Un radar… C’était ce que j’étais supposé être, ce soir. J’étais désormais bien remis de mon accident de voiture la seule trace étant la petite cicatrice visible sur mon arcade qui finira par s’estomper avec le temps. Du reste, je n’avais plus mal au crâne ce qui était une bonne chose. Alors, j’avais décidé de continuer à remplir ma mission pour ce bon vieux Trevor.

Ma mission était de lui trouver des filles. Je lui en avais déjà envoyer quelques-unes les testant avant pour lui. Mais aucune d’entre elles ne lui avait convenu. Enfin… Pas pour le rôle féminin principal en tout cas. Pour son réseau sur le côté, par contre, ça allait. Hey ! Je ne suis que rabatteur, hein ! Ce qu’il fait après des filles, ce n’est pas mon problème…

Donc… Il lui fallait une fille. Blonde. Il voulait une blonde. Aucune des actrices connues ne semblait convenir à Trevor. Il les trouvait soit trop vieille, soit pas assez jolies. Bref, il était difficile… Du coup, j’avais décidé de me pointer au Rainbow pour essayer de lui trouver « sa perle ». Si je lui trouvais, j’avais le droit à un bonus… Et pas des moindre ! Celui d’avoir un rôle dans son foutu film. Ouais ! C’est comme ça que j’avais négocié les choses. De l’argent, j’en savais. Mais depuis mes quelques sorties dans L.A.People, je devais avouer que j’avais envie d’un peu de lumière. Trevor avait souligné que je n’étais pas acteur… J’avais réplique que Vicky ne l’était pas non plus mais qu’elle apparaissait quand même dans « Homerun ». Il avait répliqué que ce n’était pas la même chose… Je lui avais répliqué que c’était ça où il pouvait la trouver tout seul, sa perle rare. Il avait, donc, accepté.

Il fallait, donc, que je la trouve. Mes yeux étaient, donc, concentré sur les clients du Rainbow plutôt que sur la petite scène où se produisait un groupe d’inconnus. Je ne prêtais même pas vraiment attention à la musique. Je fixai les filles en fumant et dégustant mon whisky.

Jusqu’à-ce que je la trouve. Une blonde, jeune et bien roulée. Ouais… Trevor ne les voulais pas trop maigre non plus. Mais pas trop grosse ! Il était difficile, le Trevor. Bref, j’avais sans doute une bonne piste ici. Je me levai, donc, embarquant verre et cigarette pour aller m’asseoir face à la fille.

-Bonjour, Mademoiselle.

Elle était seule à première vue. Je plongeai mon regard dans le sien. Elle avait de grands yeux bleus claires. Si Trevor n’était pas satisfait avec ça, je ne savais pas ce qu’il lui fallait bien que je me doutais qu’il fallait que la fille sache acter… Mais ça, ce n’était pas à moi d’en juger. Moi, c’est l’emballage que je juge.

-Je suis Victor Hunter… Avocat et ami du réalisateur Trevor Price. Si je viens vous déranger c’est parce que Trevor cherche actuellement l’actrice principale de son prochain film et… Physiquement, vous êtes exactement ce qu’il cherche.

J’esquissai un petit sourire en coin.

-Est-ce qu’une carrière au cinéma vous a déjà intéressé… Mademoiselle… Quel est votre nom ?

Deux heures de retard !

Zeke avait plus de deux heures de retard et je commençais sérieusement à le massacrer en pensées. Il m’entendrait, s’il finissait par se pointer le bout du nez ! Je regardais autour de moi de temps en temps pour voir si, à tout hasard, il ne serait pas déjà dans la place, entrain de discuter avec une connaissance.

Sur la scène les Deep Morons chantaient leurs compositions. Le nom de leur groupe traduisait bien leur talent, selon moi ! Le chanteur ne trouvait pas son ton ! Il chantait trop haut ou trop bas ce qui faisait sonner encore plus faux la mélodie écorchée par les mauvaises notes du guitaristes et du claviériste. Moi qui ne suis qu’une amatrice de musique de salon, j’arrivais à me rendre compte de tout ce qui n’allait pas chez les Deep Morons. Leur look faisait autant pitié que tout le reste, s’il fallait continuer la liste de leur défauts.

Je buvais ma bière en continuant de les entendre martyriser ce qu’ils appelaient de la musique tout en balayant la salle du regard, toujours à la recherche désespérée de Zeke.

- Manquait plus que ça !

Un goéland venait de se poser à ma table, un verre de whisky en main et un air de m’as-tu vu un peu trop fièrement exposé. Il me donnait plutôt envie de lui tourner le dos mais si je faisais ça, je perdais mon visuel avec la porte d’entrée du Rainbow

J’eu droit au speech de présentation. J’en avais entendu du baratin quand je me prostituais mais là, le Victor Hunter, avocat et ami de je ne sais plus qui réalisateur, il faisait fort ! Pourquoi est-ce que tous les hommes avaient autant besoin de se monter un beau grand scénario pour recruter un coup d’un soir dans un bar ? Les choses seraient tellement plus simples et rapides s’ils demandaient direct si d’aller faire un tour sur la banquette arrière nous branchait. Ils avaient une chance sur deux de se faire gifler mais au moins, la réponse serait sans équivoque et ils ne perdraient pas autant de temps et de salive.

Son histoire sentait l’arnaque à plein nez ! Pourquoi est-ce qu’un avocat et ami d’un réalisateur viendrait pêcher une nobody dans un bar pour le rôle-titre d’un film ? Est-ce que j’avais la tête d’une actrice ? Probablement une actrice porno, voilà où devait être l’arnaque ! Le film devait être un porno et le type tentait de se payer une audition vite fait bien fait dans les toilettes du Rainbow

- Je ne me prostitue plus, alors… C’est pas la peine de me monter un beau grand bateau qui va prendre l’eau. Quant à mon nom…

S’il était ami d’un réalisateur, il connaissait peut-être ma sœur puisque Bailey est malheureusement marié à un acteur d’une autre génération. Je l’entendais déjà faire le lien et, putain que ça me faisait l’effet d’ongles sur une ardoise !

- Riley Sullivan. Tu peux me payer un whisky si tu veux continuer de bavarder.

Quel accueil ! « Manquait plus que ça ! ». Peut-être que la fille s’attendait à être draguée et qu’elle n’en avait aucune envie. Si c’était le cas, elle aurait pu faire autre chose que de se pointer seule à un bar avec son joli cul et ses beaux cheveux blonds. Parce que c’était un bon moyen pour attirer n’importe quel mâle à sa table, hein !

Mais bon ! Je ne venais pas vers elle pour la draguer. Enfin… Pas totalement. Trevor voulait son actrice et la fille remplissait les critères physiques alors j’étais avant tout là pour l’envoyer vers Trevor. Je prendrais un bonus si j’en ai l’occasion. Du reste, elle s’arrangera avec Trevor. Bien que je savais que, pour le rôle, la fille devra pouvoir se mettre à poil devant la caméra. Pas que c’était un porno, hein ! Ce n’en était pas un. Mais ça n’empêchait pas d’avoir des scènes un peu osées même dans un film d’un autre genre.

Bon, je m’égare… Je me présentai, donc, avant de me lancer directement dans le vif du sujet. Sur la tête de la fille, je pouvais voir sa méfiance. Comme si elle ne croyait pas un traitre mot de ce que j’étais en train de dire. Et, pour cause, elle ne me croyait pas. Elle pensait que je me fichais d’elle après avoir ajouté ne plus être prostituée. Donc… Elle avait été prostituée. C’est bien ! C’est même très bien ! Elle avait, donc, de l’expérience pour le film !

Elle se présenta ensuite. Riley Sullivan. Irlandaise ? Possible. Même si elle n’en avait pas l’accent alors ça doit juste être des origines. Elle n’avait pas non plus l’accent typique de L.A..

Et la fille ne perdait pas le nord. Elle voulait que je lui paye un whisky pour que je puisse continuer à parler. Si je devais la payer en whisky chaque fois que je dépassais le temps de parole, elle allait finir en coma éthylique. J’esquissai un petit sourire en coin.

-T’es dure en affaire.

Elle me tutoyait. Je faisais de même. Je fis signe à la serveuse.

