L.A. est rempli de mystères… Parmi ces fameux mystères, il y a la question que tout le monde se pose, moi le premier : « Qui, donc, est le père de Ian V. Hunter ? ». Presque 15 ans que ce sale petit môme vit et personne, hormis ma chère sœur, ne savait qui était le père de cette anomalie de la nature… Si, à l’époque, je n’avais pas vu Vicky grossir comme un ballon, j’aurais pu croire que Ian était né dans un chou. Un chou rouge, tout pourri…

Mais la paternité de Ian n’était pas le seul secret que L.A. n’arrivait pas à percer. Dernièrement, le monde de la musique avait vu apparaitre un nouvel individu du nom de VOX. Désormais, tout le monde se demandait qui se cachait derrière ce nom qui avait fait passé le groupe BleedingHeart de groupe très mauvais à groupe mauvais. Une belle évolution pour ces trois punk pleurnichards, je dois bien l’avouer.

Et, alors que je me pavanais sur le yacht de Ricci, je cherchais à être le premier à savoir qui est le mystérieux chanteur de BleedingHeart.

-Dis-le moi et je te donnerais tout ce que tu veux en échange, ma belle.

Faith Maldonado faisait partie de la petite fête. Ricci avait ouvert son yacht aujourd’hui pour fêté le retour de, son artiste, Livia, aux Etats-Unis. La jeune artiste avait été portée disparue pendant quelques jours à l’instar de Stone. Une histoire qui avait tenu en haleine le monde entier. Finalement, le résultat avait été heureux quand les deux stars avaient été retrouvées amochées mais vivantes. Et Ricci avait, visiblement, besoin de faire la fête pour décompresser même si Livia n’était pas de la partie. Oh, ne vous méprenez pas ! Quand je suis entré ici, Stone était toujours sur liste noire. Comme quoi, Ricci ne perdait quand même pas le Nord.

-Il n’en est pas question… Je tiendrais ma promesse. Je ne te dirais pas qui est VOX.

Faith semblait agacée. Ça faisait la vingtième fois que je lui demandais et ça faisait, aussi, vingt fois qu’elle m’envoyait me faire voir.

-Vous avez volé un artiste à MTI et c’est pour ça que tu ne veux rien dire ? C’est ça Faith ? C’est pour ne pas avoir des soucis légaux ? Parce que si c’est le cas, tu peux me le dire, hein. Je m’y connais en soucis légaux.

Elle roula des yeux. Décidément, tous les gens que je rencontrais avec ce fameux tiques.

-Si tu acceptes de me le dire, je pourrais te faire vivre une belle nuit dans une des cabines de ce yacht.

Ça, par contre, ça la fit pouffer de rire. Je levai un sourcil. Ce n’est pas drôle, chérie, c’est une vrai proposition. Je doute que tu en reçoive tous les jours vu que tu as l’art de te promener avec des cheveux roses ou vert… Mais je veux bien mordre sur ma chique pour être le premier à savoir qui est VOX.

-Désolé, Victor… Mais…

Elle me regarda de haut en bas.

-Tu n’es pas mon style du tout. Tu n’as pas tout ce qu’il faut, là où il faut si tu vois ce que je veux dire.

Je pris le temps de comprendre. Et quand je compris ses insinuations à la cas, je grimaçai. C’est sérieux ça ? Ce monde part vraiment en couille. Moi qui était, pourtant, prêt à faire fit de son nom de famille voilà qu’elle en rajouta une couche.

-Ce monde va à vau-l’eau… Plus rien n’est à sa place !

Faith me défia du regard. Elle ne semblait pas avoir apprécié ma remarque. Loin de moi l’idée de partager mon air plus longtemps avant elle. Je lui lançai alors :

-Je finirais par découvrir qui est VOX.

Et je vendrais l’info à Sørensen pour la cause !

Je finis par quitter Faith pour rejoindre le pont avant. Et qui je vis ? Jimmy Reed. J’esquissai un petit sourire. Sa présence n’était pas étonnante. Je le voyais mal raté une fête chez son meilleur ami. Je m’approchai de lui après avoir pris un verre de champagne.

-Jimmy Reed ! Le grand manitou de Los Angeles ! Belle soirée, tu ne trouves pas ?

J’imagine qu’il devait être soulagé du retour de sa fille. C’est, d’ailleurs, de ça que je parlai en premier.

-Comment va Livia ? Entre ce voyage en Afrique et son divorce, elle doit être au bout du rouleau, la pauvre.

J’ignorais que Jimmy ne savait pas que Livia allait divorcé. Moi, je l’avais appris à travers Julian. Etant donné que Jimmy est le père de Livia, je me disais qu’il était au courant aussi.

