Eleanor Harris…

C’était le nom qui était noté sur la démo qui était dans la pile des démos que j’avais à écouter de la part de personne, parfois désespérée, qui tente leur chance afin de pouvoir décrocher un contrat avec une maison de disques.

Tous les début de mois, je prends le temps d’écouter celles qui m’avait été envoyé à mon bureau chez MTI. Je prenais une soirée pour écouter cela attentivement. Souvent, il n’y avait rien n’à tirer de ce qui m’était envoyé. Des chanteurs à la voix bien trop faibles ou, parfois, fausse. Des musiciens limités ou bien qui avaient encore du pain sur la planche avant de pouvoir arriver à sortir des notes correctes. Parfois, c’était la composition en elle-même qui laissait à désirer et ne mettait pas en valeur les talents des gens impliqués.

Mais, cette fois-ci, je pensais bien avoir trouvé une composition qui méritait une certaine attention. Celle d’Eleanor Harris. Un nom qui m’avait dit quelque chose et en fouillant un peu je me rappelais avoir croisé ce nom dans un journal local qui parlait d’une jeune femme de L.A. ayant fait ses débuts à Broadway. C’était cette même Eleanor qui m’avait envoyé cette démo avec seulement son nom et un numéro de téléphone où l’appeler. Un numéro new-yorkais.

Je ne l’avais pas appelé directement. J’étais d’abord venu au bout de ma liste de démo pour voir si un talent meilleure ne se détachait pas. Or, n’ayant rien trouvé qui pouvait égalé ce que m’avait envoyé Eleanor, j’avais décidé de noter son nom et son numéro afin d’entrer en contact avec elle. Sa voix était très belle et gracieusement mise en avant. Etant en quête d’artistes, je me disais que je pouvais laisser une chance à Eleanor de me prouver qu’elle peut devenir une véritable artiste.

Car si elle m’avait envoyé cette démo c’est sans doute pour tenter sa chance et cela signifie, je suppose, qu’elle préfère une carrière de chanteuse à celle d’actrice qui, pourtant, pourrait aussi lui ouvrir les bras étant donné qu’elle faisait ses dents à Broadway.

Les représentations à Broadway étant en soirée, j’avais décidé d’appeler Eleanor en fin de matinée. Ainsi je m’étais rendu plus tôt à mon bureau un peu plus tôt afin de pouvoir passer mon coup de fil à 8h précise ce qui faisait qu’il était 11h à New York. Je me servirais un thé après.

Quand elle décrocha, je pris la parole :

-Bonsoir Mademoiselle Harris, je me nomme Timmy Evans. Je suis manager pour la maison de disques MTI. Je vous téléphone car j’ai écouter attentivement la démo que vous avez envoyé à notre maison de disques. Sachez que vous avez réussi à attirer mon attention avec cette démo… Voulez-vous que nous en discutions ?

Le téléphone sonna et me fis grincer des dents.

Après la représentation de la veille, toute la troupe étions sortit faire la fête. Nous pouvions en profiter pleinement puisque, pour une rare fois, nous n’avions pas de représentation le lendemain soir. Un repos bien mérité avant le temps des fêtes qui approchait à grands pas et pendant lequel, nous serions sur scène pratiquement tous les soirs !

C’était un peu décevant que de penser que je passerais Noël loin de ma mère mais c’était ainsi et je l’acceptais mieux depuis qu’elle m’avait promis que même sa peur de l’avion de l’empêcherait pas de venir me voir pour ce temps de réjouissance. J’espérais aussi que Ward viendrait, ce serait une bonne occasion de les faire se rencontrer officiellement. Je n’avais toujours pas annoncé à ma mère être à nouveau avec Ward. Je redoutais sa réaction mais je me disais que face à lui, elle n’oserait pas trop parler et que de le rencontrer en personne lui permettrait de se faire une vraie et bonne opinion de lui.

Je ramenais les couverture par-dessus ma tête mais le téléphone ne cessa pas de sonner. Soit mes colocataires étaient absents, soient ils dormaient plus profondément que moi et n’entendaient pas le désespoir de l’appareil. Je me levais et me dirigeais mollement jusqu’au grand fauteuil du salon et m’y laissait tomber avant de prendre le combiner et de le poser contre mon oreiller.

- Allo?

