Jimmy devançait mon plan avec sa décision de me mettre dehors dès demain matin. Ainsi donc, et avec la complicité d’Isabel, je dû également devancer mes projets. Je confiais donc à mon amie et accessoirement Dame de compagnie, la mission de prévenir Samantha que le message que je lui avais laissé dans la boîte de boucle à cheveux de sa fille devenait encore plus urgent. Je devais partir cette nuit.

Pendant notre absence, Isabel s’était occupée de rassembler le nécessaire dont j’aurais besoin pour la suite. Rien que l’essentiel, le superflu demeurait en place, laissant paraitre que rien n’avait bougé. Il était essentiel que rien ne se voit et depuis le temps que je préparais mon évasion, j’étais certaine que c’était le cas. Tout ce qu’il me manquait, c’était le petit coup de pied au cul pour faire le grand saut et Jimmy venait de me l’offrir.

Je berçais longuement mon fils avant qu’Isabel ne le mette au lit. Je savais que je serais longtemps sans le revoir mais c’était la chose à faire. Je devais faire confiance en la vie et en ce plan que j’avais passé des journées à échafauder. De toute façon, il était trop tard pour revenir en arrière.  

Alors, quand la maison fut plongée dans le noir, que je fus certaine que je pouvais me lever sans me faire remarquer, j’enfilais un jeans et mes basquets et je sortie de ma chambre presque sur la pointe des pieds. Je passais devant la chambre de mon fils sans y entrer, je savais qu’elle était déjà vide. Telle une limace, je longeais les murs, je retenais mon souffle, j’étais à l’affût du moindre bruit. J’atteignis mon premier objectif, la porte arrière et, lorsque je sortis de la maison, je profitais d’une petite seconde, le temps de reprendre mon souffle et de respirer à plein poumons avant de me diriger au fond du jardin et de passer au travers la haies puis d’enjamber la clôture. Je n’étais pas une athlète, ce que je venais de faire tenait presque du miracle. Il fallait croire que l’espoir me permettais d’accomplir des choses que je n’aurais jamais osé faire avant.

J’étais maintenant hors de la propriété Reed. Je traversais la rue et me faufilais entre deux demeure aussi somptueuse que celle où j’avais vécue quelques temps, aspirant à un bonheur qui fut trop éphémère et trop cher payé. Puis à nouveau, une nouvelle rue se trouvait là devant moi et une voiture fit clignoter ses phares pour me signaler sa présence. J’accélérais le pas jusqu’à pouvoir ouvrir la portière et m’y engouffrer.

- Mon Dieu, Maritza ! Tu te rends compte de ce que tu me fais faire ?

- Je sais… Mais je ne peux avoir confiance en personne si ce n’est toi et Isabel.

- Bon… De toute façon, c’est fait alors… Allons-y. J’ai ce que tu m’as fait demander dans le sac de sport sur la baquette arrière.

- Merci !

Ce fut en silence que Samantha fit le trajet nous amenant à l’aéroport alors que moi, je m’affairais à placer correctement une perruque rousse et à me faire de fausses taches de rousseur sur le visage. Je regardais mon reflet dans le petit miroir de poche et, quand je fus satisfaite, je le rangeais dans le sac alors que Samantha garait sa voiture. Elle me serra dans ses bras et m’embrassa.

- Et J.R. ?

- En sécurité et déjà loin d'ici. Quand les choses se seront calmées, il viendra me rejoindre.

- Bonne chance mon amie ! Prends soin de toi !

- Je n’oublierai jamais ce que tu as fais pour moi.

J’embrassais sur sa joue mon amie puis je quittais sa voiture sans me retourner. Quelques instants plus tard, j’étais à bord d’un avion me conduisant à l’autre bout du monde.