Ça faisait quelques jours, maintenant, que Livia et moi étions séparés. On avait pas encore fait les papiers du divorce… Je n’en avais pas la force et, de toute façon, je savais qu’à partir du moment où on les remplira, la presse sera au courant de tout. Ils le seront. C’était inévitable. Mais je n’étais pas encore prêt à l’abattage médiatique qui en suivra et tous les « je te l’avais bien dit ».

Pourtant, il était clair que j’aurais à passer par là. Je le savais. Car il était clair que mon mariage était terminé. Pas uniquement parce que Livia ne m’aimait plus comme avant mais parce que son adultère avait complètement détruit l’amour que j’avais pour elle. Tout ça était fini. C’était un fait totalement sûr. Pas de retour en arrière possible. Le cœur n’y était absolument plus.

Et tout ça me pesait. La façon dont tout ça s’était terminé me pesait. La colère que je ressentais envers Livia me pesait. Et tout ce que j’avais trouvé à faire pour essayer de passer au-dessus de ça était de rester reclus dans ma villa désormais vidée de la présence de mon ex-femme. Je travaillais sans relâche sur ma voiture. Je dormais peu. Je ressassais. Même la femme de ménage ne pouvait plus venir ce qui faisait que cet endroit habituellement propre commençait à se remplir de poussière. Une poussière qui me faisait littéralement vivre dans mon garage seul endroit où la saleté ne m’ennuyait pas.

Sauf que le travail et la réclusion ne suffisaient pas à empêcher ma colère de déborder. C’est ce que je constatai quand, après quatre tentative infructueuse de démarrer mon second prototype, je finis par sortir de la voiture et shooter violement dans la carrosserie de ce dernier formant une énorme bosse. Un cri de rage en suivit et la destruction de quelques autres objets sur mon passage.

Rien n’allait. A l’intérieur de moi, je me sentais tellement bouillir que ma concentration n’y était pas pour avancer efficacement sur ce qui était devenu absolument le centre de ma vie : construire des voitures. Parce qu’en dehors de ça, il n’y avait plus rien d’autre.

Furieux, j’étais sortis de mon garage. J’avançai prudemment dans ma villa remplie de poussière. Une poussière que le commun des mortels n’aurait pas vu mais que moi, je voyais. Je me raclai la gorge jusqu’à remarquer la petite lumière du répondeur. J’avais des messages. De mon père… De Carrie… De Tyler… Entre bien des autres. Tous des appels que j’avais ignoré ayant débranché le téléphone de mon garage.

Je ne voulais pas parler à mon père. Je ne voulais pas non plus parler à Carrie. Il n’y avait qu’une seule personne qui n’allait pas me dire « je te l’avais bien dit ».

Brent.

Il fallait que je sortes et, dans mon esprit, chez Brent était le seul endroit où je pouvais aller. J’avais déjà tenter Tyler et j’avais été fortement déçu par sa réaction. Il disait que je devais tout faire pour récupérer Livia. Il ne comprenait pas que je n’en avais aucune envie. Que je ne pourrais plus jamais faire confiance à une femme qui m’avait ainsi trahi !

Brent comprendra sans doute.

Je m’habillai vaguement oubliant de me coiffer avant de prendre ma voiture et filer chez Brent. Je n’étais pas stupide. Je savais que tout le monde finira par être au courant. Je devais à Brent de le lui dire en face… Je le devais à beaucoup de gens…

Une fois devant chez Brent à Downtown, je sonnai à la porte. Je savais que je n’étais pas sous mon meilleur jours avec mes cernes sous les yeux et mon air négligé. Mais peu importait pour le moment.

Quand Brent ouvrit la porte, j’ouvris la bouche pour la première fois depuis quelques jours. Des jours que j’avais passé seul. Ma voix était, donc, rauque.

-Salut, Brent…

J’avais mes mains dans mes poches. Il me fallait une clope. Mes tics ressortirent quand, d’un coup, je crevai l’abcès.

-Entre Livia et moi, c’est fini… Je peux entrer ?

Je me raclai la gorge, un de mes bien trop nombreux tics nerveux.

J’étais en peignoir, dans mon appartement, en train d’écouter une démo que m’avait donnée Liam Taylor. Le garde du corps de Billy Lighter avait apparemment repéré un talent qui ne l’avait pas laissé indifférent. Alors il avait pensé à moi et m’avait filé la cassette.

Et je devais bien avouer que l’artiste sur la bande n’était pas mal. C’était quoi son nom encore ? Johnatan… Un métal et du bois… Sliverwood !

Ouf, je n’avais pas oublié le nom de l’artiste. Parce qu’autrement, vas-y pour le retrouver Liam m’avait dit qu’il séjournait dans un motel de San Fernando Valley… Avec tout ça, je devrais arriver à le joindre.

