-Elle a du talent…

C’est ce que me souffla Carrie alors que ça faisait au moins vingt minute que j’avais décroché… On était au premier rang pour regarder la comédie musicale Grease sur les planches de Broadway. Pourquoi ? Parce que Carrie voulait rencontrer sa demi-sœur… Se faire un avis sur elle. Voir si elle était bien la Sainte décrite par Don Hughes. Pour ça, il fallait visiblement se taper la comédie musicale… Pourquoi ? Mystère ! On aurait pu venir à un moment où il n’y avait aucune représentation mais Carrie en avait décidé autrement !

-Hein ? Quoi ? Si tu le dis…

Je dis ça d’un ton détaché. Certes, Eleanor Harris sait chanter. Comme tout les autres d’ailleurs… Ils n’auraient pas été engagés si ce n’était pas le cas, je me trompe ? Donc, oui, Eleanor à du talent. Ça ne veut pas dire que c’est une Sainte qui n’a aucune vue sur l’héritage de Don. Car c’était ça qui m’intéressait… Du reste, je me fichais complètement qu’Eleanor sache chanter ou qu’elle ait n’importe quel autre talent, d’ailleurs.

Malgré tout l’ennui que je ressentais à cet instant, je ne regrettais pas d’être venu. J’avais eu très envie de revoir New York où j’avais vécu pendant des années. J’y avais mes meilleurs souvenirs. Puis, ça me permettra de me faire, moi aussi, une idée de Harris. Il le fallait si je voulais savoir si elle représentait un danger ou non. Parce que je savais que Don l’appréciait. Ce qui me rendait clairement méfiant vis-à-vis de la blonde qui, en ce moment, jouait les Sandy sur scène.

Je failli m’endormir à un moment donné mais Carrie me fila un coup de coude qui m’empêcha de piquer un petit somme. Heureusement, à un moment donné, le show prit fin pour mon plus grand bonheur !

On quitta la salle pour retourner à notre penthouse située dans l’Upper East Side non loin de Broadway. C’était là qu’on habitait avec de venir à Los Angeles et Carrie avait gardé la propriété au cas où elle voudrait venir passer du temps avec son fils ici ou bien si jamais on avait envie de vacances à New York. Eleanor devrait nous rejoindre chez nous plus tard pour partager un dîner. Carrie et elle avaient convenus ça au téléphone. Elle avait obtenu le numéro d’Eleanor à travers Don et était entré en contact avec sa demi-sœur pour l’inviter à manger après sa représentation. Elles n’avaient pas beaucoup échangés au téléphone d’après ce que j’en savais mais Carrie avait fait en sorte d’entre enjouée pour convaincre la jeune femme d’accepter.

Donc, on était au penthouse quand le traiteur apporta le repas que Carrie n’aura plus qu’à réchauffer. Moi, j’avais pris une douche et je m’étais habillé d’une façon plutôt décontractée pour l’occasion. On invitait pas la Reine d’Angleterre, après tout mais une bénévole de Saint-John… Pas besoin  d’en faire tout un plat.

Carrie, elle, s’était habillée d’une belle robe de soirée et m’avait regardé de haut en bas…

-Tu es sérieux, Victor ? On dirait que tu es habillés pour une balade en ville…

J’haussai des épaules.

-C’est ta demi-sœur qui va arriver… Pas une personnalité importante que je sache. On a fait su shopping toute la journée, aucune envie de me tirer à quatre épingle pour un dîner à trois chez nous.

Elle roula des yeux et s’en alla au fourneaux alors que la sonnette retenti.

-Va ouvrir !

Ouais ! J’ai compris. Je me dirigeai vers la porte du penthouse qui était située au dernier étage d’une tour de taille moyenne. J’ouvris la porte sur la fameuse Eleanor qui nous avait, quelque part, parlé toute la soirée vu qu’on est venu voir son spectacle.

-Bonsoir Eleanor. Bienvenue dans notre maison de vacances. Je suis Victor Hunter. Entre…

Aucune envie de la vouvoyez… C’est la demi-sœur de Carrie. Je ne vais pas vouvoyez ma belle-sœur…

Je laissai entrer alors que Carrie fit son apparition dans le salon. Elle avait un grand sourire affiché sur son visage.

-Bonsoir Eleanor. C’est un plaisir de te rencontrer. Ton spectacle était tout simplement magnifique. Je suis fan de Grease alors tu comprends bien que j’étais un public plutôt exigent. Mais tu m’as vraiment convaincue en Sandy.

Elle joue la carte de l’hypocrisie ou elle a vraiment aimé ? Telle était la question. Connaissant Carrie c’était probablement sincère.

Ces derniers jours, je cumulais les sources de stress et elles étaient toutes plus diversifiées les unes que les autres quoi que, quand on y réfléchissait bien, elles avaient toutes le même dénominateur, mon père, Don Hughes. La démo envoyée à MTI par Ward, la visite de Timmy Evans, manager de la maison de disque appartenant à mon père et ce soir, la visite de Carrie et son époux.

J’avais reçue une invitation des plus surprenante. En effet, ma nouvelle demi-sœur m’avait invité à me rendre chez elle pour partager un souper. Je ne savais pas si je devais voir là une belle occasion de mettre carte sur table avec elle, un début d’une amitié ou une tentative détournée de Don de créer un rapprochement entre moi et lui en m’envoyant Carrie en mode éclaireur.

Bref, je me faisais beaucoup trop de scénario pour quelque chose qui ne méritait pas de me parasiter le cerveau, comme me le répétait Pamela. Il ne s’agissait que d’un souper que je pouvais quitter à tout moment, pas d’un contrat pour m’inclure dans le clan des Hughes et encore moins une déclaration de guerre en bonne et due forme.

Après la représentation de ce soir, je m’étais changée et préparée à même ma loge, m’évitant ainsi de retourner à l’appartement et de perdre du temps inutilement. J’avais apporté une robe toute simple, courte un peu plus haut que mes cuisses et j’avais coiffé mes cheveux en les brossant simplement et en mettant une petite pince décorative pour remonter ma frange. Je ne voulais pas me présenter en jeans et en basket, je ne voulais pas non plus avoir l’air de me rendre à une soirée diplomatique. J’avais donc opté pour une tenue entre deux.

J’étais arrivée à l’adresse que m’avait donné Carrie lors de son appel et j’avais longtemps fixé la porte avant de me décider à frapper. Je regrettais de ne pas avoir demander à Ward de faire le voyage pour m’accompagner à cette première rencontre. De toute façon, Ward n’aurait sût arriver à temps. J’avais songé inviter Shane mais cela aurait fait un drôle d’effet de me faire accompagner par un ami. J’aurais eu l’air de la fille qui a besoin d’une protection alors que, si ça avait été Ward, cela aurait semblé être naturel de se présenter en tant que couple.

Je frappais finalement à la porte et c’est un homme, Victor Hunter, qui m’accueilli. Mon cœur se mit à battre vraiment très vite alors que j’entrais dans leur maison de vacances, comme il l’avait mentionné.

Carrie entra ensuite en scène et avoua être une très grande fan de Grease et donc un public très exigeant mais que ma performance en tant que Sandy l’avait convaincue.

- Oh, euh… J’en suis heureuse. Interprété Sandy est un grand défi mais une expérience gratifiante.

