Après ma discussion avec Amon, j’me dirigeai vers la sortie… Aucun steward m’avait foutu dehors… Je m’en doutais un p’tit peu après ce qu’avais dit Reed sur scène. J'le voyais mal tout démoli en me virant sans ménagement.

J'avançais lentement mes pieds s'enfonçant dans le sable alors que j'me repassais en tête ce qu'il venait de se passé. J'pensais largement gagner quand Reed avait tout foutu en l'air avec son intervention. Ma haine envers lui, elle faisait que grandir un peu plus chaque jour qui passe.

P'tain, j'me demandais bien comment j'avais fait pour le supporté aussi longtemps... Il y avait rien n'à faire... Le moment où il est venu me voir à l'hosto avait fait tout basculer pour une raison que j'ignorais. P't-être que j'voyais pour la première fois et en live toute l'indifférence que Reed avait pour le commun des mortel...

-Si tu vas trop loin… Tu le payera un jour. Il te le fera payer.

C’était la voix d’une femme que j’entendis alors que j’marchai. J’m’arrêtai pour me tourner vers Kate Julian. J’levai un sourcil. L’avait besoin de faire un commentaire celle-là ? Semblait que oui.

-J’m’en fiche. J’ai plus rien n’à perdre.

C’était pas totalement vrai. Mais j’voulais pas offrir la moindre satisfaction à Kate Julian. Elle ricana tout de même alors que j’continuai mon chemin vers la sortie. J’crois que d’entendre Kate m’avait encore plus convaincu d’me barrer. J’aurais bien voulu entendre Sniper ou Livia sur scène mais j’avais plus vraiment l’cœur à ça.

La jet-set est pourrie jusqu’à la moelle.

J’finis par passer l’entrée sans un regard pour les steward et j’m’éloignai le long de la digue vers ma voiture. Sauf que je m’attendis pas à ce moment à ce que Livia me rattrape.

J’me tournai vers elle après m’être arrêtée levant un sourcil, surpris.

-Livia ?

Bah oui, Howard, qui veux-tu que ça soit d’autre ? Un alien polymorphe ?

-Tu es partie de la fête ? T’en avais aussi marre de tous ces enfoirés ? J’pense pas que Julian soit super content…

La réflexion de Julian sur le sort d’Howard Stone me donna le vertige. Je l’avais regardé avec une incompréhension la plus totale dans les yeux et le sentiment qu’on prenait mon cœur dans un étau pour le compresser au possible. Comment est-ce que tout le monde pouvait, en un claquement de doigt, être devenu aussi égoïste et nombriliste ? Déjà que Jimmy avait réduit à néant le semblant de relation qui naissait doucement entre lui et moi, Julian en rajoutait une couche en se calquant sur mon géniteur.

L’impression de suffoquer, alors que l’on se trouvait dehors, m’avait forcée à m’éloigner de Julian, de ces gens, de cette fête. Je n’en pouvais plus d’autant d’hypocrisie et de condescendance. Je ne reconnaissais plus mon mari, je ne reconnaissais plus ma mère. Je me sentais comme Alice tombant dans le terrier du lapin mais au lieu de me retrouver au pays des merveilles, j’atterrissais en enfer et Jimmy Reed était Satan.

Sans me retourner, je quittais la fête qui de toute façon, n’avait pas besoin d’une adoratrice de plus pour battre son plein. Je marchais, m’enserrant de mes propres bras, tête basse sur mes pas qui résonnait sur le bitume.

Julian ne comprendrait pas pourquoi j’étais partie. Il chercherait à comprendre pourquoi j’avais défendue Howard, il se ferait certainement un énième scénario dans sa tête et le monstre de jalousie sommeillant en lui reprendrait du service. Je pouvais voir ça d’ici. Quant à mon père, rien ne me servais de lui dire qu’il m’avait blessé, encore une fois. Jamais il ne serait en mesure d’admettre un tort, quel qu’il soit. Il trouverait une façon de tourner la situation pour m’en faire une leçon ou alors cela ne ferait que lui donner davantage de minutions pour m’enfoncer encore plus. Le plus difficile dans tout cela n’avait pas été d’encaisser les attaques de Jimmy, non. Ce qui avait été blessant était de devoir les encaisser au bras de Julian qui n’avait aucunement réagit tout comme ma mère et mon manager qui avaient assisté à tout cela avec le sourire aux lèvres.

J’approchais du stationnement à l’autre bout de la digue, là où j’aperçue Howard Stone se diriger vers sa voiture. Si c’était un signe de la vie, je ne le trouvais pas drôle ! Dernièrement, elle me ramenait toujours auprès de lui, comme pour donner raison à Jimmy sauf qu’en réalité, il n’avait pas raison. Il n’aurait jamais raison.  J’avais accéléré jusqu’à le rattraper et, lorsqu’il se retourna, je posais ma main sur son bras.

- Belle observation mon chère Watson. L’air était irrespirable là-bas.

Quant à savoir ce que Julian en pensait…

- Il doit encore être entrain de digérer que je lui ai dit qu’il était ne valait pas mieux que Jimmy…

À ce moment-là, je me sentis ramollir, comme si je venais de réaliser dans quel guêpier j’étais prisonnière.

D’un signe de la tête, je désignais sa voiture garée tout près. Ni lui ni moi n’étions en état de conduire. Lui, parce qu’il avait probablement plus d’alcool dans les veine que de sang et moi, bien que j’avais bu quelques gorgée de vodka, mes facultés de conductrices n’étaient pas encore à point, pas faute d’avoir essayée avec Daniele et Julian.

- Tu n’es pas en état de conduire. Moi non plus, je crois. T’as envie qu’on marche ?La plage n’appartient pas qu’à Daniele.  

J’m’attendais pas à ce que Livia me rejoigne sur la digue alors que j’avais quitté la fête. Elle semblait en avoir fait de même ce qui, au fond de moi, me réconforta un p’tit peu. J’pensais finir la soirée seule mais semblerait que j’pourrais avoir un p’tit peu de compagnie.

Livia déclara que l’air été irrespirable à la fête d’où sa fuite. J’hochai de la tête.

-Irrespirable… C’est l’mot. Reed m’a bouffé mon oxygène sur la fin. J’pensais l’avoir bien eu mais l’a réussi à semer le doute.

Sauf que si Livia était partie ça semblait pas être le cas de son mari. L’avait laissé là-bas ? C’était ma question… Semblerait que oui parce qu’elle affirma avoir dit à son mari qu’il valait pas mieux que Jimmy Reed. J’sifflai d’étonnement. J’connaissais très mal Julian Hughes… J’savais que ce qu’Hank et Livia m’en avait dit. Hank adorait le gamin mais Hank était pas objectif… Il l’avait vu grandir et qui sait ce que Julian était devenu depuis qu’Hank l’élevait plus ? Bah, apparemment, et d’après a femme, un p’tit Jimmy Reed en puissance.

-Il a dit quoi ? J’connais pas bien ton mari… J’sais qu’Hank l’adore mais ça veut rien dire… Alors j’sais pas vraiment s’il est comme ton père ou non…

En gros, j’savais pas s’il méritait une telle insulte. Mais j’imagine que Livia est bien mieux placée que moi pour le savoir.

Livia montra ma voiture du doigt avant de m’faire faire la moue quand elle déclara que j’étais pas apte à conduire. Bien sûr que si ! Mais j’devais avouer que j’savais pas vraiment où aller alors la plage, ça m’allait.

-J’suis toujours en état de conduire mais, ouais… La plage, c’est cool… Et, non, au-delà des barrières, la plage est encore à tout l’monde. Ricci et Reed peuvent pas encore tout s’approprié comme ça.

On descendis alors sur la plage et j’pus m’empêcher de me rappeler le jour de ma rencontre avec Livia qui avait commencé un p’tit peu plus loin à la salle d’arcade. On était, ensuite, venu ici… J’avais l’impression que ce moment, c’était y’a des siècles… Mais ça faisait quoi ? 3 ans ? S’en était passé des choses en trois ans…

-J’t’aurais bien proposé de la vodka mais j’ai tout versé sur les chaussures de ton père. L’a pas aimé j’crois mais j’trouve que c’est bien fait pour lui.

Livia savait ce que j’pensais de Jimmy. Elle savait aussi que rien m’empêchera de continuer à essayer de montrer à tous ce que j’pensais de lui.

J’soupirai…

-J’crois que j’vieilli… Y’a trois ans que on s’est rencontré, j’en avais rien à foutre de tout… J’sais pas ce qui fait que, maintenant, certaines choses m’donne envie de tout casser.

Sans doute le tas de choses qui m’était arrivé en trois ans.

-Tu t’en rappelle ? De notre rencontre ? J’en ai fait des conneries ce jour-là…

L’air était irrespirable sur la plage, près du yacht de Daniele. M’éloigner de la fête était devenu urgent, presque une question de vie ou de mort. Je sentais que si je restais là, j’allais finir par me mettre la tête dans le sable, comme ma mère, comme Julian, comme Daniele qui se calquaient à Jimmy Reed, leur gourou.

J’avais marcher sans me retourner, frissonnant. Je me répétais que, lorsque je serais en Afrique, loin de tout cela, je me reconnecterais avec l’essentiel, je pourrais rééquilibrer mon mental, faire le ménage dans ma tête. Il fallait vraiment que je prenne du recul, que je m’éloigne afin d’y voir plus clair.

Howard s’en allait, lui aussi. Je n’étais pas étonnée de le retrouver ici. Il devait soit s’être fait montrer la sortie, soit il avait choisit lui-même de se retirer pour ne pas donner raison à Jimmy qui avait clamé que la présence de Stone était une surprise orchestré par BSC. Howard était dans le même état que moi, il cherchait son air puisque mon père, tout comme avec moi, lui avait bouffé son oxygène.

- Il y a des limites à être en apnée…

Jimmy était parvenu à semer le doute, voir plus puisque la grande majorité des gens réunis devant la scène avait applaudit l’intervention de Jimmy. Nous aurions pu comparer cela au magicien qui sortait un lapin de son chapeau. Nous savons qu’il y a un truc, que l’on ne peut se fier à ce que l’on voit pourtant, nous ne pouvons pas faire autrement que d’être bluffé, d’applaudir et d’en redemander.

Je haussais d’abord des épaules alors qu’Howard voulait savoir ce qu’avait dit Julian, puis je regardais Howard en passant une main dans mes cheveux. Ce n’était pas tant ce que Julian avait dit que la manière et dans les circonstances, ça avait fait déborder ma coupe déjà pleine.

- Il a dit qu’il espérait que tu te fasses mettre dehors.

Un soupire glissa d’entre mes lèvres avant que je n’aille au fond de ma pensée.

- Avec ce que mon père venait de faire et tout ce qui s’était passé avant, c’était trop pour moi.

Ni Howard ni moi étions en état de conduire alors je proposais de marcher sur la plage, puisqu’en dehors des limites de la fête, elle n’appartenait pas à Daniele. Howard était bien d’accord pour que l’on marche en regrettant de ne pas pouvoir me proposer de vodka puisqu’il s’en était servit pour noyer les chaussures de mon père. Ça, ça me fit bien rire !

- J’ai vu ça, oui ! Je te paris ce que tu veux que c’est ma mère qui doit lui trouver de quoi se changer !

Côte à côte, Howard disait qu’avec l’âge, il n’avait plus envie de se taire alors qu’avant, il se foutait de tout alors il encaissait sans réagir. Peut-être aussi que la vie et les épreuves qu’elle lui avait envoyées le faisait voir la vie tout autrement. La chanson que Peyton lui avait écrite peu avant sa mort avait peut-être servi de tremplin à cette nouvelle philosophie de vie. Qui sait ?

