-Qu’est-ce que je fous ici ?!

C’est ce que je chuchotai sur un ton ennuyé alors que, sur l’écran de cinéma, était projeté le pilote de la nouvelle série de Joe Maxwell. Une série de sciences fiction censée « révolutionner le genre ». Un pilote de pas moins d’une heure trente qui nous montre des combats spatiaux, les « bons humains » contre les « méchants aliens », des femmes qui ne servent strictement à rien dans le scénario hormis servir aux histoires de cœur ou de cul… En gros, beau d’artifice et peu de contenu tout comme ce qu’il y a dans le cerveau de Maxwell ! Et le pire, là-dedans, c’est que ce n’est que le foutu pilote !

C’est Maxwell et son équipe de production qui ont décidé de faire cette projection  en avant-première, devant un large panel de VIP. Au Chinese Theatre, ce soir, étaient rassemblés des réalisateurs, des acteurs, des journalistes spécialisés ou non, des célébrités venant de divers champ artistiques, des producteurs et autres hommes d’affaires.

-Tu es venu parce que Maxwell t’as dit que cette série allait battre les audiences de Spaceship et que ton ego t’as poussé à venir ici pour vérifié que c’était faux et pouvoir descendre Maxwell de vive voix.

C’est ce que chuchota, sans quitté l’écran des yeux, Enora Lee, mon ex-femme. Elle avait aussi été invitée et, comme les places étaient nominatives, on s’était retrouvé, malgré nous, l’un à côté de l’autre. Il était possible qu’on se soit mis l’un à côté de l’autre malgré tout mais le fait qu’on ait été obligé de le faire nous avait tous les deux agacés !

-Ça ne battra jamais Spaceship ! Cette série est vide de sens ! Ça ne plaira qu’aux abrutis ou qu’aux conservateurs !

Mince ! C’est un pléonasme !

Enora soupira. Parce que ça faisait la quatrième fois que je disais ça depuis le début de la projection.

Je grommelai me reconcentrant sur l’épisode qui se termina sur un cliffhanger dont je pouvais aisément savoir la suite. Il y avait autant d’imagination dans la tête de Maxwell que de neurones dans le cerveau de son personnage principal !

Le supplice terminé une grande partie de la salle applaudis alors que je roulai des yeux. Enora applaudit poliment mais je savais qu’elle n’avait pas aimé non plus. C’était de la merde ! C’est pour ça qu’elle n’a pas aimé !

On se leva alors qu’une petite fête allait avoir lieu au sein même du Chinese Theatre, juste à côté de la salle de cinéma. J’allais y aller ! Pour la simple et bonne raison que Maxwell devait entendre mon avis sur cette série minable !

Je pris un verre de champagne au vol alors qu’Enora fit de même. J’étais révolté que des producteurs puissent sortir une série aussi nulle !

-L’acteur principal est fade ! Les scènes d’actions m’ont donné mal au crâne ! Et tu as vu la fille ? Elle servait à quoi la fille ?

Enora haussa des épaules.

-Maxwell est le genre de réalisateur à viser un large public, Stevie, tu le sais… L’action, les histoires d’amour, le « bien » contre le « mal »… Ça fonctionne toujours. Sa série marchera, hélas… Je le sais. Tu le sais. Maintenant, calme-toi, d’accord ? Je ne suis pas venue pour t’entendre pester toute la soirée…

C’est tout ? Elle ne m’offre même pas sa critique ?

-C’était merdique !

Elle roula des yeux et, comme toute réponse, elle s’éloigna pour aller discuter avec quelqu’un d’autre de moins virulent, sûrement. Comment Maxwell avait pu pensé que ça pourrait rivaliser avec Spaceship ?

-C’était vraiment très bon !

C’est ce que j’entendis au loin dans une conversation entre deux VIP. Très bon ?! Je ne comprenais, décidément, jamais ce foutu monde.

Je bus mon verre de champagne d’un traite cherchant Maxwell des yeux pour lui fournir ma critique.

