Brooke était partie à la bibliothèque avec Alvaro. J’aurais voulu que mon grand garçon reste avec nous parce que la manœuvre que nous allions amorcer aujourd’hui le concernait aussi. En effet, mon but en invitant à la fois Grant et Sofia était de mettre fin à une guerre de cour de récréation. J’avais même la prétention de penser que peut-être, mes fils pourraient devenir amis avec Grant en se voyant à l’extérieur de l’école.

Quant à Sofia… ça me faisait un peu honte mais… Elle était l’appât.

Seulement, Alvaro nous avait fait de véritables crises d’angoisses pendant la nuit, ce qui nous avait fortement inquiéter. Apparemment, s’il osait rire de Grant à l’école, quand il était en groupe, l’idée de le voir ici le pétrifiait littéralement.

Alors je n’avais pas insisté pour qu’il reste. Si Jesse apprenait à faire des efforts, je savais qu’Alvaro suivrait.

Nous étions donc juste Jesse et moi dans l’appartement, à attendre nos invités. Jesse gonflait des ballons de couleur et moi, je suivais à la lettre une recette de cookies que Brooke m’avait laissée. Les biscuits étaient déjà au four et je ne devais pas les laisser trop longtemps sinon ils allaient devenir durs comme de la pierre !

-Grant ne te fait pas peur à toi, hein ?

Jesse n’avait pas l’air stressé, mais je ne savais pas si c’était parce qu’il ne l’était vraiment pas ou si c’était la nonchalance caractéristique d’un Stone.

Il avait bien dormi et ne s’était réveillé qu’en entendant le petit remue-ménage que la panique nocturne de son frère avait provoqué. Et comme Jesse avait un cœur d’or, il avait passé le reste de la nuit avec Alvaro pour le rassurer.

Soudain, la sonnette retentit. Je regardai par la fenêtre et reconnus la voiture de Vega que j’avais déjà vue stationnée à l’école…

-C’est Sofia, tu vas ouvrir ?

Jesse se précipita à la porte de l’appartement et je souris en l’entendant accueillir son amie avec son enthousiasme habituel. Quand la petite fille entra dans la cuisine, je la saluai à mon tour.

-Salut Sofia ! Tu vas bien ?

Jesse lui montra les ballons et ils en gonflèrent encore quelques-uns en rigolant. Puis la sonnette s’actionna encore.

-C’est Grant. J’y vais.

Ce fut à mon tour d’aller à la porte de l’appartement et c’est avec un sourire que je découvris un Grant toujours aussi impassible.

-Salut Grant. Bienvenue chez nous. Jesse et Sofia sont dans la cuisine. Et je suis en train de faire des cookies.

Oh boh, aujourd’hui, Papa avait décidé d’inviter Grant…

Oh boh, je n’aime pas Grant… Il est méchant avec nous. Il frappe. Il dit des méchancetés. Il fait mal aux gens que j’aime beaucoup. Il dit que je suis un looser et que je suis très bête… Il dit que personne d’autre que lui peut jouer avec Sofia…

Et aujourd’hui, Grant allait venir à ma maison. Oh boh…

C’était l’idée de Papa. Il disait que si moi et Alvaro, on voyait Grant pas à l’école, il serait différent. Oh boh, est-ce que Papa a raison ? Papa a souvent raison. Puis, il sera là alors ça me rassurait. Puis, Sofia sera là aussi.

Alors, moi, j’avais été dormir en me disant que Papa avait raison. Que Grant sera pas pareil. Et qu’il sera là avec nous.

Mais pendant la nuit, j’ai entendu beaucoup de bruits… J’ai entendu Alvaro pleuré alors je me suis levé. Oh boh, Alvaro avait très peur. Il ne voulait pas rester avec nous demain. Il ne voulait pas voir Grant. Oh boh, je comprenais Alvaro. Je n’aimais pas le voir avoir peur et être triste. Alors, moi, j’avais dit que ça me dérangeait pas si Alvaro partait demain avec Maman… Et j’avais dit qu’Alvaro pouvait dormir avec moi s’il avait encore peur.

Il a dormi dans ma chambre et on ne s’était réveillé que le matin.

Il est parti avec Maman… Et je me suis retrouvé seul avec Papa pour préparer le fê-fête. J’aimais bien les fê-fêtes alors je rigolais en gonflant les ballons. Jusqu’à-ce que Papa demanda si Grant me faisait peur.

Je levai le regard sur lui en me grattant l’arrière de la tête. Peur ? Oh boh… Je réfléchis un moment. Moi, j’ai déjà eu beaucoup peur dans ma vie. Moi, j’ai eu peur quand Maman est morte. J’ai eu peur parfois, dans la rue. J’ai eu peur quand Paco est mort et que je croyais que j’allais mourir aussi. Mais, moi, ça a pas duré longtemps parce que j’avais des gens avec moi. Alors, j’hochai de la tête négativement.

-Non. Moi, j’ai pas trop peur. A l’école, j’ai des amis alors je n’ai pas peur. Moi, j’ai peur que quand je suis tout seul. Moi, je n’aime pas être seul.

Mais moi, quand je vois Grant, je suis jamais seul alors je n’ai pas peur de Grant.

On sonna alors à la porte et quand Papa dit que c’était Sofia, je fis un beau sourire.

-Youpi !

Et je fonçai jusqu’à la porte pour ouvrir à Sofia qui était monté ici toute seule.

-Bonjour Sofia ! Je suis trop trop content que tu sois là. J’ai gonflé des ballons et on a préparé des jeux et des bonnes bonnes choses à manger. Mais Alvaro est pas là… Il… Heu… Avait trop trop mal au ventre alors Maman s’occupe de lui ailleurs.

Elle sourit.

-Salut Jesse ! Dommage pour Alvaro… J’espère qu’il ira mieux.

Je la fis entrer et elle s’approcha de Papa qui la salua.

-Bonjour, Monsieur Perry. Je vais très bien, merci !

Sofia m’aida à gonfler les autres ballons alors que la sonnette sonna à nouveau. Je déglutis et Sofia me regarda avec un air interrogateur. Oh boh oui, elle savait pas trop que Grant venait… Je sais pas pourquoi Papa lui a pas dit.