- Ça prend toujours quelqu’un pour donner un coup de pied sur la ruche, au risque de se faire piquer.

Un sourire un peu timide et rêveur se dessina sur mes lèvres alors qu’il me demandait si je me souvenait de ce jour où nous avions fait connaissance. Je ne me rappelais pas tout dans ses moindres détails mais assez pour savoir que les conneries qu’il disait avoir faits, il ne les avait pas faites seul.

- Je me souviens surtout que j’ai vomis dans ma corbeille et que tu t’es sauvé par la fenêtre de ma chambre. Ou… un truc comme ça ! Oh, non ! je cachais mon visage dans mes mains en rigolant. Pourquoi tu m’as rappeler ça ! C’est tellement gênant !

Je rigolais encore en lui frappant l’épaule comme pour le bousculer un peu.

Livia était sortie de la fête parce que, elle aussi, elle étouffait. Moi, j’étais surtout amer de voir que Reed avait encore essayé de ramené tout ce que j’faisais à son avantage. J’mettais beaucoup d’efforts à essayer de montrer à tout l’monde que des gens comme lui s’amusaient à choisir le destin de chacun. Surtout dans la jet-set où Reed avait bien trop de pouvoir.

Personne semblait vouloir se réveiller.

Sauf p’t-être Livia vu qu’elle était ici. Elle semblait avoir laissé Julian derrière. A vrai dire, elle était en colère contre lui d’une certaine façon allant même jusqu’à la comparé à Reed. J’lui demandai ce que son mari avait bien pu dire pour qu’elle en arrive à ça et j’me mis à ricaner jaune quand elle disait que Julian avait voulu que j’me fasse virer. J’avais rien fait à Hughes… Rien du tout. J’le connaissais à peine, en fait… J’pensais pas mérité tant de haine de sa part.

-Tu crois qu’il a dit ça à cause de sa jalousie ? Ou simplement parce qu’il aime pas qu’on bouscule la jet-set ?

J’penchai pour la jalousie. Livia m’avait dit que son mari était jaloux. Faut dire que quand on a une femme aussi jolie que Livia, ça aide pas à pas être jaloux même si j’savais que Livia était fidèle.

En tout cas, ce que Julian lui avait dit, c’était comme la goutte qui fait déborder le vase. J’savais que Jimmy l’avait blessé juste avant. C’est ce qu’elle m’avait dit plus tôt.

-J’comprends…

On descendit alors sur la plage vu que Livia semblait pas convaincue par mes capacités à pouvoir conduire ma propre voiture. J’savais que ma réputation me précédait sur s’coup-là.

J’déclarai ne pas avoir de vodka vu que j’avais tout versé sur les chaussures de Jimmy. De quoi faire rire Livia qui avait été témoin de la scène et qui était certaine que sa mère était en train de chercher de nouveaux vêtements à Reed.

-J’plains ta mère… Ça doit être triste d’être amoureuse de Jimmy Reed… C’est un horrible destin…

J’plaignais sérieusement la mère de Livia. Se marier avec Jimmy Reed doit être la pire chose qui puisse arriver à quelqu’un.

Après ça, j’déclarai que en 3 ans, j’avais quelque peu perdu mon légendaire j’m’en foutisme. J’savais pas trop ce qui avait conduit à ça… Une suite d’évènements qui, avant le temps et l’accumulation, avait éveillé en moi un trop grand sentiment d’injustice. J’m’en accommodais avant… C’était plus l’cas. Et Livia disait qu’il fallait bien quelqu’un pour donner un coup de pied dans la ruche. J’hochai de la tête.

-Ouais… Sauf que ça semble pas réveiller grand monde. Les abeilles continuent de boire les paroles de ton père et des gens comme lui… Sont incapables de s’révolter.

Et c’était fatiguant. J’avais l’impression d’combattre des moulins à vent…

J’préférai, du coup, me remémorer notre première rencontre à Livia et à moi. C’était sur cette plage que ça c’était passé. Enfin… On avait fini sur cette plage avant de rejoindre Beverly Hills où la soirée s’était terminée dans la chambre de Livia et pas forcément dans les meilleurs termes. Elle s’en rappelait bien que c’était surtout de la fin qu’elle se rappelait. Elle en était gênée. J’rigolai un p’tit peu.

-J’préfère me rappeler la leçon de conduite et la plage… J’pense que, finalement, c’était la meilleure partie de cette rencontre. Et ça même si ça m’a valu de me faire tabasser dans l’Eastside…

Ce genre de souvenir me fit me rappeler que, finalement, je n’avais p’t-être pas tant changé… Après tout, peu avant que j’rencontre Livia, j’avais quand même mis l’feu à la voiture de Jimmy Reed. Ce souvenir m’fit esquisser un p’tit sourire.

-Tu sais c’est quoi le plus drôle… C’est que j’ai décidé de t’emmener sur cette plage juste parce que t’étais la fille de Reed et que j’voulais le faire enrager. En gros, c’est grâce à lui qu’on s’est rencontré. J’lui dois au moins ça. J’crois que ma vie aurait été moins drôle sans toi dedans.

J’m’arrêtai de marcher en me tournant vers elle et en lui souriant.

-Il fait froid mais… On irait bien dans l’eau, non ? Juste pour le fun. Faut que j’me sentes un peu vivre…

J’avais rejoint Howard dans le stationnement près de la digue, n’en pouvant plus du manque d’air pure à la fête. Ce fut la remarque de mon mari qui avait fait déborder la coupe, un trop plein que je contenais avec difficulté depuis un moment. Est-ce que Julian avait souhaité qu’on jette Howard hors de la fête de Ricci par jalousie ou parce qu’il n’appréciait pas que l’on bouscule la jet-set ? Pour moi, la réponse ne faisait aucun doute.

- Par jalousie ! Mon père lui a joué dans la tête parce que j’ai parlé de l’Afrique et qu’il n’a pas hésité à assoir sa misogynie en souhaitant presque que je sois confronté aux pires horreurs de l’Afrique pour me rendre compte d’où est ma place.

En gros, pour Jimmy, je devais me restreindre à Sois belle, tais-toi et rapporte-moi du pognon ! sauf qu’il devait bien se douter qu’une chanteuse ne se taisait pas si facilement !

Avec Howard, on se dirigea vers la plage, pas là où se tenait la fête mais du côté public, déserté par les adolescents vu l’heure tardive et par les autres fêtards probablement parce qu’en ce soir de novembre, l’air était frisquet ce qui ne rendait pas l’endroit invitant, à proximité de l’océan.

Pour noyer notre soirée, Howard n’avait plus de vodka puisqu’il l’avait versée sur les souliers de mon père en signe de protestation. J’avais vu ça et j’en avais pensé que ce devait être ma mère qui était prise avec la tâche de trouver de nouveaux habits à mon père.

- Avant, ma mère était ambitieuse, elle était engagée et militante. Maintenant, elle sauve la face de Jimmy avec United For Youth mais c’est tout. Je ne la reconnais plus, elle n’est que la moitié d’elle-même.

Elle n’avait plus rien de la mamita qui m’avait élevée à Tijuana. Elle était de tous les comités, elles tenait la maison à bout de bras et faisait tourner le garage de mon beau-père en plus de nous élever. Maintenant, elle se contentait d’être la digne représentante muette de Jimmy. Un bel exemple de ce que je pensais un peu plus tôt, sois belle et tais-toi !

Des gens comme Howard, qui n’avaient pas peur de donner un coup de pied dans la ruche, ça en prenait sauf que, comme le disait Howard, ça ne semblait jamais faire bouger le choses.

- Les gens en général sont confortable dans ce qu’ils connaissent et ce qu’ils connaissent c’est la façon dont les choses fonctionnent actuellement. Le changement, Howard, ça fait toujours peur !

Tout en marchant, on se rappela notre première rencontre, un souvenir doux-amer. Disons qu’il y a certain moment de cette soirée que je préférais oublier, Howard aussi.

- La leçon de voiture et la plage, ça me va ! On peut effacer tout le reste !

Je l’écoutais ensuite me dire que s’il m’avait amené sur cette plage c’était parce qu’il savait que j’étais la fille de Reed et qu’il cherchait à le faire enrager. Est-ce que cela me vexais d’apprendre que j’avais été utilisé dans un plan merdique contre mon père ? Non... C’était quand même moins pire que de me faire kidnapper et torturer.

- Je crois que ma vie aurait été moins drôle sans toi, aussi !

Mes pieds s’enfonçaient dans le sable, une sensation agréable. Je bougeais un peu mes orteils tous en fixant les vagues alors qu’Howard me proposa d’aller dans l’eau.  J’ouvris grands les yeux en me disant qu’elle devait être glaciale mais, pourquoi pas ? J’en avais envie sauf que…

- Ok mais tu me donne ton t-shirt ! Avec ce genre de robe, on ne porte pas de soutien-gorge et pas question que je me baigne avec.

Elle allait s’imbiber et devenir lourde, dans l’eau.

- Tu me le donne ?

Si Julian voulait que j’me fasse viré de la fête c’était par jalousie. Livia semblait être sûre de ça. Elle était sûre, aussi, que son père avait de l’influence sur son mari. J’soupirai m’disant que Livia avait toujours le cul entre deux chaises. Entre moi et Reed… Et que son mari semblait pas aider.

-Ton père a toujours été un enfoiré avec les femmes… Mais de là a vouloir qu’il t’arrive quelque chose pour que tu comprennes son raisonnement débile, ça veut dire qu’il est vraiment comme j’le pense.

C’est-à-dire, le pire connard de la terre au même titre de Ward Fleming.

J’savais pas comment Livia avait fait pour le supporter aussi longtemps. Y’a même des moments où elle l’avait défendu. Mais semblerait que, ce soir, elle ait vu le vrai visage de Jimmy et ce qu’il pensait vraiment d’elle. Du coup, l’était blessée. Ça se voyait.

J’déclarai ne plus avoir de vodka ce qui nous amena à parler de ce que j’venais de faire au père de Livia et qui, de ce fait, nous fit parler de la mère de Livia… J’plaignais sincèrement la pauvre femme… Etre marié à Jimmy Reed devait être un véritable calvaire. Livia elle-même ne reconnaissait pas sa propre mère. J’soupirai.

-J’crois qu’elle a pas le choix que d’être comme ça si elle veut garder Reed auprès d’elle. Reed, il transforme tout ce qu’il touche…

Comme Ward… Z’étaient les mêmes de mon point de vue.

Aujourd’hui, j’avais tenté de réveiller les gens… De secouer un p’tit peu tout ça. Mais Reed avait fait en sorte de minimiser mon message en faisant croire à une mise en scène made in BSC… J’savais qu’il utilisait le fait que j’étais justement chez BSC pour faire en sorte de, non seulement pouvoir m’avoir à mon propre jeu et, en plus, se faire du fric dessus. C’est Jack qui m’avait convaincu de rester… Et j’doutais de plus en plus que ça soit le bon choix…

Bref… Aujourd’hui, j’avais tenté un truc… Mais j’doutais que ça ait eu l’effet que j’voulais. Livia déclara alors que le changement faisait toujours peur.

-J’sais…

Bref, j’commençais à douter que tout ce que j’faisais ait, un jour, un sens pour la jet-set… Mais j’savais que ça en avait un pour mes fans. Pour l’instant, j’me contenterais de ça.

