Bailey était sortie pour passer la journée avec Carrie Hughes… Cela voulait dire que j’allais avoir toute la journée tout seul avec mes deux filles ! Le bonheur absolu ! Pas que Bailey me dérangeait quand elle était là, bien loin de là ! Mais je trouvais ça cool d’avoir un moment père-filles ! Tissé-serré comme l’était notre famille, on était souvent à quatre. Alors ça changeait un peu de la routine, sans me stresser le moins du monde !

C’était Bailey qui devait être stressée parce qu’elle n’avait l’habitude de ce genre de sortie qu’avec Grace en générale… Et en même temps, j’avais bien vu que l’idée de se faire une nouvelle amie l’emballait vraiment ! Ça allait lui faire du bien aussi de sortir un peu de notre cocon. Parce que j’avais bien conscience qu’avec mon caractère, je gardais un peu ma famille renfermée sur elle-même. C’était plus fort que moi. J’étais un foutu protecteur et c’était pas près de changer.

Bailey s’était fait vraiment belle pour l’occasion… je l’avais complimentée quand elle était descendue alors que je jouais sur le tapis de sol avec Hope et Haley. Mais, pris dans notre jeu, je m’étais à peine rendu compte de quand elle était sortie de la villa.

-Alors, les filles, on va manger quoi à midi ?

Haley était encore trop petite pour répondre et bavait joyeusement sur un cube qu’elle mordillait, mais Hope, elle, qui avait un caractère bien trempé et savait ce qu’elle voulait répondit catégoriquement :

-Des crêpes !

Je fis une moue de réflexion, juste pour la faire marcher un peu et lui faire croire que j’avais d’autre idée en tête et elle me fusilla du regard ! Si elle avait eu des mitraillettes à la place des yeux, j’aurais été transformé en passoire.

J’éclatai de rire.

-Ok pour des crêpes.

Puis Hope sembla se rendre compte que l’ambiance de la maison n’était pas comme d’habitude et elle prit l’affreux accent de l’Eastside d’Howard pour demander :

-L’est où m’an ?

Je lui souris et la laissai s’asseoir entre mes jambes, comme si elle cherchait à être rassurée.

-Maman est partie s’amuser avec une amie. Elle nous racontera à son retour.

Rassurée, elle se blottit contre moi tout en regardant sa petite sœur d’un air perplexe. Puis la sonnette retentit. Hope bondit alors sur ses pieds, son petit visage plissé par la colère et ses poings serrés.

-INTRUS !

Je ne savais pas, pour le coup, si je devais réagir exactement comme elle ou si je devais éclater de rire pour m’être fait damer le pion.

-Surveille ta sœur… Je vais virer l’intrus.

J’allais ouvrir la porte et me retrouvai face à…

-Ian ? Salut. Ça va ?

-Ian… Il faut que tu comprennes. Je l’aime et j’ai très envie qu’il vienne vivre ici. Tu dois comprendre ça. C’est quelqu’un de très gentil. Je suis sûr que tu finiras par l’apprécier.

Non !

Je n’en voulais pas !

Je viens de rentrer de chez mes grands-parents où j’ai passé quelques jours et, à mon retour, ma mère m’annonce, comme ça, que Tobby Cooper allait venir s’installer ici car elle et lui ont décidé de former un couple.

Je n’en voulais pas !

-Non ! Ici c’est pour toi et moi. Je ne veux pas que quelqu’un d’autre vienne s’installer. Je veux qu’on soit nous deux et c’est tout !

Je criais fort et tapais du poing sur la table. Ma mère était assise à cette même table mais mes coups sur la table ne l’impressionnait pas.

-Ian… Je ne compte pas changer d’avis. Tobby viendra s’installer ici. C’est mon choix. Ma décision.

Son ton s’était fait plus ferme. Je n’aimais pas quand Maman prenait ce ton. Je sais que quand elle dit ça, elle ne va vraiment pas changer d’avis. Mais moi, j’en veux pas, de Tobby Cooper.

Je tapais encore une fois sur la table du poing.

-Non ! Tu peux pas me faire ça ! Si c’est comme ça, je pars ! Je vais vivre ailleurs ! Tu ne veux plus parce que tu préfères vivre avec Tobby Cooper alors, je m’en vais !

Je dis ça de me voix qui voguait entre les graves et les aigus parce qu’elle changeait. Un autre truc que j’avais du mal à me faire. Je n’aimais pas quand les choses changeait ! Et tout avait décidé de changer d’un coup.

Même Maman !

Maman soupira mais elle ne s’attendis pas à ce que je grimpe dans ma chambre, que je fourre mes affaires dans un immense sac et que j’appelle un taxi. Quand je redescendis avec mon gros sac, elle écarquilla des yeux.

-Mais… Ian… Tu t’en vas vraiment ?

Je la foudroyai du regard.

-Oui ! Tu ne veux plus de moi.

Elle secoua la tête.

-Mais… Je n’ai pas dit ça… Je veux juste que tu comprennes… Et puis… Tu vas aller où ?

Je lança alors :

-Ailleurs !