C’est Papa qui alla ouvrir. Je l’entendis saluer Grant et je vis Sofia afficher un grand sourire. Oh boh, elle semblait contente, elle… Oh boh… Et Grant arriva dans la pièce.

-Lu’ Grant.

Sofia elle s’exclama.

-Grant ! Je savais pas que tu venais ! Je suis contente ! Joyeux anniversaire !

Oh boh, c’est son nanniversaire ? Oh boh ! Oh !

-Joyeux nanniversaire, Grant…

Oh boh oui, il faut être poli. Mais je m’attendais pas à ce que Grant fasse un sourire. Oh !! Il sait sourire ??? Oh boh. Je fis une drôle de tête.

-On a fait des ballons pour toi. Oh, j’espère que tu aimes trop les cookies…

Oh boh, ça mange des cookies des méchants enfants ?

Moi, j’avais beaucoup réfléchi à ce qu’avait dit Jimmy Reed.

« Ce qu’il faut, Grant, et qui est plus fort que tout, c’est que les gens en viennent à t’apprécier… Presque malgré eux. »

C’était comme ça qu’il faisait… Moi, j’avais longtemps réfléchi. Si tout le monde respectait Reed et avait peur de lui c’est parce qu’ils l’aimaient bien ET qu’il était fort et puissant. Il menaçait pas… Il donnait des choses. Moi, je le détestais avant mais il m’a donné un job pour que je l’aime bien… Il avait réussi. Moi, j’avais pris des jours à comprendre tout ça en retournant tout dans ma tête. Moi, je crois pas que Reed aime vraiment tout le monde. Mais il fait des trucs pour que les gens l’aime bien. Il offre du coca… Il offre du travail… Il offre de l’argent… Il offre des places de parking… S’il fait tout ça, les gens peuvent pas le détesté alors les gens font ce qu’il veut.

Comment je peux faire ça ?

Moi, je pense que c’était pas si simple. Parce que, moi, j’avais pas besoin que les gens m’apprécient. Pourquoi faire ? Qu’est-ce que j’allais avoir de plus ? Moi, j’avais pas la réponse.

Jusqu’à-ce que Jack Perry m’invite chez lui pour que je vois Sofia.

Là, j’ai eu une réponse.

Moi, si Jack Perry m’apprécie et que ses enfants aussi, je pourrais continuer à voir Sofia chez lui vu que son père ne veut pas qu’elle vienne chez moi.

Oui. Je devais faire ça.

Mais comment faire ?

En s’entrainant… Moi, je me suis entrainer devant le miroir à être gentil. Moi, je comprenais pas comment les gens faisaient pour que ça vienne tout seul. Ma psy avait dit que j’avais un fonctionnement différent…

Je m’entrainais encore avant qu’il soit l’heure que je parte de la maison. Moi, j’avais pris mon sac à dos et j’avais pris le bus pour arriver, plus tard, chez Jack Perry. Je finis par arriver devant la porte et je sonnai.

Jack vint m’ouvrir. Il me salua. J’hochai de la tête. Toi, tu dois dire « bonjour « , Grant. Je souris légèrement.

-Bonjour, Monsieur Perry.

Sofia était là. Dans la cuisine. Avec le looser de Jesse.

Je suivis Jack jusqu’à la cuisine. Jesse me salua. J’hochai de la tête.

-Salut Jesse.

J’ai pas souri. Il a trop une tête de looser. Ça va pas être facile.

Par contre, je fis un grand sourire à Sofia qui me souhaita un joyeux anniversaire. C’ était mon anniversaire aujourd’hui. J’avais 11 ans. Comme Sofia. Jesse me souhaita aussi.

-Merci, Sofia et Jesse. Moi et Jack, on a fait une surprise pour toi Sofia.

Et surtout pour son père qui devait pas savoir que je venais sinon, elle aurait pas pu venir.

Jesse disait qu’ils avaient fait des ballons pour moi. Il demanda si j’aimais les cookies. Oui. Tout le monde aime ça.

-Oui. J’aime les cookies. Merci, Jesse.

Je dis trop « merci » ? Je sais pas… Je fixai les ballons. Je m’en foutais des ballons. Je fixai Grant puis Sofia.

-On peut faire quoi ? Il y a des jeux ? Alvaro est pas là ?

Il a pas l’air. Tant mieux. Alvaro c’est un gros naze.

Jesse n’avait pas peur de Grant, contrairement à Alvaro. Il n’avait peur que quand il était seul. Fort heureusement, ça n’arrivait pas souvent qu’il se retrouve vraiment seul.

-C’est bien, Jesse… Il faudra que tu rassure Alvaro après cette rencontre.

Parce que ça m’avait fait mal de voir mon grand garçon aussi paniqué. Mais je n’eus pas le temps de ressasser ça longtemps car déjà, nos petits invités arrivaient !

Je n’avais pas dit à Alonso Vega, le père de Sofia, que Grant venait aussi. Je trouvais ça injuste que Grant soit mis de côté parce qu’il donnait une mauvaise impression. Parce que je ne pensais pas que Grant, aussi impoli et impulsif fut-il, puisse faire du mal à la petite. Au contraire, il semblait vouloir la protéger à l’extrême… Et vouloir en faire son amie exclusive.

La petite entra dans l’appartement et j’entendis Jesse mentir sur la condition d’Alvaro. Mais je ne pensais pas que c’était un mauvais mensonge. Il ne fallait pas que tout le monde comprenne qu’Alvaro avait une peur bleue de Grant.

Les deux enfants me rejoignirent à la cuisine et je saluai Sofia qui, comme à son habitude, fut très polie.

Ils se mirent à gonfler les ballons ensemble et je sortis les cookies du four afin qu’ils durcissent à l’air libre. Puis ce fut au tour de Grant de pointer son nez dans l’appartement. J’allais ouvrir pour le petit garde du corps de Jimmy Reed.

Et il me surprit en me disant un simple « bonjour »… A la place de « badge » ce qui me fit tout drôle.

Je lui souris et l’emmenai jusqu’à la cuisine où je vis un Jesse incertain et une Sofia qui s’illumina littéralement, souhaitant bon anniversaire à Grant. Je me tournai vers le garçon.

-Joyeux anniversaire, Grant ! Tu aurais du le dire ! On t’aurait fait un cadeau !