Ça ne voulait pas pour autant dire que j’allais le faire signer. Il fallait que je voie à quel genre de gars j’avais à faire. Mais musicalement parlant, il y avait du potentiel.

Je me laissai donc emporter par la musique tout en buvant du jus d’orange… Il n’était que 10 heures du matin… Normal que j’étais encore en peignoir ! J’étais un lève tard… Don me le reprochait assez souvent… Mais j’étais manager, je pouvais faire mes horaires comme je le voulais.

Puis l’air de rien, j’étais en train de bosser, là !

Je ne m’attendais pas à avoir de la visite, par contre. Alors je sursautai en entendant la sonnette de mon appartement retentir.

-Bordel…

Tu n’as pas l’esprit tranquille, Brent, ou quoi ? Il n’y avait pas de raison, pourtant.

Je me dirigeai donc vers la porte et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir mon filleul à ma porte ! D’habitude, si je voulais le voir, c’était plutôt à moi de me déplacer chez lui.

Quand il ouvrit la bouche pour me saluer et que sa voix sortit aussi rauque que s’il avait subi une trachéotomie, je compris qu’il y avait un problème. Je levai un sourcil interrogateur.

-Salut, Julian.

Il n’y alla pas par quatre chemin et m’expliqua son problème : Entre lui et sa jeune femme, c’était terminé. Mon visage se décomposa en une expression désolée. J’aimais beaucoup Julian et j’avais appris à apprécier également beaucoup Olivia… La fin de leur histoire était quelque chose de triste.

-Oh, Julian… Oui, je t’en prie, entre.

Je le laissai entrer et me dirigeai vers ma cuisine.

-J’ai une bouteille de lait pas encore ouverte au frigo, si tu veux.

Je m’installai à ma table et l’invitai à faire de même…

-Vas-y, raconte… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ce n’est pas rien, la fin d’une histoire comme la vôtre.

Brent était venu m’ouvrir en peignoir. Je savais que c’était un lève tard et que ça ne devait pas faire si longtemps qu’il avait quitté son lit. Autrefois, je lui aurais fait remarqué en rigolant mais le fait est que je n’avais pas du tout le cœur à ça alors que mes émotions ne voyageaient qu’entre la colère et la tristesse. Deux émotions qui avaient tellement mariner en moi qu’elles m’empêchaient, désormais, de travailler. Et si je ne pouvais plus me concentrer sur mon travail alors, je n’avais plus rien.

D’où ma présence ici… Je devais absolument trouver un moyen d’aller de l’avant. Je n’en avais pas le choix si je voulais pouvoir démarrer ma marque de voiture maintenant qu’il ne me restait plus que ça.

Brent me salua et je ne passai pas par quatre chemins lui expliquant en une phrase ce qu’il s’était passé. Entre Livia et moi c’était terminé et il n’y aura aucun retour en arrière. De ça, j’en étais sûr. Jamais je ne pourrais, à nouveau, lui faire confiance.

J’entendais dans la voix de Brent qu’il était désolé. J’hochai de la tête quand il me permis d’entrer. Je le fis entrant dans le petit appartement de Brent et le suivis jusqu’à sa petite cuisine. Brent disait avoir du lait d’une bouteille qui n’avait pas encore été ouverte. J’hochai de la tête la tête un peu baissée.

-J’en veux bien… Merci.

Je m’installai sur une chaise à table lorsqu’il me proposa de m’asseoir.  Evidemment, il ne tarda pas à me demander ce qu’il s’était passé. Il disait que tout ça n’était pas rien. Non. Ça n’était pas rien. J’avais fortement aimé Livia. On avait traversé beaucoup de choses ensemble. Notre histoire, au départ, ressemblait à Romeo et Juliette. Mais tout était gâché désormais. On avait fini comme tous ces couples people. Moi qui pensait que nous étions plus fort que ça, je m’étais complètement trompé.

-Je ne sais pas par où commencer…

Je passai ma main dans mes cheveux. Mon air été morose. Mes sourcils étaient froncés par la tristesse et la colère. Mais je finis par me lancer ma voix toujours rauque.

-Ça faisait quelques mois que j’étais moins présent pour Livia. Je suis en train de lancer ma marque de voiture. Je passe beaucoup de temps dans mon garage sur mon prototype. Livia me l’a fait remarqué et, pour lui faire plaisir, j’ai accepté qu’on parte en week-end… C’était vers septembre, je crois… Un peu après sa tournée. Mais j’ai annulé le voyage au dernier moment.

Et je pensais bien que c’était ça qui avait tout changé. J’en étais plus que certain. Bien que ça n’excusait en rien ce que Livia m’avait fait. Rien n’excusait ça.

