Je roulais vite… Beaucoup trop vite.

Le dernier numéro de L.A.People était ouvert sur le siège passager de ma Camaro… J’avais une boule dans la gorge et mon cœur battait beaucoup trop vite.

Je ne pouvais pas croire ça ! Je ne voulais pas croire ça !

Je crachai entre mes dents, même si j’étais tout seul et que personne ne pouvait m’entendre.

-Sørensen ment ! Sørensen ment tout le temps !

Ça devait être ça ! ça ne pouvait être que ça ! Je ne voulais pas croire qu’Howard avait disparu et qu’il était potentiellement mort. Puis il y avait Livia, bien trop jeune pour être fauchée en pleine gloire !

Je freinai trop brusquement en arrivant devant l’immeuble de Timmy. C’était un bel immeuble jaune, bordé de palmiers luxuriants. Le décor était idyllique et contrastait complètement avec mon état d’esprit actuel. Je me garai puis restai quelques secondes dans ma voiture, regardant les alentours.

Les voitures passaient, les gens se promenaient et les touristes prenaient des photos.

Bref, la vie continuait.

Comment est-ce que cela se pouvait. Comment est-ce que tous les autres pouvaient vaquer à leurs occupations alors que ma vie à moi semblait avoir été mise sur « pause » quand j’avais lu les lignes étalées dans L.A. People.

Je posai mon front contre mon volant et fermai les yeux, essayant de calmer les battements de mon cœur.

Il n’était pas mort… Howard avait disparu.

Il n’était pas mort.

Je m’accrochais à ça… Et aux réponses que j’étais venu chercher ici. Si quelqu’un devait avoir les détails de l’affaire, c’était mon demi-frère, Timmy Evans, le manager de The Burning fire.

Je finis par retrouver des sensations dans mes jambes et sortis de ma voiture, mon exemplaire de L.A.People en main.

Quand je sonnai à la porte de Timmy, je me rendis compte que je tremblais.

Et quand il vint m’ouvrir, je lui mis limite le nez dans le magazine.

-Dis-moi que Sørensen ment ! Dis-moi que c’est une blague !

Ma voix tremblait autant que mes mains.

La nouvelle m’était parvenue hier… Howard Stone ainsi que la jeune chanteuse, Livia, étaient portés disparus après un crash d’avion dans la brousse africaine… Je devais avoué que, sur le coup, j’ai ressenti le choc de la nouvelle. Ce n’était point le grand amour entre moi et Howard. Mais ça n’empêchait que je ne souhaitais un tel destin à personne. Sans compter qu’Howard faisait partie d’un de mes groupes. J’avais travaillé avec lui pendant des années. Ainsi, je n’étais pas du tout insensible à cette horrible nouvelle.

Je ne blâmais point l’organisation de United For Youth pour cela. Ce genre d’accident pouvait arriver n’importe quand, n’importe où, à l’importe qui. Qui plus est, chaque voyage humanitaire contient son lot de danger. Je remettais donc tout ceci à un coup du sort. C’était, simplement, de la malchance.

On m’avait assuré que des recherches allaient être faites afin de retrouver les deux artistes. Les autorités, au téléphone, ne s’étaient pas avancé sur un pronostic de les retrouver vivant ou non. Une hypothèse étant que les corps des deux artistes pouvaient avoir été projeté hors de l’avion lors du cash et que, donc, ça expliquerait qu’ils ne soient pas présent dans l’avion. Ce genre de scénario m’avait fait frissonné d’effroi.

Et, aujourd’hui, je ruminais tout cela dans mon appartement. Lizzie était partie travailler à l’hôpital. Le monde devait continuer à tourner malgré tout. Quant à moi, je ne pouvais point faire grand-chose. C’était aux autorités américaines et angolaises de faire leur travail. Tout ce que je pouvais faire c’était attendre et espérer.

Alors que je buvais une tasse de thé, je m’étais mis à réfléchir longuement. Mon choc était, désormais, passé. Il me fallait être pragmatique. Et mon pragmatisme me fit penser à toutes les éventualités. Donc celle que Stone puisse être retrouvé mort. Dans ce cas, il faudra un nouveau batteur à The Burning Fire. Un batteur qui s’était déjà fait un nom. Et j’avais bien ce genre de batteur dans mes contacts. C’est ainsi que je téléphonai à Ben Masters pour qu’il passe chez moi dans la journée. Il accepta.

Après quoi, je me mis devant la télévision. Il me fallait me changer les idées. J’avais désormais des plans pour chaque situation. Il ne me restait qu’à attendre.

C’est alors que je zappais que j’entendis sonner à la porte. Peut-être était-ce Ben…. Je m’étais levé pour aller ouvrir la porte mais l’homme qui se trouvait derrière était bien plus grand que Masters.

C’était Sonny Robson et il me planta le L.A.People presque sur le nez demandant si Amon mentait. Il tremblait… Il semblait sous le choc. Au point au il en oubliait les règles de politesse de base… J’avais bien compris que mon demi-frère était parfois très brut de décoffrage.

-Je suis navré mais ce que dit Amon est vrai.

J’avais aussi lu le L.A.People plus tôt dans la journée.

-Entre…

Je savais que Sonny était un ami proche d’Howard. Je n’avais point pensé à le prévenir et il avait reçu l’info à travers L.A.People.

Je le fis entrer et l’invitai à s’asseoir dans le fauteuil du salon. J’allai directement à la cuisine chercher une bière dans le frigo et je la lui tendis.

-Tiens…

Je m’installai, ensuite, un siège, moi aussi.

-J’ai reçu la nouvelle hier. Olivia Hughes et Howard sont portés disparus pour l’instant. Des équipes de recherches vont être envoyées pour essayer de les retrouvés. Pour l’instant, je n’en sais pas plus…

Mes lèvres se pincèrent.

-Je ne peux pas te garantir que l’issue sera joyeuse, Sonny… Il se peut que leurs corps ait été projeté hors de l’avion. Mais tant qu’ils ne retrouvent rien, nous pouvons garder espoir.

J’avais sorti mon article sur le crash d’Olivia Hughes et Howard ce matin. Je l’avais écrit hier soir en étant en proie à une grande angoisse. Parce que ce que j’avais écrit était bien au-delà de tout ce que je pouvais inventer ! J’aurais préféré raconter une énorme connerie comme… par exemple… je sais pas… Qu’Olivia avait trompé Julian Hughes, son mari, avec Howard !

