Le Walk Of Fame était en ébullition ce soir pour le défilé de mode présentant la nouvelle collection de je ne savais plus quel grand couturier… La question que vous vous posez sûrement est : qu’est-ce que tu fiches ici, mon bon Victor ? Et bien la réponse est simple : je suis en représentation pour la maison Hughes.

Oui, je sais, je suis un Hunter… Mais Don ne pouvait pas venir car il avait d’autres choses à faire et avait envoyé Carrie à sa place. Sauf que, ce matin, Carrie ne se sentait pas bien. Elle avait chopé la grippe ou la ménopause, je ne sais pas trop. Quoi qu’il en soit, elle m’a envoyé à sa place pour faire acte de présence pour les Hughes. Pourquoi j’avais accepté alors que, moi aussi, j’aurais pu simuler une grippe ? Parce que « défilé » voulait dire « fête » et que je ne crachais jamais sur une fête surtout quand Carrie ne venait pas avec moi. Puis, j’avais très envie de sortir ! J’étais libéré ! Que dis-je ? J’étais délivré ! Et ça depuis que Reed m’avait fait passé le message sur mon répondeur que « c’était fait » il y a quelque jours d’ici. Je savais qu’il parlait de Vito. Je n’avais aucune idée de ce qu’il en avait fait, ni comment il l’avait fait… Mais je savais une chose : je n’avais aucune raison de douter de lui.

Donc, le défilé. Le Walk Of Fame était aménagé pour l’occasion et les filles défilaient devant une parterre de VIP dont je faisais partie. Ce n’est pas tant les pièces de mode que je regardais mais bien les courbes des filles faisant mon marché avant de décider qui j’allais aborder plus tard. Je regardais ça tout en buvant de l’alcool et fumant. J’aurais réellement voulu pouvoir partager mes petits commentaires que j’avais dans la tête sur chaque fille mais, vu où j’étais placé, je ne voyais personne d’intéressant avec qui partager mes opinions. Surtout pas Hill qui était un peu plus loin de moi et qui mettait tout en œuvre pour magistralement m’ignorer.

L’histoire du portail n’était toujours pas passé, on dirait bien. La vieille Hill devrait passer à autre chose, sincèrement. Pourquoi rester toujours ancré dans le passé ?

Bref… Je faisais mes commentaires dans ma tête pour moi-même, du coup. Les mannequins étaient plutôt bien foutues mais je devais avouer que je ne me ferais jamais à la tête de Riri Hijane. Ce n’était pas la première fois que je voyais cette mannequin à des défilés, dans des pubs ou dans des magazines. Elle avait fait son petit chemin et était maintenant très demandée un peu partout. Et je me demandais bien pourquoi alors que moi, je l’appelais, dans le privé, par le doux nom de Miss Bicolore. Comment les créateurs de mode pouvaient pensé qu’on allait regarder autre chose que sa peau étrange, hein ? On ne pensait pas aux vêtements que Riri portait quand elle passait mais à prendre des crayons de couleur blanche pour essayer de régler ce problème esthétique !

J’avais attentivement regardé toutes ces femmes se dandiner en me disant que je devenais difficile car aucune ne m’avait vraiment tapé dans l’œil. Sans doute parce que je préfère les femmes plus petites hors les mannequins étaient toutes grandes.

Après le défilé on pouvait rentrer dans un des building attenant où avait lieu l’after-show avec les VIP et les mannequins. Je m’y rendis me disant que je trouverais mon bonheur parmi les VIP. Une fois à l’intérieur, Hill essaya encore habilement de m’éviter alors que j’allais, en même temps qu’elle, chercher une coupe de champagne.

-Tu sais que c’est vraiment ridicule, Jessica, hein ? Je l’ai remboursé ton portail. Même Vicky commence à trouver ça ridicule…

Mais elle m’ignora et je roulai des yeux avant de voir Miss Bicolore un peu plus loin. Je ne lui avais jamais parlé. Comme je le dis, je l’avais juste vu à des défilé et compagnie sans jamais l’aborder. Mais comme Hill ne semblait pas vouloir taper la conversation autant essayer de voir ce qu’elle personnalité se cache derrière ce qui était assurément encore un produit de l’immigration.

Je m’avançai, donc, vers Riri et j’affichai un petit sourire en l’abordant.

-Bonsoir ! Alors comment va la célèbre Riri Hijane ? C’est bien ça votre nom, n’est-ce pas ? Vous êtes la seule mannequin de ce défilé sur laquelle j’ai pu remettre un nom. Pourtant, vu le nombre de VIP, je m’attendais a plus de têtes connues.

Mouais, c’était décevant. Mais bon !

-Pas mal le défilé… Même si j’ai déjà vu mieux… Mais ça ne doit pas être simple d’arriver à un tel niveau de célébrité avec votre couleur de peau, je me trompe ? Je dirais même que c’est un exploit !

Fais-toi aimer, Victor… Tu es doué pour ça !

-Au fait, je m’appelle Victor Hunter.

L'idée d'un défilé aussi qualifié rendait nerveuse la jeune Rhéane, qui ne défilait pas souvent pour de grandes marques, celle-ci était plus que réputée ! Fallait dire aussi qu'il n'y avait pas mal de compétition entre tous ces mannequins, à laquelle sera la plus jolie ? Rhéane tentait de garder son sang-froid, mais son stress montait davantage lorsqu'elle entendait son prénom. Son supérieur indiquait l'ordre de passage, la pointant alors du doigt au loin, alors qu'il discutait avec une énième personne qu'elle ne connaissait pas. Il avait ce visage assez fermé, la jeune femme ignorait totalement ce qu'il pensait d'elle actuellement.

Dans les coulisses, elle était entrain de se préparer pour le défilé. Elle avait une jolie robe jaune assez retro qu'on lui enfila, cette dernière lui allait à ravir avec son teint halé et ses tâches ornant tout son corps. Elle souriait malgré tout, son maquillage était assez simpliste, un rouge à lèvres matt plutôt nude et un contour des lèvres beaucoup plus prononcé et un eye-liner bleu pour couronner le tout. Autant dire qu'elle n'aurait jamais imaginé se maquiller ainsi, mais, pourquoi pas  ? Lança-t-elle quelque peu dubitative.

Le défilé commença et Rhéane encra sa présence à jamais. Sa présence était quelque chose d'époustouflant. Et oui, c'était plutôt rare de voir un mannequin bicolore dans l'industrie. Il était vrai que c'était assez compliqué de se faire une place par ici. Mais elle y était arrivée grâce à sa persévérance.

Une fois le tout terminé, Rhéane avait été emmenée dans un building pour un after en quelque sorte, où beaucoup de personnes s'y trouvaient déjà. Elle était un peu intimidée par tout cela, mais c'était le choix qu'elle avait fait aussi en choisissant ce métier. Rhéane souriait, elle était plutôt une personne chaleureuse. Enfin, en tout cas, c'est ainsi qu'on la qualifiait lorsqu'on parlait d'elle.

-Bonsoir ! Alors comment va la célèbre Riri Hijane ? C’est bien ça votre nom, n’est-ce pas ? Vous êtes la seule mannequin de ce défilé sur laquelle j’ai pu remettre un nom. Pourtant, vu le nombre de VIP, je m’attendais a plus de têtes connues.

Rhéane eut un temps de réaction avant de se rendre compte qu'un homme l'avait interpellé assez familièrement. Elle se tourna en direction de ce dernier, les yeux quelque peu écarquillés, mais toujours avec ce doux sourire aux lèvres.

- Ca va, ca va. On va dire que ce n'est pas forcément une tâche facile. Surtout lorsqu'on est différent. Mais bon, on va dire que je suis chanceuse.

