C’est avec une amer déception que je posais mes valises sur le plancher de l’appartement que je partageais avec Ward. Non pas que je n’étais pas heureuse de rentrer à la maison, j’étais contente de retrouver mon espace et mon petit-ami mais j’aurais préféré que les choses se passent autrement.

L’aventure Grease avait pris fin abruptement après que les producteurs Andy Buckley et Jeff Bell aient été reconnu de fraude. Nous avions donc rapidement comprit que nos cachets promis ne viendraient jamais. Pour les quelques mois où nous avions été sur place, ils nous payaient que le tier de ce qu’ils nous devaient en disant que c’était comme ça qu’ils fonctionnaient, que le reste viendrait à la fin et pas avant.

Ce qui faisait mal c’est d’avoir été, encore une fois, trop naïve.

Ce qui réconfortait, un peu, était de constater que je n’avais pas été la seule dupée.

Pamela, issue d’une famille aisée, avait insisté pour que je la laisse me payer mon billet de retour en avion. J’avais promis de le lui rembourser mais elle avait refusé au moins autant de fois que lui avais jurer que je le ferais. Shane, quant à lui, disait qu’il avait trouvé un contrat de barman et qu’il serait très heureux de servir des cocktails tous plus colorés les uns des autres, le temps de se renflouer pour ensuite me rejoindre à Los Angeles. Ça nous avait bien faire rire, Pamela et moi parce que depuis le début qu’il n’avait pas un sous en poche alors je me disais qu’il n’était pas près de se pointer chez moi ! C’était tant mieux parce que je ne savais pas comment j’allais faire avaler ça à Ward… Probablement de la même façon qu’il avait envoyé la démo!

Ward m’avait cueilli à l’aéroport et j’avais trainé ma déception jusque dans sa voiture. Je n’avais pas beaucoup parlé pendant le trajet, perdue dans mes pensées que j’étais. Je n’avais fait que lever le son de la radio quand on annonça qu’Howard Stone et Olivia Cortez avaient été retrouvés vivants et qu’ils se portaient bien.

- Ça fera au moins une bonne nouvelle.

La nouvelle de leur accident d’avion avait ébranlé pas mal le monde et pas qu’artistique. À notre dernière répétition, nous n’avions que parlé de cela en coulisses. C’était un truc comme on espérait jamais vivre et savoir qu’ils avaient été retrouvés en vie tenait du miracle.

À l’appartement, je me laissais tomber dans le divan, serrant un coussin contre moi. J’étais tellement épuisée que réfléchir me donnait mal à la tête. Pourtant, il y avait un tas de trucs auxquels je devais penser. L’argent, en premier.

Ce que je pouvais détester l’argent !

- Je vais devoir me trouver un boulot sinon, je ne pourrai pas contribuer aux charges de l’appartement.

Je m’attendais à ce que Ward s’objecte parce qu’il l’avait déjà fait par le passé mais je tenais à ce que tout soit équitable entre nous. Sinon, ça ne serait pas juste.

- Parce que je suppose que… Enfin… Si je… Si je vais en studio, on ne me paiera pas avant que je ne termine l’enregistrement. Ça fonctionne comment, tu le sais ?

Ça voulait dire que j’acceptais finalement de foncer dans ce projet imposé par l’initiative de mon petit-ami. J’avais pas mal tergiversé avec moi-même ces dernier temps et même après ma rencontre avec Timmy Evans, je ne savais pas si j’allais réellement le faire. La fin de mon aventure à Broadway et le gouffre financier vers lequel je me dirigerais avaient forcé ma réflexion.

- Ça ne veut pas dire que je ne t’en veux plus d’avoir envoyé la démo en cachette.

Je disais ça sur un ton moqueur. Si je lui en avais voulu au début, ça n’avait pas duré longtemps. J’avais fini par comprendre qu’il avait agit avec ce qu’il pensait être les meilleures intentions.

La fraude. C’est finalement ça qui avait ramené Nell à Los Angeles. Elle s’était faite flouée à l’instar de tous les autres membres du casting de Grease et n’avait, de ce fait, pas été payée entièrement pour ses prestations.

Si je savais que c’était un coup dure pour Nell, moi, au fond, et même si je ne lui avais pas dit, ça m’arrangeait. Déjà parce que je n’aurais plus à faire les allées et retours L.A.-New York mais aussi parce que, ainsi, je pourrais avoir bien plus d’influence sur Nell que je n’en avais à distance. Sans compter que, à Broadway, Nell subissait l’influence de Pamela qui, elle, me détestait.

J’étais, donc, allé la chercher à l’aéroport et il était clair que Nell était déçue de la fin abrupte de son aventure. J’avais tenté de lui remonté le morale parce qu’une Nell déprimée est une Nell qui doute. Et je ne voulais pas d’une Nell qui doute parce que j’avais déjà vu les conséquences d’une Sky qui doute.

Le trajet du retour se fit plus ou moins en silence. Seule la radio nous amena la nouvelle que Stone et Reed avaient été retrouvés… Ça faisait quelque jour que je me délectais du fait que Livia et Howard étaient portés disparus en Afrique et tout L.A. s’arrachait les journaux chaque matin pour savoir si on avait retrouvé les deux artistes vivant ou mort. Sincèrement ? J’avais espéré une fin moins joyeuse, du moins pour le batteur. Je trouve que ça aurait été une belle fin que de se faire bouffer par un lion pour un looser comme Stone. Quant à Livia, je n’avais pas de sympathie pour elle mais sa mort aurait conduit, peut-être, à rendre Reed erratique au moins pendant un moment et comme j’étais en affaire avec lui, ça ne m’aurait pas spécialement arranger. Donc, j’étais mitigé par rapport à la nouvelle.

Tout ce que je savais c’est que, du coup, on allait entendre, certainement, de longues interviews où les deux artistes raconteront leur traumatisme et toute ces conneries du genre. Sans parler des chansons qui pourront suivre. Un tas de mièvreries qui feront pleurer dans les chaumières… Pas de quoi, moi, m’émouvoir.

Nell, elle, disait que ça faisait au moins une bonne nouvelle. J’hochai de la tête.

-Ouais... Je t’avoue que je pensais qu’ils ne les retrouveraient pas vivant.

Mais le fait était là…

On arriva quelques instants plus tard à mon appartement. J’avais porté les bagages de Nell et les avais déposé dans l’entrée alors qu’elle s’était laissée tombée dans le fauteuil. J’avais fait de même me laissant tomber à ses côtés alors que Nell lança qu’elle allait devoir trouver un boulot pour contribuer au charge. J’avais largement assez d’argent pour payer les charges et entretenir Nell… J’étais le foutu patron du Wild… Et Reed m’avait grassement payé pour l’assassinat de Pastore… Mais je savais que si je disais à Nell qu’elle n’avait pas besoin de payer la moindre charge, elle allait insister et, sincèrement, je n’avais pas envie de me lancer dans ce genre de combat sans issue. Elle veut bosser ? Quelle bosse !

J’allais répliquer mais elle évoqua les studios. Est-ce que j’avais bien entendu ? Elle voulait aller en studio ? Je supposais que c’était ceux de MTI… Personne d’autre ne lui avait fait de proposition, que je sache. Je ne pense pas que Nell m’aurait caché ça. Au fond, c’était un bon point. La nouvelle situation de Nell venait de la faire céder aux sirènes de MTI. Comme quand le manque d’argent peut mener les gens à faire des concessions. Ce n’était pas plus mal finalement, que Nell soit si obstinée à payer les frais de l’appartement avec moi. Je levai un sourcil.

-Tu t’es décidée à accepter l’offre d’Evans ? Je ne pense pas qu’ils te payeront tant que tu n’auras pas signer officiellement avec eux. Mais si tu le fais, je pense que tu auras un revenu. Sinon, ils auraient du mal à faire en sorte que leurs artistes se concentrent uniquement sur leur musique s’ils ne les payent pas au moins un minimum.

Ça semblait logique.

Nell déclara alors que ça ne voulait pas dire qu’elle ne m’en voulait pas d’avoir envoyé la démo en cachette. Elle m’avait déjà fait par de sa colère par rapport à ça. Je lui avais ouvert une porte et elle n’avait pas aimé. Je ricanai parce que j’avais bien entendu dans son ton que sa colère avait déjà bien diminué depuis.

Personne ne m’en veut éternellement. Même pas Jimmy Reed.

Je jouais ainsi dans son jeu lançant un :

-Je sais.

Non sans sourire d’un petit sourire en coin.

Je revins alors sur le sujet principal : l’argent et MTI.

-Si tu ne veux pas signer tout de suite officiellement, je pourrais t’aider à éplucher les petites annonces. Ou te trouver un boulot au Wild en attendant. Mais ça reviendrait à ce que ça soit moi qui te paye et, donc, à ce que je paye moi-même les charges que tu veux payer.

Ouais. Ça revenait à ça si elle travaillait pour moi. Ce qui était un peu stupide en soit.

-Alors signer pour MTI ne te fait plus peur ? Tu avais pourtant dit que tu ne voulais plus rien n’à voir avec les Hughes…

J’avais envie de savoir si c’était uniquement l’argent qui avait entièrement fait penché la balance ou autre chose.

Quand nous avions entendu à la radio qu’Howard et Livia avaient été retrouvés vivant, j’avais été grandement soulagée. Depuis le crash de leur avion que les nouvelles à la radio, télé et journaux ne tournaient que pratiquement autour de cela. Le même plan horrible de l’avion calciné et encore fumant passait en boucle à la télé et que dire de la foule de journalistes campée devant chez les parents d’Olivia ou devant la ville d’Howard, dans l’espoir d’avoir un commentaire d’un proche.

