-Han… C’est sérieux, ça ?

C’est ce que j’m’exclamai tout haut devant l’affiche accrochée à la barrière qui séparait le commun des mortels de la p’tite fête de Ricci. Y’avait mon nom dessus… Mais sur la liste noire. Et l’pire c’est que j’étais le seul sur cette liste noire… Genre… J’suis l’seul type que Ricci déteste ?

Semblerait que ouais…

J’étais venu pour participer à la fête. Voir des gens que j’aime bien… Sortir un p’tit peu de ma villa alors que Pen et Phénix étaient chez mes parents. Mais voilà que j’remarquais que j’pouvais pas. Han… C’est vraiment pas cool.

Mais bon, j’ai pas vraiment dit mon dernier mot. Tous plein de gens que j’aimais bien allait être ici ce soir. Pas question que j’aille me faire chier seul ailleurs.

Alors, j’me dirigeai quand même vers l’entrée qui donnait accès à la plage privée mais y’avait une espèce de gros gorille qui me barra l’accès alors que, juste devant moi, des inconnus avaient pu entrer… Enfin, z’étaient inconnus de moi mais bon…

-Désolé Monsieur Stone… Vous ne pouvez pas entrer.

J’levai un sourcil.

-Bah… J’suis pas Monsieur Stone, moi. En réalité, j’suis Leonardo Ricci… Le cousin au troisième degré de Daniele… Va être triste s’il me voit pas arrivé, le pauvre Dany.

Le gorille semblait pas aimer mon p’tit manège parce qu’il me regardait avec un air sévère.

Vraiment pas cool…

-Allez-vous-en ou je vous reconduis moi-même à votre voiture.

J’pris un air triste et poussai un long soupire.

-Ok… J’me casse. T’façon, les fêtes chez Ricci, elles sont nulles en général.

J’tournai les talons sortant de la plage en réfléchissant un p’tit peu… La plage privée est pas si p’tite… Doit y’avoir un moyen d’entrer.

J’fis donc le tour au-delà des barrière mais un large côté de la plage était barré par des rochers escarpés… Bon… Fait nuit… On me verra pas passer par les rochers, si ?

On va voir… J’me mis à m’avancer et descendre doucement à travers ces foutus rochers… La descente était pas facile, hein… Mais bon, c’était pas assez raide que pour que je tente pas le coup.

Et, finalement, après une laborieuse descente où j’devais faire méga attention à pas me faire repérer, j’réussis à atteindre la plage.

Maintenant, restait plus qu’à habilement éviter Ricci qui, pour l’instant, faisait son p’tit discours sur scène.

Moi, j’m’avançai un p’tit peu pour aller faucher un verre de… J’sais pas quoi… Restait plus qu’à trouver des visages amis maintenant. En gros, pas quelqu’un qui allait m’cafter à l’autre Ricci.

J’étais vraiment étonné… Et dans un autre sens, pas vraiment… Quand je m’étais présenté à l’entrée de la plage privée de Daniele Ricci pour participer à la fête en espérant glaner des informations croustillantes pour des articles, je ne m’étais pas fait jeter. Ce qui voulait dire que le manager italien voulait de la publicité sur cet événement, bonne ou mauvaise.

Et le moins qu’on puisse dire, c’était que Daniele avait mis les petits plats dans les grands ! Les serveurs étaient légion, tant sur la plage que sur le pont du magnifique bateau qu’il s’était offert. Il y avait une scène et vu la qualité du son que des amplis diffusaient, tout le matériel était nouveau ! Il y avait des lasers, des spots…

Bref, c’était une fête de luxe, encore mieux que tout ce que j’avais déjà pu voir à la villa Ricci.

J’étais arrivé juste au moment o ù Daniele monta sur la scène pour y faire son petit discours d’inauguration. Alors la scène était là pour tout qui voulait s’y produire ? Intelligent… Très intelligent.

Pour l’instant, ça diffusait du Roadtramp à fond la caisse, mais je ne doutais pas que le groupe serait là pour cet événement important et qu’ils se produiraient sur scène pour un public… Trié sur le volet ? Je ne savais pas… J’avais bien remarqué que les gorilles à l’entrée scrutaient les gens mais ils ne recalaient personne, d’après ce que j’avais vu jusqu’ici.

Je pris une coupe de champagne sur un plateau qui passait et y goûtai, en appréciant le goût… Ce n’était pas de la mauvaise qualité, que du contraire !

Je me faufilai entre les gens, repérant mes futures proies… Il y avait là deux tiers du Golden Triplet, Jessica Hill et Kate Julian. Mais aussi des managers de chez BSC et bien sûr, Jimmy Reed…

Il y avait de quoi faire. Cette fête n’allait pas se dérouler sans que l’un ou l’autre ne fasse des frasques.

Il suffisait d’attendre que l’abus d’alcool fasse son effet.

Il faisait déjà nuit et les effets de lumière étaient impressionnants ! Je me perdis dans ma contemplation, marchant le nez en l’air et, évidemment, je finis par entrer en collision avec quelqu’un.

-Et merde ! Désolé !

