Jim était là ! Et il était temps !

Bon, dit comme ça, ça donnait l’impression que Jim ne venait jamais travailler. Ce qui est faux – totalement faux. Mais ça faisait deux jours qu’il n’était plus venu et ça s’était vu. Car quand Jim n’est pas là, deux personnes dirigent BSC : l’intransigeante Frances Page (qui était un doux agneau avant que Jim ne décide de se marier) et l’ignoble Grant W. Fleming. Quand Jim n’est pas là, nous vivons tous un règne de terreur.

Moui – j’exagère sans doute un peu. Mais le gamin m’agace. L’autre jour, je m’étais garé à la place de Jim – qui n’était pas là – parce que cet enfoiré de Daryll s’était garé à ma place pour la simple et bonne raison que ce petit merdeux de Victor Hunter s’était garé à la place de Daryll. Un mauvais jeu de chaises musicales. Sauf que Grant Fleming m’avait demandé – sans aucune politesse ! – de bouger ma voiture. Pour la mettre où ? Il m’avait dit de me débrouillé mais que PERSONNE ne pouvait se mettre à la place de Jim. Vous savez quoi ? J’ai laissé ma voiture là mais j’ai failli me faire assassiné par le regarde de tueur du Tortionnaire de BSC.

Quant à Frances… Elle est souvent de mauvaise humeur quand Jim n’est pas là. Elle rumine, je pense. Puis, elle n’aime pas Carla – la nouvelle réceptionniste. Elle dit que c’est une petite écervelée. Moui – moi, je trouve Carla très bien… Elle ne m’ennuie pas… Mais elle semblait ennuyé Frances. Du coup, c’est toujours un plaisir de croiser Frances qui ne cesse – finalement – de martyriser les pauvres secrétaires et autres réceptionnistes pour bien montrer qu’elle était la chef aussi.

Un règne de terreur, je vous disais…

-Daryll est de mauvaise humeur, dit une Vicky qui avait l’air fatiguée.

Ah oui ? Vicky était venu prendre un café dans mon bureau parce que Daryll – avec qui elle prend le café d’habitude – était de mauvaise humeur.

-A cause ?, demandais-je intrigué.

Elle haussa les épaules. Visiblement, elle n’en savait rien. Mais elle avait eu rendez-vous avec lui et ça s’était visiblement mal passé.

-Boh, ça lui passera, dis-je en haussant les épaules. Tu t’es garée où ? Tu sais que tu peux appeler la fourrière, hein, si l’Aston Martin de ton frère est sur ta place…

Moui – j’avais vu que la place de Vicky était prise par son frère. D’ailleurs, je n’avais aucune foutue idée de ce qu’il foutait ici celui-là. Jim a tant de problème juridique.

-Quand il se met là, il ne se met pas à la place de Daryll alors je préfère qu’il prenne ma place, dit-elle aussi fatiguée que résignée avant de se levée. Je suis garée à l’autre bout du parking… Je vais y aller, d’ailleurs, j’ai des choses à terminer en studio.

J’avais hoché de la tête et je m’étais levé moi aussi car j’avais rendez-vous avec Jim. Rien d’important – juste notre petite discussion habituelle en buvant du whisky.

Une fois Vicky partie, j’étais aller à l’étage de Jim. Je n’avais pas croisé Frances – et j’en étais ravi ! Sans compter qu’on était jeudi et que Grant n’était pas là – autre grand bonheur. J’aimais quand il avait école.

J’avais toqué à la porte avant d’entrer dans le bureau-appartement de mon ami.

-Amico mio!, lançais-je avec un grand sourire aux lèvres. Comment vas-tu ? Tu as vu les pub de Sniper ? Du grand art, non ? Même si ça ne nous rapporte rien, ça nous rapporte quand même de voir Evan partout.

Business is business – voir Evan faisait de la pub pour Evan et, donc, pour BSC. Puis, je préférais ça que de voir Evan suivre Stone dans tous ses mauvais coups. Car, ça aussi, c’était quelque chose qui m’énervait. Au plus haut point ! Et pas sûr que Jim soit au courant mais j’étais là pour régler ça.

-Tu devrais venir plus souvent ici, amico mio, lançais-je mine de rien. Quand le chat est parti, les souris prennent le pouvoir.

J’avais passé les deux derniers jours tranquillement à la maison. C’était ce qu’il y avait de bien à être patron. Je pouvais prendre des congés quand je le voulais, ça n’empêchait pas l’argent de s’accumuler dans mes caisses. J’avais donc tout loisir de passer du temps avec Maritza et de voir grandir notre fils, J.R.

Ce qui m’avait permis de ne pas manquer ses premiers pas qu’il avait fait avec le regard le plus déterminé qui soit. J’en étais fier ! Et je ne comptais pas établir avec J.R. la même relation que mon défunt père, Charles, avait eu avec moi.

Non, je voulais que J.R. et moi soyons complices, qu’il reprenne mes affaires chez BSC.

Quant aux Los Diablos… Je me tâtais encore. Ma fierté me disait que le jour venu, J.R. pourrait reprendre ma place au sein du gang.

Mais le père en moi ne voulait pas le mettre en danger.

Car oui, il y avait du danger à être chef des Los Diablos. Je ne pouvais pas le nier. Et le pire, c’était qu’en générale, on ne s’attaquait pas à moi directement, mais à ma famille.

Mais aujourd’hui, je m’étais rendu à la tour BSC, histoire de faire acte de présence, d’entretenir mes liens avec mes employés (Daniele devait venir prendre un whisky comme à son habitude le jeudi), et surtout, de montrer que j’étais toujours bel et bien là, présence silencieuse et redoutée de tous.

J’étais au dernier étage de la tour, à préparer soigneusement le plateau en argent sur lequel était posée la carafe de whisky pleine et deux verres parfaitement propre. Daniele, tout comme moi, aimait particulièrement la propreté et en l’absence de personnel dans la tour pour me servir, il fallait bien que je le fasse moi-même.