Tout de suite, un homme se présenta comme étant un manager de MTI ayant écouté la démo que j’avais envoyé à sa maison de disques, celle de Don Hughes et que j’étais parvenue à attirer son attention. En tous les cas, il avait accroché la mienne alors que je me redressais dans le fauteuil et, qu’au bout de son introduction, je ne trouvais rien de mieux à dire que :

- Hein !?

Shane apparu dans mon champ de vision et je masquais le cornet du téléphone contre mon épaule pour lui demander s’il avait envoyé son démo à Los Angeles ce a quoi il me répondit que non, il n’avait rien envoyé à personne encore, faute d’argent pour poster les nombreuses enveloppes. Mon cerveau n’eu pas besoin de sa dose de caféine pour comprendre ce qui se passait. Je fermais les yeux et serrais des dents.

- Discuter avec vous ? Euh… Non. Oui… En fait…

Shane me faisait de grands gestes pour m’encourager à le faire et, bien qu’intérieurement je bouillais de rage, je secouais la tête, inspirais profondément avant d’expirer tout aussi longtemps pour me calmer, je finis par me dire qu’une conversation avec un manager ne m’engageais à rien.

- C’est l’effet de la surprise, pardon. En fait, c’est que je n’ai pas envoyé de démo, la chanson ne m’appa…

Là encore Shane me faisait de grands gestes des bras me faisant secouer la tête de dépits et de résignation.

- C’est mon ami Shane qui l’a composée et je ne m’attendais pas à ce qu’il vous l’envoie.

Mon mensonge me donnait l’impression d’avaler une couleuvre alors que maintenant, Shane levait fièrement ses deux pouces. Évidement que pour lui, savoir qu’une maison de disque voulait discuter avec moi parce que la chanson qu’il avait écrite d’un bout à l’autre avait retenu l’attention d’un manager, faisait sa journée.  

La voix d’Eleanor Harris se fit entendre à l’autre bout du fil. Enfin, je pensais bien que c’était elle. Cela pouvait être quelqu’un d’autre. Mais avant d’en entre sûr, j’entrai directement dans la conversation me présentant à elle. Je n’avais point caché être manager pour MTI. Je n’aimais point tourner autour du pot. Si je téléphonais depuis l’autre côté du pays c’était pour parler de la démo qu’elle m’avait envoyé.

J’entendis de la surprise et de la confusion dans le chef d’Eleanor alors que je lui avais simplement présenté les faits. Il est vrai que ça peut parfois faire un choc d’être appelé par un manager. Beaucoup d’artistes tentent leur chance sans penser une seule seconde qu’ils auront la chance d’être rappelé. Certains le font sans avoir le moindre espoir et le fait d’être, finalement, bel et bien appelé peut leur faire un choc. C’était pour ça que je pensais bien qu’Eleanor était troublé.

Elle ne voulait pas discuter… Mais finis par revenir directement sur son idée. De la confusion, donc.

-Avez-vous le temps ou non ?

Car elle pouvait très bien ne pas en avoir le temps ainsi nous pourrons trouver une date afin que je puisse la rappeler. Je la savais prise avec ses représentations à Broadway. Peut-être devait-elle se rendre quelque part et que mon coup de téléphone n’était point au bon moment.

Mais non. Eleanor avait bien le temps. C’est la surprise qui l’avait fait se tromper dans ses intentions. Il semblerait que ça ne soit pas elle qui ait envoyé la démo. Elle n’acheva pas sa phrase me faisant plisser des yeux. Elle expliqua que c’était son ami qui l’avait composée et envoyer. Tout s’expliquait. Elle n’avait aucune idée que son talent était arrivé jusqu’à mes oreilles.

-Et bien votre ami l’a bel et bien envoyé. J’ai pu l’écouter et je dois avouer que votre voix m’intéresse. Elle est très juste et vous savez véhiculer pas mal d’émotion. Rare sont les démos qui attirent mon attention. Souvent, c’est en ayant voir des artistes en live que je trouve de belles perles. Mais cette composition était particulièrement bien faite.

Par ce Shane, donc. Un bon compositeur ? Peut-être. Peut-être que MTI sera intéressé par son talent à lui aussi.

-Je voulais savoir si vous seriez prêt à mes faire une démonstration en live de vos talents de chanteuses. Je n’aime pas engager des artistes sur base d’une démo. Je veux d’abord les voir à l’œuvre en live. Savez-vous jouer d’un instrument où êtes-vous juste une interprète ? Sachez qu’il n’y a pas de mauvaises réponses. Servez-vous souvent de chanteuse sur les compositions de votre ami ?