Oui ! Je ne sais pas où mais, ailleurs. Maman soupira et, quand le taxi arriva, je sortis. Elle voulut me retenir mais je me dérobai à sa main sur mon épaule. Je grimpai dans le taxi sans lui dire au revoir. Et le taxi démarra.

Une fois sortis de l’enceinte de la propriété, il s’adressa à moi.

-Où vas-ton, Monsieur Hunter ?

Bonne question ! Je n’en sais rien !

-Je n’en sais rien ! Roulez !

Et il roula. Moi, je réfléchis où on allait aller… Chez mes grands-parents ? Non ! Ils allaient appeler Maman pour qu’elle vienne me chercher. J’ai pas d’autre famille qu’eux à Los Angeles. Enfin si, mais pas d’autres famille que j’aime bien. Chez Jimmy Reed ? J’hésitai… Avant de me décider, finalement et de dire :

-Emmenez-moi chez Hank North !

C’était mon ami en dehors de Jimmy. Et je l’aimais bien. C’était aussi un grand acteur. Je crois qu’il voudra bien de moi chez lui.

Puis, j’avais envie d’aller là !

Le taxi fila chez Hank et quand on arriva, je descendis de la voiture et payai avant de me rendre devant la porte d’Hank où je sonnai.

Il vint m’ouvrir. Il était surpris que je sois là, je crois.

-Non ! Ça ne va pas du tout !

J’avais mon gros sac sur le dos. Je comptais m’installer ici jusqu’à-ce que Maman mette Tobby Cooper dehors. Elle devra choisir entre moi et lui !

-Je viens vivre ici ! Maman m’a dit ce matin que Tobby Cooper allait venir vivre à la maison parce qu’elle l’aime et je n’ai pas envie ! Mais elle ne veut pas changer d’avis. Je n’ai nulle part ailleurs où aller. Mes grands-parents vont appeler Maman et je ne veux pas aller chez mon oncle parce que c’est un gros connard ! Alors, je viens ici ! Tu ne dois pas appeler Maman !

J’étais déterminé.

-Je peux entrer ?

Ian était derrière la porte, ses cheveux blonds gominés en arrière comme à son habitude, mais les joues rouges de colère. Je l’avais déjà vu plusieurs fois dans cet état alors ça ne m’étonna pas quand il clama haut et fort que ça n’allait pas du tout. Mais c’était loin de m’alarmer… Pour Ian, un petit rien pouvait parfois être très contrariant… Et je le regardai en pinçant les lèvres… En ça, il me ressemblait beaucoup. Moi aussi, parfois, je pouvais en faire tout un plat d’un petit rien.

Mais mes yeux s’écarquillèrent quand il déclara qu’il venait vivre ici. Il avait, en effet, un gros sac de sport avec lui.

Il m’expliqua tout en deux mots et je finis par secouer la tête et porter la main à mon front devant ces révélations.

-Victoria avec Tobby Cooper ? Attends un peu que L.A. People apprenne ça !

Ils allaient en faire les choux gras, ça, c’était sûr !

Au moment où Ian demanda à entrer, je vis une petite furie me passer entre les jambes pour aller shooter dans le tibia de Ian.

-INTRUS ! INTRUS ! INTRUS ! Dégage !

J’attrapai Hope au vol, la soulevant dans mes bras et elle se mit à moitié à crier, à moitié à rire.

-Je t’avais dit de surveiller Haley !

Puis, je regardai Ian par-dessus ma fille qui se tortillait.

-Viens, tu peux entrer et ne t’en fais pas, je n’appellerai pas ta mère.

Pas tout de suite, en tout cas… Mais peut-être quand le garçon serait un peu calmé et plus raisonnable.

Je m’écartai pour laisser entrer Ian tout en expliquant à Hope.

-On ne donne pas des coups de pieds à Ian, Hope. C’est un ami, pas un intrus.

Je la tenais fermement dans mes bras. Elle arrêta de se débattre et regarda Ian d’un air perplexe, essayant de déterminer si j’étais en train de l’arnaquer ou pas.

Une fois dans la cuisine, je la déposai à terre…

-Attends-moi une seconde, Ian…

J’allais dans le salon et y pris Haley qui pleurnichait de s’être soudain retrouvé abandonnée. Je revins à la cuisine et, après l’avoir rassuré et embrassée sur le crâne, je l’assis dans sa chaise haute. Hope, elle, était restée dans la cuisine à fusiller Ian du regard. On l’aurait dit prête à mordre si le garçon avait bougé.

-Tu surveilles mieux Ian que Haley à ce que je vois. Ian ! Grenadine ?

J’étais déjà en train de fouiller dans le frigo.

-Ta mère et Cooper, ça dure depuis longtemps ?

Je venais de tout dire à Hank. Pour ma mère et Tobby Cooper. Cet intrus qui allait s’installer dans notre villa. Je n’avais aucune envie que ça arrive et j’étais sûr que si je m’installais ailleurs Maman allait renvoyer Cooper pour me voir revenir.

Hank s’exclama parlant de L.A.People.