J’étais soulagé et la petite fête sur le yacht de Daniele en l’honneur du retour au bercail de Livia me faisait vraiment du bien. Elle n’était pas là et c’était tant mieux. Parce que si elle avait été là, j’aurais dû passer à côté de cette fête.

Je n’étais pas un imbécile, je savais quand on ne voulait pas me voir et c’était le cas de Livia, pour une raison que j’ignorais. Mais je respectais son choix. Je l’avais respecté, déjà, en ne me pointant pas à l’aéroport à son retour, laissant Maritza y aller seule. Parce que je ne voulais pas que ma présence gêne ou jette un froid sur les retrouvailles entre les deux femmes.

Tant que je savais Olivia en sécurité, ça me suffisait. Je ne ressentais pas le besoin de la voir.

Maritza, elle, faisait souvent les allers-retours entre le nouveau domaine, énorme, acquis par Olivia. Un caprice qui me faisait grimacer rien que d’y penser. Olivia me semblait avoir les yeux beaucoup plus gros que le ventre.

Et être de plus en plus capricieuse.

Tout ce que je me disais, pour me rassurer un peu, c’était qu’elle avait fait cet achat en commun avec son mari, Julian. A eux deux… Oui… Peut-être que ça pouvait le faire. Mais seule ? Avec une carrière qu’elle menait du bout des lèvres sans savoir si elle voulait être médecin, actrice, chanteuse, femme d’affaire ou travailleuse humanitaire ? Non.

J’étais tranquille, sur le pont avant, Maritza discutant ci et là avec les gens qui venaient lui témoigner leur sympathie et leur soulagement pour le retour de Livia.

Je buvais mon verre, fumais ma cigarette et regardais le soleil se coucher en écoutant la musique diffusée sur le yacht. En réalité, je profitais de ce sentiment de soulagement qui me faisait un peu planer.

Je fus bientôt interpellé par une voix que je connaissais bien : Victor Hunter, mon avocat. Je souris à l’appellation qu’il me donna. J’adorais ça. J’adorais qu’on me reconnaisse pour ce que j’étais : le maître de L.A.

Je laissai Victor me rejoindre et s’appuyer au bastingage.

-Très belle soirée. Regarde-moi ce soleil couchant.

Il me demanda comment allait Livia. J’allais lui répondre qu’elle se reposait, bien à l’abri à Castaic Lake et que s’il voulait les détails, Maritza était là pour répondre à ses questions, puisque, contrairement à moi, elle avait vu Olivia en personne.

Mais il ne s’arrêta pas avant d’avoir parlé d’un divorce…

Je me tournai brusquement vers Victor…

-Son divorce ? Quel divorce ? Qui a demandé le divorce ? Julian ?

Mais intérieurement, instinctivement, je savais… Je savais…

Ce n’était encore qu’un nouveau caprice.

Quoi de mieux pour mettre Jimmy Reed de bonne humeur que de le déclaré « grand manitou de L.A. » ? Avec les années, j’avais appris à savoir comment prendre Jimmy Reed. Je savais qu’il aimait se sentir puissant. C’était le cas de bien des gens dans la jet-set mais la plupart d’entre eux n’avaient qu’une illusion de puissance. Reed, lui, l’était réellement. De là même à pouvoir vous débarrasser des indésirables comme il l’avait fait, récemment, avec Pastore. D’ailleurs, je devais avouer être curieux de savoir comment il avait procédé.

Bref, les gens malin de la jet-set, en général, évitent de se mettre Reed à dos mais, le mieux encore, est d’être dans ses petits papiers comme c’était mon cas. C’est pour ça que, de temps en temps, j’aimais entretenir son humeur bien que je supposais que, pour l’instant, il devait simplement être soulagé que sa fille soit en vie et qu’elle n’a pas été bouffée par un léopard au milieu de la jungle.

Le magnat de BSC affirma que c’était une belle soirée. Il admirait le soleil couchant qu’on pouvait voir à l’horizon. Mouais… C’est très beau tout ça. Mais ça n’a rien de bien transcendant. Le soleil se couche tous les soirs !

-C’est magnifique, effectivement !

Quoi que, je devais peut-être m’extasier devant ce spectacle, finalement. A près tout, je venais encore d’avoir la triste démonstration que ce monde ne va nulle part. D’ailleurs, en pensant, à nouveau, à Faith, je me demandais si Jimmy Reed savait que le groupe BleedingHeart avait une femme dans ses rangs… Si c’était le cas, c’est que, lui aussi, n’est plus fidèle à ses principes… Et si ce n’est pas le cas, ça veut dire qu’il ne vérifie pas qui signe dans sa maison de disques. Est-ce que je dois m’inquiéter ? Peut-être mais nous verrons ça plus tard, hein !