J’avais renversé un peu de mon verre sur la personne qui, je m’en rendis compte assez vite était…

-Howard ! Ça va ?

Il était échevelé, débraillé…

-D’où tu sors comme ça ? On dirait que Kate Julian vient de te mettre le grappin dessus…

Je regardai les alentours.

-David n’est pas avec toi ?

Fallait que j’reste sur mes gardes… Si jamais une allié de Ricci ou Ricci lui-même me repérait, j’allais vite voir le gros gorille de l’entrée venir me foutre dehors sans ménagement. J’avais envie de profiter un p’tit peu de la fête avant que ça arrive.

J’regardai autour de moi essayant d’être super discret même si j’avais quand même pris un verre d’alcool. J’crois que c’était une sorte de cocktail… J’en bus une gorgée avant de grimacer tellement c’était méga sucré. P’tain !!! C’est interdit aux enfants mais ils ont des cocktails pour enfants… C’est super bizarre…

J’larguai mon verre à moitié rempli sur un plateau pour prendre un de whisky. Les serveurs que j’avais croisé m’avait bien vu mais ils semblaient pas déterminé à appeler la sécurité. C’était cool de leur part…

Mon regard tomber sur les autres gens qui s’était amené dans ce tout nouveau lieu de débauche. Y’avais pas vraiment de tête amie, là… J’vis Jimmy Reed avec sa femme ce qui me fit m’éloigner de lui pour éviter qu’il me voit. J’vis aussi Jessica Hill qui était une garce… Bref… Pas de visages amis.

Et j’regardais tellement ailleurs qu’on me rentra dedans.

Han… Merde…

Le type s’excusa et, j’avais de la chance, parce que c’était Amon. J’pris un air surpris. Les journalistes pouvaient venir, eux ? P’taaaaaain… C’est d’la triche.

-Oh ! Momon…

L’avait renversé sur moi et j’fis une moue triste en regardant mon t-shirt un p’tit peu mouillé.

-Pas cool, vieux… J’ai pas d’autre t-shirt, ici, moi…

Il demanda si j’allais bien. J’le fixai sans savoir très bien si j’étais encore dans une phrase ou j’lui en voulais ou non. Dans le doute, j’me dis qu’un allié ici me fera pas de mal. J’haussai nonchalamment des épaule.

-Ça va… Et toi ? J’savais pas que les journalistes pouvaient venir ici…

Il se demandait si Kate Julian m’avait mis le grappin dessus. J’pris un air choqué. Naaaaaaaaaaaaaan. Jamais dans cette vie, j’laisserais cette grosse pute de Kate Julian m’approcher. C’est un monstre qui a bien failli détruire la vie d’une de mes meilleurs amis.

-Naaaaaaaaaaaan. Kate Julian m’approchera jamais. Elle devrait être en prison, cette pute.

Ouais. Elle devrait.

J’bus mon whisky d’un coup alors qu’Amon demanda si David était avec moi.

-Non. L’est à ma villa. Maintenant, va p’t-être venir, qui sait ? Il sait que je suis ici.

Amon était grand alors il me cachait des gens aux alentours ce qui était plutôt pratique.

-Si j’ai l’air aussi essoufflé et débraillé c’est parce que je suis entré par les rochers là-bas…

J’montrai les rochers du doigt.

-Tu as pas vu l’affiche à l’entrée ? J’suis sur la liste noire. Et j’suis le seul dessus, en plus… Mais j’avais quand même envie de venir alors me voilà. J’compte m’amuser puis, quand j’en aurais marre de la fête, j’compte grimper sur scène pour chanter mes deux dernières chansons avant d’me faire virer par le gros gorilles qui garde cet endroit. J’trouve ça cool comme plan, tu trouves pas ?

J’esquissai un sourire en coin assez satisfait de mon plan.

-Ainsi t’auras des trucs à écrire.

Je souris quand Howard m’appela « Momon »… Si je ne savais plus très bien si nous étions amis ou ennemis, l’emploi de mon surnom me rassura d’emblée. Surtout que, même si on s’était rentrés dedans, Howard n’avait pas encore l’air dans un état d’ébriété avancé, ce qui n’était pas plus mal. S’il ne m’en voulait plus alors qu’il avait toutes ses facultés, je pouvais compter sur un ami joyeux pour le reste de la soirée.

Cela dit, il protesta un peu pour son t-shirt, parce qu’il n’en avait pas de rechange.

-T’en fait pas… Il ne se passera pas une heure sans que des invités ne commencent à abandonner leurs vêtements un peu partout. Tu pourras en voler un.

Je pris une gorgée de ce qu’il restait de mon champagne alors que Howard m’assurait qu’il allait bien mais s’étonnait que les journalistes ne soient pas interdits d’entrée.

-J’ai été le premier surpris. Je m’attendais à me faire recaler, mais non.

Par contre, je me demandais bien ce que mon ami avait fait pour être aussi débraillé… Et ma comparaison avec un piège de Kate Julian ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Howard affirma que jamais il ne tomberait dans ses filets  et ajouta que la place du mannequin était en prison.