La glace était brisée et l’ambiance ne semblait pas hostile. Mon stress descendit donc de plusieurs crans alors que je faisais officiellement la connaissance de ma demi-sœur e de son époux.

- J’ai ét… J’ai été surprise… Je veux dire… J’ai été agréablement surprise de l’invitation. C’est une situation nouvelle pour moi… Je suis nerveuse pour dire la vérité.

Elle était enfin là, la fameuse Eleanor Harris. Celle dont Don Hughes nous avait parlé et qui est le fruit d’un de ses faux pas. Croyez-moi que je ne juge en aucun cas Don Hughes d’être allé voir ailleurs. Je ne suis pas hypocrite à ce point. En fait, je ne suis hypocrite que quand la situation l’exige. A d’autres moments, je suis assez franc.

Donc, Eleanor. Elle était habillée simplement… Mais pas trop quand même. Un juste milieu entre le chic et le pas cher. Autant dire qu’elle s’était mieux foulé que moi et mon jeans noir et mon sweet foncé. Il n’y avait que Carrie pour être tirée à quatre épingle comme si elle allait à un foutu gala. Je lui avais pourtant dit que c’était exagéré. Elle avait les cheveux blonds et les yeux bleus des Hughes. Je pouvais y voir certains traits de ressemblances avec Carrie et Julian maintenant qu’elle était face à moi. La seule différence c’était que Carrie était bien plus grande qu’Eleanor.

Je l’avais salué chaleureusement et Carrie fit de même en rajoutant un peu de miel en parlant de la représentation de ce soir. Bien que, venant de Carrie, la chose semblait sincèrement. Parce que je savais qu’elle aimait réellement Grease. D’ailleurs, on se tapait souvent ce film si bien que, maintenant, je ne cessais de critiquer chaque fois qu’on le regardait pour dégouter Carrie de le voir avec moi. Bizarrement, ce petit manège n’avait pas encore marché… Carrie était la seule qui semblait aimer encaisser mes piques. C’était affligeant…

Eleanor disait qu’interpréter Sandy était une expérience gratifiante.

-C’est surtout pas donné à tout le monde. Broadway n’est pas donné à tout le monde.

Ma première tactique était de caresser Eleanor dans le sens du poil et la mettre en confiance. Si je voulais qu’elle s’ouvre et qu’elle parle, c’était encore le meilleur moyen. Après, je pourrais me faire une idée de qui elle était et de ce qu’était ses intentions vis-à-vis de Don.

Eleanor buttait sur quelques mots mais elle expliqua être nerveuse. Carrie sourit.

-Assieds-toi, tu seras déjà plus à l’aise.

Elle lui montrant l’un des fauteuil et je m’installai dans l’un d’eux alors que Carrie commença à verser le champagne dans les verres.

-Tu veux une coupe ?

Une fois que tout le monde fut assis et servis, Carrie repris la parole :

-A vrai dire, quand j’ai appris la nouvelle de ton existence, j’ai été… Troublée… J’étais en colère. Particulièrement contre mon père, bien sûr… Mais injustement contre toi. J’ai pris du recul et je me suis dit que le mieux était encore de te rencontrer. Ce n’est pas tout les jours qu’on apprend avoir une sœur et… Je trouvais un peu idiot de ne pas essayer, au moins, de te connaitre… Après tout, toi et moi n’en pouvons rien de ce qu’a fait notre père.

Que de belles paroles. De quoi, sûrement, aider Eleanor à se sentir plus à l’aise. Je souris.

-Moi, je pense que pour Eleanor ça a dû être bizarre que Don ait voulu, d’un coup, renouer contacte… Toi aussi, Eleanor, tu as dû te demander ce qui traversait la tête du vieux…

Carrie avait l’habitude que j’appelle son père « le vieux ». Elle ne s’en formalisait même plus.

J’avais été bien accueilli par le couple formée de ma demi-sœur et de son époux. L’un se montrait conviviale et l’autre complimenta mon travail sur scène. Ça brisait plutôt bien la glace, moi qui ne savais pas à quoi m’attendre en venant à se souper. J’avais imaginé plusieurs scénario mais jamais je ne pensais que dès mon arrivée, je me sentirais aussi confortable.

- Je ne pensais pas obtenir le rôle de Sandy, pour dire vrai. J’y allais avec l’espoir de décrocher un rôle de soutient.

Mes les choses ne s’étaient pas déroulées comme je l’avais anticipé. Apparemment dernièrement, c’était le fil conducteur de ma vie. Rien n’allait comme je le pensais, je perdais toute impression de contrôle et si parfois je ressentais un agréable vertige comme avec Grease, parfois, ça faisait vraiment peur, comme ce souper avec Carrie et la visite de Timmy Evans.

Je ne pouvais m’empêcher de bégayer un peu, le manque de confiance en moi prenait toujours le dessus dans ce genre de situation. Je m’installais sur l’un des divans, comme me le proposa Carrie, afin d’être plus à l’aise mais je refusais le verre qu’elle me proposa.

- Je ne supporte pas très bien l’alcool… Je prendrais de l’eau, s’il-vous-plait.

Rien qu’à l’idée de boire de l’alcool à nouveau, je pouvais encore sentir le goût du vomis dans ma gorge le fameux soir où Ward était venu me surprendre. Je pouvais aussi entendre mon cœur battre dans mes tempes et ressentir le feu dans ma gorge. Il était vraiment plus sage que je me tienne loin de l’alcool tant et aussi longtemps que je n’oublierais pas complètement cette cuite monumentale.

Carrie enchaîna ensuite en expliquant sa propre réaction quand Don lui avait annoncé la nouvelle de mon existence. J’appréciais sa sincérité et je ne pouvais que me dire que finalement, nous avions eu les mêmes appréhensions sauf que de mon côté, je n’avais éprouvé aucune colère envers elle. Elle me fit sourire quand elle ajouta qu’elle avait jugé ensuite que cela aurait été u n peu idiot, pour reprendre ses mots, de ne pas faire l’effort de me connaître.

- Ça s’est un peu passé différemment pour moi… Pour dire vrai, je le sais depuis toujours que Don est mon père mais je n’ai jamais cherché à le rencontrer. La démarche s’est faite de son côté avec la sortie de son livre. Il voulait notre permission à ma mère et moi pour parler de nous. Et je… Enfin… Je… J’ai… J’ai rencontré Don officiellement que récemment.

Je ne voulais pas que Carrie croie que j’avais vécue mon enfance avec un père semi présent. Il avait été absent tout au long de ma vie et j’en étais encore à jongler avec l’idée de lui faire de la place où de continuer mon chemin comme je l’avais fait jusqu’à aujourd’hui. C’est cette fichue démo qui risquait de tout changer, que je le veuille ou non.

Comme s’il lisait dans mes pensées, Victor supposa que pour moi aussi, cela avait dû être étrange de voir arriver Don, du jour au lendemain dans ma vie. Je souriais, timidement, cherchant mes mots, je ne voulais pas dire de bêtises.

- Disons que… Je n’ai jamais eue de père et je n’ai jamais ressenti le besoin d’en avoir un, c’est ce que je lui ai dit. Je pense que je lui ai fait un peu de peine, mais c’est si soudain. Tout est nouveau pour moi, je ne sais pas où est ma place dans votre famille et même que je ne crois pas en vouloir une… Oh ! Ma… Mais… Je… euh… Je ne veux pas dire que… Vous semblez tous être de bonnes personnes. Ce que je veux dire c’est que les choses étaient bien comme elles étaient, le changement me fait vraiment peur.