Mais pas ça ! Ça, c’était trop horrible à écrire !

On avait pas de nouvelles d’Howard ni d’Olivia. Ils étaient portés disparus, contrairement aux pilotes qui avaient perdu la vie dans l’accident et avaient été retrouvé sur les lieux.

C’était une histoire horrible. Car il ne fallait pas oublier qu’Howard était mon ami. Un de mes meilleurs amis.

Une part de moi ne voulait pas y croire. Pire ! Une part de moi avait eu envie de penser que j’étais bel et bien en train d’inventer ça, comme dans un rêve… Ou plutôt, un cauchemar.

Le lendemain, alors que L.A. People sortait dans toutes les librairies de la ville, je me sentais encore plus mal.

Je m’étais réveillé avec la nausée et, littéralement, mal au cœur. La première chose que j’avais fait, c’était allumer la télé sur CNN pour voir s’il n’y avait pas du nouveau, espérant que mon article serait obsolète avant même d’être entre les mains des gens.

Mais non. Là encore, pas de nouvelle.

J’avais trainé un peu dans mon loft, comme incapable de me décider à faire quoi que ce soit de constructif. J’étais clairement dans l’attente… Une attente qui pourrait s’avérer très longue.

Non, il fallait que je bouge.

Et comme toujours quand j’étais mis à mal, la première personne qui me vint à l’esprit fut Timmy Evans… Lui et son flegme anglais pourrait peut-être aider. Surtout qu’étant le manager de The Burning Fire, il avait peut-être du nouveau… Ou des informations plus détaillées que celles que j’avais.

Je pris donc ma Mustang pour aller jusque chez Timmy. Et j’arrivais juste alors que sa porte se fermait… Je haussai un sourcil. C’était qui ? Peut-être Elizabeth… Je m’approchai de la porte et levai le point pour frapper, mais arrêtai mon geste, écoutant d’abord les voix derrière la porte. Je reconnu celle de Timmy, mais c’était un homme qui était avec lui… Pas sa petite-amie.

Ma curiosité fut piquée… Mais pas assez fort pour supplanter mon inquiétude au sujet d’Howard.

Je frappai à la porte…

-Timmy… C’est Amon !

Il vint m’ouvrir et je devais avoir une sale tête, parce que Timmy me regarda d’un drôle d’air. Je regardai par-dessus son épaule… L’homme qui se tenait dans son salon, une bière à la main, m’étais totalement inconnu.

-Excuse-moi… je te dérange ? Je peux repasser plus tard, si tu veux…

C’est alors qu’au bout du couloir, une voix se fit entendre, appelant Timmy. Je sursautai puis me retournai pour voir que l’intrus n’était autre que Ben Masters. Je pinçai les lèvres et regardai mon ami.

-Je crois que tout le monde vient aux nouvelles. Je suppose que tu es au courant… Pour Howard.

J’en revenais pas de ce que j’avais lu dans L.A.People. Cet enfoiré d’Howard Stone et la chanteuse, Livia, s’étaient crashé en avion au beau milieu de l’Afrique. Je crois qu’il a fallut que je lise deux fois l’article avant que l’information de monde réellement à mon cerveau. L’article ne disait pas si Stone était mort. En fait, je crois que personne ne savait s’il était mort. Il était simplement porté disparu en pleine jungle. Autant dire qu’il est mort, quoi. Bah ouais ! Faut pas être dupe, hein ! Ils vont se faire bouffé par quelque chose ou bien crever de faim et de soif.

Je trouvais ça dommage pour Livia… Elle était jolie et elle avait beaucoup de talent. Mais Stone, ça me faisait ni chaud, ni froid. Il avait ravagé ma bagnole et me snobait comme s’il était le meilleur batteur de l’Univers. Il me prenait de haut depuis la première fois où on s’est rencontré. C’était qu’un petit connard prétentieux qui avait eu son retour de karma.

C’est ce que je pensais. Et je pensais aussi que, du coup, toute cette histoire marquera la fin de The Burning Fire et de Fireworks. C’était peut-être le moment que je monte mon propre groupe. Pas que j’aime pas Vicky mais avec Hugh Crusher comme guitariste, on ira plus nulle part. C’était un fait que Vicky ne semblait pas vouloir voir. C’est pas faute qu’Allen et moi on le lui dise, pourtant. Mais elle a clairement un faible pour Crusher… Je serais Tobby Cooper, je m’inquiéterais.

Il faudra que je tâte le terrain pour un groupe. Peut-être que Zack McBride voudra bien me rejoindre. Je m’entends plutôt bien avec Zack. Bien que lui aussi à une tête plus grosse qu’une montgolfière. Mais je crois que je peux l’encaisser. Me faudra un chanteur aussi… Ça allait être pas simple à trouver ça…

Bref, mon idée germait dans ma tête quand un coup de fils me sorti de mes pensées. C’était Timmy Evans… Je fus surpris d’avoir son appel mais le fait est qu’il voulait me voir. Il ne m’en dit pas plus et que déclarai que j’allais bientôt passer. Après avoir raccroché, j’étais sorti de mon fauteuil. Timmy Evans voulait me voir… Stone avait disparu… Je pouvais faire A+B moi-même. Il voulait peut-être que je remplace Stone. Si c’était le cas, ça serait encore mieux que de faire mon propre groupe moi-même !

C’était peut-être mon jour de chance ! Le malheur des uns fait le bonheur des autres, on dirait !

Je téléphonai à Vicky pour lui dire que j’arrivais plus tard aux studios. Elle n’aura qu’à passer ce temps-là à entrainer Crusher ou à faire ce qu’elle veut avec lui.

Après ça, je me préparai avant de filer chez Timmy Evans. Une fois arrivé dans le couloir de son immeuble je vis, devant la porte de Timmy, Amon Sørensen, le journaliste. Il foutait quoi ici, lui ?

-Timmy ! Ferme pas la porte !

C’est ce que je dis alors que Timmy s’était présenté à la porte devant Amon. J’atteignis la porte alors que j’avais entendu Sørensen disant que tout le monde venait aux nouvelles.