Le malheur faisait vendre, visiblement.

Une fois à l’appartement, je me laissais tomber dans le fauteuil, heureuse et épuisée. La fin abrupte de mon contrat me laissait un goût amer dans la bouche mais je devais me répéter que rien n’arrivait pour rien. Je pourrais me reposer un peu parce que je n’avais pas eu beaucoup d’occasion de souffler entre répétitions et représentations. Je me disais qu’une petite semaine de repos pendant laquelle j’irais faire des heures de bénévolats à la mission me ferait le plus grand bien avant de me trouver un petit boulot pour me permettre de payer ma part du loyer. À moins que MTI ne me verse un petit montant qui me permettrait de vivre le temps que je produise mon premier album.

- Je crois que c’est le mieux que je puisse faire. J’ai un peu réfléchis et je me suis dit que ce n’est pas don qui me fait cette faveur parce qu’il n’est pas au courant. S’il l’était, il se serait empressé de me le dire.

Je haussais des épaules tout en jouant avec le cordon de mon hoodie. Pamela m’avait aussi répété encore et encore jusqu’à ce que cela finisse par me sortir par tous les pores de ma peau que je ne devais rien à personne et surtout pas au Hughes et Victor Hunter. Celui-là aussi, i l me ressortait mais je ne dirai pas d’où… ce n’est pas très gentil !

Ward proposa de me faire entrer au Wild, si jamais je cherchais à ce point un job. Ok, je tenais à travailler mais j’avais mes limites !

- Moi, travailler au Wild ? Quand tu me propose ça, c’est comme danseuse ou serveuse ?

Je ne me voyais vraiment pas danser autour d’un poteau dans ma chambre à couché alors imaginez un peu dans un bar comme le Wild ! Puis comme le disais Ward, ça revenait un peu à ce qu’il me paie de sa poche pour le rembourser ma part du loyer. Ça devenait un peu ridicule.

- Je trouverai bien un truc à ma porté ou alors, comme tu le dis, MTI me versera peut-être un petit montant en signant mon contrat. Je vais me renseigner, c’est plus sage.

Évidemment, Ward était curieux de savoir comment cela se faisait que j’avais changé d’idée et que je voulais maintenant signer avec la maison de disque de mon père.  J’ouvris grand les yeux en secouant un peu la tête. Comment lui expliquer ce que je ne savais pas m’expliquer à moi-même ?

- Le fait que Donne semble pas être au courant que Timmy Evans m‘a fait une offre et parce que de perdre Grease me fait réaliser que j’adore vraiment beaucoup chanter et que de ne plus le faire me rend triste… Puis y’a toi qui crois en moi alors ça fait pas mal de point dans la liste des pours. Je n’ai pas grand-chose pour moi, je n’ai donc rien à perdre d’essayer.

C’est un boulot que Nell voulait pour se remettre sur les rails et, aussi pour ne pas que j’ai à payer les charges de mon appartement tout seul alors qu’elle y habitait, elle aussi. Je ne l’avais pas contredite sur ce sujet sachant très bien que j’allais user de la salive pour rien. Et je détestais user de la salive pour rien.

Par contre, je me m’attendis pas à ce qu’elle me parle de studios. Apparemment, maintenant qu’elle savait qu’elle n’allait pas être entièrement payée pour les prestations qu’elle avait faite à Broadway, elle était prête à envisager de considérer l’offre de Timmy Evans. Elle voulait même faire plus que la considéré vu qu’elle pensait déjà à bosser sur de la musique sans trop savoir si elle sera payée tout de suite ou non.

Comment elle était arrivée à se faire avaler l’idée à elle-même ? En se disant que ce n’était pas Don qui l’avait contacté mais Evans. Et, donc, que ce n’était pas un faveur de la part de son père biologique. S’il ne fallait que ça pour qu’elle arrive à poursuivre dans ce projet, alors, que demander de plus ?

-Je pense, en effet, qu’Evans était sincèrement intéressée par ton talent et que tout ça n’à rien n’à voir avec Don Hughes. Parce que, du talent, tu en as, Nell…

J’ignorais si elle serait payée tout de suite. J’imaginais que oui mais j’imaginais aussi qu’il faudra certainement qu’elle signe officiellement un contrat pour ça. Mais il semblerait que Nell ne soit plus rebutée à cette idée ce qui était tout bénéfice pour moi.

Mais je ne m’emballai pas. Je savais que si je faisais comme si l’affaire était déjà dans la poche, ça risquait d’effrayer Nell qui pouvait, parfois, s’en retourner dans son terrier comme un lapin poursuivi par un prédateur. Un trait de sa personnalité qui avait tendance à me taper sur les nerfs.

Je préférais la Nell qui n’avait peur de rien. Celle que j’avais rencontré dans l’Eastside. Et j’avais l’impression de la retrouve un peu, aujourd’hui. Ce qui n’était pas plus mal.

Alors, dans le but d’y aller pas à pas, je considérai l’idée qu’elle puisse se trouver un autre job en attendant. Je lui proposai même de lui en trouver un au Wild ce qui aurait pour effet stupide qu’elle soit payer par moi pour payer les charges de mon appartement. Je la regardais sérieusement quand elle demanda si je lui proposai un job de danseuse ou de serveuse.

-Un poste plutôt administratif, en fait. Dans la comptabilité. Je n’ai pas envie que les clients puissent t’admirer en petite tenue.

Non. Ça, ça m’était réservé. Nell est à moi. Personne ne peut y toucher. Personne ne peut même regarder.

Mais on sembla tous les deux laisser tomber cette idée qui faisait pas vraiment de sens. Nell était certaine de pouvoir trouver quelque chose à sa portée ou alors, elle comptait sur MTI pour renfloué son compte en banque vidé par des années à vivre sur ses rentes.

-Oui, renseigne-toi chez MTI en premier. S’ils ne te versent rien, ce que je doute, tu trouveras autre chose en attendant.

C’était un premier pion avancé. Le premier d’une longue partie d’échec. Je le savais. Je savais qu’il en faudra beaucoup pour arriver au but final qui était de nous hisser, elle et moi, au plus haut de la chaine alimentaire de Los Angeles.

Restait à ce que je comprenne pourquoi Nell avait changé d’avis. Après sa rencontre avec sa demi-sœur et ce petit minet de Victor Hunter, elle avait pourtant voulu n’avoir rien n’à voir avec les Hughes en général. Elle déclara alors que le fait que Don ne soit pas au courant de tout ça était djéà une bonne raison. Il y avait aussi le fait qu’elle aimait chanter. Mais ce n’était pas tout. Le fait que je crois en elle avait aussi joué. J’adorais entendre ça. J’adorais voir que quelques-unes de mes paroles pouvaient faire basculer les choses dans le sens où je veux. Ce n’est pas aussi grisant que d’avoir le pouvoir de tuer ou non quelqu’un mais c’était tout de même plaisant.

Je souris caressant la joue de Nell.

-Tu n’as rien n’à perdre, en effet. Tu as même tout à gagner. A Broadway, tu as été parfaite. Tu le seras aussi sur ta musique.

Rien de tel que ça : booster son moral et sa confiance. Je pouvais même encore faire mieux :

-Je suis fier de toi. Tu as réussi à passer au-dessus de ce que les autres pouvaient penser de toi. Tu montrera que tu es un bonne chanteuse et que tout ça n’à rien n’à voir avec Don. Pour preuve, ce n’est même pas ses gênes qui t’ont donné ce Don. Aucun Hughes n’est un artiste. Toi, tu l’es. Tu ne dois ça qu’à toi.

Je l’embrassai alors avant de briser le baiser.

-Tu vas pouvoir t’installer entièrement ici. J’imagine que ta mère est au courant ?

La déception que je ressentais vis-à-vis de la fin abrupte de Grease était vive mais je devais passer par-dessus si je ne voulais pas que mes émotions débiles (ouais, je ne l’ai toujours pas digéré, celle-là) ne me bouffent toute crue ! À force de discuter avec Pamela et Shane, j’en étais venue à me dire que le meilleur moyen d’aller de l’avant était de me lancer dans le vide. L’offre de Timmy Evans était le vide dans lequel je devais au moins essayer de plonger. En plus, je ne le ferais pas toute seule parce que la chanson appartenait à Shane et que j’allais travailler dessus avec lui. Le reste, il n’en tenait qu’à moi de le bâtir.

J’avais le goût de le faire au plus grand plaisir de Ward qui disait que j’avais du talent.

- Merci, tu es gentil.

Mais avant de concrétiser mon partenariat avec le manager, je devais au moins me trouver un petit boulot question d’être indépendante de Ward qui n’avait pas à tout payer pour moi. Je ne voulais pas dépendre de lui pour un oui ou pour un non et pour cela, il me fallait un emploi. Il me proposa de me faire entrer au Wild mais l’idée me rebuta. Moi, travailler dans un club de striptease ? Hors de question ! Je lui demandais si c’était comme danseuse ou comme serveuse sexy qu’il me proposa le job mais il rétorqua que c’était plutôt pour m’occuper de la comptabilité.

- Je n’ai pas envie non plus de danser pour des hommes bourrés et infidèles. Ceci dit, je ne crois pas être assez douée avec les chiffres que pour assurer avec la comptabilité de la boîte. Je trouverai. Ils cherchent toujours des gens pour faire l’entretiens des chambre d’hôtel.