On se rappela alors notre première rencontre. J’voulais surtout me rappeler la plage et la voiture. Le reste… Disons que j’en étais pas tellement fier. Surtout après ce que j’avais lu dans le carnet de Livia peu après. Elle était d’accord pour effacer le reste et j’affichai un léger sourire.

Puis, j’avouai que si je l’avais emmené sur cette plage y’a 3 ans c’était surtout pour emmerder Reed. Ça l’avait emmerdé vu qu’il m’avait fait tabasser. Mais sans ça, j’aurais jamais connu Livia. Ou si, mais notre relation aurait été p’t-être toute autre. Et Livia confirma que tout ça aurait été moins drôle sans moi aussi. J’rigolai.

-On est d’accord là-dessus.

J’proposai alors l’idée d’aller dans l’eau. Faisait vraiment pas chaud mais qu’importe ? J’pensais que m’foutre dans l’eau me permettrait de m’exorciser de l’aura de Jimmy Reed. Livia accepta tant que j’lui donnai mon t-shirt. J’rigolai et, sans hésiter, j’enlevai mon t-shirt pour le lui donner finissant, moi, torse-nu.

-Tiens.

J’souris avant de me retourner.

-J’imagine que j’peux pas regarder ?

Même si… Ok, j’avais un peu envie. J’reste un être humain, hein. Retourné, j’laissai Livia enlever sa robe pour mettre mon t-shirt alors que, moi, j’avais enlever mon jeans pour finir en boxer. Même si… Ok, j’avais parfois regardé de temps en temps derrière mon épaule. C’était plus fort que moi.

Une fois prêt, j’me tournai vers Livia.

-Allons-y !

On s’approcha de la mer et j’entrai dedans jusqu’à avoir l’eau à la taille. J’frissonnai de froid. Mais ça m’faisait me sentir vivant. Quand Livia vint me rejoindre j’esquissai un p’tit sourire.

-Fait méga froid…

J’me reculai alors un peu d’elle et, après avoir affiché un sourire malicieux, je vins l’aspergé d’eau avant mes bras. J’rigolai.

-J’t’ai eu.

Ce que je ressentais en ce moment pour mon père influençais mon raisonnement à ce moment précis. Il m’avait blessé volontairement et sans ménagement que pour montrer à quel point il était au-dessus de tout et de tout le monde. Il faisait ça d’une façon tellement habile que c’était à se demander s’il ne prenait pas son pied chaque fois.

- Tu sais quoi ? Plus rien ne me surprends à son sujet alors ton raisonnement n’est pas si débile que ça.

De mon père, nous pourrions en parler en long et en large pendant des heures et des heures. La belle Juliet Jones qui avait été engagée par mon beau-père pour en faire sa biographie pourrait facilement écrire une trilogie thriller psychologique et sur la vie de mon père. Elle aurait assez de matière et encore ! Je pensais l’avoir aperçu sur le pont du yacht, je pourrais aller lui proposer le sujet !

De mon père et de ses travers machiavélique, on passa sur notre première rencontre qui était mémorable mais pas forcément pour les bonnes raisons. Howard et moi étions en accord pour ne se souvenir que du début de cette journée et d’en effacer le reste. De toute façon, sans même que l’on ne se consulte, il y avait bien longtemps que j’avais décidé de ne pas me souvenir de tout.

Howard et moi avions bien besoin tous les deux de changer d’air, de changer d’humeur, de se recentrer sur l’essentiel et oublier le reste. Tout en marchant sur la plage, il me proposa de nous baigner. Je regardais l’eau un instant, me disant qu’elle devait être froide à crever mais c’était peut-être ce dont j’avais besoin. Un bon choc pour me ressaisir. Alors, pourquoi pas ? J’avais cependant besoin de son t-shirt parce qu’avec le genre de robe que je portais, je n’avais pas enfilé de soutien-gorge et qu’il y avait des limites à se reconnecter avec la liberté.

- Non, tu ne regarde pas. Tourne-toi, hop, hop !

Il se retourna et je fis de même avant d’enfiler le t-shirt qui sentait bon le parfum d’Howard, par-dessus ma robe avant de retirer cette dernière dans une gymnastique qui me demanda beaucoup de coordination. Ma robe termina sur le sable, avec mes chaussures et les pantalons d’Howard qui ne m’attendit pas pour entrer dans l’eau.

Il était plus brave que moi, sur bien des points.

Howard avait de l’eau déjà jusqu’à la taille alors que j’en avais qu’au mollets quand il m’aspergea et que je m’écriais, surprise, choquée et amusée tout à la fois.

- Hey !

Je rigolais en avançant, déterminée à prendre ma revanche dans ce jeu ludique. Je fronçais des sourcils pour prendre un air sérieux avant de me pencher et d’envoyer une brassée d’eau sur Howard pour bien l’éclabousser à mon tour.

- Tiens, comme ça, je ne serai pas la seule à mourir d’une pneumonie demain !

Je l’aspergeais encore tout en avançant vers lui avant de le pousser mais ce fut plutôt moi qui perdis pied dans l’effort et qui se retrouva cul par-dessus tête dans l’eau. Surprise en émergeant, je m’esclaffais tout en m’essuyant le visage.

- Ça m’apprendra à vouloir te faire plonger !

Y’avait pas de doute, Livia avait une dent contre son père. J’devais avouer que ça m’réchauffait un p’tit peu le cœur parce que, il y a quelques temps, elle le défendait. Semblerait que, ce soir, elle ait vu le vrai visage de son père. Celui que, p’t-être, elle voulait pas voir jusqu’ici.

Fallait qu’on s’change les idées. Elle comme moi. Fallait qu’on s’enlève Jimmy Reed de la tête et j’crois que l’seul moyen était de se jeter à l’eau. Littéralement. J’voyais plus que ça alors que mon p’tit cœur dans la fourmilière s’était avéré être un demi-échec. J’venais à désespéré sur le fait que la jet-set allait s’réveiller… Possiblement que c’était plus facile pour eux de rester à leur place et de croire sur parole ce que disait le Roi Jimmy… Parce que c’est ce qu’il pensait qu’il était. Un Roi… Ou même un foutu Dieu… Tout ça parce qu’il avait un p’tit peu plus de ressources et de pouvoirs.

J’proposai à Livia d’aller dans l’eau et elle me demanda mon t-shirt pour pas mouiller sa robe. J’lui passai avant de me retourner et d’enlever mon pantalon pour finir en boxer. Faisait pas si chaud… J’savais que c’était pas l’idée du siècle moi qui chopait n’importe quoi dès que c’était possible… Mais j’avais besoin de ça. De me sentir vivre. Depuis que Peyton était morte, j’avais l’impression de sombrer.

Et j’voulais pas sombrer.

J’fus le premier à aller dans l’eau remarquant à quel point elle était froide. P’tain… Ricci aurait dû faire sa fête en été… Ça aurait été mieux, j’pense.

Livia avançais bien moins vite dans l’eau et, histoire de la pousser un p’tit peu plus, je l’aspergeai d’eau. J’rigolai à sa réaction et ça la fit avancer un p’tit peu plus avant de s’venger. J’frottai mes yeux plein d’eau salée.

-Hey !

Elle disait que, comme ça, elle sera pas la seule à mourir d’une pneumonie demain. J’rigolai.

-Cool. On mourra tous les deux alors. Parce que vu la froideur de l’eau c’est sans doute ce qui risque de m’arriver réellement demain… Et j’ai pas tellement envie de mourir seul.

Mais je m’en fichais. On ne vivait qu’une foutue fois. Puis, même si j’faisais attention à moi, j’pouvais crever à tout moment de tout autre chose. J’l’avais bien vu avec Peyton.

J’me protégeai le visage parce que Livia, en avançant m’aspergeai d’eau. Et quand elle voulu me pousser, elle finit la tête en avant dans l’eau. J’éclatai de rire avant qu’elle ne refasse surface ses cheveux, désormais, tout mouillé.

-Ouais. Faut pas s’attaquer à plus fort que soi.

Je l’aspergeai encore avant de m’approcher et, de, instinctivement, poser mes mains sur ses hanches plongeant mon regard dans le sien.

J’me mordis la lèvre…

Fallait pas que j’reste comme ça…

Je finis par enlever mes mains…

-Désolé…

Y’a quelques années, j’me serais pas excusé. J’aurais foncé… Sans réfléchir… J’vieillissais… C’était indéniable. Et en remarquant ça j’soupirai.

-P’tain, j’suis en train de devenir un foutu vrai adulte… C’est naze…

C’est ce que j’soufflai. Malgré tout, j’étais incapable de m’écarter de Livia.

L’eau était vraiment froide, limite glaciale ! Pas étonnant non plus vu la saison mais cela ne nous empêcha pas ,Howard et moi, d’y mettre les pieds. Il avançait plus vite que moi, comme s’il ne ressentait pas la différence de température. Peut-être que toute la vodka bue lui offrait une certaine insensibilité tant il avait le sang chaud. C’était peut-être un peu par orgueil que je continuais d’avancer jusqu’à ce que je me fige quand Howard m’éclaboussa.

Le choc passé, je me vengeais, question de ne pas être la seule mouillée et sur le point de crever d’une pneumonie ou d’hypothermie. J’envoyais autant que possible à Howard qui rouspéta à son tour mais c’était de bonne guerre ! Il n’avait qu’à pas lancer les hostilités.  Il répliqua qu’il allait certainement crever vu la froideur de l’eau et qu’il préférait ne pas mourir seul. Je le regardais un moment, ne sachant pas quoi lui répondre. Il venait de perdre sa femme, est-ce qu’il était entrain de me dire qu’il n’en avait réellement rien à faire de vivre ou de mourir ou bien c’était vraiment juste pour surfer sur ma propre boutade ?

- L’hypothermie me guette, tu mourras pas seul et je t’aspergerai encore sur mon nuage !

Je voulu m’avancer pour continuer de l’arroser mais je perdis pied et je me retrouvais complètement immergée et frigorifiée mais, étrangement, ça faisait un bien fou ! Je me relevais en rigolant m’avouant vaincue pendant qu’Howard disait qu’il ne fallait pas s’en prendre à plus fort que soit. Peut-être que je devrais lui retourner son propre conseil mais je n’eu pas le temps qu’il me rejoignit et plaça ses mains sur mes hanches, réduisant la distance entre nous à néant. Je cru même qu’il allait m’embrasser quand son regard plongea dans le mien et malgré ça, je ne le repoussais pas. Je le regardais, comme il me regardais moi, sans bouger.

Howard brisa la glace qui semblait nous avoir transformés en iceberg et retira ses mains avant de demander pardon pour le geste. Un peu confuse et perdue dans mes pensées, je rigolais faiblement en disant que ce n’était rien. Ce n’était pas comme s’il avait profité du moment pour m’embrasser, nous ramenant des années en arrière, quand je l’idolâtrais en admirant les affiches de lui qui tapissaient les murs de ma chambre.

- Ce n’est rien… Ce n’est rien… Je…

Je crevais de froid !

- Ce n’est pas naze… Ce qui est naze c’est d’être un adulte et de se faire museler par d’autres adultes comme si on avait encore huit ans. Ça, c’est naze.

Je mis ma main sur son épaule avant de la laisser glisser le long de son bras puis de la ramener a moi pour frotter mon propre bras en frissonnant.

- Si nous sortions de là avant de vraiment se prendre une hypothermie ? Je te paie un chocolat chaud, un café brûlant, tout ce que tu veux, tant que ça réchauffe !