-Bref… Dernièrement, on était plus distant. Mais… Il y a quelques jours, elle m’a annoncé ne plus ressentir les mêmes sentiments qu’avant. Que son amour pour moi était redevenu notre amitié du début.

Je serrais du poings parce que ce n’était pas ça le pire dans l’histoire. Et sur un ton empreint de colère, je continuai :

-Et qu’elle m’a trompé avec Howard Stone aussi, un peu avant Noël. Tu te rends compte ?! Ma femme s’amène dans mon garage et vient m’annoncer qu’elle m’a trompé avec ce foutu Stone ? Celui de qui je suis jaloux depuis le début ? Comment est-ce que je peux encaisser ça, moi ? Elle m’a dit qu’elle ne voulait pas me mentir mais j’aurais sincèrement préféré ne pas savoir !

Mon poing était toujours serré. Je détestais Howard Stone et jamais Livia n’aura mon pardon là-dessus.

-Voilà. Du coup, c’est terminé ! Et les médias vont en faire leurs choux gras et tout le monde dira que se marier si jeune c’était une idée à la con !

Avaient-ils tort ? Probablement que non. C’était sans doute une foutue idée à la con ! Se marier tout court est une foutue idée à la con ! C’est pas comme si je n’avais pas eu assez d’exemple avec mon père et ma mère. Mon père a deux divorces à son actif… Idem pour ma mère… J’aurais dû me douter que se marier comme si j’étais dans un foutu film romantique était une foutue bonne idée !

Avant de m’asseoir, j’avais servi un grand verre de lait à mon filleul. Il allait mal et comme on pouvait lire sur le visage de Julian comme dans un livre ouvert, ce n’était pas chinois de déterminer que quelque chose n’allait pas. Et que c’était même plutôt grave.

En tout cas, ça le prenait aux tripes, ça, c’était certain.

Et il n’en fit pas de secret, m’ayant annoncé sur le pas de ma porte qu’entre lui et la jeune chanteuse Livia, c’était terminé. Mais ce n’était pas comme s’il s’était agi d’un couple d’adolescent et de la fin d’une amourette. Non. De un, les deux jeunes étaient adultes et de deux, ils étaient marié.

C’était autre chose que de mettre fin à une histoire d’amour. Il y aurait des conséquences juridiques, sans compter que le couple était l’une des cibles préférées des tabloïds et qu’ils ne pourraient pas garder ça pour eux bien longtemps.

Une fois installé, je demandai à Julian de vider son sac.

Parce qu’il avait besoin de parler et qu’un solitaire comme lui n’avait certainement pas facilement quelqu’un pour l’écouter. Et j’étais d’ailleurs bien content qu’il m’ait choisi pour venir dire ce qu’il avait sur le cœur.

Le jeune homme déclara ne pas savoir par où commencer et je l’encourageai d’un sourire.

Alors il se lança.

Je le laissai parler, jusqu’au bout, enregistrant cette histoire de voyage annulé à la dernière minutes. Le fait qu’ils soient devenus distants après ça. Le changement de la nature des sentiments d’Olivia pour Julian. Et…

Je fronçai les sourcils et fis un petit mouvement de tête quand Julian déclara que Livia l’avait trompé avec Howard Stone.

Pas que j’aie un jugement là-dessus, mais j’étais surpris. Je connaissais un peu Livia et…

J’aurais jamais cru qu’elle fasse quelque chose comme ça. Mais peut-être avait-elle ses raisons. Je ne devais pas oublié qu’ici, avec Julian, je n’avais qu’un seul son de cloche.

-Je vois…

Julia aurait préféré ne pas savoir cela, en fait. Je fis la moue…

-Moui mais en même temps… Peut-être qu’Olivia n’aurait pas su vivre, ni t’annoncer votre divorce, sans avouer ce qu’elle avait fait…

Je haussai les épaules.

-Je ne sais pas, je ne suis pas dans la tête d’Olivia.  Peut-être aussi qu’elle a juste eu peur que tu l’apprennes par la presse plutôt que par elle.

Je pris une gorgée de jus d’orange avant d’ajouter.

-Ne crois pas que je la défends… J’essaye de rationnaliser quelque chose d’irrationnel. Je ne suis dans le camp de personne dans cette histoire.

Et justement, en parlant de presse, Julian s’emballa parce que leur divorce n’allait certainement pas passer inaperçu. Je grimaçai…

-C’est clair qu’ils ne vont pas se gêner. Et non, ce n’était pas une idée à la con. Votre mariage était un mariage de passion. Après, parfois, la passion s’estompe avec le temps.  

Pour ne pas dire tout le temps, même dans les couples qui fonctionnaient, je pensais bien.

Je reposai mon verre encore à moitié plein et me penchai vers Julian.

-Tu crois vraiment que le fait que tu aies annulé votre projet de voyage a été déterminant ?