Heureusement que je m’en tenais à de l’eau ! Je m’exprimais déjà pas facilement, imaginez avec de l’alcool !

On avait rapidement brisé la glace évitant des silences gênants. Il faut dire qu’il était difficile, quand j’étais dans la pièce, qu’il y ait le moindre silence gênant… Ou le moindre silence tout court, d’ailleurs !

C’est sur la pièce qu’on venait de voir que Carrie aborda sa demi-sœur non sans mettre en avant le beau travail d’Eleanor. Moi, j’avais rapidement décrocher de la pièce. C’est vrai qu’Eleanor chantait bien mais, j’avais quand même décroché. C’était la même chose quand je regardais le film, d’ailleurs. Et la demi-sœur de ma femme ne tarda pas à nous dire qu’elle ne s’imaginait pas obtenir le rôle de Sandy mais bien un rôle de soutien.

-Apparemment, tu as plus de talent que tu ne le penses…

Ou elle n’avait pas l’ambition qui collait à son talent. Ou bien, tout simplement, elle ne savait pas s’évaluer. C’était souvent le cas quand on avait le nez dans le guidon. A moins que ça ne soit un excès de modestie. Difficile à dire. Je ne connaissais pas encore Eleanor.

Carrie invita sa demi-sœur à s’asseoir dans l’un des fauteuil en cuir du salon du penthouse. Elle s’y installa et je fis de même laissant Carrie servir le champagne. Mais Eleanor refusa préférant de l’eau. C’est sérieux, ça ? Elle ne supporte pas bien l’alcool ? Mademoiselle Harris ne boit pas ? Pfff… Tu parles d’une façon de faire la fête…

-Oh… Tu as peut-être peur de commencer à danser sur la table après deux gorgées, c’est ça ?

Je dis ça avec un petit sourire et Carrie me regarda en biais en me lançant un :

-Victor…

De reproche, bien sûr !

Elle sourit à Eleanor.

-Va pour un verre d’eau.

Et c’est ce qu’elle lui servit alors que j’avais déjà pris mon verre de champagne que je sirotai tout en écoutant Carrie explique le comment elle avait appris pour Eleanor et le comment elle avait réagi à la nouvelle. Elle était très transparente, Carrie… Peut-être un peu trop ? Non… Probablement pas vu que son but semblait de réellement apprendre à connaitre Eleanor.

Ce fut alors à Eleanor d’expliquer comment elle avait su pour ses origines. Apparemment, elle le savait depuis des siècles mais n’avait jamais chercher à rencontrer le vieux Don. Ok… Ça me donnait une petite idée sur ses intentions vis-à-vis de l’argent du vieux. Elle s’en fichait ! Sinon, elle aurait chercher à être dans ses petits papiers… Bref… Si Don et Eleanor s’étaient rencontrés c’était à l’initiative du vieux quand celui-ci a commencé à faire écrire sa biographie par la délicieuse Juliet Jones.

-Et il n’a pas essayé de te voir avant ? Je pense que mon père devait avoir des remords c’est pour ça qu’il a fait ces démarches… Mais je te comprends… Si mon père m’avait abandonné en connaissance de cause, je n’aurais pas voulu le rencontrer non plus.

Mais mais… Et l’argent, les filles ? Vous oubliez l’argent ? Ça ne compte pour rien l’argent ? Carrie en avait toujours eu c’est sans doute pour ça qu’elle disait ça.

Eleanor expliqua alors n’avoir jamais ressenti le manque d’un père. C’est le principe de ne pas manquer de ce qu’on a jamais eu. Elle expliqua que tout avait été soudain et qu’elle ne savait pas qu’elle était sa place dans la famille Hughes. Une famille dont elle n’était pas sûre de vouloir, en fait. Elle se rattrapa alors, butant sur les mots avant de dire qu’on avait l’air d’être de bonnes personnes. En gros, Eleanor avait peur du changement… Je crois qu’elle aurait dû le boire, ce champagne. Elle serait moins stressée.

-Je vois… Tu sais Eleanor… La famille Hughes est ta famille de sang. Si tu veux y avoir un place, je n’y vois pas d’inconvénient. Je peux même t'aider à la trouver. A vrai dire… Si j’ai d’abord eu du ressentiment pour toi, je me suis dit après que ça me faisait l’occasion d’avoir quelque chose que je n’ai jamais eu. Une sœur. J’ai souvent envier les femmes qui avaient la chance d’avoir un sœur.

Elle déconne-là ? Elle est prêt à lui ouvrir les portes sans la tester un peu ? Hey ! Eleanor n’a pas l’air d’avoir de l’ambition mais le vieux Don peut très bien s’y attacher au point de lui filer une partie de l’héritage ! Et nous ne voulons pas ça.

JE ne veux pas ça.

-On ne peut pas l’y forcer… Si Eleanor pense qu’elle n’a pas besoin de notre famille on doit respecter son choix.

Je regardais Eleanor.

-Mais parle-nous un peu de toi. Après tout on ne sait de toi que ce que Don nous a dit. Comme quoi tu était une actrice de comédie musicale de talent et une bénévole impliquée. Mais peut-être que tu as un mari ? Des enfants ?

Parce que s’il y a des enfants, en cas d’héritage, ça compliquera ENCORE plus les choses.

Carrie avait plusieurs beaux compliments après avoir vu ma prestation de ce soir. Je ne m’étais pas imaginé que la conversation irait en ce sens mais là que nous y étions, elle faisait du bien et j’étais plus détendue, prête à prendre ce que l’on m’offrait, sauf le verre de champagne que je déclinais, expliquant que je tolérais mal l’alcool. Victor fit de l’humour en me demandant si j’avais peur de me mettre à danser et il fut réprimander par sa femme qui le ramena à l’ordre.

- Euh… B…Bi… Bien non, quand même pas jusque là mais j’ai prit un verre de trop récemment et je ne m’en suis pas encore remise. Je préfère me tenir loin de l’alcool pour longtemps.

Ce serait surtout très gênant de vomir sur le beau plancher de bois vernis du penthouse de Carrie Hughes.

J’appréciais la franchise de Carrie qui m’expliqua comment elle avait vécu la révélation de pas son père, notre père en fait, de mon existence. Je comprenais très bien que sa vie avait été chamboulée et que cela changeait bien des choses. Qu’elle ait ressentie de la colère envers Don et même envers moi, je pouvais également très bien le comprendre.

De mon côté, les choses s’étaient déroulés différemment puisque je savais depuis longtemps qui était mon papa. Je le savais depuis que j’étais en âge de dire ce mot ‘’papa’’ et jamais de ma vie je n’avais ressentie le besoin de le retrouver, ma mère avait comblé tous mes besoins puis de constater à quel point Don ne se souciait pas de nous n’avait pas nourrit mon besoin de le voir de plus près.

- Non, il n’a jamais démontré d’intérêt pour moi avant cette biographie. Je n’ai pas le sentiment d’avoir été abandonné, je n’ai manqué de rien alors… Un père ne m’était pas nécessaire.