Je n’étais pas désespérée ni à bout d’idée pour me sortir de l’impasse. Quelqu’un qui voulait travailler trouvera toujours du boulot. Mais avant d’aller porter des curriculum partout, j’allais prendre le temps de me renseigner avec MTI pour savoir comment les choses allaient fonctionner. Peut-être que j’aurais droit à un certain montant pour me permettre de travailler sur de la musique. Comme le disait Ward, ils ne pouvaient pas non plus laisser leur artistes tirer le diable par la queue faute de quoi, ils n’auraient jamais le temps de produire quelque chose à entendre.

Ward voulait savoir ce qui m’avait fait changer d’avis. Il était clair que les dernières fois où nous nous étions parlé, ma décision n’allait pas dans le même sens. J’étais encolère qu’il m’ait joué dans le dos en envoyant la démo de Shane à MTI et ensuite, j’avais été dégoûtée par les réflexions à peine subtiles de Victor Hunter, le mari de ma demi-sœur. Cela serait mentir que de dire que j’avais oublié les paroles de Victor et que j’allais accepter que Ward agisse dans mon dis à l’avenir. Non!  Cependant, j’avais envie de faire quelque chose pour moi et Greasem’avait confirmé à quel point chanter était important.

- J’ai adoré être à Broadway soir après soir !  J’ai comris à qu el point cela allait me manquer.

Alors pourquoi m’en privé puisqu’on m’avait fait une offre ?

J’enlaçais Ward après qu’il m’eut dit combien il était fier de moi et qu’il valida mon idée comme quoi mon talent ne me venait pas de Don et que par conséquent, je ne devais pas m’accrocher au fait qu’il était à la tête de MTI pour continuer de briller. J’avais du talent pour le faire, pourquoi ne pas tenter ma chance. Il m’embrassa et je prolongeais le baiser en le serrant très fort contre moi.

- Oui, si tu veux encore de moi, ça va de soi. Et pour ma mère… Non, je n’ai pas encore eu le courage de le lui dire… Elle est restée très accrochée aux rumeurs de ton passé alors… Mais peut-être que si nus l’invitions à diner, tu saurais la charmer. Hein ? Qu’est-ce que tu en penses ? Et puis pourrais résister à ce magnifique regard ténébreux ?

En rigolant, je l’embrassais passionnément.

Nell s’était décidée, semblait-il, à accepter la proposition de Timmy Evans. C’était le premier pas dans un plan vaste et complexe dans lequel je m’étais lancé il y a peu. Après son repas avec sa demi-sœur et l’avocat, Victor Hunter, j’avais pensé que j’aurais dû attendre plus longtemps avant que Nell n’en vienne à une telle décision.

Mais la faillite de la pièce de Broadway dans laquelle jouait Nell avait accéléré les choses. Son retour à L.A. et l’acceptation de la proposition d’Evans. Ce qui m’arrangeait.

Seulement, Nell ignorait si elle sera payée par MTI tant qu’elle n’aura rien sorti. Je doutais que MTI laisse ses artistes sans rien. Ça serait contreproductif. Mais je ne pouvais pas non plus certifier à Nell qu’elle sera payée alors on explora brièvement d’autres pistes dont celle du Wild dont j’étais propriétaire. Je ne comptais pas faire de Nell une danseuse ou une serveuse. Je ne voulais pas que quiconque d’autre puisse la voire en petite tenue car elle était à moi seul. Je la voyais plutôt jouer les comptables. Mais elle disait ne pas être assez douée avec les chiffres pour ça. C’est clair qu’elle n’a pas, derrière elle, une expérience de chef de gang. Elle l’aurait eu, les chiffres ne lui aurait plus fait peur. Elle se voyait plutôt jouer les femmes de chambre dans un hôtel.

-Je suis sûr que tu pourras trouver même mieux que ça. Femme d’entretien, c’est pas à ta hauteur, Nell.  Tu veux mieux que ça. Tu as de l’expérience en tant que bénévole. Tout pourra faire valoir ça.

Elle était une future chanteuse, un actrice de Broadway et elle sortait avec Ward Fleming… Elle méritait mieux qu’un rôle de soubrette sous-payée et exploitée.

Mais avant de chercher un job, le plus intelligent restait à se renseigner chez MTI voir s’ils payaient leurs artistes une rente le temps que ceux-ci créaient des chansons. Si c’était le cas, Nell n’aura pas à chercher un emploi de soubrette. Ce qui serait pas plus mal.

Je m’étais intéressé à ce qui avait fait changer d’avis à Nell et elle affirma que c’est qu’elle avait développé une passion pour le chant dont elle ne pouvait plus se passer. Combiner ça à mes encouragements ça avait donné le bon cocktail pour que mon plan prenne doucement forme. Elle confirma avoir adoré son expérience à Broadway. J’esquissai un petit sourire.

-J’ai vu ça. Quand tu étais sur scène, ça se voyait.

Vas-y Ward. Rajoute-en une couche. Une de plus ça ne fait pas de mal, si ?

Je confirmai être fier de Nell avant de l’embrasser. Elle était entrée dans cette pièce complètement vidée et déçue mais j’avais, encore une fois, réussi à faire changer son humeur avec simplement quelques phrases.

J’adorais ça.

Je changeai alors de sujet demanda si Nell comptait s’installer définitivement chez moi et si sa mère était au courant de tout ça. Elle confirma qu’elle comptait s’installer avant d’ajouter que sa mère n’était pas au courant de tout ça. Ce n’était pas étonnant. Elle pensait bien qu’un dîner pourrait arranger les choses. Que je pourrais charmer sa mère. Je ricanai un peu avant de fermer les yeux pour profiter des lèvres de Nell sur les miennes. Je rouvris les yeux après avoir brisé le baiser.

-Je pense que c’est une bonne idée. Je crois que je peux, peut-être, arriver à lui faire voir que les rumeurs ne sont que des rumeurs.

Elles ne l’étaient pas. Mais j’étais confiant au point que je me pensais bien capable de faire changer d’avis à l’intraitable mère de Nell.

-Et… Oui. Je veux encore de toi…

Je fis s’allonger Nell sur le fauteuil me penchant au-dessus d’elle avant de l’embrasser et de lui souffler.

-Je te veux à moi. Pour toujours.

Et si possible avec le fric, la renommée et l’influence qui va avec tout ce que, désormais, Nell représente.

Il me fallait songer à me trouver un emploi avant d’espérer de pouvoir vivre de la musique que je pourrais, possiblement, éventuellement, fort probablement, produire par moi-même. Je ne voulais pas mettre mes œufs dans le même panier, je l’avais fait lors de ma précédente relation et j’avais fini avec une belle omelette.

Je me voyais très mal me charger de la comptabilité du Wild et comme Ward ne voulait pas ( et moi non plus d’ailleurs) m’y voir comme danseuse ou même serveuse, je pensais que je serais en mesure de me trouver un emploi comme femme de chambre dans un hôtel. Ward disait que je valais mieux que ça et je fronçais légèrement les sourcils. Il n’y avait pas de saut métier et puis l’important était que je m’en trouve un. Quand j’aurais un revenu, je pourrais me permettre d’éplucher plus en profondeur les offres d’emploi dans les journaux.

- Tu sais que ma mère a longtemps été femme de chambre tout en faisant son bénévolat ?  Ce n’est pas dégradant comme métier et puis il en faut bien. Mais bon, ce n’est pas fait, encore. C’est une option dans un océan de solution.

Aller de l’avant avec la proposition de Timmy Evans me souriait de plus en plus. J’avais eu le temps de me calmer, après l’initiative culotée de Ward et le souper avorté avec Victor et Carrie. Il y avait aussi ces longues discussions avec Pamela et Shane qui me disaient que je ne pouvais pas passer à côté d’une chance pareil pour une question de génétique. Je n’en parlais pas non plus à Ward mais j’en avais discuter avec ma mère et elle m’avait chaudement encouragée en me disant que si on m’offrait cette chance, je devais la saisir à deux mains et que de toute façon, à Los Angeles, je ne pouvais pas espérer mieux. Elle n’avait pas tort.

Mon humeur avait changer du tout au tout et c’était grâce à Ward ! Comme c’était bon de rentrer à la maison et d’être accueillie comme il le faisait, en prenant du temps pour moi et en m’écoutant sans me rabaisser.  Je me lovais contre lui, échangeant un long baiser qui se brisa quand respirer devint plus fort que notre passion.  

Ward demanda si j’avais l’intention de m’installer définitivement avec lui et si j’en avais discuter avec ma mère. À sa première question, je répondis par l’affirmative quant à la seconde, je ne pouvais pas lui mentir, j’avais manqué de courage. Cependant, je me disais qu’un souper avec m mère permettrait à cette dernière de changer sa vision fausse qu’elle avait de mon petit-ami. Du moins, je croisais les doigts pour que le charme qui opérait sur moi, opère aussi sur maman.

- alors croisons les doigts, mais je ne suis pas très inquiète et comme tu veux bien encore de moi ici, faudra bien qu’on s’y colle… Passage obligé.

Ward me fit m’allonger sur le divan et il m’embrassa langoureusement puis il me souffla qu’il me voulait pour lui et pour toujours. Sa déclaration était belle mais un peu effrayante. S’il ouvrait une porte pour éventuellement parler d’engagement, j’allais me mettre à bégayer je le sentais d’avance.