-Jenny… Un whisky pour Mademoiselle Sullivan, s’il te plait. Met ça sur ma note.

Elle souris.

-Ok, Vic.

Elle s'en alla et je reposai, donc, mon regard sur Riley. Elle ne semblait pas être d’une excellent humeur, la Riley.

-Ma proposition n’est pas une blague. Et tu ne devras rien rendre en nature.

Personne n’allait l’obliger à rien. Ça c’est certain. Je savais que Trevor n’est pas comme d’autres pour qui j’avais donné mes service de rabatteur. Si les filles refusaient, il n’avait jamais les couilles d’insister. Comme si sa morale prenait le dessus sur ses ambitions…

-Le film est une assez grosse production. Trevor a du budget. Ça sera le genre de film à passer au cinéma qui, si tu réussis le casting, t’ouvrira peut-être les portes d’une carrière d’actrice. Ce qui est bien mieux payé que prostituée.  

Le whisky de Riley arriva et pendant que Jenny le déposa, je bus une gorgée du bien. Une fois la serveuse partie, j’esquissai un sourire.

-Trevor a déjà lancé pas mal de grandes actrices. Il a lancé Jessica Hill il y a des années. J’imagine que tu connais ? Tu auras peut-être la même chance. Moi, je suis simplement là pour vérifier les critères physiques. Tu les remplis. Trevor n’a pas trouvé son bonheur dans les actrices déjà confirmée alors il est obligé de chercher ailleurs. Voilà la preuve.

Je sortis de ma poche un bout de magazine que j’avais découpé et où se trouvait l’appel à casting. Je le fis glissé jusqu’à Riley.

-Tu vois ? Blonde. Yeux bleus… Moins d’1m65. Tu remplis les critères. Ça ne t’intéresse toujours pas ? Si ça ne t’intéresse pas, j’irais voir ailleurs. Des blondes qui veulent l’opportunité de leur vie, je suis sûr que j’en trouverais d’autres à Los Angeles. Même si je crois que, toi, tu es celle que Trevor voudrait. Un regard pareil, on en trouve pas partout.

Il n’y avait vraiment pas moyen de relaxer tranquillement dans un bar san être importunée par un mâle en quête de pouvoir pour assoir sa suprématie masculine toxique. Ils étaient tous les mêmes en fait, passé un certain âge. Hank North devait en être le chef de bande, vu son âge plus qu’avancé. Ce Victor était un bon disciple, ça ‘entendait rien qu’à la façon qu’il avait eue pour m’aborder : ‘’Je suis Victor Hunter, avocat et ami d’un réalisateur’’.

Bref, ce Victor Hunter m’ennuyait déjà alors je lui remis les pendules à l’heure en lui disant que s’il cherchait un coup d’un soir vite fait bien fait, il pouvait aller voir ailleurs, je ne me prostituais plus. Comme tout se savait très vite dans cette ville de merde, je préférais allumer moi-même les lumières plutôt que de laisser planer un doute. Ainsi, tout le monde gagnait un temps précieux.

Zeke ne semblait pas prêt de se pointer le bout du nez alors aussi bien entretenir ce semblant de divertissement, surtout qu’il acceptait de me payer un verre pour avoir le plaisir de continuer cette conversation qui n’ira nulle part.

- Mouais, c’est ça ! Un réalisateur sérieux envoie des avocats fouiller les p’tits bars de la ville pour recruter des filles. Tu trouve vraiment que ta proposition, vendue comme tu le fais, ne laisse pas sous-entendre que devrai forcément coucher ?

Ça me semblait être une évidence comme son nez au milieu de son visage ! C’était aussi évident qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine ! Aussi flagrant que si c’était inscrit sur un tableau de néons multicolores ! Ce n’est pas encore assez précis ? Je pourrais en sortir pendant des heures des métaphores pour dire à quel point la proposition de l’avocat sonnait proxénétisme de luxe !

Mon whisky arriva mais, plutôt que d’en boire une gorgée, je fis tourner le verre entre mes mains tout en regardant l’homme continuer de me parler de son ami le réalisateur et de son film à gris budget. C’était peut-être vrai mais après tout ce dont j’étais passée au travers, la méfiance était devenue mon second prénom.

- Je connais Jessica Hill m ais rien ne me prouve que ce que tu dis est vrai. Tu es entré dans la place, tu m’as vu et tu as deviné qu’en un regard que j’avais le physique de l’emploi, parce qu’on parle vraiment de physique. Tu ne m’avais même pas parlé encore que tu pensais que je ferais l’affaire. Alors ? Si ce n’est pas une histoire de cul, c’est une histoire de quoi ?

Mais Victor, loin d’avoir dit son dernier mot, fouilla dans sa poche, celle de son pantalon hein et pas ailleurs, et sortit une découpure de journal sur laquelle l’offre de casting se trouvait. Je m’y attardais alors qu’il continuais de m’expliquer que je remplissais les critères recherchés et que si cela ne m’intéressais pas, il irait tout simplement voire ailleurs.

Là, je commençais à douter.

S’il disait vrai ?

S’il disait vrai et que je refusais de lui accorder de l’attention, je ratais ma chance de faire le plus gros doigt d’honneur possible à mon enfoiré de beau-frère et de lui prouver que je ne valais pas moins que lui.

- Bon, ok ! Disons que tout ce que tu me dis est vrai, pourquoi Trevor ne va pas à la pêche lui-même ? Si tu fais son travail à sa place, tu as quoi comme arrangement ? Tu ne fais certainement pas ça gratuitement.

Je pensais encore que c’était un moyen pour l’un ou pour l’autre, si ce n’était pas les deux, de se taper des filles naïves assoiffées d’ambition. J’étais peut-être naïve mais on ne pouvait quand même pas dire que jusqu’à présent, je m’étais étouffé dans mon ambition !

L’ex-prostituée était méfiante. Elle semblait pensé que j’étais simplement là pour l’attirer quelque part et tirer mon coup. Ok… Je ne dis pas que ce n’était pas dans mes intentions mais c’était loin d’être ma mission première. Je devais, avant toute chose, trouver son actrice à Trevor. Le sexe, c’était du bonus mais je doutais que la blond y soit disposée.

J’avais certifié qu’elle ne devrait rien en nature mais elle restait sceptique. Elle était certaine qu’elle devra coucher alors que, sincèrement, elle n’en était en rien obligé. Enfin, si ! Dans le film ! Mais c’était totalement différent qu’en vrai, il faut être honnête. J’esquissai un petit sourire.

-Tu as du caractère. Mais, pourtant, ce que je dis est bel et bien sérieux et je ne cherche pas de prostituées, ni d’escort-girl… Juste une actrice. Si j’avais voulu autre chose, je ne serais pas venu au Rainbow mais dans des endroits un peu moins côté.

Ok… J’avais face à moi une blondasse dure en affaire. Je me devais, donc, de la convaincre mais si mon petit manège était vain, je n’allais pas forcément pousser plus loin. Des blondasse, il y en avait d’autres à Los Angeles, après tout. Toutefois, je fis quand même mon petit plaidoyer parlant de Trevor et d’autres actrices dont il avait lancé la carrière comme Jessica Hill qui, grâce à Trevor, avait maintenant le budget pour s’acheter des voitures et des portails hors de prix.

Malgré tout Riley restait sceptique.

-Ce n’est pas une histoire de cul. L’image est très importante dans le cinéma, au cas où tu ne le saurais pas. Trevor a une idée bien précise de la fille qu’il veut pour son histoire. Moi, je dois juste trouver une fille qui correspond à un physique défini. Après il y a un casting. C’est là que le reste sera jugé. C’est là que tu devras montrer que tu es capable d’être la prochaine Jessica Hill.

Et pour lui prouver que je ne la menais pas en bateau, je sortis l’offre de casting de ma poche. Elle pouvait voir que c’était bien d’un film de Trevor et que l’offre était authentique. En gros, que je n’étais pas ici pour la prendre à l’arrière du Rainbow. Bien que l’idée était tentante. Hey ! Elle a un beau cul ! J’y peux rien, moi.

Et je fus assez satisfait de la voir, enfin, hésiter ! Il était temps !

Sa méfiance s’effrita. Elle considéra le fait que je pouvais dire la vérité. Et, pour cause, c’était la vérité. Mais elle se demandait bien pourquoi Trevor ne cherchait pas lui-même. Bref, elle ne perdait pas le nord la petite Sullivan.