Ma mère avait tout fait seule sans demander de l’aide de personne. Elle avait pour cela toute mon admiration alors que Don, lui… Que pouvais-je ressentir pour lui, concrètement si ce n’était que de l’indifférence ? Certes il avait ouvert la porte sur quelque chose que je ne savais pas encore définir mais ce n’était pas assez fort pour que je veuille officiellement faire de lui mon père.

J’avouais ensuite, un peu maladroitement, ne pas non plus ressentir ce sentiment d’appartenance envers la famille Hughes. Je ne voulais pas paraître ingrate ou impolie mais ils avaient leur vie ensemble, j’avais la mienne avec ma mère et les choses étaient parfaite ainsi.

Carrie semblait bien me comprendre bien qu’elle voulu me rassurer en me disant que la famille Hughes était la mienne, par le sang et que j’y avais ma place, que pour elle, c’était correct maintenant qu’elle avait assimilé la nouvelle. Elle me fit sourire sincèrement, j’étais touchée par ses mots.

- Moi j’ai… Enfin je suis enfant unique. J’étais… ?

Je laissais un petit rire nerveux s’échapper d’entre mes lèvres que je noyais ensuite avec une gorgée d’eau.

- Je n’ai jamais eu de frère ou de sœur. J’avoue que l’idée d’en avoir n’est pas saugrenue, je pourrais mieux vivre avec ces liens qu’avec celui d’avoir un…un… enfin… avoir un père… Ce n’est pas contre lui, il me semble être un bon papa, gentil et tout mais…C’est un peu trop vite. La vision qu’il en a, je veux dire.

J’avais ressentie que Don aurait espéré former dès sa première visite, une belle et grande famille, comme si je pouvais balayer du revers de la main toutes ces années où il avait été absent. Je ne savais pas comment Olivia Cortez avait géré ça de son côté, peut-être que je pourrais en discuter avec elle, mais moi, ça ne faisait pas beaucoup de sens de se retrouver après toutes ces année.

Victor résuma vulgairement ce que j’avais voulu expliquer, ça me sembla un peu grossier.

- Vous dites ça Victor comme si je regardais votre famille de haut. Ce n’est pas le cas. Je n’ai pas dit non plus que je ne voulais rien de tout cela mais comprenez-moi… C’est très soudain. Don débarque du jour au lendemain avec ses bonnes intentions alors qu’il n’a jamais démontrer d’intérêt pou moi. C’est comme s’il espérait me montrer à faire de la bicyclette à deux roues.

Rattraper le temps perdu était un peu illusoire.

Victor dévia la conversation sur moi. Il cherchait à en savoir un peu plus sur moi, normal dans les circonstances.

- Don à dit vrai… Je fais beaucoup de bénévolat pour la Mission St-John’s et avant d’être prise pour Grease, je suis allée en Europe pour rejoindre la distribution des Misérables. Pour ce qui est du mari et des enfants, rien à signaler.

Quelque chose me disait que ce n’était le bon moment pour leur dire que j’étais en relation avec Ward Fleming. Il avait été blanchi, à raison, de toutes accusations mais malheureusement pour lui, il trainerait pour toujours le poids des rumeurs. Je préférais jouer une autre carte.

- Je sors d’une relation difficile, je ne suis donc pas pressée de fonder une famille.

J’avais fait une remarque sur la non consommation d’alcool d’Harris. Pour moi, c’était plutôt aberrant qu’une adulte responsable ne boive pas d’alcool. Mais, apparemment, Eleanor ne supportait pas la chose mais elle expliqua que c’était à cause d’une cuite récente qu’elle était, pour le moment, dégouté de la chose. Une cuite qui semblait l’avoir vacciné au point qu’elle n’était même pas tenté pas un foutu verre de champagne hors de prix.

-Wow ! Ça devait être une sacré cuite pour te vacciner à ce point de l’alcool.

Bon ! Carrie n’aimait pas mes petites remarques. Alors, je cessais pour le moment de piquer Eleanor sur son intolérance passagère à l’alcool. Les deux femmes se mirent alors à parler de ce qu’elles avaient en commun : Don Hughes. Eleanor savait depuis presque le début de sa vie son lien avec Don mais ce dernier n’avait daigner faire le premier pas que récemment. Quant à Eleanor, elle, elle n’avait jamais trouvé le besoin de rencontrer son père biologique. Eleanor confirma que Don n’avait eu aucun intérêt pour elle avant d’écrire sa bio. Une Eleanor qui ne voyait pas l’intérêt d’avoir un père surtout maintenant qu’elle avait… Quel âge d’ailleurs ? 25 ans ? 26 ans ? Quelque chose comme ça… Carrie sembla réfléchir à la chose avant de dire :

-Je comprends… Ce n’est pas un abandon quand, finalement, on a jamais eu de contact avec son propre père… Et comme tu n’ignorais pas qui était ton père, il n’y avait aucun mystère à résoudre…

Eleanor ne semblait pas avoir besoin de Don. Pas plus avant que maintenant. Preuve qu’elle est complètement désintéressé de l’argent que pour lui rapporter le fait de nouer un lien avec son père. Déjà l’héritage mais tout ce que la position de Don pourrait lui apporter. Je devais avouer ne pas forcément aimer cette attitude. Parce que je ne la comprenais pas mais aussi, pour autre chose, que je ne pourrais définir…

Carrie, elle, semblait apprécier, pour l’instant, sa demi-sœur. Elle voyait le bon côté de cette relation. Celle où elle pouvait, enfin, avoir une sœur. Un lien qu’elle avoua avoir voulu pendant longtemps. Pfff ! J’ai une sœur ! Ça ne change pas une vie, vous savez… Eleanor, elle, disait être enfant unique. Plus maintenant, ma belle. C’est ce qu’elle sembla se rendre compte. Apparemment, Eleanor semblait commencer à flirter avec l’idée de nouer un lien avec Carrie mais pas avec Don… Mais oui ! Vas-y ! Prends ce que tu veux et jette le reste ! Si je pouvais faire ça avec Ian, ça serait bien, tiens…

-Moi j’ai un père et une sœur et, sache-le, c’est plus facile de vivre avec son père qu’avec sa sœur.

Carrie roula des yeux.

-Victor…

Elle sourit à Eleanor.

-Laisse-moi devinez… Mon père a été très entreprenant et à voulu aller trop vite ? Ça ne m’étonne pas. Il peut parfois être envahissant quand il essaye de résoudre un problème ou se faire bien voir. Mais… Il n’a pas que des défauts. Il est, en effet, très gentil. Je crois que s’il t’a approcher c’est qu’il veut nouer quelque chose de sincère avec toi… Il le fait probablement trop tard… Mais bon…

Tu te fiches de moi, là, Carrie ?! Tu peux être la sœur d’Eleanor quand tu veux mais évite de faire la pub de Don. L’héritage, Carrie ! L’héritage !

-Mais… Quoi que tu veuille ou non entreprendre avec Don, sache que même si tu ne veux rien à voir avec lui on peut tout de même, nous deux, se voir de temps en temps. Quelque part, j’ai longtemps été enfant unique aussi. Quand j’ai eu mon frère, j’étais déjà adulte. Un peu comme toi maintenant.

Je tentai de mettre en avant la volonté d’Eleanor de ne pas se mêler aux Hughes. Apparemment, Eleanor le prit mal car elle pensait que je pensais qu’elle nous prenait de haut. Est-ce que je pensais ça ? Hmmm… Peut-être ! Quoi qu’il en soit, Eleanor essaya d’explique que ce qui l’ennuyait le plus c’était que tout ça allait très vite. Carrie rigola à la réflexion sur la bicyclette à deux roues.