-Personnellement, c’est Timmy qui m’a dit de venir…

Ce n’est pas moi qui venait aux nouvelles, hein ! J’avais assez de L.A.People pour les nouvelles. En gros, j’avais assez d’Amon.

Timmy nous salua et nous fit entrer tous les deux. A l’intérieur, il y avait un type… Je ne le connaissais pas. Je levai un sourcils.

-C’est qui lui ?

Je m’installai dans un fauteuil quand Timmy nous invita à nous asseoir. Je ne savais pas qui était le grand blond, ni ce qu’un journaliste people foutait ici. Je ne savais même pas encore, précisément, ce que me voulait Timmy…

J’étais vraiment pas dans mon assiette et quand Timmy m’avait fait entrer, tout tremblant que j’étais, je soupirai légèrement de soulagement. Au moins, je n’allais pas devoir affronter ça tout seul. J’allais pouvoir en parler avec mon frère. Je m’en voulais un peu de lui avoir mis le nez dans le L.A.People, mais j’étais vraiment stressé.

Il me fit installer dans son salon et alla me chercher une bière qu’il me tendit.

-Merci…

Je frottai mon visage.

-Désolé de débarquer comme ça.

Il s’installa alors dans un fauteuil en face de moi et me donna les informations qu’il avait. Olivia et Howard étaient bien portés disparus et donc, L.A.People ne mentait pas. Ils n’étaient pas morts non plus. Enfin, Timmy tempéra cette petite lueur d’espoir en me disant que leurs corps avaient pu être projetés hors de l’avions.

Je pris une longue gorgée de bière avant d’enfouir mon visage dans une main.

-Bon Dieu… Mais c’est affreux.

Dans le meilleur des cas, mon meilleur ami et la jeune chanteuse étaient seul, perdus au milieu de la jungle.

J’allais dire quelque chose quand on frappa à la porte. Timmy alla ouvrir et je me grandis pour voir qui c’était.

L’homme qui était derrière la porte, je ne l’aurais pas reconnu s’il ne s’était annoncé en disant que c’était « Amon »… Je n’avais jamais vu à quoi ressemblait le journaliste le plus redouté de L.A. Par contre, il ne devait pas y avoir trente-six Amon… Ce n’était pas un nom d’ici. J’en conclus donc que c’était Amon Sørensen qui, me voyant, demanda s’il devait repasser plus tard.

Puis il y eu une autre voix d’homme qui demanda à ne pas fermer la porte. Un homme qui avait été appelé par Timmy. Quand mon frère fit entrer à la fois le journaliste et l’autre homme, je reconnus Ben Masters, le batteur. Je le connaissais parce que je l’avais déjà vu jouer lors d’un concert de Victoria Hunter.

Il était batteur… C’était Timmy qui l’avait fait venir.

Il demanda qui j’étais, je grimaçai…

-Je m’appelle Sonny. Je suis le frère de Timmy.

Puis, m’adressant à ce dernier, un peu fâché.

-Tu te fiches de moi, Timmy ? Tu n’es quand même pas en train déjà de réfléchir à remplacer Howard ?! Je sais très bien qui est Ben Masters, alors ne me ment pas !

Sonny s’était excusé de débarqué de la sorte. Certes, me faire planter devant le nez un numéro de L.A.People n’était point la meilleure façon de débarqué chez moi. Mais il était évident que Sonny était bouleversé par la disparition de son ami d’enfance. Ainsi, je voulais bien ne point lui en tenir rigueur.

-Ce n’est pas grave.

Il avait, désormais, une bière en main. De quoi, je l’espérais, le calmer un peu. Et je me mis à confirmer les dires d’Amon avant de donner quelques détails en plus que j’avais obtenu au téléphone, hier. Certes, ces détails n’étaient point réjouissants mais je me voyais bien mal les cacher à Sonny. Il trouvait cela affreux. J’hochai de la tête. Ça l’était. Et c’était aussi bien dramatique. A croire que The Burning Fire était vraiment maudit.

J’allais tenter de faire voir le bon côté des choses à Sonny (s’il y en avait un…) quand on toqua à ma porte. Je m’excusai à Sonny avant de me lever pour aller ouvrir entendant bien qu’il s’agissait d’Amon. Décidément, tout le monde avait décidé de venir maintenant. J’imaginais qu’Amon aussi venait aux nouvelles. Je savais qu’au-delà de son rôle de journaliste, il était aussi très proche d’Howard. J’ouvris la porte sur le Danois.

-Bonjour, Amon.

Il faisait peine à voir. A mon avis, il avait peu dormi car vu le L.A.People d’aujourd’hui, il avait, lui aussi, obtenu l’information hier. Il demanda s’il me dérangeait j’hochai négativement de la tête.

-Non, tu ne déranges pas… Tu peux entrer.

Comme il venait sûrement pour la même chose que Sonny, autant faire d’une pierre deux coups. Ou trois vu que Masters s’amenait lui aussi m’interpellant du bout du couloir. Il pressa le pas pour venir alors qu’Amon déclara que tout le monde venait aux nouvelles.

-Oui. Je suis au courant depuis hier.

Ça m’aurait fait mal si Amon avait été mis au courant en premier. C’est souvent nous, les managers, et la famille qui sont, en théorie, les premiers au courant de ce genre de drame et non la presse.

Masters, lui, déclara que c’était moi qui l’avait fait venir. J’hochai de la tête avant d’ouvrir plus grands ma porte.

-Bonjour, Ben. Entrez tous les deux.

Je les fis entrer les invitant à s’installer au salon près de Sonny. Ben demanda qui était l’homme dans mon salon. Je levai un sourcil me rappelant à quel point Masters pouvait, parfois, être sans manière. Les artistes étaient parfois ainsi. Je vis le visage de Sonny se mettre à grimacer alors qu’il se présenta comme mon frère. Je m’attendais à ce qu’Amon réagisse alors, je le devançais.

-Mon demi-frère. Du côté de ma mère biologique. Je ne le sais que depuis peu. C’est aussi un ami d’enfance d’Howard.

Ceci étant dit, Sonny commença à s’énerver demandant si je n’étais pas déjà à remplacer Howard. Mon visage neutre se froissa un peu. Il était mon frère depuis peu. Je n’avais point de compte à lui rendre et il n’avait point le droit de me parler ainsi.