Tout le monde pensait que j’étais incapable de faire ce genre de chose simple moi-même. Mais pratiquement personne ne savait non plus que j’avais en partie vécu dans l’Eastside avec Maritza pendant un an. Et là, il n’y avait pas de personnel non plus.

Cela dit, il y avait quand même beaucoup de choses que je ne savais pas faire… Je restais quand même un enfant gâté.

Cette pensée me fit sourire et Daniele frappa en entrant en même temps dans mon appartement, me saluant d’entrée de jeu avec un entrain qui, je le savais, était destiné à cacher sa frustration au sujet de quelque chose.

Mais quoi ?

Ce ne devait pas être très grave, cela dit, parce que Daniele ne tournait en générale pas autour du pot quand c’était grave. Alors qu’il me parle d’abord de la nouvelle égérie de Carrie Hughes était plutôt bon signe.

Je me tournai vers mon amis, lui désignai un fauteuil et posai mon plateau sur la table basse.

-J’ai vu, en effet.  C’est très réussi… Et, de fait, ça nous rapporte.

Je nous servis les whiskys et laissai prendre le sien à Daniele parce qu’il n’aimait pas qu’on lui tende des trucs. J’avais vu la publicité pour Spicebomb dans les magazines, mais aussi placardées un peu partout en ville.

-Grâce à cette pub, Evan vient de se gagner un tout nouveau public de jeunes filles qu’il ne touchait pas forcément avant.

Sniper avait toujours eu du succès auprès des amateurs de rock. Mais j’avais vu dans les sondages de BSC que depuis la sortie de la pub, la vente de ses albums solo ainsi que de The Army avait encore augmenté.

Et ce fut là que Daniele m’annonça ce qui le tracassait… Apparemment, quand je n’étais pas là, quelque chose n’allait pas. Je haussai un sourcil.

-Quelles souris ? Victor ?

Je savais que mon avocat avait tendance à venir faire chier le monde…

Jim était bien là à faire acte de présence dans sa tour. Je savais qu’il n’était pas du genre à rater notre rendez-vous du jeudi. Et ça tombait bien parce que, aujourd’hui, j’avais pas mal de choses à lui dire.

Je l’avais salué avec enthousiasme avant de commencer la conversation sur la publicité que Sniper avait fait pour la marque de parfum de Carrie Hughes. C’était une grande réussite et je n’avais pas regretté d’avoir donné mon feu vert. Toute publicité est bonne à prendre car qu’on voit Sniper partout en ville ramenait la lumière sur lui.

Je m’étais installé dans l’un des fauteuil alors que Jim était – bien entendu – tout à fait d’accord avec moi. Niveau business, je n’avais pas grand-chose à lui apprendre. C’était un homme d’affaire redoutable.

-Oui, j’ai vu les chiffres. Les vente d’albums d’Evan et de The Army ont augmenté, dis-je assez satisfait. Et je pense que Carrie va à nouveau le reprendre pour d’autres pubs ce qui n’est pas plus mal.

Jim confirma que Sniper avait obtenu un nouveau public de jeunes filles. Des jeunes filles qui étaient nées après l’époque The Army et qui apprenait à découvrir Sniper. Ce n’était pas plus mal – ça permettait à Evan de ne pas faire seulement dans la nostalgie.

-Quand il va les voir à ses prochaines concerts, il ne va rien comprendre, dis-je en ricanant un peu.

Moui – Evan, lui, par contre, n’était pas l’homme d’affaire du siècle alors il se demandera pourquoi son public venait de rajeunir d’un coup.

Seulement, je n’étais pas venu ici que pour parler de ce qui va bien mais aussi de ce qui va mal. Cette tour est en désordre total – il était temps d’y faire un peu de ménage. Et c’est avec une expression revisitée que j’avais placé les bases d’une toute autre conversation.

Jim supposa un coupable. Victor Hughes. Heu ! Hunter – pardon. Mais depuis qu’il est marié avec Carrie, je trouve que « Hughes » lui va mieux. C’est elle qui a les cordons de la bourse, non ?

Seulement, Victor Hunter n’était pas le nœud du problème. Ou l’était-il ?

-Certes le petit minet est un véritable emmerdeur, confirmais-je. C’est un voleur de place de parking et il passe son temps à inonder BSC de ses paroles incessantes. Mais bon, sa nouvelle cible est Daryll alors j’avoue m’en amuser un peu de temps à autre. Mais rien qui ressemble à une prise de pouvoir, amico mio. C’est juste un nuisible. Comme il l'a toujours été, d'ailleurs.

Non ! Ceux qui prenaient le pouvoir c’était une femme et un enfant ! Vous imaginez ça ?

-Les deux souris dont je parles c’est ta propre secrétaire, Frances et ce petit enfoiré de Grant Fleming. Frances joue les tyrans et ne cesse de rappeler à l’ordre les différentes secrétaires et réceptionnistes. Pour elle le travail doit être parfait. Et, bien entendu, il ne l’est jamais. La pauvre Carla en prend souvent pour son grade. Certes, Victor Hunter les détourne de leur travail mais je ne pense pas que ces pauvres filles méritent tant de haine de la part de Frances, expliquais-je. Quant à Grant Fleming… C’est un ignoble petit tyran qui n’a aucune notion de qui a le pouvoir et qui ne l’a pas. Il m’a viré sans vergogne de ta place de parking parce que Daryll m’avait pris ma place parce que Victor Hunter avait pris sa place. Tu te rends compte ? Et ce n’est pas les « bonjour », « au revoir » et autre « merci » qui l’étouffe. Tu aurais dû voir le regard qu’il m’a lancé. Heureusement qu’il n’a pas des flingues à la place des yeux. Quand tu n’es pas là, Jim, ils instaurent tout les deux un règnes de terreur. Tu n’as pas intérêt à moufter au risque qu’un des deux te saute à la gorge.

Moui – il fallait bien faire de grandes images pour expliquer les choses.