-Le vieux Don n’est plus de première jeunesse. C’est sûrement pour ça. Tu as toute la vie devant toi… Lui non. Doooonc. C’est sans doute pour ça qu’il a fait pour que tout aille si vite.

Carrie me regarda d’un air torve.

-Tu dis ça comme si mon père était mourant… Il ne l’est pas, je te rappelle…

Moui… Dommage…

-Je sais Carrie… Je veux juste expliquer à Eleanor pourquoi les choses vont si vite. Mais je comprends que ça puisse effrayer.

Non… Je ne comprenais pas. Si j’avais un père caché méga riche et qu’il voudrait, soudainement, nouer un lien avec moi, je sauterais sur l’occasion pour devenir son meilleur ami ! Mais Eleanor hésitait pour des raisons qui dépassait mon entendement mais semblait clair pour Carrie.

J’en vins alors à ce que Eleanor parle un peu d’elle. Il fallait que je la cerne mieux. Comme si elle était une expérience scientifique. Elle confirma ce qu’avait dit Don sur elle et elle ajouta n’avoir ni mari, ni enfant.

Parfait ! Personne d’autre pour réfléchir avec elle ou des petits êtres en culotte courte prête à hériter sans avoir levé le petit doigt.

-Tu n’as pas de mari ? C’est étonnant !

C’est ce que venait de dire Carrie. En quoi c’était étonnant ? Bon… Oui, elle est plutôt bien foutue Eleanor mais elle semble ne pas avoir grand-chose sur son compte en banque.

La jeune femme déclara sortir d’une relation difficile. Carrie prit un air compatissant.

-J’en suis désolée… Je connais ça…

Je me tournai vers elle soudainement.

-Ah oui ?

Elle roula des yeux.

-Oui… Je parle de Mickael, Victor…

Elle se tourna vers Eleanor.

-Mickael est mon ex-mari… Et ce n’était pas l’homme le plus gentil de la planète… J’avais peu de liberté avec lui et je ne m’en suis rendu compte qu’après des années de mariages. Tu sembles t’être réveillée plus tôt que moi… J’ai deux enfants pour ma part… Mais ce sont déjà presque de jeunes adultes.

Je fixai Eleanor :

-Tu finiras par trouver le bon… J’en suis sûr !

Ou pas hein !

-Mais… Dis-moi… Ça paye bien Broadway ? Tu as un autre travail sur le côté ? Parce que ce sont des contrats à durée limité, non ? Comme tu joins les deux bouts ?

Sans vouloir offusquer personne, je préférais un verre d’eau plutôt qu’un verre de champagne. La dernière fois que j’avais bu de l’alcool avait été de trop et je ne m’en étais toujours pas totalement remise. Je pouvais encore ressentir l’amertume horrible de mon vomit et la désagréable sensation de brûlure au fond de ma gorge et dans mon estomac. Si ça semblait surprendre Victor, Carrie elle, me servit mon verre d’eau avec un grand sourire.

Il ne fallu pas longtemps pour que l’ont parle de Don et de notre petite généalogie familiale. Contrairement à Carrie et Julian, moi, je savais depuis toujours que nous avions le même papa et que ce papa-là, ne voulait pas de moi dans sa vie. Carrie comprenait ma vision des chose, en tous les cas, elle en avait l’air et elle parvenu même à le verbaliser.

L’idée de nouer une relation avec Carrie et Julian me semblait plus réaliste que de faire une place à Don dans ma vie probablement parce que ça reviendrait un peu à se faire de nouveaux amis, ce n’était pas loin d’être ça, en fait. D’un autre côté, je ne pouvais pas faire autrement que de penser à Don et d’imaginer qu’il se sentirait esseulé si j’acceptais de laisser entrer dans ma vie ma demi-sœur et mon demi-frère mais pas lui.

La situation était délicate et inconfortable surtout que Victor avait toujours un commentaires contraire à ce que Carrie et moi disions. Puis lui, il était bien plus facile de vivre avec un père qu’avec une sœur.

- Ça dé…Dépend peut-être du f-f-frère ou de la sœur.

Et comme je ne connaissais pas sa famille tout comme visiblement je ne connaissais pas encore la mienne, je ne pouvais pas vraiment m’avancer sur le sujet. Par contre, Victor me donnait l’impression qu’il me voyait comme hautaine, comme si je crachais sur le pain béni. Ce n’était pas le cas, e voulais simplement qu’on me donne le temps de prendre mon temps, était-ce si difficile à comprendre, bon sang !?

- Oui, il l’a été. Je peux comprendre ce qu’il ressent. Mon intention n’a jamais été non plus de bafouer ce qu’il désir.

Je fis une pause alors que je pensais avoir finalement mit le doigt sur le bobo, sur ce qui m’égratignait le plus dans tout ça.

- Si ce n’était de cette biographie, est-ce qu’il aurait voulu nouer un lien avec moi ou bien il s’est senti obligé de le faire ?

Ça se posait, comme question, non ?

Il y eu une petite friction entre Victor et Carrie parce que ce premier laissait sous-entendre que son beau-père pouvait être sur le point de casser sa pipe ce qui n’était pas le cas comme le lui fit remarquer sa femme.

La conversation se réorienta sur ma vie privée, comme quoi, l’inconnu intéressait toujours les gens mais mon inconnu a moi, je n’étais pas prête à le partager. Je confiais alors simplement que je n’étais pas mariée et que je n’avais pas d’enfant. Ce fut alors Carrie qui s’exclama, surprise. Elle s’avoua désolée pour moi et compatissante puisqu’elle avait elle aussi connu ce genre de relation de laquelle elle retirait deux enfants déjà rendus grands.

- Eh b-bi-bien, je fréquente quelqu’un depuis peu mais il est trop tôt pour parler d’une relation officiel. Je préfère garder ça pour moi encore.

Je n’avais pas encire dit à Ward que je l’aimais, je ne m’en sentais pas encore capable. J’avais érigé une barrière entre nous, que j’étais la seule à voir. Il était plus entreprenant, peut-être trop, la démo en était une preuve. Il se disait prêt à vivre mes rêves mais en appuyant fort sur le frein pour que rien n’aille trop vite mais pour me pousser en direction de Don, il faisait des pieds et des mains.

- Euh…

Une truite fraichement sortie du lac aurait eue l’air moins surprise que moi alors que Victor me questionnait sur mon compte en banque. En quoi ça le regardait ? Je ne le connaissais que depuis dix minutes et il pensait déjà que j’allais lui confier combien de gagnais en interprétant Sandy ?

Je sentie mes joue rougir et je regardais mon verre d’eau comme si j’allais parvenir à le changer en champagne. Un petit peu d’alcool aurait peut-être pu m e donner un coup de pouce pour celle-là !

- N’est-ce pas un peu personnel ? Je peux te dire que je mange à ma faim et que jusqu’à présent, je n’ai jamais eu besoin de passer le chapeau.

Si j’ai un toit au-dessus de ma tête, de quoi me nourrir et quelques éclats de rire dans ma journée, j’étais assurément une personne très riche.

Puis la pièce tomba et je compris ce qui se passait.