Je n’attendis pas sa réponse pour marcher jusqu’à la plage et tordre le t-shirt d’Howard qui dégoulinait en laissant de grosses goûtes sur le sable, près de ma robe abandonnée là comme un tas de vieilles chaussettes prêtes pour la lessive.  Je me penchais, la ramassais et la secourais pour en faire tomber le sable.

- Je ne t’ai pas posé la question mais… comment tu vas ? Je veux dire… Depuis tout ce qui t’es arrivé dernièrement. Nous en avons pas vraiment parlé, je ne savais pas comment le faire.

Il faut dire que ce n’était pas non plus un sujet facile à aborder et qu’il n’y avait pas de guide pour le faire. Dernièrement, Howard se comportait vraiment comme quelqu’un qui n’avait absolument plus rien à perdre alors que ce n’était pas le cas. Il avait certes dû affronter la mort de sa femme mais il avait deux enfants qui dépendaient de lui, des amis pour le soutenir et une carrière qui risquait de se fracasser contre un mur s’il continuait à se laisser aller.

J’blaguais légèrement sur notre future mort à tous les deux d’une maladie qui nous tombera dessus demain si on continue à ses les geler dans cette mer froide. Livia confirma qu’elle allait crever aussi et que j’mourrais pas seul. J’affichai un p’tit sourire.

-Faudra juste espérer qu’on crève vite alors… Souffrir, c’est nul.

Après ça, on s’envoya de l’eau. D’abord moi puis elle dans le but de se venger. On s’amusait comme des gosses loin de la fête de Ricci dont on entendait toujours au loin, la musique. Cette partie de Santa Monica allait pas savoir dormir, à mon avis… Mais j’pense que Ricci s’en fiche. Tout comme tout ceux qui sont encore là-bas.

Se sont les rois de ce monde. C’est ce qu’ils pensent.

Alors que Livia avait fait un p’tit plongeon dans l’eau malgré elle, j’m’étais rapproché et j’avais posé ses mains sur ses hanches… Un réflexe ? Une envie ? J’pense que c’est un p’tit peu des deux. Un moment où j’crus que j’allais dépasser la ligne rouge. Enfin… Pas la mienne. Mais la sienne…

Autrefois j’aurais pas hésité. J’me serais laisser emporter par mon instinct. Mais là… J’finis par enlever mes mains et, comble de tout, j’m’excusai.

Livia bafouilla disant que c’était pas grave…

Elle trouvait que c’était pas naze… Que ce qui l’était c’était de se faire museler par d’autres adultes comme si on était encore des gosses.

L’avait pas tort.

-J’sais… J’connais ça… J’ai appris à les envoyer se faire foutre. Ou continuer à parler malgré tout.

J’frissonnai un p’tit peu quand sa main glissa le long de mon bras avant qu’elle ne la retire.

Puis le moment passa… Livia proposa qu’on sorte. J’crevais de froid. C’était son cas aussi.

-Ok. J’voudrais de la vodka. Ça réchauffe tout la vodka.

Elle se retourna pour sortir de l’eau et je la suivis pour rejoindre nos vêtements en partie couvert de sable. On était mouillé mais on avait rien pour réellement se sécher.

J’me mis à ramasser les affaires alors que Livia me posa une question simple… Mais dont j’sentais que j’pouvais pas donner une réponse simple. Elle semblait vouloir aborder le sujet depuis un moment sans savoir comment.

J’regardais vers mes vêtements que j’tenais en main avant d’hausser des épaules.

-J’sais pas comment j’me sens…

Ni mal… Ni bien… Un peu vide, ça ouais… Désabusé aussi… Dépassé ? P’t-être pas à ce point-là.

-Avant de me mettre avec Peyton, j’ai beaucoup vécu seul… Ok, j’avais parfois des petites amies… Souvent des conquêtes… Mais c’est pas pareil que de vivre en couple avec quelqu’un constamment pendant une très longue période. J’ai eu du mal à me faire à la vie de marié… Mais pas à ma vie avec Peyton… Sa présence, j’ai fini par en devenir accro. Et…

J’soupirai.

-Maintenant je l’ai plu. Et j’me sens super seul. Pourtant, j’le suis pas. J’ai David… Y’a mes enfants… J’ai même renoué avec mes parents… J’ai des amis… Ma sœur habite à côté de chez moi… J’devrais pas me sentir seul.

Mais c’est ce que j’ressentais.

-J’me sens seul et j’me sens vide. De moins en moins chaque jour, c’est vrai… Mais quand même… Pour ça qu’il faut que j’me sente vivre comme ce soir. Pour ça, p’t-être que j’ai accepté ce voyage en Afrique. Pour ça que j’crève d’envie de partir en tournée peu importe avec quel groupe.

J’remis mes vêtements avant de plaquer mes cheveux mouillé en arrière. J’souris un p’tit peu.

-J’vais survivre. Faut du temps. J’le sais… Tout l’monde me l’dis…

J’savais qu’avec le temps, j’me retrouverais moi-même.

-Bon ! On va se saouler la gueule ?

Ou se faire un café, j’sais plus…

Mon petit plongeon involontaire dans l’eau m’avait refroidi le corps et l’esprit. Si la compagnie d’Howard était agréable, grelotter jusqu’au plus profond de mes entrailles l’était moins. Puis quand Howard posa ses mains sur mes hanches et que je cru qu’il allait m’embrasser, les frissons glacials se changèrent en tout autre chose, quelque chose que je ne définissais pas. Je pensais qu’il oserait m’embrasser, je le connaissais assez bien pour savoir qu’il ne ratait jamais une occasion de franchir les limites mais l’homme que j’avais devant moi n’était plus le même. Il était marqué au fer rouge par la vie et ses épreuves, il s’excusa même pour le rapprochement.

Ensuite, il fallait bien faire quelque chose, avant de mourir d’hypothermie dans l’océan pendant que le reste de la jet-set, notre pseudo univers, faisait la fête et ne se souciait aucunement de nous. Je proposais de retourner sur la plage et d’aller boire quelque chose de chaud, un café, une tisane, un thé, qu’importe ! Tant que ça nous réchauffait.

- Va pour la vodka, alors.

J’essorais le t-shirt que je portais du mieux que je le pouvais puis je secouais ma robe avant de l’enfiler jusqu’à la taille. Je me risquais alors à lui poser une question qui me brûlait les lèvres depuis longtemps mais dont je n’étais jamais parvenue à formuler. Ce n’était pas simple d’aborder le décès de sa femme, je voyais mal comment on pouvait se remettre de ça dans y laisser une partie de soit même. La réponse d’Howard alla en ce sens. Il disait qu’avant d’être en couple avec sa femme il butinait largement mais qu’ensuite, il était devenu accro à sa femme et que depuis sa mort, il se sentait seul malgré qui soit bien entouré. Je trouvais ça profondément triste, je ne savais pas moi-même comment je me sentirais si Julian devait me quitter de cette façon. En ce moment, nous traversions une crise mais l’amour que j’avais pour lui ne changeait pas. Penser à lui me réchauffais le cœur, le faisait battre plus vite et moins vite tout à la fois. La seule idée de poser mes lèvres contre les siennes troublaient agréablement mes sens. M’imaginer dans ses bras me rendais heureuse et légère.

Howard avait besoin de se sentir vivant et il tentait de le faire par tous les moyens possibles. Ce qu’il avait fait ce soir était une tentative. Je baissais les yeux tout en l’écoutant trouvant ses confidences immensément tristes et profondes.

- Si je pouvais prendre pour moi tout ce que tu ressens, ne serait-ce qu’une petite heure, je le ferais. Je ferais n’importe quoi pour alléger ce que tu ressens mais je sais que je ne peux rien changer à tout ça.

J’étais impuissante à sa souffrance, comme tous ceux qui l’entouraient de bien plus près que moi. Ça aussi, ça ne devait pas être facile. Et la ligne devait être mince entre un geste de soutient et une prise en pitié.

- En tous les cas, changer d’air ne pourra pas te faire de mal. Tout peut arriver en Afrique.

Il pourrait tomber sous le charme d’une Africaine ou sous celui de notre guide. Je l’avais brièvement rencontré et elle était d’une époustouflante beauté.

- Il te faut du temps et j’ai envie de te dire qu’en fait tu as le droit de prendre tout ton temps.

Il ne devait pas y avoir de prescription de temps sur la durée d’un deuil. De toute façon, personne n’affrontais une situation de la même manière.

- Allons-y ! Mais avant…

En rigolant, je lui fit signe avec mon index de se retourner. Je devais retirer son t-shirt mouillé qui me collait à la peau et me battre avec ma robe qui ne remontait pas aussi bien à cause de l’eau sur mon corps.

L’eau était froide et après le moment de flottement entre nous deux, Livia proposa qu’on aille boire un café. J’préférais la vodka. J’avais besoin de vodka. Fallait que j’anesthésie mon esprit et que j’me réchauffe de la meilleure des manières.

Livia sortit la première de l’eau pour rejoindre sa robe presque en boule sur le sable. Mon t-shirt lui allait bien. C’était ce que j’pouvais constater en la regardant. Un regard que j’ne détournai d’elle que pour me concentrer sur mes propres vêtements eux aussi en boule au sol.

C’est là que Livia se risqua à une question qui lui brûlait les lèvres mais qu’elle avait pas su comment poser jusqu’ici. Ça concernait comment j’allais. C’était intimement lié à Peyton. J’dûs rassembler mes idées pour répondre. J’avais encore du mal à bien expliquer les choses. J’savais qu’le temps allait permettre d’aller mieux… Mais j’savais aussi que j’ressentirais toujours ce manque. Pourtant, avec que j’rencontre Peyton, je n’avais pas besoin de tout ça. Après tout, on peut pas manquer ce qu’on n’a jamais vraiment connu. Or l’amour que j’avais pour Peyton était intense et unique.

Alors, j’ressentais le manque que, jusqu’ici, personne pouvait réellement combler. Un manque qui s’apaisera même s’il restera toujours là quelque part.

Livia disait qu’elle aimerait prendre ma propre douleur ne serait-ce qu’une heure pour m’aider. J’esquissai un pauvre sourire.

-Non… Personne peut changer ça. Y’a que le temps qui peut y faire quelque chose et puis, j’voudrais pas que tu ressentes ça même une seule p’tite heure.

Parce que Livia avait aussi ses propres démons, ses propres chagrins, ses propres problèmes. Fallait pas qu’elle s’encombre avec les miens en plus.

J’rigolai quand elle disait que tout pouvait arriver en Afrique. J’hochai de la tête.

-T’as raison. Absolument tout peut arriver.

Sauf y retrouver Peyton.

Livia disait que j’avais le droit de prendre tout mon temps. J’le savais et j’hochai de la tête avant de dire qu’il était temps de quitter cette plage pour rejoindre la vodka. Mais avant, j’devais me retourner. J’fis une p’tite moue boudeuse avant de me retourner à contre-cœur.

-T’sais, regarder c’est pas toucher…

Ok… Le voilà, le vieux Howard. Finalement, j’crois que j’regrettais d’avoir été trop sage dans la mer, plus tôt.

Quand elle eut terminé, j’repris mon t-shirt et j’le remis. On quitta la plage pour errer sur la digue jusqu’à trouver un bar. On y entra. Les têtes se tournèrent vers nous alors qu’on y pris place. Y’avait une p’tite scène dans ce bar. Plus p’tite qu’au Rainbow mais ça faisait l’affaire pour des p’tits artistes amateurs.

-Tous les journalistes people sont sûrement à la fête. On est safe…

J’nous commandai de la vodka avant de faire la moue en regardant tantôt Livia, tantôt la scène.