Brent me servit un verre de lait. Il le posa devant moi et je regardais le verre sans y toucher. Pour l’instant, j’avais encore trop de rage en moi que pour avaler quoi que ce soit. Il fallait que je parle. J’étais, en quelque sorte, venu pour ça. Pour tout vider et pouvait, enfin, me reconcentrer sur mon travail. Aller de l’avant, sans Livia. Car c’était clair dans ma tête que nous ne formerons plus jamais un couple.

Je devais parler… Mais je ne savais pas par où commencer. Brent me souris pour m’encourager à parler et je finis par le faire en commençant parce ce que je pensais être le point qui avait fait basculer les choses. Ce fameux voyage annulé à la dernière minute. Puis, j’avais expliqué comment les choses s’étaient passées après jusqu’à terminé par la chose qui m’avait complètement fait perdre l’amour que je ressentais pour mon ex-femme.

J’avais toujours le point serré à la fin de mon récit après avoir affirmé que j’aurais préféré ne pas savoir qu’elle m’avait trompé. Brent, lui, pensait bien que Livia n’aurait pas si vivre ou annoncer notre divorce sans expliquer son écart. Il ajouta que, peut-être, elle ne voulait pas que je l’apprenne par la presse. Je grommelai.

-C’est ce qu’elle a insinué. Mais le fait est qu’elle n’aurait jamais dû me tromper ! Point à la ligne ! Surtout qu’elle m’en voulait d’être jaloux. Que je ne lui faisais pas assez confiance. Mais le fait est que, visiblement, j’avais raison.

Si elle ne m’aimait plus comme avant elle aurait pu me le dire avant d’aller voir ailleurs, non ? Je trouvais que si elle m’avait vraiment aimé, ça aurait été la moindre des choses.

Brent disait ne défendre personne. Qu’il n’était dans le camp de personne. Je fronçais des sourcils avant de tendre la main vers mon verre de lait pour en boire une gorgée. Je savais que Brent avait beaucoup de respect pour Livia mais je pensais qu’il reprendrait pour moi sur le coup. Elle m’a trompé ! Après tout ce qu’on a vécu ensemble, elle m’a trompé !

-Il n’y a rien à rationnalisé. Elle m’a trompé ! Ça ne se fait pas ! Surtout après tout ce qu’on a vécu.

J’avais déjà dû encaisser sa fascination pour Ward Fleming. Ok, elle avait été manipulée par une psychopathe et torturé par un autre mais j’avais souffert énormément à ce moment-là. Bien plus, je trouve, que quand j’ai décidé d’annulé notre voyage à la dernière minute.

Ce qui m’ennuyais aussi c’est tout ce qui allait se passer maintenant. Dès que les papiers de divorces seront fait, L.A.People aura vent de la chose. Tout L.A. le saura. Et je n’étais pas prêt à ça ! Brent confirma ma crainte mais restait convaincu que notre mariage n’était pas une mauvaise idée. Je soupirai quand il déclara que la passion pouvait s’estomper avec le temps mais que ça ne signifiait pas que le mariage, au départ, était une mauvaise idée.

-Je pensais qu’on en était arrivé à un point de notre couple où, justement, on ne vivait plus les choses comme des adolescent mais comme des adultes… Que l’amour qu’on se portait pouvait nous suivre même quand on était pas dans la même pièce.

Mais je me trompais. Livia voulait de l’attention et je ne lui en avais pas donné assez… C’est tout. Alors quand Brent demanda si c’était vraiment l’annulation du voyage qui a été déterminant, j’hochai de la tête positivement convaincu que ça a été un tournant.

-Oui.

Je relevai le regard sur Brent.

-Elle m’a fait comprendre que je travaillais trop et que je passais peu de temps avec elle. C’était vrai. Je ne le nie pas. Je suis a un moment critique dans le lancement de ma marque sans compter que j’ai aussi des études d’ingénieur à poursuivre… Du coup, j’ai sacrifié notre temps de couple pour ça me disant que quand tout sera lancé, je pourrais me rattraper. Je pensais qu’elle pouvait comprendre ! Elle revenait d’une tournée mondiale ! Qu’est-ce que je dois dire, moi, quand elle part en tournée ? Soit je la suis, soit je reste à la maison, donc, loin d’elle. Je ne lui ai jamais reproché ça !

Je marquai une pause avant de reprendre.

-J’ai bien vu que quand j’ai annulé le voyage ça ne lui a pas plus du tout… Je n’avais pas fort envie de partir et j’avais encore du boulot. On serait parti j’aurais quand même pensé tout le temps au boulot et ça ne lui aurait pas plu non plus…

Je soupirai. J’étais de plus en plus convaincu que ça a été le tournant.

-Maintenant, je ne méritais pas qu’elle me trompe.