-Dans le business, rien n’est gratuit, c’est vrai.

Je bus une gorgée de whisky.

-Trevor n’est pas du genre à bouger son cul pour passer son temps dans les bar et trouver ce qu’il lui convient. Les réalisateurs comme lui aime envoyer des gens faire le boulot à leur place. Tout simplement. Quant à moi, j’ai bel et bien un arrangement. Un rôle dans son film contre la perle rare. Tu es peut-être cette perle rare. Si tu ne tente pas ta chance, tu ne le sauras jamais.

C’était un fait. Je plongeai alors mon regard dans le sien.

-Bien sûr, être acteur, ça demande de pouvoir donner de sa personne… Et, vu ta méfiance, je préfère te prévenir tout de suite : il y a des scène de sexe dans le film. Ce n’est pas un porno, qu’on soit bien clair. C’est plus un film qui mélange drame et action. Alors j’espère que tu n’as rien contre le fait d’être nue devant la caméra. Je dis ça parce que tu m’a l’air du genre un peu…

Je fis la moue cherchant mes mots… C’est quoi le mot poli pour « frigide » ?

-Disons dégoutée par la chose… A savoir que ce genre de scène n’a rien à voir avec le fait de réellement coucher en vrai, hein. Ça reste du cinéma. Mais voilà… Avant de t’envoyer à Trevor, je préfère te le dire avant pour ne pas que tu refuses à la dernière minute pour ce genre de détails.

Ouais… Parce que si elle refusait ça, je n’allais pas perdre mon temps.

J’avais bien du mal à comprendre pourquoi un réalisateur supposément sérieux, enverrait un avocat arpenter les bars à la recherche d’une fille pour tenir un rôle dans l’un de ses films. N’y avait-il pas assez de petites starlettes prêtes à tout pour obtenir le rôle de leur vie ? Pourquoi venir à la pêche aux moules dans un bar et y envoyer un avocat !? Pas le directeur de casting, pas le maquilleur ou le costumier et pas même un caméraman.

Un foutue avocat !

Depuis le procès de Ward, je les avais profond les avocats !

Je lui laissais une petite chance de m’accrocher à condition de me payer un verre, ce qu’il fit sans discuter. Il y avait de l’espoir, peut-être qu’il ne m’enquiquinerait pas trop longtemps ou alors, l’alcool rendrait tolérable sa présence.

Je lui fit remarquer que la démarche était louche, assez pour que ça m’allume une petite lumière rouge dans la tête. J’vais déjà été embarquée dans le giron infernal de la prostitution, j’avais vu neiger, moi Monsieur ! Bon pas réellement, c’était une façon de dire qu’on m’en avait fait miroiter de belles histoires pour m’embobiner.

Et la référence à Jessica Hill n’était pas, selon moi, un argument convaincant.

Ce ne fut que lorsqu’il sortie de sa poche une annonce de casting validant les informations qu’il me baratinait depuis le début de notre conversation que j’acceptais de lui donner plus de mon attention et de crédibilité.

S’il disait vrai…

Pourquoi alors Trevor ne venait pas lui-même chercher la perle rare plutôt que de confier cette tâche à un simple avocat. Si le réalisateur ne trouvait pas la fille de ses rêves dans le bottins des artistes, pourquoi Hunter y parviendrait en écumant les bars ? Il y avait cette petite zone grise qui ne me permettait pas d’éteindre la lumière rouge qui clignotait toujours quelque part dans ma tête. Qui avait-il à gagner pour l’avocat ?

- Ah ouais ? J’croyais que ça payait bien d’être avocat, pas b’soin de vouloir devenir un acteur pour arrondir les fins de mois.

D’un trait, je vidais mon verre pendant que Victor m’expliquait que pour être actrice, je devais donner de ma personne, qu’il y aurait des scènes de sexes à tourner en plus de m’en dire un peu plus sur le genre de film que son ami réalisateur voulait tourner.

- Ok et les scènes de sexes, elles sont avec toi ? C’est pour ça que tu le veux, le rôle ?

Ça ne me surprendrait même pas ! Si ça trouvait, c’était le seul moyen qu’il avait de se taper une femme et encore ! Parce que ce serait de l’acting, il ne me sauterait même pas pour de vrai. Ça me fis sourire malicieusement tout en faisant signe à la serveuse qu’il était temps de remplir mon verre. Cette conversation devenait intéressante, je n’allais pas la poursuivre la gorge sèche !

- Je ne suis pas dégoûtée par le sexe, je suis révulsée à l’idée de coucher avec toi ! T’as quel âge ? à première vue, je dirais que tu pourrais être mon père c’est un peu… disons que ça aide pas à se mettre dans l’ambiance.

Mon nouveau verre servit, je jetai encore un œil en direction de la porte. Décidément, Zeke n’était pas pressé de me retrouver ! Il m’avait bien dit de le rejoindre au Rainbow, je ne m’étais pas trompée ! Est-ce que je m’étais trompée ?

- Ouais, ok je veux bien les connaitre les détails et ok oi je veux rencontrer ton copain là, Trevor ! Il y a qui d’autre comme acteur ? Il y a déjà des rôles de distribués ? Je ne vais pas me foutre à poils devant les caméras pour de bouchées de pains et puis j’ai le droit d’exiger que mon petit ami assiste au tournage ?

Je ne me prostituais plus, j’ai dit ! Savoir que Zeke serait là me rassurerait, du moins, je le pensais !

Bon ! Il semblerait que de voir l’offre de casting avait fait baisser la méfiance de Miss Ex-prostituée. C’était déjà ça ! Bien que si elle avait persisté, il était claire que j’aurais été voir ailleurs, hein ! Je ne suis pas désespéré à ce point. Des blondasse, je pouvais en trouver d’autres. Le but était de trouver la bonne avant Trevor. Parce que si je ne lui rapportais pas la perle rare, il n’aura rien à me donner en échange. D’où ma volonté de quand même essayer de convaincre Cul-bien-roulé.

J’expliquai que, effectivement, Trevor n’aimait pas bouger son cul et que, donc, j’avais été mandaté pour ça. Pas que pour ça, hein mais le fait était que Riley, je la voulais pour le rôle. J’ajoutai que je serais payé en obtenant un rôle dans le film ce qui me valu un jugement de la part de l’ancienne squatteuse de caniveau.

-Être avocat, ça paye vachement bien, même ! Mais ce n’est pas tant pour l’argent que j’ai envie de ce rôle mais pour m’amuser et diversifier mes activités.

Je suis un Hunter… J’ai certainement l’acting dans le sang, après tout. Donc, à mon avis, Trevor ne perdait rien à me donner un rôle.

Mais bon, comme la fille avait l’air frigide (ce qui était un comble pour une ex-travailleuse du sexe), je l’avais mise en garde sur les scènes de sexe. Elle demanda alors si les scènes de sexe étaient avec moi et que c’était pour ça que je voulais le rôle. Je levai un sourcil.

-Je ne sais pas quel rôle me réserve Trevor. Je ne sais pas si j’ai la moindre scène de sexe. Et, non, je n’ai pas demandé de rôle pour ça. Je n’ai pas besoin d’avoir un rôle dans un film pour coucher…

Surtout avec une fille qui, plus la conversation avançait, plus j’avais envie d’écraser avec mon petit doigt. Elle se prenait pour qui, Miss Ex-pute ? Pour Miss Univers ? Elle était bien foutue, hein, je dis pas mais j’ai déjà vu mieux, hein !

Elle déclara ne pas être dégoutée par le sexe mais par l’idée de coucher avec moi. Elle me trouvait vieux… Elle se fiche de moi, là ?! J’ai même pas 30 ans ! Une chose est certaine, cette petite salope sait se faire détester.

Garde ton calme, Vic ! Tu peux le faire ! Même si tu en as déjà frappé pour moins que ça…

Elle dit quoi Vicky ? Ah oui… Compter à rebours… Mouais…

Je pris alors un air choqué tentant de prendre la fille à contre-pied.