Je haussai les épaules.

-Pas faute d’avoir essayé de l’enfoncer à coup d’articles. Mais ils faut croire que tous les plus grands enfoirés s’en sortent toujours.

Je lui demandai alors si David, son claviériste et ami, était avec lui. Il s’avéra que non. Je regardai autour de nous… le bruit, les lumières, l’alcool…

-Il a bien fait de rester à la maison… Je ne sais pas si c’est un bon environnement pour lui.

Et David lui-même devait le savoir, vu qu’il n’était pas là. Mais je me demandais quand même bien comment il avait géré sa « première » carrière avec The Burning Fire et toutes les fêtes que ça impliquait. En vrai, je me demandais même comment il faisait pour supporter d’être sur scène… Son cerveau devait être conditionné pour certaines circonstances.

Bref, Howard m’expliqua pourquoi il était dans cet téta presque lamentable. J’avais envie de lui remettre ses vêtements en place. Un tic que je devais tenir de ma mère. Je me rappelais encore, bien que vaguement, comment elle m’arrangeait mes vêtements quand j’étais petit.

Mais quand il me pointa la pente rocheuse qui protégeait la plage et le yacht, je tombai presque sur le cul.

-Tu as escaladé ?! Sérieusement, Howard ? Tout ça pour une fête ?

Et il m’expliqua qu’il y avait une affiche à l’entrée. Je regardai vers ladite entrée avant de me retourner vers le batteur.

-Je n’ai pas vu l’affiche… Mais en effet les gardes à l’entrée semblent scanner tout ce qui bouge…

Je pris un air espiègle en entendant son plan et… un peu sceptique aussi.

-Tu crois vraiment que tu auras le temps de faire tes deux chansons ? Ils ne t’en laisseront pas terminer une…

Je souris plus franchement.

-Mais rappelle-toi que tu viens de m’autoriser d’écrire là-dessus.

Pas qu’il vienne pleurer après.

Je repérai un agent de la sécurité qui regardait dans notre direction et je passai directement un bras autour des épaules d’Howard.

-Eloignons-nous d’ici… On est trop près des entrées… Si tu veux que ça dure, il va falloir te montrer discret.

Je l’entrainai un peu plus près du bateau.

-Tu as déjà eu l’occasion de monter dedans ?

Amon disait que j’pourrais voler un t-shirt bientôt vu que les gens tarderont pas à abandonner leurs vêtements partout. Ouais… C’est clair qu’avec la mer juste à côté, ça allait sans doute pas tarder.

-Ouais, j’ferais ça. T’façon, tout l’monde est riche ici et j’ai pas vraiment de remords à voler les riches.

J’suis riche aussi mais j’savais pas pourquoi j’m’identifiais toujours comme un pauvre. Sûrement que, même riche, j’avais été, pendant de nombreuses années, complètement endetté.

Amon avait pu entrer ici. Ça l’étonnait un p’tit peu d’avoir pu passer. Moi, j’fis la moue car je trouvais un peu injuste qu’un type comme Amon puisse entrer ici alors que moi, non. Ok… Ricci et moi on s’aimait pas. Et j’avais emmerdé son pote, Reed. Mais que je sache, plein d’autres gens ici n’aiment pas Ricci et inversement, non ? Mais ils peuvent quand même s’amener.  

Amon pensait que Kate Julian m’était passé dessus mais ce n’était pas le cas. Et ça ne sera jamais le cas. Je trouvais que la place de Kate était dans une prison et Amon semblait un p’tit peu d’accord avec ça. Il disait qu’il avait essayé de l’enfoncer à travers ses articles. J’ricanai un p’tit peu à son observation.

-J’te le fais pas dire… Et plus ce sont des enfoirés, plus ils peuvent faire de gros crimes sans s’faire avoir.

Comme Reed… C’était le pire ici. Personne savait qu’il était chef des Los Diablos et toute ses conneries. Si j’avais pas eu les jumeaux et que Peyton serait quand même morte, j’crois que j’aurais tout déballé… Mais là… J’pouvais tout simplement pas. J’savais ce qui m’attendait si j’faisais ça. Reed allait m’détruire.

Amon demanda si David était là et j’dis que non. D’après lui, il valait mieux. J’regardais autour de nous.

-Non… C’est pas très bon pour lui. Mais j’sais qu’il peut y survivre. L’a déjà fait. Faut pas oublié qu’il a fait des tournées avec The Burning Fire et qu’il en est sorti vivant.

David était pas si faible.

J’expliquai à Amon comment j’avais réussi à entrer ici. Ça n’avait pas été évident mais un p’tit peu de détermination m’avait permis de faire mon chemin à travers les rochers. Ça semblait étonner Amon. J’haussai des épaules.

-Bah ouais… J’voulais voir le yacht… Puis, j’m’emmerdais et j’savais que j’trouverais, ici, des amis à moi. J’ai plein d’amis, t’sais.

Mais bon, y’avait pas mal d’ennemis à moi ici, aussi, et, à part Amon, j’avais vu que des ennemis.