J’avais été invité, en tant que VIP, à la projection, au Chinese Grauman’s Theatre, de la toute nouvelle série de science-fiction de Joe Maxwell. J’y étais pour, en quelque sorte, représenter BSC, même si ça n’avait rien d’officiel. Mais le fait était que je ne voyais nulle part ni Daniele, ni Jimmy Reed. Alors ouais, j’étais probablement là pour BSC.

Mais ça ne me dérangeait pas ! Que du contraire ! Même si j’aurais aimé emmener Sydney avec moi, mais il fallait bien que quelqu’un reste avec Billie Blue et, ce soir, Jess avait prévu d’aller voir son amie Olivia Hughes (ou ex-Hughes… Avec ce qu’avait publié L.A.People, je ne savais pas trop) pour essayer de lui faire retrouver le sourire même en pleine convalescence. Je n’avais pas pu dire à ma fille d’annuler ça pour s’occuper de sa petite sœur.

J’étais donc seul à cette soirée de « gala »… D’abord, on s’était tous installés dans la salle de cinéma pour la projection qui dura 1h30…

Et heureusement que j’avais du pop-corn.

Parce que sincèrement, j’aimais beaucoup la science-fiction, sans pour autant être un vrai nerd… Mais ce que proposais Maxwell là n’avait rien de révolutionnaire… C’était pourtant ce qu’on nous avait promis. Quelque chose qui allait changer le monde de la science-fiction.

Or, je trouvais que la guerre humains contre aliens, c’était un peu bateau… Quant aux filles qui étaient juste là pour faire joli dans des tenues moulantes, c’était presque à la limite du vulgaire. Et s’il y avait bien quelque chose que je ne supportais pas, c’était la vulgarité.

Stephen Shran, lui, dans Spaceship avait trouvé le juste milieu entre mettre la beauté de ses actrices en valeur par de belles tenues, mais en leur donnant des rôles-clés importants ! Certaines étaient des officiers très hauts gradés de l’équipage de son vaisseau ! Elles avaient leur mot  à dire, tout comme n’importe quel autre personnage masculin ! La fédération de Spaceship avait instauré une égalité parfaite entre les sexes et entre les « races ».

Sans compter qu’il y avait aussi toutes les races qui n’avaient pas de sexes définis, ou les deux ! Ça, pour moi, c’était révolutionnaire !

Bon, après la projection, il fallait bien que j’aille me montrer un peu à la petite sauterie qui était organisée par Maxwell et son équipe de production.

Je m’autorisai un verre de champagne en me disant que ce serait le seul, qu’après, je me contenterais de coca, quand Trevor Price traina sa grosse panse jusqu’à moi.

-Salut, Sniper ! Content de te voir !

Je pris un air sceptique… Je ne connaissais pas plus que ça Trevor Price. Il était dans le cinéma et moi, dans la musique. Je connaissais les films qu’il faisait, certains étaient agréables à regarder, mais un peu comme la série de Maxwell, ça n’avait rien de révolutionnaire non plus.

-Ah… heu… Ben moi aussi.

Que vouliez-vous que je dise à ce type-là ? Si seulement Daniele était là, il saurait quoi dire, lui.

-C’était vraiment très bon !

Je fronçai les sourcils et pouffai un peu de rire, de plus en plus sceptique.

-Je trouve pas… Quand on m’a annoncé quelque chose de révolutionnaire, je ne pensais pas à ce genre de série.

Puis, je remarquai Stephen Shran, non loin. Lui, c’était quelqu’un à qui je voulais parler !

-Excuse-moi, Trevor… il faut que je…

Et je m’éclipsai sans achever ma phrase.

-Stephen !

Avant ma réclusion, j’avais souvent croisé Stephen à diverses fêtes et galas où, en générale, il était fourré avec Brent Hughes, le frère de Don de chez MTI.

Quand j’arrivai à hauteur du réalisateur, je lui tapai doucement sur l’épaule. Puis lui tendis la main.

-Sniper ! Tu te rappelles ? Ça fait des années qu’on ne s’est pas vus ! J’ai justement rencontré Hugh Crusher il n’y a pas longtemps !