J’avais écouté toute la première salve d’information qu’avait étalée Julian. Il était clair qu’il était en souffrance en plus d’être en colère. Il se sentait trahi et je pouvais le comprendre. Cependant, loin de moi l’idée de le juger lui ou Olivia. Alors j’essayai, dans un espoir un peu vain, de lui faire passer la pilule autrement, en essayant de vaguement justifier le comportement de sa femme… Enfin… Son ex-femme.

Julian aurait préféré ne pas savoir que Livia l’avait trompé. Il aurait préféré rester dans l’ignorance, mais la jeune femme ne lui avait pas laissé ce luxe. Personnellement, je trouvais que la franchise était une qualité… Julian cherchait juste à fuir ses propres émotions qui, je le savais, avaient tendance à être très intenses.

Et cette histoire de tromperie lui restait clairement en travers de la gorge.

Je frottai mon menton.

-Moui… Disons qu’elle aurait pu faire les choses dans un autre ordre. Mais le résultat aurait été sensiblement le même…

Surtout qu’elle savait que Julian était jaloux et que ça lui ferait beaucoup de mal. Maintenant, est-ce qu’elle l’avait trompé intentionnellement ou est-ce qu’elle avait eu un moment d’égarement… ? Peu importait, comme je le disais si bien à mon filleul, le résultat était le même.

Julian mit en avant tout ce qu’ils avaient vécu et traversé ensemble. Je connaissais l’histoire du jeune couple et je savais qu’ils en avaient vu des vertes et des pas mûres. Alors oui, je comprenais que Julian s’offusque que la simple annulation de leur projet de voyage ai été le déclencheur de… du désintérêt ?... De Livia pour lui.

Je soupirai… Je voulais aider Julian, mais ce n’était pas comme si j’avais été moi-même marié, voire divorcé. Je n’avais jamais laissé mes relations amoureuses dégénérer jusque-là…

Je lui fis un geste d’apaisement, mon bras étendu sur la table.

-Oui. Elle t’a trompé et ça te fait beaucoup de mal. C’est normal.

J’acceptai ses sentiments et je l’invitais à s’en décharger ici, à les accueillir et à les traiter en face de quelqu’un qui l’aimait et ne voulait que son bien. Pour ça, il était au bon endroit.

Je lui expliquai qu’effectivement, la passion qui les avait amenés à se passer la bague au doigt s’était estompée. C’était comme ça que les choses fonctionnaient pour beaucoup de couples. Et c’était également pour ça que je n’étais pas marié.

Julian, lui, voyait les choses autrement. Il aimait la routine. Il aimait ce qui était contrôlé et pour lui, le relation en était arrivée à quelque chose d’ultra sécurisant… Pour ça, il me faisait vraiment penser à son ex-beau-père, Hank North.

Je souris.

-Pour ça, on est vraiment différents, toi et moi. C’est pour ça que je ne m’engage jamais à long terme. Parce qu’une fois que la passion devient routine, ça ne m’intéresse plus.

Je le regardai dans les yeux.

-Mais je sais que pour toi, c’est rassurant de savoir à quoi t’attendre.

Je voulais qu’il développe un peu le « moment du tournant » qu’il avait identifié comme étant le jour où il avait annulé leurs projets de vacances. Il acceptait ses torts qui étaient quand même pas tout à fait sa faute parce que je savais où il en était dans l’élaboration de sa marque de voiture…

Et effectivement, oui, ce genre de chose pompait du temps… Comme une tournée.

Je le pointai de l’index.

-Là, tu marques un point. Tu lui as déjà fait remarquer, ça ? Que quand elle part en tournée, toi aussi, tu l’attends ?

Je pinçai les lèvres. Parce que quelle que soit sa réponse, c’était trop tard. Ça n’allait pas suffire à récupérer leur couple. Mais je savais que la communication n’était pas le point fort de Julian.

Julian, lui, pensait que de toute façon, s’il était parti quand même, avec sa marque de voiture en tête, ça n’aurait pas plus non plus à sa jeune épouse.

Je passai une main dans mes cheveux blancs ébouriffés… Encore une fois, ce qu’il venait d’énoncer était la raison pour laquelle je comptais bien rester célibataire jusqu’à ma mort et continuer à m’amuser à gauche et à droite.

-Si elle n’a pas compris que ce que tu faisais était important pour toi autant que ses tournées le sont pour elle… Alors effectivement, autant que vos chemins se séparent. Ça ne doit pas être joyeux de vivre avec quelqu’un avec qui on est pas en phase.

Je repris une gorgée de jus d’orange puis fis tourner mon verre entre mes doigts, réfléchissant alors que Julian pestait pour la énième fois sur la trahison de la chanteuse.

-Bon. Le résultat est là. Vous êtes séparés, c’est dur, mais il faut avancer. Qu’est-ce que tu comptes faire, maintenant ?