-C’est tentant… Mais tu peux pas faire de duo avec moi, si ?

Seul le temps pouvait aider Howard dans sa situation. Je n’avais jamais connu une douleur comme la sienne, je ne voudrais pas non plus avoir à affronter quelque chose dans ce genre là mais si je pouvais prendre pour moi tout ce qu’il ressent pour l’aider à se sentir mieux, ne serait-ce qu’une petite heure, je le ferais. Parce que c’était lui, parce que malgré tout, Howard était important pour moi, que ça plaise ou non . J’hochais doucement de la tête avant de soupire en haussant des épaules quand il répondit qu’il ne voulait pas que je souffre à sa place, même pas pour un petit moment. Je comprenais le sens de sa pensée et d’une certaine façon, il devenait encore plus important pour moi.

Notre périple humanitaire en Afrique nous ferait le plus grand bien. Je voulais profiter de ce voyage pour faire le point sur mon avenir et ranger dans les bons compartiments dans ma tête, les grandes questions auxquelles je me devais répondre. Une chose était certaine, quand je reviendrais de là, plus rien ne serait pareil.

Sur un ton plus joyeux, je demandais à Howard de se retourner, encore, le temps que je me change car, si avant d’aller dans l’eau, j’avais pu enfiler le t-shirt de mon ami en le passant par-dessus ma robe, je ne pouvais pas en faire autant là que j’étais toute trempée et que le vêtement me collait à la peau. J’éclatais de rire quand il justifia que de regarder ce n’était pas toucher.

- Pas de discussion, m’sieur Stone ! On se retourne sinon mon offre ne tiens plus !

Je me retournais moi-même pour me changer tant bien que mal car, si le t-shirt collait à ma peau et ne se retirait pas aussi bien que je l’avais enfilé, ma robe ne remontait pas elle non plus, très facilement et je dus me dandiner un peu en tirant sur ma robe jusqu’à ce qu’enfin, je puisse me retourner en étant décemment vêtue.

On marcha ensuite le long de la digue jusqu’à ce que l’on trouve un petit bar que je ne connaissais pas. Il n’était pas très grand mais il était tout de même pourvu d’une petite scène et pour le plus grand bonheur d’Howard, il y avait de la vodka. Un bar sans vodka, ça existe ? Quoi qu’il en soit, on s’installa directement au comptoir. Howard me fit remarquer que tout ce qu’il y avait de journaliste people devait se trouver à la fête ou aux alentours et que nous n’avions rien à craindre. C’était un peu désolant de constater que pour se payer du bon temps entre ami, il fallait le faire en cachette.

- On ne leur manquera pas ! En tous les cas, ils ne me manquent pas, à moi !

Howard commanda de la vodka et je demandais deux verres.

- Comme nous sommes safe, je peux… La question est plutôt de savoir si je veux…

Je rigolais et, lorsque la bouteille et les verres furent déposés devant nous, je nous servit et levais mon verre et attendis qu’Howard fasse de même.

- À notre émancipation de la jet-set, dis-je en vidant mon verre d’une traite.

Quoi qu’il était un peu plus question de l’émancipation d’Howard parce que moi, je n’avais fait que quitter une fête en douce pour me baigner dans la mer glacial avec celui qui avait mit le feu aux poudres. Ce n’était pas une grande rébellion, ce que je faisais mais pour une fille pas tellement intelligente, ça devait être suffisant.

- Viens, on va jouer aux fléchettes.

Je me levais et arrachais de la cible, les fléchettes plantés dedans. J’adorais jouer à ce jeu et sans prétendre que j’étais excellente, je me débrouillais plutôt bien. Ma stratégie avait toujours été de viser le triple vingt. Les gens visent toujours le milieu pour le cinquante points mais mois je préférais la petite case verte plus bas. Je tendis ses trois fléchettes à Howard.

- Si tu fais plus que moi, je monte sur scène et je chanterai avec toi la chanson que tu veux mais si je fais plus que toi, tu chanteras Summer Nights de Grease en faisant la chorégraphie en prime ! Deal ?

Livia insista pour que j’me retourne non sans rigoler. Moi, ça me faisait vraiment rire mais j’me retournai quand même. Loin de moi l’idée d’en profiter même si. Ok, c’était un peu méga tentant. Hey ! J’restais un être humain, hein. Et j’ai jamais nié que Livia est très jolie.

Quand ont fut tous les deux rhabillé, on s’éloigna de la plage pour remonter sur la digue où on se mit en quête d’un bon bar où on pourra s’noyer dans la vodka. On finit par en trouver un. L’avait pas l’air mal. Et on y entra pour s’y installer. Y’avait une musique en fond mais aussi une p’tite scène où, pour l’instant, personne ne performait.

J’déclarai alors qu’on aura pas d’ennuis avec les journalistes vu qu’ils devaient tous être à la partouse party de Ricci. Livia disait que ça allait pas leur manquer et que, assurément, ça ne lui manquera pas. J’rigolai un p’tit peu.

-Ça c’est sûr. Sont parfois casse-couille.

Même Amon était parfois casse-couille. Lui arrivait de me foutre la haine parfois.

On se commanda des vodkas et j’attirai l’attention de Livia sur la scène en demandant si sa la tentait tout en soulignant le fait que Ricci aimait pas du tout qu’on fasse des duos ensemble. Mais Livia disait que la question était de savoir si, elle, elle voulait.

-Personne peut résister à la musique, si ?

Les vodkas arrivèrent et on leva nos verres pour trinquer à notre émancipation de la jet-set. J’esquissai un p’tit sourire.

-Ouais ! Et amen à ça !

J’vidai aussi mon verre pour le remplir dans la foulée. Livia proposa alors de jouer aux fléchettes. J’étais pas si mauvais à ce p’tit jeu.

-Ok ! Ça me va.

On s’approcha du jeu et Livia me proposa un deal qui agrandis mon sourire.

-Ça marche ! Mais j’te préviens. Je suis un as des fléchettes. Alors prépare-toi à devoir grimper sur scène.

J’souris avant de me mettre en position.

-J’commence.

Et je lançai la première fléchettes qui me rapporta un seul malheureux point.

-Han… La cible à bouger.

L’avait pas bouger mais j’aimais me trouver des excuses. Je lançai, ensuite, le suivant sans réellement viser. Juste comme ça et ça me rapporta 25 points. J’recommençai avec la dernière flèche qui tomba dans le centre de la cible me rapportant 50 points.

-Youhou !!! 76 points !

J’laissai la place à Livia.

-Vas-y Cortez. Montre-moi, ce que tu peux faire contre le grand Stone !

Spoiler:

Howard et moi ne courrions aucun risque de se faire déranger par les journalistes puisqu’ils étaient quasiment tous autour du périmètre entourant la fête de mon manager et c’était tant mieux ainsi ! Je pouvais très bien vivre sans eux et avec tout ce qu’il y avait de célébrités rassemblés pour là-bas, nous n’allions pas leur manquer.

- Casse-couille est la façon douce de le dire.

Après avoir commandé à boire, Howard attira mon attention sur la petite scène qui se trouvait au fond du bar. Il n’avait pas besoin de m’en dire plus pour que je devine ce qu’il pouvait avoir en tête mais je ne pouvais résister à l’envie de me faire désirer, un peu. Rien qu’un tout petit peu.

- Je peux très bien résister si je le décide, je suis tenace quand je le veux !

Je pouffais de rire parce qu’en vérité, Howard n’aurait pas besoin de me tordre un bras pour me convaincre d’aller chanter avec lui mais l’envie d’étirer le plaisir se pointa sous la forme d’un petit défi. Je lui proposais une partie de fléchette de laquelle il ne pouvait y avoir que deux issues. Si je l’emportais, il chanterait une chanson tiré de Grease et en ferait la chorégraphie et, à l’inverse, s’il gagnait alors je chanterais avec lui.

On vida tous les deux nos verres puis on sauta de nos tabourets pour se diriger vers la cible de laquelle je retirais les fléchettes.

Howard me prévenu qu’il était un as à ce jeu et moi, plus modeste, je préférais ne pas lui dire que je m’en tirais plutôt bien. La vodka m’avait réchauffé et ramollie mes bras. Tout pouvait arriver, valait mieux en ce cas ne pas trop se venter.

- Alors vas-y, je te laisse commencer monsieur l’As des fléchettes !

Howard s’exécuta et sa première tentative lui valu un misérable petit point. Je ne répondit rien quand il se justifia en disant que la cible avait bougé, Je ne fis qu’ouvrir grand les yeux en faisant oui de la tête. Son deuxième lancé lui permis de s’inscrire un peu plus haut au pointage et la troisième, il la planta en plein centre de la cible.

- Pas mal, pas mal !

Je m’installais devant la cible, à la même distance que c’était placé Howard et je lançais une première fléchette qui frappa le fil de fer encerclant la cible et ma fléchette tomba au sol.

- Ah mais non ! Si je l’avais eu, j’aurais eu soixante points !

Je regardais avec désolation ma fléchette au sol avant de me reprendre et d’enfoncer ma fléchette dans la cible pour récolter vingt points. C’était mieux mais il me fallait encore plus cinquante-six points pour devancer Howard alors je n’avais aucune autre option que je viser mon fameux triple vingt. Je soufflais doucement entre mes lèvres en me concentrant mais ma fléchette alla se planter à côté de ma seconde ce qui me fit un total de quarante.

- Quarante… Tu as gagné et je m’incline ! dis-je en m’inclinant humblement.

Je me tournais et contemplais la scène, elle était à nous, notre terrain de jeu maintenant qu’Howard avait assit sa supériorité aux fléchettes.

- Quelle chanson te ferais plaisir ? Hey, regarde, il y a tout pour faire un karaoké ! M’sieur ?!

J’adressais le barman qi essuyait ses verres sans porter plus que ça attention aux gens, pour le peu qu’il y en avait, dans son bar. Il releva les yeux vers moi et me fis un signe de tête voulant dire que j’avais son attention.

- Il fonctionne votre karaoké ?

- T’as qu’à l’branché et ça y’est.

- Merci ! Howard ? Ça te dis ?  

Bon, ça changeait un petit peu du deal initiale mais nous pourrions vraiment nous marrer avec un karaoké !

Les journalistes étaient casse-couilles et Livia laissa sous-entendre que c’était encore trop poli. J’rigolai à sa remarque. L’avait pas tort. Ils pouvaient vraiment être de vrais merdes ces journalistes. Mais z’avaient leur motivations. L’argent pour la plupart. Plus leur scoop était bon, plus ils étaient bien payés après tout. C’est ce que j’avais compris à travers Amon.

-Beaucoup diront qu’ils ne font que leur job. Mais bon… J’trouve qu’ils exagèrent.

L’appel de la p’tite scène était grand. Si Livia disait qu’elle pouvait résister, moi, j’avais bien du mal. Sûrement parce que ça m’permettait d’extériorisé tout ce que j’avais en moi. J’souris.

-Et ben… T’es plus tenace que moi alors si tu arriverais à résister.

Mais son rire me faisait penser que, elle aussi, finalement aurait du mal. On était des artistes. La scène, c’était notre vie. J’savais pas comment des gens comme Billy Lighter pouvait s’en priver pendant autant de temps.

J’proposai qu’on y monte mais Livia avait un tout autre deal qui, j’devais l’avouer, était super tentant. Alors, j’acceptai qu’on s’affronte aux fléchettes pour savoir ce qu’on allait faire après. J’étais pas contre faire la chorégraphie de Grease, hein. Bien que j’étais pas vraiment un super danseur. Au contraire. Mais pour chanter, ça, ça devrait aller.

