Je pensais qu’elle ne viendrait pas… Mais elle est venue. Carrie avait décidé, à la dernière minute, d’aller à l’inauguration du yacht de Daniele Ricci. Moi qui pensait avoir une soirée tranquille, c’était raté.

Qu’est-ce qui l’avait fait changer d’avis ? La présence de Sniper, sans doute. Puis, elle avait déclaré avoir bien envie de rencontrer Samantha et se faire une idée d’elle. Elle disait que si elle venait, un jour, à hériter de MTI, elle devait mieux connaitre les managers qui y travaillaient…

Bref, Carrie allait venir et c’est pour ça qu’elle s’était mise à critiquer ma tenue. Elle pensait que j’allais foutre une chemise ou un costard mais j’avais opté pour un t-shirt et un gilet… On va à la plage, hein ! Pas à un gala ! On sera toujours bourré, de toute façon, à la fin ! Puis, depuis que Riley avait dit que j’avais l’air vieux, j’avais décidé de mettre tout ce qui était en mon pouvoir pour paraitre jeune ! Que ça plaise à la vieille Carrie ou non.

On s’était décidé de partir chacun de notre côté étant donné que j’allais sans doute ne pas revenir avant demain matin alors qu’elle, elle ne comptait pas faire long feu à la fête. Bien ! C’était déjà ça !

Du coup, j’étais arrivé un peu avant Carrie. J’avais du me garer loin sur la digue parce que le voiturier ne voulait pas que je me gare plus près sur les « places réservées »… Une vengeance de Ricci parce que j’avais réussi à obtenir une place de parking chez BSC ? Peut-être… Je méritais cette place ! J’étais l’avocat de Jimmy Reed ! Et puis, maintenant, je ne risquais plus d’être menacé par le psychopathe en culotte courte qui garde le parking.

J’étais entré sur la plage privée… Les paparazzi m’avaient ébloui mais c’était uniquement parce que j’étais suivi par Jessica Hill… Elle ne m’adressa pas la parole, d’ailleurs… Elle m’en voulait sûrement encore pour son portail, sa voiture et ses fleurs. Au passage, j’avais remarqué que Howard Stone était sur la liste noire ce qui m’avait fait ricaner. Stone avait bien montré qu’il détestait Jimmy Reed alors que supposait que c’était pour ça qu’il n’était pas le bienvenu.

C’est son problème. Pas le mien.

Moi, j’avais Carrie comme problème. Mais elle n’était pas encore là alors j’en avais profité pour m’envoyer une verre de whisky avant de trouver Willow sur mon chemin. Elle m’embrassa sur le coin des lèvres avant qu’on entre dans une grande conversation. Enfin, c’était surtout moi qui parlait. Elle, elle écoutait avec son petit sourire mutin.

Je m’arrêtai de parler quand Ricci fit son petit discours avant de continuer à causer. Je vis alors le sourire sur le visage de Willow s’effacer.

-Quoi ?

Elle ne me regardait plus… Alors c’est qu’elle avait sûrement un problème.

-Kate Julian est là…

C’est ce qu’elle souffla. Je fronçai les sourcils regardant vers là où elle regardait. Je découvris alors Kate Julian en train d’houspiller un serveur.

-Je croyais qu’elle était morte médiatiquement…

Je dis ça en faisant une petite moue. Je détestais Kate Julian. C’était la pire connasse de l’Univers. Willow fit la moue.

-Elle a dit une jour que j’étais refaite en plus d’être une mauvaise actrice.

Je levai un sourcil avant de regarder Willow d’un air surpris.

-Mais Willow… Tu es refaite…

Elle me foudroyage du regard avant de rouler des yeux.

-Tu sais que tu peux être un vrai connard quand tu veux… Bon ! Je vais me baigner… Tu me suis ?

Se baigner ? Elle se fiche de moi là ? Je grommelai :

-Non… L’eau est froide…

Elle haussa des épaules et me quitta pour rejoindre la mer où, déjà, certaines personnes se baignait. Je soupirai alors qu’un groupe sur scène commença à faire son show… C’était un groupe inconnu… Ils étaient nuls. Ricci aurait dû ouvrir sa scène qu’à des gens qualifiés pour.

Je repris un whisky et m’allumai une cigarette. Willow jouait au poisson. Peut-être que je pourrais trouver mieux qu’elle… Je jetai un œil vers Carrie. Elle discutait avec Samantha. Parfait. Je jetai ensuite un œil vers Ricci. Il était en pleine conversation avec le couple Reed mais aussi Livia et mon beau-frère. Livia était pas mal, tiens… Je devais p’t-être essayer mais m’est d’avis qu’elle va être difficile à obtenir en une seule soirée.

Je finis par m’approcher de la scène et je décidai de crier au groupe après leur première chanson :

-Vous êtes nul ! Faites de la place à des meilleurs que vous !

Ils ne semblaient pas très content et je roulai des yeux quand ils décidèrent de continuer quand même…

Ce soir, on allait s’éclater ! J’avais vraiment hâte ! Et en même temps, une part de moi était un peu stressée… Parce que ce soir allait être le soir de toutes les tentations ! L’alcool allait couler à flot et les membres de Roadtramp allaient être bourrés en même pas deux heures !

J’avais un peu peur de me retrouver comme un cheveu dans la soupe… Mais ça, ce n’était pas pire que le risque de retomber dans l’alcool en une seule soirée.

Du coup, j’étais vraiment content mais un peu nerveux. Et ça devait se voir parce que les gars arrêtaient pas de me taper amicalement sur l’épaule, comme pour me soutenir… Un soutien que je pourrais oublier dès qu’ils seraient en état d’ébriété avancée.

Bref, on se prépara… Daniele nous avait dit qu’il y aurait tout ce qu’il fallait pour brancher nos instruments sur place, mais on devait quand même prendre lesdits instruments avec. Du coup, c’était un peu comme si on partait en tournée… N’empêche qu’on eut du mal à tout caser dans la voiture. La batterie, fallait même pas y penser. Mais Daniele avait dit qu’il y en aurait une sur place et Clepto allait s’en contenter.

On se tassa dans la voiture à notre tour comme on pouvait, direction Sant Monica.

Les agents de sécurité chargés du parking nous guidèrent jusqu’à une zone réservée… Au départ, ils voulaient nous mettre assez loin mais j’avais ouvert ma vitre et leur avait expliqué qu’on avait les instruments à décharger et que ce serait sympa si on pouvait ne pas être trop loin. L’agent, qui m’avait reconnu, n’avait pas insisté et nous avait dirigé direct vers la zone VIP.

On avait pris les instruments et on les avait mis sous la protection de roadies de BSC derrière la scène, qui était vraiment super grande pour l’événement ! On était arrivé juste au moment où Daniele faisait son speech de bienvenue sur ladite scène et ça nous avait fait marrer.