J’avais du mal à avaler la trahison de Livia. Elle revenait tout de temps dans mon explication à Brent de ce qu’il s’était passé. Lui confirma que Livia aurait dû faire les choses dans l’ordre mais que le résultat aurait été le même. Je fronçais des sourcils.

-Peut-être… Ou peut-être pas… On n’en sait rien ! Si elle m’avait parlé avant de faire ça peut-être qu’on aurait pu rattraper les choses.

En tout cas, si elle l’avait fait autrement, mon amour pour elle n’aurait pas été détruit. Là, il l’était et, désormais, il n’y avait plus aucun retour en arrière possible. Et je ne comprenais pas pourquoi Livia avait fait les choses ainsi après tout ce qu’on avait traversé ensemble. Elle disait qu’elle ressentait encore de l’amitié pour moi… Mais les amis ne trahissent pas.

Brent tenta une geste réconfortant confirmant que le fait qu’elle m’a trompé faisait mal. J’aurais eu beaucoup moins mal si elle m’avait simplement dit ne plus m’aider comme avant. J’hochai de la tête pour confirmer.

Brent ne faisait pas partie de ceux qui pensait que mon mariage avec Livia s’était fait trop vite. On s’aimait… On avait eu toutes les bonnes raisons de se marier. Mais il déclara que, parfois, la passion finissait par s’estomper. Pour moi, ce n’était pas tant la passion qui s’estompait que la relation qui se stabilisait. Comme une relation d’adulte. Brent disait que, pour sa part, quand la passion s’en allait la relation, pour lui, n’avait plus de cense ce qui expliquait son éternel célibat. Moi, c’était l’inverse. La passion c’était bien mais vivre simplement avec ma femme et passer les étapes de notre vie ensemble me suffisait. Pas besoin d’être toujours collés l’un à l’autre… Je soupirai.

-Oui. Notre relation me convenait comme ça.

Mais ça ne convenait plus à Livia. J’aurais pu le comprendre si elle ne m’avait pas lâchement trompé avec Howard Stone !

J’étais revenu sur ce que je pensais être le moment qui avait tout fait basculé. Le voyage annulé. Je trouvais que c’était bien faible après tout ce qu’on avait traversé. Pourtant ça avait provoqué une éloignement de Livia et de moi. Ce que je trouvais injuste c’était que Livia m’en voulait de passer énormément de temps dans mon garage alors qu’elle-même avait ses tournées. Brent demanda si je lui avais parlé de ça. J’hochai de la tête.

-Oui, je lui ais dit. Mais pour elle le fait qu’elle me regarde de temps en temps travailler est une façon pour elle de montrer qu’elle met aussi de l’eau dans son vin comme quand je me déplace pour ses tournées. Sauf que ce n’est pas ça que je demandais ! Je demandais juste qu’elle ne m’en veuille pas de passer du temps dans mon garage tout comme je ne lui en veux pas de partir des mois en tournée.

Est-ce que je m’étais bien exprimé en lui expliquant ça ? Je n’en sais rien ! Quand le sujet venait sur le tapis, j’étais souvent énervé !

J’achevai d’une traite mon verre de lait alors que Brent disait que si Livia n’avait pas compris que ce que je faisais était important pour moi alors autant qu’elle et moi en restions là. Je soupirai… Ouais… Sans doute… Mais elle aurait pu me le dire autrement. Tout ça me restait en travers de la gorge.

-Ouais… C’est sûrement mieux comme ça. Même si cette trahison, je ne suis pas prêt de lui pardonner.

Brent disait que, désormais, il fallait avancer. Il se demandait ce que j’allais faire. Je tiquai… Jusqu’ici, j’étais resté coincé sur ma rupture sans penser au reste. Il avait raison. Il fallait que j’avance. Livia avait déjà avancer, elle, avant même de m’avoir annoncé tout ça… Alors moi aussi je dois avancer. C’était le seul moyen de me venger, quelque part. De montrer à Livia que je peux très bien avancer sans elle.

-M’occuper de ma marque, je suppose. Elle est bientôt complètement lancée. Je vais bientôt passer à la production et à la promotion. Avec ça et mes études, je ne risque pas d’avoir du temps à penser à toutes ces conneries d’histoire de rupture.

J’haussai des épaules.

-Je devrais peut-être faire comme toi. Ne plus jamais m’engager et m’amuser… De toute façon, je crois que je suis dégouté des relations à long terme. Je suis vacciné à vie, là.

Vu ce que ça avait donné avec Livia, c’était clair que je n’étais pas prêt de remettre le couvert avec quiconque. On pouvait entendre dans ma voix beaucoup de ressentiment et de déception.  