On vida nos verres et on s’plaça devant la cible. J’me ventai un p’tit peu de mon talent pour les fléchettes. J’étais pas si naze à ce p’tit jeu. Et Livia me laissa alors commencer.

Et j’devais avouer que si j’avais loupé le premier lancé, j’me rattrapai bien sur les deux suivants.

J’étais même méga fier.

Livia trouvait ça pas mal. J’fis une p’tite moue.

-Moi, j’trouve que c’est même plus que pas mal. Vas-y voir si tu fais mieux.

Et elle s’y mis en ratant son premier lancé pour son plan grand désarrois. J’pouffai de rire.

-Pas de chance… On peut pas tout le temps réussir…

Mais elle s’en tira mieux sur ses deux autres lancés. Mais pas assez pour me battre. Alors, j’affichai un grand sourire fier. Livia s’inclina devant ma victoire.

-Howie le looser a gagné ! C’est un évènement méga important dans l’histoire de l’Humanité !

On devait chanter notre duo. Mais Livia remarqua le karaoké qui était un peu plus loin.

-Oh, cool !

C’était encore mieux que la scène, tiens. Avec un karaoké on pourra chanter n’importe quoi.

Livia s’adressa au barman qui semblait vraiment concentré sur le verre qu’il essuyait. Il disait que l’karaoké fonctionnait et qu’il suffisait de le brancher.

-Ouais ! Et comment que ça me dit !

On s’en approcha et je le branchai. Suffisait de trouver la bonne chanson. J’pris l’un des micros et j’me mis à choisir. J’vis qu’il y avait des chansons de Peyton ce qui me serra un p’tit peu le cœur. Mais j’décidai de pas choisir l’une d’entre elle… De peur de faire la moindre fausse note qui viendrait ruiner son travail. L’était perfectionniste et j’voulais respecter ça même après sa mort.

Alors, j’décidai de prendre une chanson de The Burning Fire du temps de Kayden James. C’était I’m Not The Only One. J’souris.

-J’vais ressusciter Kayden ! Tu vas voir ! Chante avec moi si tu en as envie.

J’lui souris et j’mis la chanson.


J’me mis à chanter en imitant Kayden du mieux possible. C’était même un p’tit peu une caricature. Ok… Kayden était mort mais ça m’amusait d’le titiller quand même. En tout cas, j’m’éclatai !

Quand ce fut terminé, j’éclatai un p’tit peu de rire.

-Doit se retourner dans sa tombe…

J’me tournai vers Livia.

-Ton tour de choisir.

Howard et moi étions du même avis concernant les journalistes même que je trouvais que, de la manière qu’il le disait, c’était encore trop gentil. Amon Sørensen avait délibérément levé le voile sur mon lien avec Jimmy Reed et depuis, j’avais vécu l’enfer en plus d’entendre les gens remettre en question mon talent.

- Plus ils exagères, plus ils sont lus et payés cher. C’est un cercle vicieux et c’est nous le hamster qui court pour le faire tourner.

Heureusement, il n’y avait pas de journaliste dans le bar que nous avions trouvés en bordure de la plage. Nous pourrions discuter et boire sans avoir peur de se faire épier.

Howard avait repéré u ne petit scène et voulait m’y amener. Il tenait absolument à ce que l’on chante ensemble ce soir, de toute évidence. Si l’idée était tentante, je proposais de pimenter la chose en faisant un paris aux fléchettes. Joueur, Howard accepta et, quittant nos tabouret après un shot de vodka, on se dirigea vers la cible alors que je dictais les règles de notre petit défi.

Ce fut Howard qui se lança le premier et, si son premier coup fut lamentable, il s’en tira bien avec les deux suivants. Je devais faire mieux que son soixante-seize et je ne craignais pas d’y parvenir puisque j’étais excellente à ce jeu. Ceci dit, la chance n’était pas de mon côté ce soir et je ne pu faire mieux avec mes trois premières fléchettes qu’un tout petit quarante points. Je m’inclinais humblement alors que mon ami disait que l’éternel looser venait de l’emporter.

- Aww mais non, t’es pas un looser !

Je le bousculais du coude en rigolant alors que je remarquais que, près de la scène, il y avait l’installation pour un karaoké. Cela changeait la donne et me donnait une idée que je partageais avec mon ami. Le barman, pas très enthousiaste, me répondit qu’il n’y avait qu’à tout brancher pour que le karaoké soit fonctionnel. Ok, nous pouvions le faire nous-même, ce n’était pas un problème !  Pendant que je branchais les fils et que je vérifiais ensuite les micros, Howard lui, feuilletait le catalogue de chanson à la recherche d’une qu’il aurait envie d’interprété.

- Ah ouais ? Bah j’ai hâte d’entendre ça ! Vas-y, c’est prêt !

Je le laissais se placer et j’allais moi chercher la bouteille de vodka avant de grimper sur scène avec Howard qui avait commencé sa chanson. Je pris un micro à mon tour et je m’amusais à faire les back vocals. Nous avions vraiment beaucoup de plaisir, jusqu’au bout de la chanson qui méritait tous les applaudissements du monde mais le bar pratiquement vide n’allait pas se soulever pour nous. Ce fut moi qui offrit des sifflements de satisfactions.

- J’crois qu’il s’est même tapé la tête contre le couvercle de son cercueil, le pauvre !

Nous faisions dans l’humour noir, ma parole.

Je pris une gorgée de vodka à même la bouteille avant de m’emparer du catalogue à mon tour et d’y chercher une chanson digne de ce grand évènement. Ce n’étaient pas les choix qui manquaient, ça ne serait pas facile.

- Il n’y a aucune de mes chansons là-dedans, le répertoire du karaoké est trop vieux !

Bon de toute façon, je n’allais pas faire ma propre chanson au karaoké ! Je tournais les pages jusqu’à ce que j’en trouve une qui me fit sourire grand.

- Celle-là ! Une chanson des Pink Ladies. Je suis prête !

Je laissais Howard se charger de mettre en route le tout et quand la musique commença, je me lançais, suivant la petite balle jaune sauter d’un mot à l’autre, même si je savais les paroles par cœur !

J’crois que si j’me sentais capable de destituer, d’une façon ou d’une autre, Jimmy Reed… J’savais que j’pouvais pas grand-chose contre la grosse machine du journalisme people. Livia faisait une assez bonne métaphore en nous qualifiant de hamster.

L’avait pas tort.

Mais, ce soir, j’voulais oublier tout ça. A coup de vodka… Mais aussi d’un p’tit concours de fléchettes. J’m’étais bien concentré pour gagner la partie et j’exultais quand j’réussi à faire plus de points que Livia. J’déclarai que Howard le looser avait gagné mais contrairement à bien des gens, Livia déclara que j’étais pas un looser. J’lui souris.

-J’sais. Ma vie en est une preuve.

Parce que pas beaucoup de gens pouvaient se venter d’avoir grimper aussi vite autant de classes sociales d’un coup. J’trouvais qu’à Los Angeles, j’étais dans ceux qui avaient le mieux réussi sans vraiment avoir eu besoin de personne. Enfin… J’avais eu un rien des chance de tomber sur Amon à la salle de sport au moment où The Burning Fire cherchait un batteur. Mais sans mon talent, même avec la chance, il m’aurait pas recruté.

Donc, j’étais pas un looser. Quoi qu’en pense, Jimmy Reed, Daniele Ricci, Ward Fleming et bien d’autres.

Qu’ils aillent se faire foutre.

On se marrait Livia et moi et elle eut l’idée de faire un karaoké. J’oubliai notre deal pour accepter l’idée que j’trouvais encore plus fun. Livia se mit à tout brancher pendant que j’cherchais une bonne chanson. Y’avait pas de chansons récentes… Juste des trucs qui dataient de quelques années. Mais j’finis par choisir une chanson de mon groupe du temps de Kayden.

Et j’me mis à chanter entendant Livia faire les back vocals. J’me marrais bien et quand ce fut terminé on fit quelques commentaires un peu noir. Ça avait jamais été le grand amour entre moi et Kayden. David s’entendait bien avec lui, par contre.

-Sans doute. Pauvre cercueil…

J’m’envoyai encore de la vodka juste après Livia et ce fut à son tour de choisir. Elle fit un commentaire sur le fait qu’il y avait aucune de ses chansons dans le catalogue. J’rigolai.

-L’est vieux, ouais… Enfin… Pas tant, hein. Y’a quand même des chansons des premiers albums de mon groupe. Et j’suis pas si vieux… Enfin… Pas aussi vieux que ça, quoi.

J’ai quel âge ? 36 ans ? Han… Presque 37… L’est tant que j’prépare mon testament.

Livia choisi une chanson des Pink Ladies ce qui me fit penser à Savannah. Mon cœur se serra un p’tit peu mais mon sourire demeurait.

-Bon choix !

Je lançai la chanson et la voix de Livia se fit entendre. J’souris. Elle reprenait très bien la chanson. Et, à mon tour, j’vins l’accompagner sur les refrains. On s’éclatai. J’en oubliais la putain de fête de Ricci.

Quand la chanson fut terminé, j’souris à Livia.

-Savannah aurait adoré entendre ça. L’était super bien cette reprise.

J’m’envoyai un autre coup de vodka. J’voyais de plus en plus flou. Tout me venait de plus en plus loin. J’avais donné pas mal de moi-même pour ce p’tit karaoké et mon souffle se faisait un p’tit peu court.

-Bon… J’abdique… J’saurais plus chanter…

J’rigolai un p’tit peu.

-Les rochers, l’eau froid, le concert, la vodka. J’crois que j’ai abusé de mes forces.  

J’souris à Livia et une idée me traversa l’esprit. Elle n’était ni bonne, ni réalisable mais bon.

-J’devrais rentrer… Dis… J’peux dormir chez toi ?

Aucune chance qu’elle dise « oui »… Julian allait rentrer dans la nuit et ça ferait bizarre pour lui d’me trouver chez lui.

Mais bon… J’avais quand même tenté. On sait jamais.

Howard avait une bien mauvaise opinion de lui-même. Alors qu’il pouvait savourer sa victoire aux fléchettes et me trouver la pire des chansons à interpréter pour se venger de mon idée de lui faire faire la chorégraphie de Grease, il s’exclama qu’Howie le looser avait gagné. Je lui répondis qu’il n’en était pas un.

- Voilà ! Ta vie prouve bien que tu n’es pas un looser. Avec tout ce que tu as accompli, les prix gagnés, les aventures que tu as vécues, c’est loin d’être le récit d’un looser.

Allez savoir pourquoi, je n’aimais pas qu’il se dénigre. Il y avait assez des Jimmy Reed de ce monde pour le faire, il n’avait pas besoin de se taper lui-même sur la tête. Je pris sa main dans la mienne et lui souris avant qu’il ne se décide à me donner la sentence pour avoir perdu contre lui aux fléchettes.

Le karaoké changea la donne et tous les deux en oublions notre petit paris pour aller feuilleter le catalogue de chanson proposées. Je laissais l’honneur à Howard de se choisir en premier une chanson pendant que je branchais le tout, me battant un peu avec ma robe qui n’était pas adapté à une soirée dans un bar.

J’envoyais la musique et Howard pu offrir une belle prestation caricaturale de Kayden alors que je faisais les back vocals. Tout en se marrant, on se donnait à fond, peut-être un petit peu trop mais on en avait rien à foutre, nous avions trop de plaisir pour freiner nos ardeurs. Puis la vodka aidait, du moins, elle m’aidait moi parce que Howard devait en avoir besoin bien plus que ça pour voir la différence !