Je voulais avoir une vue d’ensemble sur ce qu’elle savait faire. Voir si je pouvais la voir comme une chanteuse à part entière ou bien comme un duo artistique avec ce Shane. Dans les deux cas, ça m’intéressait.

La confusion était profonde alors que mon interlocuteur déclinait son identité à l’autre bout du fil. Ça faisait beaucoup d’informations à traiter avec pas beaucoup d’heures de sommeils et un manque criant de caféine. Cependant, je ne mis pas longtemps pour comprendre, une fois que j’eu la confirmation de Shane qu’il n’avait pas envoyé sa démo, que celui qui se disait être mon petit-ami m’avait fait un sale coup alors que je lui avais clairement exprimé ne pas vouloir envoyer la chanson en mon nom.

- Oui, j’ai le temps. Pardon c’est que je viens tout juste de me réveiller, mes idées sont encore confuses.

Et pas que mes idées ! Mes émotions aussi l’étaient ! D’un côté j’étais flatté rien que de penser que j’avais pu attirer l’attention d’un manager avec une si belle renommée, de l’autre, j’étais en colère contre Ward puisqu’il me plaçait devant un fait accompli et qu’en plus, il avait envoyé la démo à MTI la seule maison de disque avec laquelle je ne voulais pas signer.

J’avouais à Timmy que ma surprise était dû au fait que je ne pensais pas que mon ami, Shane pour ne pas le nommer, avait envoyé la démo et, évidemment, Timmy m’affirma le contraire puisqu’il l’avait écouté, la fichue chanson ! Ward allait m’entendre, sur ce coup, oh que oui !

Timmy n’avait que de compliments pour ma voix ce qui rendait encore plus difficile la gestion de mes émotions. Qui plus est, Shane était maintenant collé tout contre moi, son oreille presque contre ma main qui tenait le cornet du téléphone. J’étais très inconfortable au travers de tout ça, ça fait faisait beaucoup et trop en même temps.

- J…Je… Euh… M…Merci… C’est… Euh… C’est gen…til, gentil !

Je détestais quand ébranlée, je perdais toute contenance et mon élocution par le fait même ! Shane me bouscula d’un coup de coude et je lui retournais une paires de yeux, voulant tout dire. S’il voulait lui parler à Timmy Evans, je lui cédais ma place, il n’avait qu’à demander !

- Eh bien euh… Ça fa… Ça fait beaucoup de ques…tion.  Je euh… Je joue de la guitare et du piano et euh…C’est la première fois que je chante une composition de Shane mais il a beaucoup, vraiment beaucoup de belles chansons d’écrites vous sa…savez. Et euh.. Je… Je n’ai pas d’expérience sauf ce que je fais présentement et…

- T’as fait Les Misérables, dis lui ! M’sieur, elle a été sur Les Misérables, aussi !

Je cachais à nouveau le cornet du téléphone contre ma poitrine et je me décollais de Shane qui avait presque hurlé pour que Timmy Evans l’entende.

- Tu veux lui parler toi-même ? Fais-le hein !

Shane leva ses deux mains en signe de défense alors qu’une Pamela visiblement très éméchée passait dans le paysage en offrant un doigt d’honneur à Shane qui l’avait sans aucune doute réveillé, en parlant si fort. J’inspirais profondément et recollais le cornet du téléphone contre mon oreille.

- Pour une démonstration en live ça va être compliqué. Avec le temps des fêtes, nous avons beaucoup de représentation au calendrier, je ne pense pas pouvoir me rendre à Los Angeles avant un moment… Vous… Euh… Est-ce que vous auriez envie de venir voir Grease, je vous invite… si vous voulez.

La jeune femme disait, finalement, avoir le temps. Elle était confuse et déclarait que c’était parce qu’elle venait de se réveiller. Il n’était point si tôt à New York mais nous étions bel et bien en matinée et les représentations à Broadway se faisant le soir, j’imaginais que, en effet, la jeune Eleanor pouvait encore avoir la tête dans son oreiller.

-Ce n’est rien. Prenez votre temps.

Ainsi, j’avais expliqué avoir été intéressé par la voix que j’avais entendu sur la démo. Un démo qu’Eleanor n’avait point envoyé à MTI. C’est son ami, le compositeur de la chanson, qui avait tout envoyé. Ainsi, ça expliquait sa très grande surprise. Quoi qu’il en soit, ça ne changeait rien à mon intérêt et c’est pour cela que je téléphonais à Eleanor.