Elle riait en tentant de détendre l'ambiance qu'elle venait un peu de gâcher à cause de sa méfiante et de sa timidité  parfois un peu trop prenante.

-Pas mal le défilé… Même si j’ai déjà vu mieux… Mais ça ne doit pas être simple d’arriver à un tel niveau de célébrité avec votre couleur de peau, je me trompe ? Je dirais même que c’est un exploit !

Alors là, il soulignait un point sensible. Quelque chose dont Rhéane n'avait pas forcément envie de parler. Elle s'était déjà assez renfermée sur elle-même pour remettre ça sur le tapis, elle avait également perdu beaucoup d'amis par le passé à l'annonce de sa maladie. Que les gens qualifiaient comme "contagieuse". Elle ignorait totalement ce que cet homme voulait. Mais elle n'avait pas manqué de faire un petit rictus mécontent sans s'en rendre compte.

- Effectivement, cela n'a jamais été simple. Mais dans la vie, il faut se battre pour avoir le meilleur. Et c'est ce que j'ai fait. Malgré les différents ennuis que j'ai pu rencontrer dans ma vie.

Si seulement il n'y avait eu que ça... Elle aurait aimé que son père soit aussi enjoué par la réussite de sa fille. Néanmoins, il n'avait pas montré le moindre signe de vie. Et lorsque Rhéane avait eu l'opportunité de le rencontrer, elle en avait subi les conséquences directes.

- Enchantée Victor. Je m'appelle Rhéane mais en général, je préfère Riri.

Elle lui tendit une poignée de main tout en gardant ce regard froid et attristé, mais ses lèvres continuaient de sourire pour le bien de tout le monde. Cette qualité qu'elle avait à porter le masque constamment. Personne n'aurait pu le faire. Et c'était bien pour cela que Rhéane pouvait parfois être qualifiée de "brutale" à cause de ses gestes et de ses paroles qui n'allaient pas avec son sourire persistant. Mais un humain restait un humain. Et de temps en temps, il pouvait fauter.

J’avais abordé Rhéane sans aucune hésitation. Ce n’était pas mon genre de ne pas y aller franchement surtout quand je n’avais rien d’autre de mieux à faire que de m’amuser un peu avec une représentante de la jet-set que je ne connaissais pas encore bien. Or, je ne connaissais pas Rhéane hormis de nom et de réputation. Un nom qu’elle s’était fait il y a peu dans le monde du mannequinat. Un monde que j’avais bien du mal à comprendre… Pourquoi engager une fille à la peau bicolore ? Telle était ma grande question…

Je l’avais, donc, abordée et elle avait avoué que de se faire un nom dans le mannequinat n’était pas une tâche facile surtout lorsqu’on était différent. J’imagine qu’elle parlait de sa couleur de peau. De quoi d’autre, après tout ?

-Chanceuse est le bon mot, en effet !

Elle rigola avant que je ne parle du défilé en lui-même que j’avais trouvé passable… J’en avais vu des meilleurs chose que je ne cachai pas. Tout comme je n’avais pas non plus dissimulé le fait que je trouvais absolument étrange qu’une fille comme elle ait pu percé malgré sa couleur de peau. Elle aurait été entièrement noire, je me serais posé la même question mais le fait qu’elle ressemble à une sorte de dalmatien rendait son accession à un poste de mannequin d’autant plus étrange ! Je vis, sur son visage, que ma remarque lui avais moyennement plu. Bah quoi ? J’étais curieux, c’est tout…

Mais elle répondit quand même en disant que, dans la vie, il fallait se battre pour avoir le meilleur. C’est ce qu’elle avait fait, apparemment, pour obtenir sa petite part de célébrité.

-Je vois… Et vous avez visiblement réussi…

Ça n’expliquait pas comment elle avait fait ! Ok, elle a de belles courbes bien que j’étais très loin d’être fan de la nourriture exotique… Mais ça n’expliquait pas comment elle avait à ce point percé. Pour moi, c’était un non-sens.

Bref… Je me présentai quand même et elle fit de même clamant préféré qu’on l’appelle Riri. Elle avança sa main et je fis une petite moue, hésitant à la serrer avant de, finalement, lui serrer la main. Je ne savais pas comment elle avait dépigmenter à ce point mais j’avais peur qu’il m’arrive la même chose et que je me retrouve avec des tâches noire un peu partout. Mais mon esprit relativement rationnel chassa cette idée de ma tête.

-Mais dites-moi… Votre couleur de peau… Comment c’est arrivé ? Vous vous êtes levé un matin bicolore ou bien vous êtes née comme ça ?

Peut-être qu’elle avait prié le Seigneur pour devenir blanche et que ça n’avait marché qu’à moitié… Qui sait ?

Rhéane n'était pas le genre de fille qu'on pouvait facilement aborder dans la rue. Elle était plutôt intrigante et attiser beaucoup la curiosité, mais jamais personne venait à sa rencontre. Elle était différente, elle le savait. Mais était-ce une raison pour la fuir comme la peste ? Ces regards parfois malaisants qu'elle devait affronter dans son quotidien, cela restait assez dur de garder la tête haute. Cependant, elle s'estimait heureuse d'avoir réussi dans sa vie, devenir mannequin n'avait jamais été mentionné auparavant et dans son propre avenir, elle ne se voyait pas aussi populaire. Et désormais, elle devait affronter la réalité, elle était devenue quelqu'un d'important, qui tentait de rassurer les plus jeunes, étant victime de la même maladie et bien d'autres, elle voudrait qu'ils ne se sentent pas seuls et qu'ils parlent. Pas comme elle l'avait fait durant son adolescence, où elle avait totalement tourné le dos à ses proches. Pensant qu'eux aussi n'allaient guère l'accepter comme elle était devenue.  

L'homme qui était en face d'elle l'intriguait complètement. Elle ne savait pas ce qu'il lui voulait réellement. Néanmoins, il ne semblait pas si méchant. Ni mal intentionné. Rhéane accepta de s'ouvrir un peu plus à ce moment-là, peut-être avait-elle senti quelque chose en lui, qui sait.

- Mais ce n'est pas si facile que ça en a l'air. Vous savez ? Mannequin est déjà un rêve en soi, pour toutes les filles de la terre, je dirai. Mais devenir mannequin et être différente. je suppose qu'une étoile m'est tombée sur la tête ce jour-là, vous ne croyez pas ?

Disait-elle en étant un peu plus détendue que tout à l'heure. Elle observa ce Victor de la tête aux pieds, tentant de le percer à jour. Mais visiblement, ce soir, elle n'avait pas vraiment les idées claires. Le défilé lui avait pompé toute son énergie en plus du fait qu'elle ne s'était pas forcément trouvée au top de sa forme. L'angoisse l'avait emporté en premier et son sourire parfois était totalement forcé. Une chose qu'elle était habituée à faire, mais qu'elle détestait.
Alors, un peu de nouvelles rencontres lui faisaient du bien, même si à ce moment présent, elle ne savait pas si elle disait les choses honnêtement ou bien si elle se voilait encore une fois la face. Est-ce qu'une fois de plus, ça la faisait chier d'être entouré de monde, qui la zieutait de temps à autre ? En étant curieuse de la pensée d'autrui ?

- J'ai réussi, c'est sûr, c'est un exploit.
Elle souriait toujours malgré son tic nerveux au niveau de l'œil qui revenait quand elle n'était pas très à l'aise.

- J'ai l'impression de vous voir surpris, je me trompe ? Est-ce qu'une telle différence vous gêne ?

Reprenait-elle sur un ton plus sérieux, arquant un sourcil,  quittant son sourire à pleines dents de tout à l'heure...
- Je veux dire... J'ai besoin de savoir. La réelle pensée de beaucoup de personnes ici et j'avoue avoir du mal à discerner les plus insatisfaits de ma présence ici, en vue des regards parfois insistants.