Je souris. Hugh Crusher était l’un des acteurs fétiches de Shran.

-Qu’est-ce que tu as pensé du pilote ? Sincèrement ?

Enora avait cru bon de s’éloigner. Elle avait déjà franchi son seuil de tolérance. Parfois, je me demande comment on a pu rester marié pendant un an… Quoi qu’il en soit, ce mariage m’avait au moins permis de relancer Spaceship, ce qui n’était pas plus mal !

Je cherchais Maxwell des yeux afin de lui dire ses quatre vérités mais il y avait du monde ici et j’avais du mal à le trouver parmi tout ce parterre de VIP. Je ne comptais pas quitter cet endroit avant de lui avoir dit ce que je pensais de son infâme série.

Soudain, alors que je m’enfilai du champagne, j’entendis mon nom. Je plissai des yeux me tournant vers la source et c’est Sniper, le chanteur de The Army, qui s’amena vers moi. Ça faisait des années que je n’avais plus vu Evan. Il faut dire qu’il avait eu un sacré passage à vide… Mais, depuis quelques années, il avait repris du poil de la bête et j’avais vraiment beaucoup apprécié ses albums solo. C’était vraiment dans la veine de The Army, mon groupe favori.

Il tapa sur mon épaule et je lui serrai la main un petit sourire aux lèvres. Il prit le temps de se présenter comme si j’avais pu ne pas le reconnaitre. Sa tête est partout dans la ville à cause de cette pub pour le parfum… Difficile de ne pas le reconnaitre !

Je serrai sa main.

-Comment je ne peux ne pas me rappeler ? Tu n’as pas chômer ces derniers temps. Entre tes albums et cette pub pour parfum… Content de te revoir, Evan.

Il affirma avoir rencontré Hugh Crusher, il y a peu. Moi, je l’avais entendu à la radio, le petit Crusher ! Il m’avait fait de la pub gratuite même si j’avais bien entendu son appel du pieds. Je crevais d’envie de le ramener dans la série mais Enora n’était pas du même avis ! Elle disait qu’il fallait d’abord voir si Crusher n’avait pas perdu la main. Elle se fiche de moi ? L’acting c’est comme le vélo !

-Il allait bien le Crusher ?

Simple curiosité, hein ! Je voulais jauger mon ex-acteur fétiche.

Evan demanda ce que j’avais pensé du pilote… Et c’est catégorique que je répliquai :

-C’est de la merde !

Et j’étais sincère, hein ! C’était vraiment merdique ! Une histoire sans saveur, des acteurs fades et des scènes d’action partout !

-Maxwell m’a attiré ici en disant que sa nouvelle série allait battre les audiences de Spaceship. Et bien tu sais quoi ? Il n’a aucune chance ! Qui veut voir ça, hein ? Enora dit que ça plaira à plein de monde… Si c’est ce que les gens veulent voir alors je ferais bien d’arrêter ma carrière tout de suite.

J’étais révolté qu’on puisse se contenter d’un scénario aussi mal foutu et téléphoné.

-Tu en as pensé quoi, toi ?

Fuyant l’énorme Trevor Price, je partis à la poursuite de Stephen Shran ! Je connaissais le réalisateur pour avoir participé aux mêmes fêtes à l’âge d’or des événements chez Daniele. Et puis, comme beaucoup de gens, j’adorais Spaceship dont de nouveaux épisodes étaient sorti récemment avec toute une nouvelle génération d’acteurs.

Shran, lui, devait avoir son avis sur ce qu’on venait de voir. Et m’était avis que ça ne devait pas lui avoir plu… Galactic Wars, tel était le titre de la série « révolutionnaire » de Maxwell, était à des années-lumière de Spaceship et le message n’était pas du tout le même.

Il se tourna vers moi et me serra la main. Son autre main prise, comme moi, par une coupe de champagne.

Il avait un petit sourire, ce qui était à noter parce que contrairement à Brent Hughes, son ami de toujours, Shran n’avait pas le sourire facile. Il se rappelait de moi et avait même écouté mes albums ! Par contre, j’avais déjà complètement oublié que ma tête était affichée partout à Los Angeles grâce au parfum de Carrie. A force, je ne voyais même plus les affiches.

