C’est sur une terrasse d’un petit café de Beverly Hills que je donnais rendez-vous à Sonne Ferguson-Moriarty. Je ne pouvais absolument pas me sortir de la tête la performance à couper le souffle qu’elle avait offert hier soir lors de la gête donné par Daniele pour l’inauguration de son yacht. Il m’était impossible d’anticiper la réaction de la jeune secrétaire puisqu’elle n’avait jamais laisser entendre qu’elle savait si bien chanter.

Évidemment, je savais que mon mari ne voyait pas forcément d’un bon œil mes intentions mais en tant que manager, il savait aussi bien que moi qu’on ne pouvait laisser passer une occasion comme celle-ci quand elle se présentait. Ainsi, valait mieux battre le faire pendant qu’il était chaud et j’avais invité Sonne pour boire un café en tête-à-tête. Je m’étais bien gardé de lui dévoiler la véritable raison derrière mon invitation.

Sonne arriva, portant des verres fumés ce qui me laissa deviner qu’elle trainait une petite gueule de bois. Ce n’était pas un secret pour personne que la secrétaire du Grand Daniele Ricci avait levé le coude plus que de raison hier. Si j’élevais des triplets en plus de travailler sur des horaires comme les siens, peut-être que moi aussi j’aurais envie de vider quelques bouteilles de temps en temps !

- Bonjour Sonne ! Je suis ravie que tu aies pu venir !

Je m’étais levée pour l’accueillir et je lui avais fait la bise amicale. Sonne avait levé ses lunettes pour les placer sur sa tête, dévoilant un maquillage impeccable. Elle avait su parfaitement camoufler son peu d’heure de sommeil. Ses ongles étaient fraichement vernis et la couleur était agencé à celle de ses chaussures, elles-mêmes coordonné à son sac à main. On pouvait dire que la mère de famille avait le soucis du détail. Ça non plus ce n’était pas un secret pour personne. Sonne Moriarty se faisait un point d’honneur d’être parfaite en toute occasion, même si pour cela, elle devait sacrifier gros.

Elle se commanda un cappuccino, j’en demandais un également, ainsi qu’une assiette de scones aux amandes.  

- Écoute, Sonne, je n’irai pas par quatre chemins. Hier, tu nous as tous bluffé sur scène ! Quelle voix, wow !  J’en suis complètement retournée, rien que d’y repenser, j’en ai encore des frissons !

Complimenter largement Sonne faisait partie de ma stratégie pour la mettre en de bonnes dispositions et lui faire plus facilement miroiter tout son potentiel.

- As-tu déjà songé à une carrière de chanteuse ?

Quelle surprise ce matin que de recevoir un appel de Samantha Ricci ! Elle m’invitait sur une terrasse de Beverly Hills pour prendre un café et papoter entre femmes. Depuis le temps que je rêvais de faire partie de la haute société ! Je flottais à l’idée que Samantha, épouse de mon manager et elle-même manager de renom puisse vouloir partager un moment avec moi.

J’avais passé les quelques heures que j’avais à ma disposition pour me préparer. Je devais être parfaite ce qui ne serait pas facile avec la nuit que j’avais passé. Non seulement j’avais eu un sommeil agité à cause de l’alcool mais les triplets s’étaient passé le mot pour se réveiller à tour de rôle et perturber les quelques heures où je parvenais à dormir pour de vrai.

Une douche froide avait suffit pour me ressaisir, un masque de beauté a l’argile avait contribué à raffermir les pores de ma peau, j’avais choisit minutieusement ma tenue en tenant compte de la température et coordonné mon vernis à ongles avec mes chaussures et mon sac à main.  En séchant mes cheveux au séchoir, ils avaient prit une belle ondulation. J’étais satisfaite de mon look irréprochable en quittant la maison.

Samantha était déjà installée à une table quand j’arrivais et l’on se fit la bise comme de bonnes amies se retrouvant pour papoter entre filles.

- Bonjour Samantha ! Et moi je suis ravie que tu m’aies invité.

Elle aurait pu inviter Maritza Reed ou une autre personne de cet acabit mais au lieu de ça, elle m’avait choisi moi pour lui tenir compagnie. J’étais honorée mais je restais calme. Je ne voulais pas qu’elle croit que je ne savais pas me tenir et que le simple fait de m’inviter suffisait à faire de moi une personne de mauvaise compagnie.