Et Grant continua à coups de « merci »… Il avait apparemment compris ce que j’attendais de lui et ce n’était pas pour me déplaire ! Mais je ne le fis pas remarquer. Mon fils allait bien se rendre compte tout seul du changement chez Grant.

Je souris d’ailleurs à Jesse et lui fit un clin d’œil. Grant, lui, voulut savoir ce qu’on allait faire maintenant.

-Et bien, il fait encore beau dehors alors j’ai préparé des pistolets à eau, si ça vous tente !

Je posai la main sur l’épaule de Grant.

-Alvaro ne se sentait pas bien…

Ce n’était pas vraiment un mensonge. Alvaro ne se sentait vraiment pas bien.

Oh boh oui, je rassurerais Alvaro… C’est ce que je pensais mais quand j’entendis la sonnette après l’arrivée de Sofia, moi, j’étais plus trop trop sûr d’être rassuré. J’entendis Grant saluer Papa alors que Sofia, elle, semblait super contente qu’il soit là. Moi, je vis le grand sourire de Sofia quand Grant entra dans la cuisine.

Je dis « bonjour » et il me répondit. Oh boh !! Je ne savais pas que Grant savait dire « bonjour ». A l’école, il parlait pas beaucoup et quand il le faisait c’était pour dire des trucs trèèèèèèèèèèèès méchants.

Sofia disait que c’était l’anniversaire de Grant. Moi, je savais trop pas ! Alors, je lui souhaitais un bon anniversaire. Papa disait que si on avait su on aurait pu faire un cadeau. Je souris d’un tout petit sourire.

-Oh boh oui, on aurait fait un beau cadeau.

Grant avait dit « merci ». Oh boh !!! J’écarquillai des yeux alors qu’il disait que lui et Papa avaient fait une surprise à Sofia. Elle sourit, toute contente.

-C’est une belle surprise. Je ne dirais rien à Papa, c’est promis.

Oh boh, Alonso n’aime pas Grant ? Je comprends Alonso… Alonso a souvent raison. Oh boh…

Grant disait qu’il aimait bien les cookies. Je savais qu’il aimait les céréales mais je savais pas qu’il aimait les cookies. Mais comme je savais qu’il aimait les céréales, je voulais être gentil alors je dis :

-Oh boh, on a aussi des Cap’N Crunch.

Et ça le fit sourire. Oh boh, amen à ça. C’est ce que dirait mon ami Howard. Moi, je savais pas trop quoi dire à Grant. Moi, j’aimerais comprendre pourquoi il est méchant à l’école mais j’avais peur que de le demander, ça le rende méchant. Alors, je ne dis rien et Grant demanda ce qu’on pouvait bien faire et où est Alvvaro. Papa proposa de jouer au pistolet à eau et il expliqua qu’Alvaro ne se sentait pas trop trop bien.

-Oh boh oui, il avait mal au ventre.

Grant haussa des épaules. Oh boh… Mais il semblait content qu’on puisse faire du pistolet à eau.

-Oui ! Moi, je veux trop bien faire ça. On pourra aller dans la ruelle derrière. Elle est bien pour jouer. Il y a pas de voiture. Oh boh, c’est là que je joue avec Alvaro.

Grant trouvait dommage qu’il y avait pas de beau jardin. Oh boh… Moi, j’ai jamais eu de jardin de ma vie. Oh boh, la rue c’est bien aussi.

On alla chercher les pistolet et on les remplis avant de remplir un seau d’eau pour pouvoir remplir quand on sera dehors. On descendit avec Papa dehors dans la belle belle ruelle. Oh boh, elle pue un peu mais moins que les ruelles près de mon ancienne maison.

Dehors, c’est Grant qui tira le premier en visant en plein dans la figure de Jesse. OH BOH ! Je pris un air surpris.

-Oh boh… On a pas dit « prêt, partrez ». Oh boh…

Sofia rigola.

-Bien visé !

Ça faisait plaisir à Grant. Je voulu mouillé Grant aussi mais j’ai trop trop mal visé. Oh boh.

Jack disait que s’il avait sur pour mon anniversaire, il m’aurait fait un cadeau. Jesse confirma et je levai un sourcil un peu surpris. Pourquoi ? Je n’aime pas Jesse et je ne connais pas Jack pour lui demander son badge.

-Ah… Moi, j’aime bien les cadeaux…

Mais Sofia savait mais ne m’en avait pas fait mais ça s’expliquait parce qu’elle savait pas que je venais. Elle disait qu’elle ne dira rien à son père. J’hochai de la tête.

-Oui. Il m’aime pas… Parce que je suis le fils de Ward Fleming… Moi, j’ai rien fait à ton père.

Elle prit un air triste avant d’hocher de la tête. Moi, j’avais rien fait. Moi, je connaissais même pas le père de Sofia. Moi, plein de gens me regardent de travers parce que je suis le fils de Ward Fleming. On me donne des surnoms débiles à cause de ça. Moi, je n’aime pas ça. Ce sont des loosers qui m’insultent. Des loosers comme Jesse.

-Oui, je sais… Mais il est comme ça.

Jesse avait parlé des cookies et je dis que j’aimais les cookies. Il disait qu’il y avait aussi des Cap’N Crunch. J’affichai un sourire.

-Les Cap’N Crunch c’est mon plat préféré avec les pizzas.

Mais moi, je voulais jouer. Moi, j’étais pas venu ici pour m’ennuyer. Je voulais jouer avec Sofia. Jack proposa qu’on joue dehors aux pistolets à eau. Je souris.

-Ouais ! J’aime jouer à ça ! Je sais bien tirer.

J’étais vraiment content. Je n’avais pas besoin de me forcer à sourire pour une fois. J’allais noyer Jesse en lui tirant dans la figure. Il verra comme je vise bien !

Jack expliqua, ensuite, qu’Alvaro allait pas bien. Jesse disait qu’il avait mal au ventre. Je levai un sourcil mais finit par hausser des épaules. Un en moins, c’était pas plus mal.

Jesse disait qu’il y avait une ruelle derrière où jouer. Moi, je préférais chez Jordan parce qu’il y avait un jardin. Moi, je sais pas pourquoi les gens vivent dans des petits appartements sans jardin. C’est nul.

