En quelques mots, Howard avait rétabli la vérité dans ma tête. Tout ça n’avait pas été un plan made in BSC comme le prétendait Jimmy Reed. C’était juste une tentative de ne pas perdre la face devant le parterre des invités. Beaucoup croiraient Jimmy Reed… Mais la vodka sur les chaussures du magnat de BSC sèmerait probablement quand même un peu le doute.

Je l’espérais, en tout cas. Parce qu’Howard n’avait vraiment pas l’air bien en sortant de scène. Il semblait furax, déçu et dépité. Mais surtout furax.

Quelque chose me disait que tout ça ne s’arrêterait pas là…

Mais je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit de réconfortant au batteur. Même pas que j’allais retranscrire sa déclaration dans mon édition spéciale sur cette fête. Il était parti, sans demander son reste…

Il avait quitté la scène, il avait quitté la fête…

Je me mordis la lèvre, m’inquiétant pour lui mais me sachant impuissant dans l’instant présent.

Je remontai donc dans le yacht où j’avais demandé à Sonne de m’attendre… J’espérais que son mari ne lui avait pas remis la main dessus… C’était un peu le problème quand on était pas quelqu’un qui était sous l’emprise de sa libido…

Je faisais passer le rationnel avant les besoin primaires…

Et là encore, quand je retrouvai Sonne sur le pont, un verre à la main, c’était Howard et non pas elle que j’avais en tête.

Je pris un verre moi aussi et m’approchai d’elle, laissant une main furtive effleurer le creux de ses reins avant de me poster à côté d’elle pour regarder vers la scène… Comme si un autre diablotin allait sortir de sa boîte… Un autre contestataire, qui viendrait conforter ce que le batteur avait essayé de transmettre comme message.

-Ton patron a menti.

Je la regardai, sans reproche aucun dans le regard parce que ce n’était pas sa faute, mais j’étais perplexe.

-Je viens de voir Howard… Ton patron a menti…

Je pris une bonne grosse gorgée de champagne.

-Un jour, lui et Reed vont pousser Howard à faire quelque chose de regrettable.

Je la regardai dans les yeux.

-Quel pouvoir tu as sur Ricci ?

Certain disaient qu’elle était sa mère de substitution… Je voulais savoir si Ricci pourrait tempérer Reed si jamais ils se mettaient en tête de se venger.

Amon m’avait pratiquement ignoré, me montrant une indifférence quasi-totale avant de me demander d’aller l’attendre sur le yacht. Sur le coup il me fit penser à Axel quand il tentait de me donner des ordres pour assoir sa supposée supériorité. J’avais regardé Amon avant de serrer les dents et de m’éloigner de mon amant. J’eu envie de ne pas grimper sur le yacht et de jouer la carte de l’indifférence moi aussi mais finalement, je me ravisais. Si Amon préférait jouer au journaliste plutôt que de profiter d’une des rares occasions qui nous était offerte, de se retrouver, je n’y pouvait rien.

Je montais donc le pont du yacht, comme un tas d’autres invités qui allaient et venaient, passant d’une station à une autre, souriant, verre à la main. Certains commençaient à être plutôt bien amanchés, d’autres se goinfraient dans les petits fours. Je préférais me prendre un autre verre de champagne, commençant doucement à rejoindre le clan des imbibés. Oh, je tenais encore droite sur mes escarpins, heureusement, mais l’envie de les retirer commençait à me titiller.

Les minutes s’égrenaient et je commençais même à croire qu’Amon m’avait posé un lapin, ce qui serait vraiment la cerise sur le gâteau. J’avais eu bien assez de la condescendance de Jessica Hill et du mélodrame à la Stone pour n’avoir envie d’en plus, être le dindon de la farce d’Amon.

Mon amant me rejoignit, pour mon plus grand bonheur mais il n’avait encore que l’histoire de Stone à la bouche. Tout ce qu’il trouva à me dire, lorsqu’il m’aborda fut que mon patron avait menti. Je le regardais, confuse et un peu dépitée. Il clarifia le fond de sa pensée en disant qu’il venait de parler à Howard et que par conséquent, Daniele avait menti. N’était-ce pas Reed qui était monté sur scène pour faire son discours sur ce qu’était vraiment la prestation d’Howard ? Puis Amon jouta qu’un jour, Daniele et Jimmy allaient pousser Howard à commettre l’irréparable.

Et alors ?

Nous n’étions pas responsables des malheurs d’Howard Stone ! S’il cessait de mordre la main qui le nourrit, peut-être qu’il ne serait pas sens cesse placer sur la sellette.