-Je me dois de palier à toute éventualité, Sonny. C’est mon travail en temps que manager. Si Howard aurait le malheur d’être retrouvé mort, il me faudra un remplaçant. Masters est tout désigné pour cela. Je ne fais que prospecter.

Je n’avais point besoin d’avoir le jugement d’un homme qui me connait, finalement, si peu !

Je me tournai vers Amon.

-Je n’ai pas beaucoup plus d’informations par rapport à ce que tu as. Tout ce que je sais c’est que les autorités angolaises et américaines vont mettre tout en œuvre pour les retrouver. Tant qu’on ne retrouve pas de corps, l’espoir est de mise…

Hélas, nous ne pouvons point faire grand-chose…

Timmy m’ouvrit et déclara que je ne le dérangeais pas. Pourtant, il avait bel et bien de la visite… Un homme grand, blond aux yeux bleus et… beaucoup plus musclé que moi. On aurait dit un titan !

Timmy avait eu, comme moi, l’information concernant Howard et Livia la veille… Et ce fut à ce moment-là que Ben Masters débarqua lui aussi. Comme quoi, tout le monde convergeait vers la source d’information la plus fiable. Parce que je savais que ce n’était pas moi.

Timmy nous invita à entrer tous les deux et l’homme à l’intérieur se leva. Je lui serrai la main. Il avait une sacrée poigne, à l’image de sa carrure. Mais j’ignorais complètement qui il était, je ne l’avais jamais vu.

Un ami que je ne connaîtrais pas ?

Non, Ben posa la question et l’homme se présenta comme s’appelant Sonny, le frère de Timmy. Je me retournai brusquement vers mon ami anglais. Je savais qu’il avait été adopté, donc, il pouvait potentiellement avoir de la famille n’importe où. Mais Timmy précisa quand même que l’homme n’était que son demi-frère, du côté de sa mère biologique.

Et un ami d’enfance d’Howard.

-Ah… Qu’est-ce qu’on dit dans ces cas-là ? Félicitations ?

C’était vrai qu’à y regarder de plus près, il y avait des similitudes, des ressemblances entre Sonny et Timmy. Ils étaient tous les deux très grands, blond, avec des yeux bleus clairs… Sonny avait cependant un regard plus doux, plus innocent que Timmy.

Ben Masters, lui, affirma n’être là qu’à la demande expresse de Timmy. Il n’était donc pas venu aux nouvelles. Ou pas vraiment. Mais Sonny fut plus prompt que moi à faire 1+1…

Masters était batteur… Et si malheur arrivait à Howard et qu’il ne revenait jamais d’Afrique, The Burning Fire aurait besoin d’un nouveau batteur.

Je regardai Timmy, consterné, alors qu’il annonçait n’avoir pas beaucoup d’informations, mais que l’espoir restait de mise. Je pouvais comprendre Timmy, dans un sens… Mais je trouvais quand même la manœuvre prématurée.

-Howard n’a disparu que depuis hier, Timmy… Tu vas peut-être un peu vite en besogne.

Je me laissai tomber sur l’un des fauteuils…

-L’espoir est de mise, alors, comme tu dis.

Je regardai Masters d’un air torve puis le pointai de l’index.

-Alors toi, n’oublie pas que c’est encore et toujours Howard, le batteur de The Burning Fire. Tu n’as pas encore gagné.

Je savais que Masters était un gros enfoiré. Le genre à limite espérer qu’Howard soit mort juste pour prendre sa place.

Je soupirai. Sonny avait une bière en main et j’en aurais bien besoin d’une moi aussi.

-Il n’y a vraiment rien qu’on puisse faire pour aider à les retrouver ?

J’étais arrivé chez Timmy quasi en même temps qu’Amon Sørensen. J’avais reconnu le grand Danois parce qu’il trainait parfois dans les coulisses des concerts de The Burning Fire et que je l’avais déjà vu alors que je remplaçais Stone.

Une fois devant la porte, Timmy nous fit rentrer tous les deux alors qu’un grand homme blond se trouvait déjà à l’intérieur, une bière à la main. Je m’installai quand Timmy nous en donna l’autorisation avant de m’exclamer en demandant qui était ce type. C’est le grand blond qui expliqua être le frère de Timmy. Je levai un sourcil… J’ignorais que Timmy avait un frère. Faut dire, je connaissais pas vraiment tous les détails de sa vie, hein.

-Ah…

C’est tout ce que je fis me désintéressant du type même si Timmy, lui, se permit de rectifier en disant que le type était son demi-frère et qu’il ne le savait que depuis peu. Ouais… Ok. Demi-frère. Je capte. J’hochai de la tête alors qu’Amon, lui, y alla de quelques félicitations.

Timmy se fit, ensuite, attaqué par son fameux demi-frère. Pourquoi ? A cause de ma présence ici. Il pensait bien que Timmy m’avait fait venir pour que je remplace Howard en cas de décès prématuré. Je me doutais que c’était un peu pour ça qu’il m’avait fait venir, hein ! Pourquoi d’autre ? Le manager anglais confirma qu’il devait palier à toute éventualité. Donc, j’étais le premier sur sa liste de remplaçant, si j’avais bien compris. Je devais avouer que c’était une super aubaine ! J’allais vraiment pas cracher dessus ! C’était cent fois mieux que de jouer pour Vicky dont la carrière allait certainement se crasher comme l’avion de Stone avec Hugh Crusher comme guitariste.

-Tu as pensé à moi en premier ? C’est un honneur !

Ouais ouais ! Je savais utiliser la politesse quand il le fallait ! Je savais que Timmy m’aimait bien parce que j’étais Anglais. Il adore les Anglais.

Le manager déclara alors ne pas avoir beaucoup d’informations sur ce qu’il était advenu d’Howard et Livia. Pas plus qu’Amon en avait, donc, pas plus que ce que j’avais lu dans L.A.People.

Amon, lui, trouvait que Timmy allait un peu vite en besogne. Il était prévoyant ! C’est pas vraiment un défaut, si ? Je ne dis rien et c’est quand même vers moi qu’Amon se tourna pour me dire qu’Howard était toujours le batteur de The Burning Fire et que je n’avais pas encore gagné. Hey ! Il m’agresse, là ! C’est pas moi qui ait demandé à venir ici, hein ! Il a qu’à engueuler Evans !

Je fronçai les sourcils fixant le grand Danois.