-C’est nul qu’il n’y ait pas de jardin.

Sofia rigola.

-La rue c’est bien aussi, Grant !

Si elle le disait… Je la fixai avec un air neutre. Moi, je comprenais pas qu’on préfère la rue au jardin. Mais on avait pas le choix.

On remplit les pistolets et un seau et on alla dehors dans la ruelle qui pue. Toutes les ruelles de Los Angeles puent. Quand je vais dedans, le Maine me manque.

Je dégainais le premier prenant la même position que je prenais quand je m’entrainais avec mon père au tir. Et je visai la figure de Jesse. J’esquissai un sourire en coin quand je réussis mon coup.

-Gagné !

Mais Jesse, tel le looser qu’il était, se plaignit qu’on avait pas dit qu’on commençait. Sofia, elle, disait que j’avais bien visé. Je souris.

-Moi, j’ai appris à viser avec mon père. On allait s’entrainer au tir ensemble. Moi, j’aimais bien ça.

Je regardais vers Jesse avec un petit sourire alors qu’il venait d’essayer de me tirer dessus mais il visait très mal.

-Moi, je crois que tu devrais t’entrainer…

Oui. Mais c’est un looser, alors… Sauf qu’en disant ça, je n’avais pas vu Sofia tirer vers moi et me mouiller tout mon t-shirt. Je tiquai et pris un air contrarié me tournant d’un coup vers Sofia qui rigolait fort.

-Toi, tu m’as trahi…

Elle rigola plus fort.

-On tient chacun pour soi !

Ah oui ? Je penchai légèrement la tête sur le côté et tirai dans la figure de Sofia qui fut surpris. Je ricanai.

-Toi tu m’as trahi alors, voilà.

Au final, les enfants semblaient ravis. Enfin, surtout Grant et Sofia. Jesse était un peu hésitant mais faisait les efforts que je lui avais demandés. Il ne riait pas de Grant (plus difficile quand on est pas en groupe) et ne lui donnait pas de surnom. Au contraire, il approuvait tout ce que je disais.

Sofia, qui n’était pas au courant de la présence de Grant, affirma qu’elle ne dirait rien à son père. Oui, je m’en voulais un peu de mentir à Alonso mais je trouvais ça injuste qu’il interdise à sa fille et Grant de se voir en dehors de l’école. J’avais un peu eu peur que ce soit parce que Sofia en avait peur ou parce que Grant la tyrannisait un peu comme il faisait avec les gens chez BSC mais ce n’était pas le cas.

Pas du tout.

Et Grant m’apprit, en parlant à tout le monde, que c’était parce qu’il était le fils de Ward Fleming, tout simplement, qu’Alonso l’éloignait de sa fille.

-Un fils ne doit pas payer pour les erreurs de son père…

C’était bien dommage de punir Grant pour ça… Et ça n’allait pas l’aider.

Je signalai qu’on avait des cookies et Jesse ajouta qu’on avait aussi des céréales. Et ça me fit sourire de voir Grant sourire un peu. Ça changeait tout son visage et il avait enfin l’air de l’enfant qu’il devait être.

-Quand il sera l’heure, tu pourras manger ce que tu voudras.

Mais son enthousiasme fut à son paroxysme quand j’annonçai le premier jeu de l’après-midi. Une bataille aux pistolets à eau.

-Je savais que t’aimerais ça.

Ça ne m’étonnait pas vraiment…

Jesse aussi était enthousiaste et déclara que la ruelle derrière l’immeuble était idéale. Malheureusement, nous n’avions pas de jardin, ce qui fit tiquer un peu Grant. Mais Sofia le rappela à un meilleur esprit. Elle semblait avoir un véritable pouvoir sur Grant.

Nous prîmes tout ce qu’il nous fallait pour jouer. Il y avait même un pistolet pour moi. Et une fois dans la ruelle, Grant amorça le jeu, sans attendre le signal de départ. Et je me retins de rire devant l’expression de surprise de Jesse qui s’était pris un bon jet en pleine poire.

Grant, lui, savait viser et je haussai un sourcil quand il affirma qu’il avait appris à tirer avec son père.

-Avec une carabine à plombs ?

Je l’espérais.

Sofia rendit sa médecine à Grant qui prit ça comme une trahison mais la petite fille, hilare, ne se laissa pas impressionner. Grant se vengea et je tirai moi-même sur le petit torse de Jesse dont le t-shirt fut bien vite tout mouillé, avant d’aller me mettre à couvert derrière un poteau électrique.

-Tu m’auras jamais, Jesse !

Alonso n’aimait pas Grant parce que c’était le fils de Ward Fleming. Oh boh… Je baissais les yeux… Parce que je connaissais Ward Fleming. C’était le Monsieur que voulait remercier Livia il y a loooooongtemps. Moi, j’ai vu qu’il a été en prison et tout. Alors, je ne sais plus quoi penser. Papa disait, lui, qu’un fils doit pas payer pour un père. J’hochai de la tête.

-Oh boh, oui…

Grant aimait les cookies et les céréales. Il disait que les céréales c’était son repas préféré avec les pizzas. Je fis un beau sourire.

-J’aime trop les pizzas aussi.

Papa disait qu’on pourra manger ce qu’on voudra. Oh moi, j’allais manger les cookies. J’adoooooooore les cookies.

Papa proposa, ensuite, une activité et Grant été très content de l’activité. Oh boh, moi aussi. Et Sofia semblait contente aussi. Il y avait que Grant qui râlait sur l’endroit où on allait. Oh boh, il n’aime pas la rue ? C’est grand la rue pourtant. Elle ne finit jamais la rue. C’est plus grand qu’un jardin. Mais Grant préférait les jardin. Mais on avait que la rue. Oh boh… Sofia défendit la rue.

-Oui, la rue c’est trooooooop bien. Il y a plein de gens bien dans la rue et c’est très grand.

Grant me regarda bizarrement mais c’est pas grave. On finit par descendre dans la rue pour commencer à jouer. Seulement, Grant me mouilla avant qu’on commence le jeu.

Oh boh !

Il disait qu’il visait bien parce qu’il s’était entrainé avec son père. Papa parla de carabine à plomb mais Grant dit que c’était avec un vrai pistolet qu’il s’était entrainé. Je frémis me rappelant Paco.