Rhéane n'avait pas tort, durant tout ce temps, beaucoup de regards étaient braqués sur elle. Il fallait dire qu'elle ne passait pas inaperçue, mais elle se montrait assez inquiète de sa position. Ce n'était jamais facile d'avoir une stabilité dans son quotidien avec tous les aléas qui se présentaient dans sa vie.

-Mais dites-moi… Votre couleur de peau… Comment c’est arrivé ? Vous vous êtes levé un matin bicolore ou bien vous êtes née comme ça ?

Et là, il répondait pratiquement à sa question précédente. S'il s'était présenté aussi familièrement, sa couleur de peau n'y était donc pas pour rien. Rhéane s'était éteint soudainement, ses yeux purent parler à la place de ses lèvres. elle ne savait que répondre réellement à cette question. Pourquoi à la base une couleur de peau était si problématique par ici ? Alors en plus, la sienne était dotée de tâches...

- Je ne suis pas née comme ça. Toutefois, certaines personnes ont ça jeunes, même enfant... C'est une maladie que j'ai personnellement déclarée lorsque j'avais seize ans. Ca a commencé par des petites tâches qui ne m'inquiétaient pas et finalement, après divers examens car cela se propageait, voici les résultats ces temps-ci et ça continuera jusqu'à la fin de mes jours.
Elle baissa les yeux, montrant la réelle souffrance de vivre avec une maladie.
- Mais je vous assure que ça détruit une vie, ce genre de chose...
Reprit-elle en levant la voix assurément... Et avait relevé la tête et en encrant ses pupilles marron dans celles de l'homme un peu trop curieux...
Elle espérant qu'il ait compris ce qu'est de vivre ainsi et d'avoir à compatir de la bêtise humaine, depuis toutes ces années.

Rhéane avait lancé que devenir mannequin n’avait pas été aussi facile que ça en avait l’air. Elle mettait en avant que c’était le rêve de toutes les petites filles. Ça, je n’en doutais pas ! Mais je voyais bien mal comment une petite fille bicolore avait pu se dire un jour que d’y arriver, malgré sa couleur, soit possible. Du coup, elle pensait bien qu’une étoile lui était tombé sur la tête, peu importe ce que ça voulait dire. J’imaginais qu’elle insinuait qu’elle avait eu un tas de de chance. Moi, je pense surtout que c’est une pierre qui est tombé sur la tête de ceux qui s’étaient dit que d’engager Rhéane était une bonne idée.

-Si, je le crois. Une belle grosse étoile !

Et une belle grosse pierre. Elle a dû en prier, des dieux, pour arrivé à ce résultat en tout cas.

Je vis bien que la fille me jaugeait. Du moins, elle jaugeait mon physique vu son regard qui alla de ma tête à mes pieds. Moui, je sais, chérie, je suis bien foutu, comme tu peux aisément le remarquer.

Bref ! Elle confirma l’exploit de sa réussite et je pouvais remarqué que la jeune femme avait un tic nerveux qui trahissait qu’elle n’était pas totalement à l’aise malgré son sourire. C’était d’ailleurs rare de voir des mannequins sourire. Mais j’imagine qu’en dehors de son job, elle avait tout de même des zygomatiques fonctionnel comme elle le prouvait depuis le début de la conversation.

Elle déclara qu’elle avait l’impression de m’avoir surpris. Ah oui ? J’ai l’air surpris ? Bien sûr que je suis surpris ! Tu es bicolore, ma belle et ta couleur d’origine n’est pas celle que j’aurais choisi pour un mannequin. Quant à si ça me gêne… Disons que c’est hors de ma conception des choses, c’est vrai. Elle ajouta qu’elle avait bien du mal à discerner ceux qui étaient peu satisfait de sa présence des autres.

-Si les regards sont insistants c’est parce que vous êtes différentes, tout simplement. Votre couleur de peau ne laisse pas indifférent. Ça intrigue.

Ce n’est pas tous les jours qu’un Dalmatien prend forme humaine, hein ! Faut comprendre les gens.

-Mais oui ! Je suis effectivement surpris de voir qu’une fille qui n’est pas blanche ait réussi à faire son trou dans le domaine du mannequinat. Quant à si ça me gêne…

J’haussai des épaule comme toute réponse et comme toute fin de phrase. Ce n’est pas moi qui ait cette couleur, donc, théoriquement, ça ne me dérange pas.

Restait que cette couleur me rendait curieux et c’est sans aucune vergogne que je demandais des informations sur le sujet. Était-elle née comme ça ? L’était-elle devenue du jour au lendemain ? Je devais savoir parce que le savoir c’est le pouvoir. Ainsi, je fus très attentif quand Riri expliqua ne pas être né comme ça. Je grimaçai… J’avais serré sa main un peu plus tôt… J’espérais que ça n’était pas contagieux, son truc, là ! Raaah, Victor, tu aurais dû être plus prudent !

Bref, son corps a progressivement commencé à être parsemé de tâche blanche. Des tâches qui se sont propagée et qui continuent, visiblement, à se propager. Dooooooonc, ce qu’elle est en train de me dire c’est qu’elle devient progressivement blanche ??? Et elle semblait réellement en souffrir alors que ça devait être une genre de cadeau du ciel, non ? Bon… Là, pour le moment, elle est bicolore mais si ça continue, on ne verra bientôt plus le noir, non ? Elle devrait plutôt se réjouir, non ?

Je pris un air surpris quand elle déclara que ça détruisait une vie.

-Mais mais… Attendez une minute… Vous êtes en train de me dire que vous serez, un jour, entièrement blanche ? Et ça ne vous réjouit pas ?

C’est surprenant.

-Et c’est contagieux cette maladie ? Parce que je viens de vous serrer la main, hein ! En dehors de la couleur de peau vous avez d’autres problème physique lié à la maladie ?

Que je sache, hein, si je vais mourir prématurément à cause d’une simple poignée de main !

Elle n'avait pas l'habitude d'être confronté à ce type de situation, ou disons plutôt qu'elle évitait la réalité. Elle savait qu'elle pouvait être problématique, dans cette société où la différence était quelque chose d'assez persécutant. Actuellement, Rhéane ignorait totalement pourquoi avait-elle accepté d'engager la conversation avec cet homme. Elle pensait bien faire pour une fois, sauf que son instinct s'était trompé. D'après ce qu'elle entendait. Elle était un peu prise de court, fallait l'avouer.

- Si, je le crois. Une belle grosse étoile !

On aurait pu croire que Victor l'encourageait, mais la jeune femme n'était pas bête et elle savait pertinemment que cela était de l'ironie. Rhéane était un peu déstabilisée. Soudainement, elle changea de perspective vis-à-vis de lui. Elle cherchait une échappatoire afin de mettre un terme à la conversation. Elle savait déjà qu'elle avait de la chance d'être ici, alors, elle voulait faire des efforts et montrer qu'une couleur de peau ou une différence quelconque n'était pas un frein dans la mode et cela faisait plutôt son charme. Rhéane fronça les sourcils. Elle ne savait pas à qui elle avait à faire. Avait-il l'intention de lui faire du mal ?

- Si les regards sont insistants c’est parce que vous êtes différentes, tout simplement. Votre couleur de peau ne laisse pas indifférent. Ça intrigue.

En soi, il n'avait pas tout à fait tort. Elle ressemblait à une vache pour être transparente. Et ce n'étaient pas les moqueries qui avaient manqué lorsqu'elle était adolescente. le mot vache revenait tellement souvent qu'elle prenait cela comme un compliment, à force. Mais bon, le masque dont elle était constamment dotée, avait tendance à se replier sur lui-même et la jeune femme pouvait perdre le contrôler de ses sentiments à certains moments, et s'enfermer dans les toilettes étaient la seule solution qu'elle trouvait. Comme là, où elle ne savait pas trop comment réagir.