J’avais demandé des nouvelles de Livia parlant de l’Afrique mais, aussi, de son récent divorce. Sauf que je ne m’attendis aucunement à ce que cette histoire de divorce soit une révélation pour Jimmy Reed !

Attendez…

Je sais un truc que Jimmy Reed ne sait pas ?

Laissez-moi profiter un peu du moment, s’il vous plait !

Il m’avait bombardé de question. Waw ! L’ambiance devait être au beau fixe chez les Reed pour que Jimmy ignore que sa fille était sur le point de divorcé d’une grosse fortune. Je ne disais pas que Livia était sans de sou mais elle dispose d’une moins grosse fortune que Julian Hughes. J’aurais été à sa place, je n’aurais pas divorcé. J’aurais laissé le gamin faire sa marque de voiture en allant allègrement voir ailleurs. Ce que je faisais avec Carrie, en somme. Ce que Livia avait fait avec Julian… Sauf qu’elle lui avait dit. C’est en tout cas ce que Julian avait dit à Don qui l’avait dit à Carrie qui me l’avait dit. Il faut dire qu’il avait certainement trouvé quelque chose de réconfortant à se placer comme la victime de l’histoire. Carrie, elle, préférait être aveugle que de passer pour une victime.

Les Hughes sont vraiment tous les mêmes. De riches cocus !

Je pris, alors, un air étonné devant tant d’ignorance de la part du grand manitou de L.A.

-Tu l’ignorais ? Ça fait presque un mois que je le sais !

Je l’avais su avant même que Livia ne disparaisse en Afrique. Il faut dire que dès que Julian l’avait dit à Don, Don n’avait pas tardé à lâcher la mèche à Carrie ! Il nous avait dit de ne pas ébruiter l’affaire mais… Ok, depuis que je le sais il y a au moins Hugh Crusher qui l’a su mais je doutais qu’il allait vendre la mèche, trop gentil qu’il était. Oh et Jimmy Reed, aussi, mais je pensais qu’il le savait déjà vu qu’il est le géniteur de Livia.

-Livia a demandé le divorce. Enfin…

Je fis la moue.

-Elle a déclaré à Julian qu’elle ne l’aimait plus comme avant. Tu vois le genre ?

J’imaginais une voix de jeune femme en exagérant un peu la caricature :

-Julian, je t’aime comme un ami et non plus comme un mari.

Je repris ma voix normale.

-Un truc du genre. Mais moi, je pense simplement qu’elle préfère largement s’envoyer en l’air avec Stone qu’avec Julian. Parce qu’elle a avoué à Julian qu’elle l’avait trompé avec Stone. Ce qui est un peu stupide si on voit les choses du point de vue de l’argent. Parce qu’il n’y a pas d’autres angles, n’est-ce pas, quand on parle de mariage ?

J’haussai des épaules. Livia + Stone, ça pensait moins en millions de dollars que Livia + Julian. Mais j’imaginais que Livia faisait partie des gens qui ne courent pas après l’argent. Enfin… Sauf quand ils finissent par ne plus en avoir, quoi.

-Comment ça se fait que tu n’en savais rien ? Elle t’a caché ça ? A quoi bon ? Bientôt tout L.A. le saura… Il y a de l’eau dans le gaz entre toi et Livia ?

La curiosité est un vilain défaut, Victor. C’est d’ailleurs certainement pour ça que tu l’es, curieux.

Victor venait d’arriver à ma hauteur, alors que j’admirais le soleil couchant en buvant et en fumant tranquillement, profitant de la sensation de soulagement.

Mais mon avocat ne me laissa pas profiter de ce répit bien longtemps. L’air de rien, comme faisant partie de la conversation, il me balança une information que je n’avais pas : Livia allait divorcer de Julian.

Mon regard, si détendu quelques secondes plus tôt, devint glacial et les jointures de ma main serrée sur mon verre devinrent blanches. Mon premier réflexe fut de me tourner vers Maritza qui discutait avec Willow Ford un peu plus loin… Est-ce qu’elle savait ? Est-ce qu’elle m’avait caché cette information ? Ou est-ce que tout comme moi, elle l’ignorait ?

Aucune des deux options ne me plaisait vraiment. Car si Maritza savait, elle avait, quelque part, trahi ma confiance et si elle ne savait pas, c’était qu’Olivia n’avait pas le respect qu’elle était censée avoir pour sa mère. Qu’elle me déteste moi était une chose, j’avais l’habitude d’être haï. Mais Maritza ne méritait pas ça.