-Ton père ? Oh ! Désolé… Je ne savais pas que tu avais 11 ans… Maintenant que je sais ça, je devrais peut-être aller voir ailleurs si je ne trouve pas quelqu’un de majeur. Parce que si tu ne l’es pas, Trevor ne pourra pas t’engager…

Je la fixai à nouveau droit dans les yeux.

-J’ai 29 ans et, sincèrement, l’idée de coucher avec toi ne m’intéresse pas plus que ça non plus alors tu n’as rien n’à craindre, hein.

Ça ne m’intéressait plus, en tout cas… Qui voudrait coucher avec une fille, certes bien foutue, mais qui est une connasse de première ?

Mais elle finit par accepter les détails et voulait bien rencontrer Trevor. Mouais… J’espérais qu’elle allait lui parler autrement sinon, pas de doute qu’elle n’obtiendra pas le rôle, beau cul ou pas. Elle me questionna alors sur les acteurs et avançait déjà ses exigences. Une pute avec des exigences ? Putain, sa montée de classe sociale lui était monté à la tête ou quoi ?

-Les autres rôles ne sont pas encore distribué. Trevor cherche l’acteur principal… Il a plusieurs noms… Robin North… C’est l’un des noms…

Mais je savais que Robin avait dit vouloir se concentrer sur sa sitcom… Quant à moi, je devais encore bouger mon cul pour aller convaincre Hank North…Mais comme Ian habitait chez lui, je crois simplement que j’allais l’inviter boire un verre pour essayer de le convaincre. Pas sûr que j’y arrive, cela dit… Au pire, Trevor trouvera. Moi je suis un radar à fille, hein, pas à autre chose !

-Il y aura aussi un autre rôle féminin mais un plus petit… Jessica Hill est en lice pour ce rôle.

Bref, je n’avais pas encore le casting final… Hormis nous deux si les astres s’alignaient.

Quant aux exigences de Miss Pute, j’haussai des épaules.

-Tu seras bien payée. C’est un film à gros budget. Sans doute que si ça fonctionne tu pourras te trouver un agent après cette première expérience. En attendant, je peux défendre tes intérêts auprès de Trevor, gratuitement, pour ce premier tournage.

Quant à son petit ami… Oui, parce que Miss Mal-baisée avait un petit ami… C’était une autre histoire.

-Pour ton petit ami, il faudra demander à Trevor. Mais comme je le dis, je pourrais défendre tes intérêts et lui demander que ton petit ami assiste au tournage. Pourquoi, tu as peur de te faire violer à tous les coins de rues ou quoi ?

C’est l’impression qu’elle donnait, hein !

-N’oublie pas que tu ne seras pas la seule femme sur le tournage, hein… Il y en aura un tas d’autre rien que dans le personnel. Tu ne seras pas un bout de viande que tout le monde voudra se faire, hein ! C’est un job d’actrice que je te propose pas celui de prostituée…

Est-ce que je pensais que le monde d’Hollywood était dépourvu du moindre danger pour la gente féminine ? Non… Je suis rabatteur pour quelques réalisateurs, il faut pas l’oublier… Puis, je connais parfaitement toutes les dérives de la jet-set. Mais Riley Sullivan, sur le tournage du prochaine film, ne risquait rien.

-Alors ? Rassurée ?

Quand Victor glissa sur la table l’offre de casting, je dû me rendre à l’évidence que ce qu’il me disait n’était pas que du faux. Je continuais de trouver ça louche qu’on envoie un ami avocat repérer des filles dans les bars mais il semblerait qu’il y avait une espèce d’entente entre les deux hommes. I Hunter trouvait la perle rare pour le film, Trevor le réalisateur lui offrirait un rôle dans le film. Ça me fis sourciller qu’un avocat puisse avoir envie de jouer les stars de cinéma. Je me faisais la fausse idée qu’ils étaient enterrés par le boulot et assez payer pour en avoir suffisamment mais il semblerait que Victor avait des idées de grandeurs.

Grand bien lui fasse !

- J’étais juste curieuse, faux pas te vexer. Si tu as le temps et le luxe de passer devant la caméra, pourquoi pas ? Ce n’est pas moi qui va te dire quoi faire de ta vie, hein !

L’offre était alléchante et honnêtement, je m’en foutais un peu que je doive me foutre à poils ou que j’acte des scènes de cul ! Je ne calculais plus le nombre de fois où j’avais dû faire semblant alors ça ne me posais aucun problème ! Ce qui me gênais, c’était de devoir en faire une avec un homme âgé. Victor me semblait l’être mais il me corrigea en se moquant un peu de moi.

- Ok, du calme, mec ! Ça doit être tes pattes d’oie au coin des yeux qui m’ont induite en erreur sur ton âge. Tu parait plus vieux que ton âge, ce n’est pas un défaut hein ! Et je suis majeur.

Donc, pas la peine d’aller chercher une autre fille ailleurs.

Je fus surprise de l’entendre me dire qu’il avait vingt-neuf ans. Je lui donnais beaucoup plus que ça, probablement parce que les mecs de son genre, qui se donnent l’air de tout savoir sur tout, d’être mieux que tout le monde et d’être haut-dessus de tous sont toujours de vieux croutons. Lui, il devait en être un dans l’âme !

Je ne pouvais pas nier être curieuse et je voulais en savoir plus sur l’offre. Est-ce qu’il y avait des acteurs déjà sur le coup, par exemple ? Combien ça payait ? Est-ce que Zeke pourra venir sur le plateau avec moi ?

- Robin Norrth…  Tant que c’est pas le vieux North. Lui, je sais pas le sentir, même pas en peinture ! Mais Robin, c’est cool. Il a l’air cool.

Si je devais me retrouver sur le même plateau qu’Hank, il en ferait une maladie… À bien y penser, je voudrais bien que ce soit le cas, finalement ! Je ferais tout pour le faire passer pour ce qu’il est vraiment ! Bailey verrait à quel point son mari n’est qu’un gros con misogyne, en fait et ça serait bien fait pour lui !

- J’aurais un plus gros rôle de Jessica Hill ?  

J’en eu de grands yeux quand Victor parla du rôle que Jessica aurait. Je n’étais personne et, si le fameux Trevor me jugeait être sa perle rare, je serais plus importante qu’une starlette bien établie. De quoi donner le vertige !

- Tu défendrais mes intérêts, pour vrai ? Ça serait cool parce que je ne connais vraiment rien là-dedans. Je ne sais pas tout ce qu’il faut savoir, tout ce dont je dois penser.  Tout ce dont je peux avoir droit.

Est-ce que je devrais me faire représenter par un manager aussi ?

Je devais me calmer et commencer par décrocher le rôle avant de me faire des idées de hautes voltiges !

- Bah ça n’a rien à voir que je sois la seule femme ou qu’il n’y ait que des femmes, même. J’aimerais ça qu’il soit là juste pour me soutenir et peut-être qu’il aimerait voir comment ça se passe. Peut-être même qu’on lui trouverait un truc à faire, un petit rôle, je sais pas… Je dis ça comme ça. Mais bon, je ne peux rien imposer.

Quant à savoir si j’étais rassurée…

- Ouep ! On va le voir quand, Trevor ? Tout de suite ?  

Tant pis pour Zeke hein ! Il n’avait qu’à pas être en retard !

Heureusement que Miss ex-Pute ne voulait pas me donner de conseil concernant ma carrière. Ça serait un peu gonflé, non ?

Mais bon, Riley Sullivan n’était pas sur une, hein ! Pour preuve, elle pensait que j’étais vieux. Elle se fiche de moi, là ? Je n’ai pas l’air vieux ! Bah, apparemment si, parce que quand je pris Riley à contrepieds en insinuant qu’elle avait peut-être 11 ans, elle déclara que je faisais plus vieux que mes 29 ans. Je devais avouer avoir envie d’un miroir là et, bien que Riley ne m’avait pas dit ça, je remettais ça sur ma dernière mésaventure et sur ma légère cicatrice à l’arcade. Putain, il va falloir que je fasse une enquête et demander à des pures inconnus quel âge j’avais.

C’était vital !

Je n’ajoutai rien préférant que ce chapitre soit clos. Je finis alors par recevoir pas mal de questions de la part de Riley qui, enfin, me croyait concernant l’offre de Trevor. Elle était curieuse concernant les acteurs qui allait jouer dans le film de Trevor et je lui donnai les informations que j’avais. Elle déclara que Robin North avait l’air cool mais semblait détester son oncle, Hank. Je levai un sourcil.