Je commandais un cappuccino et Samantha fit de même en plus de demander des scones. Combien de calories tout ceci représenterait ? Il ne faudrait pas prendre cette habitude trop souvent autrement, nous serions bonnes pour nous inscrire au gym.

Mon sourire perdit un petit peu de son assurance quand elle m’avoua m’avoir invité pour me parler de ma prestation d’hier. Bien qu’elle ne tarissait pas d’éloges. Je regrettais un tout petit peu d’avoir défier Axel et d’être montée sur scène pour chanter mon amour à mon amant.

- J’étais saoule… Tu sais, je n’ai pas vraiment réfléchis…

En fait, j’avais trop réfléchis, justement ! Je voulais montrer à tout le monde que j’étais là, que moi aussi je pouvais chanter et divertir. Je voulais surtout montrer à mon patron que, contrairement à Howard Stone et Sniper, je n’avais pas l’instinct de rébellion quoi que de chanter son amour à son amant devant son mari, c’est un petit peu rebelle.

- Non, jamais. Je n’ai jamais aspiré à devenir chanteuse et… En fait il faut dire que je chante rarement devant un public. Je ne lai fait qu’une fois, enfin, deux fois. La première c’était à votre mariage puis la seconde hier et… Les deux fois j’avais beaucoup trop but.

Je ricanais doucement pour faire passer le malaise de mon aveux. Je ne voulais pas qu’elle croie que j’avais une tendance à l’alcoolisme.

- Pourquoi cette question, si je peux me permettre ?

Sonne était ravie que je l’aie invité. Elle ne savait pas encore la raison qui se cachait là-dessous mais de mon côté, je ne pouvais nier qu’elle était de bonne compagnie. J’avais apprécié le temps qu’elle et sa famille vivait chez moi après l’horrible incendie de leur maison et le temps de la reconstruction de leur nouvelle demeure. Notre routine s’en était trouvée complètement chamboulée mais ce fut pour le mieux. Daniela avait adoré avoir des copines de jeux et que dire de Tony qui s’entendait très bien avec le petit Alan.

On donna notre commande à la barista et ensuite, je plongeais. Je devais aller au fond du sujet le plus vite possible. Je commençais donc par complimenter Sonne pour sa prestation de la veille ce à quoi elle répliqua qu’elle était saoule et qu’elle n’avait pas vraiment réfléchis.

- Parfois, les meilleures et plus grandes décisions se prennent sur un coup de tête. La meilleure preuve que je puisse te donner tient justement sur ta prestation d’hier. Je n’ai entendu que des éloges de la part des gens réunis. Tu peux en être très fière.

Je me faisais peut-être des idées mais il me sembla que les joues de la secrétaire se teintèrent de rouge, plus que son fard qu’elle avait étalé d’une main d’artiste.

Ensuite, je lui demandais si elle avait déjà songé à une carrière de chanteuse, question de tâter le terrain. Je vis son visage changer légèrement comme si elle réfléchissait ou qu’elle analysait ses désirs.

- Daniele et moi nous nous disions justement que tu avais également pris le micro lors de notre réception de mariage. J’ai raté cela, malheureusement. Ce soir-là, j’étais trop en demande que pour m’attarder à ce qui se passait sur la scène.

Elle avait aussi avoué qu’elle ne chantait que rarement devant un public ce qui était dommage avec une voix comme la sienne.

- C’est bien dommage, tu es très, vraiment très talentueuse, tu sais.

Sonne me demanda pourquoi je lui posais cette question ce qui me fit esquisser un large sourire. Je me redressais sur ma chaise alors qu’on posait devant nous sur notre table, nos cafés et les scones aux amandes que j’avais commandés.

- Je veux te proposer un contrat. Tu m’as conquise avec ta voix et tu as une prestance digne des plus grandes Divas. Je peux facilement voir se tracer devant toi un parcours digne d’un conte de fée.