Et Victor d’ajouter que ça faisait un mois qu’il était au courant. Je me retournai vers le soleil couchant, essayant de ne pas grommeler malgré ma mâchoire serrée.

Je me demandais qui avait demandé le divorce et il s’avéra que c’était Olivia. Victor en fit une petite imitation qui me fit vraiment penser à Livia, même si c’était sarcastique. Une petite voix capricieuse… Celle d’une grande rêveuse trop naïve pour ce monde. Elle n’aurait pas été ma fille, je l’aurais achevée depuis longtemps en la détruisant.

Au lieu de ça, je l’avais protégée. Et voilà toute la gratitude que j’en avais.

-Oui. Je vois le genre.

Seulement, Victor n’en avait pas fini. J’appris qu’Olivia avait couché avec Stone ! Je déposai mon verre sur le rebord du bastingage pour ne pas qu’il m’éclate dans la main tellement je le serrais.

Je l’avais déjà dit, sans réellement le penser, mais maintenant, Olivia ne me laissait plus le choix. Je soupirai.

-Je l’ai déjà dit et je le redis. Je croyais avoir engendré une jeune femme intelligente. Tu me vois extrêmement déçu de sa décision.

Car comme le disait Victor, Olivia allait perdre gros. Pas seulement au niveau argent, mais aussi au niveau de sa place dans la société en générale, ce qui dépassait de loin tous les plans éventuels que j’avais eu à propos de l’héritage de Don Hughes. Je crachai entre mes dents.

-Elle ne vaut pas mieux que les autres femmes.

Et il y avait aussi autre chose qui me dérangeait.

-Olivia n’est qu’une petite capricieuse. Son mariage avec Julian à 16 ans était un caprice. Ce divorce est un autre caprice. L’Afrique était un caprice. Stone est un caprice. Ses grandes idées dissipées sont autant d’autres caprices. Elle ne sait pas ce qu’elle veut.

Je fis la moue.

-Mais ce qui me dégoûte vraiment, c’est que le mariage est un serment, une parole donnée. Et elle n’a même pas été foutue de la tenir, cette parole.

Les vœux ne disaient-ils pas « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » ? Pour moi, une fois qu’on se mariait, c’était à vie, peu importe comment on vivait ce mariage… Si c’était un mariage semblable à celui, en demi-teinte, que je vivais avec Maritza, un mariage « libertin » comme celui de Victor ou un mariage heureux et peuplé d’enfants comme celui d’Alonso.

Victor se demandait comme je pouvais ne pas être au courant. Je haussai les épaules.

-Comme beaucoup de gens qui ne voient pas ce que je fais pour eux, cette petite trainée ingrate m’en veut, d’après Maritza, pour lui avoir dit ce qui s’avère être la vérité. Je ne l’ai pas vue depuis l’inauguration du yacht.

Je jetai mon mégot par-dessus bord où il se mit à flotter à la surface de l’eau et allumai une autre cigarette.

Est-ce que j’imaginais que de parler du divorce de Livia et Julian puisse provoqué tant de crispation dans le chef de Jimmy Reed ? Non. Non, parce que j’avais l’habitude que Reed ait déjà les informations que j’avais. Je devais avoué être surpris de savoir ça alors même que Reed était, pourtant, le père de Livia. Ça en disait long, cela dit, sur la relation entre Jimmy et sa fille.

Du coup, je jubilais un peu. Le savoir c’est le pouvoir comme on dit et damer le pion de Jimmy sur, probablement, son mantra le plus cher était grisant. Alors qu’il regardait l’horizon, je me délectais un peu de la contrariété qui se voyait comme le nez au milieu de la figure.

J’avais fait une parfaite imitation de la jeune blonde en expliquant ce que je savais, à Jimmy, sur le divorce de mon beau-frère. Car c’était comme ça que j’avais eu vent de la chose : uniquement parce que Julian Hughes est mon beau-frère et que, contrairement à Livia, il en avait parlé à son père. Les informations vont plutôt vite au sein de la famille Hughes pour mon plus grand bonheur. Ce n’était pas le cas chez les Reed.

Je n’avais pas caché, non plus, l’écart de conduite de Livia. Elle avait trompé Julian avec Stone. Ça non plus Julian n’avait pas omis de le dire. Certainement pour montrer qu’il était la victime de toute cette histoire. Cette information sembla profondément décevoir Reed qui déclara qu’il pensait avoir engendré une fille intelligente mais qu’il constatait avec dépit que ce n’était aucunement le cas. Je ricanai.