-On s’en fiche de L.A.People !

Et je m’en fichais que L.A.People explique que ma mère a fait le pire choix de sa vie : se mettre en couple avec quelqu’un. Que ça soit Tobby Cooper ou un autre, ma réaction aurait été la même.

Je voulais entrer mais, à ce moment, une petite chose passa entre les jambes d’Hank pour me shooter dedans et me dire de dégager.

-AÏE ! Mais ça va pas ???

Mais qu’est-ce qu’il lui prenait ? Je foudroyai du regard la petite qui était la fille d’Hank. En venant ici, j’avais complètement oublié qu’Hank avait deux filles ! J’aurais dû y penser.

Hank la pris dans ses bras et la rappela à l’ordre. Moi, je continuais de la regarder avec un regard très mauvais. Et je me disais que si Maman décidait de faire des enfants avec Cooper, ça serait encore pire que de se faire shooter dedans pas un petit truc.

Je grommelai mais Hank me fit entrer. Maintenant que j’étais ici, je n’allais plus reculer. Mais j’espérais que la petite sera mise dans un parc. Puis, Hank avait dit qu’il n’appellera pas Maman alors je ne comptais pas aller ailleurs.

J’entrai, donc, alors que Hank expliquait à sa fille que j’étais pas un intrus.

-Je ne suis JAMAIS un intrus.

Je peux aller où je veux quand je veux !

On arriva dans la cuisine où Hank lâcha son monstre et me fit patienter. Je fixai Hope droit dans les yeux et elle fit de même. Elle voulait jouer à ça ? J’allais gagner à ça !

Hank revint un peu après avec son autre monstre. Il fit une réflexion à sa fille avant de me demander si je voulais de la grenadine.

-Oui. J’en veux bien.

C’était la meilleure boisson du monde et Hank le savait. Puis, il me questionna sur Maman et Tobby.

-Je n’en sais rien ! Je savais qu’ils se voyaient de temps en temps aux studios et qu’ils ont fait un duo au mariage de Ricci. Je pensais qu’ils étaient juste ami ou que c’était un coup d’un soir. Maman a plein de coup d’un soir. Ça je m’en fiche. Elle peut en avoir des milliards, je m’en fous. Mais je ne veux pas qu’elle se mette en couple !

Je ne voulais pas !

-J’étais en vacances chez mes grands-parents depuis quelques jours et quand je suis revenu, elle m’a annoncé que Tobby allait s’installer chez nous. Qu’elle l’aimait et tout. Mais je n’ai pas envie ! Alors, je suis parti pour venir m’installer ici. Je ne comprends pas pourquoi Maman me fait ça...

Ian se foutait de L.A.People… Il avait probablement raison de le faire, d’ailleurs. C’était en quelque sorte une preuve de maturité. Quant à Vicky, si elle aimait vraiment Cooper, aucun doute qu’elle allait s’afficher avec lui justement pour que tout le monde soit au courant via la presse qu’elle avait enfin trouvé l’amour.

J’allais le faire entrer, mais Hope surgit à ce moment-là pour réagir comme… une véritable petite North. Elle avait bien sûr quelques traits typiques de Bailey, mais elle avait hérité de mon caractère et je statuais toujours sur la question de savoir si c’était une bonne chose ou pas.

Je l’attrapai pour qu’elle arrête de torturer Ian qui, le regard mauvais, me suivit à l’intérieur de la villa.

-Excuse-la, Ian… Elle ne fait que faire ce qu’elle me voit faire quand il y a des indésirables qui sonnent à la porte.

Hope se tortillait dans mes bras et elle avait une sacrée force pour un petit machin. Ian lui, fit savoir qu’il n’était jamais un intrus. Je souris.

-Pas ici en tout cas. Tu seras toujours le bienvenu.

Pour Ian, je n’étais qu’un simple partenaire de jeu lors des tournages. Victoria m’avait fait promettre de ne jamais révéler à quiconque, pas même à Ian lui-même, le secret de ma paternité.

N’empêche que quand il avait un problème, apparemment, c’était chez moi qu’il venait, comme instinctivement. Même pas chez Reed dont je savais qu’il était proche. Ni chez Daryll qui était son parrain.

Non, il venait ici. Coïncidence ou appel du sang ? Je n’en savais rien, mais une partie de moi était ravie.

Je laissai Hope et Ian seuls le temps d’aller chercher Haley et une fois tous les enfants dans la cuisine, je proposai sa boisson préférée à Ian. Je remplis donc les petits gobelets à bec de mes filles du même breuvage que celui que je mis dans un très grand verre pour Ian. Le tout en le questionnant sur ce qui le turlupinait.

Je m’assis et lui tendis son verre tout en écoutant sa réponse.

Ian ne savait pas depuis combien de temps sa mère et Cooper fricotaient ensemble. Il se foutait des coups d’un soir de Vicky mais la voir essayer de construire quelque chose de plus durable avec un homme, ça ne lui plaisait pas du tout. Il était rouge de colère en racontant.