- Est-ce que… Pardon, je ne v-v-veux pas être impolie ou i-i-i-rrespectueuse mais est-ce que je suis entrain de p-p-pa-passer un t-t-t-test pour savoir si j’en veux à l’argent de Don ? P-pa-parce que si c’est le cas, je vous rassure tous les d-d-deux. Je ne veux rien et n’accepterai rien non plus !!!

Les mots… Eleanor Harris avait bien du mal avec les mots. Elle bégayait comme une petit brebis apeurée. Ainsi quand j’avais dit qu’un père était plus facile à vivre qu’une sœur, elle voulait mettre ça tout en perspective et en nuance mais avec ses bégaiements, la phrase n’était pas totalement fluide. Je rigolai un peu.

-Oui, j’imagine que ça dépend. Personnellement, mon père me laissait énormément de liberté. Ma sœur, par contre, c’était une toute autre histoire. C’est sans doute le problème d’avoir un sœur bien plus âgée que soi.

Ce qui était le cas pour Eleanor vis-à-vis de Carrie. Quant à moi… Disons que mes parents aimaient la vie de bohème. Enfin, de riches bohèmes ! Ils ne vivent quand même pas dans une caravane, hein ! Ce sont des artistes mais de la bourgeoisie angelenos. Alors, oui, la liberté était le maitre mot chez les Hunter. Mais Vicky a toujours été surprotectrice envers moi.

Bref… Ce que voulait Eleanor c’était du temps. Beaucoup de temps. Pour assimiler tout ça. J’avais l’impression qu’elle n’avait aucune envie de nouer un lien avec Don mais qu’elle avait peur de le blesser au passage. Comme si elle jouait un foutu numéro d’équilibriste. Ainsi, elle confirma que Don avait voulu accélérer les choses. Elle se questionna, ensuite, tout haut se demandant si Don aurait fait le premier pas si jamais il n’y avait pas eu cette biographie. J’haussai des épaules.

-Ça on ne le saura jamais…

Peut-être que oui… Peut-être que non… Carrie, elle, ajouta simplement :

-Je ne pense pas que mon père se soit senti obligé. Je pense que s’il est venu vers toi c’est qu’il le voulait. Sinon, il aurait simplement passé ça sous silence.

Et les choses auraient été plus facile pour tout le monde, soyons honnête !

Bon ! Je recardai la conversation sur Eleanor et sa vie privée histoire d’en apprendre plus. Mais en dehors de ce que Don avait dit, il ne semblait pas il y avoir grand-chose. Pas d’enfants (bonne chose !), pas de mari (autre bonne chose !) et une ancienne relation qui avait mal tourné de quoi faire compatir Carrie qui tacla allègrement son ex. Bien qu’Eleanor finit quand même par avouer fréquenter quelqu’un. Carrie afficha un sourire.

-Ah oui ? J’espère pour toi que tu as trouvé le bon.

Quoi qu’il en soit, Eleanor ne semblait pas vouloir s’étaler sur la chose. Comme si c’était un secret d’état. Ce n’était qu’une relation, hein ! Pas de quoi en faire tout un plat, si ? Et même si ce n’est pas officiel et qu’elle nous donne quand même le nom de son prétendant, ça changera quoi ? Je doutais qu’on connaissait le type en question, de toute manière. Tant de secret pour si peu !

Bref… J’enchainai sur d’autres questions qui concernaient les revenus d’Eleanor. Histoire de savoir si l’argent était son premier intérêt. J’avais déjà une partie de réponse par rapport à tout ce dont on avait déjà parler mais autant enlever tout doute, non ? Je la vis d’un coup rougir. Quoi ? C’est si grave que ça ? Apparemment, oui ! Enfin, ce n’était pas tellement grave mais ça semblait très personnel… Quoi ? Je n’ai pas demandé combien précisément elle gagnait. Juste en avoir une idée. Pourquoi les pauvres voient-ils toujours le sujet des revenus comme un sujet tabou ? Bref… Eleanor disait manger à sa faim. En gros, elle gagnait assez pour vivre.

-Personnel ?

Je fis une moue de réflexion avant d’hausser les épaules.

-L’argent, c’est de l’argent… C’est un sujet comme un autre. Mais je suis ravi de voir que tu gagnes assez pour vivre avec tes propre moyens. Devoir bosser et en plus assurer ta carrière de comédienne, ça doit être épuisant…

Mais après ça, Eleanor nous sortit des phrases tellement hachée que je dus plisser des yeux pour comprendre ce qu’elle était en train de dire. Serait-elle rayée tel un vieux disque ? Elle semblait avoir vu clair dans mon jeu très peu subtile. Elle souligna, si je comprenais bien, hein, parce qu’elle hache vraiment beaaaaucoup ses phrase, qu’elle ne voulait pas l’argent de Don. Mais je pris le parti de montrer que je n’avais absolument rien compris.

-Qu’est-ce que tu racontes ? Je n’ai rien compris.

Carrie roula des yeux et me fila un léger coup de coude. Elle sourit alors à Eleanor.

-Non… Ce n’est pas notre genre. Si Don décide de te donner de l’argent, c’est son choix. Et tu as le droit de le refuser à ta guise. Personnellement, ce qui m’intéresse, c’est toi… Je veux simplement te connaitre… Je n’avais que le témoignage de mon père pour savoir qui tu étais. Je trouvais injuste de t’imaginer par rapport à des ouï-dire. Je voulais me faire ma propre opinion.

Elle soupira.

-Excuse Victor… Il ne se rend pas toujours compte des sujets qui pourraient être sensibles pour les autres ou non. Pour lui il n’y a aucun sujet tabou.

Aucun, c’est vrai ! Mais je m’intéressais quand même vraiment à si Eleanor lorgnait ou non sur l’argent de Don… J’avais ma réponse. Eleanor était une fille qui semblait vouloir rester dans sa petite case. Qu’elle y reste ! Et j’espérais qu’elle n’allait pas tomber sur un petit ami avec des ambitions plus prononcées. Parce qu’il était clair qu’elle n’en avait aucune, d’ambition. Enfin, je crois…

-Ouais ! Rien de tabou. Le tabou c’est superflu. Mais, dis-moi, Eleanor… Tu comptes continuer ton chemin dans les comédies musicales ? C’est là-dedans que tu te vois faire carrière ?

J’avais grandit sans frère ou sœur avec qui me chamailler ou partager des souvenirs d’enfance alors je ne pouvais que croire sur parole ce cher Victor Hunter qui en parlait comme s’il pouvait écrire tout une encyclopédie sur le sujet. Il ajouta que le fait que sa sœur était plus âgée que lui expliquait peut-être pourquoi elle avait voulu jouer à la mère avec lui alors que son père, de son côté, le laissait faire pas mal tout ce qu’il voulait.

- Ma mère est assez strict et très protectrice.

Elle ne m’avait jamais empêché d’explorer toutes les avenues que la vie offrait, au contraire. Ma mère m’avait toujours encouragé et conseillé au mieux de ses capacités et connaissances. Avec le recul, je pouvais constater la force de ma maman. Celle de tenir à bout de bras son rôle de mère et de père, tout en un.

Ceci expliquait peut-être pourquoi je ne tenais pas vraiment à laisser Don porter ce chapeau.  Cela reviendrait un peu à balayer du revers de la main tout ce qu’avait fait pour moi ma mère qui, pourtant m’avait dit ne pas être contre le fait que je rencontre et apprenne à connaître mon père puisqu’il avait fait, bien que tardivement,  les premiers pas.