Une fois délestés de nos instruments, nous étions allés sur la plage en quête de rafraîchissement et mes tripes m’avaient rappelé ma peur de replonger… C’était vraiment tentant ! Il y avait une myriade de serveurs qui gravitaient autour des invités et sincèrement… il n’y avait qu’à tendre la main. En plus, ça aurait été quand même plus agréable d’être légèrement joyeux, non ?

Non ! Il fallait que je pense à Lucky. Jamais perdre de vue Lucky !

Je me plantai devant la scène où un groupe était maintenant en train de se préparer. J’aurais bien été voir Daniele qui était juste près de l’escalier qui menait à la scène, mais les Reed avait fondu sur lui comme des oiseaux de proie… Bientôt rejoints par Olivia et son mari, Julian…

J’avais haussé les épaules pour moi tout seul en me disant que j’irais le voir plus tard, ce n’était pas grave.

Le groupe, totalement inconnu, se mit à jouer et j’observai leur technique… Ils étaient bons, mais n’inventaient rien. Je vis un serveur avec un plateau qui m’informa qu’il n’y avait pas de boisson non alcoolisée sur son plateau mais qu’il allait aller fissa me chercher un de leur meilleur cocktail sans alcool.

-Merci beaucoup.

Puis j’avais reporté mon attention sur le groupe, mains dans les poches… Quand un homme était sorti de la foule pour cracher sa haine sur le groupe qui le regarda en fronçant les sourcils, mais sans cesser de jouer.

Je reconnus alors Victor Hunter pour l’avoir croisé dans la tour BSC… Il était déjà bourré ? Sérieusement ? Ou juste odieux ?

Je parlai fort pour qu’il m’entende malgré la musique qui jouait fort.

-On ne peut pas dire qu’ils soient nuls… Pas innovant, mais pas nuls non plus…

Le serveur revint avec mon cocktail ultra coloré et surplombés de fruits empalés sur une brochette. Je m’approchai de Victor et lui tendis ma main libre.

-Eddy Cort… On s’est déjà croisés, mais on a pas eu l’occasion de se présenter vraiment.

Je m’amusais bien avec Willow mais fort était de constater qu’elle préférait largement aller jouer les poissons rouges dans l’eau. Je me demandais si Ricci avait le droit de perdre des gens dans la mer… Parce que le nombre de bourré qui allaient aller se baigner dans le noir allait être élevé à mesure que la soirée allait avancer.

Une chose est sûre, je ne ferais pas partie des disparus, hein ! Aucune envie d’aller dans la flotte. On est des êtres humains. On est pas fait pour aller dans l’eau sans dans celle d’une baignoire ou d’un jacuzzi !

Du coup, je m’étais dirigé vers la scène où un groupe d’inconnus s’efforçaient de montrer leur talent. Sauf qu’ils n’en avaient pas. Ils étaient nuls et je doutais que Ricci, qui semblait très occupé dans sa discussion avec Livia, Jimmy, Julian et Maritza, s’y intéresse, de toute façon. Parce que c’était bien pour ça que les inconnus tentaient leur chance ici…

Après la première chanson, je gueulais qu’ils devaient céder leur place. J’étais pas ici pour que mes oreilles saignent, hein ! J’étais ici pour m’amuser, écouter de la bonne musique et coucher avec des jolies filles. Seulement, le groupe me foudroya du regard avant de largement m’ignorer. Je fis la moue… Le respect est mort, on dirait bien…

J’entendis alors qu’on s’adressait à moi. Je me tournai vers la voix qui était celle d’Eddy Cort. J’esquissai un petit sourire. Je n’avais fait que croiser de nombreuses fois Eddy Cort sans jamais avoir eu le temps de lui parler. C’était dommage parce que j’adorais Roadtramp. C’était mon groupe préféré ! Un Cort qui défendait le groupe sur scène. Tiens, donc… Il disait qu’ils n’étaient pas innovant mais qu’ils n’étaient pas nuls non plus.

-Ah oui ? Moi, j’ai l’impression que le guitariste ne sait pas sortir une seule bonne note !

Je parlais assez fort alors qu’un serveur apporta un cocktail sans alcool à Cort. J’avais entendu des rumeurs comme quoi le chanteur ne buvait plus une seule goutte d’alcool. Je me demandais bien comment il allait survivre à une soirée pareille.

Quoi qu’il en soit, il se présenta. Je serrai sa main en souriant.

-En effet, on s’est croisés plusieurs fois. Victor Hunter. Je suis complètement fan de Roadtramp, tu sais ? Pour moi, vous êtes le meilleur groupe de la décennie.

J’étais sincère. Pour moi, il n’y avait pas mieux que Roadtramp. J’aimais aussi beaucoup Fireworks mais Roadtramp, c’était mon trip.

Je jetai un œil à son cocktail.

-Alors c’est vraiment vrai ce qu’on dit ? Tu as totalement sobre ? Ça ne doit pas être facile quand on est une rockstar… Je ne sais pas où tu tire ta motivation… Moi, je me vois mal aller à ce genre de fête et ne pas boire une goutte alors que tout le monde va commencer à boire tellement qu’il faut boire soi-même pour les comprendre…

Pour la première fois, j’avais l’occasion de discuter avec Victor Hunter que je ne connaissais que de vue et de réputation. C’était une sorte de Don Juan qui profitait de la tour BSC pour draguer le personnel féminin. Carla, la réceptionniste, en était folle dingue et ne parlait que de lui. Frances Page, par contre, ne pouvait pas le voir en peinture…

C’était le moment, peut-être, de me faire ma propre opinion sur l’avocat.

Il trouvait le groupe qui venait de monter sur scène nul… Et, c’était clair que ce n’était pas avec la chanson qu’ils jouaient là qu’ils allaient révolutionner le monde du rock, mais ça se laissait écouter quand même alors je trouvais que Victor était un peu dur.

Et je lui fis savoir, me rapprochant de lui par la même occasion, mon cocktail en main.

Il trouvait que le guitariste ne sortait aucune bonne note… J’écoutai vraiment attentivement quelques secondes, séparant mentalement la ligne de guitare du reste des instruments. Le guitariste jouait juste. Il avait même de la technique…

-Non, tout est bon. Il joue juste… Ce qu’il lui manque, c’est l’émotion. Sinon il a une très bonne technique…

Peut-être même plus que moi… Mais je savais qu’un musicien très doué pouvait ne jamais aller loin quand un musicien peut-être un peu moins doué mais qui y mettait toutes ses tripes avait la faculté de toucher les gens au plus profond de leur âme.

Bref, avec tout ça, j’en vins à me présenter à Victor qui me serra la main et affirma être un grand fan de Roadtramp.

Je souris jusqu’aux oreilles.