- C’est long toujours. Commence par voir si tu peux survivre à un souper avec ma mère, ce sera déjà ça de gagner.

Je lui embrassais le bout du nez et je m’extirpais d’entre lui et le fauteuil, je me levais et j’allais chercher mes valises. J’étais trop épuisée pour batifoler sur le fauteuil et pas trop certaine que Ward comprendrait si je le lui disais puis je devais lui parler de Shane qui se pointerait éventuellement ici parce que la démo qu’avait envoyé Ward à MTI appartenait quand même à mon ami et que je lui devais au moins de l’héberger le temps qu’on l’enregistre pour de vrai. Ça ne devrait pas poser problème puisqu’il y avait deux autres chambres dans l’appartement. L’une étant à Heaven et l’autre avait été celle de Grant, pendant un petit moment.

- Tu veux voir ce que je t’ai rapporté ?

Nell avait évoqué l’idée de devenir femme de chambre mais elle méritait mieux que ça, de mon avis. C’était ma petite amie et une future chanteuse alors elle pouvait faire mieux. Sauf que c’était sans compté sur le fait que la mère de Nell avait, elle-même, était femme de chambre mais aussi le fait que Nell trouvait que chaque métier se valait. Si c’était le cas, tout le monde serait payé la même chose. Or ce n’est pas le cas. Mais loin de moi l’idée d’entacher son humeur que j’étais, doucement, en train d’améliorer. Je souris.

-Tu as raison… De toute façon, quoi que tu décides de faire, tu as mon soutien.

Sauf si elle décide d’aller jouer les prostituées. Mais j’étais plus que certain que même une femme pensant qu’il n’y avait pas de sous métier ne s’abaisserait pas à ça, n’est-ce pas ?

Je savais en tout cas qu’une chose était dans la poche : Nell semblait déterminée à signer chez MTI. Finalement, avec le retour de Nell, c’était la chose la plus importante à retenir aujourd’hui. Plusieurs facteurs l’avaient convaincues à se lancer et c’était grisant d’entendre que je faisais partie des facteurs. Comme quoi son lien avec Don et ce petit connard e Victor Hunter n’auront pas tué mon plan dans l’œuf.

Le moral de Nell semblait remonté ce qui n’était pas plus mal. Elle était moins encline au doute quand elle était de bonne humeur. Pas de doute, pas de remise en question, pas de Nell instable. Au point même qu’elle n’hésita pas à confirmer qu’elle comptait s’installer définitivement chez moi. Je savais qu’il y a quelques semaines d’ici, elle aurait hésité voir même trouvé l’idée inconcevable.

On progressait.

Restait à convaincre sa mère. Nell ne lui avait encore rien dit et comptait un peu sur moi pour redorer ma propre image autour d’un souper. Je me sentais totalement capable d’embobiner la mère de Nell tout comme l’influence et l’argent de Reed avait influencé le juge lors de mon procès. Nell disait que, dans tout les cas, il faudra s’y coller. J’hochai de la tête pour confirmer. La mère de Nell sera, donc, mon prochain défi à relever. Je m’étais confronté à bien pire qu’elle.

Trêve de bavardage… J’avais allongé Nell sur le divan pour l’embrasser langoureusement et confirmer qu’elle sera à moi pour toujours. Elle trouvait ça long « toujours ». En une seule phrase j’avais failli ramener ses questionnements existentiels. J’esquissai un sourire alors qu’elle disait que je devrais commencer par survivre au souper avec sa mère.

-Survivre, c’est ce que je sais faire de mieux.

J’étais doué pour ça. Et pour bien d’autres choses, ma belle. Ta mère ne me fait aucunement peur.

Elle embrassa mon nez ce qui me fit un peu plisser les yeux. Elle réussit alors à se défaire de mon emprise pour filer vers ses bagages. Je fis une petite moue avant de me rasseoir sur le fauteuil. Apparemment, Nell m’avait rapporté quelque chose et voulait me le montrer.

-Tu m’as ramener des cadeaux ? Ouais… Fais voir.

Je doutais qu’elle m’avait rapporté un flingue. Pourtant, ça serait un beau cadeau.

Quoi que je déciderais, Ward me soutiendrait. Voilà pourquoi je l’aimais de plus en plus. Il ne cherchait jamais à me rabaisser où à ridiculiser mes sentiments au détriments des siens. Il était ouvert à la discussion et surtout, il tentait, à sa façon, d’apporter des solutions et non pas à me faire entrer dans une petite boîte qu’il pouvait ranger facilement sur une tablette. J’avais donné dans ce genre de relation et ça m’avait assez refroidi que pour me donner l’envie de me respecter et de me mettre en avant plan, pour une fois.

Accepter la proposition de Timmy Evans était donc un pas de plus dans cette nouvelle ligne de pensée. Je me doutais que rien ne serait facile, surtout au commencement. Je devais me trouver un petit boulot pour me permettre d’avoir au moins un peu de sous en poche pour ne pas dépendre de Ward. S’il trouvait que je valais mieux qu’un travail de femme de chambre, moi, je me disais qu’il n’y avait pas de sceau métier et que l’important était de travailler. De toute façon, tout ceci n’était que temporaire, non ?

Ward, après cette discussion sur mes projets et l’acceptation de notre relation par ma mère qui passerait, je l’espérais du moins, par un souper, me fit m’allonger sur le divan. Je me doutais qu’il n’avait pas en tête de faire une sieste, surtout qu’il ajouta qu’il me voulait à lui pour toujours.

Mes sentiments pour lui se définissaient de plus en plus et oui, je l’aimais bien que, contrairement à lui, je ne le lui avais pas encore dit. J’étais même surprise de la rapidité avec laquelle il m’avait dit qu’il m’aimait. Peut-être qu’avec le temps et les épreuves de la vie, mon petit-ami devenait plus prompt à affiché ses sentiments. Ce n’était pas encore mon cas, je ne me sentais pas encore prête à… À quoi en fait ? C’était difficile à dire et ça me rendais folle de ne pas être capable de pouvoir lui dire que je l’aimais. Ma dernière relation avait brisé quelque chose en moi et c’était assez profond pour que je sis encore bloquée aujourd’hui.

Et dire que c’était Ward qui devait porter le chapeau du vilain garçon ! L’expérience m’avait apprise qu’il ne fallait jamais se fier aux apparences ! Je l’avais toujours su et la vie s’était chargée de m’en faire une belle démonstration.

Je proposais à Ward de lui montrer ce que je lui ramenais de New York. Il se réinstalla dans le fauteuil avec une moue qui cachait mal sa déception. Je fis comme si je ne m’en rendais pas compte et je commençais à fouiller dans mes valises.

- C’est dingue combien j’ai des trucs ! J’étais partie avec à peu près rien et…

Et me voilà cherchant parmi les valises pour trouver le sac avec les cadeaux pour Ward. Évidement, je ne lui avais pas acheter un million de trucs puisque nous n’étions jamais payés en totalité mais j’avais quand même rapporté des souvenirs pour tout le monde. Je ne pensais pas avoir oublié personne. Ward, ma mère, des amis bénévoles et j’avais même pensée à Heaven et Grant bien que je ne savais pas quand je les reverrais.

- Ah voilà !

Je sortis un sac de ma valise et je le lui apportais.

- Ce n’est que des petites pensées, hein. Mais comme ça, tu peux voir que même là-bas, je ne t’oubliais pas.

Je le laissais découvrir le contenu de son sac. Il pouvait y trouver un mug avec le traditionnel cœur pour remplacer le mot « love » suivis de New York, un porte clé avec la Statue de la Liberté et un programme souvenir de Grease. Dedans, il y avait des photos de la troupe sur scène et en dehors de la scène ainsi qu’une cassette des chansons.

- Ce n’est pas ton style de chansons, je sais mais qui sait si je deviens une grande chanteuse célèbre un jour ? Ça vaudra cher, une cassette de mes premiers pas sur scène !

Je rigolais parce que je n’y croyais pas du tout à ma possible future célébrité !

Nell s’était extirpé de mon emprise pour aller fouiller dans ses valises. J’aurais voulu fêté cette petite victoire autrement mais j’allais me contenter du cadeau que, visiblement, elle voulait m’offrir. Elle m’avait déjà offert son « oui » à MTI. C’était déjà suffisant. Après si elle m’avait ramené un beau flingue de New York, je n’allais pas dire « non ». Mais je doutais que ça soit ça que Nell m’avait acheté.

Je le regardai fouiller alors qu’elle déclara qu’elle était partie avec presque rien et qu’elle était revenue avec pas mal de choses. J’esquissai un petit sourire.

-C’est souvent ce qui arrive quand on part aussi longtemps en voyage, j’imagine…

J’étais déjà parti en voyage longtemps aussi. Souvent au Mexique quand il fallait que je fasse profile bas. Mais, contrairement à Nell, je ne ramenais jamais de souvenirs… Encore moins pour les offrir à quelqu’un. Il faut dire qu’il n’y avait pas forcément grand-chose à ramener du Mexique hormis, peut-être, de la came.

Nell finit par tomber sur ce qu’elle voulait m’offrir. C’est tout un sac qu’elle sortit avant de me rejoindre en disant que ce n’était que quelques petites pensées. Une façon pour elle de montrer que, même là-bas, elle pensait à moi. J’esquissai un petit sourire. Je devais avouer que j’aimais être le centre des pensées de Nell. C’était une preuve de plus qu’elle était à moi.

-Merci, Nell.