- Si ce n'était que ma couleur de peau qui poserait problème, ça m'arrangerait. Néanmoins, ce que je peux constater de la part de mes "admirateurs" et tant d'autres qui se proclament de mon côté. C'est le manque fulgurant de tolérance. Aurait-il eux aussi un souci avec moi? Je le pense, oui. Comme vous, qui n'êtes pas là pour être méchant. Mais cela s'appelle de la curiosité mal placée et j'avoue que j'ai du mal avec ça. Il faut savoir accepter la réussite malgré une différence que vous ne comprenez pas. Je ne suis pas là pour me faire des amis, je suis là pour travailler et tenter de me frayer un chemin.

Rhéane s'était lâché à ce moment précis. Ce n'était pas contre Victor bien au contraire ; Mais son regard s'était complètement fermé, elle avait déjà reçu pas mal de remarque de la part de fans qui n'étaient pas forcément là pour elle. Ainsi, dans la presse people, les critiques ne font pas non plus de zèle. Rhéane se gratta les mains, en signe de détresse et de stress. Ses pupilles glacés n'osaient même plus aller en direction de Victor. Quant à l'ambiance, elle, était toujours aussi bruyante.

-Mais mais… Attendez une minute… Vous êtes en train de me dire que vous serez, un jour, entièrement blanche ? Et ça ne vous réjouit pas ?

Cette question aussi déterminante que les autres, Rhéane n'avait pas vraiment réponse à cette question. Si un jour elle venait perdre définitivement sa peau bronzée, ce seraient ses origines dont elle était très fière qui disparaîtraient et ça, c'était quelque chose de totalement inimaginable pour elle.

- Il se peut que je devienne presque entièrement blanche. Mais il y aura toujours ces petites taches de ma couleur naturelle... Enfin, on va dire que je ne sais pas réellement où ça va aller. Dites-vous que j'ai ça depuis que j'ai l'âge de seize ans. Mais j'aimerai conserver mes origines et aussi ma singularité.

Elle lui répondit de manière assez sèche et plutôt cash, elle entendait bien qu'il avait besoin de savoir, c'était assez nouveau pour lui et ça pouvait se comprendre.

- Et c’est contagieux cette maladie ? Parce que je viens de vous serrer la main, hein ! En dehors de la couleur de peau vous avez d’autres problème physique lié à la maladie ?

Ce mec venait vraiment de lui demander si c'était contagieux? Rhéane fronça de nouveau les sourcils, montrant un soupçon de colère en elle, serrant alors la mâchoire et ses yeux qui devenaient presque noires.

- Vous savez, si tout le monde avait choppé cette maladie en me serrant la main, combien serait-il alors ? Je pense à un nombre incalculable. Alors cette question me rend un peu mal à l'aise et perplexe. Vous me faites perdre mon temps.

Elle avait été assez gentille de continuer la conversation avec Victor mais il avait dépassé les bornes et Rhéane était une personne assez susceptible en son genre, surtout en ce qui concernait son vitiligo qui n'était déjà pas facile à gérer. Elle devait souvent se retrouver à l'hôpital car sa maladie lui provoquait des problèmes de carences en tout genre. Et ce n'était un sujet dont elle avait envie de parler ni même de divaguer gentiment dessus.

- J'ai été assez gentille avec vous. Mais répondait simplement et sincèrement. Que cherchez-vous à savoir ? Et que me voulez-vous?

Elle reprit un ton se voulant affirmé. Croisant alors les bras et attendant une réponse claire. elle ne voulait pas perdre d'avantage de temps à parler à un mur, le but de ce soir était de se faire connaître un peu plus et pas de se faire écraser un peu plus face aux critiques.
Elle ne le lâcha pas du regard, il était presque avide d'espoir.

J’avais sans doute piqué Rhéane au vif quand j’avais souligné que sa couleur de peau, inévitablement, intriguait. Visiblement, elle ne semblait pas apprécié la curiosité soi-disant mal placée. Hey ! Ma belle ! Une couleur pareille, ça ne s’invente pas. Il ne faut pas s’offusquer si les gens posent des questions, quand même. Quant à sa réussite, d’après elle, il fallait l’accepté même si ça sortait de mon entendement. Essayerait-elle de me faire un sermon sur la tolérance là ? Elle avait pêché le mauvais élève, si c’était ce qu’elle voulait faire.

Je regardai autour de nous.

-Pourtant, le meilleur conseil que j’aurais à vous donner c’est de vous faire un maximum d’ami dans la jet-set. On ne survit pas sans ami dans la jet-set, Miss Riri.

Être seule avant le désavantage d’avoir, en prime, un handicape pigmentaire ça ne permettait pas de survivre longtemps dans l’impitoyable jet-set. Parce que Riri avait déjà sa petite célébrité, qu’elle le veuille ou non.

Quant au reste… Et bien, elle ne pourra strictement rien faire contre la curiosité des gens. C’était normal d’être curieux face à une telle couleur de peau. Autrefois, on mettait des gens dans des criques pour moins que ça !

J’aurais pu m’excuser mais je ne voyais pas bien où était ma faute. De toute façon, les excuses n’étaient pas vraiment le fort des Victor Hunter.

Plus la conversation avançait plus Rhéane fuyait mon regard. Ce fut le cas quand elle expliqua pourquoi, justement, elle avait la particularité étrange d’être bicolore. Et quand j’appris que c’était dû à une malade, je n’avais pu m’empêcher de grimacer avant de voir le bon côté des choses pour elle : elle risquait bien, un jour, de devenir blanche. Quelle aubaine, non ? Elle confirma qu’elle pourrait bien, un jour, devenir blanche bien qu’elle aurait encore quelques tâches noires. C’était assez difficile à imaginer, en fait. Quoi qu’il en soit, elle déclara qu’elle aimerait tout de même conserver ses origines. Voyez-vous ça !

-Pourquoi ? Être blanche entièrement vous ouvrirait bien plus de portes.

Quoi qu’on voyait ses origines bien au-delà de sa couleur de peau alors ça ne fera pas illusion bien longtemps…

Mais bon ! Moi, j’avais serré la main de cette fille ! Et elle venait de me dire que son truc était le résultat d’une maladie. N’ayant aucune envie de devenir noir, j’avais demandé si c’était contagieux. Est-ce que j’exagérais ? Ouais ! Mais on est jamais trop prudent, n’est-ce pas ? Bref, elle me rassura en disant que ce n’était pas contagieux. Mais tout ça semblait avoir attisé sa colère. Elle était toute tendue et disait que je lui faisais perdre son temps.

Ah oui ? Elle ne faisait rien avant que je ne vienne la voir. En quoi je lui faisais perdre son temps ?

-Wow. Quelle susceptibilité ! Je demandais pour être sûr, c’est tout, hein !

Pas commode, la petite Riri. Une Rhéane qui se demandait bien ce que je lui voulais. M’amuser, passer le temps, découvrir de nouvelles créatures étranges comme elle… Rien de plus.

-Il veut probablement te faire sortir de tes gongs, te ridiculiser ou bien te faire penser que tu n’as pas ta place ici parce que tu es Jamaïcaine…

Je fus surpris d’entendre la voix de Jessica Hill juste derrière moi alors qu’elle semblait avoir entendu la question que venait de me poser Riri. Elle venait d’y répondre et s’avança vers nous. Tieeeeens ! Ça faisait longtemps que je n’avais plus entendu le son de la voix de l’atrice qui m’avait, tout à l’heure, ouvertement ignoré.

-Oh ! Jessica ! Mais tu parles ! Miracle !