-Wow, le meilleur groupe de la décennie ? Carrément ! Je prends le compliment, c’est super sympa. Je le dirai aux autres, ça leur fera plaisir.

Je lâchai sa main et pris une gorgée de mon cocktail à la paille, grimaçant un peu tant c’était sucré. Mais ce n’était pas dégueulasse pour autant…

-Mais il y a d’autres groupes qui sont très bons aussi… The Lightening ou encore les derniers albums de Sniper… Tu ne les aimes pas ?

Son regard tomba sur mon cocktail et j’y remuai ma paille. Il se demandait comment je faisais pour tenir le coup… Je fis une pauvre grimace et grattai ma tête.

-Ben… J’espère ne pas replonger ce soir… Sincèrement ça me fout un peu les jetons parce que j’ai vraiment envie de boire un truc en me disant qu’un verre pourrait pas me faire de mal.

Je haussai les épaules.

-Quand ça me prend, je pense à mon fils. Ça aide beaucoup. Je sais que si je merde, je pourrai plus le voir alors…

Je souris à nouveau.

-Toi, tu es marié à Carrie Hughes, il parait. Je t’ai vu dans une de ses pubs à la télé.

Eddy Cort ne semblait absolument pas d’accord avec moi sur la qualité du groupe qui s’évertuait, je suppose, à s’attribuer un avenir. Pour le guitariste et chanteur de Roadtramp, le guitariste jouait juste mais il lui manquait l’émotion. Ah ! Tu vois qu’il est nul !

-La technique ne fait pas tout, loin de là. Sans l’émotion, ça ne sert à rien de faire de la musique. C’est l’émotion qui compte. Même un novice sait ça. C’est ce que je n’arrêtais pas de dire à Ben Masters quand je l’avais comme client…

J’étais, d’ailleurs, heureux de ne plus le compter parmi mes clients. Même si, j’avais désormais Zack McBride qui, à vrai dire, était encore pire ! Ben Masters ne se prenait pas pour de la merde mais McBride… C’est dix niveaux au-dessus.

Eddy Cort se présenta même s’il n’en avait pas besoin. Il était, désormais, bien connu. Je déclarai, d’ailleurs, être un grand fan de Roadtramp qui, pour moi, était le groupe le plus doué du moment. Ça semblait flatter Cort. J’esquissai un petit sourire.

-Tu peux leur dire. C’est sincère. Et, crois-moi, je suis difficile à satisfaire musicalement parlant.

Sûrement à cause de mes parents… Mes parents étaient le genre de gens à critiquer chaque œuvre artistique qui se trouvait devant leurs yeux. Ils étaient exigent au point où je me demandais parfois s’ils ne critiquaient pas pour critiquer… C’est sans doute grâce à eux que ma sœur à oser tenter sa chance dans une carrière de chanteuse. Parce que mes parents étaient de grands critiques… Mais quand il s’agissait de leurs enfants, c’était autre chose. Pour eux, Victoria était parfaite ! Elle ne faisait jamais de fausse note ! Elle les a cru et s’est lancée. Ça a fonctionné. Et ne voyez pas là la moindre jalousie de ma part. Mes parents n’ont cessé de me dire que j’était le plus intelligent du comté.

Bref, je m’égare encore, n’est-ce pas ?

Eddy Cort trouvait qu’il y avait d’autres très bons groupes. Il cita notamment, The Lightening et Sniper. Bien que Sniper n’était pas un groupe, je voyais l’idée.

-The Lightening, je n’aime pas plus que ça… La voix de Lighter, sans doute. On dirait un chat qui a la queue prise dans une porte. Dommage parce que j’aime les paroles de leurs chansons. Quant à Sniper, j’aimais bien quand c’était The Army… J’écoutais ça quand j’étais ado… Mais sans les autres, je trouve que ça a perdu un peu de saveur et que ça a un peu vieilli. Avis personnel, bien sûr. En dehors de Roadtramp, j’aime beaucoup Fireworks. Je trouve que c’est le meilleur de The Burning Fire.

Je remarquai alors qu’Eddy Cort était relégué aux cocktails sans alcool. La rumeur disait qu’il ne buvait plus. Si jeune et déjà si responsable… Il n’aura pas eu le temps de profiter de sa vie de rockstar, le pauvre. Même moi, j’aurais sans doute plus profité que lui alors que je ne suis même pas une rockstar.

Il déclara espérer de ne pas replonger ce soir. Je fis la moue en le regardant.

-Être sobre demande de la discipline…

Mais, visiblement, il avait une motivation et c’était son fils. Ah oui ! C’est vrai ! Eddy Cort avait un fils. Et, apparemment, s’il buvait la moindre goutte d’alcool, on le lui reprenait. Une femme était sans doute derrière cette menace.

-C’est ton ex qui t’a menacé ainsi ? Les femmes pensent toujours avoir un droit en plus sur les enfants alors que, sincèrement, ils se font à deux à part égale… Si jamais un jour tu veux un avocat, je veux bien t’aider, hein. A moitié prix.

Eddy Cort me questionna alors. Notamment sur Carrie Hughes. Oui. Hughes.

-Hunter… Carrie Hunter… Oui, je suis marié à cette…

Momie. J’esquissai un sourire en coin.

-Magnifique jeune femme.

Tu n’aurais peut-être pas dû rajouter « jeune », ça faisait trop ironique… Bon ! Quoi qu’il en soit, Cort avait vu la publicité où j’apparaissais ce qui me fit sourire.

-Tu l’as vu ? Je fais un bon acteur non ? D’ailleurs, je commence une carrière d’acteur en parallèle de celle d’avocat. Je vais bientôt tourner mon premier film avec le réalisateur Trevor Price. Tu sais, le vieux qui a lancé Jessica Hill…

Quand Jessica Hill a été lancé, pas sûr que Cort était né, mais bon… Je regardais autour de nous.

-Tu vas grimper sur scène ? Ou tu vas peut-être vouloir passer ta soirée à draguer, non ? Ce genre de soirée sert à ça… Si jamais tu dragues, je peux te dire les filles qui sont les plus faciles à avoir et celle qu’il faut un peu d’expérience pour les avoir.

Je rigolai…

-On est d’accord, là-dessus… L’émotion, c’est la base. Sinon, les chansons ne valent rien.

Du coup, est-ce que le groupe était nul ? Je frottai mon menton.

-Ils pourront toujours faire de bons musiciens de session…

Par contre, Victor était loin de trouver Roadtramp nul. On était même son groupe préféré et ça me flattait. Il ne fallait pas oublié que Victor avait grandi entouré de musique, même si lui-même était avocat. Donc, j’imaginais qu’il s’y connaissait un minimum.