Sonne me regarda avec de grands yeux avant de ne se perdre dans ses songes. Elle resta muette un long moment, souriant dans le vide, la tête légèrement penchée sur le côté. Je crois qu’elle se voyait déjà embrasser le monde, le parcourir, se couvrir de diamant et manger dans les plus grands restaurants. Je savais que la secrétaire de mon époux rêvait de faire partit de ce qu’elle appelait ’’la haute société’’.

- Je sais que cela peut faire peur un peu. Changer de carrière, de vie, avec des enfants si jeunes, ce n’est pas sans risque, je ne peux te le cacher mais j’ai du flair Sonne. Tu as l’étoffe d’une grande chanteuse. Il y a une étoile pour toi qui attend de briller.

Une petite rencontre entre fille sur une terrasse était en plein ce dont j’avais besoin pour me remettre de toutes les émotions que j’avais vécu hier pendant la fête donné par mon patron hier, sur la plage de Santa Monica. Je devais parler avec Daniele concernant les préoccupations d’Amon concernant Howard mais je n’avais aucune idée de comment j’allais m’y prendre. Après ma prestation improvisée sur scène, je n’ai pas eu une douche de reproche de la part de mon époux comme je m’y attendais, au contraire, ce qui a rendu la fin de la soirée plus facile et plaisante. Je n’aurais pas eu la tête à m’adonner à une joute verbale avec Axel, défendant mon opinion sur la place que je devais prendre en société.

Tout ça pour dire que j’avais bien envie d’un café avec Samantha et de papoter légèrement entre fille en profitant de la vie comme si j’étais au-dessus de mes affaires.

Je fus qu’à moitié surprise d’entendre Samantha me parler de ma prestation d’hier mais je ne m’attendais cependant pas à ce qu’elle ait autant d’éloges à me faire. J’en sentais mes joues se rougir par le plaisir. Je ne pouvais pas cacher que tous ces compliments flattaient grandement mon égo bien que je me défendis d’avoir eu le courage de me lancer parce que j’étais saoule mais comme elle le disait, parfois, les plus grandes décisions se prenaient sur un coup de tête, sans y réfléchir.

- Merci pour tout ça, c’est plaisant à entendre.

Les mots de Samantha me donnaient un effet de légèreté et, si elle continuait comme ça, je n’allais pas être prête à descendre de mon nuage de sitôt. Quoi que, lorsqu’elle me proposa un contrat après qu’on nous aies apporté nos consommations et les pâtisseries, j’eu l’impression que mon nuage venait de brusquement se dissiper pour me laisser tomber sur ma chaise et me reconnecter avec la réalité.

- Un contrat ? Tu veux dire… Comme dans… Faire de moi une chanteuse et toi tu serais ma manager ?

Je souriais grand, mon cœur palpitait, j’avais les mains soudainement humides. Elle disait que j’avais le talent pour concrétiser ce rêve, que je pouvais vivre mon conte de fée. Oh, si Axel pouvait entendre tout ça !

- Un conte de fée…, murmurais-je comme si j’étais seule et perdue dans mes pensées.

Je n’entendais presque plus Samantha me parler des changements que cela provoqueraient dans ma vie. Je ne faisais que de m’imaginer sur scène et acclamée par un public en effervescence. Est-ce qu’Amon viendrait avec moi ? De temps en temps du moins ? Et mes enfants !?! La vie de rêve que je pourrais leur offrir.

- Une étoile ? Wow…

Je relevais la tête et je regardais Samantha, les yeux brillants, ma lèvres inférieure tremblante par tant d’excitation. Je n’en revenais pas de tout ce qui se passait ! C’est fou ce que quelques petites verres de champagnes pouvaient faire !

Puis j’eu comme un petit sentiment de panique.

- Samantha…

Je pris ma tasse entre mes mains, je soufflais dessus pour finalement la reposer sans même en prendre une gorgée.

- Ton offre est… Disons qu’on ne peut faire difficilement plus alléchant. Je veux aussi que tu saches que je suis honorée que tu aies pensé à tout cela pour moi mais… Non. Je dois la refuser.

Je soupirais bien que plus j’y pensais, plus je savais que je prenais la bonne décision.