Bien installés dans nos fauteuils respectifs avec un bon whisky, notre réunion du jeudi pouvait commencer. Et ce fut avec une bonne nouvelle que nous débutâmes la conversation. Les affaires allaient bien pour Sniper. C’était bien connu que depuis son retour et son vœu de sobriété, Evan était une valeur sûre. Il écrivait des textes et des mélodies d’une qualité incroyable. Mais surtout, Carrie Hughes venait de nous donner un coup de pouce monumental en mettant en avant le fait que, pour son âge, le chanteur était encore capable de faire fondre les cœurs des jeunes filles.

Meilleure nouvelle encore, Carrie avait probablement dans l’intention de remettre le couvert avec d’autres publicités.

-Je lève mon verre à ça.

Ce que je fis vraiment, buvant un coup de whisky qui me réchauffa agréablement la gorge.

Daniele, lui, ricana en imaginant déjà la tête de son poulain de toujours quand il verrait des petites minettes au premier rang de ses concerts.

-Tu n’auras qu’à lui faire un dessin, s’il demande.

Oui, parce qu’Evan n’était pas réputé pour être le crayon le plus aiguisé de la boîte.

Seulement, Daniele n’était pas seulement là pour me donner de quoi me réjouir. Quelque chose semblait l’ennuyer au plus haut point.

Une prise de pouvoir ? Qui osait prétendre pouvoir gérer à ma place ? Etre craint à ma place ?

Je misais sur Victor Hunter… Un peu parce que je pensais que ça ne pouvait pas être une coïncidence que Daniele vienne mettre ça sur le tapis alors que la seule nouvelle donnée dans l’équation était mon nouvel avocat.

Je savais qu’il aimait venir ici même quand il n’avait rien à y faire. Il avait même pris ma place de parking, un jour.

Alors pour moi, il ne pouvait être que le seul coupable.

Mais il s’avéra que j’avais tout faux. Parce qu’apparemment, Victor était emmerdant, mais moins que d’autres. Pourtant, sa manie de parler encore et encore était surtout ce qui, moi, m’emmerdait.

J’écoutai attentivement mon ami italien qui me fit un long exposé de ses griefs.  Et je levai les sourcils bien haut quand il parla d’abord de Frances qui prenait à partie les secrétaires à longueur de temps.

-Frances aime le travail bien fait. Ce n’est pas nouveau. Et elle a raison.

Est-ce que j’avais du mal à imaginer Frances en tyran ? Non, pas vraiment. Je savais qu’elle en était capable.

-Et elle ne fait ça que quand je ne suis pas là ?

Pourquoi ?

Autre problème : Grant Fleming. La description que Daniele me fit du garçon ne m’apprit rien, contrairement à ce qu’il avait dit sur Frances. Je pinçai les lèvres, me retenant de sourire devant l’air très sérieux de Daniele. Apparemment, mes employés jouaient aux chaises musicales sur le parking, ce qui était loin de plaire à Grant qui virait les gens de la mienne sans aucune vergogne ni politesse.

Mais ce qui m’amusait vraiment, c’était que mon ami semblait avoir vraiment peur d’une pauvre femme frustrée et d’un enfant issu d’une longue lignée de psychopathes.

Je pris une gorgée de whisky pour ravaler mon amusement et prendre les choses au sérieux.

-Je parlerai à Frances et Grant. Cependant, tu parles de ça comme si tout dans cette tour allait à vau-l’eau…

Je fis la moue et me penchai un peu en avant pour regarder Daniele dans les yeux.

-Ils font de l’excès de zèle. Le travail n’en est que mieux fait, non ? Et personnellement, j’ai toujours ma place de parking.

Jim avait levé son verre à l’augmentation des ventes d’album d’Evan et de The Army grâce aux publicités de Carrie Hughes. J’avais fait de même prenant moi-même mon verre vu que Jim avait parfaitement respecté la très noble règle numéro 5.

J’avais bu une grosse gorgée de whisky – il n’y avait rien de mieux que le whisky du jeudi. Quant à Evan, j’étais certain qu’il n’allait pas comprendre pourquoi des minettes se ramenaient à son concert. Jim avait dit que je n’aurais qu’à lui faire un dessin ce qui me fit rire.

-Je demanderais à Tony de lui en faire un, dis-je pour rentabilisé mon bâtard.

Seulement, je n’étais pas ici uniquement que pour des bonnes nouvelles. La tour BSC devenait – quand Jim n’était pas là – un lieu de terreur. Une femme extrêmement frustrée ainsi qu’un enfant démoniaque étaient ceux qui faisait régner cette terreur. Parce que – oui – j’avais décrété que Grant Fleming était l’antéchrist. Rien ne me fera changer d’avis là-dessus.

Et si Jim avait supposé que le problème était Victor Hunter, je lui avais révélé qu’il n’en était rien. Enfin… Peut-être que Victor y est un peu pour quelque chose quand même parce qu’il était responsable des problèmes dans le parking et de la distraction des secrétaires. Deux choses qui font inévitablement réagir Grant et Frances.

Seulement, mes explication ne semblaient pas troubler Jim qui disait que sa secrétaire avait raison de vouloir le travail bien fait. Certes – je comprenais ça – mais il y a travail « bien fait » et travail « parfait ». Ce sont deux choses différentes.

-Disons que quand tu n’es pas là, elle est encore pire, confirmais-je. Je ne sais pas ce qu’elle a… Depuis que tu es avec Maritza elle est de plus en plus aigrie. Mais j’avoue que c’est encore pire depuis que Victor Hunter drague toutes les secrétaire, rajoutais-je pensif. Je ne sais pas si c'est parce qu'il les distrait ou si c'est parce qu'il les drague toute sauf Frances...

Moui – en plus il n’était pas discret quand il le faisait. La seule aveugle dans cet univers c’était sa femme – Carrie. Mais sans doute que Carrie a un faible pour Sniper, alors… Encore les chaises musicales…

Seulement, il y avait aussi le problème du petit Fleming. Il était hautement impoli. Comme si nous n’étions que de la merde à ses yeux. Seul Jim semblait compter pour lui. Il faut dire qu’il se qualifiait comme était le grade du corps de Jim et de personne d’autre.