En plus, il disait qu’il était difficile à satisfaire, musicalement parlant. Ce qui me faisait encore plus plaisir. Mais je me disais qu’on était quand même pas le meilleur groupe de L.A. Un des plus populaires, sûrement…

Du coup, je lui citai d’autres musiciens en vogue… Plus pour qu’il me fasse une comparaison et ce fut justement ce qu’il fit pendant que j’aspirais mon cocktail par la paille. Il n’aimait pas la voix de Lighter et préférai The Army à Sniper.

Par contre, il aimait bien Fireworks.

-C’est vrai que c’est un très bon groupe. Je suis d’accord pour dire qu’on y retrouve les bases de The Burning Fire. Mais j’aime surtout la voix d’Howard Stone. Qui aurait cru qu’il savait aussi bien chanter ?

Pendant toutes ses années avec The Burning Fire, il n’avait pas beaucoup chanté. Mais avec Fireworks, il nous donnait clairement matière à apprécier.

Mon cocktail intrigua alors Victor qui, comme tout le monde, avait su par la presse que j’étais désormais sobre. Un exercice difficile et qui l’était encore plus pendant ce genre d’événement. Comme on était tout près l’un de l’autre, je pouvais même sentir l’alcool dans l’haleine de Victor. Fort heureusement, ça ne me faisait pas envie… ça me rappelait trop de matin où je m’étais réveillé avec ce goût dans la bouche et un mal de crâne carabiné.

Je lui expliquai alors que ce qui me faisait tenir, c’était Lucky. Il en déduisit que Carolyn devait être là derrière et qu’il voulait bien me défendre en justice si j’en avais besoin.

-Ce n’est pas vraiment à cause de mon ex que je ne pourrai plus le voir… Enfin, en partie mais pas totalement. Si je replonge, j’aurai honte… Et puis je risquerais de me retrouver au Snow White et je ne peux pas voir mon fils au Snow White.

Heureusement, je n’avais pas vraiment été en désintox la première fois. J’avais eu droit à un coach personnel à la maison et ça m’avait bien aidé. J’avais pas envie de ruiner tout le travail qui avait été fait.

-Mais je penserai à toi si j’ai besoin… Même pour autre chose… Je sais où te trouver…

Je rigolai.

-Il parait que tu aimes bien distraire les filles à la tour.

Et ce alors qu’il était marié, comme je m’en rappelai… Mais j’eus le malheur d’appeler Carrie par son nom de jeune fille.

-Ah ben ouais… Hunter du coup. Désolé. Tout le monde l’appelle par son nom de jeune fille.

J’avais bien saisi la pointe d’ironie dans sa voix quand il avait dit qu’elle était jeune… Pas étonnant qu’il allait voir ailleurs… la pauvre femme.

Je lui fis remarquer que j’avais vu la publicité, de sa femme justement, pour les parfums, à la télé. Il sembla tout content que je l’ai reconnu.

-Bien sûr que je l’ai vue. Tout le monde l’a vue. Et ouais, t’es pas mal. Je pense que tu as le physique pour ce genre de truc. Après, être acteur, c’est pas seulement poser, je suppose. Si tu joues dans un film, je me réjouis de voir. C’est quoi comme film que tu vas faire avec Price ?

Puis je regardai la scène où Victor se demandait si j’allais monter.

-Bien sûr ! Nos instruments sont déjà en coulisses !

Mais je regardai à nouveau brusquement Victor quand il me proposa de rabattre des proies féminines pour moi. Parce que c’était vraiment ça qu’il proposait, hein…

-Oh… heu… ben… merci… Je… à vrai dire je n’ai pas… J’ai eu une tellement mauvaise expérience avec mon ex, même si on est super amis maintenant, que j’hésite vraiment à me relancer dans une relation… Même d’un soir…

Surtout d’un soir…

Enfin quelqu’un de d’accord avec moi ! Ça devient rare dans cette époque où tout le monde s’offusque à la moindre opinion tranchée ! Pour Cort, ça n’empêchera pas ces musiciens de devenir musiciens de sessions. J’haussai des épaules.

-Oui. Mais leur avenir en tant que groupe me semble compromis.

J’avais, par contre, loué le talent de Cort et ses amis. Roadtramp c’était tout autre chose ! De vrais artistes qui, eux, étaient doués. Eddy Cort semblait vraiment heureux de recevoir tant de compliments. Et il le pouvait ! Il n’était pas facile de me convaincre ! Pourtant, le jeune musicien restait modeste en citant d’autres groupes très bons. Mais, pour moi, ils étaient les meilleurs, point à la ligne.

J’avais tout de même avoué que Fireworks n’était pas mal non plus. Cort était d’accord avec moi et, pour cause, il ignorait que Stone savait chanter. J’haussai des épaules. Je crois que tout le monde a été surpris de ça.

-Je ne le savais pas non plus. Je te jure que quand il est complètement bourré et que c’est la fin de soirée, il chante très faux.

C’est les seuls fois où je l’avais entendu chanté avant la sortie du premier single de Firworks. Comme quoi, même ce qui vient du bas-fond de l’Eastside peut parfois être surprenant. Sans doute que la cigogne qui transportait Howard s’est égarée… Ou s’est crashée, je sais pas trop… Bref…

J’en vins à parler un peu plus de Cort qui suivait un régime alimentaire bien trop strict pour son âge et son statut. C’était triste de voir une rockstar réduit à boire des cocktails sans alcool à l’âge canonique de… Il a quel âge, Cort ? 23 ans ? Quelque chose comme ça… Si je compris qu’il voulait rester sobre pour son fils, j’avais, d’avance, condamné son ex à être responsable d’un chantage. Mais il ne la blâmait pas elle… C’était lui qui avait honte de lui quand il buvait.

-Tu te retrouverais au Snow White uniquement si tu le veux… Personne ne peut t’y forcer.

J’haussai des épaules.

-Mais bon… C’est ta vie… Si tu ne veux plus boire, c’est tout à ton honneur.

J’imagine… Moi, il était clair que je ne pourrais pas faire ça. Encore moins pour un rejeton. Je crois que je boirais encore plus pour m’en débarrasser.

J’avais tout de même donné mes services d’avocat à Cort. Et contrairement à Sniper, il ne cracha pas dessus. Je souris alors qu’il disait savoir où me trouver avant d’ajouter que j’aimais distraire les filles de la tour.

-Il faut bien qu’elle puisse souffler un peu dans leur travail, non ? Je suis là pour ça. Crois-moi, je suis leur meilleure distraction.

J’esquissai un petit sourire en coin. Vous savez qu’il y a pas mal de très bons placards dans la tour BSC ?

J’avais confirmé être le mari de Carrie Hunter que tout le monde appelait Hughes pour mon plus grand désespoir. D’ailleurs, Cort ne dérogeait pas à cette règle. Je fis la moue.

-Mouais… Sans doute parce que Hughes est une nom plus cher que Hunter.