J’ouvris le sac pour découvrir quelques babioles inutiles… Un mug New York… Un porte clé représentant la Statue de la Liberté…. Un programme de sa comédie musicale… J’ouvris ce dernier pour découvrir des photos de sa troupe de théâtre ainsi qu’une cassette avec les chanson de Grease… Aucun flingue… Même pas un canif… Et Nell me connaissait bien parce qu’elle disait que si elle devenait une chanteuse célèbre, la cassette qu’elle venait de m’offrir vaudra son pesant d’or un jour. Je rigolai.

-C’est vrai. Tu ne perds pas le nord, toi. Je ne savais pas que tu étais du genre à penser de cette façon.

J’esquissai un petit sourire moqueur en disant ça. Nell n’était pas du genre à penser à l’argent. Que du contraire. Mais elle semblait capable de pouvoir, tout de même, penser comme quelqu’un qui aime faire du profit.

Je déposai les cadeaux sur la table basse avant de me centrer sur Nell.

-Merci pour les cadeaux.

Aussi inutile soient-ils.

-Même si le meilleur cadeau c’est de t’avoir ici.

Ward… Tu as regarder combien de film mièvre pour sortir des trucs pareils ? Parfois, je me demande où je vais chercher ça. Bien que c’est pas les trucs dégoulinants de bonnes intentions qui manquent à la télé.

Je fixai Nell droit dans les yeux.

-Tu veux te reposer, peut-être ?

Vu qu’elle ne semblait pas vouloir fêter son retour comme il se doit… J’avais bien vu ça quand elle avait éviter qu’on ne le laisser aller sur le fauteuil.

Je fixai Nell droit dans les yeux comme si je la sondais. Je plissai des yeux.

-Sauf si tu as encore quelque chose à me dire ? Ou à m’offrir ?

Je ne me rendais compte que maintenant que je revenais avec beaucoup plus de bagages que lorsque j’étais partie pour New York. Ward disait que c’était normal lorsque nous partions aussi longtemps. Il est vrai que là-bas, j’avais profiter du peu de sous qu’il me restais en poche pour acheter un truc en souvenir. J’aimais gâter mes proches dès que j’en avais l’occasion.

Au travers des piles de vêtements et de produits pour le corps, je trouvais le sac dans lequel j’avais emballé les cadeaux pour Ward. Je le lui donnais en précisant qu’il ne s’agissait que de petites pensées. Avoir eu de plus gros moyens, les cadeaux auraient été beaucoup plus gros.

- Avec plaisir, Ward.

J’attendis qu’il ouvre son sac avec une excitation plus évidente que la sienne mais comme Ward ne montrait jamais vraiment se qu’il ressentait, je ne m’en faisais pas plus que ça. Mes petits présents allaient lui faire plaisir, je n’en avais aucun doute. Après tout, qui n’a pas envie d’un porte clé représentant la Statue de la Liberté ?

Je le laissais donc découvrir le contenu su sac en souriant. Il regarda le mug, puis le porte clé et enfin le programme de Grease. Ce dernier n’était qu’un symbole de ma renaissance parce que sans cette expérience, je n’aurais pas rencontré Shane et nous n’aurions pas travaillé ensemble sur sa composition. Cela n’aurait pas conduit Ward à volé la démo et à l’envoyer à Timmy Evans qui ne m’aurait pas fait une offre sans tout ça et donc, voilà ! Je le taquinais en disant qu’un jour, ça vaudrait peut-être beaucoup de sous !

- Mais, je rigolais, Ward. Je ne pense pas qu’un jour ça vaudra quoi que ce soit. Mais je trouvais ça chouette de le conserver, comme une photo dans un album.

Pourquoi pas ?

Ward me remercia pour ses cadeaux bien que, disait-il préférait ma présence à tout le reste.

- Je suis heureuse moi aussi, d’être rentrée même si de continuer jusqu’au bout aurait été gratifiant. Ce n’est pas grave, quelque chose de mieux m’attend. Ma mère dit toujours que rien n’arrive pour rien.

Je posais doucement ma main sur sa joue alors qu’il me fixais dans les yeux et me demanda si je voulais me reposer. J’étais épuisée, en effet. Vivre autant d’émotion et le décalage en prime n’aidait en rien.

- Oui, j’aimerais bien prendre une douche et aller dormir. Partager un appartement avec Pamela et Shane n’est pas de tout repos. Tu l’as expérimenté quand tu es venu me visiter.

Repensez à eux me rendis un rien nostalgique.

- Sauf si tu veux m’entendre encore une fois te raconter des histoires de coulisses ou quelque chose en ce genre, non, je n’ai rien de plus à raconter. Ça doit être la fatigue, je ne suis pas très entrainante.

Et comme pour appuyer mes dires, je m’étirais en baillant à m’en décrocher la mâchoire. Ensuite je me levais et de fouillais à nouveau dans ma valise pour me prendre un pyjama propre et mon nécessaire pour me laver.

- Tu pourrais commander des mets chinois pendant que je me lave ?

Nell m’avait couvert de ce genre de cadeaux qu’on pouvait trouver dans les pièges à touriste qu’on pouvait voir dans toutes les villes qui grouillaient de gens de passage. Le genre de souvenir qui disaient « j’ai été là » mais qui n’est pas plus utile qu’un pensement sur une fracture. Finalement, ce qui avait le plus d’intérêt était les souvenirs qui concernaient sa comédie musicale. Si jamais Nell venait à devenir célèbre, ça prendra de la valeur. C’est Nell qui l’a dit. Pas moi. Ce qui m’amusa un peu.

Sauf qu’elle déclara qu’elle rigolait. Elle doutait que ça vaille quoi que ce soit, un jour. Chérie, si tu deviens réellement célèbre, ça pourra, réellement avoir de la valeur. Mais je savais que Nell ne se voyait pas encore là. Je pensais même qu’elle ne s’y voyait même pas un jour arrivé à tant de célébrité. Alors je répliquai simplement :

-C’est vrai que c’est un beau souvenir.

Qui pourra avoir de la valeur un jour. J’allais faire en sorte que ça soit le cas, en tout cas. C’était ma nouvelle obsession.

J’avais déposé tous ces cadeaux sur la table avant de dire que le meilleur cadeau était son retour. Elle affirma être content d’être rentrée même si elle aurait bien voulu vivre l’aventure jusqu’au bout. Mais elle se réconfortait avec une phrase toute faite balancée, il y a longtemps, par sa propre mère. Celle que je me devrais de convaincre lors d’un repas. Vous croyez que si je dis à la mère de Nell que « rien n’arrive pour rien » en ce qui concernait notre relation, ça passera ? Je devrais essayer pour voir !

-Ta mère a raison. Rien n’arrive jamais pour rien.

Surtout quand on fait en sorte que certaines choses arrivent.

Nell caressa ma joue. J’aimais ce genre de contact qui me fit me focaliser sur le regard de Nell à qui je demandais si elle voulait se reposer. J’avais bien compris qu’elle ne voulait pas fêté son retour avec quelques ébats alors autant qu’elle se repose qu’on puisse mettre ça à plus tard. Elle confirma qu’elle allait aller prendre une douche avant de se reposer clamant que partager un appartement avec Pamela et Shane n’était pas de tout repos. J’aurais dû vivre avec eux aussi longtemps que Nell l’avait fait, je crois qu’aucun des deux n’en seraient sorti vivant.

-Ouais, je vois ce que tu veux dire. Vivre avec eux est un enfer. Shane ne sait pas ce que c’est que de ranger et Pamela est une vrai garce. J’aurais dû vivre avec eux aussi longtemps, je crois que je les aurais tué.

Je fis une petite moue comprenant que mes paroles pouvaient, dans mon cas, être interprétée à la lettre.

-Façon de parler, bien sûr…

Elle affirma n’avoir plus rien à raconter hormis ce qu’elle m’avait déjà raconter. Je souris passant ma main sur ma joue.

-Tu auras tout le temps de me raconter encore ça après t’être reposé.

Parce que je savais que d’entendre encore une fois les mêmes histoires allait me fatiguer moi alors autant m’épargner ça.

Elle se leva alors demandant si je pouvais commander à manger. Je me levai à mon tour m’étirant un peu.

-Je vais faire ça.

Je passai par derrière Nell posant un baiser dans son cou avant de la laisser aller se laver assez satisfait de ce qu’où pourraient nous mener ses futurs projets.

J’avais offert à Ward ses cadeaux-souvenirs que je lui rapportais de mon séjour à New York et, bien qu’il se disait content, je savais que ce n’était pas réellement ce qu’il aurait souhaité. En fait, les désirs de Ward étaient énigmatiques pour moi, je ne savais jamais quoi lui offrir pour voir une réelle étincelle de bonheur dans son ténébreux regard. Néanmoins, il me remercia pour ces pensées que j’avais eues pour lui. N’était-ce pas de toute façon ce qui comptait vraiment ?

Ensuite, je lui proposais de commander des mets chinois pendant que j’allais prendre une douche. J’avais besoin de me détendre et de me rafraichir après autant d’émotions. Ce n’était cependant pas de cette manière que Ward aurait souhaiter souligner mon retour à la maison mais je n’avais pas envie de faire l’amour, ce n’était pas pour moi une façon de gérer mes émotions. Je ne me serais pas sentie bien investie envers Ward, ma tête étant trop chargée de pleins de pensées parasites.