Amon avait pas vu l’affiche à l’entrée mais confirma que la sécurité veillait au grain.

-Il m’a recalé, le gorille, à l’entrée. Tout ça parce que je suis Howard Stone. J’trouve ça méga raciste. J’savais que Ricci m’en voulait mais j’pensais pas qu’il m’en voulait à ce point…

J’avais expliqué mon plan mais Amon semblait pas sûre que j’puisse faire mes deux chanson. J’esquissai un p’tit sourire en coin.

-Tu crois ? Moi, j’pense que j’aurais le temps. T’sais, on crois que j’suis stupide mais c’est pas le cas. Si Ricci m’fait virer alors que j’suis sur scène avant que j’ai pu faire une seule chanson, ça va pas être forcément bien vu justement parce que des gens comme toi pourront rapporter la chose et qu’il le sait. L’attendra que j’sois descendu de la scène pour me virer… J’parie tout mon argent là-dessus.

J’souris en hochant de la tête quand Amon disait que j’devais me rappeler que j’l’avais autorisé à écrire là-dessus.

-Ouais. J’m’en rappellerais.

Amon nous éloigna de l’entrée et j’hochai de la tête alors qu’il nous emmena près du bateau. Il demanda si j’avais déjà eu l’occasion de grimper dedans.

-Non. Mais j’suis venu ici un p’tit peu pour ça alors, allons-y !

J’regardais autour de nous. Personne semblait prêter attention à nous alors on entra dans l’bateau. Ricci était à l’extérieur de toute façon. L’bateau était super grand. J’regardais autour de moi… C’était méga luxueux.

-P’tain, s’emmerde pas le Ricci…

On arriva dans un espèce de grand salon. Y’avait des gens, ici… Des serveurs aussi. J’demandai de la vodka. On me servit de la vodka. Tout l’monde semblait pris dans leur conversation.

On traversa le salon pour s’retrouver sur le pont sur une sorte d’abri là où y’avait encore personne.

-Pas évident quand faut rester sur ses gardes… Heureusement, y’a de la vodka… P’tain, si ça tombe, Hank est même pas venu… C’est méga nul. J’vais être comme toi… M’promener ici sans avoir d’amis.

Je rigolai quand Howard fit une déclaration digne de Robin des Bois. Bon, un Robin des Bois qui avait une villa à Beverly Hills, mais bon… Je comprenais l’idée. Mais en attendant que les invités se mettent à se dévêtir, il devrait garder son t-shirt au champagne.

En parlant de Kate Julian, je fis ressortir le côté révolutionnaire d’Howard qui disait que les plus gros poissons échappaient toujours à la justice. Je hochai la tête.

-C’est vrai… Regarde Ward Fleming… Il s’en est sorti aussi… Ce n’est pas toujours qu’une question de richesse, faut croire.

Je demandai alors si David était de la fête, constatant quand même que cet environnement n’était peut-être pas le meilleur pour le claviériste. Mais Howard m’affirma que David pouvait quand même survivre à ce genre de fête. Son expérience avec The Burning Fire n’était pas à négliger.

-Ouais, c’était ce que j’étais en train de me dire.

Et Howard de m’expliquer comment il avait réussi à passer malgré la vigilance de la sécurité. Il avait carrément traversé à travers les rochers ! Alors soit il manquait vraiment de fêtes, soit il voulait vraiment emmerder Ricci par sa présence.

Et connaissant Howard, ça devait être un peu de deux.

Je souris… Il voulait voir le yacht, selon lui… Et ses amis aussi. Des amis qu’il avait en nombre. Je regardai autour de nous…

-Je ne vois pas Hank North… Mais Sniper devrait être de la partie, non ? Il est de chez BSC, après tout et c’est le bateau de son manager qu’on inaugure.

Howard trouvait ça raciste qu’on l’ait viré parce qu’il était Howard Stone. Je rigolai un peu parce que le terme était pas du tout approprié mais encore une fois, je comprenais l’idée.

Je haussai les épaules et pris une gorgée de champagne.

-Il devrait te laisser entrer maintenant que t’es chez BSC. Mais peut-être qu’il t’en veux pour ce que tu as dit sur Reed.

Howard n’y était pas allé de main morte et en plus, il avait récidivé plusieurs fois. Et je savais qu’il n’en avait pas fini avec le boss de BSC.

Selon Howard, il aurait le temps de faire ses deux chansons avant d’être jeté dehors. Parce que Ricci tiendrait à son image et ne voudrait pas voir sa fête d’inauguration entachée par ça… Je me frottai le menton, réfléchissant à ça…

-C’est pas faux… On verra bien. Mais j’ai hâte de t’entendre en tout cas.

Après que Howard m’ai juré de se rappeler qu’il m’avait autorisé à écrire sur lui, on alla vers le yacht. Daniele Ricci était sur la plage en compagnie de Jimmy et Maritza Reed et semblait tout accaparé par le couple toujours très glamour.

Et le yacht valait le détour ! Une fois à l’intérieur, je sifflai d’admiration ! On pouvait littéralement vivre sur ce bateau ! Howard commanda une vodka et je commandai un autre champagne. On eu nos boissons en main avant de dire « ouf ».