Ça représente une plus grosse fortune, c’est ça que je voulais dire…

Mais je retrouvai mon sourire quand Cort confirma avoir vu la pub où j’apparaissais. Il m’avait même reconnu ce qui était une double victoire. Il me complimenta avant que je n’avoue avoir obtenu un rôle dans un film.

-Merci ! C’est un film d’action et d’aventure. Price n’a pas encore été très loquace sur le scénario mais il ne devrait pas tarder à me parvenir. C’est moi qui ai aidé Price à trouver l’actrice principale. Une inconnue qui va faire ses débuts dans le monde du cinéma. Tu verras ! Je n’ai rien à envier à Ian Hunter.

Eddy affirma que lui et son groupe allait grimper sur scène à un moment donné. Je souris.

-Super ! Ça remontera largement le niveau. J’ai hâte !

Je lui proposai, ensuite, de lui indiquer quelques filles qu’il pourrait draguer aujourd’hui. Il sembla surpris par ma proposition… Bah quoi ? Je veux aider, moi… Mais il disait avoir eu une trop mauvaise expérience que pour remettre le couvert. J’ouvris de grand yeux.

-A ton âge ?!!

Je ne savais pas ce que lui avait fait son ex mais elle semblait avoir complètement traumatisé ce pauvre Cort. Pourtant, il disait qu’ils étaient super amis… C’était à ne rien y comprendre…

Je fis la moue.

-Tu sais… La vie est faites de mauvaises expériences…

J’étais bien placé pour le savoir… Et si je m’étais arrêté à ma première horrible expérience, je ne serais pas ici ce soir…

-Mais si tu veux vivre des bonnes, il faut se lancer. C’est ce que j’ai appris. Tu ne vas pas t’abstenir jusqu’à la fin de tes jours par peur de vivre quelque chose de désagréable, si ? Lance-toi ! Essaye des coups d’un soir ! Tous ne peuvent pas se finir mal, Cort.

Je fis la moue… Je réfléchis quelques minutes avant de sourire.

-Ecoute… Je veux bien t’arranger un coup avec Willow Ford… Prends ça comme une marque d’amitié, ok ?  Oh et je vais te filer quelques conseils que j’ai pour ce genre de fête. Evite Jessica Hill et Kate Julian. Surtout Kate Julian. Elle, elle risque de détruire ta vie. Oh et surveille bien ton verre, même s’il est sans alcool, ok ? N’accepte jamais un verre venant d’un autre invité. JAMAIS. Ok ? Si tu ne veux pas Willow, je peux te trouver quelqu’un de plus jeune.

Hey ! J’aime bien Eddy Cort. Je veux lui éviter des désagréments.  

On était plus ou moins d’accord sur le groupe maintenant que j’avais ramené Victor à des propos plus nuancés. Ça avait pas l’air d’être un si mauvais gars malgré ce que pouvait en dire Frances. En réalité, il n’était pas beaucoup plus âgé que moi.

Et puis… C’était un fan…

Je rigolai quand il affirma qu’Howard Stone, complètement bourré, chantait extrêmement faux.

-Heureusement pour moi, je chante juste même bourré… Enfin, quand ça m’arrivait encore de l’être.

Justement, ce fut de ma sobriété qu’on discuta un peu. Victor se demandait comment j’y arrivais mais j’avais une bonne raison de tenir : Lucky. Mais il disait que personne ne pourrait me forcer à me séparer de mon fils pour aller en désintox.

Je grattai ma tête.

-C’est vrai… Personne sauf moi. Tu n’imagines pas combien l’alcool m’avait rendu détestable, sur la fin. Même si je suis sûr que mon couple aurait quand même périclité même sans ça.

Ouais, parce que le désaccord entre Carolyn et moi n’avait pas vraiment été l’alcool.

Je souris quand il déclara que ma décision était tout à mon honneur.

-Merci…

Il me fit rigoler quand il parla de se détendre au travail.

-Il y en a qui disent que tu te détends plus que tu ne travailles…

Et que je sache, Jimmy Reed n’avait pas vraiment d’ennuis judicaire en ce moment… ça se saurait, sinon.

On parla alors de la pub qu’il avait fait pour sa femme, me rappelant qu’elle s’appelait Hunter et non Hughes, une faute que tout le monde faisait. Mais il semblait quand même un peu résigné à ce niveau.

Bref, à part ça, Victor avait pour ambition de devenir acteur et serait apparemment à l’affiche du prochain film de Price. Un film qui recèlerait bien des surprises comme une nouvelle actrice mais sinon, il s’agissait d’un film d’action et d’aventure. Je sifflai d’admiration, n’écoutant désormais plus du tout le groupe sur scène.

-Je me réjouis de voir ! Si tu es meilleur que Ian en roi Damon, ça promet.

Quant à moi, je comptais bien monter sur scène avec mon groupe, mais plus tard. Et ça amena un beau sourire sur le visage de Victor.

-Ouais, j’ai hâte de monter sur scène. On a plus l’occasion de jouer dans les clubs de L.A. parce que… ben… Y a pas assez de place et ça amènerait trop de monde dans des endroits pas prévus pour…

Je haussai les épaules.

-Le succès a ses désavantages.

Puis Victor me proposa d’aller draguer mais… J’étais vraiment pas sûr de mon coup. Je n’étais pas vraiment chanceux en amour. Et Victor sembla vraiment outré qu’à mon âge, je sois aussi désabusé… Je passai une main timide dans mes cheveux.

-Ben… Ouais…

Mais selon l’avocat, je ne devais pas rester sur un échec. Je devais me lancer. Et si je n’étais pas trop sûr de moi, j’écoutai quand même les nombreux conseils de Victor qui promettait presque de m’amener Willow Ford sur un plateau… C’était vrai que Willow Ford était une très jolie fille… je dirais pas non…

Mais…

-Ok… Ok pour tout ça, Victor mais… Willow Ford… Elle… Elle fait ce qui faut pour avoir des coups d’un soir sans qu’il y ait de conséquence ? J’ai pas vraiment envie qu’elle vienne me trouver dans trois en me disant qu’elle est enceinte, si tu vois ce que je veux dire…

Cort avoua que, contrairement à Stone, il savait chanter même bourré. Bien que ça n’arrivait plus étant donné qu’Eddy était, désormais, sobre. Il le faisait pour son fils… C’est ce qu’il disait. Un fils qu’il avait peur de ne plus voir si jamais il devait entrer en désintox’… Seulement, seul lui pouvait décidé d’y aller ou non mais il semblerait qu’Eddy n’aimait pas son alter-ego bourré. J’haussai des épaules.

-Je te souhaite bon courage, en tout cas… Un enfant et être sobre, c’est deux défis que je ne saurais relever.