-Les vrais pistolets ça fait mal…

Je n’aimais pas les pistolets… Les vrai. Moi, je préfère les pistolets à eau. Grant disait que je devais m’entrainer. Je fis une moue bizarre. Oh boh.

-Oh boh, j’ai pas trop le temps.

Oh boh non, je dois aller à l’école et en studio… Après ça je suis faaaaaaaaaaatigué.

Puis Sofia réussit à avoir Grant. Oh boh, j’osais pas vraiment rire. J’avais peur que Grant me fasse mal si je riais. Il était pas content et j’essayais de le toucher mais, boh, je savais pas trop bien viser.

Je regardais Grant et Sofia alors je vis pas que Papa me toucha. Je sentis mon t-shirt se mouillé et je tournai, d’un coup, mon regard sur Papa.

-Oh !

Il alla se cacher derrière un poteau alors que Grant et Sofia se tiraient dessus. Je m’approchai du poteau pour essayer d’avoir Papa mais j’y arrivais pas… Je finis par tourner autour pour le faire bouger avant de réussir à le mouiller un peu.

-Je t’ai eu !

Je rigolai et on joua un moment jusqu’à être tooooooooooooout mouillé et que le seau soit vide.

-Oh boh, c’était trop bien !

Tout le monde était content et on remonta dans l’appartement pour se sécher un peu. Moi, j’avais trop faim maintenant et on s’installa à table pendant que Papa faisait les cookies.

-Tu vas faire un autre album, bientôt, Jesse ?

C’est Sofia qui demanda ça et je lui souris.

-Oh boh, peut-être… Moi, j’ai des chansons.

Sofia sourit, elle semblait contente que je sortes peut-être un album.

-C’est cool d’avoir déjà un métier. Moi, plus tard, je veux être médecin. Je veux aider les gens de l’Eastside en les soignant comme le Docteur Carlotta.

Oh moi, j’aime beaucoup le Docteur Carlotta. Je fis un beau sourire à Sofia.

Je fixai Jack quand il dit qu’un fils ne devait pas payer pour les erreurs de son père. Je ne savais toujours pas quoi penser de mon père. Moi, je le détestais parce qu’il ne venait pas me chercher mais, en même temps, il m’avait appris beaucoup de chose.

-Mon père n’a rien fait.

C’est la justice qui l’a dit. Celle que Jordan aime beaucoup. Alors, moi, je pense qu’il est innocent si la justice l’a dit.

On parla de ce qu’il y avait à manger et Jack disait que j’aurais le choix. J’hochai de la tête avant de sourire quand Jack parla de l’activité qu’on allait faire. Ce qui m’ennuyait c’est que c’était dans un jardin mais ça ennuyait ni Sofia, ni Jesse. Je fixai Jesse qui disait que la rue c’est très grand.

-Et ça pue…

Oui, ça pue.

Mais on alla quand même dans la rue parce que Jesse avait pas de jardin. Moi, j’aurais préféré qu’on soit chez moi mais Sofia aurait pas pu venir chez moi.

Une fois dehors, je tirai sur Jesse. Il était pas prêt mais j’avais envie de faire ça. Je visais bien parce que je m’étais entrainer et quand Jack parla de carabine à plomb, je le fixai.

-Non. Avec un vrai pistolet.

Jesse disait que les vrais pistolets ça faisait mal. Je le fixai levant un sourcil. Oui. Ça fait mal. Mais c’est le but.

-Oui. Ça sert à ça. C’est pour défendre les gens.

Et Jesse devrait s’entrainer parce que c’est un looser. Mais il disait qu’il avait pas le temps. Moi, je savais que c’était une star. Ça m’énervait, d’ailleurs. Tout le monde aimait bien Jesse parce qu’il chantait. Moi, je trouve que ce qu’il fait est nul.

-Moi, je pense que tu peux trouver le temps. Moi, j’ai le temps pour l’école, pour la boxe, pour BSC, pour dessiner et pour venir ici.

Oui. On a le temps pour tout si on veut.

Après ça, Sofia me tira dessus. J’aimais pas trop ça mais ça la faisait rire alors je me pris au jeu en cherchant à l’avoir elle aussi. Après, je pris Jack comme cible et je ne le ratai pas une seule fois. Mais le plus mouillé c’était Jesse. Il touchait presque personne mais il était facile à avoir. Moi, je pense vraiment qu’il est nul.

Je souris parce que je m’étais bien amusé et on remonta dans l’appartement pour se sécher. On alla, ensuite, à table pour attendre les cookies. J’avais faim. Je voulais parler à Sofia mais elle parla à Jesse de ses albums. Je fis une moue que j’essayais de cacher mais j’y arrivais pas. Entendre parlé de la célébrité de Jesse, moi, j’aimais pas trop ça. Je m’en fichais s’il faisait plus jamais d’album.

Je ne dis rien me renfrognant un peu avant que Sofia ne dise qu’elle fera médecin plus tard.

-Moi, je vais faire Batman.

Et ça fit rire Jesse. D’un coup, comme ça. Je le foudroyai du regard.

-Moi, je vois pas pourquoi tu ris.

Il s’arrêta de rire d’un coup devant mon regard. Il mit ses mains devant sa bouche avant de les enlever.

-Oh boh… Moi, je croyais que Batman, c’est juste un super-heros… Moi, je savais pas que c’était un métier. Trop pardon.

Je le foudroyai toujours.

-Si ! Je vais protéger les gens en arrêtant les méchants.

Sofia sourit.

-Moi, je crois que L.A. a besoin d’un Batman. C’est bien que tu veux faire ça Grant. Tu pourras arrêter les gens qui font du mal et que les policiers ne savent pas avoir.

Je lui souris.

-Oui. Je ferais ça.

Je levai les yeux vers Jack.

-Et je continuerais à surveiller le parking et la porte de Jimmy. Jack… Moi, je t’aime bien maintenant. Et je veux être gentil avec toi. Toi, tu peux maintenant mettre ta voiture sur la place de parking avec le numéro de plaque 2RFI434. Si tu fais ça quand je suis là, personne ne dira rien, c’est promis.

Je lui fis un sourire sincère. C’est la place de Victor. Jack peut l’avoir.