Tant que j’y suis, faisons les présentation.

-Rhéane, je vous présente Jessica Hill. C’est une actrice. Mais peut-être que vous vous connaissez déjà toutes les deux… Ou pas… Vous vous connaissez ?

Jessica avait tutoyé Riri mais ça ne voulait rien dire. Jessica tutoie tout le monde, après tout.

L'ennui de Rhéane pouvait parfaitement se lire dans les yeux. Mais, elle voulait essayer de comprendre ce que voulait dire Victor, au fond, il n'avait sûrement pas tort mais la façon dont il disait les choses semblaient un peu maladroites. Rhéane s'était faite une place par miracle, ça il fallait l'admettre. Elle compensait cela à travers énormément d'efforts et le rendu n'était pas si déplaisant. Néanmoins, les mots plutôt durs de l'homme qui se trouvait en face d'elle était quelque chose qu'elle ne pouvait passer aux oubliettes. Cela la forçait à réfléchir. Elle se racla la gorge quelque peu nerveuse de la suite qui l'attendait malgré qu'elle tentait toujours de faire bonne figure autour d'elle et ce, avec le sourire aux lèvres.


"
-Pourtant, le meilleur conseil que j’aurais à vous donner c’est de vous faire un maximum d’ami dans la jet-set. On ne survit pas sans ami dans la jet-set, Miss Riri."

Un discours presque formaté dont elle avait énormément entendu parlé. Le métier de mannequin n'était déjà pas facile, il fallait aussi apprendre à mentir et à faire semblant d'apprécier ses collègues. Rhéane n'était pas forcément doué pour ça, l'hypocrisie était ce qu'elle détestait le plus au monde. Peut-être était-elle un peu trop authentique pour ce monde ?  Mais bon, elle se devait quand même de faire bonne figure et de suivre les conseils de ses supérieurs et parfois, elle devait se forcer...

- Ce n'est pas faux. Je ne vais pas vous contredire. Mais admettez que cela reste compliqué. Enfin, si un jour je venais à disparaître de ce monde, je sais que je pourrais rebondir sur autre chose, j'en ai désormais la force. Ce monde m'a fait grandir et j'en suis assez pas peu fière.

Parce qu'avant, elle n'aurait jamais pu imaginer sa vie dans ce domaine et même, sa vie aussi intense, elle était quelqu'un maintenant ! Et si cela devait s'arrêter, elle ferait autre chose mais avec beaucoup d'entrain et sans avoir peur du jugement. La rhéane d'avant n'avait rien avoir avec celle qu'elle était actuellement. Elle était auparavant frêle, faible, couverte de honte à cause de son corps qu'elle trouvait disgracieux. Désormais, elle se trouvait singulière et plus aussi laide qu'avant.


-Pourquoi ? Être blanche entièrement vous ouvrirait bien plus de portes.

Il tenta de la convaincre qu'être blanche serait mieux pour elle. Rhéane resta de marbre et n'en démorda guère face à l'homme qui semblait se persuadait qu'être totalement quelconque était la clé. Néanmoins, Rhéane pensait que le changement était un pas de plus vers le renouveau, les choses trop monotones commençaient à se démoder.
Les deux inconnus n'étaient pas vraiment sur la même longueur d'ondes, l'on pouvait sentir un peu d'animosité entre eux sauf que Rhéane voulait passer un bon moment. Alors, malgré sa froideur elle voulait finir la soirée en beauté. Elle préférait ne pas dire un son de plus. Et ne pas lui donner raison  non plus. Ses origines étaient l'une des choses les plus précieuses sur cette terre et perdre cela petit à petit l'a blessé un peu plus chaque jour.


Elle l'avait entendu dire qu'elle était susceptible sauf que cela lui était rentré par une oreille et ressortie par l'autre. Et soudainement, une voix pas si inconnue que ça vint à elle et cette silhouette qu'elle pouvait entrevoir était vraiment un rayonnement inattendue. Rhéane décroisa les bras, signe de détente.

- Je ne suis pas contre les avis différents et j'estime que la diversité sera l'avancement d'un plus pour plus tard...

Qu'elle répondit assez chaleureusement à la jeune femme qui se trouvait en face d'elle. Elle était vraiment magnifique.


Victor la présenta comme étant Jessica Hill. Rhéane croyait se souvenir d'elle mais cela datait sûrement. Elle avait dû la croiser lors d'un rassemblement ou d'un after car son visage et sa voix ne lui étaient pas si inconnues que ça.

- il me semble vous avoir déjà croisé, sans doute de façon furtive. Je me souviens cependant avoir apprécié ce moment.

Rhéane appréciait en général les moments où elle pouvait s'exprimer librement. Elle aimait également les soirées détente. Mais cela ne pouvait pas arriver souvent et elle le savait que trop bien. En attendant, elle se contentait de supporter la présence de Victor, curieux bonhomme dont elle ne pouvait oublier les paroles. Il n'avait pas l'air méchant mais un peu trop mystérieux à son goût .

Rhéane trouvait mon conseil assez vrai mais trouvait ça compliqué. Se faire des amis dans la jet-set ? Compliqué ? Non. Il suffit de trouver quelqu’un, de voir qui se quelqu’un déteste et de se moquer la personne que ce quelqu’un déteste. Tout simplement. Même pas besoin de jouer les gros hypocrite. Il est plus facile d’être méchant avec les bonnes personnes au bon moment.

Mais Rhéane ne semblait pas trop s’en faire. Si jamais elle perdait son métier de mannequin, elle se sentait capable de rebondir ailleurs. Je ricanai.

-Peut-être… Mais je serais vous, je m’efforcerais de garder le job que j’ai…

Surtout avec sa couleur, hein ! Pas sûr qu’elle aura un autre job avec une peau bicolore. Puis, les mannequin sont souvent vue comme des écervelée, alors, ça va être difficile de convaincre des employeurs. Mais bon ! Ce n’est pas ma carrière, hein ! Si Riri se dit capable de pouvoir se reconvertir au cas où, grand bien lui fasse !

J’avais, ensuite, appris que sa couleur plus que spéciale était le fait d’une maladie… Sincèrement ? Ça me dégoutait un peu, au départ, avant de me fasciné dans le sens où Rhéane risquait bien, grâce à cette maladie, de corrigé un problème : celui de sa couleur de base. Je ne cachai pas ce fait à Rhéane mais ça ne semblait pas réellement lui plaire. Visiblement, elle préférait sa couleur d’origine…

Quelle idée !!

Après quoi, Rhéane me fit bien comprendre qu’elle n’appréciait pas fort ma curiosité. Hey ! Ma belle ! C’est pas moi qui ait une couleur bizarre, hein ! C’est normal que je me questionne sur cette anomalie de la nature. Je mis, donc, en avant sa susceptibilité. C’est dingue comme cet Univers est remplis de gens susceptibles ! J’en rencontre énormément, moi !

Et quand Riri se demanda ce que je lui voulais, Jessica Hill fit son apparition par-derrière moi clamant que je n’étais là que pour essayer de faire sortir la mannequin de ses gongs avant d’insinuer que je n’étais rien d’autre qu’un gros raciste. C’est pas un peu réducteur, ça, Jessica chérie ?  Mais Rhéane ne sembla pas s’en formaliser déclarant qu’elle n’était pas contre les avis différents. Tu vois, Jessica ! J’ai le droit de penser que les femmes de la couleur de Rhéane n’ont pas leur place dans une foutu défilé pro. Même elle, le dit ! Du moins, j’interprétai les choses ainsi, bien que Riri précisa que, elle, elle pensait que sa différence sera un avancement.

-Vous avez raison… Ne laissez pas des gens comme Victor penser que vous ne valez rien juste parce que votre peau n’est pas dans ses critères.