Moi, je m’allumai une cigarette alors que Ian m’expliquait que c’était au retour de ses vacances que sa mère l’avait un peu mis devant le fait accompli.

-Je comprends… ça fait longtemps que tu vis tout seul avec ta mère mais…

Je fis la moue… Comment expliquer ça ?

-Elle commence à prendre de l’âge, ta mère, tu sais. Les coups d’un soir vont être de plus en plus difficiles à trouver… Elle a donc besoin de la compagnie rassurante d’un homme à ses côtés, tu comprends ?

Je regardai Ian dans les yeux.

-Mais sache que pour ta mère, personne ne te remplacera jamais. Je suis sûr que si un jour elle se retrouve à devoir choisir entre toi et Cooper, tu l’emporteras.

Je passai ma main sur la tête d’Hope qui buvait bruyamment son biberon.

-Tu comprends ?

Cette petite chose ignoble venait de me shooter dedans ! Comme ça ! Sans aucune raison ! Elle se prenait pour qui ?

Hank voulait que j’excuse sa fille en disant qu’elle ne faisait que l’imiter quand des gens arrivait. Je fronçais les sourcils.

-Je ne suis pas un indésirable !

Et je n’étais pas un intrus non plus. Hank confirma ça en disant que je serais toujours le bienvenu ici. J’hochai de la tête satisfait qu’il confirma bien que je ne m’étais pas trompé de maison, du coup !

On entra dans la villa et on se dirigea dans la cuisine où le petit monstre me regardait comme si elle voulait me tuer avec ses yeux pendant qu’Hank était parti je ne sais où. Il revint un peu plus tard avec un autre petit machin.

Il me proposa de la grenadine. Je ne pouvais pas refuser de la grenadine. Mais il fit d’abord des biberons pour ses filles avant de me donner de la grenadine. Je pris le grand verre dont je pouvais voir, à l’œil, qu’il était bien dosé. C’était déjà ça !

J’expliquai, alors, comment ma mère en était venue à se mettre avec Tobby Cooper. En fait, je ne savais pas bien comment ça s’était fait. J’ajoutai que je préférais que ma mère se fasse des coups d’un soir. Quand elle en avait, elle ne ramenait JAMAIS personne à la maison. Du moins, pas pour plus qu’une nuit.

Hank comprenait. Bien sûr que c’était compréhensible. J’hochai de la tête avant de m’asseoir à table et de boire ma grenadine. Je levai, par contre, un sourcil quand il ajouta un « mais » et qu’il déclara que ma mère prenait de l’âge. Ma mère n’est pas vieille ! Il se prend pour mon oncle ou quoi ? Mon oncle ne cesse de dire que Maman est vieille ! Maman n’est pas vieille !

Hank disait que Maman avait besoin d’un homme à ses côtés. Mais qu’elle ne me remplacera jamais et que si elle devait choisir entre moi et Cooper, c’est moi qu’elle choisirait. Je fronçais fort les sourcils.

-Maman n’est PAS vieille ! Comment tu oses dire ça ? Et je suis à ses côtés ! Elle n’a besoin de personne d’autre !

Oui. J’étais là ! Je vivais dans la même maison !

-Et elle semble avoir choisi Tobby quand même ! Je lui ais dit de choisir sinon je partais et elle a dit qu’elle ne changerait pas d’avis ! Donc, pour moi, elle a choisi Cooper ! Maintenant, je vais devoir vivre ici. Je n’ai nulle part d’autre où aller. Daryll a trois enfants et c’est un vieil emmerdeur. Jimmy habite Malibu c’est plus loin des studios et de Fairfax. Mes grands-parents vont rappeler ma mère. Mon oncle est le pire connard de la planète. Robin et Sloan habitent un petit appartement. Donc, je n’ai qu’ici où venir…

Je plissai des yeux en regardant Hope.

-Elles ont des grands-parents tes filles ?

Pour les caser ailleurs, par exemple.

Je servis de la grenadine aux trois enfants… Je me rappelais plus bien si Haley avait déjà assez grande pour boire une boisson aussi sucrée mais je me disais qu’au pire, ça pouvait pas lui faire grand mal. C’était jamais que de l’eau et du sucre.

Ian sembla satisfait et bu un peu pendant que je tentais comme je pouvais de lui expliquer la situation telle que je la comprenais.

Ça faisait des années que Victoria menait une vie un peu solitaire, se consacrant uniquement à sa carrière et à son fils. Elle commençait tout doucement à prendre de l’âge pour courir après les garçons et le fils qu’elle aimait tant grandissait aussi.

Ça devait pas être simple. C’était plus facile d’être un homme, on nous en voulait moins de vieillir. Sniper avait même fait une pub pour un parfum à son âge ! Alors qu’on ne voyait plus vraiment le Golden Triplet au devant de la scène !

Ian s’indigna quand j’insinuai que sa mère était plus toute fraîche. Même si elle restait très belle. Il protesta aussi en disant qu’il était là, à ses côtés.