On traversa le salon pour nous retrouver dans un endroit un peu plus isolé du bateau où on avait pas à tendre l’oreille et à avoir des yeux partout.

-Tu crois que c’est le genre d’Hank, ces fêtes ? Je sais qu’il y a participé avant, mais pas systématiquement. Et lui qui sortait peu, c’est encore pire depuis qu’il est marié et a des enfants.

Je souris.

-Mais moi aussi, j’ai des amis et même plus que ça ! N’oublie pas que Sonne est la secrétaire de Daniele Ricci. Je suppose qu’elle viendra… Et je te garantis que je vais en profiter !

Sur la scène en contre-bas du bateau, un groupe inconnu s’installait afin de se produire.

-Vivement Roadtramp… J’espère qu’ils vont jouer. Et Sniper aussi.

J’frissonnais un p’tit peu quand Amon parla de Ward… Chaque fois que j’entendais son nom, j’pouvais pas m’empêcher de me rappeler ce qu’il m’avait fait. J’savais toujours pas comment il avait fait pour s’en sortir.

-J’sais pas comment Ward a fait… Tout ce que j’espère c’est plus jamais l’revoir.

On parla un p’tit peu de David que j’pensais bien qu’il fallait pas trop sous-estimer. L’avait de l’expérience en matière de fête. C’était difficile pour lui mais il savait y survivre. Bien que j’pensais bien que quand il avait le choix, il préférait pas venir.

J’expliqua alors être entré par les rochers parce que j’étais exclus de cette fête. J’disais que j’espérais y retrouver certains de mes amis. Amon regard alors autour de nous. Hank semblait pas être là mais il disait que Sniper sera p’t-être de la partie. J’souris.

-Cool. J’adore Snip’. C’est un brave type. Il sait remonter le moral aux gens.

En attendant, j’déclarai tout haut que c’était un p’tit peu raciste de pas me permette d’entrer. Ça étonnait Amon que j’sois sur la liste noire. Moi, ça m’étonnait pas tellement, en fait. Amon pensait que l’simple fait que j’sois chez BSC me donnait un accès. J’haussai des épaules.

-Bah… Disons que, ouais, il m’en veut pour Reed, j’pense. Mais aussi parce que j’fais des duos avec ses artistes sans passer par la hiérarchie. J’les enregistre avant que quiconque le demande à Ricci alors, voilà. J’crois qu’il pense que j’le fais exprès.

J’fixai Amon.

-Et j’crois qu’il a en partie raison… Même si, à la base, y’a pas de mauvaises intentions. C’est juste de l’art. J’ai de l’inspiration et voilà.

J’haussai des épaules. Ricci devrait pas m’en vouloir pour ça… Après tout, ça lui rapporte aussi, non ?

J’avais expliqué mon plan à Amon et j’pensais bien que j’aurais le temps de faire mes deux chansons. J’savais que Ricci tenait à son image et virer Howard Stone comme un malpropre, ça le faisait pas, si ? Amon disait qu’on verrait bien. J’hochai de la tête.

-Ouais… On verra.

On s’en alla alors vers le yacht qui était super grand et super luxueux. On s’pris des verres avant d’aller à un endroit plus isolé du bateau. Là, j’déclarai que se s’cacher était pas tellement évident avant d’râler un peu qu’Hank sera p’t-être pas là… Amon disait qu’Hank était une sorte de reclus et que ça devait être pire maintenant qu’il était marié et qu’il avait des enfants. J’fis la moue, fronçant les sourcils…

-Ouais… Mais Hank et Bailey savaient faire la fête avant. J’ai des enfants aussi, ça m’empêche pas de faire la fête. Ils n’ont pas que moi comme famille. Mes parents ont été content de les avoir pour ce soir et ça m’arrangeait. Hank a aussi des parents, non ? Pfff…

Amon disait avoir des amis et il parla de son amante qui était la secrétaire de Ricci et la femme d’Axel Moriarty. J’rigolai un p’tit peu.

-T’as d’la chance toi… Moi, j’la trouve un peu trop guindée, Sonne…

Et moi ? J’pourrais aussi m’amuser ainsi. J’avais encore mon alliance au doigt. J’comptais pas m’en séparer mais… J’pouvais, désormais, coucher avec qui je voulais. Peyton n’allait jamais revenir… J’devais m’y faire… J’devais avancer sans l’oublier pour autant… P’t-être que j’devrais en profiter à cette fête.

Un groupe s’installa sur la scène. J’les connaissais pas… Amon, lui, était pressé de voir Roadtramp et Snip’.

-Ouais… Mais des nouveaux artistes c’est cool aussi, vieux. Ça fait de nouveaux amis.

Mon regard se perdis un peu partout. Ricci était sur la plage. J’le voyais d’ici. L’était là avec les Reed et…

-Livia… L’est là…

J’la regardai un moment avant de me tourner vers Amon.

-J’devrais p’t-être aller draguer…

C’est quoi cette association d’idée ?