Ma pauvre Jessica ! Tu le sais toi-même que ce n’est pas moi qui fait les règles du jeu. Je ne fais que souligner des faits et celui que les étrangers ont moins de chance de réussir est aussi réel que logique !

Bon ! Soit ! Je fis les présentation. Rhéane confirma avoir déjà furtivement vu l’actrice. J’esquissai un sourire.

-Vous l’avez peut-être vue dans un de ses films. Mais, ouais, Jessica aime aller voir les défilés de mode alors vous l’avez sûrement déjà vu là. Elle aurait voulu être mannequin elle-même mais elle est biiiiiiiiien trop petite pour ça. N’est-ce pas Jessica ?

Il en fallait plus pour démonter Jessica et je le savais. Elle ricana.

-Je n’ai jamais voulu être mannequin, Victor. Tu dis vraiment n’importe quoi. Mais c’est vrai que j’aime les défilés. D’ailleurs, vous avez été magnifique, ce soir, Rhéane.

Jessica n’était pas adepte de la solidarité féminine… Sauf quand ça servait ses intérêt. Et là, j’avais bien vu que son intérêt était de m’ennuyer.

Je coupai court à ses platitudes pour esquissez un petit sourire en coin.

-Plus magnifique que Jessica qui, elle, commence à se faire vieille… Vous devriez lui donnez des conseils niveau maquillage, Rhéane. Elle en a besoin. C’est sans doute pour ça qu’elle est toujours célibataire. Vous êtes célibataire, vous, Riri ?

Vous devriez voir le regard que Jessica Hill m’envoya à ce moment-là. Elle aurait eu des flingues à la place des yeux, je serais mort deux fois !

Bien que Rhéane tentait de se détendre en sirotant un verre d'alcool, Victor lui était toujours en face d'elle, posant des questions qu'elle avait déjà entendu un tas de fois. Aussi, elle savait qu'elle ne pouvait pas plaire à tout le monde. L'industrie de la mode c'était quelque chose d'assez strict en général. Si on lui avait dit qu'un jour elle serait top modèle pour de grandes marques, elle n'y aurait jamais crû... Car même avant de déclarer sa maladie, la jeune femme n'était pas forcément bien vu à cause de sa couleur de peau... Malgré ses divers efforts pour entrer dans le moule, il était quand elle difficile pour elle de se frayer un chemin sans embûche. D'autant plus que son père parti très tôt n'avait pas arrangé les choses. Et encore aujourd'hui, malgré son succès, ce dernier là déteste toujours autant. Et pour quelles raisons ? Ça, elle l'ignorait totalement. Il préférait se préoccupait de son groupe miteux, dans lequel il croyait exceller...

- j'aime ce job mais il ne fera pas parti de ma vie entière... Je vais évoluer et me flétrir au bout d'un moment....

La réalité était telle que Rhéane n'avait pas vraiment d'autres issues si jamais elle devait un jour quitter cet endroit. Malgré l'argent qu'elle mettait de côté chaque mois, avec toutes les dettes et ce qu'elle doit payer, cela ne suffisait pas pour couvrir l'entièreté d'une vie. Rhéane avait pas mal de dommages à rendre.
Même si la mode était un métier de passion, elle était passionnée par autre chose. Les sculptures en bois et gravures, qu'elle tentait de revendre dans des vides greniers.... N'étant pas assez connue pour des expositions et aussi peu confiance dans ces créations... Elle préférait rester discrète.

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Rhéane pouffa quelque peu de rire. Jessica était elle de son côté ? Elle semblait bien connaître ce Victor. Elle avait le don de mettre le monde à l'aise, mais quelles étaient réellement ses intentions ?


- je ne pense qu'il ait tellement réellement tord. La différence intrigue, attise la curiosité, rend mystérieux, elle évoque une sensation de nouveauté et d'originalité... Alors, comment réagir face à ça ? J'imagine que si on inversait les rôles, je serai d'autant dubitative... Je ne peux pas demander à tout le monde d'être tolérant.

Rhéane pouvait aussi se mettre à la place de ceux qui n'arrivaient pas à se faire une idée de la nouveauté. Mais le temps avançait et il fallait évoluer.

La jeune femme sentait comme une tension dans l'air entre ces deux personnes qui se trouvaient juste en face d'elle. Mais elle tenta de cacher son mal-être par rapport à ça, Jessica était vraiment quelqu'un de magnifique, bien qu'il fallait l'avouer, Rhéane faisait plus d'une tête de plus qu'elle.

Son sourire charmeur ne fonctionnait pas sur tout le monde appropri, Victor avait eu le don de faire passer Rhéane par toute la case émotion possible. Si bien qu'elle avait pensé à s'enfuit à plusieurs reprises. Les remarques, c'étaient quelque chose qu'elle avait du mal à supporter.


- hélas, je suis seule aussi. Disons que ça reste compliqué d'aimer et d'avouer ses sentiments. Mais vous devriez le comprendre, lorsqu'on est si singulière, difficile de trouver chaussure à son pied. Et pourtant, un de mes rêves, serait de devenir mère.

A ce moment-là, le regard de Rhéane devint vide d'espoir. Elle ne désirait pas la terre entière, mais seulement un mari qui l'aime et des enfants. Mais ce rêve se révélait plus complexe qu'elle ne le pensait. En attendant, elle préférait se consacrer à sa carrière ainsi qu'à son bien être. Malheureusement, en ce moment sa mère n'était pas forcément en forme concernant sa santé, ce qui multipliait les dettes de la jeune femme. Néanmoins, elle ne voulait pas tout gâcher et continuer de faire bonne figure.. Croiser du monde lui avait du bien, malgré la situation peu confortable dans laquelle elle se trouvait présentement.

Bon ! Au moins, Miss Bicolore était consciente qu’elle ne pourra pas être mannequin toute sa vie pour la simple et bonne raison que, après 35 ans, une mannequin est bonne à jeter à la poubelle. Ce que veulent les créateurs de mode, ce sont des filles aussi fine qu’un fil de fer, aussi grande qu’un homme mais, surtout, qui n’a pas la moindre ride. Ce qui m’étonne depuis tout à l’heure c’est que le fait d’être bicolore n’est pas éliminatoire.

Dans le monde réel, ça le serait ! Mais, visiblement, tous les créateurs de mode ne vivent pas dans le monde réel.

Jessica finit par s’emmêler uniquement dans le but de m’emmerder. Elle et moi étions en froid depuis que j’avais défoncé son portail. Du moins, elle était en froid avec moi, hein ! Loin de moi l’idée d’être aussi gamin que ne l’était cette vieillerie de Jessica Hill !

Bref… Elle ne fit pas de mystère à Rhéane en clamant que je n’étais rien d’autre qu’un petit raciste. C’était bien réducteur ! Le racisme était, pour moi, un mot mis en avant par les minorités pour jouer les mijaurées et s’offusqué de la moindre insulte envers eux. Si un blanc insulte un blanc, c’est une insulte. Si un blanc insulte un noir, c’est du racisme. Si un noir insulte un blanc, c’est certainement parce que le blanc le méritait. Et dans la catégorie « noir », il y a toute les teintes, bien entendu !

Et vous savez quoi ? Rhéane disait que je n’avais pas tort. Qu’il était normal que la différence m’intrigue et que, à ma place, elle aurait eu la même réaction !

Un point pour Victor. Zéro point pour la vieille Hill ! J’esquissai un petit sourire en coin.

-Tu vois, Jessica ! Ma réaction est normale. C’est normal que je me demande comment, avec sa couleur de peau spéciale, Riri a pu se faire une place dans le monde fermé de la mode. Ça ne veut pas dire que je suis un foutu raciste.