C’était vraiment compliqué, tout ça !

J’aurais aimé savoir si, sans cette foutue biographie, Don aurait eu le courage de venir vers moi. Même si je lui posais la question aujourd’hui,  je n’aurais jamais la vraie réponse, comme le disait Victor alors que Carrie croyait elle que si Don n’avait pas voulu le faire, il aurait fait passer sous silence mon existence.

- Peut-être qu’un jour j’aurai le courage de lui demander, en face.

Ou pas.

Victor dévia la conversation sur ma vie privée ce qui n’était pas vraiment mieux ou même facile comme sujet. Je n’avais pas envie de parler de ma relation avec Ward. Ma nouvelle sœur et son époux étant de Los Angeles, ils avaient très certainement entendu parler de Ward et de sa fausse réputation. Je n’avais pas envie de voir leur air étonné comme si le doute raisonnable n’était pas suffisant pour se faire sa propre opinion. Seul Shane semblait être capable de le faire quoi que dans son cas, c’était beaucoup plus de la fascination et de l’admiration qu’autre chose.

- Je suppose que l’avenir nous le dira mais… Je crois que oui.

Encore une fois, Victor changea la trame de la conversation pour fouiller dans mes finance personnelles. Était-ce l’avocat en lui qui le faisait se questionner sur des sujets qui ne le regardaient pas ou bien avait-il d’autres préoccupations ? Je jugeais sa question un peu intrusive et j’y répondis maladroitement avant que le puzzle ne se forme et que je comprenne que ce qui les chicotaient tous les deux ce n’était pas de me connaitre moi, mais de connaître mes intentions vis-à-vis la fortune de Don.

Victor joua la comédie ensuite et de manière très peu convaincante en disant qu’il ne comprenait rien de ce que je disais. Il était peut-être un très bon avocat mais jouer un rôle, il ne savait pas le faire. Il m’apparaissait maintenant tellement hypocrite ! Carrie, elle, rattrapa le faux pas de son poux pour atténuer les choses. Mon cœur battait rapidement alors que je l’écoutais donner ses explications, sa vision de notre situation commune.

Ça aida, un peu.

- Je comprends… Un peu… Je…

Il m’assommait le Victor avec sa manie de passer du coq à l’âne comme si de rien était, comme s’il me passait en entrevue et qu’il testait mes aptitudes à travailler sous pression.

- Je me vois nulle part… Je vais là où la vie me mène. Quand on contrat ici sera terminé, je rentrerai à Los Angeles et reprendrai mes pantoufles de bénévoles… ou j’accepterai le contrat que me propose Timmy Evans, comme ça, je ferai ma propre argent.

C’est sur un ton brusque, beaucoup trop brusque pour moi, que j’avais terminé ma réponse à Victor. Je tournais mon regard sur Carrie pour lui expliquer ce qu’il en était.

- Mon ami Shane travaillait sur une chanson que nous avons enregistré ensemble et Timmy Evans en a eu une copie. Il est venu me rencontrer et m’a proposé un contrat. Pour dire vrai, j’ai peu qu’en l’acceptant, Don y voit une façon détourné de ma part de me rapprocher de lui et en disant cela, j’ai l’air de la fille qui veut le fuir à tout prix.

Je ne voulais pas fuir Don à tout prix.

Je ne voulais rien lui devoir, ce qui était très différent.

- Si je pouvais comprendre et nommer exactement ce que je ressens, ce serait beaucoup plus facile mais je n’y arrive pas. Je suis désolée Carrie, je ne veux pas te paraitre ingrate mai je crois que je vais rentrer.

Je n’étais vraiment pas habituée à être au centre des préoccupations de tous et chacun, ce qui semblait être le cas depuis que Don avait fait son entrée officielle dans ma vie. Ça avait été une très grosse journée et pour dire vrai, la présence se Victor me mettait mal à l’aise et freinait tout naturel qu’il aurait pu y avoir entre Carrie et moi.

J’en apprenais plus sur Eleanor au fur et à mesure de la conversation. Elle et moi avions eut des parents bien différents. Sa mère, elle la qualifiait de protectrice et strict… C’était absolument tout le contraire de mes parents. Pas qu’il ne m’aimait pas ou qu’il n’était pas protecteur. Non, ils m’adoraient et voulait me protéger. Et pour eux, ça passait par une grande liberté. Ainsi le mot « strict » n’a jamais été de mise chez les Hunter. Les règles étaient vagues. Pas qu’il n’y en avait pas… Mais elle étaient faciles à transgresser tellement elles manquaient de substances.

Eleanor semblait avoir eut l’inverse comme éducation. Ce qui faisait d’elle et moi des gens foncièrement différents.

Quant à sa relation avec Don… Il était clair qu’elle se posait un tas de questions là-dessus. Elle se demandait s’il aurait eu le courage de venir la voir s’il n’avait jamais été question de biographie. Ça personne ne pouvait le dire ! Mais Eleanor déclara que, peut-être, un jour, elle aura le courage de lui demander. Tout était une question de courage chez les Hughes… Le fait est qu’Eleanor semblait en avoir autant que Don… Il leur fallait prendre sur eux pour se lancer. Tout le contraire de moi, encore une fois !

On en apprit encore plus quand je daignai poser quelques questions plus personnelles sur Eleanor. On était là pour faire connaissance, non ? Bon ! On apprit qu’elle avait un petit ami mais qu’elle avançait prudemment avec lui. Ainsi, elle ne voulait pas nécessairement nous en dire plus… Comme si en parler allait briser cette relation. Pourtant, elle pensait bien que l’heureux élu était le bon ce qui fit sourire Carrie.

-C’est un bon signe.

Je finis par parler « argent ». Un sujet qui n’était absolument pas tabou dans mon chef. Je ne vois pas pourquoi les gens faisait tout un plat de garder secret ce qu’ils gagnaient ou ce qu’ils aspiraient à gagner. Le monde tourne sur l’argent, pas besoin d’en faire grand cas ! Mais ma question mis mal à l’aise Eleanor… Enfin, à considéré qu’elle a été une seule seconde à l’aise depuis son entrée dans le penthouse. Elle pensait que je posais ça pour savoir si elle avait des vue sur l’héritage. Bien sûr que oui ! C’est bien pour ça que je pose la question ! Pourquoi d’autre ? Mais je fis mine de ne rien avoir compris ce qui semblait très peu lui plaire… Carrie tenta de rattraper les choses en s’excusant pour moi et en déclarant que nous nous fichions complètement de ce que Don pourrait donner à Eleanor si jamais il venait à modifier son testament.

C’est faux !

Eleanor semblait rassurée par les explications de Carrie. Enfin… Plus ou moins rassurée… Elle était toujours hésitante et peu à l’aise.

Ok… Elle n’aime pas le sujet de l’argent ? Alors, j’en changeai encore demandant si elle allait être actrice de comédie musicale toute sa vie. C’était une question innocente, en fait. Et Eleanor répondit ne pas savoir ce dont son avenir sera fait. Elle vivait au jour le jour et quand la production sera terminée, sans doute retournera-t-elle torcher le cul des pauvres dans l’Eastside.