Surtout le môme ! Je ne veux pas de mômes ! Regardez Cort ! Avoir un monde ça change la vie et pas forcément pour le mieux. Renoncer à la fête à 24 ans, c’était d’une tristesse sans nom !

Mais j’avais dit que tout ça était à l’honneur de Cort avant que, sur une autre conversation, je ne clame que je détendais les réceptionnistes et autres secrétaires de BSC. Je ne pus m’empêcher de ricaner quand Cort prétendit que je me détendais plus que je ne travaillais.

-C’est un mythe. En réalité, je viens chez BSC pour me détendre mais mon bureau est chez moi. C’est là-bas que je bosse. Et j’ai beaucoup de clients ce qui fait que j’en fais quand même pas mal des heures sur une semaine. D’où le fait que je dois parfois me détendre. Tu n’imagines pas à quel point certaines de mes clients peuvent être fatigant.

Comme Zack McBride, par exemple !

Ce fut de moi qu’on parla, ensuite. De la pub où j’avais joué qui m’avait fait parlé du prochain film où j’apparaitrais. Ça semblait emballer Cort qui ne remettait pas en doute que je sois meilleur que mon infâme neveu. J’esquissai un petit sourire en coin.

-Ouais ! Tu ne seras pas déçu !

Cort confirma que Roadtramp allait montrer sur scène. Il disait ne pas avoir eu l’occasion de jouer dans des clubs de Los Angeles à cause de la foule que ramenait Roadtramp à chaque concert. J’esquissai un petit sourire.

-Chaque choses à ses désavantages. Je suis sûr que vous aurez bientôt une tournée.

J’incitai, ensuite, ce pauvre Edd Cort à aller draguer. Il en avait besoin mais il semblait avoir peur de tomber dans je ne sais quel piège tendu par une femme. Les mauvaises expériences pouvaient refroidir n’importe qui. Je savais de quoi je parle. Mais il fallait surmonter ça ! Après tout, Cort n’allait pas s’abstenir jusqu’à la fin de ses jours, si ? Putain, j’espère que non ! Le pauvre !

Je fus choqué de ce qu’il me disait mais je ne baissai pas les bras. Je lui proposai Willow sur un plateau. Je me l’étais réservée mais je pouvais bien faire ça pour Eddy Cort, non ? Au passage, je lui donnai aussi quelques conseils et tout mon discours sembla le convaincre. Sauf qu’il avait une interrogation qui me fit le regarder sans parler pendant quelques secondes.

Il avait peur d’avoir un autre môme le pauvre Cort. Je pouvais comprendre sa peur. Mais coucher était un risque à prendre. Je sais de quoi je parle !

-Et bien, je n’ai jamais eu le moindre problème avec Willow. Elle fait très attention. Elle sait que si elle tombe enceinte, bye bye la carrière d’actrice. Tu n’as rien a craindre. Puis… Si ça t’es déjà arriver une fois, le chance que ça t’arrive deux fois est très faible tu sais.

Sauf s’il a clairement la poisse. Dans ce cas.

-Tu ne risque rien avec Willow. Je vais t’arranger ça. Tu n’auras même pas à aller chercher après. Moi… J’en trouverais une autre. C’est pas le choix qui manque.

Oui, je ne m’en faisais pas pour moi.

-Je t’assure que Willow te réconciliera avec les filles d’un soir. Elle ne m’a jamais déçu.

Je lui tapai amicalement sur l’épaule un petit sourire aux lèvres.

Victor me souhaitait bonne chance avec ma sobriété et mon fils. Il disait être incapable de relever un tel défi. Je le regardai en souriant et haussai les épaules.

-Quand tu n’as pas le choix, t’as pas le choix…

Il était vrai que des fois, comme aujourd’hui, je regrettais d’avoir jeté ma jeunesse aux oubliettes. Mais ce que je ne regrettais jamais, c’était l’existence de Lucky, même s’il m’avait été clairement imposé. Alors… Quand on faisait le calcul…

Bref… De moi, on passa à Victor qui distrayait les secrétaires de chez BSC. A entendre les gens, on pouvait aisément croire que l’avocat ne travaillait jamais.

Mais il balaya cette rumeur en disant qu’en fait, il travaillait chez lui et qu’à la tour, il se détendait.

-Je vois… Mais pourquoi draguer chez BSC ?

J’avais fait une moue interrogatrice en lui posant la question. J’aurais jamais pensé à la tour pour draguer.

Il disait que certains de ses clients étaient fatigants…

-Ah ouais ? Il parait que tu défends Thomas Fleming, le serial killer… Pourquoi tu défends quelqu’un dont on est sûr qu’il est coupable ?

Il y avait largement assez de preuves pour qu’il écope de la peine de mort.

Mais Victor n’était pas que ça. C’était aussi un acteur en devenir. Je me réjouissais de voir, sincèrement. Il disait que je ne serais pas déçu et je souris. Quant à moi… Il était sûr que Roadtramp aurait une tournée bientôt.

J’aspirai un peu de liquide coloré et sucré.

-Ouais, c’est prévu.

Puis Victor me poussa à aller draguer. Mais j’hésitais… Je n’avais pas fait ce genre de chose depuis Carolyn et pour cause. Ce qui avait suivi n’avait pas été la meilleure période de ma vie. Et si j’étais ami avec Carolyn, ce n’était pas pour autant que je faisais confiance aux femmes. C’était plutôt l’inverse, désormais. Je m’en méfiais comme de la peste.

Alors je fus franc avec Victor, lui exposant sous forme d’une question un peu balbutiée, la peur qui me tiraillait.

Et ça sembla le surprendre.

Victor avait un argument de taille : contrairement à Carolyn qui n’avait été qu’une groupie prête à tout pour coucher avec une rockstar et qui pourrait bénéficier d’une grossesse, Willow Ford avait tout à perdre si elle tombait enceinte.

Je me frottai le menton, réfléchissant à l’idée. Son étude statistique, par contre, j’en étais sceptique… Mais quand il me tapa sur l’épaule, je souris.

-Ok, je veux bien essayer.

Je cherchai Willow Ford des yeux, sur la plage et la trouvai en train de parler à Jessica Hill.

-On y va ?

Je partis dans sa direction. Quand Jessica Hill me vit, elle sourit mais ce sourire disparut instantanément quand elle posa les yeux sur Victor. Elle chuchota quelque chose à Willow puis s’éclipsa avec un air hautain qui me fit lever un sourcil.

-Salut Willow… Je suis Eddy Cort. Victor m’a beaucoup parlé de toi.

Bon… Son fils semblait être le centre de son univers. Probablement une chose que je ne pourrais jamais comprendre. Carrie disait sans cesse qui se j’avais des enfants, je changerais d’avis sur la chose. Elle ne pouvait pas savoir à quel point elle se foutait le doigt dans l’œil.