Je l’entendis bégayer devant tant de compliments de ma part. Elle me remercia alors que je plissai des yeux en essayant de comprendre sa phrase au travers de ses bégayements. Je ne savais point si je devais prendre ça pour de la timidité de la part d’Eleanor ou un manque de confiance en elle. Quoi qu’il en soit, elle était reconnaissante.

J’avais quelques questions et je n’avais point tarder à les poser. Certes, je savais que ça faisait pas mal de questions et qu’elle semblait déjà pas mal ébranlée ainsi je la laissais s’exprimer à son aise. Elle savait pratiquer des instruments comme la guitare et le piano. C’était une bonne chose. Cependant, cette démo était sa première, avec Shane tout du moins. Elle mit en avant le talent de son ami en ce qui concernait l’écriture des chansons. Elle, elle disait n’avoir d’expérience que cette démo mais j’entendis la voix d’un homme dire qu’elle avait aussi fait les Misérables. J’ignorais cette donnée. Je savais, par contre, qu’elle jouait dans Grease et que, de ce fait, elle devait savoir chanter.

Il y eut comme un moment de flottement qui me fit froncer des sourcils avant qu’Eleanor ne reprendre pour dire qu’il lui sera difficile de revenir à L.A. ce mois-ci étant donné le nombre de représentations qu’elle aura à faire à Broadway. Mais elle était prête à m’inviter pour venir la voir.

-Je vais accepter votre invitation. Grease est une comédie musicale et ça me permettra de vous voir sur scène. Ça me donnera une indication plus fournie de votre talent et ça nous permettra d’avoir l’occasion de nous rencontrer en face à face.

Je pourrais avoir une meilleur vision de son talent. Et je pourrais, aussi, rencontrer ce Shane qui, donc, semble avoir des talents de compositeurs.

-Vous avez deux comédies musicales à votre actif, Eleanor. C’est de l’expérience en soi même si une carrière de chanteuse n’est pas tout à fait pareille que celle que vous avez à l’heure actuelle. Cependant, je dois savoir si cela vous intéresse réellement d’éventuellement vous lancer dans une telle aventure.

Que je ne me déplace pas à New York pour rien.

-Car si je me déplace et que je vois que vous avez ce qu’il faut pour aller loin, c’est un contrat que je vais vous proposer. Si vous ne souhaitez pas cette vie alors, je n’insisterais pas.

Car je ne voulais pas quelqu’un qui allait se défiler au dernier moment.

-Alors ? Que souhaitez-vous ? Je suis là pour répondre à vos questions si vous en avez.

J’étais sous le choc et le mot était faible.

En fait, j’étais divisée entre plusieurs différents sentiments et je ne savais pas du tout lequel prenait le dessus. La confusion était totale, tout allait très vite.

Timmy Evans, manager de chez MTI était d’une patience d’ange au bout du fil alors que moi, je baragouinais des syllabes tout en tentant de reprendre mes esprit et de comprendre un peu mieux ce qui se passait pendant que Shane me faisait de grands signes pour diriger la conversation, une conversation qu’il pouvait prendre pour lui-même, s’il y tenait tant ! Je me frottais la tempe de ma main libre alors que le manager avait plein de questions pour moi. Ça faisait beaucoup à réfléchir sans une once de caféine dans le corps.

Le mieux que je pouvais faire pour que le manager puisse se faire une idée de mon talent, si talent j’avais il allai sans dire, c’était de l’inviter à venir voir l’une de nos représentations. Il accepta, je contraire m’aurait étonnée.

- Super alors… euh… Dites-moi quand v…vo…vous pensez ve…venir et je mettrai des billets bi…bi…bien placés pour vous.

Petit à petit, en écoulant mes bégaiements l’un après l’autre, je parvenue à lui répondre que je savais jouer de la guitare et du piano mais que je n’avais comme expérience que ce que je faisais là. C’est là que Shane répliqua par-dessus moi à l’intention de mon interlocuteur, que j’avais aussi joué dans Les Misérables. Timmy Evans jugeait que deux comédies musicales consistaient en une expérience non négligeable bien qu’une carrière de chanteuse différait de cette sur scène.

- Ouais… je m’en… m’en… je m’en doute.

Puis Timmy me posa une question que je n’avais pas vu venir, une question que je refusais de répondre même dans l’intimité de ma tête. Une question que je fuyais comme la peste et qui avait créé un début de friction entre Ward et moi quand il avait entendu la démo que j’avais mis en voix pour Shane.