J’allais donc à la salle de bain et j’ouvris le robinet de la douche. Je passais ma main sous le jet jusqu’à ressentir la température idéale pour l’eau puis je me déshabillais avant d’entrer dans la douche. L’effet des jets furent tout de suite bénéfique et me firent sourire. Pour la première fois en je ne savais combien de temps, je pouvais prendre mon temps et apprécier ce moment de détente, sans pour autant vider le réservoir de son eau ! Mais au moins, je n’avais pas à trop me presser parce que Shane et Pamela faisaient le pied de grue devant la porte de la salle de bain, attendant leur tour impatiemment. Je pouvais prendre le temps de savonner mes cheveux, d’appliquer une crème fortifiante, de me raser les jambes et de me savonner en profondeur et même entre mes orteils !

Je m’enroulais dans ma serviette une fois toute propre et je passais mon avant-bras dans le miroir de la salle de bain pour en essuyer la vapeur d’eau. Mon reflet me semblait avoir meilleur mine. Il y avait de l’espoir ! J’attrapais une autre serviette et je l’appliquais sur ma tête en secouant ma chevelure entre ses pants pours en essorer un maximum d’eau.

Puis on sonna à la porte.

Je devins toute raide, mon petit doigt me disait que ça ne pouvait pas être déjà les mets chinois. Rapidement, j’enfilais mon peignoir et en nouais la ceinture autour de ma taille. J’ouvris la porte de la salle de bain, laissant le nuage de vapeur s’envoler dans l’appartement et j’arrivais dans le salon au moment où Ward ouvrait la porte.

- Salut la compagnie !  Je vous ai manqué ? Wow c’est sympa chez vous ! C’est grand quoi que pas très lumineux ! Surpris Ward,  mon pote ? Nell ! Sexy la tenue, tu n’étais pas obligé d’en faire des tonnes pour m’accueillir ! Ou est-ce que je pose ma valise ?

Il était là ! J’aurais bien dû m’en douter qu’il ne lui faudrait pas très longtemps pour ressurgir même si je pensais vraiment qu’il allait rester un moment à New York avant de me rejoindre à Los Angeles. Mais Shane ne faisait jamais les choses à moitié et, comme il vendait sa chanson à MTI, il voulait être sur place pour la voir évoluer, rien de plus normal.

- Shane… Ward… Je n’ai pas eu le temps de… Enfin je… Je pensais que tu ne devais arriver que dans quelques semaines. Ward, j’ai proposé à Shane de l’héberger puisque… bah comme tu as un peu forcé le destin en envoyant sa démo à MTI, nous lui devons bien le gîte quelques temps… qui arrive plus tôt que prévu.  

Shane jeta son baluchon au sol et tendis sa main à Ward, restait à voir comment mon petit ami allait réagir.

Après que Nell m’ait offert quelques cadeaux, elle avait annoncé qu’elle allait prendre une douche. Visiblement, le reste de la journée se résumera à prendre du repos et bouffer chinois. J’allais devoir prendre mon mal en patience pour profiter un peu de Nell comme il se devait. Mieux valait attendre que d’essayer de forcer les choses.

Je m’attelai, donc, à commander le chinois avant de me planter devant la télévision en soupirant. Il n’y avait rien de bien intéressant à regarder alors je me contentai de zapper. J’ai hésiter quelques fois à rejoindre Nell dans la douche mais vu comme elle avait abréger les choses quand je l’avais allongé sur le fauteuil, je me dis que ça ne ferait que témoigner d’une certaine impatience de ma part ce qui aurait pu la faire véritablement bégayer. Et je n’avais pas envie, aujourd’hui, d’entendre ses bégayements.

Puis, on finit par sonner à la porte.

Je levai un sourcil. Ça me semblait bien trop tôt pour être le livreur… Mais je n’attendais strictement aucune visite alors je me demandais bien qui osait venir ici sans y être invité. Je me levai du fauteuil avant d’ouvrir la porte sentant, dans mon dos, la chaleur humeur provenant de la salle de bain.

Et vous savez qui se trouvait derrière la porte ? Shane… Mon regard froid se posa sur lui alors que je ne m’attendais pas du tout à voir Shane débarqué. Je croyais qu’il était resté à New York mais fort est de constater qu’il avait décidé de venir à L.A.. Il demanda s’il nous avait manqué… Non. Pas du tout.

Je ne dis rien le laissant déblatérer et se délecter de la surprise qu’il venait de nous faire. Mais le pire dans cette histoire, c’est qu’il avait apporté sa valise. Sa valise ? Il comptait s’installer ici ? Si c’est le cas, j’allais faire en sorte de le foutre dehors ! Je n’avais aucune envie que Shane s’installe ici. S’il veut vivre à L.A., il n’a qu’à aller se louer un appartement ou une foutue chambre au motel.

Je n’avais encore rien dit et je me tournai vers Nell mon visage exprimant une simple phrase : « qu’est-ce que c’est que ce bordel ? ».

Et elle m’expliqua le bordel. Elle avait donné sa permission à Shane pour qu’il s’installe ici étant donné qu’il était le composteur de la chanson qui avait attiré l’attention d’Evans. Elle ne s’attendait juste pas à ce qu’il arrive si tôt.

Elle se fiche de moi là ? Elle ose m’en vouloir pour avoir envoyé une démo dans son dos à MTI mais, elle, elle invite carrément quelqu’un à vivre chez nous sans me demander mon autorisation ?!

Je crois que je vais faire un meurtre. Non. Deux meurtres. Si je n’avais rien ressenti pour Nell et qu’elle n’aurait pas servi mes plans, je crois que je l’aurais descendu sur place. Et Shane avec. Mais je devais garder mon calme.

-Tu lui as proposé sans me demander mon avis ? Le téléphone existe, Nell…

Car j’imaginais qu’elle était encore à New York quand elle a eut la merveilleuse idée de proposer à Shane de venir habiter chez nous.

Et en plus, elle arrivait encore à faire en sorte que je me sentes coupable de son choix en disant que c’était parce que j’avais envoyé la démo à MTI qu’elle s’était sentie presque obligé d’offrir le gîte à ce foutu Shane.

Je me tournai vers Shane.

-Mais bon… Tu es là maintenant… Même si tu aurais pu prévenir de ton arrivée.

Je m’écartai de la porte pour le laisser entrer avant de fermer, un peu brutalement, la porte. Heureusement que j’avais tué, récemment, Vito Pastore sinon, je crois que je n’aurais pas su me retenir d’égorger Shane.

-Tu comptes rester combien de temps ? Toi aussi MTI t’a proposé un contrat ? J’imagine que oui, vu que Nell insinue que c’est parce que j’ai donné cette démo à MTI que tu es ici. Tu comptes te trouver un job ?

Et avoir un foutu revenu pour avoir de quoi quitter MON appartement. Parce que s’il traine, je doutais de pouvoir me retenir longtemps avant de faire en sorte que Shane se retrouve victime d’un malheureux accident.

Je me tournai vers Nell qui était habillée uniquement d’un peignoir.

-Tu devrais aller enfiler des vêtements…

Parce que je n’avais aucune envie que Shane profite de la vue.

Mon petit doigt ne m’avait pas trahi en me laissant croire que notre solliciteur n’était pas le livreur de mets chinois. Il aurait fait ça drôlement vite si ça avait été le cas ! J’avais également eu l’impression que je savais qui se tenait derrière notre porte, contrairement à Ward qui ouvrit et qui fronça des sourcils, sa manière a lui d’exprimer sa surprise.

Pourtant, cela me semblait plutôt évident. Ward, en envoyant la démo à MTI, n’avait pas fait que de mettre en lumière mes talents. Il avait aussi offert l’opportunité à Shane de se faire valoir. Si mon ami avait envoyer sa chanson à des maisons de disque New Yorkaise, cela aurait été bien différent puisqu’il partageais déjà un appartement avec Pamela, or maintenant, il se trouvait avec rien devant lui. Rien, sauf cette opportunité d’affaire orchestré par mon petit ami.

Je lui expliquais donc que nous devions héberger Shane quelques temps, ce qui était la moindre des choses. Je ne pouvais pas laisser mon ami dans la rue et, comme il n’avait pas su mette de côté le peu que nous avions avec Grease, l’imaginer mendier pour le gîte me puait au nez d’autant plus que nous avions deux chambres vides ici.

Ward était irrité, il n’avait pas besoin de me le dire pour que je le comprenne, que je n’ai pas prit le temps de discuter de mon invitation avec lui. Et il osa ajouter que le téléphone existait.

- Je ne me souviens pas que tu m’aies téléphoné quand tu as décidé d’envoyer la démo que tu as volé…

Il devait assumer sa part de responsabilité dans toute cette histoire et puis, je ne voyais vraiment pas le problème avec le fait que nous hébergions Shane. Il ne prendrait pas beaucoup de place, enfin, autant qu’il le pourrait et puis il serait occupé à bosser avec moi.

Ward invita Shane à entrer, puisqu’il était déjà là non sans mentionner qu’il aurait tout de même pu nous prévenir de son arrivée. Là, j’étais vraiment en accord ! Shane ne devait pas arriver avant quelques semaines et je comptais là-dessus pour trouver le bon moment pour discuter de la situation avec mon petit-ami.

- Il s’est passé quoi avec le boulot que tu disait t’être trouvé ?

- Ils m’ont viré après une heure ! Mon record et j’en suis fier !

Ward posa ensuite quelques question à mon ami qui s’était laissé tombé dans le fauteuil après avoir retiré ses bottes usées au possible. Il s’était allongé les pieds sur la table basse du salon et avait renversé la tête vers l’arrière. Pour prendre ses aises, il était doué !