- Aucun!? C’est quoi cette question ?

J’étais surprise et décontenancée. Je but une gorgée de mon verre de champagne en me m’interrogeant sur le véritable sens de la question d’Amon. Que voulait-il dire par là, sur les pouvoir que j’avais sur mon patron ? Autre que celui de lui faire changer de cravate ou de me permettre une plus longue pause déjeuner pour que je puisse aller voir ma manucure, je n’avais aucun pouvoir sur mon patron, en tous les cas, je ne pensais pas en avoir. Je n’avais non plus jamais cherché à tester si j’en avais.

- Je doute que quiconque ait un véritable pouvoir sur Daniele ou alors je miserais sur Samantha.

Je pouvais comprendre qu’il s’en faisait pour Howard, leur amitié n’était pas un secret pour personne et ça me désolais de le voir en cet état pour son ami mais, que pouvions nous vraiment faire si les principaux intéressés n’avaient, d’une par comme de l’autre, nullement l’intention d’enterrer la hache de guerre ?

- Howard devrait sortir Fireworks de chez BSC. Ça ferait bien plus mal à Reed qu’une chanson et une intrusion dans une fête privée. C’est mon opinion, je sais qu’elle ne vaut pas grand-chose dans la balance.

J’avais rejoint Sonne sur le pont du bateau. Mais c’était Howard que j’avais en tête. Je savais des choses sur Reed. Je savais que Howard ne comptait pas en rester là.

Et je sentais que tout ça allait dangereusement s’envenimer jusqu’à ce que quelqu’un fasse une belle connerie…

J’étais refroidi, du coup.

Alors je fis part, dans un sens, de mes inquiétudes à Sonne… Elle semblait tirer la tronche sous son sourire plastique de circonstance. Mais je ne comprenais pas pourquoi. Peut-être qu’Axel avait dit quelque chose qui ne fallait pas.

Les femmes sont compliquées, de toute façon.

Je lui demandai quel pouvoir elle avait sur Ricci, et elle affirma n’en avoir aucun. Je me frottai d’une main ma barbe de trois jours, réfléchissant.

-Je vois…

Selon elle, il fallait miser sur Samantha, la femme de Ricci.

Mon regard était perdu dans le vide, je réfléchissais à cent à l’heure…  

-Le problème, c’est que ce n’est pas vraiment Ricci que je veux atteindre… Mais Reed. Il faudrait que Daniele calme Reed s’il décide de faire payer l’affront d’Howard.

Je soupirai, passant une main dans mes cheveux…

-Mais je te parie que si on fait en sorte que Samantha parle à Ricci pour qu’il parle à Reed… Reed va le sentir. Et s’il sent que la femme de Ricci est derrière, il risque de faire encore pire, juste pour emmerder Samantha en plus de descendre Howard.

Je fis la moue…

-Tu vas me dire… Si ça vient de toi, ce ne sera pas mieux. Vu que tu es une femme aussi.

Sonne, elle, pensait que Howard devait retirer Fireworks de chez BSC.

-Et pour aller où ? Retourner chez MTI ? Fireworks est un pied de nez à Timmy Evans, je te rappelle, ce n’est pas pour revenir la queue entre les jambes.

Je haussai les épaules.

-En plus… BSC a d’autres grands groupes. Ils ont Roadtramp, ils ont Sniper… Qu’est-ce que Fireworks dans la balance ?

Je tournai enfin la tête vers Sonne.

-Sinon, comment tu trouves la fête ?

J’essayais de me retirer Howard de la tête… Mais je le voyais déjà bien en train de se saouler la gueule à la vodka en maudissant Ricci et Reed, jusqu’à ne plus en savoir respirer.

Amon m’avait rejoint et avait discrètement caressé le creux de mes reins avant de me dire que mon patron avait menti. Je n’avais pas envie de me prendre la tête avec lui, ni d’amorcer une conversation qui était au-dessus de nous. La guerre de celui qui pisse le plus loin entre Reed et Stone ne m’intéressait pas le moins du monde mais si vous vouliez savoir mon opinion sur le sujet, je ne dirais seulement que Stone sème son propre malheur en s’invitant à une fête où il n’est pas le bienvenu.

Point à la ligne.