-Tu sais, Ian… Dans ce qu’on fait, l’acting, le mannequinat et la musique… Les femmes sont bien vues tant qu’elles sont jeunes et belles. C’est cruel, mais c’est comme ça. A mère vieillit et je comprends qu’elle cherche à être désirée, au moins par un homme.

Je soupirai…

-Et toi, tu grandis. Tu dis que tu es à ses côtés et c’est vrai, mais pour combien de temps encore ? Tu as 14 ans et déjà ta propre carrière… Tu finiras par faire ta propre vie.

Je le regardai, plein de compassion.

-Je comprends ce que tu ressens parce que tu as toujours été tout pour elle… Mais l’inverse ne sera pas vrai toute ta vie.

Ian m’expliqua alors qu’elle avait choisi Tobby quand même et partagea les réflexions qu’il avait eues sur l’endroit où aller vivre. Il pensait vraiment pouvoir vivre ici. Moi, je voulais bien le garder quelques temps, mais j’étais sûr que ça s’arrangerait. Puis j’eus une petite inquiétude : qu’allait en penser Bailey ? Je ne pouvais quand même pas lui imposer Ian !

-Je vois que tu y as bien réfléchi… Mais tu sais, je pense vraiment que même si Vicky a un amoureux, ce qui semble être le cas, tu resteras à jamais sa priorité, même quand tu auras quitté ta maison pour de bon.

Ian fixa alors Hope, qui le lorgna en retour en fronçant les sourcils. Alors, Ian me demanda si elles avaient des grands-parents et la question me surpris.

-Heu… Ouais, mes parents, pourquoi ?

Puis ça fit tilt !

-Mais ! Je ne vais pas les caser là le temps que tu restes ici ! Puis il faut que j’en parle à Bailey aussi… Mais je veux bien te dépanner, ça ouais.

Je haussai les épaules.

-Puis si ça se trouve, ça ne durera pas, cette histoire. Je connais Victoria…

J’en revenais pas qu’Hank disait que ma mère était vieille. Elle ne l’était pas. Maman était encore très belle ! Je ne comprends pas pourquoi les choses doivent changer, du coup. Mais Hank expliqua que quand on faisait des métiers comme celui de Maman, les femmes n’étaient bien vues que quand elles étaient jeunes et belles. Je fronçais les sourcils. Ma mère EST jeune et belle !

-C’est pas cruel ! C’est injuste ! Maman est encore jeune et belle !

Hank disait aussi que je grandissait… Je plissais les yeux. Il disait que je finirais par avoir ma propre vie. A vrai dire, je ne pensais pas à ça. Je faisais tellement de choses sur une journée que je ne pensais pas à quand je serais plus vieux. Je savais que j’allais être acteur encore longtemps. C’était mon but. Robin avait réussi alors, je ne vois pas pourquoi je ne ferais pas la même chose. Mais je ne pensais pas à où j’allais vivre…

Je tiquai.

-Mais c’est pas encore pour demain ! Je vis encore chez Maman pour un bon moment. Elle m’a encore près d’elle pour très longtemps.

Je ne me rendais pas compte que, pour les adultes, le temps passait bien plus vite que pour moi.

Hank insista sur le fait que je ne serais pas toujours là pour ma mère. Je grommelai…

-Si ! Je serais toujours là !

Mais maintenant, elle avait choisi Tobby pour ça. Je l’avais bien compris. Alors, je voulais vivre ailleurs vu qu’elle préfère ce type qui sait faire que de la country. J’avais expliqué à Hank comment j’en étais venu à choisir ici. Mais il insistait quand même pour que je réfléchisse à rentrer chez moi ce qui me fit afficher pas mal de contrariété sur mon visage.

-Je quitte la maison pour de bon alors on verra si tu as raison.

Mais il y avait un problème ici et c’était le monstre, là. Celui qui me regardait toujours et que je regardais. Je demandais alors à Hank si ses filles avaient des grands-parents et il confirma ce qui me fit sourire.

-Ça va alors.

Mais il compris pourquoi j’avais demandé ça et refusait de mettre ses filles là-bas le temps que je vivais ici. Je fronçais les sourcils. Il devait en parler à sa femme aussi. Je me renfrognai.

-Et si Bailey veut pas ? Je vais aller où ?

Hank disait que l’histoire entre Tobby et ma mère pourrait bien vite se finir. Je soupirai toujours contrarié par tout ça.

-Et si ça dure ? J’ai pas envie que ça dure… Pourquoi les choses doivent changer ? Maman avait déjà tout fait changé en m’envoyant à l’école alors que je n’aime pas ça. J’ai même doublé cette année. Je dois recommencer tout au début !

Victor avait dit que c’est parce que j’ai de la confiture dans le cerveau. Mais je l’emmerde ! Je lui ai dit que Maman avait pas été jusqu’au bout de ses études et qu’elle était plus célèbre que lui ! Il a pas aimé. Bien fait pour lui !

-Et dit pas que j’ai rien dans la tête, on me l’a déjà dit ça ! Je suis acteur moi ! Je veux pas faire autre chose. Et je voulais simplement être acteur et continuer de vivre avec Maman. Ce Tobby Cooper, il ne fait pas partie de la famille !