-Hey ! M’agresse pas, ok ? C’est pas ma faute si cet avion s’est crashé ! C’est pas moi qui ait demandé à venir ici. Timmy m’a appelé ! Je suis venu. Et je vais pas cracher sur son offre pour le plaisir de cracher dessus, ok ?

J’allais pas passer à côté par… Par quoi d’ailleurs ? Faudra bien un remplaçant si Stone meurt, non ? Timmy me voulait moi alors j’allais dire « oui ». Point à la ligne ! Il n’y a pas de place pour les remords dans le business !

Amon demanda alors s’il n’y avait rien qu’on pouvait faire pour retrouver les deux artistes. Je ricanai à ça.

-Qu’est-ce que tu veux faire ? Aller dans la jungle avec ta lampe de poche pour essayer de les retrouver ?

Il n’y avait rien n’à faire… A part laisser faire les autorités.

Timmy avait fait entrer Amon Sørensen et Ben Masters… C’était un groupe un peu atypique qui se formait dans le salon du manager anglais. Et évidemment, ils se demandaient qui j’étais. Je me présentai comme le frère de Timmy mais ce dernier rectifia en demi-frère, ce qui me fit faire la moue… Quelle différence, au fond ?

Quoi que, finalement, ma raison principale à ma présence ici était plutôt le fait que j’étais l’ami d’enfance d’Howard Stone.

J’avais serré la main à Amon qui me l’avait tendue, ce que Ben Masters n’avait pas fait. Il avait un foutu air suffisant sur le visage qui donnait envie de lui effacer son petit sourire. Parce que merde quoi ! La situation ne prêtait pas à rire !

Ce fut sur la présence de ce dernier qu’Amon et moi, on questionna Timmy…

Enfin… Qu’on l’agressa, plutôt…

Je trouvais ça choquant, et apparemment, le journaliste aussi, que Timmy pense déjà à l’après Howard ! Alors qu’on était même pas sûr qu’il ne reviendrait jamais !

Je me renfrognai avec ma bière dans le fond de mon fauteuil…

-C’est ton travail de manager… Mais en tant qu’humain, ça craint quand même.

Je pouvais comprendre que business is business… Mais là, c’était quand même déconné ! La nouvelle était sortie aujourd’hui !

-C’est pas comme s’il était urgent que The Burning Fire sorte quelque chose… Ils stagnent. Howard lui-même me l’a dit.

Amon, après avoir agressé Timmy, s’en pris à Ben masters qui se défendit comme un petit enfant d’école primaire. Bon, ok, c’était pas sa faute mais venir quand même en sachant très bien ce que lui voulait Timmy, c’était limite, je trouvais.

-Comme dit Amon, rien n’est encore fait. Howard est peut-être toujours là, quelque part.

Je regardai Timmy, interrogateur.

-Y a pas quelque chose, dans votre contrat, qui dit que tu peux pas remplacer Howard avant d’être sûr qu’il soit mort ?

Amon, lui, crevait d’envie d’agir… Mais comment ? Ben Masters pris la chose à l’ironie, mais dans le fond, il avait un peu raison. Ce n’était pas comme si on pouvait se pointer en Afrique et commencer à chercher. Personnellement, je n’étais jamais vraiment sorti des USA.

Je soupirai et frottai mon visage.

-Howard est débrouillard quand les choses le poussent dans ses limites. S’il est vivant, là, quelque part, je suis sûr qu’il s’en sortira…

Je me mordis la lèvre…

-N’empêche qu’Amon a raison… Il n’y a vraiment rien qu’on peut faire ? Donner de l’argent pour qu’ils aient plus de moyens, les sauveteurs ? Ou quelque chose comme ça… ?

Je ne savais point si « félicitations » était le bon mot dans ce cas-ci. C’est pourtant celui que décida de choisir Amon. Comme tout réponse à cela, j’hochai de la tête. J’avais encore bien du mal à assimilé que j’avais un demi-frère et que celui-ci était un Angelenos meilleur ami de Stone… Comme si le destin avait décidé de m’envoyer ici uniquement pour que je découvre cette vérité.

Quoi qu’il en soit, tout ce petit monde n’était point venu ici pour discuter de ma filiation avec Sonny Robson mais bien pour obtenir des nouvelles d’Howard Stone. Cependant, c’est la présence de Ben Masters qui sembla mettre la puce à l’oreille de Sonny qui, directement, critiqua ce qu’il supposait être un remplacement prématuré. J’avais remis les point sur les « i » expliquant que je me devait, en tant que manager, parer à toute éventualité. Tout ceci m’attira les critiques de Sonny qui marmonna que mon attitude craignait en tant qu’humain. Amon, lui, déclara que j’allais un peu vite en besogne… Il n’y avait que Masters pour dire que tout ceci était un honneur pour lui.

-Oui. Tu es bel et bien le premier sur ma liste.

Il était le meilleur batteur que j’ai entendu et le fait qu’il soit avec Victoria Hunter, une artiste sur le déclin, me facilitera son embauche.

Amon s’était laissé allé dans le fauteuil parlant d’espoir alors que mon demi-frère lui, ne trouvait vraiment point urgent de trouver un remplaçant à Howard étant donné que The Burning Fire stagnait de toute façon. Je m’étais tourné vers Sonny. Il avait le jugement bien facile, lui. Nous nous connaissions encore peu alors je le trouvais légèrement sans gêne que de me parler de la sorte. Mon regard bleu de glace le transperça.

-Oui, The Burning Fire stagne. Et Howard n’y est pas pour rien.

A vrai dire, j’aimerais que Stone fasse un choix entre ses deux groupes car il est clair qu’il est incapable de gérer les deux et cela commençait à être préjudiciable pour ma propre carrière !

Je m’adressai autant à Sonny qu’à Amon.

-Je ne trouve pas que d’aller voir quel batteur est potentiellement libre de s’engager avec The Burning Fire soit une action prématurée…

Et je ne m’en excuserais point.

Amon agressa alors Ben Masters. Je fronçai les sourcils. Le batteur n’avait encore prononcé que peu de mots et le voilà qu’il recevait le courroux d’Amon.

-Amon…

Ben s’en défendit à sa manière me faisant soupirer. Si j’avais su qu’il recevrait tant d’hostilité de la part de Sonny et Amon, je lui aurais demandé de revenir plus tard.