-Tu connais Hank North ?

Comment une ex-Pute de 12 ans connaissait Hank North ? A moins que… Oh… Ok… Peut-être que Bailey North ne satisfaisait pas assez Hank… Naaaaaaaaaan… J’ai des doutes. De gros doutes. Parce que Hank n’est pas du genre à aller voir ailleurs. Pas que je sache, du moins. Du coup, ça me laissait curieux, d’où ma question.

Personnellement, j’aimais bien Hank North. Il était impulsif et avait des idées bien arrêtés mais il savait faire la fête. Puis, niveau impulsivité, je n’étais pas mal non plus.

Elle fut, par contre, surprise que je lui dise qu’elle aurait un rôle plus important que le second rôle féminin qui sera donné à une actrice plus vieille. J’hochai de la tête.

-Oui. Un beaucoup plus gros rôle. Hill devient vieille, tu sais. Pour le rôle principal, Trevor veut du sang neuf. Un actrice jeune. Il faut parfois renouveler le stock de starlettes d’Hollywood, tu sais. Il y a des dates de péremptions. Donc, oui, tu auras un plus gros rôle que Hill si Hill accepte le rôle.

Ouais ! Je vois bien Jessica refuser juste parce qu’elle n’a pas le plus gros rôle, hein ! Elle en serait capable la vieille Hill. Suffit de voir comment elle traite ses invités pour comprendre qu’elle est devenue très aigrie. Je suis pourtant passé par la grande porte pour venir la voir la dernière fois.

Comme Riley semblait avoir peur qu’on lui foute la main au cul, je décidai de lui donner une carotte en expliquant que je pouvais défendre ses intérêts, financier et autres, lors du tournage. Disons, que je pouvais bien faire ça si ça la motivait encore plus et que je puisse, ainsi, obtenir le rôle prévu pour moi. Elle semblait un peu plus disposée (et polie) du coup. C’est bien ! Je préfère ça.

-Oui, je défendrais tes intérêts et je t’expliquerais tout ce que tu as à savoir pour ne pas tomber dans certains piège d’Hollywood. Mais qu’on soit clair. Ça sera juste le temps du tournage. Après le film, si tu veux encore mes services, il faudra payer. Mais bon… Tu en auras les moyens à ce moment-là vu que tu auras eu ton argent.

Je ne suis pas du genre à jouer la charité éternellement non plus, hein. Riley m’était utile pour ce film. Après elle se débrouillera ou elle payera.

Quant aux possibles dérives sur le tournage, je tentais de la rassuré non sans laisser entendre qu’elle exagérait un peu. Mais ce n’était pas tant pour ça qu’elle voulait son petit ami sur le tournage mais pour qu’il puisse la soutenir… Voir même obtenir un petit boulot, voir un rôle sur le tournage. Waw ! Riley est le pire pique assiette qui soit ! Je plaignais son petit ami, hein… Il avait pas un métier, lui ? Apparemment non, vu qu’elle était persuadé qu’il aurait le temps d’être en pamoison devant elle pendant toute la durée du tournage. Pauvre gars.

-Ça sera à Trevor de voir, pour ça. C’est son film. Bien que je dois avouer avoir du mal à concevoir que ton petit ami a tant de temps à tuer…

Riley était, donc, convaincue et semblait déterminée à vouloir voir Trevor même tout de suite. Je fis la moue et réfléchis deux minutes. Plus j’allais vite, plus j’étais certain que Trevor ne trouvera pas la perle avant moi. Je me levai.

-Je vais voir si on peut avoir une entrevue maintenant. Je vais téléphoner. Je reviens.

Je me dirigeai vers le téléphone du Rainbow qui était isolé de la salle principale et je téléphonai à Trevor. Sauf que… Il n’était pas chez lui. Alors, je téléphonai au numéro de l’hôtel où je savais qu’il avait une chambre constamment réserver pour ses castings.

Par chance, c’était bien là qu’il était. Je lui expliquai la situation et il me demanda de venir directement.

Parfait !

Je revins vers Riley.

-Trevor est disponible. On peut le rejoindre. Viens…

Je payai nos consommation et on sortit du Rainbow pour rejoindre ma voiture qui semblait toute neuve après son passage au garage. Une fois à l’intérieur, je démarrai en trombe pour rejoindre l’hôtel qui, finalement, n’était qu’à quelques rues d’ici.

On sortit de ma voiture pour entrer dans l’hôtel.

-Trevor a une chambre ici. C’est là qu’il nous attends.

On alla dans l’ascenseur pour rejoindre la chambre de Tevor. Je toquai.

-C’est Victor…

Il me donna l’autorisation d’entrer et c’est ce qu’on fit découvrant Victor assis dans le fauteuil de sa suite, bien habillée même si, même avec un costard, il avait toujours l’air aussi grassouillet et vieux étant donné qu’il avait quasi 60 ans.

-Salut Victor. Bonjour Mademoiselle Sullivan. Je suis content de vous rencontrer. Vous pouvez vous asseoir.

Il montra le fauteuil face à lui. Je savais qu’il avait proposé de s’asseoir qu’à Riley. C’est elle qu’il voulait face à lui. Alors, moi, je restais simplement debout appuyé contre le mur non loin de Riley. Trevor regarda Riley de haut en bas.

-Vous correspondez parfaitement à ce que j’ai en tête. Je savais qu’en envoyant Victor j’aurais de bons résultats. Alors ? Avez-vous une expérience en théâtre ou au cinéma ?

Ouais ! C’est une ex-Pute. Elle a une certainement expérience en simulation, j’imagine. J’en ai aussi, d’ailleurs… Je suis marié à Carrie Hughes.

C’est qu’il était susceptible, le vieux Victor Hunter !  Je n’avais rien demandé moi ! J’étais assise tranquillement sur mon tabouret à attendre mon retardataire de petit ami quand il m’avait abordé avec son projet qui sonnait comme une arnaque. S’il ne voulait pas se faire critiquer ou entendre une opinion qui n’allait pas dans le même sens que la sienne, il n’avait qu’à pas aborder une inconnue dans un bar !

Ce fut surtout quand je supposais qu’il était assez vieux pour être mon père, que je semblais toucher un point sensible. Apparemment, il n’était que quelques années plus vieux que moi ce qui me surprit, évidement. Je lui donnais facilement quelques décennie de plus mais peut-être que de plaider au tribunal donnait des rides, qui sait ? En tous les cas, il ne faisait pas son âge mais ici, à Los Angeles, personne ne le faisait vraiment ! Après tout, n’étions-nous pas dans la ville reine des chirurgies esthétiques ? Tout et tous étaient faux des pieds à la tête. Je soupçonnais même ma sœur, Bailey, d’être passé sous le bistouri ! Si elle ne s’était pas fait refaire les seins, son cul lui, avait prit cher ! Parait que c’était la mode, les grosses hanches !

Bref, tout ça pour en venir au projet en tant que tel, au rôle que j’aurais plus gros que celui de Jessica Hill si pour autant qu’elle accepte de jouer le support à plante dans le fond du décor. Tout ce que je souhaitais, c’était que, si j’étais prise, ne pas avoir Hank North comme partenaire à l’écran. Moins je le voyais, mieux je me portais.

- Il est le plus connu des vieux de sa génération, forcément que je le connais. J’aurais dû vivre dans une caverne pendant mes onze années de vie pour ne pas savoir qui il est !

Et North était accessoirement mon beau-frère, pour ceux que ça intéressaient !

Après une conversation qui passa de Hill à North de Victor qui voulait bien me représenter le temps du tournage et du droit à mon petit ami de passer sur le plateau pendant le tournage, j’étais prête à rencontrer le fameux Trevor, question de savoir si Victor et moi ne perdions pas notre temps à pelleter des nuages.

Victor alla donc passer un coup de fil à con copain réalisateur et revînt ensuite me dire qu’il nous attendait. Super ! Nous en aurions vite le cœur net. C’est fou de penser qu’il n’y avait pas dix minutes de cela, je n’en avais rien à foutre de Victor et de sa proposition et que maintenant, je stressais à penser que peut-être je me ferais dire que je n’étais pas à la hauteur. Je dû monter en voiture avec Victor et l suivre dans un hôtel non loin du bar. Il y avait pleins de drapeaux rouges mais je les ignorais tout simplement parce que j’avais envie d’y croire.