Sauf que…

Elle ajouta autre chose… Elle parla de Timmy Evans et de sa proposition ce qui me surpris autant que Carrie.

-Timmy Evans ?

Le manager de MTI ? Oui… Qui d’autre ? Et je devais avouer que, ça, je ne l’avais pas vu venir. Ni ça, ni le ton soudain brusque d’Eleanor. Elle expliqua alors comment elle avait attiré l’attention d’Evans. Mais encore une fois, elle hésitait d’accepter cette énorme opportunité. Pourquoi ? A cause de Don… A cause des signaux qu’elle pourrait lui envoyer malgré elle… Vous savez quoi ? Ça doit être épuisant de vivre dans le corps d’Eleanor Harris. Elle se pose des questions sur absolument tout ! Chaque décision qu’elle doit prendre semble être sujet au dilemme.

J’allais réagir mais Eleanor continua disant ne pas savoir ce qu’elle ressentait et ne pas savoir l’expliquer. Mais ce dont je ne m’attendais pas c’est qu’elle se sente à ce point acculée qu’elle voulait prendre la fuite. Carrie fut surprise. Très surprise.

-Déjà ? Je… Nous ne voulions pas te mettre mal à l’aise… Tu sais… Quoi que tu décide pour ce contrat avec Evans, sache que tu as mon soutiens. Je pense que tu devrais oublier mon père et ce qu’il pourrait penser et faire ce que tu désires. L’opportunité d’une carrière de ce type ne se présentera pas tous les jours. Et Evans doit avoir vu ce que j’ai vu ce soir : une grande voix.

Enfin, une parole censée de la part de ma femme ! Ce n’est pas trop tôt.

-Carrie a raison… Tu devrais plus penser à ce que toi tu veux plutôt qu’à ce que Don pense ou se fait comme film.

Comme je le dis, ça doit être épuisant d’être Eleanor Harris !

Carrie enchaina alors.

-Es-tu sûr de vouloir déjà partir ? Je suis vraiment désolé si tu t’es sentie mal à l’aise… J’essayais simplement de mieux te connaitre.

Quant à moi, nul besoin de faire dans les remords, hein. Si quelques questions la déstabilisait ou la choquait, qu’en puis-je ?

-Si tu pars maintenant, est-ce que tu veux qu’on emballe ta part ? Enfin, sauf si tu as peur de devoir nous en rendre une si jamais on fait ça. Au pire, tu pourras la donner aux pauvres…

Ok. Je venais de bien jouer les connards là. Ce qui me valu un regard très noir de la part de Carrie qui s’exclama :

-Victor !

Je venais sans doute de mettre fin au repas, là… Mais j’avais mes réponses, donc… Et puis, si elle venait signer avec Evans, on se reverra souvent.

Le souper auquel m’avait invité Carrie Hughes n’avait été rien de plus qu’un prétexte pour enquêter sur ma vie et déterminer si j’avais des intentions mal avisées sur la fortune de Don, mon père. J’avais été lente à comprendre pourquoi Carrie et Victor m’avaient fait venir chez eux et surtout, j’avais été bien naïve et stupide de croire que je pourrais peut-être nouer des liens avec ma demi-sœur.

Les questions de Victor étaient vicieuses et outrageusement indiscrètes. Victor était un fin renard, il avait habilement mené l’inquisition en commençant par me questionner sur ma vie privée et, voyant que je ne voulais pas trop m’étendre sur le sujet, il avait questionné sur ma situation financière. Nous ne venions certes pas du même monde, notre éducation avait été de toute évidence très différentes mais je croyais tout de même que de parler de ses revenus ne se faisait pas, en tous les cas, pas avec des gens que l’on rencontrait pour la toute première fois et après seulement vingt minutes de conversation!

Tout de suite, je plaçais sur la défensive et mes bégaiements nouaient ma gorge. Je tentais de me faire claire sur mes intentions. Je ne roulais pas sur l’or, les fin de mois étaient difficiles et je squattais à la Mission avant de décrocher mon rôle à Broadway mais malgré cela, jamais, au grand jamais je n’oserais espérer ou même réclamer le moindre sous de l’héritage de Don. Toute ma vie, j’avais vu ma mère cumuler les petits emplois justement parce qu’elle n’avait jamais forcé Don à prendre ses responsabilités et de mon point de vue, accepter son aide qu’elle soit financière ou non, reviendrait à balayer tous les efforts de ma mère du revers de la main.

Carrie tenta de calmer les tensions en disant qu’elle se fichait de ce que Don pourrait me donner et je répondis d’un hochement de la tête. Tant mieux si c’était le cas mais je ne me sentais pas plus à l’aise en leur présence pour autant. Je détestais qu’on me prête de mauvaises intentions ou qu’on minimalise mes sentiments en pensant à ma place.

Jordan l’avait fait.

Ward aussi.

Victor redirigea à nouveau la conversation, à croire qu’il aimait allumer pleins de feu et jongler avec pleins de casseroles. Je ressenties, probablement à tort, que c’était un nouveau moyen d’enquêter sur ma vie alors mon ton devint plus brusque, malgré moi. Je parlais de Timmy Evans, de sa proposition et de comment les choses s’étaient enlignées suite à l’envoie de la démo de Shane. J’avais évité de mentionner que c’était Ward qui avait tiré les ficelles, je devais d’ailleurs encore régler ça avec lui à mon retour à Los Angeles.

J’étais prise de vertige après autant de sous-entendu de non-dits et la présence de Victor me mettait franchement mal à l’aise. S’il n’avait pas été présent, ma rencontre officielle avec Carrie aurait été tout autrement. Je m’excusais donc après d’elle en lui avouant devoir partir. Je ne pourrais pas continuer de discuter avec eux en craignant toujours la sous question qui allait suivre. Je comprenais que tut ce que je disais était scruté et analysé par l’avocat qui n’en avait rien à foutre de me connaitre. Il voulait simplement s’assurer que je n’étais pas une menace pour l’héritage de sa femme.

Carrie était visiblement désolée de la situation et encore une fois, lança un filet de sécurité pour rattraper les grenades lancés par son époux. Elle m’offrait son soutient vis-à-vis de mon contrat chez MTI et je lui en étais reconnaissante mais le sentiment plaisant s’efface alors que Victor renchérissait. Peu important ce qu’il dirait, il m’avait fait un si mauvais effet que chaque fois qu’il ouvrirait la bouche, je n’entendrais que le son insupportable d’ongles sur une ardoise.

Carrie redemanda si j’étais vraiment certaine de vouloir quitter. J’inspirais profondément en m’implorant mentalement de faire la part des choses et de ne pas gâcher ce qui pouvait devenir une belle relation entre sœur mais ce que Victor ajouta ensuite termina le travail et me brisa en mille morceaux.

- Jamais de ma vie je n’avais rencontrer quelqu’un d’aussi immonde que vous, Monsieur Hunter.

J’avais de belles grosses larmes qui coulaient sur mes joues. Jamais de ma vie je n’avais été humiliée gratuitement de la sorte. Je n’arrivais plus à prononcer un seul mot, j’étais sous le choc autant à cause de Victor que par ce que je venais de lui dire.  Je regardais Carrie en me disant qu’elle allait me détester pour avoir insulter son époux mais à ce moment précis, je n’en avais rien à faire. J’attrapais simplement mon sac et je filais comme une petit biche effrayée par les phares d’une voiture.