-Ben est, en effet, là à ma demande. Il n’est pas nécessaire de l’agresser.

Sonny lui disait qu’Howard était peut-être encore là quelque part. Certes. Je le conçois. Mais quelqu’un devait bien garder la tête froide et ce quelqu’un, cela semblait être moi. Sonny se demanda alors si j’avais le droit de remplacer Howard avant qu’il soit déclaré mort… Les choses étaient plus complexes que ça mais loin de moi l’idée de me lancer dans un explication que Robson ne comprendrait qu’à moitié. Ainsi, j’avais fixé Sonny.

-Je ne remplace pas Howard, Sonny… Je ne fais que prospecter. Ce qui est tout à fait légal.

Si tant était que Sonny comprenait le mot « prospecter ».

Amon se demanda alors si nous pouvons faire quelque chose. Hélas, non. Hormis attendre, nous ne pouvons rien faire. C’est un peu ce que Masters déclara d’une façon cynique.

-Masters n’a pas tort…

Sonny lui disait qu’Howard était débrouillard. J’étais prêt à le croire mais, si tant est qu’ils ont survécu au crash, il n’était point évident de survivre dans une jungle dont on ne connait rien.

-Certes, je ne doute pas des capacités de Stone a se débrouiller. Comme je l’ai dit, tout ce que nous pouvons faire, c’est garder espoir.

Mais Sonny semblait aimer l’inaction autant qu’Amon, ainsi, il se demanda si nous ne pouvions quand même pas faire quelque chose à notre niveau. Envoyer de l’argent par exemple.

-J’ai bien peur que ça soit inutile, Robson. Ce sont des états qui s’occupent des recherches. Ils ont beaucoup de ressources. Les Etats-Unis ont l’argent ainsi que le matériel et les Angolais connaissent leur jungle… Je ne vois pas bien ce que quelque dollars changeront. Je vous assure à tous que les deux pays mettent tout en œuvre pour retrouver Stone et Hughes.

Je soupirai.

-Je sais que c’est difficile d’attendre sans rien faire mais nous n’avons pas vraiment le choix… Je promet de vous tenir au courant des avancées des recherches. Mais depuis hier, je n’ai encore aucune nouvelle fraiche.

Ça nous rendait un peu furax, le dénommé Sonny-frère-de-Timmy et moi, que le manager soit déjà en train de prospecter pour un nouveau batteur pour The Burning Fire. Après tout, on ne savait pas si Howard était mort ! C’était trop tôt ! Timmy aurait dû se soucier, plutôt, de savoir comment aider aux recherches, non ?

Du coup, on agressait tous les deux Timmy et Ben… Mais je pensais bien que c’était à cause de l’anxiété qu’on réagissait au quart de tour comme ça. Si j’avais bien compris, Sonny était l’ami d’enfance d’Howard et moi, j’étais ami avec le batteur également. C’était normal qu’on soit à fleur de peau !

Timmy, lui, même s’il nous fusillait alternativement du regard, gardait son sang-froid, comme toujours. Je ne savais pas comment il faisait. Il m’avait toujours impressionné à ce niveau.

Sonny disait que The Burning Fire stagnait et que c’était un peu la faute de Stone.

Je ricanai.

-Alors tu crois qu’avec un autre batteur, ça va aller mieux ? Tu oublies que Prescott est mourante ? Et sans Howard, tu perdras l’âme de The Burning Fire, parce que je ne sais pas si McAvoy pourra continuer dans ces conditions.

Mais Timmy maintenait que tout ça n’était aucunement prématuré. Je me renfrognai dans mon siège, un peu comme Sonny.

-Moi je trouve ça… Déplacé… Sonny a raison.

D’habitude, on attend au moins que les gens soient enterrés, avant de les remplacer.

J’agressai Masters qui se défendit en disant que c’était pas sa faute si l’avion s’était crashé. Et qu’il était là parce que Timmy l’avais appelé.

-Ben il fallait dire non, Masters. Non, pas encore.

Sonny, lui, se demandais si c’était même légal, mais comme l’expliquait Timmy, il n’y avait rien d’officiel dans sa rencontre avec Masters. Alors il pouvait tout à fait le faire.

-Bref, là n’est pas le problème, finalement. Le problème, c’est qu’Howard et Livia sont quelque part, seuls, perdus ou morts…

Ma voix s’étrangla alors que j’allais ajouter « et qu’on ne peut rien faire ».

Timmy était pour de garder espoir… C’était tout ce qu’on pouvait faire. On allait pas, comme plaisantait Masters, aller en Angola avec une lampe de poche pour aller les chercher nous-mêmes. Mais Sonny proposa d’envoyer de l’argent. Timmy expliqua que ça ne servait à rien.

Je soupirai.

-Timmy a raison, Sonny… Ce n’est pas le même principe que d’aider des ONG ou l’aide humanitaire. Ici, l’affaire regarde les gouvernements locaux et le nôtre.

Timmy soupira aussi, ce qui lui donna brutalement l’air plus humain. Il regrettait de ne pas avoir plus de nouvelles à nous fournir. Je lui souris d’un air triste.

-C’est toujours ça… Désolé d’avoir été dur… Mais je suis complètement… Enfin… Cette nouvelle me bouleverse. Et te voir toujours tellement en possession de tes moyens, c’est…

Je secouai la tête.

-Je sais pas… C’est perturbant…

Autant Sonny qu’Amon n’avait pas vraiment aimé le fait que Timmy m’avait appelé pour cause de « l’après Howard ». Le manager essayait de se défendre mais les deux autres semblaient sceptiques par rapport à ce que disait Evans. Sonny alla même jusqu’à dire que The Burning Fire stagnait déjà avant la disparition du batteur. Ouais ! C’est vrai ça. Mais comme le dit Timmy, apparemment, c’était à cause de Stone. Putain, c’était pas étonnant ça !

Mais Amon y alla quand même de son foutu avis sur le groupe de Timmy. The Burning Fire était déjà une foutue épave, c’est vrai. Mais je savais que ma présence pourrait faire revivre le truc ce qui semblait pas être l’avis du journaliste people. Putain comme si Howard Stone était le foutu centre du monde.

-On disait déjà ça à la mort de Kayden… The Burning Fire s’est quand même reconstruit sans lui, hein !