Jim avait dit qu’il parlera aux deux tyrans.

-A la bonne heure, dis-je satisfait.

Seulement, je lui avais donné l’impression que plus rien ne va dans sa tour. En réalité, il ne voyait pas bien en quoi l’excès de zèle de Frances et Grant était un problème.

-Amico mio… Le soucis c’est que ça met son personnel sous tension. Les secrétaires n’en peuvent plus de se faire ramasser par Frances. L’autre jour, Carla a pleuré dans les toilette pendant presque une heure. J’ai des oreilles partout ici et je sais que certaines envisagent de démissionner. Quant à Grant, tu as peut-être ta place de parking mais pas moi ! Daryll était sur la mienne l’autre jour et Grant ne l’a pas rappelé à l’ordre. Il faut dire qu’il suffit de l’ignorer… Sauf que quand on se met à la tienne, il menace de rayer la bagnole et je n’ai aucune envie que mini-Fleming me le raye, dis-je très sérieusement.

J’avais bu un gorgée de whisky avant de reprendre.

-Un personnel à cran, ça met les manager à cran. Daryll est de très mauvaise humeur et, tu aurais dû voir Vicky, elle me paraissait exténuée. Il faut dire que c’est elle qui a perdu la guerre du parking aujourd’hui, dis-je pensif. Mais Daryll n’a pas été très gentil avec elle, apparemment. Tu vois, amico mio, trop d’excès de zèle, ça tue le personnel.

J’éclatai de rire quand Daniele affirma qu’il ferait faire un dessin pour Evan à son bâtard… Je voyais en effet bien l’enfant être bien plus dégourdi que le chanteur. Sniper était d’une naïveté à toute épreuve alors qu’il avait dépassé les 40 ans ! C’était limite incroyable !

Mais après cette parenthèse amusante, Daniele m’informa que des choses bien moins marrantes se déroulaient dans ma tour pendant que je n’étais pas là.

Car quand je m’absentais, Grant et Frances semblaient prendre les commandes au détriment de tout le monde. Frances avait toujours été perfectionniste, mais pas de là à instaurer un règne de terreur tel que le décrivait mon ami.

Parce que quand j’étais là, ça allait, elle restait la plupart du temps à son bureau à m’admirer chaque fois que je passais avec dans les yeux une nostalgie sans borne.

Ce que Daniele avait bien compris puisqu’il affirma que Frances avait un comportement de pire en pire depuis que j’étais de nouveau avec Maritza.

Je fis la moue.

-En effet, Frances a été mon amante pendant des années. Cela doit jouer. Mais le fait que Victor ne la drague pas ne doit pas arranger les choses. Il faut dire que Frances ne va pas en rajeunissant et Victor a déjà une momie à la maison.

J’affirmai que j’allais parler à Frances et Grant, ce qui réjouit Daniele. Je le regardai avec un air assez étonné parce que sincèrement, je voyais mal comment une femme et un enfant pouvaient faire autant de dégâts. Mais Daniele se fit une mission de m’expliquer en quoi leur excès de zèle mettait une mauvaise ambiance au sein de la tour.

De là à ce que les secrétaires menacent de démissionner.

-Mmm… je vois… Il va falloir vraiment que je règle ça. Je ne peux pas me permettre de perdre des employées. Surtout qu’elles sont toutes très qualifiées.

J’étais peut-être misogyne, mais je savais reconnaître les qualités des femmes qui savaient où était leur place.

Quant à Grant et cette histoire de parking, il allait jusqu’à menacer de rayer les bagnoles.

Je soupirai et passai une main sur mon visage.

-J’ai la solution : il faut que je donne une place à Victor… Ainsi, il cessera de se mettre sur les places des autres. Mais j’essayerai de voir si les menaces de Grant son sérieuses.

Pour ce qui était de Victoria qui était exténuée, j’avais ma petite idée sur la chose.

-Pour Vicky, je ne pense pas que la mauvaise humeur de Daryll soit ce qui la fatigue le plus…

Je pris une gorgée de whisky.

-Ian a quitté la maison… Elle s’inquiète de ne pas le voir revenir.

C’était quand même assez affligeant de ce dire que la tour était entré dans une période de terreur à cause d’une femme et d’un enfant… Seulement, c’était exactement ce qu’il se passait – quoi qu’en pense Jim !

Le problème Frances était un problème récent. Pourtant, je voyais que la cause de sa frustration était plus lointaine. Elle n’avait pas encaissé le mariage de Jim avait Maritza car – de ce fait – elle avait perdu sa place d’amante régulière de mon meilleur ami. Mais il semblerait que le fait qu’elle vieillisse et que Victor Hunter ne la drague pas alors qu’il s’amuse à absolument draguer toutes les femmes de la tour ait amplifié sa frustration et ait retourné sa colère contre toutes les petites jeunes de la tour.

C’était ce que disait Jim – que tout ça n’avait pas dû aider.

-Et bien dit à Victor de la draguer, dis-je sincèrement. Après tout, il n’est pas à une momie près et il te doit bien ça, non ? Tu ne l’as pas encore viré de ta tour, que je sache, malgré qu’il soit un véritable parasite. Peut-être que s’il se fait Frances, elle sera de meilleur humeur, non ?

Il pouvait bien faire ça le frère de Vicky, non ? Pour toutes les fois où j’aurais dû le viré de mes fêtes alors que je ne l’avais pas fait.

Quoi qu’il en soit, Jim allait parler à ses deux tyrans. Seulement, je dûs quand même lui expliquer un peu plus que ces deux problèmes allaient faire fuir le personnel. Parce que, jusqu’ici, Jim ne voyait pas trop où se trouvait le soucis. Moui – la tyrannie ne semble pas tellement lui déplaire…

Tout ça fit – enfin ! – réagir Jim.