Seulement, quand Amon me demanda quel pouvoir je pouvais avoir sur mon patron, je fut surprise et un peu interloquée. Étrangement, plusieurs semblaient croire que je pouvais influencer Daniele alors qu’il n’en était rien. Tout au plus je pouvais le conseiller sur la décoration de son bureau ou de l’agencement de son mouchoir avec sa cravate mais ça s’arrêtait là. Je pouvais discuter franchement avec Daniele et peut-être le convaincre d’écouter une démo mais jamais je ne pourrais le faire pencher en faveur de Stone si c’était l’idée qu’avait Amon en tête avec sa question. La seule qui pouvait exercer un peu de pouvoir sur Daniele était sa femme, Samantha.

- Si tu veux atteindre Reed, il faut miser sur sa fille ou sa propre femme mais là encore, si tu veux faire passer un message pas elles, il ne les écoutera même pas ! Reed est un être abject qui a autant de considération pour les femmes qu’il en a pour sa première couche.

Je ne l’avais jamais aimé et je ne pourrais jamais l’aimer.

De ce que je comprenais, Amon aurait aimé que j’interviennes auprès de mon patron pour que lui-même intervienne auprès de Reed en faveur d’Howard Stone et que donc, mon idée de passer par Samantha ne l’avançait à rien. Reed verrait fort probablement pointer la pluie avant même que le nuage ne crève.

- Effectivement, ça ne sera pas mieux si ça vient de moi. Reed serait capable de convaincre Daniele de me congédier, or, il ne convaincra jamais Daniele de divorcer.

Si je perdais mon emploi, ce serait une occasion en or pour Axel pour me confiner dans le rôle de sa parfaite petite femme à la maison et alors, adieu toute liberté de rejoindre Amon de temps en temps.

- Je sais bien que de retirer Fireworks de chez BSC le laisse orphelin de maison de disque. À moins qu’il ne le confit à Samantha. Je pouffais de rire. Ça serait quand même un peu drôle dans les circonstances.

Selon moi, ça enverrait quand même un message à Reed.

- Nous avons Olivia aussi. Je sais que le départ de Fireworks ne serait pas un si grand coup d’état mais déjà, Howard aurait un peu moins l’air de mordre la main qui le nourrit. De l’extérieur, c’est de ça que ça à l’air et qui décrédibilise ton ami.  

Amon tourna la tête vers moi comme s’il me voyait vraiment pour la première fois de la soirée. Ce fut alors moi qui regardais vers la plage, les gens qui y étaient et qui faisaient la fête.

- Ennuyante. J’ai fait la connaissance de Jessica Hill et ça m’a bien suffi.

Je posais ma main libre sur la sienne et je le regardais dans les yeux. Si ma soirée n’était pas terrible jusqu’à présent, mon amant semblait en passer une bien pire et ça me désolais. Si pour moi Stone n’était qu’un grain de sable dans mon univers, je savais qu’une amitié subsistait entre eux et qu’Amon ne pouvait ne pas être affecté par le sort de son ami.

- Je peux tout de même essayer de parler avec Daniele. J’entends ton inquiétude et ça me préoccupe.

Sonne pensait que si je voulais atteindre Reed, il fallait que je passe par sa femme et sa fille… Avant de rétracter sa propre théorie en disant qu’il ne les écouterait quand même pas. Je passai une main dans mes cheveux, réfléchissant.

-C’est vrai… En même temps, si Reed en est arrivé là où il est et qu’il est presque intouchable, c’est parce qu’il ne laisse aucune femme le tenir par les couilles… Donc il a peut-être raison de se méfier des femmes comme de la peste.

Moi, par exemple, j’étais beaucoup trop sensible à ce niveau-là… Faudrait que je m’endurcisse… Parce que ce n’est pas parce qu’on aime quelqu’un que ce quelqu’un a toujours raison.

Je ricanai quand Sonne clama que Reed pouvait convaincre Ricci de la virer mais qu’il ne pourrait pas le convaincre de divorcer.

-Oh, je serais toi, je ne parierais pas là-dessus. Je vois très bien Reed casser le couple Ricci en claquant des doigts.

Daniele et Jimmy étaient des amis de longue date… Reed saurait trouver les arguments. Et si ça ne suffisait pas, il pouvait tout simplement écraser Samantha avec son petit doigt. Il en avait le pouvoir. Ne lui manquait que l’envie et m’étais avis qu’il ne lui faudrait pas grand-chose pour ça.

Quant à retirer Fireworks de chez BSC, selon moi, c’était condamner son groupe. Mais encore une fois, Sonne mis Samantha en avant… Elle se trouvait drôle. Pas moi.