Grant soutenait que son père n’avait rien fait. Et qui étais-je pour prétendre le contraire ? D’après les journaux, Ward Fleming avait été blanchi de toute accusation. Et j’avais foi en la justice. Alors je souris à Grant.

-En effet… Et je suis content pour toi.

Même si je pensais au fond de moi qu’on ne se retrouvait quand même pas devant un tribunal par hasard et en prison encore moins. Alors comment ça se faisait que Fleming ait pu être victime de cette erreur monumentale ? Je n’en savais rien mais j’espérais qu’un truc pareil ne m’arriverait jamais.

Jesse et Sofia étaient contents de pouvoir aller jouer dans la rue, mais Grant était apparemment habitué à avoir un jardin. J’avais vaguement compris qu’il était originaire du Maine, un endroit bien plus bucolique que L.A. Je pouvais comprendre. Mais finalement, l’enthousiasme des deux autres gagna et Grant se résigna.

Une fois dans la rue, le jeu débuta et Grant se vanta de s’être entraîné au tir avec son père. Et j’eus un frisson qui me parcouru le dos, probablement en même temps que Jesse, quand Grant déclara qu’il s’était entraîné avec une vraie arme. Jesse ne cacha pas ce qu’il en pensait… Mais leurs visions à tous les deux étaient bien différentes.

Pour Jesse, une arme était faite pour faire mal. Pour Grant, pour défendre les gens.

-Tant que c’est pour défendre. Après tout, ton tuteur en porte une tous les jours pour défendre les gens, effectivement.

Et j’eus un regard qui se voulait rassurant pour Jesse. Le jeu reprit après que les deux gamins aient comparé leurs emplois du temps… Jesse finit par être le plus trempé de nous tous, mais ses éclats de rire n’avaient pas de prix !

Grant aussi sembla s’éclater comme l’enfant qu’il était censé être, pour une fois.

Le jeu dura le temps que le seau se vide puis on reprit le chemin de l’appartement pour une collation bien méritée. On se sécha et puis les enfants s’installèrent autour de la table. J’y déposai la plat de cookies, mais aussi la boîte de Cap’n’Crunch et une grande bouteille de lait pour qu’ils puissent se faire leur goûter à leur aise.

J’écoutai attentivement leur conversation qui porta sur leurs futurs. Sofia trouvait ça bien que Jesse ait déjà un travail et déclara qu’elle voulait être médecin.

-C’est un beau projet, Sofia.

Mais quand Grant déclara que lui, il voulait être Batman, Jesse ne put se retenir de rire. Je le regardai d’un air un peu réprobateur.

-Jesse…

Il s’excusa alors que Grant le fusillait du regard. Mais Sofia calma directement le jeu. Je regardai Grant.

-C’est aussi un bel avenir que tu te réserve, Grant. Défendre les gens n’est pas donné à tout le monde, mais je pense que toi, tu as les capacités et la mentalité pour le faire.

Et je pensais surtout qu’avec le temps et en grandissant, ce rêve qu’il avait se changerait en une carrière de policier, comme son tuteur, ou de militaire.

Puis ce fut moi que Grant regarda, me faisant laisser mon cookie en suspens en entendant ce qu’il avait à dire.

Il me donnait un genre de… passe-droit… Je n’avais pas de place de parking attitrée chez BSC, je n’étais pas Daniele Ricci. Mais Grant m’en proposait une… Et je reconnus la plaque qu’il cita.

-Mais… C’est la plaque de Victor Hunter… C’est très gentil à toi, Grant et je suis vraiment touché.

Je souris, amusé.

-Mais je ne peux pas prendre la place de quelqu’un d’autre. Je ne savais même pas que Hunter avait une place.

Grant disait que son père avait rien fait. Oh boh, je crois que Livia pense pareil. Elle avait l’air de bien beaucoup l’aimer. Elle disait qu’il l’avait aidé quand elle était enlevée. Oh boh, peut-être que Grant et Livia ont raison.

On alla dehors pour jouer aux pistolets à eau. Moi, j’aimais bien ce jeu mais quand Grant disait qu’il utilisait des vraies armes, ça me fit faire une drôle de tête. Moi, j’aimais pas les vrais pistolets, parce que ça avait fait mal et tuer mes amis. Mais Grant disait que c’était pour protéger les gens. Oh boh… Papa confirma que des gens avaient des pistolets pour protéger les gens comme le tuteur de Grant qui était policier. Le tuteur de Grant, c’était l’Inspecteur Keller. Oh boh, il est gentil l’Inspecteur Keller…

-Oh boh, oui, ça aide à protéger les gens aussi.

Je crois… Oh boh…

Grant me trouvait nul parce qu’il disait que je devais m’entrainer. Oh boh, j’ai pas trop le temps. Sauf que Grant disait que j’avais le temps et j’ouvris de grands yeux quand il m’expliqua tout ce que, lui, il faisait. Oh boh…

-Oh ! Tu dois être faaaaaaaaaaaaatigué après tout ça.

On joua un moment avec les pistolets à eau jusqu’à être tout mouillés. Oh boh, ce n’était pas grave. Je m’étais troooop bien amusés. Et, maintenant, j’avais beaucoup faim ! Alors, on remonta dans la cuisine où Papa sortit les cookies et les céréales. Moi, je me servis un verre de lait et je pris un cookies avant que Sofia ne parle de ma musique. Oh boh, peut-être que j’en sortirais bientôt. Sofia, elle, elle disait qu’elle allait faire médecin comme le Docteur Spencer et le Docteur Carlotta. Je souris alors que Papa disait que c’était un beau projet.

Grant, lui, voulait faire Batman alors ça me fit rigoler. Grant aimait pas que je rigole et Papa non plus alors je mis mes mains devant ma bouche. Je les retirai pour m’expliquer :

-Oh boh… Moi, je croyais que Batman, c’est juste un super-heros… Moi, je savais pas que c’était un métier. Trop pardon.

Mais Grant voulait protéger les gens. Oh boh… A l’école, il ne protège personne. Il est plutôt méchant avec les autres alors, moi, j’étais trop trop perdu.

-Oh… Protéger c’est bien.