Au pire…

Ça ne serait qu’un autre mauvais moment à passer je n’étais plus à un près ! J’étais devenue plus forte ou plus folle, alors le temps.

Le fameux Trevor nous accueilli, vêtu d’un costard, très chic et nous invita à entrer dans sa chambre pour discuter. Il était gras et vieux, un vrai vieux par contre ! Pas comme Victor qui paraissait l’être dans l’être.

- Je suis contente aussi de vous rencontrer.

Puisqu’il m’invitait à m’assoir, je le fis en me tenant droite comme un I. Jamais de ma vie je n’avais passé d’interview, que ce soit pour un job ou pour quoi que ce soit. J’étais en terrain inconnu, avec deux inconnus. Et puis comme ça, avant même que nous ayons discuté, il clama que je correspondais parfaitement à ses attentes. Ça me fis un peu tiquer… Si mon physique lui plaisait tant, ça devait être en rapport avec le porno, non ? Je restais quand même plutôt que de me sauver. Quelque part en moi, j’avais besoin d’aller au bout de ça.

- Non, je n’ai aucune expérience en théâtre ou au cinéma mais si je correspondais parfaitement à ce que vous aviez en tête avant même d’ouvrir la bouche, je suppose que ça ne sera pas un problème, mon manque d’expérience ?

Riley connaissait Hank North de par sa réputation d’acteur. En gros, elle ne le connaissait pas vraiment, quoi… Mais je n’en rajoutais pas sur le sujet. De toute façon, Robin North était celui que Trevor semblait vouloir, finalement, pour le rôle. Sûrement parce que Robin était plus jeune. Y’a rien n’à faire. Hank se fait vieux.

Donc, Riley semblait convaincue au point où elle était prête à passer l’entretien avec Trevor. Autant elle était réticente (et clairement emmerdante) au début, autant maintenant elle se faisait plus docile. Docile au point qu’elle ne refusa pas de me suivra après que j’ai passé un coup de fil à Trevor qui était tout disposé à nous recevoir. Si je pouvais conclure cette affaire aujourd’hui, ça ne me fera pas de mal, après tout.

Donc, nous avions fait le chemin jusqu’à l’hôtel où Trevor avait une chambre à bord de mon Aston Martin. Cette ex-prostituée qui m’avait donné l’impression d’avoir peur de se faire violer à tout les coins de rue avait, désormais, le cran de me suivre aveuglément. Comme quoi, l’appel de la notoriété et de l’argent pouvait faire surmonter n’importe quelle peur.

On arriva devant la chambre de Trevor qui nous fit entrer. Il était bien habillé alors que moi et Riley étions habillé pour aller au bar. Du coup, Trevor détonnait franchement.

Il me salua et salua Riley qui joua de quelques politesses. Ah bon ? Elle peut être polie ? Première nouvelle.

Je restai debout contrairement au deux autres. J’étais là en observateur. Moi, je n’avais pas d’audition à passer. Peu importe mon niveau, Trevor m’avait promis un rôle.

Il commença à questionner Riley sur son expérience dans le secteur. Elle joua franc jeu disant qu’elle n’en avait aucune mais elle y alla d’une petit réflexion qui fit sourire Trevor en coin. Riley ! Tu aurais pu faire valoir ton expérience en tant que prostituée, voyons ! Tout le monde sait que les putes simulent.

-Votre manque d’expérience n’est pas un problème. Tout nouvel acteur doit bien commencer quelque part, non ? J’ai repéré pas mal d’acteur sans aucun expérience qui font, désormais, de grande carrière. Donc, non… Vous ne serer pas éliminé de la course à ce rôle pour ça.

Trevor jeta un œil vers moi avant de revenir sur Riley.

-Mais il faut quand même que je m’assure que vous savez jouer. Pourquoi pas me faire une petite improvisation ?

Il me regarda à nouveau :

-Tu lui rendra la réplique, Victor…

J’haussai des épaules :

-Comme tu veux.

Il reposa son regard sur Riley :

-Improvisez-moi une petite scène de séduction. Mettez-vous, Madame Sullivan, dans la peau d’une jeune femme qui veut s’attirer les faveurs de Monsieur Hunter, ici présent.

Il regarda vers moi :

-Toi, tu dois résister… Disons que tu es marié et que tu n’as pas envie de tromper ta femme. Ça te fera un changement par rapport à ce que tu es vraiment comme ça.

Je ricanai… Très drôle, Trevor. Mais je crois que j’étais totalement capable de jouer le rôle du mari parfait.

Il fixa Riley.

-Allez-y, Mademoiselle Sullivan. Montrez-moi ce que vous savez faire.

Il y avait tant de drapeaux rouge qui flottaient depuis le début de ma conversation avec Victor Hunter que je ne comprenais pas comment j’en étais venue à grimper à bord de sa voiture de luxe pour nous rendre dans un hôtel où l’attendait Trevor, le réalisateur. Ça sentait le coup fourré comme un dépotoir à ciel ouvert, pourtant, je suivais Victor en me disant que rien de ce que je risquais de vivre ce soir ne pouvais être pire que ce que Ward Fleming m’avait fait subir.

À l’hôtel, Trevor nous fit entrer avec un enthousiasme assuré. Il ne me semblait pas très effrayant alors je baissais encore un peu ma garde et je pris place dans le fauteuil qu’il me désigna, prête à répondre à ses questions.

La première fut sur mon expérience de travail ce qui me fis à la fois intérieurement rire et sourciller. N’avait-il pas envoyé Victor à la pêche aux filles ? S’attendait-il vraiment à ce que son acolyte lui trouve dans un bar une fille avec une expérience pertinente longue comme le bras ?

De l’expérience théâtrale, je n’en avais aucune, je n’allais pas lui mentir ! Cependant, la vie, la mienne ne tous les cas, était une vraie comédie tant c’était du grand n’importe quoi ce qui ne me faisais pas douter que je pouvais bien m’en tirer et apprendre rapidement.

- Ah oui ?  Comme qui ?

Je demandais, pas parce que je doutais de ce qu’il venait de me dire mais parce que j’étais curieuse de savoir qui avait été découvert de la même manière que moi. Quelque part, je rêvais presque de l’entendre me parler d’Hank ainsi, je pourrais lui remettre sous le nez que sa carrière, il ne la doit qu’au fruit du hasard. Ça serait drôle tout comme la perspective de me faire un tas de munitions contre mon infâme beau-frère.

- Une improvisation ?

Eh merde !

Je n’avais pas envie de me prêter au jeu, pas ici, pas comme ça ! Et encore moins avec Victor à qui Trevor demandait de me donner la réplique en improvisant une scène dans laquelle je devait le séduire et lui, me résister ! Il allait tout faire pour ne pas craquer et me faire passer pour nulle ! Je voyais déjà ma chance déjà limite réduite à zéro tout ça parce que j’avais supposé que l’avocat était assez âgé pour être mon père. Il allait me le faire payer, j’en étais certaine !

- Bon… d’accord.

Trevor donna ses directives à Victor ce qui me sembla être plein de sous-entendu. Victor portait une alliance, il devait donc être marié mais de la manière dont Trevor exposait la scène, cela me semblait être du déjà-vu comme quoi, je pouvais cesser de me prostituer mais je ne perdais pas pour autant mon sens de l’observation.

- Ok, est-ce que je peux prendre deux minutes pour réfléchir et me mettre en situation de contexte ?  

Ils pouvaient bien m’accorder ce petit moment, non ?

Je me levais, me dirigeais vers la fenêtre et j’observais la ville qui brillait des milles lumières allumées. Séduire Hunter… L’idée me révulsais mais je devais le voir comme un jeu, ce n’était que ça en fait, rien de ce que nous allions dire ou faire ne serait vrai. J’inspirais en me disant que j’étais capable de le faire sinon, le pire qui pouvait arriver était qu’ils me disent que je ne faisais pas l’affaire et alors ? Si je n’essayais pas, je ne le saurais jamais !

Je me retournais et affichais un demi sourire en fixant Victor.