-Tu crois beaucoup trop en Samanatha. La solidarité féminine, c’est bien un moment mais après…

J’avais entendu plusieurs femmes parmi les invités cataloguer cette fête de « fête du couple Ricci ». Non. C’était une fête de Daniele, comme toutes celles qui avaient été données jusqu’ici. Je défiais quiconque d’aller dire à Reed que c’était une « fête du couple Ricci ». Parce qu’il était de tradition que le manager italien en ait tout le mérite. Lui et lui seul.

Là où Sonne avait raison, c’était que Howard donnait l’impression de mordre la main qui le nourrissait. C’était vrai que ça ressemblait à ça.

Je soupirai.

-Ouais… Tu as raison. Mais ce n’est pas comme si Howard pouvait se mettre à son compte. Il ne manque pas d’argent, certes, mais c’est toute une gestion de se lancer comme indépendant.

Il n’aurait pas la même visibilité, il n’y aurait pas toute la communication autour de son groupe et il devrait payer lui-même ses musiciens, techniciens et autres roadies. Non, c’était quasiment impossible.

Mais pour en revenir à la fête, je demandai à Sonne ce qu’elle en pensait jusqu’ici et apparemment, elle s’emmerdait. Je pouffai de rire quand elle parla de Jessica Hill.

-Tu es tombée sur la mauvaise membre du Golden Triplet. C’est à Victoria Hunter qu’il faut parler si tu veux quelqu’un de sympathique.

Sonne posa sa main sur la mienne et affirma qu’elle pouvait parler quand même à Daniele au sujet d’Howard. Je lui souris, plein de gratitude parce que si elle le faisait, c’était parce que mon inquiétude était flagrante.

-Si seulement je pouvais te dire tout ce que je sais. Mais Howard m’a fait promettre de me taire. Sans compter que parler serait dangereux. Mais si tu peux glisser un mot à Daniele, ce serait bien, en effet.

Amon était préoccupé par le sort de son ami, je pouvais le comprendre mais d’un autre côté, je ne voyais pas pourquoi il en faisait des tonnes pour quelqu’un qui ne sauterait probablement pas dans une flaque d’eau pour lui. Je ne pouvais pas juger l’amitié de mon amant avec Howard Stone, seulement, je pouvais essayer de la comprendre.

Pour atteindre Reed, je cru d’abord que de passer par sa femme ou sa fille pourrait être une façon de parvenir à ses fins seulement, Reed était à ce point anti-femme qu’il n’en aurait rien à faire de l’opinion de ces femmes. Amon abondait dans le même sens.

- Il s’en méfie mais il les aime… Quand a fille fut kidnappée, il est passé par-dessus ses propres déclarations pour obtenir ce qu’il voulait.

Je regardais sérieusement Amon ensuite.

- Je ne suis pas entrain de suggérer de kidnapper Olivia.

Je savais qu’il savait mais valait mieux être trop certaine que de laisser une phrase en apparence stupide e sans fondement en suspend et risquer de se rendre compte, trop tard que finalement, cette petite phrase a fait boule de neige.

Amon pensait que j’avais tord de croire que Reed ne saurait pas provoquer le divorce de mon manager et de sa femme. Je ne relevais pas sa remarque, trop certaine de moi. Reed avait beaucoup de pouvoir mais Ricci en avait tout autant et, sur ce plan, mon manager se tiendrait face à son ami de toujours. J’en étais certaine.

Je pensais que de sortir Fireworks de chez BSC serait un message claire à envoyer à Reed mais comme me le faisait remarquer Amon, Howard avait été trouvé Pery pour ne pas confier son bébé à Timmy Evans. Or, chez MTI, il n’y pas que Timmy qui fait la pluie et le beau temps. Samantha avait récolté trois fois le titre de manager de l’année et s’imposait de plus en plus dans le paysage du management artistique.

- Ce n’est pas une question de solidarité féminine, Amon. Je cherche comme toi ce qui serait le plus gros pied de nez à faire à Reed. Tu ne peux pas nier que Samantha prend sa place comme manager. Elle serait un homme que j’aurais pu quand même penser a elle… à lui… Enfin, tu me comprends ?!

À un moment donné, il serait bien que les hommes de mon entourages cesses la chasse aux sorcières envers les femmes qui savent tracer leur propre voix !

Mon opinion sur la situation était que Stone donnait l’impression de mordre la main qui le nourrissait et par conséquent, se décrédibilisait aux yeux des gens qui n’étaient pas très aux-faits des coulisses de la jet-set. Vu de l’extérieur, on ne verra qu’un veuf mal endeuillé vidant sa bouteille de vodka sur les chaussures or de prix de celui qui venait de lui prêter main forte.