Papa trouvait ça bien aussi et Sofia aussi. Mais je ne dis rien parce que j’ avais peur que Grant me regarde encore de travers. Il parla, ensuite, à Papa pour lui dire qu’il pouvait avoir une place de parking chez BSC. Oh boh… Il aime bien Papa ? Oh… Comment Papa a fait pour que Grant l’aime bien ? Je comprenais rien…

Papa parla d’un Victor Hunter. Oh boh. Connait pas. Mais il voulait pas la place de parking ce qui contraria un peu Grant mais pas tellement parce que Papa voulait pas mais parce que Victor Hunter avait une place. Je bus tout mon lait… Puis, je trouvais le courage de parler de ce qui me faisait chauffer fort fort mon cerveau.

-Dis Grant… Tu aime bien Papa… Ça veut dire que tu m’ennuieras plus à l’école ? Et Alvaro ? Tu l’ennuieras plus non plus ? Moi, je n’aime pas quand tu es méchant avec moi…

Moi, j’expliquai que je m’entrainais avec mon père avec une vraie arme. Moi, ça me manque… Et je fis une tête bizarre quand Jesse dit qu’il aimait pas les armes parce qu’elles faisaient mal. Oui. C’est le but. C’est utile pour défendre. Jack, lui, comprenait. Il disait que même Jordan en portait une. J’hochai de la tête.

-Oui. Il en a besoin dans la rue.

Jesse semblait pas vouloir s’entrainer pour être meilleur à viser. Il disait qu’il avait beaucoup de choses à faire mais, moi, je pense qu’il est juste paresseux. C’est ce que disent les professeur à l’école. Que Jesse est paresseux. Il parait qu’il dort en classe parfois. Moi, je pense que c’est juste ça alors que je lui dis tout ce que je faisais, il dit que je devais être fatigué. Je levai un sourcil.

-Non. Pas du tout.

Moi, je suis pas un looser, minus.

On joua un moment au pistolet à eau et je pense bien que j’avais gagné parce que j’étais le moins mouillé. Jesse, lui, avait perdu. Il était très mouillé. On remonta pour se sécher avant de passer à table pour le goûter. Je me servis des Cap’N Crunch avant de verser le lait dans les céréales. Je commençai à manger quand Sofia s’adressa à Jesse pour parlé de sa musique. Puis, elle parla qu’elle allait devenir médecin alors que je dis que, moi, j’allais être Batman.

Ça fit rire Jesse mais, moi, ça me fit pas rire. Il n’y avait que Sofia et Jack qui comprenaient. Eux, ils étaient malin. Pas comme Jesse. Moi, j’avais envie de le frapper mais je le fis pas. Moi, je dois être gentil. Voir si Jimmy Reed à raison. Jack dit que ce n’était pas donné à tout le monde de défendre les autres.

-Non. Mais moi, je saurais faire ça. J’ai déjà protéger ma maison d’un voleur.

Je savais que Jack savait cette histoire parce que tout le monde en avait entendu parlé chez BSC. Et je commençais à bien aimer Jack alors je lui proposai de se mettre à la place de parking de Victor Hunter que je n’aimais pas. Il me remercia et je fis un sourire… Mais il refusa de s’y mettre parce que la place était à Victor. Je pris un air contrarié.

-Oui. Mais il la mérite pas. Moi, je comprends pas pourquoi on l’a récompensé alors qu’il suit pas les règles et qu’il se fiche de moi. Moi, je pense qu’on devrait le punir en faisant que tu ailles à sa place. Moi, je pense que tu ne devrais pas hésiter.

Oui. Je voulais ça.

Je mangeai une bouchée de céréales quand Jesse s’adressa alors à moi. Je tournai la tête vers lui la penchant légèrement sur le côté. Il me demanda si j’allais encore les ennuyer, lui et Alvaro, à l’école. Je plissai des yeux.

-Moi, je vous ennuyais parce que vous arrêter pas de rire de moi quand Guillermo m’ennuie. Vous faites tout ce que Guillermo dit. Je n’aime pas Guillermo. Et je n’aime pas qu’on se moque de moi. Moi, je veux juste la paix et jouer avec Sofia à l’école.

Oui. Je voulais ça. Je voulais pas entendre des loosers faire tout ce que Quinn faisait.

Sofia soupira me faisant tourner mon regard vers elle.

-Moi, j’aimerais bien que tout le monde soit ami. Je t’adore Grant. Mais j’aime aussi Jesse, Alvaro et Guillermo. Moi, je pense qu’on pourrait tous être amis.

Je plissai plus fort des yeux. Mon cœur battait vite. Je n’aimais pas ça. Je comprenais pas ce qui arrivait. Je n’aimais pas entendre que Sofia aimait bien les autres AUTANT que moi.

-Moi, je suis ton meilleur ami.

Elle sourit.

-Oui. Mais les autres aussi.

Mon poing se serra fort. J’étais tout contracté. J’essayais que les mots de Jimmy Reed reste dans ma tête. Moi, je dois être gentil.

Mais je n’étais pas content de ce que Sofia disait.

-Je veux être le seul !

Jesse ne savait pas où se mettre mais, moi, je faisais que regarder Sofia. Elle prit un air triste.

-Mais moi, je veux aussi jouer avec les autres sans que tout le monde se batte.

J’étais toujours contracté. Mais si  je tapais sur la table, j’allais être mis dehors et je ne pourrais plus venir voir Sofia ici.

Alors… Moi, je devais faire comme si ça m’allait tout ça. Mon regard s’adoucis mais le reste de mon corps était toujours contracté.

-Oui… Je comprends. Je me battrais plus… On pourra jouer tous ensemble.

Moi, je vais trouver un moyen pour que Sofia les déteste. Il faudra que je réfléchisse fort. Mais je devais faire ça pour qu’elle n’aime plus que moi. Je fixai Jesse.

-Moi, je dirais plus que tu es un looser. Mais je veux plus que tu te moques de moi.

Il approuva.

Bien

Nous étions rentrés dans l’appartement et les enfants entamèrent leur goûter. J’en profitai aussi en mangeant un cookie tout en écoutant leurs échanges. L’avenir semblait être leur souci principal. C’était assez drôle. Ils avaient encore le temps de profiter de leur enfance et pourtant, ce que chacun allait faire plus tard était au centre de leur préoccupation.