- C’est… Écoutez je… C’est compliqué. Je pourrai mieux vous répondre en face, pour là, il y a trop d’oreilles indiscrètes.

La biographie de Don n’était pas encore terminée d’écrire alors je n’étais pas plus pressée que cela que de dire qu’il était mon père biologique et que de me retrouver signé dans sa maison de disque ne me plaisais qu’à moitié. Cependant, là que j’avais une véritable conversation avec un manager connu, respectable et respecté, peut-être que je pourrais envisager de tenter ma chance.

- Ce que je souhaite…

Je levais les yeux pour constater que j’avais Shane et Pamela littéralement accrochés à mes lèvres comme si leurs vies en dépendaient. J’en restais stupéfaite, amusée et un peu irrité tout à la fois alors je me retournais à moitié bien que cela n’allait pas les empêcher d’entendre ce que j’allais dire.

- Je souhaite vous rencontrer et ainsi, je saurai vraiment mieux ce que je veux.

La jeune Eleanor en perdait ses mots. Elle bégayait à chaque phrase. Elle semblait sous le choc par rapport à tout ce que je lui disais sur son talent que j’avais entendu sur la démo. Pour moi, ça pouvait être le signe d’un manque de confiance en soi de la part de la jeune femme. Ceci pourrait compromettre une carrière. Il me faudra juger de ça en temps voulu.

Harris ne pouvait revenir à Los Angeles à causes de ses représentations. Ça sera, donc, à moi de me déplacer ainsi, je pourrais prendre la mesure de son talent en la voyant sur scène. J’acceptai l’offre qu’elle me fit et elle se remit à bégayer me faisant froncer les sourcils. J’espérais qu’elle n’avait point ce genre de problème sur scène…

-Le plus tôt sera le mieux.

Je pouvais me permettre un déplacement rapidement. J’en appris, ensuite, un peu plus sur ce que savait faire Eleanor. Elle n’était point seule dans la pièce. Ledit Shane était là aussi. C’était lui le compositeur. Il faudra que j’envisage de le rencontrer aussi. Ainsi, mon déplacement à New York pourra faire d’une pierre deux coups.

J’avais souligné que l’expérience qu’avait emmagasiné Eleanor sur ses comédies musicales était un bon tremplin pour ce que j’allais, peut-être, lui proposer. Elle semblait bien consciente de cela.

Seulement, ce coup de téléphone avait semé, en moi, le doute. Eleanor avait-elle réellement envie de se lancer ? Ses hésitations pouvait semer la confusion. Ainsi, je préférais lui poser directement la question. Si elle n’était pas prête, il était inutile que je me déplace à New York. Sa réponse ne fut pas totalement claire car elle disait que tout ça été compliqué et que seul un face à face pourra lever le doute. Elle disait que ce qu’elle souhaitait c’était me rencontrer. Des doutes, elle en avait, donc. C’était évident. Mais il semblerait qu’une rencontre entre nous pourrait les lever.

J’hésitai… Mais passer à côté d’une possible opportunité n’était pas mon genre bien que le doute d’Eleanor n’était point de bonne augure.

-Bien. Je viendra à New York et nous nous rencontrerons. J’espère que ça sera moins « compliqué » ainsi. Je l’espère en tout cas. Car loin de moi l’idée d’engager quelqu’un qui ne serait pas sûr de ce qu’il veut.

Je préférais être sincèrement sur le coup.

-Dès que vous aurez les dates et les billets, faites-le moi savoir et je viendrais.

Je n’avais rien n’à ajouter. Nous aurons tout loisir de discuter en face à face.

Timmy Evans voulait me rencontrer pour juger de mon talent en personne. Je comprenais bien que je ne pouvais accéder à sa demande à moins qu’il ne vienne lui me voir à New York. L’idée ne sembla pas le choquer, il accepta même de faire le déplacement. J’allais lui trouver des billets de faveurs, la production en gardais toujours quelques-uns pour des ’’VIP’’ qui pourraient décider de venir à la dernière minute et, si ce n’était pas le cas, les places finissaient toujours par trouver preneur ce n’était même pas un problème.

- Je va…vais…Je vais en parler ce…ce…ce soir. Pardon. Je vais demander ce soir pour vous trouver rapidement un billet. Des billets ?