- Il pourrait envisager un manager indépendant ou carrément une maison de disque extérieur. Ce n’est pas l’idéale mais plusieurs le font, maintenant et avec ces nouvelles machines, les faxes, il est facile de signer des contrats sans se déplacer. Nous en avons reçu un cette semaine ! C’est impressionnant !

Je n’en était pas revenu en recevant un document de New York alors que je venais de terminer mon appel avec l’agence de New York. Ça semble si surréaliste, mais où s’en va la technologie ? Je me le demande !

- Un faxe ne remplace pas la présence humaine, ceci dit !

Amon ensuite se soucia de savoir comment se déroulait la fête pour moi. J’avais connu mieux pour dire vrai et de constater que mon plan sexe tombait à l’eau, et à raison, je ne le reprochais pas à Amon, je commençais à me dire que je devrais peut-être rentrer.

- J’irai probablement saluer Victoria, oui. Je la trouve particulièrement belle, cette femme.

Je caressais la main d’Amon ensuite, voulant lui témoigner du réconfort et mon soutiens. Je sentais bien qu’il était inquiet et que cela le rongeait. C’était bien pour cela que je pouvais envisager de parler avec mon patron, sans garantir le succès de ma tentative. Mais par amour pour Amon, je pouvais tenter ma chance.

- J’imagine que si tu me disais tout ce que tu sais, je le détesterais et le craindrais encore plus ? Ne dire rien, Amon. Respect ta parole et de mon côté, je ferai ce que je peux avec Daniele cependant, je ne risquerai pas mon job. J’ai trop à perdre, tu comprends ?

Ça me désolais de pouvoir en faire davantage mais à choisir entre ma relation avec Amon et sauve le cul de Stone, d’autant plus que pour cette dernière éventualité, je n’avais même pas un tout petit pourcentage de chance de réussite, mon choix était vite fait !

Sonne ne doutait pas de l’amour de Reed pour sa femme et sa fille. Je n’en doutais pas non plus et l’exemple qu’elle avait donné en était une preuve assez… belle… S’il ne se fut agi de Jimmy Reed.

-Oh je ne doute pas qu’il les aime… Que du contraire… Mais il n’irait pas jusqu’à leur faire confiance… Enfin je pense…

Selon moi, il serait toujours derrière à surveiller à ce qu’elles ne sortent pas du moule qu’il leur avait confectionné. Si elles le faisaient sans le faire exprès, il les recadrerait… Mais si elles le faisaient délibérément, je n’osais imaginer ce qu’il leur réservait…

Je savais depuis longtemps que quand quelqu’un trahissait Jimmy Reed, il risquait d’être détruit. Et je ne pensais pas que ce soit différent même pour ceux qu’il aimait.

J’étais tellement ailleurs que je ne captai pas le trait d’humour de Sonne qui disait qu’elle ne suggérait pas de kidnapper Olivia pour que j’obtienne ce que je voulais du magnat de BSC. Alors je lui répondis, les yeux dans le vide, mais très sérieusement.

-Je m’en doute.

Puis de fil en aiguille, on en vint à parler du fait qu’Howard était chez BSC et que c’était quand même un peu hypocrite de cracher dessus en même temps. Seulement voilà, Fireworks était chez BSC parce que Howard ne s’entendait pas spécialement non plus avec son manager de chez MTI, Timmy Evans.

Et Sonne de dire qu’il n’y avait pas que BSC et MTI.

-Peut-être. Mais si Howard veut garder sa place au soleil, il a tout intérêt à rester affilié à l’une des deux. Les autres ne comptent pas.

C’était comme ça, à L.A. Et je n’étais pas un idéaliste comme Sonne semblait l’être. Quant à ce que je pensais de Samantha Ricci…

-Samantha Ricci n’a rien accompli de bien grandiose. Et ne me cite même pas le nouvel album de The Lightening : sans Lenny Knowles, Samantha n’aurait rien su tirer de bon de Cash Izbel. Si elle a été élue manager de l’année à plusieurs reprises, c’est uniquement parce que bien trop de femmes lisent Guitar&Pen et votent et que bien trop d’hommes espéraient la voir apparaître dénudée en première page.

Selon moi, Jack Perry méritait bien plus cette place… Après tout, l’homme derrière Fireworks, ce n’était pas Jimmy Reed, mais lui.