-Si elle avait été intelligente, elle n’aurait rien dit à Julian. Elle aurait pu continuer à voir Stone dans le dos de Hughes et continuer de jouir de l’argent de du statut du fils de Don.

C’est ce que j’aurais fait, moi, à sa place ! C’est ce que je fais, d’ailleurs, pour être tout à fait honnête. Avec une Hughes aussi. Donc… Mais Livia avait voulu jouer la carte de l’honnêteté. Elle faisait partie de ces gens qui ne courent pas après l’argent et le pouvoir, j’imagine… Ou alors, elle croit en avoir assez. Sauf que l’argent et le pouvoir, ça s’entretient !

Je pouvais voir que la colère de Reed ne faisait que grimper. Je l’avais rarement vu comme ça. Ça semblait le retourner toute cette histoire.

Il clama alors que Livia ne valait pas mieux que toutes les autres femmes ce qui me fit rigoler un peu. Il ajouta que sa fille n’était qu’une gamine capricieuse et fit la liste de tous ces caprices. C’est clair que se marier à 16 ans est une décision hasardeuse. Quant au fait que Livia ne sache pas ce qu’elle veut, ça ne m’étonnerait pas !

-A vouloir jouer sur tous les plans, elle va se prendre les pieds dans le tapis. Mais tout ça n’est pas étonnant, hein ! C’est qu’une gamine, ta fille. Un gamine a qui on a donné un contrat à 16 ans. Faut pas oublier qu’elle vient du fin fond du Mexique, Jimmy… Quand on donne trop d’argent trop vite à des gens issus des basses classes, ça part toujours en couille. Ils pensent pouvoir s’acheter le monde avec et ils font n’importe quoi ! Ils ne connaissent pas les règles du jeu.

Vous savez quoi ? Parfois j’exagère mais là, je pense totalement ce que je dis. On a pas inventer les classes sociales pour en changer.

Mais ce qui semblait totalement emmerder Jimmy c’était que Livia avait rompu ses veux. Je savais que Jimmy Reed, sur certains points, étaient de la vieille école. Ainsi, le divorce n’était pas forcément dans sa conception des choses. Je n’avais pas une vision si étriqué des choses. Si jamais, un jour, Carrie venait à être entièrement déshérité, elle l’aura, son divorce. Je ne me tape pas une vieille pour le plaisir, hein !

-Mon cher, Jimmy. La jeunesse voir le mariage comme un bien à consommé pas comme quelque chose de sérieux. Je me disais, justement, tantôt, que le monde allait à vau-l’eau… Bah il va autant à vau-l’eau pour toi que pour moi, on dirait bien.

Mais restait un mystère : pourquoi avais-je eu cette information avant Jimmy Reed ? La réponse était simple : parce qu’il y avait bel et bien de l’eau dans le gaz entre Livia et son père. Et ça, depuis la fête d’inauguration du yacht de Ricci.

-Tu sais… Tout ça me conforte dans mon idée de ne pas avoir d’enfants. Les enfants sont ingrats. Suffit de voir Ian pour se rendre compte de ça. On peut me qualifier de tous les qualificatifs négatifs, moi, je n’ai jamais été un foutu ingrat envers mes parents. Mais les gamins d’aujourd’hui, c’est différent.

Je ricanai.

-Elle coupe les ponts avec toi… Elle divorce de Julian… Elle n’a pas peur de finir totalement isolée ? Ah mais non ! Elle a Stone ! Finalement, tout est rentré dans l’ordre. Les parvenus ensemble.

Je jetai un œil autour de nous remarquant que Faith était toujours là, un peu plus loin, à discuter avec ma « meilleure amie », Jessica Hill. Je fis la moue.

-Moi, je pense que tu devrais oublier ta fille. La laisser se prendre des murs sans aller à sa rescousse et te concentrer sur qui tu engages chez BSC… Parce que dernièrement du a engagé de bien drôles d’individus.

Et s’il suivait mon regard il pouvait voir que je parlais de cette foutue Maldonado.

J’étais profondément déçu… Et ma déception tendait à se traduire par une énorme crispation qui allait encore me laisser migraineux. Qu’était en train de faire Olivia ? De foutre sa vie en l’air ? De montrer au monde qu’elle était bien une gamine qui ne savait pas ce qu’elle voulait ? Une imbécile qui agissait à l’émotion et non à la réflexion ?

C’était bien de ça que ça avait l’air !

Victor, que je sentais jubiler (et il en avait bien le droit, ayant eu une information avant moi) à côté de moi, affirma que si Olivia avait été intelligente, elle aurait continué à coucher avec Stone en secret tout en gardant sa place privilégiée en tant qu’épouse de l’héritier Hughes.  