Ian était indigné que je puisse dire que sa mère commençait à prendre de l’âge. Pour lui, elle était une véritable déesse et c’était compréhensible. Dans le fond, elle était la seule à aimer profondément Ian qui  avait une réputation qui égalait voire dépassait la mienne. Il protesta en disant que sa mère était encore jeune et belle.

-Et c’est vrai, Ian. Tu as raison… Et elle a la chance d’être chanteuse et pas actrice… Ses fans l’aimeront probablement toujours. Mais aux yeux de certains… Et avec la relève qui arrive derrière avec des Livia et des Shiri, j’en passe et des meilleures… Tu comprends ?

J’essayai de lui expliquer que si sa mère s’était mise en couple, c’était peut-être parce qu’elle avait peur que le jour où Ian partirait de la maison, elle se retrouverait seule… Et encore plus vieille.

Il disait qu’il vivrait encore chez sa mère pour un bout de temps.

Je le regardai d’un air torve.

-Ah ouais ? Je croyais que tu voulais vivre ici. Tu as déjà quitté la maison, si c’est ta décision.

Il disait aussi qu’il serait toujours là pour sa mère.

-ben j’espère bien !

Puis, Ian se remis à fixer Hope. Haley nous regardait tous avec des points d’interrogation dans les yeux, mais ne babillait même pas, comme si elle se concentrait sur ce qu’on disait. Hope, elle, rendit son regard à mon fils biologique.

Moi, j’essayais de trouver des ressemblances entre mes filles et Ian mais… Je pensais bien que tous leurs points communs étaient dans leurs caractères.

Ian tâta le terrain pour savoir s’il pouvait avoir, comme le dirait Howard, le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière sans aller à l’épicerie. Mais il était hors de question que je case mes filles ailleurs pour le bon plaisir de Ian ! Mes enfants étaient tous égaux.

D’ailleurs, je n’étais même pas tout seul à prendre ce genre de décision.

-Je suis sûr que Bailey te laissera rester ici le temps que ça se tasse avec ta mère. Mais tu as tout intérêt à être gentil et respectueux avec elle. Au premier écart, j’appellerai ta mère.

Ouais, Ian était un gosse à qui il fallait des limites.

J’essayai de le rassurer en lui disant que l’histoire entre Cooper et sa mère ne durerait peut-être pas. Je connaissais Vicky… Le fait que Ian désapprouve sa relation allait la ronger. Et Ian finirait par l’avoir à l’usure.

Mais je fus surpris quand Ian m’annonça qu’il avait doublé à l’école. Je le regardais, interloqué.

-Comment tu as fait ? Tu es plus intelligent que la moyenne…

Ian était triste. Son but, c’était d’être acteur et rien d’autre, si ce n’était que sa vie avec sa mère continue comme elle s’était toujours déroulée.

Je le regardai avec toute la compassion du monde dans les yeux.

-Je sais, Ian… J’ai toujours voulu être acteur aussi, mais ça m’a pas empêché d’avoir mon diplôme à Fairfax.

Je soupirai.

-Quant à ta mère… Soit elle se séparera de Cooper… Soit tu verras qu’à partir d’un moment, il fera partie des meubles. On ne te demande pas de l’aimer, juste de tolérer sa présence… Pour Vicky, tu comprends ?

Ma mère n’était pas vieille mais Hank disait que c’est parce que des plus jeunes chanteuses deviennent connues que, du coup, les gens prennent ma mère pour une vieille. Je fronçai les sourcils.

-Maman sera toujours la meilleure.

Moi, je n’allais pas quitté la maison de sitôt ! Je ne comprenais pas pourquoi Maman pensait qu’elle allait être seule. Mais Hank fit remarqué que j’avais bel et bien quitté la maison. Je grommelai le foudroyant un peu du regard parce qu’il tournait mes paroles comme il le voulait.

-Je ne l’aurais pas quitté si Maman n’avait pas dit que Tobby allait venir vivre chez nous.

J’ajoutai que je serais toujours là pour ma mère. Je l’aimais ! C’est elle qui a décidé de tout gâcher.

Alors, j’allais venir vivre ici mais il y avait un hic… Les filles d’Hank. Et je fixai Hope qui me rendit mon regard me faisant froncer les sourcils. Mais Hank refusait d’envoyer ses filles vivre chez ses parents le temps que j’étais ici. Ça ne me plaisait pas ! Et, en plus, il devait aussi demander à sa femme si je pouvais rester. Je redoutais qu’elle ne dise « non ». Mais, d’après Hank, elle sera d’accord mais je devais être respectueux avec elle. Je me renfrognai.

-Je suis TOUJOURS respectueux !

Tant qu’on me respectait !

Pour Hank, l’histoire entre Tobby et ma mère n’allait pas durer. Je l’espérais mais je n’en étais pas sûr. Maman n’avait jamais ramené quelqu’un à la maison comme ça… Ça m’inquiétait. Et si elle restait avec Cooper pour toujours ? J’expliquai ne pas aimer le changement avant de parler de l’école où Maman m’avait envoyé et où je ratais tout.