Il pourra se reconstruire sans Howard Stone. Et sans Prescott aussi. Elle n’est même pas un membre original, elle !

Bref, les deux grands blonds trouvait tout ça déplacé. Bla bla bla. Ils ne pourraient pas se mêler de leurs affaire, non ? Putain, je serais Timmy, je leur dirait d’aller se faire voir.

Sans compter que c’est moi qu’Amon agressa juste après. Putain, il se prend pour qui, lui ? Il a pas à me faire la morale surtout que ce n’est pas ma faute, moi, si l’avion de Stone s’est crashé ! J’ai pas prié pour que ça arrive non plus ! Timmy me défendit mais Amon déclara que j’aurais dû refusé, du coup. Je le fixai en fronçant les sourcils.

-Ouais ! C’est ça ! J’aurais dû refusé et peut-être passé à côté d’une opportunité en or ! Tu te fous de moi. Si j’avais refusé, Timmy aurait été voir un autre batteur. Pourquoi je serais passé à côté de ça ? C’est pas cool que Stone soit porté disparu mais c’est pas pour ça que je dois oublié que j’ai une foutue carrière !

J’allais cracher sur un opportunité par respect pour un type qui a saboté ma bagnole ? Pas question ! Et je me fiche complètement si Amon pense que je suis un connard. Lui c’est tout L.A. qui pense que c’est un connard, alors…

Sonny, lui, se demandait si c’était légal de remplacer Stone avant qu’il ne soit mort mais Timmy déclara qu’il n’était pas en train de remplacer Stone mais bien de prendre des contacts. Pour Amon, là n’était pas tellement le problème. Pour lui, le problème c’était de savoir ce qu’il était advenu de Cortez et Stone.

Quant à savoir ce qu’on pouvait faire pour eux, la réponse était simple : rien. C’est ce que j’essayais de dire d’une façon un peu cynique. Timmy confirma que je n’avais pas tort ce qui me fit ricaner un peu. Sonny, lui, déclara que Stone était débrouillard ce que confirma le manager anglais.

Malgré ce que j’avais dit, Sonny balança quand même des idées stupides qui furent détruites par Amon et Timmy. Envoyer des thunes dans le vide ne servirait à rien. Tout ce qu’ils pouvaient tous faire c’était attendre. Bah, ouais… Il n’y avait pas vraiment de miracle, hein. Fallait juste attendre que les autorités retrouvent les deux artistes. Timmy, de son côté, s’engageait à donner des nouvelles. Quelque part, maintenant, ça m’intéressait aussi.

Amon s’excusa d’avoir été dur mais qu’il était bouleversé. Je n’avais aucune idée qu’il était ami avec Howard. Vu toutes les merdes qu’il dit parfois sur lui dans L.A.People c’est difficile à croire. Quoi qu’il en soit, il trouvait l’attitude de Timmy perturbantes. Je voyais pas trop en quoi, moi. Je fixai Timmy.

-Sache que si jamais le pire est arrivé, je suis à ta disposition.

Il m’avait appelé pour ça alors autant être clair !

La présence de Masters me foutait en boule. Et je ne manquai pas de le dire. Pourtant, ce n’était pas vraiment que je jugeais les décisions de Timmy, bien que ça ressemblait à ça…

Non, c’était juste que… Ben… Faire ça… C’était comme si Howard était mort. Alors qu’on en savait rien. J’avais peur, j’étais stressé et du coup, déverser tout ça sur Masters et Timmy était mon seul moyen de me débattre dans une situation inextricable.

Timmy se défendit en disant que si The Burning Fire stagnait, comme je disais, c’était un peu la faute d’Howard. Et ce fut alors Amon qui prit la parole il était d’accord avec moi et j’étais d’accord avec lui… Je n’aurais jamais cru que le journaliste people serait le genre d’homme  défendre Howard. Il n’y allait pas de main morte, parfois, dans ses articles.

Bref, on trouvait ça déplacé.

Timmy, m’expliqua qu’il n’y avait rien qui l’empêchait, dans un contrat, de prendre des contacts. Je soupirai et vidai le reste de ma bière d’un trait avant de poser la bouteille vide sur la table du salon.

-C’est bien dommage… ça donne l’impression qu’Howard est déjà mort.

C’était juste ça, qui me dérangeait.

-Je sais que pour toi, en tant que manager, c’est important d’avancer sans perdre le Nord… Mais…

Je frottai mon visage à deux mains, mais n’arrivai pas à achever ma phrase.

Amon s’adressa à Ben qui fulminait encore plus que Timmy. Amon lui disait qu’il aurait du avoir la décence de dire « non » mais le batteur déclara en retour qu’il n’aurait pas manqué une occasion pareille.

-T’es un vautour… Quoi…  En gros…

Et là, il se nourrissait de la carcasse encore fraîche, voire même vivante, d’Howard.

On en revint à Howard et Livia, seuls dans la jungle. On ne pouvait rien faire, tout le monde était d’accord là-dessus. Je pâli encore plus, si je le pouvais et quand je me levai de mon siège, ma tête se mis à tourner légèrement mais je me rattrapai au dossier du fauteuil.

Timmy nous tiendrais au courant…

-Merci… Je suis désolé moi aussi de m’être emporté… Je crois que je vais y aller… Si c’est pour agresser les gens, il vaut mieux que je sois seul. Vous y êtes pour rien après tout.

Je me dirigeai vers la sortie.

-Merci pour la bière…

Sonny et Amon me montraient à quel point ils n’aimaient pas le fait que je prévoie déjà le possible « après Howard ». Je trouvais ça déplacé de la part de Sonny qui me connaissait depuis peu… Quant à Amon, il devrait balayer devant chez lui avant de critiquer. Son métier consistait à enfoncer des artistes. Il en avait lui-même poussé à la mort. Alors, je crois qu’il est le dernier à pouvoir émettre des critiques.

Les deux pensaient bien que The Burning Fire stagnait déjà avant la disparition de Stone. C’était le cas mais ce n’était point une raison que je ne tente point de sauver le groupe si jamais Howard venait à être déclaré mort. Il me fallait prendre les devants. En tant qu’homme d’affaire, je n’avais point le choix. Amon ajouta que, sans Howard, The Burning Fire risquait bien de perdre son âme et quelques membres en plus. Comme si tout un groupe reposait uniquement sur une personne. C’était idiot. The Burning Fire était un groupe. Ce n’était point Howard Stone ft. Les musiciens d’Howard Stone.