-Tu m’conseille qui, Momon, toi qui es journaliste people et qui connait toute les stars en vogue ?

Parce que j’avais aucune foutue idée de qui draguer.

Ouais… Howard avait raison : personne ne savait vraiment comment Ward Fleming s’en était sorti. Mais comme lui, j’espérais ne jamais le revoir. Un désir que je pouvais me foutre au cul ! Parce que je n’arrêterais pas la boxe… Et Ward non plus.

Je soupirai, un peu désespéré.

-Ne viens plus à la salle de sport alors…

Puis notre conversation versa sur David qui n’était pas là… Puis, sur un sujet plus léger à savoir qui de nos amis seraient présents à cette fête. Et parmi les plus gentils de la terre, on pouvait compter Sniper. J’avais toujours beaucoup aimé The Army, mais même seul, le chanteur faisait de la très bonne musique. Ses paroles étaient fortes.

Mais le plus important, comme le souligna Howard, c’était que Sniper était une foutue crème incapable d’en vouloir à qui que ce soit. Pourtant, il aurait pu m’en vouloir… J’avais écrit des articles pas toujours très sympas sur lui alors qu’il était déjà à terre, bouffé par la solitude et l’alcoolisme.

Mais je regardai Howard, un peu curieux.

-Tu as besoin qu’on te remonte le moral ?

C’était ce qu’il venait de dire, non ? D’une façon détournée, un peu, mais bon. Puis ma question, même si c’était une vraie question, ne se posait pas : la mort de Peyton était encore récente et ça devait être dur pour lui.

Howard était sur la liste noire de cette soirée et probablement de toutes les soirées à venir qu’organiserait Ricci. J’en profitai pour lui demander d’éclaircir un peu sa relation avec l’Italien. Il y avait un peu du fait qu’il fustigeait Reed à tout bout de champ… Mais surtout, Howard en respectait pas la hiérarchie de BSC et travaillait avec d’autres artistes sans demander les autorisations à qui de droit.

Je souris.

-C’est cette spontanéité qui font les meilleurs duos, je pense. Regarde le duo qu’ont fait Livia et Finan Quinn dernièrement… Ça n’a pas eu le succès escompté et pourtant, ils avaient tout fait dans les règles de l’art, via leurs managers…

Je haussai les épaules.

-Les meilleurs trucs sont ceux qui viennent des tripes, sans réfléchir. Tu ne le fais pas exprès. Tu as toujours été un artiste dans l’âme.

Après tout… Ne l’avais-je pas repéré, pour Timmy, parce qu’il avait boxé en rythme ?

Il semblait quand même triste de ne pas voir plus de visages amis… Je sentais qu’il était déçu qu’Hank North et sa femme ne soient pas présents. Je jouai la carte de la famille, mais Howard soutenait que ce n’était pas une excuse. Selon lui, l’acteur pouvait refiler ses enfants à ses parents pour un soir.

-C’est vrai qu’Hank était un plus gros sorteur avant. Mais ça lui attirait aussi pas mal d’ennuis. Il était du genre bagarreur. Avec des gosses à charge, je sais pas s’il peut se permettre encore de déconner. Surtout qu’il est en sursis pour la justice.

Nous étions maintenant installés à l’intérieur du yacht, avec la vue sur la plage d’où on pouvait surveiller la position de Ricci et de quiconque aurait été cafter la présence d’Howard à l’Italien.

Mais par-dessus tout, je cherchais Sonne des yeux. Elle devait être là. Elle ne pouvait pas rater l’événement. Howard, lui, trouvait Sonne guindée. Mon regard revint sur lui, mais mon sourire amoureux était pour Sonne.

-Si tu la trouves guindée, c’est que tu ne la connais pas comme je la connais. Elle se donne un genre pour coller à l’univers d’Axel. Mais en réalité, elle a des désirs plus simples qu’il n’y parait.

Howard repéra alors la jeune Livia et je suivis son regard. Le groupe de Ricci s’était encore agrandi, accueillant maintenant la chanteuse et son jeune mari. Mais je me retournai brusquement vers le batteur quand, sautant du coq à l’âne (ou pas ?) il déclara qu’il devait aller draguer.

Je fronçai les sourcils.

-Livia est un peu jeune et très mariée, non ?

Je fis la moue, pensant à Sonne et Axel.

-Bon, ok la seconde raison n’est pas bonne… Mais… C’est la fille de Reed…

Alors il me demanda qui il devait aller draguer. Je parcourus la plage du regard pour trouver l’inspiration et la trouvai assez facilement.

-Willow Ford. Essaye Willow Ford. Elle ne cherche pas d’engagement sérieux et ton seul concurrent vraiment gênant ne sera que le frère de Victoria Hunter…

Sur ce, je vidai ma coupe, attendant de voir ce qu’il en pensait.

J’pris un air triste quand Amon disait que j’devais plus venir à la salle de sport si j’voulais pas voir Ward… C’était dingue… C’est moi qui devait me priver de salle de sport parce que ce foutu psychopathe était libre.

C’est pas juste.