Je ne me rappelais plus si j’étais aussi soucieux de mon avenir quand j’avais leur âge. Peut-être. J’avais toujours été plutôt sérieux.

Grant voulait défendre les gens. Je voyais bien au visage de mon fils qu’il était perplexe là-dessus et ce n’était pas étonnant après tout ce qu’il m’avait raconté sur Grant. Mais ce dernier me rappela une anecdote qui avait fait beaucoup jaser chez BSC. Grant avait réussi à décourager un voleur… en lui tirant dessus. A partir de là, les rumeurs allaient bon train sur comment il s’était procuré une arme. Il y en avait qui pensaient qu’il avait pris l’arme de service de son tuteur. Moi, j’en doutais parce que Keller me semblait trop consciencieux à ce niveau pour la laisser trainer.

Mais bon.

-J’ai entendu parler de cette histoire. Heureusement qu’il ne t’est rien arrivé de mal.

Jesse, lui, s’était excusé d’avoir ri de Grant. Je lui avais servi un regard de gratitude. Il avait bien compris à quoi servait la manœuvre d’aujourd’hui.

Et ce fut là que Grant me fit une grande déclaration : il m’aimait bien ! Je le regardai un peu surpris avant de sourire. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il m’offre la place de parking de Victor Hunter. Je me remerciai pour ce geste, mais j’étais plutôt du genre à respecter les règles établies.

Il sembla contrarié, mais pas par mon refus. Non, s’il m’aimait bien, il semblait détester Victor Hunter.

Il pesta contre l’avocat de Jimmy Reed.

-Je ne sais pas pourquoi Jimmy Reed lui a donné une place, Grant. Mais peut-être qu’il attend quelque chose de Victor et qu’il lui a rendu ce service en échange.

On ne savait jamais ce qu’il se passait au sommet de la tour BSC.

Puis, Jesse amena les choses avec douceur et une certaine maturité qui me surpris. Il voulait comprendre Grant et aussi essayer d’aplanir les choses entre eux. Je souris, parce que c’était une  belle démarche et ses questions étaient pertinentes. Probablement que le problème allait se régler ici et maintenant, puisqu’ils semblaient tous deux déterminés à parler entre hommes.

Jesse voulait cesser d’avoir peur de Grant et Grant voulait que Jesse, Alvaro et Guillermo Quinn arrêtent de rire de lui.

Tout ça me semblait être du domaine du possible.

Je les laissai échanger sans intervenir. Sofia, elle aussi, donna son avis et je vis Grant se crisper brusquement. J’en avais mal pour lui et le regardai d’un air inquiet. Tout ça semblait le toucher beaucoup plus que ça ne l’aurait du.

Le problème était surtout que Grant voulais l’exclusivité de l’amitié de Sofia mais elle lui expliqua posément qu’ils pouvaient tous être ami. J’avais entendu dire que les filles étaient matures plus tôt que les garçons et j’en avais un bel exemple devant les yeux.

Je posai ma main sur l’épaule de Jesse qui se tortillait sur sa chaise à côté de moi, pour le rassurer. Mais finalement, Grant se calma… Et en vint à une conclusion plus que satisfaisante. Il ne se battrait plus. Ne dirait plus que Jesse est un loser. A condition que Jesse y mette aussi du sien.

Alors, j’ouvris la bouche.

-Ça me semble être un bon deal.

Je levai mon verre de lait.

-A votre nouvelle amitié. Qu’elle dure toujours.

Je fis un « o » avec ma bouche quand Grant dit qu’il avait protéger sa maison d’un voleur. Oh oui ? Il a fait ça ? Oh boh… Comment il a fait ? Papa disait qu’il avait entendu parlé de cette histoire. Moi, j’étais trop trop impressionné.

-Oh boh, c’est trop bien !

Oh boh… Les voleurs sont pas toujours méchants. Moi, j’ai été un voleur mais c’était pour des sous-sous pour acheter à manger. Mais je sais que certains voleurs sont méchants et font mal.

Puis, Grant avait parlé de parking et il disait qu’il aimait bien Papa. Je suivis la conversation passant mon regard de Papa à Grant. Apparemment, Grant aimait pas Victor Hunter. Il disait qu’il méritait pas sa place de parking. Oh boh… Papa lui, disait qu’il savait pas pourquoi Monsieur Jimmy avait donné une place à ce Victor. Moi, j’haussai des épaules.

-Monsieur Jimmy fait souvent des choses bizarres.

Oh boh, j’aime pas trop Monsieur Jimmy. Je le trouve pas tout trop gentil. Il a souvent été méchant avec moi. Puis, il a été méchant avec Alec aussi. Moi, j’aime bien Alec.

Puis, je posai une question à Grant. Moi, je voulais comprendre… Grant aimait bien Papa mais il nous ennuyait Alvaro et moi à l’école. Je voulais qu’il ne nous ennuie plus. Il dit qu’il nous ennuyait parce qu’on riait de lui… Oh boh… Moi, j’ai ri de lui parce que Guillermo disait que Grant était méchant et comme je l’avais vu être méchant avec mes amis, j’ai compris Guillermo. Je baissai des yeux un peu honteux que Papa entende ça.

-Oh boh… Tu t’es moqué de moi aussi… Mais… Moi, j’ai ri parce que tu étais méchant avec mes amis. Mais c’est mal de ce moquer, c’est vrai…

Mais pour Sofia, moi, je comprenais pas pourquoi Grant voulait trop pas qu’on joue avec elle. Sofia non plus… Elle disait qu’elle était amie avec nous tous et qu’elle voudrait qu’on s’entende tous. J’osais pas intervenir. Sofia parlait et finit par convaincre Grant. Moi, je pensais aussi qu’on pouvait avoir plusieurs amis. Moi, j’en avais plein plein.

Il me regarda et dit qu’il dira plus que je suis un looser. J’affichai un maigre sourire. C’est vrai ? Oh boh… J’hochai de la tête.

-D’accord. Moi, je me moquerais plus jamais de toi.

Jamais, jamais.

Papa disait que c’était un bon deal et il leva son verre. Je fis pareil en souriant.

Oh boh, j’espère que Papa avait raison et que ma nouvelle amitié avec Grant durera pour toujours !