Ça surpris Hank. Mon regard était à la fois fâché et triste.

-Je sais ça ! Mais je rate beaucoup de jours d’école avec les tournages… Je n’aime pas les cours. Je préférais quand je faisais l’école à la maison même si je n’aimais pas toujours les précepteur. Quand je faisais l’école à la maison, je pouvais le faire le week-end et avancer comme je voulais sur les cours que j’aime bien. A l’école, c’est différent et Monsieur Maguire me fout la pression !

Oui ! Il me fout la pression ! Il se demande pourquoi on m’a fait passer des années alors que j’ai des difficultés dans plein de cours. Il pense que j’ai eu un passe-droit ! Il pense qu’il n’y a que deux type d’Hunter et que je ne faisais clairement pas partie de son type favori !

Hank, lui, déclara avoir eu son diplôme malgré tout ce qui renforça mon inquiétude vis-à-vis de cette histoire d’école. Comment avait-il fait ?

-Monsieur Maguire dit qu’il n’y a que deux types d’Hunter : ceux qui abandonnent avant la fin et ceux qui finissent major de promotion. Il a dit que si je ne me concentre pas sur mes cours, j’allais finir dans la première catégorie. Je le déteste ! Il n’aime pas les gens qui ont du talent pour autre chose que l’école, c’est tout ! Il est jaloux ! Comment tu as fait pour réussir, toi ? Tu avais des tournages ?

Il ajouta que soit ma mère allait se séparer de Tobby ou que j’allais m’y habituer. Je soupirai. J’étais déprimé maintenant. J’avais un peu les larmes aux yeux de colère et de tristesse.

-Je ferais tout pour Maman mais… J’ai peur que tout change entre elle et moi avec Cooper entre nous. Puis, je ne connais pas bien Tobby… Et s’il veut simplement profiter de Maman ? Elle a beaucoup d’argent. Je sais que les gens en profite dans ce cas-là…

Ian était contrarié, très contrarié. Il prenait la mouche au moindre mot de travers. Je me reconnaissais en lui comme si je m’étais regardé dans le miroir. Mais le pire, c’était que je savais que tout ça, toutes ces émotions qu’il vivait, faisaient mal physiquement. Je ne savais pas comment ça se présentait pour lui, mais moi, à force de m’énerver comme ça, j’avais bousillé ma mâchoire qui craquait régulièrement... Et je vous parlais même pas de mon système digestif qui en prenait un coup.

Je compatissais vraiment à ce que Ian vivait, c’était pour ça que je savais que j’arriverais à convaincre Bailey. Si elle acceptait, j’étais même prêt à accepter qu’elle voie sa sœur ici. Il n’aurait pas été juste que Ian puisse passer du temps ici et qu’elle ne puisse pas y voir sa sœur. C’était sa maison aussi, après tout.

Tant que j’étais pas là quand elles se verraient, ça me conviendrait. Je n’aurais qu’à aller faire un tour en ville avec les filles quand elles décideraient de se voir.

Ian, lui, affirma qu’il était toujours respectueux.

-Pas toujours, Ian.

En discutant, je compris bien vite que le mal-être de Ian ne tenait pas seulement au fait que sa mère vivait une nouvelle idylle. Il avait aussi des problèmes à l’école, au point qu’il avait doublé. Je n’avais jamais aimé l’école, moi non plus. Je comprenais vraiment Ian. Mais il n’avait pas d’autre choix que de passer par là, comme tout le monde, même s’il était un excellent acteur et que sa vie était pratiquement toute tracée.

Il préférait les cours à la maison. Je n’avais jamais fait les cours à la maison, mais j’aurais bien aimé, pour les même raison que mon garçon : avancer comme je l’aurais voulu, à mon rythme. Mais Ian avait une donnée en plus dans son équation : il devait gérer école et tournage. Alors ouais, ça aurait été plus facile s’il avait continué les cours à la maison.

Je soupirai et passai une main dans mes cheveux.

-Je te comprends, Ian. Contrairement aux autres enfants de ton âge, tu dois gérer deux vies : celle d’un écolier et celle d’un acteur. Ce ne doit pas être évident.

Et en plus, si un des profs lui mettait la pression, c’était d’autant plus compliqué et contreproductif. Un prof qui avait osé lui dire qu’il ne mènerait probablement pas ses études à terme.

-Faut pas écouter ce connard, Ian. Ou alors, faut l’écouter et tout faire pour le faire mentir.

Ça pourrait être une motivation.

-Moi, je n’ai pas eu une vie aussi compliquée que toi. Je suis devenu acteur après mes années à Fairfax. Mais je n’aimais pas l’école. J’avais du mal à m’intégrer, j’étais stressé et bagarreur. C’était une véritable pénitence d’aller à l’école. J’ai réussi à finir en m’accrochant à l’idée que mieux je travaillais, plus vite je serais libre.

Les larmes aux yeux, Ian en revint à la relation de sa mère. Il n’aimait pas le changement, moi non plus. Je me levai de ma chaise et allai vers lui pour le serrer contre moi, frottant doucement le haut de son dos pour le réconforter.