On parla, ensuite, de David et de Snip’. J’trouvais Snip’ vraiment cool. C’était un vrai ami. C’est ce que j’dis à Amon avant qu’il ne me demande si j’avais besoin qu’on me remonte le morale. J’levai un sourcil le fixant.

-A ton avis ? Ma femme est morte, j’te rappelle… C’était y’a trois mois mais, pour moi, c’est comme si c’était y’a une semaine, hein.

J’expliquai, ensuite, les probables raisons de pourquoi j’étais sur la liste noire de Ricci. J’pensais bien que c’était à la fois à cause de ma haine envers Reed que pour le fait que je faisais des duos avec ses protégés. Mais j’étais un artiste. L’inspiration ça se commande pas. Elle vient, c’est tout. Même si, bizarrement, elle me vient souvent quand j’suis en compagnie des protégés de Ricci. Particulièrement Evan et Livia… J’sais pas pourquoi. C’est comme ça. C’est la faute de la vie.

Mais Amon, lui, il trouvait, comme moi, que la spontanéité faisait les meilleurs duos. Il démontra sa pensée avec le single que Livia avait fait avec Finan qui n’avait pas fait l’unanimité. J’esquissai un p’tit sourire quand Amon déclara que j’avais toujours été un artiste dans l’âme.

-C’est ce que j’fais de mieux. Mais ouais… J’suis d’accord avec toi. C’est mieux quand c’est pas commandé. Mais les managers comprennent pas ça… Pour eux, faut toujours passer par eux. Ils nous voient comme des produits, j’pense… Des machines à fric. J’dis pas que j’pourrais m’en sortir sans un manager mais j’trouve que certains prennent trop d’place.

Comme Ricci… Limite, Timmy avait des défaut mais il s’mettait pas en avant comme Ricci.

J’étais un p’tit peu déçu de pas voir Hank à cette fête… Amon remit ça sur sa vie de famille mais moi, j’me rappelle très bien qu’Hank, avant, savait faire la fête. Bailey aussi ! Alors, ils pouvaient faire un p’tit effort, non ?

Il disait que Hank pouvait pas s’attirer d’ennuis avec sa condamnation. J’soupirai.

-Encore une injustice. L’a jamais frappé Kate. C’est elle la grosse pute. Et Hank sait s’tenir… P’t-être même qu’il saura mieux s’tenir que moi.

Kate, elle, était ici… C’est p’t-être pour ça qu’Hank s’est pas pointé. J’soupirai.

-Donc, Hank est pas là mais Kate, oui… J’continue à dire que la vie est méga injuste.

Amon était quasi sûr que son amante sera à la p’tite fête. Moi, j’trouvais que Sonne était un p’tit peu guindée. Elle avait l’air d’une riche aristocrate. Mais Amon disait que, en réalité, l’était pas comme ça. Elle était comme ça que quand elle était avec son mari, Axel… J’fis la moue.

-C’est un p’tit peu naze de devoir constamment jouer un rôle pour entré dans le p’tit monde guindé de quelqu’un… Moi, j’me comporte dans la jet-set comme j’me comportais dans l’Eastside. En fait, y’a pas vraiment de différence entre la jet-set et l’Eastside. Y’a des bourrés, des drogués et des désespérés dépressif dans les deux. La différence c’est l’argent et nombre de peinture que les gens s’mette sur la tronche pour aller au fête… J’plains Sonne… J’crois qu’elle serait plus heureuse si elle quittait se gros naze d’Axel Moriarty.

J’regardai les gens sur la plage à l’instar d’Amon qui devait sans doute chercher sa Sonne. Et moi, c’est Livia que j’vis… Et j’fis une drôle d’association d’idée parce que j’annonçai que j’devais p’t-être draguer… Du coup, Amon crut que j’voulais draguer Livia. Il la trouvait trop jeune pour moi… Et trop mariée. J’levai un sourcils faisant une p’tite moue. Il s’tapait une femme mariée, non ? Si ! Du coup, il se reprit un p’tit peu pour paraitre moins hypocrite. A la place, il déclara que c’était la fille de Reed.

-Et moi le fils de June Stone… C’est pas pour ça que j’suis comme elle, hein. Livia est pas comme son père. Puis… J’ai pas dit que j’allais la draguer, elle, hein. Mon cerveau a juste des idées qui fusent comme ça mais ça avait rien n’à voir avec Livia. Et quand tu dis qu’elle est jeune… T’insinue que j’suis vieux ? Tout l’monde sait que Livia est plus mature que moi, t’façon, donc, l’âge compte pas vraiment. Ça a choqué personne quand Hank s’est mis avec Bailey… Mais moi avec Livia, ça choquerait ? J’veux pas coucher avec Livia de tout façon…

Pas sûr que tout ce que j'disais était vraiment cohérent… Alors, j’décidai de changer presque de sujet en laissant Amon me proposer des femmes à draguer. Il réfléchit alors que j’sirotais ma vodka. Il lâcha le nom de Willow Ford… J’connaissais Willow. Je m’étais déjà fait Willow plusieurs fois… Mais ça remontait à longtemps. L’était gentille, Willow. Et jolie aussi. Amon avança que mon seul concurrent serait Victor Hunter.