Si j’avais rencontré Howard qui trainait ses ennuis comme des casseroles bruyantes, Sonne, elle, avait été présentée à Jessica Hill, ce qui lui avait montré un peu une des facettes les plus acerbes de la jet-set. Mais elle ne comptait pas en rester là et voulait faire la rencontre de Victoria Hunter.

-Très bonne idée… En plus d’être belle, elle est gentille. Je l’ai eu en interview à plusieurs reprises et je me demande comment elle fait pour survivre dans ce monde. Elle est l’opposé de son mioche qui est une vraie plaie.

Sonne en revint alors à Ricci et j’étais vraiment content qu’elle souhaite essayer de m’aider.

-Oh mais ne risque surtout pas ta place. Ce n’est pas ce que je demande. Soit subtile et uniquement si tu sens que Reed va déconner au sujet d’Howard.

Je vidai mon verre et soupirai… Je soupirais parce que je vis qu’Axel nous avait repérés.

-Et merde…

Je le vis entrer dans le yacht et en profitai pour voler un baiser rapide et discret à Sonne.

-On se retrouvera peut-être plus tard. Merci, Sonne.

En discutant avec Amon, je ne pouvais qu’en venir à une seule conclusion. Cela devait être extrêmement difficile d’être dans l’entourage immédiat de Jimmy Reed et encore plus que de l’aimer et d’être aimé par lui.

- Il n’a pas besoin de leur faire confiance, il n’a confiance qu’en lui-même.

Amon était profondément perdu dans sa tête, quelque part où il n’y avait pas de place pour moi, pour nous. C’était désolant de le voir comme ça, en fait, je ne me souvenais pas de l’avoir vu aussi troublé auparavant.

Le comportement d’Howard lui nuisait. Il n’avait pas besoin que tous les Reed de ce monde lui mettent des bâtons dans les roues, il le faisait très bien tout seul et il en avait fait la démonstration ce soir en grimpant sur une scène sur laquelle il n’était pas le bienvenu. Ceux qui n’étaient pas au courant des rumeurs de corridors ne verraient qu’un artiste imbu de lui-même, mordant agressivement la main qui le nourrit.

À mon humble avis, il devait retirer Fireworks de chez BSC kit à faire affaire à une plus petite maison de disque. Je fronçais des sourcils alors qu’Amon disait que son ami ne pouvait pas faire cela sans risquer de perdre sa place au soleil. Mais depuis quand les hommes manquaient-ils d’ambition ? Le nom et la réputation de Stone suffiraient à donner son envol à n’importe quelle petit maison de disque ou alors, i pouvait très bien aller chez Black Horse à New York ou Red Door à Boston ! Tout était possible de nos jours avec la technologie facilitant la communication, entre autres.

Ou alors, Howard pouvait se tourner vers Samantha Ricci qui était chez MTI puisqu’il ne voudrait certainement pas confier son bébé à Tommy Evans. L’opinion qu’avait Amon de Samantha résumait bien de sa considération de la gent féminine. À l’instar de Reed, il lui trouvait des raisons pour justifier ses réussites professionnelles. Si je n’étais pas fortement éprise de lui et si nous n’étions pas en public, je pense que je l’aurais giflé pour laisser parler le petit Reed en lui.

- Dis ce que tu veux, Samantha est compétente et ce n’est certainement parce que les femmes lisent Guitar&Pen.

Je me gardais bien d’ajouter qu’il était impossible pour un homme de saluer le travail et l’effort d’une femme faisant de l’ombre à un homme.

En cette soirée qui allait de déception en déception, je racontais avoir fait la mauvaise rencontre de Jessica Hill, je m’en serais bien passé. Cette femme était autant insipide et inintéressante que les produits naturels dont elle était accro, semblait-il. Heureusement, j’avais repérée Victoria Hunter qui serait certainement une bien meilleure rencontre.

- Le gamin doit tenir du père ! Pas étonnant qu’il soit inconnu.

Je tairais son identité moi aussi si le père était autant insupportable que sa progéniture ! Heureusement que dans mon cas, Alan était adorable en tout point. Bien élevé, allumé, intelligent et curieux.

Je promis à Amon de tenter une approche avec mon patron mais pas au point de risquer mon travail. J’avais beaucoup trop à perdre. Amon me remercia avant de s’exclamer et de m’embrasser furtivement. Axel s’approchait et il valait mieux se dire au revoir et espérer se retrouver plus tard.

- Peut-être…

Je le regardais s’éloigner en soupirant, commençant à me demander ce que j’étais vraiment venue faire ici ce soir.