Eddy Cort insinua que je ne travaillais pas beaucoup mais j’expliquais que mon lieu de travail n’était, en fait, pas BSC. Il se demanda alors pourquoi je draguais chez BSC. J’esquissai un petit sourire en coin.

-Parce que c’est rempli de femmes faciles. Puis, pour être tout à fait honnête, je ne drague pas que chez BSC. Je le fais chez MTI aussi. J’ai un passe-droit dans les deux tours. Sauf que, disons que chez MTI, je suis nettement plus discret.

Pour des raisons évidente, on va dire. Don Hughes n’a aucune idée que je venais draguer de temps à autre dans sa tour et dans ses studios.

-Puis chez BSC, j’ai le droit à une place de parking !

Oh que oui, j’adorais le dire à tout le monde, ça.

J’avais brièvement critiqué certains de mes clients et il semblerait qu’Eddy Cort soit au courant que je défendais Thomas Fleming. Sa question faisait sens mais, en même temps, ça voulait dire qu’il n’y connaissait pas grand-chose en criminalité.

-Oh, certes, ce bon vieux Tom est coupable… Mais uniquement de cinq meurtres. Il a déjà une peine de prison pour ça qu’il est en train de purger. Mon job, c’est de le défendre quand la police découvre un nouveau cadavre et que l’enquête aboutit au fait que c’est un cadavre laissé par Thomas. Il y en a eu un il y a quelques temps. J’ai réussi à lui éviter la peine de mort pour ce cadavre-là. Puis, il ne faut pas oublier qu’il est toujours vivant. En prison, certes, mais vivant. Et que s’il fait un crime en prison, je me dois de le défendre aussi. Dans mon métier on doit parfois défendre des personnes abjectes. C’est comme ça.

J’haussai des épaules.

-Mais soit sans crainte, ce bon vieux Tom ne sortira jamais. Il avait déjà été condamné à perpétuité avant même que je ne naisse, alors…

Moi, j’étais simplement là pour éviter que les dégâts ne soient pires. Car il est toujours possible de faire pire…

-Mais Thomas n’est pas le pire, hein ! Le pire c’est Zack McBride ! Un vrai emmerdeur ce type. Il a une tête plus grosse que la circonférence de Jupiter…

Je regrettais d’avoir accepté qu’il soit mon client… Sauf qu’il payait bien le McBride, alors… Je devais bien me l’encaisser. Sans doute qu’il devait se trouver quelque part ici ce soir. J’espérais simplement qu’il allait me foutre la paix !

Après ça on parla de Roadtramp qui, visiblement, prévoyait une tournée ce qui me réjouissait. Tout ça m’amena à proposer à Eddy Cort de se lâcher et d’aller draguer un peu. Il était réticent et m’en expliqua les raisons. Si je le trouvais un peu désabusé quand il expliqua ne pas vouloir draguer par peur de tomber sur la même expérience qu’il avait vécu, je pouvais comprendre qu’il redoute qu’un autre enfant naisse d’un coup d’un soir… Je ne connaissais pas les détails concernant son ex et son fils mais, apparemment, ça n’avait pas été de tout repos, tout ça.

Je lui avais proposé Willow et, comme j’étais un bon avocat, il finit par être convaincu par mes arguments. Et il était prêt à aller voir la jolie blonde qui avait terminé de jouer au poisson.

Je souris.

-Allons-y !

Je suivis Cort vers Willow qui causait avec cette vielle pie de Hill. Quand on arriva à la hauteur des deux femmes, je vis le sourire de Jessica disparaitre. Elle m’en veut toujours visiblement. Alors que j’ai tout payé, hein ! Elle fit une messe-basse à Willow avant de s’éloigner. Je sifflai devant l’attitude de Hill qui semblait être rancunière à souhait.

Cort, lui, se lança et se présenta à Willow. L’actrice sourit.

-Bonsoir, Eddy.

Son regard tomba sur moi alors qu’elle rigola un peu avant de reposer son regard sur Eddy.

-Ah oui ? Victor n’a pourtant pas l’habitude de parler de moi aux autres. Il préfère parler de lui, d’habitude. Je suis contente de te rencontrer Eddy. J’aime beaucoup Roadtramp. Vous avez quelques balades qui me plaisent beaucoup. Comme Never Cared.

Bon, accélérons les choses sinon, ça n’ira jamais.

-Eddy, ici présent, te trouve très jolie. Je ne peux pas le blâmer pour ça. Tu es probablement la plus jolie de cette plage.

Livia ne semble plus être sur cette plage alors techniquement, je me mens pas…

-N’est-ce pas Eddy ?

Il fallait qu’il fonce… Que ses intentions soient claires. Willow le regarda avec son petit sourire.

-C’est vrai, Eddy ?

Alors Victor ne draguait pas que chez BSC, mais chez MTI aussi. Il trouvait que les filles étaient belles à la tour. Je rigolai.

-Je crois que c’est une des conditions à leur engagement, tu sais…

Il se vanta aussi d’avoir une place de parking.

-Je sais… Le môme de la tour m’a proposé de me garer à ta place l’autre jour.

Et j’avais sérieusement hésité à me mettre dessus pour finalement trouver une meilleure place encore. Parce que Victor avait peut-être sa propre place, mais elle n’était pas au meilleur emplacement.

Quand je le lançai sur son travail et sur Thomas Fleming, il se lança dans une explication qui, je le crus, n’allait jamais finir. Tout ça pour me dire que c’était son job de défendre des gens abjects.

-Ouais… Tout le monde a le droit à une défense en justice, il parait.

Mais il se fit rassurant en disant que le serial killer, qui était déjà en prison depuis un bout de temps, ne sortirait jamais.

-Tant mieux !

Il me fit rire ensuite, détendant l’atmosphère, en disant que son pire client était Zack McBride. Je ne connaissais McBride que de réputation et celle-ci n’était pas des meilleures.

-En effet, bonne chance avec ça.

On passa au plan drague de Victor, nous éloignant de la scène après que j’aie exposé mes craintes à l’avocat. Je n’avais aucune envie de revivre ce que j’avais vécu avec Carolyn, non merci. Mais Victor avait réussi à me convaincre… Puis, j’étais un homme, j’avais des besoins que je ne pouvais pas contrôler et… Plus de deux ans, c’est long.

On alla donc à la rencontre de Willow Ford qui parlait avec Jessica Hill et était trempée… Son haut lui collait à la peau, dévoilant la forme de ses tétons qui avait durcis à cause de l’eau. Je rougis de l’avoir remarqué et me présentai.

Elle me salua à son tour et affirma que Victor parlait plutôt de lui en générale. Avant d’affirmer qu’elle aimait les balades de Roadtramp.

-Oh merci, c’est gentil… Et Victor a bien parlé de lui aussi… Pas vrai Victor ?