- On ira cogner à sa pierre tombale après pour voir si nous l’avons dérangé !

La bouteille de vodka passa de mes mains à celles d’Howard pour que je puisse me choisir une chanson. Je râlais un petit peu en disant que ce catalogue était vieux et Howard le défendit ce qui me fit rire parce qu’il y trouvait des chansons de son groupe et que de ce fait, ça ne pouvait pas être vieux ou du moins pas si vieux que ça. Je tournais les pages, encore et encore jusqu’à trouver une chanson des Pink Ladies, un coup de cœur !

Encore une fois, on y mit du cœur dans notre interprétation personnelle et pas du tout professionnelle. Ça faisait vraiment beaucoup de bien de se lâcher, de chanter à tue-tête dans des micros qui rendaient l’âme. Oublier la fête et ses indésirables.

- C’était parfaitement imparfait ce qui fait que c’était plus que parfait !

Je m’esclaffais en reprenant la bouteille de vodka pour en boire une gorgée alors qu’Howard abdiquait disant qu’il ne saurait plus chanter,

- Petit joueur, va !

Je pourrais continuer pendant des heures, encore ! Mais sans Howard, c’était moins fun alors je laissais le micro sur la table puis je tournais le regard sur Howard qui venait de me demander s’il pouvait dormir chez moi.

- Euh…

Julian en fera une maladie ! J’aurai droit à une énième prise de tête, l’orage ne finira jamais de gronder au-dessus de nos têtes et…

- D’accord ! Nous ne sommes pas loin de chez moi en plus !

Il n’y avait qu’à continuer de marcher sur la digue pendant un moment et nous y serions.

- À ton tour de tester mon divan mais tu as de la chance, je n’ai pas de trophée exposé dans mon salon, tu ne risque pas d’en prendre un par la tête, toi !

Quoi que Julian pourrait lui lancer un cendrier ou un vase vide, parce que les fleurs, ça attirent les germes ! Est-ce qu’on parle de la fumée secondaire ? Je m’égare ! J’allais me diriger vers la porte mais je m’arrêtais, je pouffais de rire et j’attrapais Howard par le bras pour lui murmurer :

- C’est Julian qui a mon argent ! Tu as de quoi payer la bouteille ?

Mon histoire était pas un récit de looser. C’est ce que pensait Livia. C’est ce que j’pensais aussi. Suffisait de regarder ma carrière pour s’en rendre compte. Ceux qui pensaient que j’étais un looser ce sont eux le problème.

Pas moi.

Livia savait comment me remonter le morale avec des p’tites phrases ou des choses simples comme un karaoké quasi improvisé où j’m’étais amusé à ruiner un p’tit peu la mémoire de Kayden. En réalité, l’était pas tellement ruinée. Ma reprise était pas si mal. C’était pas la première fois que j’reprenais un titre de The Burning Fire chanté par Kayden.

Mais j’aimais l’humour un p’tit peu noir et ça semblait être le cas aussi pour Livia vu qu’elle parla aussi de la pauvre pierre tombale de l’ex-chanteur de mon groupe. J’rigolai et ce fut, ensuite, à elle de nous monter ce qu’elle avait dans l’ventre. Pour se faire, elle choisi une chanson des Pink Ladies, l’ancien groupe de Savannah. J’me mis à écouter non sans avoir toutes mes pensées vers Savannah. J’déglutis un p’tit peu… J’avais eu beau passer de l’Eastside à la jet-set, y’avait bien quelque chose qui était commun aux deux : la mort. Personne pouvait y échapper…

Quand la chanson se termina, j’complimentai Livia qui trouvait que les imperfections faisait la perfection. L’avait toujours l’art des grandes phrases. C’était un truc que j’aimais chez elle.

-J’pouvais pas mieux le dire.

C’était clair ça. J’rigolai un peu avant d’abdiquer me rendant compte, d’après mon souffle, que j’saurais plus vraiment pousser la moindre bonne note. J’tirai la langue à Livia quand elle me traita de p’tit joueur.

-T’es jeune, hein ! Pas moi. J’ai 36 ans. Mes poumons ont 100 ans.

J’dis ça sur le ton de l’humour avant de me lancer et d’essayer de m’inviter chez Livia. Ok. C’était méga gonflé. Mais j’avais pas le courage de remonter à Beverly Hills, en fait…

J’m’attendis à un « non » catégorique mais, à la place, elle hésita avant… D’accepter. Hein ? L’a accepté ? J’pris un air surpris.

-Wow ! J’m’attendais à ce que tu refuses…

Elle me donnera son divan et j’rigolai à l’histoire du trophée.

-Pourtant, tu as eu des trophée aussi. Tu devrais les exposer. C’est cool de les exposer.

Livia se dirigea vers la sortir mais, en chemin, elle s’accrocha à mon bras se rendant compte qu’on avait pas payé et que, en plus, l’avait pas d’argent. J’fis semblant d’être méga outré.

-Oh quoi ?! J’dois payer en plus ? Han… Moi qui pensais que tu étais plus riche que moi…

J’rigolai avant de payer la bouteille au barman bourru qui, j’le voyais bien, se fichait totalement de la présence du duo de choc Stone-Cortez dans son bar. Han… Pourtant c’est un évènement inédit !

On sortit, ensuite, du bar pour se retrouver sur la digue où on marcha plus forcément très droit jusqu’à arriver chez Livia. L’avait une belle p’tite villa au bord de mer.

-C’est super beau ici…

On arriva dans l’salon. Il faisait méga clean ici. Y’avait rien qui dépassait et y’avait pas beaucoup de décoration. C’était assez sobre, en fait.

Et quand j’me rendis compte de ça, j’baissai les yeux sur mes chaussures qui maculaient le sol de sable. J’fis une p’tite moue.

-Han mince ! J’ai foutu du sable partout sur ton sol méga propre. Z’avez une femme de ménage méga méticuleuse, dis donc… J’ai même peur d’avancer tellement ses propre…

Mais j’avançai quand même, hein. Et j’me laissai tomber assis dans le divan que… Bah j’salis aussi vu que mon pantalon aussi était plein de sable.

-J’suis complètement stone…

J’avais méga bus… Ça s’entendait à ma voix pâteuse.

On se donna à fond, Howard et moi, dans nos interprétations respectives parce que, qu’on le veuille ou non, on ne peut pas réellement sortir la chanson de nous. Moi je trouvais qu’il avait assuré avec sa chanson de son propre groupe remontant au temps de Kayden alors que moi, j’avais tout donné pour rende hommage aux défuntes Pink Ladies. J’adorais ce groupe et je trouvais triste qu’elles se soient séparées parce que, selon moi, le paysage musical manquait gravement de groupe de femmes.

J’aurais bien chanté encore quelques chansons mais mon ami abdiqua ce à quoi je le qualifiais de petit joueur, en rigolant. Il prétexta alors qu’il n’était plus si jeune, comme si trente-six ans était vieux, tiens, et que ses poumons avaient cent ans.

- Pour tes poumons, on je veux bien te croire, le reste, l’âge, c’est dans la tête et dans le cœur.

Lui, il avait clairement cessé de vieillir à l’adolescence ! Howard serait un éternel enfant et resterait jeune de cœur pour toujours.

Howard voulait rentrer et, je devais avouer que je ne me ferais pas prier pour changer de vêtement. Ma robe me collait à la peau et j’avais du sable dans le string ! Alors oui, j’étais partante pour rentrer mais pas forcément pour mettre fi n à notre soirée. Il me semblait qu’il y avait tellement longtemps que je ne m’étais pas autant amusée et sentie libre !

À ma plus grande surprise, Howard me demanda s’il pouvait dormir chez moi. J’eu un petit deux minutes de conversation avec moi-même me disant que Julian ne serait pas content et que ça lui donnerait de quoi alimenter sa jalousie déjà accaparante mais je me disais aussi que si Howard me demandait ça, c’est qu’il ne devait pas avoir envie lui non plus que la soirée se termine et qu’il avait besoin de changer d’air. Peut-être que de dormir toutes les nuits dans son lit sans y trouver la chaleur du corps de sa femme lui manquait terriblement et que de découcher lui permettait d’oublier, un petit peu du moins.

- Pourquoi je refuserais ? On se fera du popcorn et on visionnera un film de Noël. Ça sera drôle !

Il voulait bien dormir sur le divan, de toute façon il n’y avait pas trop le choix. Nos chambres d’amis n’étaient pas aménagées pour recevoir, elles servaient d’entreposage de robe de scène, de souvenir de voyage, de plans de voitures et de je ne sais plus quoi. D’ailleurs, il serait bien qu’on y fasse le tri, Julian et moi, un de ces quatre.

- Mes trophées sont dans ma chambre, pas de risque que tu t’en prennes un par la tête.

Nous allions quitter le bar quand je stoppais abruptement en m’accrochant au bras de Howard et en pouffant de rire conte son épaule. Je lui fis remarquer que nous allions partir sans payer et, comble de tout, c’était Julian qui avait mon argent parce que je n’avais pas de poche sur ma tenue et que je ne voulais pas m’encombrer d’un sac toute la soirée.

- Là, tout de suite, je dirais que c’est toi qui est plus riche que moi !, dis-je en rigolant encore plus.

Howard alla payer et ensuite, on traça notre chemin doucement, jusque chez moi. C’était bien de marcher sans se presser et de parler de tout et de rien avec Howard. La conversation coulait toute seule, il n’y avait pas de temps mort ou de gêne. Comme deux amis prenant du temps l’un pour l’autre.

- Merci !, dis-je en regardant tout autour de moi, ma maison maculée de blanc et étincelante de propreté. Tant fait pas, la femme de ménage vient deux fois par jour, tous les jours alors le sable, il ne restera pas longtemps sur le sol, je te le garanti !

Julian exigeait ça, une propreté exemplaire en tout temps et si je trouvais ça bien au début, je commençais à me sentir étouffer par autant de rigueur. Tout devait être parfait dans ses moindres détails, les serviettes parfaitement alignées et les conserves toutes tournées vers l’avant pour que les étiquettes soient bien droites. Les chemises étaient rangées par ordre de couleurs sur ces cintres toutes de la même couleur et chez moi, tout était à sa place et pas ailleurs. C’était comme ça et pas autrement.

- Tu m’étonne ! J’suis pas en pleine possession de mes moyens moi non plus ! Si tu veux prendre une douche, tu peux y aller. J’ai peut-être des trucs qui pourraient t’aller comme vêtements. Enfin, pas des trucs à moi mais Julian a commandé des pantalons de jogging un peu trop grand mais je crois qu’ils t’iraient.

Il serait plus confortable que sans son jeans trempés et imprégné de sable.

L’âge c’est dans la tête et dans le cœur. Livia avait raison… J’avais toujours été un gamin dans ma tête et, sincèrement, l’être me faisait beaucoup de bien. J’étais méga insouciant parfois au point où j’faisais même pas forcément attention aux autres et à ce qu’ils pensaient. J’en ai désespéré des tas avec mon comportement… Que ça soit mes amis, mes ennemis et toute autre personne qui croisaient mon chemin.

Mais ces derniers temps… Avec la mort de Peyton et les évènements avec Ward… J’pensais avoir d’un coup grandi… Et j’étais pas forcément sûr d’aimer ça.

Même si ce soir, j’arrivais à penser à autre chose et à m’évader avec Livia qui, j’le voyais, avait besoin de ça aussi.