La colère de Julian ne s’estompait pas alors que notre conversation avançait. Je pouvais le comprendre. Enfin… Sans avoir vécu quelque chose de similaire, mais je pensais qu’être en colère dans son cas était plus que normal. C’était même certainement plus sain que de s’effondrer en pleurs, non ? Au moins, peut-être que sa colère lui permettrait d’avancer. Je l’espérais.

Enfin là pour l’instant c’était un peu sur moi qu’il la déversait, mais c’était pas grave. J’étais là pour ça.

Julian disait que peut-être si Olivia avait fait les choses autrement, ils auraient pu rattraper le coup. Je fis une moue sceptique. Parce que je n’étais pas sûr que Julian aurait pu s’arrêter de travailler comme il travaillait et que, Olivia étant un être émotionnel qui agissait à l’instinct (contrairement à son géniteur), ce qui était cassé pour elle n’était peut-être pas réparable.

Enfin, je spéculais là…

Je soupirai.

-De toute façon, les choses ne se sont pas faites comme ça alors c’est inutile de parler de ce qui aurait pu être.

J’essayai d’expliquer à Julian que les relations de couple, pour certains, comme moi, n’avaient plus vraiment d’intérêt quand il n’y avait plus la passion du début. Et si ça avait pris quand même quelques années, peut-être que c’était maintenant de même pour Olivia. Mais pour Julian, leur relation « stabilisée » lui convenait bien.

Je lui souris.

-Je sais… Je te connais.

Je lui demandai alors s’il avait déjà dit à Livia que lui aussi devait prendre son mal en patience quand elle était en tournée. Mais Julian m’expliqua que pour la jeune femme, faire acte de présence dans son garage, à le regarder de temps en temps travailler, donnait le change.

Je passai une main sur mon visage.

-En effet, c’est un peu maigre…

C’est bien beau de faire semblant de s’intéresser à un truc pour faire plaisir à l’autre… Mais ça ne compense pas des mois d’absence. En fait, l’acharnement de Julian sur ses voitures et les tournés de Livia, c’était pareil.

J’en vins à la conclusion que  pour le coup, il valait peut-être mieux pour eux de se séparer plutôt que de vivre une relation pleine de rancœurs. De toute façon, Julian n’était pas prêt de lui pardonner sa trahison. Alors, il devait classer ça et aller de l’avant. Je lui demandai ce qu’il avait l’intention de faire. Il voulait s’occuper de sa marque et de ses études sans penser à sa rupture.

Je grimaçai.

-Il faudra bien y penser encore un peu… Parce qu’un divorce, ce n’est pas comme une simple rupture. Vous avez un contrat de mariage ? Et la villa, qui va l’avoir ?

Julian, lui, ne voulais plus s’engager à long terme et faire plutôt comme moi. Je retrouvai mon sourire.

-Mais oui. Butine, papillon… Vois cette nouvelle liberté comme un cadeau, que ce soit pour vivre des aventures amoureuses ou pour te consacrer à ce qui compte vraiment pour toi.

Alors que j’avais dit que si Livia avait fait les choses autrement, le résultat aurait sans doute été différent, Brent déclara que, quoi qu’il en soit, ça ne s’était pas passé ainsi et que, donc, ça ne servait à rien d’y penser. Je soupirai… Il avait raison mais je ne pouvais m’empêcher de penser à ce qui aurait pu être.

On parla des relations de couple et Brent essaya de mettre les choses en perspectives en parlant de sa propre expérience. Du fait que, contrairement à moi, il se lassait quand la passion disparaissait. Ce n’était pas mon cas ! J’estimais qu’après un moment un couple prenait une certaine routine mais ça ne signifiait pas qu’on s’aimait moins. Avant qu’elle ne me plaque, j’aimais Livia comme au premier jour de notre relation. Brent comprenait et connaissait ma façon de voir les choses.

J’avais vraiment du mal de digérer les choses… Et même si je pouvais comprendre les reproches de Livia vis-à-vis de mon travail, il y avait quand même une certaine injustice même là-dedans. Elle aussi partait des mois en tournée mais j’avais l’impression que, pour elle, ce n’était pas pareil. Alors que c’est exactement la même chose. Certes, je peux la suivre en tournée, mais c’est tout de même un effort que je dois faire pour le bien de sa carrière. Tout comme elle, elle doit parfois ne pas me voir pendant un long moment parce que je suis dans mon garage. Je trouvais que c’était sensiblement la même chose. On a nos carrières… C’est normal qu’on s’y adonne et que ça mange du temps sur notre couple. A certains moments plus qu’à d’autres ! Mais visiblement, ma marque, d’après elle, prenait plus de place que ces tournées. C’est ce que j’avais ressenti en tout cas. Et je n’avais jamais demandé à ce qu’elle passe du temps dans mon garage quand je travaillais. Même si elle m’avait fait comprendre que si elle voulait passer du temps avec moi, c’était le seul moyen… Après mes explications Brent trouvait, effectivement, ça un peu maigre.