-Malgré tout, il est de mon devoir d’essayer de tenir le groupe à flot par respect pour les membres qui voudraient continuer l’aventure. The Burning Fire ce n’est pas qu’Howard. Et tu ne sais point ce que McAvoy voudra faire si jamais Howard ne revenait pas.

Amon trouvait ça déplacé mais je n’en avais cure.

Ce fut, ensuite, Masters qui eut les griefs de mon meilleur ami. Amon était à ce point énervé qu’il en oubliait ses propres défauts, il semblerait. Le journaliste dit au batteur que ce dernier aurait dû refusé de venir ici discuter d’une possible future offre. Mais Masters se défendit à ce niveau. Il est clair que si Masters ne serait pas venu, j’aurais été cherché ailleurs. Sonny affirma que Masters était un vautour. Le batteur ne méritait point tant de haine de la part de deux personnes n’étant pas dans sa position.

-Masters a raison. Si jamais il n’était pas venu à ma demande, j’aurais cherché un autre batteur. Il me faut savoir lesquels sont éventuellement disponibles.

J’avais expliqué à Robson que rien ne m’empêchait de prospecter. Sonny trouvait tout cela très dommage. Je savais qu’il était inquiet mais je n’avais point besoin de ses critiques mal placées. Il comprenait qu’en tant que manager, je ne pouvais pas rester prostré sans rien faire. Il fallait préparer toutes les éventualités.

-Effectivement. Je ne le fait pas de gaieté de cœur, sache-le.

Je préférerais qu’Howard revienne sain et sauf d’Afrique. Mais nous ne pouvions rien faire, pour l’instant et Amon était, enfin, d’accord avec ce que je disais. Les deux gouvernements s’occuperont des recherches. Tout ce que nous avons à faire c’est d’attendre. Je déclarai que je tiendrais tout le monde au courant de l’avancée desdites recherches.

Amon en semblait satisfait avant de s’excuser de son comportement. La nouvelle l’avait bouleversé et il semblait troublé que je sois tant en possession de mes moyens. Je fixai le journaliste.

-Il faut bien que quelqu’un garde la tête froide, Amon. C’est plus facile pour moi qui ait une relation uniquement professionnel avec Stone.

Alors que lui il était l’ami d’Howard. Ce n’était point mon cas.

-Cela ne veut pas dire que sa disparition ne me touche pas. Mais il ne faut pas que cela me fasse perdre mes moyens. Perdre ses moyens ne sert à rien.

Masters déclara alors qu’il était à ma disposition au cas où. J’hochai de la tête.

-Bien. Tu seras appelé en priorité au cas où.

Sonny se leva alors et après m’avoir remercié et s’être excusé à son tour, il sembla prêt à partir. Il semblait en prise avec ses émotions. Je pouvais le comprendre même si je n’avais que très peu apprécié ses interventions.

-De rien, Sonny. Je comprends que tu sois bouleversé. Je te téléphone à la moindre nouvelle.

Il sortit alors de mon appartement. Je fixai Amon et Ben. Ce dernier sembla prêt à partir aussi vu qu’il se leva.

-Je vais y aller aussi. Tu as mon numéro, Timmy, au cas où.

J’hochai de la tête avant de le saluer. Il salua aussi brièvement Amon avant de sortir. J’étais, désormais, seul avec mon meilleur ami.

-Je crois que tu as besoin d’une bière. Ça te calmera, je pense…

Timmy défendait son point de vue. Mais le problème, c’était que Sonny et moi, nous étions tellement aux prises avec nos émotions qu’on ne voyait pas la nécessité pour Timmy d’agir comme ça, d’appeler Ben Masters. Déjà. Alors qu’il n’y avait encore rien d’officiel.

Pour le coup, je ressentais la même chose que Sonny : faire ça, c’était comme enterrer prématurément Howard.

Mais ça, mon meilleur ami semblait ne pas le comprendre. Comme si ça lui passait largement au-dessus de la tête.

Pour lui, tout ce qui comptait, c’était maintenir son groupe à flot.

Alors, pour toute réponse à son développement, je soupirai en enfouissant mon visage dans une main. Quand Timmy avait une idée en tête, il ne l’avait pas ailleurs. Et il ne semblait pas se rendre compte que c’était prématuré. Qu’est-ce que ce serait que quelques jours, ou même quelques semaines de plus, pour les membres de The Burning Fire ? Eux aussi devaient être bouleversés et je ne pensais pas que leur mettre Ben Masters sous le nez allait les aider.

Un Masters qui avait sauté sur l’occasion avant de risquer que Timmy n’aille voir ailleurs. Ce que Timmy confirma qu’il aurait fait.

-Vous vivez dans un monde pire que le mien… Et après vous vous étonnez que c’est facile d’écrire des saloperies sur vous.

Parce que même quand j’inventais des histoires, ça semblait parfaitement crédible pour tout le monde, hein !

Sonny, lui, trouvait tout ça dommage. Timmy affirmait ne pas faire tout ça de gaieté de cœur. Non, en effet, il n’avait pas l’air heureux… Mais il avait une telle maîtrise de lui-même qu’il en paraissait froid et sans cœur. J’avais souvent admiré ça chez lui… Mais là qu’Howard était en jeu… Je trouvais ça plutôt effrayant.

Comme s’il avait lu dans mes pensées, il déclara que c’était plus facile pour lui qui avait une relation strictement professionnelle avec Howard.

-Ouais, mais… Quand même… Tu le connais depuis des années…

Pour moi, c’était sidérant. Il disait que perdre ses moyens ne servait à rien.

-Il y a une différence entre garder la tête froide et ne faire preuve d’aucune… Compassion… je sais pas moi…

Sonny semblait en avoir assez entendu… Je pensais bien qu’il était sur le point de pleurer, ce qui était assez troublant venant d’un géant comme lui. Ce ne fut que là que immy fit preuve d’humanité en disant qu’il comprenait le trouble de Sonny.

Ben prit congé aussi, mais lui, tout ce qui l’intéressait, c’était la place d’Howard.

-Salut, Sonny… Salut, Ben…

On se retrouva seul, Timmy et moi… Et mon ami me proposa une bière.

-Si tu as quelque chose de plus fort, je prends.