J’cherchai Willow du regard… J’finis par la trouver. L’était avec ledit Victor. Lui aussi j’le connaissais assez bien. J’fis la moue.

-J’aime bien Willow… L’est cool. Mais Victor est déjà dessus. Et s’il me voit et qu’il comprend que j’suis une menace pour lui, il va m’cafter. Victor est cool, parfois. Il sait faire la fête. Mais a d’autres moments, il peut être un vrai gros connard.

Du coup, j’m’entendais bien avec lui… Mais à méga p’tite dose. Parce qu’il pouvait se transformer en connard n’importe quand.

J’réfléchis quelques minutes.

-Mais j’crois que c’est un bon défi… Va pour Willow. Hunter, m’verra pas venir. L’aura qu’à se contenter d’une vieille. L’aime ça, après tout.

L’est marié à Carrie Hughes, non ?

J’souris à Amon en lui tapant amicalement sur l’épaule.

-Bon chance avec Sonne. J’viens de la voir sur la plage. L’est avec son mari. Toi aussi t’as un défi en vue. A plus, mon pote. On s’revoit plus tard.

Ma question était débile, c’était vrai. Je ne savais pas ce que c’était de perdre son épouse… Mais ça ne devait pas être facile et on ne s’en remettait certainement pas en trois mois.

Je baissai un peu les yeux.

-Ouais, c’est vrai… Désolé…

Notre discussion allait bon train… En même temps, ça faisait un bon moment qu’on ne s’était pas vu. Howard était sur la liste noire de cette soirée et ne pouvait donc, théoriquement, pas entrer. Je me posai la question de savoir pourquoi mais il y avait plusieurs raisons, dont les duos que Howard faisait dans le dos de Ricci, avec ses poulains.

Je protestai en disant que les chansons spontanées étaient les meilleures. Et mon ami était d’accord avec moi.

Il disait que les managers les voyaient comme des produits, des machines à fric.

-J’ai fait une interview de Ricci, il y a longtemps, où il a clairement dit qu’il voulait faire de Roadtramp une machine à fric.

C’était même sur la couverture du magazine, à l’époque.

Puis on chercha nos amis dans la foule qui était de plus en plus dense sur la plage. Je me demandais combien de temps Howard allait pouvoir passer inaperçu là-dedans. Mais du coup, on constata, Howard avec désespoir, qu’Hank North n’était pas là et ne se pointerait probablement pas de la soirée.

Ce qui nous amena à parler d’une autre injustice : Kate Julian était là, mais pas North. C’était vrai que c’était un peu dégueulasse si c’était la présence du mannequin qui empêchait Hank de venir s’amuser ici.

-Je ne te le fait pas dire.

Par contre, Sonne serait plus que certainement de la partie. J’espérais en mon for intérieur qu’elle aurait laissé son mari à la maison avec les enfants. Ce serait vraiment cool ! Mais je verrais ça plus tard. En attendant, je défendis mon amante auprès d’Howard qui la trouvait guindée. Mais du coup, Howard trouvait ça dommage qu’elle ait à jouer un rôle. Que lui ne jouait pas.

-Je sais… Mais qu’est-ce que tu veux… ? C’est la société qui veut ça. Daniele n’aurait pas engagé une secrétaire qui se comporte comme une danseuse de cabaret.

Pour le dire poliment… Parce que Sonne, à la base, était une danseuse du Golden Nipples Club…

Je ricanai quand Howard ajouta qu’elle serait plus heureuse si elle quittait Moriarty…

-Le jour où ça arrivera, je serai le premier dans la file pour prendre le relais.

Mais… étais-je vraiment prêt à sacrifier ma liberté, que mon statut d’amant préservait, pour vivre une histoire d’amour avec Sonne ? Quelque chose d’officiel ? Rien n’était moins sûr.

Le cerveau d’Howard fit alors une drôle d’association d’idée avec la jeune Livia. Je le mis en garde en lui disant que non seulement elle était jeune, mais qu’en plus, c’était la fille de Reed… Et Howard se lança dans une défense qui… n’avait rien de cohérent… Enfin si… mais c’était brouillon. Je l’écoutai en regardant son verre de vodka. Il avait peut-être déjà bu avant d’arriver ici.

-Je ne dis pas que tu es vieux… Ni que Livia est comme Reed… mais par contre, je doute que Jimmy Reed approuve que tu tournes autour de sa fille… Si ce que tu as dit sur Reed est vrai, et je suis sûr que c’est vrai, je serais toi, je ne retenterais pas l’expérience.

Alors je fis en sorte qu’il prenne une proie plus accessible… voire plus facile. Willow Ford me semblait appropriée. Le seul obstacle, c’était Victor Hunter, mais Howard s’entendait relativement bien avec le jeune avocat.

Je souris quand, après réflexion, il accepta.

-Bon amusement…

Et il me souhaita la même chose pour Sonne et moi.

-Ne résiste pas trop quand ils te mettront dehors…