- Il me semble vous avoir déjà vu ici auparavant, je ne crois pas me tromper. Un visage comme le vôtre ne s’oublie pas facilement.

Je m’approchais de lui d’un pas assuré en le regardant bien droit dans les yeux, en souriant de manière entendue, une main sur ma hanche et l’autre, jouant avec une mèche de mes cheveux.

- Les hommes fréquentant ce genre d’endroit sont, normalement, à la recherche de compagnie, serait-ce votre cas ?

Je lâchais ma mèche pour poser ma main sur le bras de Victor.

Riley avait affirmé, sans mentir, n’avoir aucune expérience dans le théâtre ce qui n’ennuyais en rien Trevor. Il expliqua avoir conduit bon nombre d’acteur sans aucune expérience jusqu’à la gloire. Il ne mentait pas, pour la cause… Et ça attira la curiosité de Miss Cul-Bien-Roulé. Trevor afficha un petit sourire.

-Comme Jessica Hill… Mais aussi Willow Ford. Pour ne citer qu’elles.

Et Kyle Davis, tu ne l’as pas cité, mon petit Trevor… Pourtant c’est bien toi qui lui a offert son premier rôle. Le seul qu’il a fait avant de tomber dans les méandres des séries B.

-Et ce sont d’excellentes actrices qui ont une très bonne filmographies. Vous pourriez bien avoir le même destin. Je vous offre l’opportunité, à vous de faire le reste, Mademoiselle Sullivan.

Et pour cause, elle devait s’y mettre tout de suite avec une improvisation. Trevor voulait directement voir si elle convenait. Ça m’arrangeait parce que si ce n’était pas le cas, je pourrais directement me remettre en chasse. Miss Grande-Gueule semblait surprise qu’on lui demande d’improviser. Trevor hocha de la tête.

-Oui. Une improvisation. Chaque acteur doit être capable d’improviser.

Et j’allais être celui qui allait devoir rendre la réplique à Riley. Ce qui était logique parce qu’en dehors de Trevor, il n’y avait personne d’autre. Elle semblait, d’un coup, moins sûre d’elle, hein, la petite blondasse. Quelque part, ça me faisait bien plaisir bien que j’espérais tout de même qu’elle serait à la hauteur. Si elle réussissait, j’empochais le rôle.

Elle accepta avant que Trevor ne me donne quelques indications sur le rôle que j’allais devoir joué dans cette petite improvisation. Rien de bien sorcier, hein ! Je savais jour les maris modèles si je le voulais.

Riley demanda quelques secondes pour se préparer. Trevor sourit.

-Faites à votre aise. Nous avons le temps.

Elle se prépara, se mit en condition et commença cette petite improvisation qui allait mené… Je ne sais où d’ailleurs.

Elle se retourna affichant un petit sourire. Moi, je restais là, les bras croisés à attendre de voir ce qu’elle allait me sortir. Elle posa, en quelque sorte, un genre de contexte. J’esquissai un petit sourire.

-Ah oui ? Vous avez dû vous tromper… Je ne suis jamais venu ici avant.

Hey ! C’est où d’ailleurs ce « ici » ? Un hôtel ? Un bar ? Un club échangiste ?

Quoi qu’il en soit, Riley était à fond dedans avant son regard planté de le mien et sa gestuelles toute séductrice. Elle continua déclarant que les hommes venant ici étaient à la recherche de compagnie.

Elle posa sa main sur mon bras. Mon regarda tomba sur sa main avant que je ne repose mon regard sur le sien.

-Ah oui ? Dans mon cas, je viens ici pour discuter affaire. Je ne cherche en rien une compagnie.

Et je fis une geste subtile mais pas trop pour faire découvrir à Riley mon alliance. La vraie, pour la cause mais mon personnage était marié aussi, non ?

-Et ça même si vous êtes charmante, je dois l’avouer. Mais j’ai ce qu’il me fait chez moi, Mademoiselle.

Trevor regardait la scène avec un petit sourire. Impossible de savoir ce qu’il en pensait.

Trevor n’avait aucun soucis avec mon manque d’expérience même qu’il disait qu’il avait mis en lumière bon nombres d’acteurs et actrices maintenant renommés Évidement, cela attisa ma curiosité et je demandais des noms. De savoir qui avait commencé comme moi me donnerait un point de repère.

Je hochais de la tête alors qu’il nomma Jessica Hill puis Willow Ford puis je restais interdite attendant le reste de la liste qui ne vînt pas. C’était tout ? Jessica et Willow ? Je m’attendais à ce qu’il en cite plus que ça mais comme il ne le fit pas, j’allais devoir m’en contenter.

Ensuite, Trevor songea que je devrais lui faire une scène improvisée pour qu’il puisse juger de mon talent. Je n’en avais pas envie, ce n’était pas le bon moment, le bon contexte et de plus, Trevor voulait que je tente de séduire Victor ! Il était évident que ce dernier allait tout faire pour me rendre la tâche difficile ! Ça n’avait pas coulé comme une rivière tranquille entre nous au bar, il n’avait pas apprécié que je lui prête quelques décennies de plus que celles qu’il comptait déjà.

Sauf que…

Victor tenait à avoir un rôle dans ce film et pour cela, il devait dénicher la bonne fille. Donc, s’il était malin, il me donnerait la réplique sans forcément me faire de cadeau mais ne me mettrait pas de bâton dans les roues sous risque de devoir recommencer à zéro sa chasse à la fille parfaite.

Je demandais quelques instants, le temps de me mettre en tête que je ne mourrais pas à me ridiculiser dans cette chambre d’hôtel, que j’avais vécu bien pire que de ‘’jouer un jeu’’ et que séduire Victor Hunter ne devait pas être si difficile, puisqu’il portait une alliance ! Cela voulait dire qu’une femme encore plus conne que moi avait vu en lui un bon partit.

Je m’étais donc glissé, si l’on peu dire’ dans la peau d’une femme sûre d’elle qui allait accoster un homme, comme si c’était dans un endroit peu recommandable. Je ne savais pas où je m’en allais avec ça et ce que cela allait donner mais le pire qui pouvait arriver était que Trevor ne me juge pas assez bonne pour le rôle. Je pris donc un air assuré et je plantais mon regard dans celui de Victor tout en marchant vers lui lentement, suave, comme une panther prête à la chasse, avant de débiter un semblant de texte.

Bien sûr, Victor, dans la peau de son pseudo personnage, nia ma première allégation ce qui me força à passer à la suivante. Au fond de moi, je détestais ça ! Ça me rappelais combien nous sommes prêtes à tout pour racoler et aguicher un homme pour quelques billets. Combien dégradant ça devient et malsain. On ne s’en rend compte qu’une fois loin de tout ça et Trevor, inconsciemment, me forçait presque à y replonger.

- Que vous cherchiez ou non une compagnie ne signifie pas qu’au fond de vous, vous n’en désirez pas.

Il avait baissé son regard sur ma main sur son bras mais je retira pas son bras non plus qu’il ne me força, d’un geste quelconque, à rompre le contact.

- Et je ne doute pas non plus que vous ayez tout ce que vous désirez à la maison, jamais je n’oserais dire le contraire. Rien ne vous empêche cependant de regarder le menu…

Bon, ça allait durer encore longtemps avant que Trevor ne se fasse une idée ? Il ne s’attend tout de même pas que je force Victor à m’embrasser !?

- Puis-je vous suggérer d’attendre votre compagnon là-bas, avec moi ? Ainsi nous bavarderons légèrement, si vous en avez envie, évidement.

Trevor voulait une improvisation. Rendre la réplique à Miss Beau-Cul ne m’ennuyais pas surtout si ça pouvait faire en sorte qu’elle remporte le rôle et que je puisse, ainsi, remporter le mien.

L’ex-prostituée demanda quelques minutes pour se mettre en condition quant à moi, je comptais sur mes gênes de Hunter pour que mon talent endormi d’acteur se réveille soudainement pour ce petit jeu. Bien qu’il n’y avait rien de sorcier dans ce que demandais Trevor. Tout du moins, pour moi. Mais ce n’était pas moi qui était testé ce soir.

Miss Grande-Gueule se mit en place et je fis de même. Elle nous plaça dans un lien inconnu mais qui semblait être peu fréquentable où mon personnage marié s’était amené pour un rendez-vous. Je devais résister… Alors c’est ce que je fis. Sinon, Trevor allait pensé que je faisais tout pour faciliter la tâche de Riley.