J’eus un petit rire à la fois nerveux et sarcastique.

-Je suis content de constater qu’il y en a qui suivent.

Victor, lui, connaissait les règles du jeu aussi bien que le code pénal. Olivia, elle, croyait savoir tout mieux que tout le monde.

Et elle avait tort !

Victor parla alors du fait qu’Olivia s’était retrouvée, à 16 ans, avec toutes les possibilités et toutes les portes ouvertes, grâce à moi. Elle avait fait fortune très vite. Grâce à moi. Victor disait que c’était mauvais d’abreuver les gens des basses classes d’argent… Le fait était que je n’avais jamais considéré Olivia comme telle… Dès que je l’avais vue (enfin, une fois ma première surprise passée) dans le bureau de Daniele… J’avais… Je ne savais pas… Peut-être à l’époque m’étais-je laissé moi aussi guider par mes émotions au lieu de réfléchir.

Victor avait donc en partie raison.

-J’ai mis beaucoup trop d’espoirs dans cette gamine.

C’était pour la raison que venait d’exposer Victor que je gardais Alonso et mes Los Diablos à flot, mais sans leur donner assez d’argent que pour avoir de grandes ambitions. J’aurais dû faire pareil avec Olivia…

Non… Finalement, j’aurais dû rester sur ma ligne de conduite et ne jamais donner d’opportunité à une fille que, finalement, je ne connaissais pas. Ça m’aurait évité de tomber de haut aujourd’hui.

En dehors de tout ça, il y avait le fait que, pour moi, le serment du mariage était sacré. Je ne m’étais marié avec Maritza que parce que j’étais sûr et certain de vouloir passer le reste de ma vie avec elle. Avant ça, j’avais batifolé partout, mais ne m’étais jamais engagé… Me mariant, de fait, tard, contrairement à Livia qui avait fait ça, encore une fois, sans réfléchir.

Victor me déclara alors que le mariage était, pour la jeunesse, rien de plus qu’un bien à consommer. Tout ça pour constater que le monde allait à vau-l’eau. Je grimaçai.

-Je ne te le fait pas dire.

Je repris mon verre sur le bastingage et le vidait d’un trait. Victor, lui, disait que les enfants, qu’il n’aurait jamais, étaient ingrats. Je soupirai.

-Mais il faut bien que les lignées des puissants continuent. Que les biens, l’argent et le patrimoine ne se retrouve pas n’importe où… J’ai encore mon fils dont, crois-moi, je vais veiller de près à l’éducation. Lui connaîtra les règles du jeu avant de savoir lire. Et il aura de vraies valeurs.

Celle de la parole tenue, de l’engagement, de la fidélité à certaines choses, certains concepts… Le mariage en était un exemple. Le lien que j’entretenais avec les Los Diablos en était un autre.

Victor ricanait, demandant si Olivia n’allait pas s’isoler.

-Je me demande si ce n’est pas ce qu’elle cherche. Elle s’est offert un grand domaine en dehors de la ville. S’il ne lui reste que Stone, je lui souhaite bien du bonheur…

Elle découvrirait bien vite que ce n’était qu’une barrique de vodka ambulante… A moins qu’elle ne soit pas assez intelligente pour ça non plus.

Victor, tout en attirant, du regard, mon attention sur autre chose que l’horizon, me dit d’oublier ma fille, de ne plus la protéger. Ce fut à moi de ricaner alors que mon regard se posait sur Faith Maldonado, la batteuse de BleedingHeart. Ok, j’avais compris le message. Victor se demandait ce qu’elle faisait dans la famille BSC alors qu’elle était une femme.

-J’ai discuté avec Faith. Ce n’est pas une vraie femme… Elle ne sera un danger pour personne… Hormis peut-être pour les autres femmes, ce dont je me fous complètement. Puis Anson, Keller et Perry sont là pour l’encadrer.

Puis, mon regard revint sur Victor.

-Olivia veut attirer l’attention ? Très bien. Elle va en avoir. Vends l’information à Sørensen et garde l’argent pour toi. Ce sera ta récompense pour m’avoir mis au courant.

C’était dingue comme une simple information pouvait changer l’humeur de quelqu’un. Je venais de faire passer Jimmy Reed d’un état paisible à un agacement certain. Il en voulait à sa fille pour ses choix hasardeux en ce qui concernait son mariage. Livia avait préféré tout balancer à Julian concernant son adultère et le quitter plutôt que de s’amuser avec Stone tout en continuant à jouer les épouses en vue d’un héritage plus qu’avantageux. Ne vous méprenez pas hein ! Au fond, je suis plutôt content que Livia se soit retirée toute seule de l’équation. Moins il y a de gens entre l’héritage de Don et moi, mieux je me porte ! Et à ce niveau-là, au sein de la famille Hughes, j’étais, effectivement, le seul qui suivait comme le disait si bien Reed.