- Si je devais accepter une proposition de ce genre, c’est parce qu’elle viendrait de Daniele. Comprends-moi, ce n’est pas que je ne te croies pas compétente, bien au contraire et je sais que jamais Daniele ne m’offrira un contrat parce que… , je pointais vers le haut avec mon index en roulant des yeux, plus haut, on ne croit pas au potentiel des femmes. Ceci dit, Daniele est le premier à m’avoir offert une chance et à avoir cru en moi sans avoir l'intention de me mettre dans son lit. Je ne me suis jamais sentie comme une femme objet à son service, au contraire. Il m'a toujours traité avec le plus grand des respects. Je lui dois toute ma loyauté et mon respect. Je ne peux pas, même si ce que tu m’offres est probablement une chance incroyable que je laisse filer, te dire oui.

Je baissais les yeux sur ma tasse et les scones qui, bien qu’ils semblaient délectables, ne me faisaient plus envie. Je pleurerais certainement toutes les larmes de mon corps ce soir en songeant ce sur quoi je levais le nez. Daniele était l’homme le plus important dans ma vie, quoi qu’on puisse en penser, je lui resterais fidèle jusqu’au bout !

Samantha, loin de mal le prendre, serra ma main en allongeant son bras par-dessus la table et me rassura dans ma décision. Qui d’autre qu’une femme pouvait être mieux placée pour en comprendre une autre ?

Sonne absorbait mes compliments comme une éponge absorbe le savon à vaisselle. Je savais qu’elle appréciait ce genre de langage alors je ne me privais pas de faire l’éloge de ses talents, de lui dire combien les gens présents avaient été subjugués par sa voix en or puis je ne tardais pas à lui exposer mes intentions derrières autant de sucre.

Je la voulais sous mon aile pour faire d’elle la prochaine Diva. Il y avait une place pour elle, il y avait toujours assez de place pour une voix comme la sienne et son style avait un public qui n’attendait que ça, une nouvelle chanteuse pour satisfaire ses oreilles.

Tout de suite, le visage de Sonne s’illumina me prouvant que j’avais atteins ma cible et que la jeune mère de famille rêvait déjà de la gloire qui l’attendait. Elle murmurait presque des brides de son imagination alors que je mordais dans un scones, le temps qu’elle digère tout ce qui s’offrait à elle.

- Je serai avec toi là-dedans, complètement investi comme je le suis avec mes autres artistes. Avec moi, tu ne manqueras de rien, je te guiderai au travers tout ça. Je sais à quel point cela peut faire peur au début mais ensemble, nous irons très loin !

Sonne rayonnait, je crois qu’elle dilapidait déjà mentalement ses futures richesses dans les plus grandes boutiques de ce monde. J’allais lui dire que je prévoyais fixer un autre rendez-vous pendant lequel nous allions discuter de son contrat mais elle me prit de court en déclinant finalement mon offre. Je la regardais avec de grands yeux, difficile de cacher ma surprise, je ne m’attendais pas à un tel revirement de situation.

- Sonne… tu ne veux pas prendre quelques journées pour y réfléchir ?

Je crois qu’elle n’avait même pas entendu ma question. Rien ne pressait pour décider d’une si grande question d’avenir mais Sonne se lança tout de même dans ses explications que j’écoutais attentivement. Elle m’avoua humblement que si elle devait accepter une offre, c’est qu’elle viendrait de Daniele, mon cher et tendre, puisqu’il avait été le premier à lui donner une chance sans avoir d’autres intentions derrière. Elle me fit sourire en parlant avec son cœur de sa relation avec mon mari, de combien elle lui était fidèle et que, en vertu de tout ça, elle ne pouvait pas accepter ma proposition. C’était beau et si Daniele entendait tout ça, il flotterait ni plus ni moins.

J’allongeais mon bras au travers de la table pour serrer doucement et amicalement la main de Sonne et je la regardais droit dans les yeux.

- Je comprends tout ce que tu me dis et je ne peux que respecter cela. Mon époux à beaucoup de chance de t’avoir et, si je peux te faire une petite confidence, il n’était pas enchanté à ce que je te propose un contrat. Tu lui es irremplaçable.

J’avais promis à Daniele que je ne ferais pas en sorte de supplier Sonne si elle devait se montrer réticente à ma proposition alors je n’insistais pas plus que ça, préférant profiter de notre petit moment loin du travail et de la maison !