C’est sûrement en vue de retrouver l’ancien Howard. Celui qui se fichait de tout. Que j’tentai le coup à demander à Livia si j’pouvais dormir chez elle. J’en avais envie. Déjà parce que j’voulais pas m’taper l’chemin jusqu’à Beverly Hills mais, aussi, parce que j’voulais pas la quitter trop vite. Puis… L’ancien Howard s’en serait foutu de savoir si la fille avait qui il voulait passer un p’tit peu de temps était marié ou non.

Malgré tout, j’m’attendais quand même à un refus mais c’est pas ça qui arriva. Livia accepta à ma plus grand surprise et proposa un programme qui m’plaisait.

-Ouais ! Y’a rien de mieux que les films de Noël pour se détendre.

Elle disait que j’risquais pas de me prendre un trophée dans la figure. Ses trophées étant dans sa chambre, Julian saurait pas me tuer avec. Parce que j’me doutais que c’était Julian le plus susceptible de me foutre un trophée à la figure.

-Ça va alors. J’vais pas mourir aujourd’hui.

J’rigolai en disant ça, bien sûr. J’comptais pas mourir aujourd’hui, ni demain… Enfin, si L.A. veut bien que j’vivre. L’est pas très sympa avec moi ces deniers temps. Comme si j’devais payer, d’une certaine façon, ma montée de classes sociales.

On était prêt à sortir mais Livia se rappela qu’on devait payer notre consommation de vodka. Seulement, l’avait pas d’argent alors c’est moi qui devait m’y coller pour payer. J’déclarai que j’croyais qu’elle était plus riche de moi mais vu qu’elle avait rien sur elle, là toute suite, l’était évident que c’était moi l’plus riche.

-On dirait bien.

J’rigolai, payai et puis on quitta le bar pour s’retrouver sur la digue direction la villa de Livia. On parla de tout et de rien… Sans pression. Loin des regards de la jet-set. Jusqu’à-ce qu’on arrive et que j’découvre la villa super propre de Livia. C’était dingue. J’avais jamais vu ça… Et j’ouvris de grands yeux surpris quand Livia disait qu’une femme de ménage passait deux fois par jour.

-Deux fois par jours ??? Mais elle nettoie quoi ? Si elle lave le matin ça doit être propre au moins un moment, non ? P’tain, j’espère qu’elle habite pas loin la pauvre… Pourquoi elle vient aussi souvent ?

Moi, la mienne venait une fois par semaine et c’était méga suffisant, hein. Et j’lui faisais pas faire toutes les pièces. Juste celle où j’vivais, quoi… Les autres elle peut les faire une fois par mois…

J’me mis dans le fauteuil malgré tout et j’déclarai être complètement stone. Bah, j’étais un Stone… Mais j’suis aussi un rien stone. Enfin, vous avez compris, quoi. Livia déclara être dans le même état et m’proposa de prendre une douche et d’me prêter des habits de son mari. Han… Ça va pas lui plaire, ça, si ?

Howard… Tu as dit que tu t’en foutais.

Alors soit l’ancien toi.

-J’pense que ça devait m’aller. Ça sera p’t-être un rien grand mais c’est pas si grand pour s’regarder un film.

J’me levai. J’voulais prendre cette douche mais… J’affichai un p’tit sourire malicieux.

-En attendant tu peux préparer le pop-corn ou choisir le film… A moins que… Tu veuille venir avec moi… Du sable, t’en a aussi sur toi. Faudrait pas trop ennuyé ta femme de ménage.

Ok… C’était mal. Très mal. Mais j’avais plus envie de m’arrêter sur ce que j’pouvais faire ou pas faire.

J’lui fis un p’tit clin d’œil et me dirigeai vers la salle de bain. P’t-être qu’elle allait m’suivre. P’t-être pas.

Ni Howard ni moi avions envie que la soirée se termine trop rapidement. C’est donc pour cela que j’acceptais sa demande de dormir chez moi au risque de me prendre une nouvelle fois la tête avec Julian. Je ne voulais pas laisser Howard reprendre le volant puis il dormirait sur le divan, je ne voyais pas le problème là-dedans. Tout ce que je risquais était une nouvelle insulte de la part de Jimmy mais je commençais à être habituée à ça alors, une de plus, une de moins ?

On marcha Howard et moi le long de la digue jusqu’à arriver chez moi et on y entra, dans le noir, avant que je n’ouvre les lumières sur le blanc étincelant de ma demeure. Un blanc immaculé qui commençait de plus en plus à m’agresser. Howard remarqua à quel point c’était propre chez moi mais, avec une femme de ménage qui passe deux fois par jour, tous les jours, comment pouvait-il en être autrement ?

- Je n’ai aucune idée de où elle habite mais Julian exige qu’elle passe deux fois par jour et vu tout ce qu’elle a à faire, ce n’est pas de trop.

Laver tous les planchers, les fenêtres, les rideaux et les draps, en plus de tout le reste, la pauvre n’en avait pas de trop de sa journée.

- Julian ne tolère pas la moindre petite poussière sur le sol. S’il en voit une, il considère que la maison au complet est sale.

Alors, quand il verrait tout le sable que nous avions fait sur le sol, il en ferait une maladie et notre pauvre Gertrude devrait nettoyer du plancher au plafonds et même aseptiser toute la demeure pour que Julian s’y sente bien. Rare était les fois où des gens venaient chez nous, justement à cause des germes extérieurs qu’ils pouvaient laisser chez nous et ça m’étonnais d’ailleurs que mon mari n’ait pas eu l’idée d’installer une douche dans le garage pour qu’on se lave et désinfecte avant d’entrer dans la maison.

Je proposais à Howard de prendre une douche et de se changer. Julian avait des vêtements qu’il ne portait pas et qui feraient sans doute à Howard. Il accepta ma proposition mais comme nous voulions se poser dans le divan devant un film de noël, ce serait parfait.

Howard, fidèle à lui-même me proposa d’aller sous la douche avec lui parce que moi aussi, j’avais du sable là où ce n’était pas agréable d’en avoir et que je devrais moi aussi me nettoyer avant le film.

- Tu dirais quoi si je disais oui, à ça aussi ?

Je regardais Howard intensément dans les yeux avant de pouffer de rire et de le pousser, gentiment sur le torse.

- Vas te laver, Don Juan ! Je vais faire cramer le popcorn pendant ce temps-là !

Parce que je n’étais pas une chef reconnue ! J’étais plutôt douée pour commander les repas et les faire préparer par le traiteur.

- J’irai prendre ma douche après.

Je le regardais s’en aller dans la direction que je lui pointais avant de me rendre à la cuisine, de mettre un peu d’huile dans une casserole de la chauffer assez pour y mettre les grains et enfin, attendre qu’ils éclatent tous pour y ajouter du beurre et du sel. Quand Howard sortit de la douche, je ne pu faire autrement que de le trouver méga sexy avec ses cheveux mouillés et des gouttelettes coulant sur son torse. Je dû me secouer la tête pour aller moi-même sous la douche, en vitesse et rejoindre mon invité au salon vêtue d’un pyjama deux pièces aux motifs d’ourson en peluche coiffés de chapeaux de noël. J’étais à l’opposé de ce qui pouvait être sexy.

- A Christmas Story, ça te vas ? Je pense que c’est le seul film de noël que j’ai, en fait. En même temps, c’est le meilleur des films ! Je suis fan du papa de Ralphie !

J’appuyais sur le bouton de la commande et le film commença, les aventures de ce petit garçon narré par lui-même devenu adulte me faisait sourire. Il rêvait par-dessus tout d’avoir la carabine à double action de Red Ryder. Ça me rappela ma poupée Julia.

- Quand j’étais petite, je voulais avoir la poupée qui tient elle-même son biberon ! J’en rêvais et je n’arrêtais pas d’en parler à un point tel que ma mère n’en pouvait plus de m’entendre ! Je l’ai finalement eue, ma belle poupée et je l’ai traînée absolument partout. Tu as eu un jouet comme ça, toi aussi ?

C’est Julian qui exigeait que la femme de ménage passe deux fois par jour. J’avais toujours les yeux grands comme des soucoupes en entendant ça… Apparemment, Julian détestait voir la moindre poussière… A ce point-là c’était pas un p’tit peu abusé par hasard ? P’tain, même Peyton exigeait pas ça. A croire que, comparé à Julian Hughes, l’était facile à vivre, ma femme…

-P’tain… L’a un soucis. Faut qu’il se soigne…

C’était évident… J’savais qu’il y avait des gens maniaque mais à ce point-là c’était sûrement pathologique, non ? En tout cas, la vie de Livia devait pas être simple si la moindre poussière revenait à devoir laver TOUTE la maison.

Autant dire qu’avec tout le sable par terre, la maison était sûrement biiiiiiiiiien trop sale pour l’pauvre p’tit Hughes. Mais bon… L’était pas là. Il verra que les dégâts plus tard. Et p’t-être qu’à ce moment-là, il prendra le temps d’aller chercher un trophée dans la chambre de Livia pour venir m’le jeter dessus.

Livia me proposa de prendre une douche. J’acceptai d’y aller ainsi que j’acceptai les vêtements de Julian. Pour regarder un film ça fera l’affaire. Et je tentai le coup en lui proposant de venir avec moi. J’esquissai un p’tit sourire quand elle demanda ce que je dirais si elle disait oui à ça aussi.

-Ça m’surprendrait. Mais agréablement.

Mais elle refusa me faisant rigoler un p’tit peu. Elle préférait faire le popcorn en attendant alors je la laissai pour rejoindre la salle de bain et m’laver un bon coup. J’en sortis les cheveux dégoulinant d’eau parce que j’avais pas pris le temps de bien les sécher vêtus d’un training de Julian qui m’allait plutôt bien et qui était confortable.

Livia alla se douche alors que j’pris place dans l’divan à l’attendre alors que ça sentait bon le popcorn. Elle revint peu après vêtue d’un pyjama que me fit un peu rire.

-Super sexy !

L’avait surtout l’air d’une ado. Mais… L’était encore une ado quelque part. Elle proposa qu’on regard A Christmas Story parce que c’était l’seul film de Noël qu’elle avait.

-Ok ! Vas pour ce film !

Elle envoya le film et j’avais les yeux rivés sur l’écran en rigolant de temps en temps devant certaines scène qui me faisait marrer alors que j’mangeai distraitement quelques popcorn.

J’me tournai vers Livia quand elle raconta que, étant p’tite, elle voulait absolument avoir un poupée qui tient elle-même un biberon. Le genre de cadeau que bien des p’tites filles auraient voulu étant enfant. J’souris à son anecdote alors que Livia avait réussi à obtenir ce qu’elle voulait. Et quand elle me demanda si, moi, j’avais eu un jouet comme ça quand j’étais p’tit, j’affichai un sourire doux-amer.

-C’est assez jeune que j’ai découvert que j’adorais taper sur des trucs en rythme… J’ai rapidement voulu une batterie mais… Mes parents étaient loin de rouler sur l’or alors j’ai jamais eu ce que j’voulais. Pas que j’avais pas de cadeaux, hein. J’en avais chaque années. Des p’tites voitures… Des pistolets… Des arcs à flèche… Bref, l’genre de cadeaux qui comblait le p’tit Howard. Mais j’ai dû attendre d’me faire mon propre agent pour avoir ma batterie.

J’souris.

-Parait que le mieux à Noël, c’est pas tant les cadeaux mais c’est être avec sa famille… Quand j’étais p’tit, ça signifiait que la famille de ma mère venait à la maison… Et Dieu sait que j’détestais ça… Alors pour moi, y’avait que les cadeaux que j’adorais.