Oh que j’aimais cette situation ! Par contre, Hill, elle, avait tiqué et elle rétorqua.

-Moi, je n’aime pas spécialement l’intolérance et je trouve que quand on se vente d’avoir une pelle de diplômes, comme à l’art de le fait Victor, on se doit d’avoir l’intelligence d’être tolérant.

Je suis peut-être raciste mais Jessica Hill est la reine des hypocrite. Elle pouvait être intolérante quand elle le voulait. Suffit de se rappeler quand elle avait descendu Bailey North, ex-prostituée, dans les médias. Ou toutes les fois où elle descend les gens qu’elle n’aime pas aux fêtes juste pour se mettre en avant. Jessica essaye d’avoir le bon rôle aujourd’hui mais elle fait partie des pires garces de la jet-set !

On s’envoya d’autres « gentilles » remarques, Hill et moi. Au point où je finis par lancer des fleurs à Riri rien que pour rabaisser Jessica. Et de fil en aiguille, j’appris que Miss Bicolore n’avait pas de petit ami parce que, voyez-vous, vu sa couleur de peau, c’était difficile de trouver quelqu’un. Je n’en doutais pas ! Tout ça semblait la penser vu qu’elle rêvait d’être mère.

-Après votre carrière de mannequin, je suppose, non ? Parce que dès que vous aurez été enceinte une fois, plus aucun créateur ne voudra de vous parce que vous aurez perdu la ligne.

C’est comme ça que ça fonctionne, non ? Hill roula des yeux mais elle savait que j’avais raison.

-Mais je comprends que ça ne doit pas être facile pour vous de trouver un homme. Hill n’y arrive pas non plus. Il faut dire qu’elle est difficile à vivre.

Jessica me donna un coup de coude et, exaspéré, elle finit par se tourner entièrement vers Rhéane.

-Bon… Je vais vous laisser avec Victor… Bonne chance !

Et elle n’en dit pas plus nous plantant là Rhéane et moi. Je ricanai.

-Toujours aussi charmante. Je serais vous, Riri, je me méfierais des femmes comme Hill… Elles sont du genre à vous dire des gentillesse avant de vous poignarder dans les dos.

Pas comme moi. Moi, je suis méchant en face des gens !

Rhéane ne mêlait pas les propos de Victor au racisme, bien qu'elle aurait pu dès le premier regard. Mais avec le temps, la jeune femme a su faire la part des choses et à ne pas s'emporter trop vite. Elle avait cependant vécu du racisme dans le quartier où elle avait vécu ainsi qu'à l'école. En général, les adolescents n'étaient jamais tendres entre eux, Rhéane positivé et ne prenaient plus ça personnellement, bien qu'à l'époque, il en était autre chose. Rhéane aurait pu s'offusquer encore plus lorsque Victor lui avait demandé si sa maladie était contagieuse et ses propos qu'il rabâchait sans cesse sur sa couleur de peau. Malgré tout, il était normal d'être curieux et de savoir comment Rhéane avait pu entrer dans ce monde, comment dire... ??? si violent. Considéré comme épave à une trentaine d'années et aussitôt remplacée... Il fallait que Rhéane se rende à l'évidence. Elle n'allait pas tarder à sauter. Et qu'est-ce qu'elle allait faire après? Peut-être une carrière d'actrice? Qui sait. Ces quelques cours au théâtre qu'elle avait pratiqué autrefois, pouvait enfin lui servir...

- Jessica, la tolérance n'est pas donnée à tout le monde, si c'était le cas, la vie serait bien plus facile. Mais je conçois les questions ainsi que la curiosité et les propos de Victor auraient pu m'offenser, certes. Cependant, en tant qu'adulte, je me dois d'avoir une réaction mature, de réfléchir... Et puis honnêtement, je ne suis pas pas la préférée du public, alors, si je fais un scandale maintenant... Qu'adviendrait-il de moi?

Rhéane ricana de peu, elle relâcha ses épaules et dirigea son regard en direction de Jessica, tentant de la rassurer que ces quelques propos de n'atteignait pas et qu'elle ne voulait pas nourrir un peu plus ce sentiment qu'elle n'appartenait pas au bon monde. Elle voulait prouver qu'elle avait bel et bien sa place ici. Son regard pouvait en laisser perplexe plus d'un, parce qu'en effet, ses tâches qui déferlaient également sur la peau de ses paupières, on pouvait s'imaginer qu'elle avait joué avec de la peinture et qu'elle avait tenté de dessiner quelque chose, mais, non...

- Etre enceinte c'est quelque chose qui ne se prévoit pas, je n'ai pas vraiment prévu de tomber avant ou après ma carrière de mannequin. Et il faut une deuxième personne pour ça, malheureusement...

Son regard devint quelque peu triste en faisant part de ces douloureux mots. Une deuxième personne qui saura l'accepter, ça ne sera pas demain la veille, pour sûr... Et Victor ne manqua pas de la rassurer, il fit plutôt quelque chose comme "revient à la réalité, jamais personne ne voudra de toi" ou du moins, c'est le ressenti qu'avait Rhéane.

- C'est sûr qu'on ne se laisse pas faire et les hommes n'aiment pas vraiment ça.

Elle reprit en ricanant de peu, montrant assez fièrement sa dentition, quelques cernes vinrent alors dessiner son visage brillant par la poudre pailleté que lui avait mis son maquilleur.

- Oh Jessica, au plaisir de vous revoir !

Le fait que Jessica s'était éclipsée si vite laissa perplexe Rhéane, être seule avec Victor mettait mal à l'aise Rhéane, elle se pinça alors les lèvres et dévia le regard "ténébreux" du jeune homme assurément confiant en lui.

- Victor, les femmes sont un océan de secrets, vous ne le saviez pas? Elles ne peuvent pas se permettre de dévoiler tous leurs atouts de suite, parce que beaucoup oseraient leur faire du mal par la suite, elles ont ainsi de la réserve pour se protéger de la malveillance.

Rhéane lâcha un petit rire timide, elle avait également des ressources, elle ne donnait jamais tout au premier rendez-vous ni concernant l'amitié. Ce qu'elle voulait tout simplement, c'était se préserver de la moindre chose qui pouvait lui créer des problèmes, rester positive, c'était sa devise.

Vous savez ce qui me faisait bien rire ? C’est que Jessica avait voulu me faire passer pour les pires des racistes mais que même Rhéane ne semblait pas d’accord avec elle. Je me délectais de l’échange entre les deux femmes alors que Riri faisait un speech sur la tolérance déclarant qu’elle n’était pas donnée à tout le monde. Devais-je le prendre mal ? Je crois que j’étais trop content que Hill, dans son élan si rare de sororité, se fasse casser dans son élan parce la femme auquel elle était venu en aide, que pour prendre offense de quoi que ce soit.

C’était du grand art.

Riri mit en avant que faire un scandale pour ça ne jouerait pas à son avantage.

-Ça serait bien mal vu, en effet. Tu vois, Jessica, Rhéane est peut-être bicolore mais elle ne fait pas de scandale pour des broutilles.

De quoi figer le visage de Hill qui arborait, maintenant, sa plus belle moue contrariée. Je crois que ça allait la dissuader de venir en aide à d’autres femmes à l’avenir et la conforté dans son rôle de garce.

De fil en aiguille, je compris que l’un des désirs de Miss Bicolore était de fonder une famille. Mais elle n’avait pas encore trouvé d’homme pour ça ce qui ne m’étonnait guère. Sa teinte spéciale ne devait pas l’aider à pécher quelqu’un… Mais je tiquai quand la mannequin aux origines douteuses ne déclara que tomber enceinte ne se prévoyait pas. Comment ça ? Les femmes avaient plein de moyens d’éviter ça, non ? Aaaah mais sans doute que dans le pays du tiers-monde d’où Riri vient, on n’a pas tout ces moyens. Ça explique pourquoi ils ont, en générale, toute une flopée de gosse mal nourri dans les pattes !