Je lui jetai un bref regard, cherchant son aide, un peu.

-Je vous ai vu tous les deux dans des pubs et toi, dans des films.

Et Victor de lancer que Willow était la plus jolie de la plage. Je souris et passai une main dans mes cheveux, un peu timide.

-Ouais, c’est vrai… Je… Je le pense vraiment. Et comme je ne bois pas et que je ne suis donc pas plein, ce ne sont pas des mots d’ivrogne.

Je passai ma langue sur mes lèvres, cherchant mes mots.

-Tu es venue seule ? Parce que sinon, ça me plairait bien de passer cette soirée avec toi.

-Mouais, tu as raison.

Il avait, en effet, raison, concernant les conditions d’engagements des femmes travaillant chez BSC. Jimmy Reed les voulaient jolies et compétentes. Mais surtout jolie ! Et je devais avouer qu’il ne me décevait pas à ce niveau.

Je m’étais vanté de ma place de parking et je fis la moue en découvrant que ce monstre de Grant Fleming proposait aux autres de se garer à MA place. C’était un petit enfoiré qui me faisait encore plus détester les enfants, si c’était possible…

-Ce petit monstre est la réincarnation du Diable…

Ou son descendant… Parce que c’est bien du Diable originel que je finis par parler en expliquant en long et en large ce que c’était d’être l’avocat du Boucher de Los Angeles. Eddy Cort semblait avoir bien compris que chacun avait le droit à une défense. C’était une condition pour que le monde ne parte pas en couille. Déjà qu’il a tendance à partir en couille avec ça, alors sans…

Mais bon, je rassurai quand même Eddy en confirmant que, jamais dans cette vie, Thomas Fleming ne sortira de prison. Il doit de toute façon purger une peine de prison à vie qu’il avait écopé avant ma naissance.

Ce qui nous avait tout naturellement mené à Zack McBride avant qu’on aille en quête de Willow car j’avais réussi à convaincre Eddy Cort de se détendre et d’essayer de se faire un coup d’un soir. Willow était la fille parfaite pour ce genre d’exercice. Et puis, ça permettra au chanteur de Roadtramp de retrouver le goût à la vie. Parce que se priver de ce genre de plaisir, c’était avoir perdu le goût de la vie !

On se dirigea, donc, vers Willow alors que Hill se pressa de la quitter en nous voyant arriver. Le regard qu’elle me lança était sans équivoque… Hill avait toujours une dent contre moi…

Cort se lança et Willow embraya complimentant le travail de Roadtramp. Elle était surprise que j’ai parlé d’elle… Je ricanai un peu quand Eddy Cort disait que j’avais tout de même parler de moi.

-Ce n’est pas ce qu’on fait quand on rencontre quelqu’un pour la première fois ?

Eddy me regarda et je vis dans son regard qu’il avait besoin d’aide. Mais comme il s’en sortait bien, je le laissais encore parler et dire qu’il nous avait tout le deux vu dans la pub de Carrie et qu’il avait vu Willow dans des films. Normal, elle est actrice, Cort… Willow sourit.

-Difficile de rater cette pub… Elle passe tout le temps… Carrie a mis les moyens et Sniper fait vendre.

Nous aussi, Willow, on fait vendre, hein ! Je suis sûr que tout le monde ne se rince pas l’œil sur l’ancêtre…

Je finis par venir en aide à Cort en vantant ce que Willow avait de mieux : son irrésistible (et un peu refait..) physique. Cort confirma qu’il pensait réellement qu’elle était jolie confirmant que tout ça n’était pas des mots d’ivrognes ce qui fit rigoler Willow.

-Je le vois bien. Je sais reconnaitre quelqu’un d’éméché. Merci, Eddy, c’est très gentil.

Elle lui fit un petit regard dont seul elle avait le secret avant que Cort ne se lance carrément. Comme quoi, il savait quand même prendre des risques ! Willow avait toujours son petit sourire.

-Oui, je suis venue seule… Et…

Elle me regarda… Je savais ce qu’elle cherchait… Mon autorisation. Parce qu’on s’était donné le mot pour se retrouver plus tard. Mais je voulais faire un cadeau à Cort alors j’hochai de la tête pour lui montrer qu’elle pouvait se dévouer à Cort pour ce soir. Ce qui… La fis sourire d’un grand sourire ! Je ne sais pas comment je dois le prendre…

-Avec plaisir, Eddy !

Elle lui donna son bras avant de lancer :

-J’ai hâte de mieux te connaitre.

Mouais… J’avais réussi mon coup… Je n’avais plus rien à faire ici… Je fixai le nouveau couple d’un soir.

-Bon et bien, je vous laisse alors…

Je tapai sur l’épaule de Cort.

-Amuse-toi bien, Eddy ! Mais n’oublie quand même pas de grimper sur scène…

Je les laissais alors tout les deux avant de m’éloigner étant donné que, maintenant, je devais trouver une autre proie…

Je rigolai un peu quand Victor affirma que Grant était la réincarnation du Diable.

-Ça dépend avec qui… Avec moi, ça va…

On conversa encore un peu jusqu’à ce que Victor me propose de me présenter Willow qui pourrait être un excellent coup d’un soir pour moi. J’hésitai d’abord un peu, mais l’avocat fini par me convaincre (c’était probablement un très bon avocat)…

On alla donc à la rencontre de Willow et je me présentai, un peu timidement, avant de me lancer. En la voyant, je réalisais combien j’avais envie, au moins, d’une compagnie féminine pour ce soir. Au pire, on passerait une bonne soirée ensemble et au mieux, on se retrouverait au lit ensemble.

Qu’est-ce que j’avais à perdre ? Rien.

Personne ne m’empêchait de profiter de ce plaisir-là. Seul l’alcool m’était interdit.

Je déclarai l’avoir vu dans la pub de Carrie, à l’instar de Victor. Elle affirma qu’on ne pouvait pas rater cette pub et que la femme de Victor y avait mis les moyens.

-C’est vrai. Esthétiquement parlant, c’est très recherché.

Je me tournai vers Victor.

-Tu féliciteras ta femme pour moi.

Willow, elle, accepta mes compliments et, après avoir jeté un coup d’œil à Victor que je traduisis  comme une demande d’autorisation qui m’étonna un peu (Willow ne pouvait-elle faire ce qu’elle voulait ?), elle me donna son bras et j’y enroulai le mien avec un sourire béat.

J’étais prêt à parier que j’étais tout rouge !

-Moi aussi je veux mieux te connaître.

Victor choisit ce moment pour s’éclipser.

-Ok… A plus tard peut-être et… Merci.

Puis je souris à Willow.

-Tu veux voir le bateau ?

Elle acquiesça et nous nous dirigeâmes vers la nouvelle acquisition de mon manager.