-Exactement, dis-je pour appuyer ce qu’il venait de dire. Elles bossent bien, quoi qu’en dise Frances.

Il devait aussi régler le soucis de Grant qui allait jusqu’à menacer de rayer les voitures. Moi, je prenais ses menaces très au sérieux. Ce gamin ne rigolait pas. C’était un démon – dans le sens littéral du terme. Même Livia avait eu des problèmes avec lui et ne l’aimait pas. Il n’y avait que Jim et Frances qui supportaient le gamin.

Jim avait une solution pour le parking et c’était celle de donner à Victor exactement ce qu’il recherchait. Moui – j’étais sûr qu’il jouait à ce petit jeu pour avoir son nom devant l’une des places de la tour…

-Mouais, dis-je pensif. C’est un peu céder au caprice du minet mais… J’avoue que c’est encore la solution la plus efficace. Quant à Grant, je suis sûr qu’il est très sérieux. Tu l’as déjà vu blagué ? Il ne rigole pas ce gosse. C’est l’antéchrist, rajoutais-je très sérieusement.

Pour ce qui était de la fatigue de Vicky, ça ne semblait pas résulté des problèmes dans la tour mais bien de son fils – l’infâme Ian Hunter. Il avait quitté la maison visiblement. Et bien ! Je ne m’attendais pas à ça.

-Tu es sérieux ? Elle ne m’a rien dit de tout ça… Comment tu le sais, amico mio ?, dis-je curieux. Pourquoi il a quitté la maison ? Et il est où ? Vicky doit être effondré et ce gamin est clairement ingrat…

Je fis la moue quand Daniele me suggéra de dire à Victor de draguer Frances… Voire même d’aller plus loin.

-Je pourrais lui demander de la draguer, effectivement…

Histoire que Frances se sente désirée et se calme. Mais aller plus loin que ça ?

Je pris une gorgée de whisky, me rappelant cette soirée de 1973 où j’avais vu un Victor totalement terrifié par Kate Julian qui lui avait fait des avances. Et ce n’était même pas allé plus loin que ça. Est-ce que je pouvais réellement le remettre dans une situation similaire avec Frances ?

Parce que si ma secrétaire était bien devenue le monstre tyrannique que me décrivait mon ami, je doutais que ce soit une bonne idée.

Mais tout ça, je ne pouvais pas en parler à Daniele. Parce que c’était entre Victor et moi. Pas que je voulais réellement cacher des choses à mon meilleur ami… Mais ce que j’avais en main là, je pourrais peut-être en avoir besoin un jour… Si Victor se retournait contre moi d’une façon ou d’une autre.

Plus j’en savais, mieux c’était.

Bref, je devais bien me rendre à l’évidence qu’il y avait un problème dans ma tour. Deux problèmes, à vrai dire. Frances et Grant risquaient bien de me faire perdre des employés efficaces et ce serait bien dommage.

Je détestais faire des entretiens d’embauche et si Frances était devenue folle, elle allait faire ça n’importe comment et ne garder que les laidrons… Ce qui serait moche, c’était le cas de le dire, pour l’image de BSC…

Il faudrait donc que je parle à Frances… Et à Grant au sujet du parking. Pour ce problème-là, j’avais une solution toute trouvée : donner une place à Victor. Daniele trouvait que c’était céder à un caprice de l’avocat.

-C’est vrai, en effet. Mais cela réglera efficacement le problème. Et puis, qu’est-ce qu’une place de parking, sincèrement, Daniele ?

C’était pas cher payer.

Je rigolai, par contre, quand il parla de Grant comme étant l’Antéchrist…

-C’est vrai qu’il ressemble un peu à cela. Et c’est vrai aussi qu’il n’a pas beaucoup d’humour. Mais ce n’est pas ce que je lui demande. Quant à rayer les voitures, je me doute qu’il en est très capable. Il m’a cassé une vitre et a mis le feu dans la cage d’escalier, je te rappelle.

Je regardai Daniele dans les yeux.

-Je sais exactement qui est Grant Fleming. Et j’ai une bonne idée de qui il sera. C’est pour ça que je le garde auprès de moi.

Quant à la pauvre Vicky, je pensais bien que pour le moment, Daryll, Grant et Frances étaient le cadet de ses soucis.

Je hochai lentement la tête quand Daniele, choqué, me demanda si j’étais sérieux au sujet du départ de Ian.

-Je le sais parce que j’ai été la première personne que Victoria a contacté. Elle pensait que le petit était venu se réfugier chez moi. Mais ce n’était pas le cas. Ian ne supporte pas la relation entre sa mère et Tobby Cooper.

Oui – que Victor Hunter drague Frances. Ainsi, elle sera peut-être moins frustrée. Parce que je supposais que c’était parce qu’elle ne se sentait plus désirée qu’elle devenait aigrie. Alors qu’un petit jeune la drague, ça devrait régler les choses. Après tout, Hunter n’était-il pas expert en momie ? Une de plus, une de moins, ça ne devrait pas le déranger.

Jim venait de prendre conscience que le problème de ses deux tyrans était plus problématique que prévu. Frances risquait bien de faire fuir nos meilleures secrétaires et Grant risquait de faire en sorte que le personnel de BSC – moi compris – soit très mécontent de voir ses voitures griffées par ce petit démon.

Pour le parking, Jim avait une idée et c’était de donner à Victor Hunter exactement ce qu’il voulait en faisant chier son monde en s’installant sur les places qui n’étaient pas à lui. Je voyais ça comme un aveu de faiblesse de notre part – et de celle de Jim, principalement – mais avions-nous vraiment le choix ? Jim essayait de minimiser les choses disant que ce n’était qu’une place de parking.

-Le Saint Graal, amico mio, m’exclamais-je. Une place de parking, c’est le Saint Graal, crois-moi.

Surtout quand celle-ci était tout près de la porte d’entrée !

