjà une bonne idée de comment tu vas jouer ton personnage. Je suis sûr que tu te débrouillera parfaitement bien.

Mon air redevint un rien sérieux.

-On tournera dans la semaine… Enfin… On verra l’état de Ian parce qu’il est très émotif et avec la mort de Lola qu’on a appris aujourd’hui, je ne sais pas de quelle humeur il sera.

Il n’y avait pas un seul jour où il ne parlait pas de son idole… Il doit être dans tous ces états.

@ Billy Lighter

Je n’avais pas le temps à consacrer à ceux qui voulaient me casser du sucre sur le dos. C’était pour cette raison que j’avais répondu à Amon Sørensen, tenant à être maitre de ma vérité. Le reste appartenait à ceux et celles qui lirait et continuerait de lire tout ce qu’on pouvait écrire sur tous et chacun contre de l’argent.

Ma seule préoccupation actuel était mon sablier duquel s’écoulait rapidement beaucoup trop de grain de ma vie.

Robin disait qu’il ne pouvais qu’imaginer combien difficile cela pouvait être. Difficile ? Oui ça l’était mais c’était surtout stressant et angoissant. Chaque jour, je faisais face à la possibilité que je puisse contracter un virus, que je pouvais risquer de me blesser et de contaminer quelqu’un. Cette dernière possibilité m’effrayait bien plus que tout le reste, surtout quand je pensais à Cash et au risque que je lui imposais involontairement jour après jour.

Je me confiais à Robin sur le stress que je ressentais vis-à-vis de mon rôle dans la sitcom. Je n’étais pas actrice alors évidement, ça m’angoissait un peu que de tenir un rôle à l’écran. Robin, doux comme une soie, me rassura en me parlant du talent naturel que certains éprouvaient. Cash s’était montré très doué alors qu’Howard qui avait la réputation d’être un mauvais acteur, avait été confortable dans son propre rôle. Ça aurait été un comble de jouer faux son propre personnage !

Qui sait si un jour, je ne me laisserais pas tenter par l’aventure cinématographique ? Moi sur qui planait la mort, aussi bien vivre ma vie à fond et essayer le plus de chose possible.

- Alors pourquoi pas ? On verra comment je m’en sors pour un épisode de sitcom avant de songer à un film mais je ne ferme aucune porte, jamais !

La vie était trop courte pour se mettre soit même des barrières, le décès prématuré de Peyton venait de nous le prouver.

- J’ai toujours prit la vie à la légère, tu sais, parce qu’en réalité, la mort demeure la seule justice égale pour tout le monde. Riche ou pauvre, enfoiré ou bonne pomme, tout le monde y passera.

Même les femmes enceintes, apparemment.

Robin et moi recentrons notre attention sur le script qui, à mon humble avis, était très bon et très prometteur. Je me voyais déjà tenir le rôle de l’agente d’immeuble et j’imaginais déjà un look qui, comme le disait Robin. Était loin de moi et de ma personnalité excentrique.

- C’est pour ça que je l’imagine ainsi. Ça sera vraiment drôle et j’ai vraiment envie d’essayer quelque chose de très différent, puisque j’en ai l’occasion.

Mon idée amusait beaucoup Robin qui allait mettre les costumières sur le coup. J’avais déjà hâte d’être à la semaine prochaine, pour l’enregistrement. Il fallait laisser du temps à Ian V. Hunter, grand fan de Lola qui allait porter le deuil de sa chanteuse préférée.

- Je comprends. On ira au rythme du temps alors. De toute façon, pour The Burning Fire aussi, je crois que tout sera mit en arrêt. Il faudra laisser le temps à Howard de s’en remettre…

Il n’allais clairement pas avoir envie de se lancer dans une tournée avec le décès de sa femme et non pas un mais bien deux bébés sur les bras !  

@ Billy Lighter

Je pense que, dans la vie, il ne faut jamais exclure de possibles projet. Or, si Savannah voulait, un jour, se lancer dans un projet de cinéma, j’étais prêt à l’y aider. Après tout, qu’est-ce qu’elle a à perdre ? Rien.

Ainsi, elle ne se fermait pas la porte. Elle allait d’abord voir ce qu’allait donné l’épisode où elle apparaitra. Après tout, ça sera sa première expérience en tant qu’actrice et il fallait déjà voir si c’est un métier qui lui plaisait. Je lui souris.

-Il faudra voir aussi si c’est un métier qui te plait.

Savannah, avait, ensuite, blagué, en quelque sorte, sur la mort. Je ne lui en voulait pas de le faire. Il valait parfois mieux en rire pour essayer de relativiser les choses et aller de l’avant. Surtout dans le cas de Savannah qui savait que la mort allait venir la faucher bien trop tôt.

Elle déclara avoir toujours pris la vie à la légère. Pour elle, la mort était la seule justice égale. C’était une façon de voir les choses, effectivement.

-La seule justice égale ? Peut-être. J’y vois quand même des injustices. Certaines meurent bien avant d’autres et ça peut paraitre injuste.

Comme ce qui était arrivé à Peyton Stone mais, aussi, ce qui allait arriver à Savannah. Aucune des deux ne méritaient leur sort. Aucune.