-Je le trouve aussi. Je ne pense pas être le seul coupable de l’échec de notre relation.

Livia ne m’avait pas dit que j’étais le seul coupable non plus même si j’avais eu l’impression qu’elle pensait que seul elle mettait des efforts pour tenir notre relation à flot. Le fait est que je m’accommodais à une routine qu’elle n’aimait pas. Voilà tout ! Brent semblait avoir compris ça vu qu’il disait que si nous n’étions plus compatible, mieux valait que nos chemins se séparent. Il avait raison… Mais la trahison restera encore longtemps en travers de ma gorge, c’était un fait certain !

Brent demanda ce que j’allais faire maintenant. Premièrement, j’avais bien envie d’oublier totalement Livia et me centrer sur ma marque de voiture. Sauf que Brent disait que je devrais sans doute penser un peu à notre rupture parce qu’un divorce, ça n’était pas rien. Je fixai mon parrain alors qu’il me posa quelques questions.

-On a pas de contrat de mariage mais, hormis la villa, on a pas de biens en commun. On avait des comptes séparés. Et c’est moi qui récupère la villa. Livia a déjà acheté sa propre villa… Donc c’est une affaire réglée… Elle est déjà payée, la villa, de toute façon. Je rembourserais simplement ma partie à Livia…

Je me fichais, en fait, de l’argent. J’en avais à revends. Le dilapidé pour être tranquille ne m’ennuyait en rien. Je craignais plutôt la réaction de la presse et des diverses rumeurs qui vont courir sur notre rupture. Mais c’était inévitable. Je devrais faire en sorte d’ignorer tout ça.

Quant au reste, je comptais, peut-être, faire comme Brent. M’amuser sans jamais m’engager. De toute façon, ce n’est pas demain la veille que j’allais, à nouveau, m’engager dans une relation du même type. Brent confirma que c’était une bonne idée. En gros, il me disait de voir cette liberté comme un cadeau. J’hochai de la tête.

-Tu as raison… Je devrais faire ça. Je ferais ça. Au moins, je n’aurais plus personne pour me reprocher les heures que je passe dans mon garage…

Je passai une main sur mon visage avant de fixer mon parrain.

-Merci, Brent… Je vois plus clair maintenant. Je crois que je vais pouvoir retourner travailler sans penser encore à toutes ces conneries.

Restera à acter le divorce mais, maintenant, je me sentais déterminer à tourner cette fichue page.

Moui… D’après ce que me racontait Julian, chacun avait ses torts, dans cette rupture. Il y avait des reproches de part et d’autre… Parce que ce qu’Olivia reprochait à Julian, Julian pouvait le lui renvoyer aussi.

De mon humble avis, il n’y avait plus rien à tirer de cette relation. C’était plus sain pour eux de partir chacun de leur côté. Pourquoi s’acharner sur une relation qui ne va plus ? Pourquoi ? C’était comme laisser une plaie s’infecter parce qu’on a peur d’aller chez le médecin, ça n’avait pas beaucoup de sens et ça ne ferait qu’empirer.

Julian comprenait qu’il ne devait pas porter sur ses seules épaules la responsabilité de la fin de leur relation amoureuse… Et de leur mariage.

Maintenant qu’il avait compris ça, il pouvait aller de l’avant. Mais je le retins un peu pour lui demander ce qu’il est était des modalités de leur divorce. Et je constatai avec soulagement que les deux jeunes avaient fait les choses intelligemment : ils s’étaient peut-être mariés jeunes, mais ils avaient eu l’esprit assez clair pour ne pas regrouper tous leurs biens.

Cependant, je tiquai un peu quand Julian affirma qu’Olivia avait déjà fait l’acquisition d’une autre demeure…

-Han… Faut croire que ça fait déjà un moment qu’elle planifiait de te larguer…

On achète pas une villa, comme ça, sans y réfléchir un minimum… Mais bon, ça avait ça de bon que personne n’aurait à se tracasser pour l’un ou pour l’autre puisqu’ils avaient désormais chacun un endroit où vivre.

Mais passons ! Le passé était le passé ! Julian était désormais libre comme l’air et je lui conseillai d’en profiter un maximum ! Julian acquiesça, voyant le bon côté des choses qui était que, sans engagement aucun, il pourrait non seulement s’amuser, mais aussi travailler comme et quand il lui plairait.

-Tu es beau gosse, en plus… Profites-en…

Je souris.

-Quant à ta marque de voiture, je suis sûr que tu vas réussir.

Il me remercia et pensait déjà partir se remettre au travail. Mais je me levai avant lui et le retins par l’épaule.

-Reste dîner avec moi… Je parie que tu n’as pratiquement rien avalé depuis des jours…