Quant à Grant, il était – pour moi – l’antéchrist. Rien de plus, rien de moins. Jim confirma que c’est l’impression qu’il donnait et était certain que le mini-Fleming était capable de faire du mal à bien d’innocentes voitures. Preuve étant, il avait déjà fait des dégâts à la tour avant son engagement par Jim.

-C’est un petit vandale, grommelais-je.

Mais Jim avait bien une petite idée de ce qu’allait devenir le gamin et c’est bien pour ça qu’il voulait le garder auprès de lui. J’avais bien compris que le plan de Jim pour Grant était à long-terme. Sinon, pourquoi s’emmerderait-il avec un garde du corps en culotte courte ?

-Ah oui ? Et que va-t-il devenir ? Quand on voit sa famille, ça sera un serial killer… Et son comportement ne me fait pas penser autrement. Mais bon, s’il peut nous voir comme ses amis, pourquoi pas ?, dis-je en haussant des épaules.

Dans le chapitre Vicky, Jim semblait savoir d’où venait sa fatigue. Elle ne venait ni des tyrans, ni de Daryll – mais bien de son fils, Ian. Le gamin avait quitté le nid et si Jim était au courant c’est parce que Vicky avait cherché sa progéniture chez lui. Les raisons de ce départ était une relation entre Tobby Cooper et Vicky… QUOI ?

-Tobby et Vicky ?, dis-je choqué de n’avoir pas été mis au courant. Vicky ne m’a rien dit… Je ne savais pas qu’elle sortait avec mon poulain… Je savais qu’ils avaient flirté à mon mariage mais ça date. Waw… Vicky casée ? J’ai du mal à y croire. Qu’est-ce qu’il lui prend ?

Ian Hunter aussi, on dirait bien.

-Il s’est réfugié où ? Chez Daryll ? Moi, je parie là-dessus. J’ai toujours pensé que c’était Daryll le père du gamin, dis-je avec un petit sourire en coin. En tout cas, il n’est pas chez moi et il sera venu, je l’aurais renvoyé chez sa mère par la poste.

Ceci étant dit, j’avais encore une sujet à aborder avec Jim.

-Au fait, parlant d’enfants turbulents… Ta fille m’a encore fait un coup dans le dos. Sniper aussi d’ailleurs…, dis-je en faisant la moue.

Je voyais bien à la tête de Daniele qu’il était un peu déçu de me voir accorder à Victor ce qu’il cherchait à obtenir en faisant chier son monde. Une place de parking avec son nom dessus. Pour mon ami, ce devait être un aveu de faiblesse… Pour moi… La fin justifiait les moyens. Si une simple place de parking pouvait régler un problème plus grand, je ne voyais pas pourquoi je me compliquerais la vie.

Pour Daniele, une place, c’était le saint Graal. Et je voyais bien ce qu’il voulait dire par là. Se parquer à Los Angeles n’était pas toujours un jeu d’enfant. J’en faisais l’expérience chaque fois que je me rendais dans l’Eastside.

-Ta place sera toujours plus près de l’entrée que celle de Victor, je te rassure tout de suite.

Tout cela éviterait à Grant de faire des dégâts. Car je l’en savais capable, il m’avait déjà montré qu’il pouvait aller bien plus loin que ça.

Daniele le traita de petit vandale et j’eus un sourire en coin.

-Tant que ce n’est qu’un vandale…

Moi, je savais ce qu’il allait devenir et Daniele voulait savoir à quoi je pensais. Lui misait sur son avenir en tant que serial killer et était d’accord avec le fait qu’il valait mieux l’avoir dans notre camp qu’ailleurs.

-Tu penses que c’est une terreur maintenant ? Alors attend qu’il ait atteint l’âge adulte. Selon moi, il sera bien plus terrible qu’un serial killer. Surtout si son tuteur arrive à faire en sorte que son comportement soit plus nuancé. Il pourrait alors devenir un dangereux manipulateur.

Un politicien ? Peut-être, mais j’en doutais. Grant était extrêmement intelligent. Il pouvait aller loin.

Les chapitres Frances et Grant classé temporairement, jusqu’à ce que je règle ces problèmes, la conversation se détendit un peu et nous nous inquiétâmes de Victoria qui semblait exténuée. Moi, je savais très bien pourquoi. Mais Daniele, lui, ignorait tout. Je pris une gorgée de whisky en souriant, ravi d’avoir encore des coups d’avance sur mon meilleur ami.

-Ton poulain ne t’a donc rien dit ? Je ne sais pas si c’est du sérieux. On ne sait jamais avec Vicky. Surtout que Ian fait pression pour casser cette relation naissante.

Pour ce qui est de savoir ce qui prenait à Vicky, je haussai les épaules.

-La solitude finit par peser, j’imagine.

Moi-même, j’avais été extrêmement content de voir Maritza réapparaître dans ma vie. La solitude donne l’illusion d’être intouchable… Mais elle a cet effet pervers de vous rappeler qu’en continuant comme ça, vous alliez mourir seul.

Et Daniele de ressortir la vieille rengaine sur les origines de Ian Hunter. Il parait sur Daryll et moi, je ne savais même pas si ça pouvait être moi ou pas.

-je ne sais pas où il est. Mais tu devrais demander à Victoria. Si elle n’a pas encore ameuté tout L.A., c’est qu’elle sait où est son fils.

Et en parlant d’enfants turbulents… Daniele n’en avait pas fini avec les problèmes, apparemment. Mais j’ouvris de grands yeux quand il pointa ma fille du doigt. Et Sniper aussi. Ma première surprise passée, je me mis à réfléchir. Livia avait parlé d’un voyage en Afrique, le continent qu’elle voulait absolument visiter, avec Howard Stone… Le tout pour des bonnes œuvres.

Je fis la moue.

-Laisse-moi deviner… ça ne concerne pas seulement Olivia et Sniper… Howard Stone est dans le coup. Encore.