Viendrait-il seul ou viendrait-il avec Don ? Oh… J’espérais de toutes mes forces que Don n’avait pas eu vent de tout ce qui se tramait dans notre dos ! Allait-il voir ça comme une manière détournée de ma part pour me rapprocher de lui et entrer dans son monde ? Je n’aurais pas d’autre choix que de lui passer un coup de fil après en avoir terminé avec le manager de sa maison de disque, intéressé à me rencontrer !

Timmy me posa une question que j’évitais soigneusement de me poser moi-même et à laquelle je ne pouvais répondre franchement sans avoir parler d’abord avec Don et puis avec Ward. Ce dernier allait avoir de bonnes explications à me donner. En mon sens, il avait délibérément malmener la confiance fragile au sein de notre couple. Ça débutait mal une relation et ça remettait en question beaucoup de chose.

Tant bien que mal, j’expliquais à Timmy, en me détournant de Shane et de Pamela qui étaient quasiment plus près que je pouvais l’être du téléphone, qu’une rencontre en personne serait plus simple pour répondre à cette question. Je me disais qu’un manager, bien que relié à la maison de disque appartenant à mon père, serait mieux placé que Ward et Shane pour savoir ce qui pouvait être bien pour mon avenir. En tous les cas, sa vision des choses me permettrait de me faire une idée de ce que je voulais pour moi et si je le voulais assez fort pour tenter l’expérience.

- Me…Merci d’accepter de vo…vous …r…re…rendre ici.

Je fermais les yeux en soupirant tant je m’épuisais moi-même à bégayer de la sorte. Ça arrivait tout le temps quand je vivais une situation que je n’avais pas vu venir ou que je ne voulais pas anticiper.

- je vous assure que je ne bégaie pas comme ça sur scène. Je… C’est… Je… Je vis toutes sortes d’émotions en ce moment.

Sur scène, j’entrais complètement dans mon personnage, oubliant la petite Nell fragile et naïve. J’avais une liberté que ma propre personnalité ne me permettait pas d’exploiter, j’embrassais le monde différemment dans la peau d’un personnage, laissant Nell seule sans la loge. Pourrais-je faire la même chose en montant sur scène pour chanter mes propres chansons ?

Je n’en savais rien.

- Oui, promis. Je vais tout de suite me renseigner et je vous passe un cup de fil dès que je sais.

Ça ne devrait pas tarder, Timmy Evans n’attendrait pas trop longtemps pour avoir de mes nouvelles.

- Merci pour votre… enfin… pour l’appel et euh… Bien… Merci !

Je raccrochais vivement, comme si le cornet du téléphone venait de me brûler les doigts puis je me retournais vers Shane et Pamela qui étaient là à me fixer comme deux truites fraîchement sorties du lac.

- Pourriez-vous me laisser seule le temps que je passe un autre appel ? J’ai vraiment besoin d’être seule pour celui-là.

J’avais accepté de me rendre à New York. Il était, de toute façon, impossible pour Eleanor de revenir à L.A. avant un certain moment. Ainsi, il était logique que ça soit moi qui m’y rende. Elle me confia qu’elle allait s’occuper des billets.

-Deux billets, si possible. Ma petite amie voudra sans doute voir la représentation.

Tant qu’à aller à New York autant en profiter pour partager ce voyage avec Lizzie. Bien que j’allais rencontrer seul Eleanor, le reste du temps, nous pourront profiter de cette sortie hors de Los Angeles.

Cependant, avant de faire de tels plans, je devais savoir si Eleanor voulait, éventuellement, se lancer dans une aventure du genre. Elle n’en savait rien, à vrai dire. Elle semblait toute hésitante et remplie de doutes. Elle trouvait les choses compliquées. Je ne connaissais rien de sa vie. Il m’était difficile de voir les difficultés dont elle parlait et elle ne semblait point encline à les exposer au téléphone. Il me faudra, donc, faire le déplacement pour connaitre ses difficultés et ses intentions. Elle me remercia d’accepter de venir avant d’expliquer qu’elle ne bégayait point tout le temps comme ça. Que c’était ses émotions qui la mettait dans un tel état.

-Je comprends.

Je pourrais mieux m’en rendre compte en face à face. Pour le moment, je ne savais point si une carrière dans la musique allait être l’avenir d’Eleanor. Cette conversation avait semé le doute mais peut-être que de la voir en face changera cette donne.

Elle promit de se renseigner directement pour les places.

-Merci. J’attendrais votre coup de fil.

Elle me remercia pour l’appelle. Nous nous saluâmes et nous raccrochâmes chacun de notre côté. Restera à Eleanor à me convaincre le moment venu.