Reed trouvait sa fille bien trop capricieuse et, surtout, dispersée vis-à-vis de ses choix de vie. Moi, je pensais bien qu’une fille des basses classes qui, d’un seul coup, venait, à 16 ans à gagner plein d’argent, ça n’amener pas ladite fille à faire de bons choix. Les parvenus ont l’art de disjoncter et de se croire tout puissant quand ils reçoivent une certaine somme d’argent. Pour moi, il y avait les gens fait pour gagner plein d’argent et d’autres qui doivent absolument rester en bas de l’échelle. C’est une des lois de la nature.

Reed, lui, pensait bien avoir mis bien trop d’espoir en sa fille. Je ricanai.

-Les gênes ne font pas tout, Jimmy…

Quoi que… Faut pas oublier que Livia a des gênes latino. Ceci expliquait, sans doute, cela. Je ne comprends, d’ailleurs, toujours pas ce qui avait pris à Reed de s’éprendre d’une femme venue tout droit de Tijuana… J’étais certain qu’elle l’avait envouté ou quelque chose comme ça… Ils font du vaudou, les latinos, non ?

Jimmy Reed était fâché et il n’arrivait absolument pas à cacher ce fait. Il mit en avant que ce qui le décevait le plus, dans cette histoire, était la rupture des liens sacrés du mariage. Pas l’adultère, hein. Non. Le divorce. C’est le divorce qui emmerdait Reed qui, clairement, était de la vieille école. Je conclus simplement que, comme je l’avais remarqué tout à l’heure, le monde allait à vau-l’eau. Reed confirma avant que je n’ajoute que tout ça me confortait dans mon idée de ne pas avoir d’enfants. C’est là que le magnat de BSC me parla de lignée et de son fils, qu’il comptait bien élevé afin que, lui, ne le déçoive jamais.

-Sincèrement ? Je me fiche de ma lignée. Ce qu’il se passera après ma mort n’a aucune valeur pour moi. Ce qui compte c’est moi et l’instant présent. Alors autant que je puisse profiter de la vie sans avoir une gamin pleurnichard dans mes pattes. Puis, en ce qui concerne les Hunter, ma sœur s’occupe bien de perpétuer la lignée. Ian n’aura qu’à faire de même. Enfin, si quelqu’un arrive à supporter ce gamin…

Parce qu’il était tout bonnement insupportable !

-En ce qui concerne ton fils, disons que, cette fois, tu as la chance de pouvoir lui apprendre des choses depuis le début. Ce n’était pas le cas de Livia. Elle n’a pas grandi dans ce monde et ça se voit.

Et elle tendait à s’isoler. Parce qu’à couper les ponts avec les Hughes et les Reed, c’était ce qu’elle faisait. Parce que vu la manière dont Livia a quitté Julian, je doutais qu’ils soient en très bon termes. Mais d’après Reed, ça serait ce qu’elle chercherait et il me parla du grand domaine acheté par sa fille.

-Elle va sérieusement jouer les recluses ? Les artistes… Qu’est-ce qu’ils peuvent parfois faire n’importe quoi ! Et je sais de quoi je parle, hein !

Je viens d’une famille d’artistes… Parfois, ils font des choses bizarres comme jouer les stylites afin de retrouver l’inspiration. Ma tante est déjà aller se réfugier dans une cabane au fin fond du Montana rien que parce qu’elle n’était plus satisfaite de ses peintures… Des cinglés, ces artistes, moi, je vous dis !

Bon ! Livia était une déception pour Reed alors le mieux était qu’il l’oublie, non ? Au pire, elle retrouvera, peut-être, la raison. Moi, c’est sur Faith que mon regard se tourna pour bien faire comprendre à Reed qu’il avait bien d’autres problèmes que ça au sein même de sa propre maison de disques. Sauf que Reed ne s’en faisait pas pour Faith car, d’après lui, ce n’était pas une vraie femme. Vous savez quoi ? Je suis rassuré. Parce que ça veut dire que Reed a bien remarqué qu’il avait engagé une « femme ». Si ça lui était passé sous le nez, je me serais inquiété. Je ricanai.

-Je te l’accorde. Ce n’en est pas une du tout ! Je viens de le remarqué aujourd’hui même. Putain, d’habitude, je remarque ce genre de chose justement pour éviter de me faire avoir.