- Une semaine, un mois, un an, qui sait ? Je vais commencer par voir si cette maison de disque veut de moi parce que, pour répondre à ta question et Nell te le dira, elle refuse de signer si je ne suis pas du projet. Ça c’est de la loyauté, t’as de la chance, vieux.

- Bah c’est juste normal ! Je n’en serais pas là sans ta composition et puis tu as tellement de talent.

J’allais m’avancer pour me rapprocher de Shane parce que là, j’avais plus l’impression d’être à l’écart de la conversation que pile dedans mais Ward me demanda pour ne pas dire m’ordonna d’aller me vêtir. Il était vrai que je ne portais qu’un peignoir mais je n’étais pas non plus complètement nue ! J’allais répliquer mais Shane s’en chargea et pas de la meilleure des façons.

- Ah mais t’inquiète ! Je l’ai déjà vue toute nue ! Hey, les loges en coulisses c’est grand comme ton pouce, Tom. Tom Pouce ? Tom ? Tu piges ?! Et je déconnais, je ne l’ai jamais vue toute nue. Mais ouais, vas t’habiller Nell parce que je suis d’humeur pour sortir. On va faire la fête en ville, ça vous dit ?

- Je… Crois que je vais…. Juste aller m’habiller…

Je m’éclipsais rapidement, comme une petite souris effrayée, enjambant du même coup ma gêne et mon orgueil et je refermais la porte de ma chambre derrière moi en inspirant longtemps puis en expirant tout aussi longtemps. J’attrapais le premier jeans, t-shirt et sous-vêtements que trouvais et j’enfilais mes vêtements rapidement sans me rendre compte que j’avais mis mon chandail à l’envers.

Shane venait de frapper à la porte en vue de s’installer ici un moment… C’est Nell qui lui avait proposé cette glorieuse idée ! Et ça, sans même penser qu’il aurait été indispensable de m’en parler avant. Elle venait de me prendre par surprise et je détestais ça. Surtout que je savais que vivre avec Shane devait être un véritable enfer tant ce type était un parasite incapable de bouger son cul pour ranger ces affaires qui trainent. Chaque fois que j’étais allé voir Nell à New York, c’était pour constater que l’appartement dans lequel ils vivaient comme des foutus adolescent en collocation était dans un foutu désordre.

Je ne pouvais pas vraiment cacher à quel point la situation me déplaisait. Et vous savez ce que Nell trouva comme excuse ? Qu’elle n’avait eu d’autre choix que d’héberger Shane vu que j’avais envoyé à la démo chez MTI et que, comme Shane faisait partie du projet, elle se sentait obligée de l’héberger à L.A.. Se ficherait-elle de moi là ? Essayerait-elle de maladroitement se venger ? Quoi qu’il en soit, m’est d’avis qu’elle aurait du proposer à Shane d’aller s’installer à Saint John… Ils font dans la charité, eux… Moi, je fais dans le meurtre.

Et là, des envies de meurtres, j’en avais… J’aurais bien décapité Shane et Nell si je n’avais pas un peu de raison. Parce que Nell en rajouta une couche en disant que je ne lui avais pas téléphoné quand j’avais décidé d’envoyé sa démo chez MTI. Cette démo va peut-être te donner un job et, à long terme, des milliers de dollars, ma belle… C’est me remercier que tu devrais faire, pas m’en vouloir en m’imposant la présence de ce foutu parasite. Je fixai Nell d’un regard froid.

-Et tu t’es dit que de faire la même erreur que moi était une bonne idée, c’est ça ? Je ne savais pas que tu étais adepte de la basse vengeance.

Maintenant, je le savais. Et ma voix était clairement teinté de reproche. Elle me reprochait d’avoir volé cette foutue démo ? Bien ! J’avais tout les droits de lui reprocher de ne pas avoir prévenu pour Shane.

Je laissai entrer le parasite après lui avoir dit qu’il aurait pu prévenir avant de s’incruster. Nell lui demanda ce qu’il était advenu de l’emploi qu’il s’était récemment trouvé mais, visiblement, il avait été viré. Je ricanai.

-Pourquoi ça ne m’étonne même pas ?

Shane était un véritable artiste avec tous les foutus défauts qui vont avec. Certains pensent que je ne suis pas adapté à la société mais les gens comme Shane ne le sont pas plus. Ce sont des parasites. Moi, au moins, je fais, en général, le ménage sur cette foutue planète. Ce qui fait que, en soi, je suis bien plus utile que les gens comme lui.

Shane ne tarda pas à prendre ses aises sur mon fauteuil. En voyant ça, je sentais bien que la cohabitation allait être difficile et que j’allais avoir bien du mal à faire en sorte que Shane y survive. Surtout qu’il clama ne pas savoir combien de temps il allait rester.

Autant que je le voudrais. Ça, je te le garanti !

Mon visage était sombre. J’étais debout, les bras croisés, alors que Shane déclara que Nell ne signera pas chez MTI si MTI ne le signe pas en même temps. Pourquoi ça ne m’étonne pas de Nell ? Toujours à vouloir faire plaisir à tout le monde ! C’est d’ailleurs à cause de ça qu’on est, désormais, tous les trois coincés ensemble.

Nell déclara que c’était normal que de ne pas signer si MTI décidait de ne pas faire signer Shane. Elle ne sait décidément pas avancer sans les autres… La Nell qui avait du cran et légèrement d’ambition était définitivement morte, on dirait bien !

-Et si Shane est engagé mais qu’il se fait viré après deux jours, tu vas démissionner, Nell ?

Simple question, hein ! Elle serait clairement capable, la connaissant.

Je lançai alors à Nell, qui n’était vêtue que d’un peignoir, d’aller s’habiller car je n’avais aucune envie que Shane se rince l’œil en plus de profiter allègrement de mon fauteuil. Mais il déclara avoir déjà vu Nell nue avant de dire qu’il déconnait. Je penchai légèrement la tête sur le côté me demandant bien comment j’allais faire pour ne pas tuer Shane dans les prochaines heures.

Je pourrais…

Mais ça serait suspect.

Shane proposa alors d’aller en ville alors que Nell, qui avait retrouvé ses bégayements, s’en alla s’habiller. Je fixai l’intrus.

-Tu n’auras qu’à y aller tout seul. Nell est fatigué par le voyage. Et moi, j’ai envie de rester ici.

Avec un peu de chance, il ne faudra pas plus qu’une nuit pour qu’il se fasse de mauvaises fréquentations et finisse démoli dans une ruelle.

-Et ici, tu es chez moi, Shane, rien de doit trainer, c’est compris ?

Si une de ses fringues traines, je les jetterais pas la fenêtre. Avec un peu de chance, j’arriverais à le dégouter de vivre ici.

Nell finit par revenir vêtue de vêtements. Je la fixai de haut en bas avant de dire de mon ton neutre.

-Ton t-shirt est à l’envers.

Je fixai Shane et Nell.

-Il aura la chambre de Grant. Et on fera une tournante pour le ménage. En espérant que MTI vous signe tous les deux très vite. Parce que, dans cette configuration-là, Nell, tu n'as plus vraiment le droit d'hésiter.

Non. Maintenant que Shane squattait, elle n'avait plus le choix que de le signer, ce fichu contrat! Et au plus vite.

Ward n’avait pas besoin de me peindre toute une fresque pour me faire comprendre qu’il n’était vraiment heureux de mon initiative. J’avais conscience que ce n’était pas l’idée du siècle mais Shane ne pouvait pas débarquer en ville et se retrouver à la rue d’autant plus que cela ne se serait pas passé de cette manière si mon petit-ami n’avait pas prit l’initiative qui avait allumé la mèche. Moi, je voyais cela comme un juste retour des choses, Ward, comme un acte de basse vengeance.

- Non, ce n’est pas un acte de basse vengeance, comme tu le dis. Je me suis dit que comme ton initiative me souriait, elle devait aussi sourire à Shane car sans lui, rien de tout cela ne se serait produit.

Shane ne semblait pas du tout déranger par le désaccord flagrant entre Ward et moi au sujet de son hébergement temporaire chez nous. Il ne fallait pas se leurrer ! J’avais bel et bien invité Shane à venir s’installer chez nous tant que cela était de façon temporaire. Je savais ce que cela était que de vivre au quotidien avec lui et je ne désirais pas me prendre les pieds dans ses grands souliers, le matin, à peine réveillée.

L’arrivée e Shane aujourd’hui me laissait perplexe. Je ne l’attendais pas avant quelques semaines mais mon ami, tout bien intentionné pouvait-il être, n’avait pas su garder son job et c’est ce qui l’avait conduit à faire le voyage, quasi en même temps que moi puisqu’il était arrivé peu de temps après moi. Mes propres valises étaient encore dans le corridors de l’appartement ! Tout ce que j’avais eu le temps de faire était de donner ses cadeaux à Ward et prendre une douche.

Shane s’était installé dans un fauteuil et disait ne pas savoir combien de temps il allait rester. C’était difficile à répondre, nous ne savions pas si MTI accepterait de le signer bien que j’étais convaincue que oui. Je le voulais pour travailler avec moi, il avait beaucoup de talent, la chanson que je chantais avec lui en était la preuve. Ward demanda sur un ton qui nous laissait bien entendre à quel point la situation l’irritait, ce qui allait se passer si Shane se faisait virer de MTI.

- Je n’en sais rien, je ne me suis pas posé la question mais Shane et moi avions un peu parlé de former un duo alors en fait, ils devront faire avec nous deux ou pas du tout.