La valeur d’une place de parking était inestimable et j’imaginais que c’était pour ça que Victor Hunter se foutait sur celle des autres. Mais j’étais tout de même rassuré que Jim me place toujours au plus près de l’entrée ! Si ça n’avait pas été le cas, j’aurais fait un scandale.

-L’inverse m’aurait choqué, amico mio, dis-je avec un petit sourire en coin.

Entre Frances, Grant et Victor, je trouvais que Jim s’entourait d’une bien drôle de façon. En ce qui concerne le gamin – Grant, pour préciser – ce n’était qu’un vandale et Jim espérait bien qu’il ne reste que ça. Moui – j’en doutais. Il a quoi ? 10 ans ? Sûr qu’il ne va pas rester qu’un vandale. A vrai dire, je le voyais totalement suivre les traces de ses ancêtres. Pour Jim, il sera encore plus terrible qu’un serial killer.

-Un dangereux manipulateur ? Un homme d’affaire, par exemple ?, dis-je avec un petit sourire. J’espère qu’il ne nous fera pas concurrence. Je le vois mal faire de la politique. Il ne sait pas se faire aimer. Mais je reste sur l’idée qu’il ne vaudra pas mieux que son père.

Moui – là-dessus, Jim et moi n’avions sans doute pas le même avis.

Des problèmes de BSC nous en étions arrivé aux problèmes de Vicky. Son fils avait quitté la maison car Vicky s’était – visiblement – mise en couple avec mon poulain, Tobby Cooper. Je tombais des nues. Jim n’avait, cela dit, aucune idée de si cette relation était sérieux.

-Non, Tobby ne m’a rien dit mais je n’ai fait que le croiser dernièrement, dis-je pensif. Mais c’est vrai que je vois bien le petit démon blond essayer de les faire rompre. Vicky choisira toujours son fils quoi qu’il arrive… Bien que, jusqu’ici, elle semble tenir.

Ce n’est pas étonnant alors qu’elle laissait son frère lui voler sa place de parking – elle choisissait ses combats, la pauvre Vicky. Entre Ian et Victor, elle était mal barrée.

Pour Jim, il pensait bien que la solitude étant en cause par rapport à la nouvelle situation de Victoria.

-Moui, peut-être, dis-je en faisant la moue. La crise de la quarantaine, peut-être…

Pour moi, Ian devait sûrement se trouver chez Daryll. Jim l’ignorait mais était certain que Vicky savait où le petit était.

-Oui, il y aurait des hélicoptère dans toute la ville si jamais elle ne savait pas où le gamin se trouve, dis-je en ricanant.

Vicky surprotégeait son fils – ce n’était pas un scoop. Elle avait toujours fait tout ses caprices et, maintenant, il se comportait comme une petit diva.

Parlant d’enfants, j’avais parlé de celui de Jim ainsi que de Sniper. Deux grands enfants particulièrement agaçant par moment. Ils m’avaient encore fait un coup dans le dos et Jim semblait comprendre que Stone était sûrement dans le coup.

-Oui ! Le petit merdeux, confirmais-je. Il prépare un album hommage à Lola qu’il finance lui-même et qui n’est édité par aucune maison de disques. Il a rassemblé plusieurs artistes pour jouer dessus dont ta fille et Sniper qui, bien entendu, se sont garder de m’en parler avant d’accepter la proposition de Stone. Ils me tapent sur les nerfs…

Ils me tapaient vraiment sur les nerfs.

-Je leur ai dit de se débrouiller seul si jamais un problème financier ou autre arrive au cours du projet. Ils n’ont pas eu besoin de moi pour l’accepter. Ils n’auront pas besoin de moi pour les problème, dis-je sérieusement.

Daniele sembla satisfait de savoir qu’il allait toujours être plus près de la porte que Victor Hunter. Décidément, leurs tracas étaient bien triviaux. Contenter tout le monde n’était pas toujours simple, mais je me targuais d’être capable d’y arriver. Cela dit, mes employés de chez BSC étaient souvent bien plus capricieux que mes Los Diablos.

Grant était lui aussi un problème… Tout du moins pour Daniele, mais il comprenait que je veuille le garder près de moi. Je souris moi aussi quand il insinua que le petit pourrait devenir un redoutable homme d’affaire. Avant de revenir sur ses réflexion en disant qu’en grandissant, Grant ne vaudrait probablement pas mieux que son père qui était désormais patron du Wild.

-Je pars du principe qu’il ne faut sous-estimer personne. Nous verrons bien ce que Grant nous réservera et qui de nous deux aura raison.

A ses interrogations sur Victoria, je lui donnai quelques raisons qui faisaient qu’elle n’était pas au mieux de sa forme pour le moment. Ian avait quitté la maison familiale, fâché par la relation toute neuve qu’entretenait sa mère avec le poulain de Daniele.

Il fut d’abord étonné, avant de dire qu’il voyait bien Ian faire pression sur le couple de sa mère.

-Nous verrons bien si elle tiendra. Parce que je sais que Ian peut avoir les gens à l’usure. Et sa mère tout particulièrement.

Je nous resservis du whisky à tous les deux, continuant tranquillement la conversation. Etait-ce la solitude ou, comme le disait Daniele, la crise de la quarantaine qui avait poussé Vicky dans les bras du chanteur de country ?

-Les voies des femmes sont impénétrables. Il ne faut pas leur demander de faire preuve de logique.

Pour moi, c’était un des plus gros défauts de la gent féminine. Elles basaient leurs décisions, leurs actions, sur une approche émotionnelle des choses, plutôt que d’analyser une situation avec sang-froid et calcul. Et ça avait souvent pour effet de m’énerver au plus haut point.

Bref, de toute façon Victoria savait certainement, à l’heure qu’il était, où se trouvait sa progéniture. Vu que L.A. n’était pas sens dessus dessous.

Daniele en vint, finalement, à, peut-être, ce qui l’énervait le plus : le fait que Sniper et Livia, qui étaient tous les deux sous sa responsabilités, s’étaient alliés avec Stone pour un album hommage à Lola.