Bref, pour lui, Faith n’était pas un problème.

Jimmy en revint à Livia et j’affichai un large sourire quand il affirma que je pouvais vendre l’information sur le divorce à L.A.People. Je doutais que ça plaise à Julian que je balance ça à la presse mais qu’importe ! Je me fiche de ses états d’âme et puis, il n’aura aucune idée que la fuite vient de moi. Il s’était épanché sur tant d’épaule, dont celle de certains de ses amis, qu’il ne pourra jamais être sûr de qui a trahi sa confiance.

-Oh, c’est trop d’honneur ! Je ferais ça dès que je rentre chez moi !

Je ne crache jamais sur de l’argent facile ! Surtout si c’est avec la bénédiction du grand manitou de Los Angeles.

-Et toi, tu n’as pas des informations pour moi ? Genre : qui est VOX ? Tu dois quand même savoir qui c’est non ? Le single est signé BSC, après tout… Il doit avoir un contrat pour ses royalties, non ?

Je voulais percer ce mystère ! J’aimais savoir les choses avant les autres.

Les gènes ne font pas tout, Jimmy.

Victor avait apparemment raison : si Olivia me ressemblait, cela se limitait à ses magnifiques cheveux couleur blé et ses yeux bleus. Pourtant, à plusieurs reprises, j’avais cru entrapercevoir son potentiel. Je m’étais dit qu’elle pourrait changer un peu la vision que j’avais des femmes et, en quelque sorte, me rendre meilleur.

Je me trompais.

Elle avait fait pire… Et je pensais bien, désormais, avoir atteint le point de non-retour.

Victor, pour se préserver de vivre ce que je vivais, ne souhaitait pas d’enfant. C’était son choix. Mais moi, j’avais été élevé dans l’idée que les Reed devaient se perpétuer à travers les ans… Ma mère m’avait souvent pressé de me marier, mais comme elle m’avait aussi inculqué le caractère sacré des liens du mariage, je n’avais pas voulu le faire avant d’être sûr de mon coup.

Avec Maritza, j’étais sûr. Avions-nous un mariage heureux ? Je me serais vachement voilé la face si j’imaginais que c’était le cas. Non… Ce n’était pas un mariage heureux. Mais c’était un mariage et je ne reviendrais pas sur mon « oui, je le veux ».

Victor, lui, voulait proiter de sa vie et se foutait de ce qu’il se passerait après sa mort.

-Je vois… Moi, je ne peux pas laisser mon patrimoine se perdre.

Et je voulais aussi être immortel, à travers J.R., et à travers ses enfants qui viendraient après.

Victor disait que J.R. au moins, je pourrais le formater comme je voulais, ce qui était vrai. Pas comme Livia qui avait été corrompue par Enrique. Je n’en voulais pas tant à l’homme, il avait cru bien faire avec ce qu’il avait, mais nous en étions là aujourd’hui à cause de l’éducation qu’il avait donnée à Olivia.

Je parlai à Victor du domaine de Cataic Lake que ma fille avait acquis récemment et où Maritza allait parfois la voir et lui apporter des plats préparés. Elle semblait vouloir jouer les ermites. D’un côté, je pouvais comprendre qu’elle ne veuille pas se montrer dans l’état où l’Afrique l’avait laissée. Maritza m’avait dit que ce n’était pas très beau à voir et qu’elle en garderait les traces.

Mais je l’avais prévenue.

Victor, lui, trouvait que c’était n’importe quoi.

-Un caprice de plus, que veux-tu ?

Le monde ne tournait décidément pas rond, pour Victor et moi… Pour lui, la présence de Faith sur le yacht… Et au sein de BleedingHeart… en était la preuve. Mais je dissipai tout de suite ses inquiétudes. Faith n’était pas dangereuse. Je pouvais coexister avec les gens comme elle.

Victor réussit à me faire sourire avec son air un pu outré de s’être fait avoir par les préférences sexuelles de Faith.

Et pour en revenir à Olivia, je proposai… Non. J’ordonnai à Victor de vendre l’information concernant le divorce de ma fille et du jeune Hughes à L.A. People. Ce qu’il accepta, bien sûr, avec grand plaisir.

Il sembla alors vouloir une information en échange de celle qu’il venait de me donner. Il voulait savoir qui était VOX. Je me tournai vers mon avocat et posai ma main sur son épaule.

-Bien sûr que je sais qui est VOX. Mais te le dire reviendrait à trahir la confiance de quelqu’un que j’apprécie. Et je ne suis pas Olivia Cortez.

Sur ce, je le laissai sur le pont et m’éloignai, posant mon verre vide sur un plateau qui passait par là.