Ça me paraissait logique.

- Mouais moi ça me branche ce duo à deux !

Il me fit rire en disant cela. Un duo, ça ne se faisait pas à trois !

J’allais m’habiller, puisque Ward me l’ordonnais, pendant que Shane lui, proposait de faire une viré en ville question de faire la fête et connaissance des lieux. Ce n’était pas une si mauvaise idée mais Ward décréta qu’il n’avait qu’à y aller seul car j’étais épuisée de mon voyage puis il donna ses premières règles de vie à Shane. Ce dernier fit mine de prendre des notes.

- Hein ? Oh

J’avais enfiler mon t-shirt à l’envers mais qu’importe, au moins je n’étais plus vêtue que d’un peignoir. Je tirais un peu dessus en me disant que ce n’était pas grave. Je ne retournerais pas à la salle de bain uniquement pour le remettre dans le bon sens.

- Oui, chef ! Bien chef ! C’est noté chef ! Je suis un pro du ménage, t’en fais pas, relaxe ! Tout ira bien ! T’as l’air tendu, j’ai provoqué une interruption de coït ou quoi ?

- Non… Non… C’est juste la surprise mais ça va. Si tu ne te laisse pas trainer comme on te le demande. Ça ira et demain nous irons chez MTI pour savoir si nous pouvons avoir un rendez-vous avec Monsieur Evans et nous serons vite fixés.

Il fallait envisager le positif pour que le positif se produise !

Vous savez ce que je déteste chez elle ? Sa capacité à vouloir faire plaisir à tout le monde. Ainsi, elle ne considérait pas son acte comme de la vengeance mais comme un acte altruiste envers Shane à qui elle devait, en partie, cette démo vu que c’est lui qui avait fait la composition. Se ficherait-elle de moi. Je penchai la tête légèrement sur le côté.

-Le fait de ne pas m’avoir prévenu ou en avoir discuté avec moi est un acte de basse vengeance.

Car elle avait bien mis en avant le fait qu’elle n’avait pas aimé que je propose la démo à MTI dans son dos. Si ce n’est pas de la vengeance, je ne sais pas ce que c’est. Surtout que, si Nell s’était, au début de notre relation, sentie gênée de venir squatter chez moi elle n’avait, visiblement, plus de vergogne à ce niveau étant donné qu’elle se mettait à inviter tous ces amis artistes SDF…

Je n’arrivais pas à vraiment cacher ma frustration et ma désapprobation vis-à-vis de la situation. Et il ne fallait pas être un tueur en série asocial pour ne pas aimer ça. Qui aurait accepté que sa petite amie ramène un type à la maison sans rien demander avec pour qu’il vienne squatter ? A mon avis, pas beaucoup !

Surtout que Shane est un parasite… Suffisait de voir comment il prenait ses aises dans mon fauteuil. Quant à savoir combien de temps il comptait rester ici, il n’en savait rien, bien entendu. Croyez-moi que s’il est trop dérangeant, j’allais me faire un plaisir de le foutre dehors.

Ou mieux, le supprimer. Ainsi, Nell ne lui devra plus rien. Plus de Shane. Plus de parasite.

Et d’entendre Nell faire comme si elle lui devait la lune, ça me donnait presque envie de vomir. Ne pouvait-elle pas se dire que, sans elle, Shane n’aurait pas pu être repérer non plus ? Non. C’était non-Nell que de penser ainsi. Et de l’entendre dire qu’elle ne saurait pas vraiment ce qu’elle ferait si jamais il venait à se faire virer me fit rouler des yeux. Car Nell se voyait bien former un duo avec Shane. Elle ne pouvait réellement rien faire toute seule !

-Et ben, espérons qu’il ne se fasse pas virer, alors… Parce que tu risquerais bien de renoncer à une carrière rien que pour ça.

Il fallait déjà que Shane se fasse engager… Espérons qu’Evans comprenne bien que Nell ne comptait pas continuer sans ce foutu parasite…

J’envoyai, ensuite, Nell s’habiller ce qu’elle fit. Et, pendant qu’elle était partie, j’avais dicté l’une ou l’autre règle que Shane devra respecter. Et il fit mine de prendre des notes. Je penchai légèrement la tête sur le côté me retenant sérieusement de lui dévisser la tête.

Nell finit par revenir avec son t-shirt mit à l’envers ce que je ne tardai pas à lui faire remarquer. Je finis par envoyer d’autres règles que Shane s’engagea à accepter. Ça remarque me fit à nouveau pencher légèrement la tête sur le côté. Heureusement que Nell répondit à ce moment-là car j’étais réellement sur le point de démonter Shane. Si de l’extérieur on pouvait voir que j’étais tendu, à l’intérieur, je bouillonnais carrément.

-Oui. Demain vous irez chez MTI. Et si Evans ne vous signe pas, tu pourras retourner à New York, Shane.

Je fixai Nell.

-Aide-le à s’installer. Moi, je vais prendre une douche.

Avant de tuer quelqu’un.

Ward ne démordait pas de son idée de vengeance bien que ça n’en était pas une. Je n’avais pas agis par vengeance mais par amitié envers Shane sans qui Ward n’aurait pas pu envoyer la démo, une démo qu’il le lui avait volé soit dit en passant, pour m’aider à obtenir un contrat avec la maison de disque de mon père !

- Je comptais t’en parler mais je  n’ai pas eu le temps.

Je ne pensais pas que Shane allait retontir chez nous quelques instants après mon propre retour puisqu’il devait en principe bosser quelques temps à New York avant de venir. Si j’avais été prévenue de son arrivée imminente, j’aurais pu avoir cette conversation avec mon petit ami et il ne m’accuserait pas à tort de vengeance.

C’était blessant !  On me prêtait des intentions que je n’avais pas eu et malgré mes explications, j’étais toujours accusée. Est-ce que Ward ne se prenait pas un petit peu pour Jordan, là, ou bien c’était dans la nature des hommes de toujours vouloir avoir le dernier mot même si c’était en écrasant et blessant la femme avec qui ils avaient cette discussion ?

Quoi qu’il en soit, Shane explique s’être fait viré de son boulot tout juste 1 heure après son embauche, un record sont il était fier mais qui m’avait mise dans l’eau chaude. Maintenant, il était là et je n’avais pas l’intention de lui montrer la porte, peu importait ce qu’en pensait Ward. Je devais à mon ami un minimum de courtoisie, après tout, il ne nous en tenait pas rigueur, à Ward et moi, pour l’histoire de sa démo. Au contraire, il était bien content même s’il aurait préféré le savoir avant qu’elle avait été envoyée.

Je n’avais pas besoin de sous-titres pour comprendre que Ward était irrité par la présence de Shane, par ma reconnaissance pour sa démo et par la possibilité que nous formions un duo, plutôt que de me voir faire carrière en solo. Pourtant, si mon petit ami me connaissait aussi bien qu’il le prétendait, il devrait savoir que je n’étais pas celle qui voulait briller en avant plan. Mes expériences avec comédie musicale en étaient la preuve. Je me démarquais en étant avec plusieurs personnes sur la scène. Je m’amusais parce que j’Tais entourés de gens avec qui j’adorais travailler. Je brillais parce que nous faisions une travail d’équipe. Puis jamais je n’avais tenté ma chance en solo.

Jamais.

- Je prends le risque, alors ! Je n’ai jamais dis vouloir une carrière, mais personne ne m’écoute quand je parle ! J’aime être sur scène avec des gens, comme pour Grease, c’est là que je me sens le mieux ou alors en aidant m on prochain en faisant du bénévolat. Pourquoi ça semble tant surprendre ? Est-ce que je peux au moins tenter ma chance de la façon dont j’en ai envie ?

J’allais m’habiller puisque ça gênait autant que je soit en peignoir puis je retournais au salon pour reprendre cette désagréable conversation au sujet de cette carrière que je n’avais jamais souhaité et qui me tombait dessus comme par hasard et que, maintenant que je l’envisageais, on semblait choqué que je puisse vouloir la vivre en duo plutôt qu’en solo.

Le ton sur lequel Ward annonça alors à Shane que s’il n’était pas signé par MTI, il devait s’en retourner à New York me revira les sens. Il ne pouvait n’en vouloir qu’à lui seul pour tout ce qui se passait car, au risque de me répéter, c’était lui qui avait envoyé la démo qui appartenait à Shane et à personne d’autre. Je ne l’avais qu’aidé en prêtant ma voix, le but étant de mettre en lumière sur son talent d’auteur et de compositeur. C’était donc franchement culotté de la part de Ward d’agir ainsi envers mon ami.

Je le regardais complètement choquée par son avertissement qui sonnait en tout point comme une menace. J’allais lui demander s’il était sérieux ou bien s’il avait l’intention de descendre de son piédestal avant longtemps mais il ajouta que je pouvais l’aider à s’installer et que lui, il allait prendre une douche.

- Je suis désolée pour son attitude. Je… Euh… Viens. Ta chambre est par-là et… Demain nous irons chez MTI et je dirai à Timmy Evans que je renonce à signer mais qu’il devrait sérieusement te prendre toi. À voir combien cette carrière que je n’ai jamais voulu désirer tient autant à cœur aux autres qu’à moi, il est grand temps que je fasse ce que moi j’ai envie de faire.

Shane me serra dans ses bras et m’embrassa sur le front. Je n’avais pas besoin de lui expliquer ce que je ressentais pour qu’il comprenne l’effet que ça me faisait.