Et elle répliqua que ce n’est pas parce que je ne venais pas pour de la compagnie que, au fond de moi, je n’en voulais pas. J’esquissai un sourire ne répliquant rien à ça bien que l’avocat en moi avait bien des répliques.

Et quand Riley disait que, bien que j’avais de quoi faire à la maison, je pouvais tout de même regarder le menu, mon regard descendit le long de son corps.

Voyons, Victor ! Tu dois résister.

Je secouai la tête.

-J’ai bien peur que de regarder le menu ne soit pas une très bonne idée…

Elle proposa, ensuite, de bavarder. Je souris.

-Et bien, je n’ai rien contre discussion.

Ainsi, on s’installa l’un à côté de l’autre sur le fauteuil, le regard de Trevor sur nous.

-Vous savez… Je n’ai pas l’habitude ce genre d’endroit et…

Mon regard tomba encore sur son corps… Sa poitrine notamment avant de replonger mon regard dans le sien.

-Je dois avouez que vous êtes charmante…

Je passai mes doigts sur sa joue avant que :

-Coupé !

La voix de Trevor s’éleva. Il avait un petit sourire en coin.

-Quelle résistance, Victor !

Il était ironique bien sûr et je ricanai alors qu’il se recentra sur Riley.

-Vous avez beaucoup de présence, Mademoiselle Sullivan et vous avec un beau timbre de voix. Comme vous avez totalement le physique qu’il me faut, je vous engage pour mon film.

Il ne lui en fallait pas plus, visiblement. Comme si Riley était, pour lui, une sorte de coup de foudre artistique.

Je fixai Riley :

-Félicitation ! N’oublie pas de dire à Trevor toutes tes exigences maintenant qu’il est disposé à t’ouvrir les portes d’une carrière.

Car, désormais, j’étais son agent pour un film au moins. Gratuit… Contre un rôle.

Je devais impressionner Trevor en improvisant une mise en scène pendant laquelle je devrais séduire Victor Hunter, l’avocat à l’égo démesuré. Ça ne m’emballait pas mais je voulais le faire, ne serait-ce que pour me dire que j’étais allée au bout de quelque chose et que, si ça ne fonctionnait pas, ce n’était pas parce que je n’aurais pas essayé.

Je me glissais donc dans la peau d’un personnage dont je n’avais pas vraiment défini les traits, j’essayais juste de donner un contexte en abordant Victor de façon un peu grivoise sans non plus donner l’impression que je me retenais à deux mains de lui sauter dans le pantalon. Il résistait bien sans non plus s’empêcher de lorgner dans mon décolleter. Je lui tendais des perches, il ne les saisissait pas pour rester dans son personnage je supposais.

- Regarder n’est pas pêché…

Cependant, si Victor continuait de se faire désirer, je finirais par manquer de répliques, surtout que je n’avais vraiment pas envie plus que ça que de le séduire. Tout ce que je voulais, c’était qu’il entre dans mon jeu pour que Trevor me donne ma chance et par la même occasion, qu’il donne son dû à Victor. Je trouvais l’équation vite résolue, rien ne servait à Victor de continuer à jouer l’indifférent !

En désespoir de cause, et parce que je manquai cruellement d’inspiration, je l’invitais dans mon improvisation à nous installer à l’écart pour bavarder, seulement, je croisais les doigts mentalement pour que Trevor se décide à trancher au plus vite parce qu’ensuite, je n’avais aucune idée de ce que j’allais pouvoir dire ou faire pour séduire Victor. Je ne voulais pas me rabaisser à dévoiler mon corps, pas tant que je ne serais pas forcée.

Une fois installés sur l’un des divans de la chambre de Trevor, Victor amorça la conversation entre nos personnages d’improvisation et alla jusqu’à me caresser la joue. Je figeais littéralement sur place. Ce simple geste me ramena dans un passé pas si lointain qui me révulsait toujours autant. Je poussais même un soupire de soulagement quand Trevor s’exclama Coupé! et louangea la performance de Victor en soulignant sa grande résistance.

Je fus encore plus soulagée de l’entendre ajouter que j’avais beaucoup de présence et qu’il me voulait pour son film. Je pris quelques secondes pour réaliser ce qu’il venait de dire, comme si c’était trop beau pour être vrai mais, quand je fini par comprendre que ce que je venais d’entendre était bien vrai, je me levais et fis une accolade spontanée à Trevor.

- Merci ! Merci !!

Zeke n’allait pas en croire ses oreilles !

- Mes exigences ? Ah… euh…

Victor m’avait proposé de défendre mes intérêts gratuitement pendant le tournage du film et il me le rappelait autant pour faire comprendre à Trevor quel rôle il avait vis-à-vis de moi que pour s’assurer que je n’oublie pas de faire mes demandes.

- J’aimerais que mon petit ami puisse venir sur le plateau. Il a été garde du corps de Lola, il sait donc agir avec professionnalisme, il ne sera pas un souci. Et… j’en sais rien… je ne sais pas ce que j’ai le droit de demander ou pas. C’est nouveau.

J’avais chaud, j’étais heureuse comme il y avait longtemps que je ne l’avais pas été. Moi, Riley Raphaël, je venais de réussir quelque chose de bien, qui allait apporter du positif dans ma vie et je l’avais fait toute seule !

- Tu t’y connais toi alors, je te fais confiance, Victor. Est-ce que je peux passer un coup de fil à mon copain ?

Si pour autant qu’il fût à la maison, ce que j’en doutais mais je devais quand même essayer de le rejoindre pour exploser de joie !

J’avais senti Riley se raidir quand j’avais passé mes doigts sur sa joue. Putain, comment pouvait-on passer du statut de pute à celui de « vierge » effarouchée ? Elle était à ce point dégoutée ? J’espère qu’elle sera moins raide quand elle devra tourner des scène un peu osée, hein !

Quoi qu’il en soit, Trevor cessa la scène. Apparemment, c’était suffisant pour qu’il se fasse une idée. Moi, je n’aurais pas été contre continuer la scène… Bien que si c’est pour embrasser une femme frigide, non merci. Je plaignais ceux qu’elle avait dû baiser pendant sa carrière de prostituée.

Bref… Trevor s’adressa d’abord à moi avant de confirmer à Riley qu’elle avait le rôle. Je devais avoué que j’étai soulagé. Ainsi, je n’avais plus à ratisser les bars en quête de blondasse. Je pouvais désormais y aller en quête de ce que, moi, j’avais vraiment envie.

Riley fut très heureuse d’apprendre ce verdict. Elle était bien plus enthousiaste qu’elle ne l’avait été tout à l’heure au bar alors qu’elle pensait que j’étais uniquement là pour essayer de l’avoir dans mon lit. Elle remercia Trevor en lui faisant un accolade ce qui, évidemment, plu au vieil homme.

Quant à moi, je lui rappelai subtilement notre deal. Ainsi, on ne pourra pas venir dire que Victor Hunter ne respecte pas ses promesses.

-Oui tes exigences…

Notamment celle que son petit ami vienne jouer les potiches lorsqu’elle tournera. Vu que, visiblement, il n’avait que ça à foutre. Ça finit par monter à son cerveau et elle demanda que son petit ami vienne sur le plateau. Elle ajouta qu’il avait été garde du corps de Lola. Je levai un sourcil. C’est pour ça qu’il était au chômage ? Ça expliquait tout. Trevor fit une moue de réflexion.

-Et bien… Je n’y vois pas d’inconvénient s’il reste discret…

Pas besoin de convaincre Trevor sur le coup. C’était déjà ça. Riley se tourna alors vers moi disant qu’elle me faisait confiance pour le reste des exigences qui concernait ce qu’elle serait payée en fait. Elle voulait, désormais, parler à son petit ami. Trevor hocha de la tête.

-Je vous en prie. Vous pouvez utiliser le téléphone.

Elle s’éloigna alors vers le téléphone alors que Trevor me souris.

-Bien joué… Tu m’as trouvé ma perle.

J’esquissai un petit sourire en coin.

-Et je suis aussi son avocat désormais alors rendez-vous demain pour discuter salaire.

Il hocha de la tête. C’était dans la poche !