-Tomber enceinte se prévoit. On est aux Etats-Unis, ici. Il y a des moyens de contraceptions, vous savez, Riri ?

Hill ne réagit pas… Je crois qu’elle avait laissé tombée son idée de venir en aide à Rhéane. Quoi qu’il en soit, je déclarai, tout haut, que, bien évidemment, il doit être compliqué pour Miss Bicolore de trouver chaussure à son pied… J’ajoutai que c’était le cas pour Jessica aussi et Rhéane réagit en disant, en gros, que les femmes n’aimaient pas les filles qui ne se laissent pas faire.

-C’est pas tellement ça… C’est surtout que les femmes comme Hill peuvent parfois jouer les diva, si vous voyez ce que je veux dire… Vous êtes aussi une diva, Rhéane ?

Cette conversation me faisait bien rire mais ce n’était pas un sentiment partagé par Hill qui quitta la conversation et s’éloigna après avoir salué Riri. Je ricanai un peu à la fuite de Hill. Je crois qu’on aurait été moins épiés par les médias qu’ici, elle m’aurait sans doute bien plus insulté que ça.

Mais Miss Hill avait son image à entretenir. Surtout à son âge plus d’avancé ! La quarantaine, c’est vieux !

Bref, je fis une remarque sur Jessica et à Riri de dire que les femmes étaient des océans de secrets. En gros, elle disait que les femmes ne se dévoilaient pas pour se protéger. J’esquissai un sourire en coin.

-Ah oui ? Vous vous protéger de quelque chose vous ? Comment est la Bicolore Riri dans la vie de tous les jours ? Ah mais vous n’allez sûrement pas me le dire, n’est-ce pas ? Vous voulez garder le secret, je suppose ?

En tout cas, elle ne s’offusquait pas vite… C’était un fait !

Un moment d'égarement et voilà jusqu'où ça arrive. L'aisance qu'avait le jeune homme avec Rhéane en l'appelant "Riri" était plus que déconcertant, à tel point qu'elle se demanda si par le passé, ils ne s'étaient déjà pas rencontrés. Sauf qu'elle n'aurait sûrement pas supporté Victor sur un long terme. Il avait l'air d'avoir un caractère assez fort et une personnalité plutôt atypique, et sa façon de voir les choses était un peu rédhibitoire.

- A quoi bon se rendre intéressante dans le mauvais sens du terme, me direz-vous...
Faire un scandale, ce qu'elle aurait pu faire depuis belle lurette, mais était-ce vraiment légitime dans son cas? On lui aurait certainement reproché de tout prendre aux pieds de la lettre, et d'être trop sensible. Ne pas se laisser mouvoir par ses émotions, c'était la clef pour continuer sa carrière de mannequinat et peut-être plus si jamais l'avenir lui réservait de belles surprises?

- Si je désire ce bébé, à quoi bon prendre une contraception?
Rhéane arqua un sourcil suite à sa réponse, si elle désirait un enfant avec son futur compagnon, quel était le problème? Uniquement sa couleur de peau? Sa carrière?
La brune savait pertinemment que si un changement à son corps était fait, elle pouvait définitivement tirer un trait sur sa carrière, mais avec toutes les épreuves qu'elle avait déjà vécues jusqu'ici, elle se relèverait de cela, et trouverait un moyen de travailler, quoiqu’il en coûte.

Puis Victor vint de plus en plus curieux au sujet de son quotidien de et sa vie personnelle. Elle se gratta le haut de la tête, perplexe à l'idée de lui répondre. Elle avait l'impression que la moindre chose qu'elle faisait, Victor avait toujours à redire...


- Je ne fais pas grand-chose, mais si vous voulez savoir... J'aime sculpter et graver des choses sur du bois. Je tiens ce "talent" de mon affreux géniteur... Mais je suppose que ça ne vous intéresse pas, ce n'est pas ça que vous vouliez savoir?

Elle riait jaune, l'idée de prononcer le mot géniteur la terrifiait. Cet affreux "père" qui ne s'était jamais occupé d'elle, à chaque fois, c'était un coup de poignard dans le cœur lorsqu'elle avait le malheur d'en parler. Et sa seule issue était de vouloir partir, son visage se ferma de nouveau et son regard devint totalement impassible.

- Il va être temps que je rentre à la maison, et je suppose que vous aussi. Il se fait déjà tard, vous n'avez donc pas de travail?

Le monde autour d'eux s'éclipsait peu à peu et Rhéane commençait à avoir quelques cernes se formant en dessous de ses yeux. Ses pommettes, quant à elle, étaient quelque peu rosées à cause de la chaleur et de l'ambiance qui régnaient dans la salle, elle avait les bras croisés et semblait attendre impatiemment quelque chose, mais quoi?

Mais oui ! A quoi bon être mal vue, n’est-ce pas ? Riri ne semblait pas être du genre à vouloir faire des scandales pour rien. Et je sentais bien que la conversation commençait à taper sur les nerfs de Hill. Bien fait pour elle ! Elle n’avait qu’à pas s’incruster dans une conversation qui ne la regardait même pas tout ça pour essayer de me descendre !

Bref… On en apprit plus sur Riri et sur le fait qu’elle aimerait fonder une famille… Bon ! Elle était mannequin ! Si jamais elle tombait enceinte, ça signerait sûrement la fin de sa carrière surtout que Riri n’a plus 20 ans. Mais je tiquai quand elle insinua que le fait de tomber enceinte ne se prévoyait pas. Si ! Bien sûr que ça se prévoit si on utilise un moyen de contraception ! Croyez-moi que Carrie les utilise parfaitement ! Je crus un moment que Riri n’avait aucune idée que ça existait parce qu’elle venait d’un de ces pays du tier-monde aux mœurs et coutumes arrièrées mais ce n’était pas le cas… D’après elle, si elle désire un bébé, à quoi bon prendre des mesures contraceptives. Je devais avouer que, là-dessus, Miss Bicolore me laissa perplexe.

-Certes ! Mais tu coups, vous pouvez prévoir quand vous allez le faire ce bébé… En dehors de ça, tu peux facilement éviter ce genre de soucis.

Parce que bébé était un foutu soucis ! Qui voudrait vivre toute sa vie avec un représentant de la race de Ian Hunter, hein ? Pas moi !

Agacée, Hill finit par prendre congé ce qui, intérieurement, me faisait ricaner. Je me recentrai, donc, sur Miss Bicolore essayant de savoir ce qu’elle aimait faire en dehors de jouer les mannequin. Elle affirma aimer sculpter et graver… Elle tenait sa de son père qu’elle n’aimait, visiblement, pas. Je fis une moue à sa réflexion.

-Oh ! Vous prétendez savoir ce qui m’intéresse ou non ? A vrai dire, je n’aurais pas imaginé que vous puissiez être une artiste…

A vrai dire, je ne l’avais pas imaginé faire quoi que ce soit, pour être honnête.

Ce fut alors à Miss Bicolore de vouloir prendre congé. Elle voulait retourner chez elle. Sans avoir profité de la fête ? Raaah, les gens ne savent pas comment on s’amuse ici ! Mais quand elle demanda si je n’avais pas de travail, je levai un sourcil.

-Je ne travaille pas de nuit… Puis, j’ai bien le droit de faire la fête, non ?

Elle voulait s’en aller et, moi, j’avais certainement assez porté mon attention à Miss Bicolore qui ne devait sa carrière qu’à sa chance.

-On se reverra sûrement…

J’esquissai un petit sourire avant de la quitter pour aller ennuyer quelqu’un d’autre.