-Ça va aller, Ian… Je sais que les changements, c’est dur. Mais tu finiras par t’habituer… On finit toujours par s’habituer.

Je fronçais fort les sourcils quand Hank déclara que je n’étais pas toujours respectueux. Si ! Je l’étais ! Si je ne le suis pas c’est qu’on ne l’est pas avec moi non plus.

J’avais expliqué à Hank que rien n’allait. Il y avait ma mère et Tobby Cooper mais l’école aussi qui me prenait beaucoup d’énergie. Je préférais garder cette énergie uniquement pour les tournages. Comment je peux être concentré sur les tournages si je pense à tout ce que me dit Monsieur Maguire ? Ça devient fatiguant et j’en ai marre !

Je compris bien vite que Hank, lui, avait réussi ses études. Mais j’étais trop triste et énervé que pour réfléchir au fait que, lui, ne devait pas tourner et étudier en même temps parce qu’il avait commencé sa carrière un peu plus tard. Il disait comprendre que c’était compliqué de gérer les deux. J’hochai de la tête.

-Oui. Puis, ça ne m’intéresse pas, l’école !

J’allais être acteur toute ma vie. Ça ne servait à rien d’apprendre des maths et tout alors que ça ne me sera JAMAIS utile. Et le fait que ça ne m’intéresse pas ne veut pas dire que j’ai de la confiture dans le cerveau. Je suis intelligent ! Mais je n’ai juste pas le temps de me concentrer sur tout. Pourtant Maguire ne cesse d’être à mon cul ! Hank, lui, disait de ne pas écouter ce connard de Maguire ou de le faire mentir.

-Je ne saurais pas le faire mentir ! Pour ça il faudrait que j’ai A+ en tout sauf en sport ! C’est qu’un connard !

Hank disait qu’il avait eu la vie moins compliquée que moi parce qu’il était devenu acteur après Fairfax mais qu’il n’aimait pas non plus l’école. Mais la seule solution était de travailler pour être libre. Je pris un air désespéré.

-Il me reste 3 ans ! J’y arriverais jamais… Comment elle a fait Livia ?! C’est pas juste !

Je savais que Livia avait sa carrière et les cours aussi et elle avait réussi sans doubler. Pourtant, elle ratait souvent l’école aussi.

Les larmes commençaient à couler et j’en revins à mon premier problème. Je ne voulais que rien ne change mais tout changeait. Hank se leva et me serra contre lui. Je me laissai faire en frottant rageusement mes yeux pour faire disparaitre les larmes.

Il disait que je finirais par m’habituer. Je soupirai et hochai de la tête avant de relever la tête sur Hank.

-J’aimerais me reposer et aller dans la piscine.

Parce que, maintenant, j’étais fatigué par tout ça.

J’étais en train de me demander si Ian n’était pas plus turlupiné par ses difficultés à l’école que par la relation de sa mère avec Tobby Cooper… Une chose était claire : ce gosse n’en pouvait plus. Il était au bout de sa vie, fatigué de gérer deux vies à la fois et, si en plus, sa mère s’y mettait pour tout changer à la maison, c’était clair que ça allait pas aller.

J’allais donc garder Ian quelques jours… Je téléphonerais à Vicky quand le petit serait occupé pour la rassurer en lui expliquant qu’elle devait laisser revenir Ian de lui-même. Je le connaissais assez pour savoir qu’il ne saurait pas rester séparé de sa mère trop longtemps, Cooper ou pas Cooper.

Puis Hope semblait de toute façon bien décidée à la décourager.

Ian pestait que l’école, ça ne l’intéressait pas que cet enculé de prof ne lui foutrait la paix que s’il avait la note maximale dans toute les matières.

-Ben merde… Le sport c’était là où j’étais le plus fort.

C’était dégueulasse de la part de Maguire de dénigrer ce cours… ça me situait bien sur le genre de prof qu’il était !

-N’écoute pas ce gros con… Fais tes trois ans en ayant juste ce qu’il faut pour ne pas traîner à l’école plus longtemps qu’il ne le faut.

Je haussai les épaules.

-Ton Maguire se croit malin, mais tu as déjà une carrière plus intéressante que la sienne et beaucoup plus de sous à la banque. Il est frustré, c’est tout.

Les profs étaient souvent comme ça. Surtout face à des gamins comme Ian qui en ont dans la tête même si, sur le papier, c’était plus dur.

Ian se demandait comment Livia avait réussi à conjuguer carrière musicale et école.

-Ne te compare pas aux autres, chacun est différent, unique.

Je le serrai contre moi quand je vis qu’il ne pouvait plus retenir ses larmes.

-Tu vas y arriver…

Hope, elle, jalouse de me voir serrer un autre enfant dans mes bras, descendit de sa chaise et vint serrer ma jambe dans ses bras. Ian, un peu calmer, annonça qu’il voulait aller se reposer dans la piscine.

-Bonne idée ! Je vais nous préparer des cocktails… !