Je ne pense pas qu’il y ait de justice derrière la mort. Elle viendra pour nous tous mais on ne peut pas choisir quand.

On en vint alors au script que Savannah se mit à lire. Elle avait déjà une idée concernant sa tenue et ça me fit rire parce que c’était à des années lumières du style de la bassiste. Elle disait avoir envie d’essayer quelque chose de différent. Je souris.

-C’est une très bonne idée. Et ça surprendre tes fans autant que les habitués de la sitcom.

En gros, ça me plaisait beaucoup.

J’avais déclara qu’on commencera le tournage dans la semaine. Il faudra voir l’état de Ian qui, en général, est très émotif et avec les dernières nouvelles sur Peyton, il devait être dévasté. Savannah comprenait. Elle déclara que tout allait aussi être à l’arrêt concernant The Burning Fire. Je pris un air plus sérieux.

-Oui, je comprends… J’espère qu’il arrivera à s’en remettre… Je suis passé par là. Mon ex-petite amie s’est suicidée. Je sais ce que ça fait de perdre la femme qu’on aime brutalement. Je sais aussi que mon oncle fera tout son possible pour aider Howard.

Je souris d’un maigre sourire.

-Et je sais que toi aussi tu seras à ses côtés.

Je les savais très proches. Pas obligé de lire L.A.People pour savoir ça.

-Tout ira bien pour le tournage. Je sais que tu t’en sortiras très bien.

J’avais confiance en elle.

@ Billy Lighter

Si un jour, l’aventure cinématographique me tentait, Robin North était l’homme sur qui je pouvais compter pour m’aider à me lancer. C’est ce qu’il venait de me dire alors que je supposais que ce genre de projet pouvait m’intéresser. La vie, la mienne surtout, était beaucoup trop courte pour se fermer des portes et se priver de vivre des expériences.

- Je n’en suis plus à me demander si un métier me plait ou non mais plutôt à me dire que c’est le moment où jamais d’essayer quelque chose de nouveau.

Il y avait beaucoup de chose que je m’étais refusé de vivre sous prétexte que cela pouvait être contraignant ou ne pas me convenir, comme de fonder une famille par exemple. Jamais je n’avais voulu envisager la possibilité de devenir mère parce que je me disais que je n’avais pas ça en moi, que je ne voudrais jamais vivre avec les contrainte d’un autre humain que moi. Aujourd’hui, mon désir de maternité n’avait pas changé mais ça faisait étrange pour ne pas dire que c’était douloureux d’être privé du choix final.

J’avais donc envie plus que jamais de vivre à fond ma vie pour faire, à ma façon, un pied de nez au SIDA qui aurait le dernier mot, que je le veuille ou non.

La mort avait toujours été pour moi la seule justice sur terre puisque nous y passions tous tôt ou tard. Mieux aurait été tard dans le cas de Peyton, comme le faisait remarquer Robin.
Effectivement, la femme de mon ami n’aurait pas dû mourir si jeune, surtout pas en ces circonstances.

- Il y a certainement des injustices quant à l’heure du jugement dernier, en effet.

On se concentra ensuite sur le scénario de l’épisode pour lequel j’étais invitée à incarner une agente d’immeuble. Après lecture, j’avais une vision claire de comment je voulais mon personnage et ça sembla bien plaire à Robin qui souriait et rigolait doucement qui voyait là une belle occasion de surprendre.

- Comme pour Cash en croque-mort ou Nathan en danseur érotique… Quoi que ce rôle allait tellement bien à Nathan que je me demande s’il était réellement caricatural !

Cet épisode avait été du bonbon à se mettre sous la dent et devant les yeux. Nathan, disjoncté comme il était, avait rendu un personnage plus coloré que la palette d’un peintre !

Notre lecture s’était faite rondement, il ne restait qu’à déterminer le moment où nous nous glisserions dans la peau de nos personnages pour enregistrer l’épisode. Avec la mort de Peyton et le fait que Ian V Hunter en était le plus grand fan, il était possible que nous devions reporter, ce que je pouvais tout à fait comprendre.  De mon côté, je voulais aussi prendre le temps d’avoir des nouvelles d’Howard et du groupe bien que dans les circonstances, je me doutais que nous n’irions pas plus loin ni en studio, ni en tournée.

- Je suis désolée pour ton ex petite-amie. Ça dû être un moment terrible à traverser.

Forcément, j’eu une pensée pour Cash qui avait lui connu ce genre de chagrin et qu’il connaîtrait à nouveau quand je trépasserais.

- Howard a au moins la chance d’être bien entouré, malgré tout. Ça l’aidera à garder le capte.

Je m’en faisais davantage pour les bébés mais, si j’avais bien suivis, les parents d’Howard étaient eux aussi à New York alors peut-être qu’ils s’occupaient des jumeaux pendant que leur fils traversait son désert.

Robin ensuite, se montra confiant pour le tournage, je l’étais aussi bien que nerveuse mais d’agréable façon.

- Alors fait moi signe quand ce sera le moment et je serai au rendez-vous !

Je me levais et je l’embrassais sur chacune de ses joues en le remerciant encore d’avoir pensé à moi pour ce petit mais amusant rôle !

@ Billy Lighter