Je fronçai les sourcils.

-Les imbéciles. Non seulement ils font plaisir à Stone, mais les critiques ne vont pas les rater ! Sniper, que je sache, ne connaissait pas Lola plus que cela… Quant à Livia, elle a carrément été qualifiée de rivale de Lola pendant leurs tournées en parallèle.

Je soupirai, désespéré par si peu d’esprit pratique…

-Ils vont être traités d’imposteurs, tu vas voir. On va dire qu’ils ont voulu juste se montrer sur un album où ils étaient totalement illégitimes.

Sniper, soit… Mais ma fille me décevait.

-Et les critiques auront raison.

Jim et moi avions chacun notre hypothèse sur ce qu’allait – un jour – devenir Grant. Mais seul l’avenir pourra réellement nous dire ce que deviendra le jeune Fleming. Pour moi, il était condamné à perpétué la tradition familiale mais Jim semblait lui donner un autre avenir.

-Nous verrons, oui, concluais-je.

Les enfants semblaient ne pas seulement être un problème de la tour BSC mais aussi celui de Victoria Hunter qui rencontrait des difficultés avec son bâtard. Le gamin ne tolérait pas la relation qu’entretenait Vicky avec Tobby Cooper et avait – de ce fait – quitter le nid sans doute pour faire pression sur sa mère. Un genre de « tu me choisis lui ou tu me choisis moi ». Les enfants sont parfois d’ignobles créatures.

-Moui, il peut. Je n’ai jamais vu Vicky ne pas céder à un de ses caprices. Elle est bien trop bonne poire et elle a l’habitude de faire tous ce que Ian désir. Pas étonnant que ce gamin est insupportable, dis-je pensif.

Je savais que Jim appréciait Ian mais ce n’était pas mon cas. Cela dit, Jim semble aimer les Hunter ennuyant vu qu’il avait aussi engagé Victor… Ou c’est leur blondeur – je ne sais pas…

Quant à savoir pourquoi Vicky avait décidé de se caser, Jim avait décréter que c’était un choix de femme et que nous ne pouvions – de ce fait – le comprendre.

-Tu es dur, amico mio, dis-je avec un petit sourire en coin.

Mais sa réflexion ne m’étonnait pas vraiment. C’était du Jim tout craché.

Seulement, tout ça était bien beau mais j’avais encore un sujet à aborder et pas des moindre : les bébés dans les dos de mes poulains. J’étais heureux de voir que Jim était de mon avis. Il mit en avant le fait que la légitimité de Livia et Sniper sur cet album risquait d’être mise en cause. Moui – assurément.

-J’en suis conscient, amico mio, dis-je en soupirant. Ils seraient passé par moi, j’aurais mis ce fait en avant. Sniper a expliqué l’avoir fait pour Stone mais aussi parce que l’album servira à financer des associations. Je n’ai pas encore eu le son de cloche de ta fille… Mais si les critiques les descendent, ils n’auront qu’à se débrouiller ! Et je te jure que si des journalistes malintentionné veulent les interviewer, je ne l’empêcherais pas. Qu’ils se retrouvent face à leur responsabilité. Ils savent que tout ce qui concerne Stone ne me plait pas mais j’ai l’impression qu’il le font exprès. Surtout qu’ici, il n’auront pas l’argument que ça va rapporter à BSC. Ils l’ont certainement fait parce que le petit merdeux les a amadoué.

J’étais assez content de voir que Jim était sur la même longueur d’onde que moi.

Les enfants… Entre Grant et Ian, nous étions servis… Pourtant, Dieu savait que contrairement à mon ami, j’appréciais beaucoup les enfants. J’avais maintenant J.R. à la maison, mais j’avais eu pas mal de contact avec Ian depuis sa naissance. Quant à Grant, j’espérais le dévié de la voie toute tracée que Daniele lui attribuait pour en faire quelque chose de mieux…

Pas quelqu’un de mieux, je ne croyais pas encore au miracle… Mais changer son destin.

Seul l’avenir nous dirait si je réussirais.

Quant à Ian, c’était plus le problème de Victoria que le nôtre… Mais j’avais tendance à comprendre bien plus Ian que l’amour de sa mère pour Tobby Cooper qui, à mes yeux, était quelqu’un de totalement insipide.

Qu’est-ce que j’aurais fait si, un jour, ma mère s’était amourachée de quelqu’un. Elle aurait peu… Mais elle ne l’avait jamais fait.

Heureusement.

Daniele était pratiquement certain, comme moi, que Ian ferait craquer Victoria. Parce que de toute façon, je trouvais ses sentiments tardifs totalement pathétiques.

Daniele me trouvait dur. Je répondis par un sourire.

Daniele, lui, avait toujours été trop tendre avec les femmes. Il suffisait de voir comme il laissait Samantha prendre n’importe quoi comme initiative. Jamais Maritza n’oserait faire pareil sans avoir mon aval.

Pour finir Daniele m’apprit que ma fille et Sniper étaient sur un projet avec Stone. Et ça me faisais grincer des dents. Parce qu’encore une fois, ça n’avait aucune logique que ces deux-là soient sur un album hommage à Peyton. Si je savais que ma fille respectait la carrière de la chanteuse, je n’étais même pas sûr que Sniper connaisse trois chansons de Lola.

Daniele leur avait, du coup, refusé toute aide et était bien d’accord avec moi concernant les critiques.

Je fis la moue.

-Tu as raison, Daniele… Il faut parfois les laisser ses rendre compte qu’ils se sont mis dans la merde jusqu’au cou tout seul.

Je soupirai.

-On ne peut pas toujours être derrière eux. En plus, si on les materne trop, ils vont multiplier les erreurs du genre.

Selon Daniele, Stone avait sûrement amadoué Livia et Sniper.

-Probablement… Il sait se faire laid pour obtenir ce qu’il veut.

Je croisai les jambes et souris à Daniele.

-J’espère que Howard et ses sentiments vont se ramasser…

A cela, je levai mon verre.