Je rigolai en me frottant l’arrière de la tête.

-Ah ouais, c’est vrai, la pub. Je l’ai faite surtout pour faire plaisir à Carrie Hughes. Je suis content de te revoir aussi !

Je lui avais déclaré avoir vu Hugh il y avait pas longtemps de ça. C’était aux studios, chez BSC. Et Shran me demanda comment allait le petit latino.

-Il avait l’air d’aller bien, mais de ne pas être vraiment à sa place dans le monde de la musique. Il est guitariste pour Victoria Hunter. Mais sincèrement, je crois que c’est de l’acting qu’il lui faut.

J’avais été ravi d’apprendre qu’il avait été repris pour le film de Christopher North. Cela voulait dire qu’il avait suivi mon conseil et s’était présenté au casting ! Pour rafler le rôle, en plus !

Je souris.

-Je crois qu’il a retrouvé sa voie, vu qu’il doit être en train de tourner avec North.

Puis, je lui demandai ce qu’il avait pensé de Galactic Wars et son avis fut sans appel !

C’était de la merde.

Je reconnaissais bien là le ton catégorique et râleur de Stephen à qui il ne fallait pas chercher des noises. Mais il ne s’arrêta pas là, expliquant plus avant pourquoi il était là. On lui avait dit que Galactic Wars allait battre les audiences de Spaceship ce qui me fit lever un sourcil.

-J’espère bien que non, sinon ça veut dire que le monde ne tourne plus rond !

Entre les idées bateau de Galactic Wars et celles, progressistes, de Spaceship, il n’y avait pas photo, pour moi. Il me demanda, d’ailleurs, ce que j’en avais pensé. Je pris une petite gorgée de champagne.

-Ce que j’en ai pensé ? J’ai deux filles, Stephen… Et j’espère que ce genre de série ne les fera pas penser qu’elles ne sont bonnes que pour être exhiber leurs formes devant des types lubriques qui ne veulent pas qu’elles ouvrent la bouche si ce n’est pour avoir un orgasme.

Je souris.

-Je préfère biberonner Bille Blue à grandes gorgées de Spaceship… Jess, elle, connait déjà… Elle aime bien même si elle ne l’avouera pas et me traite de nerd quand je regarde.

Alors que je cherchais Maxwell du regard, c’est Evan Kurtz qui finit par me trouver. L’ex-chanteur de The Army était, pour moi, l’un des musiciens les plus doué de sa génération. Il avait, d’ailleurs, toujours son petit succès. En tant que grand fan de The Army, j’étais plutôt content de le revoir bien que je savais que ça faisait un petit moment qu’il avait remit sa vie sur de bons rails.

Et, pour cause, je déclarai que je l’avais facilement reconnu. On voyait sa tête un peu partout à L.A. à cause de la pub pour parfum qu’il avait faite. Et, en dehors de toutes ces affiches, on pouvait aussi le voir à la télé poser pour ce même parfum. Celui de Carrie, la nièce de Brent. Ma réflexion fit rire Sniper qui déclara qu’il avait fait ça pour Carrie Hughes. Je ricanai.

-Elle a dû être aux anges.

Carrie a toujours secrètement été amoureuse de Sniper. C’était un fait ! Suffisait de voir comment elle parlait de l’ancien chanteur de The Army. Sauf que ce dernier, maintenant, file le parfait amour avec Sydney Grey, l’animatrice radio. C’est, tout du moins, ce qu’a rapporté L.A.People.

Il avait parlé de Hugh et je n’avais pu m’empêcher de demander des nouvelles de mon ancien acteur fétiche. Je l’avais entendu à la radio… Il m’avait fait un appel du pieds et j’étais tenté de le contacter. Sauf que je voulais d’autres échos que celui que j’avais entendu au travers de l’émission de Snyder.

D’après Sniper, Hugh allait bien mais il avait entamé une carrière de guitariste pour Victoria Hunter. Je secouai la tête. Quoi ? Mais c’est totalement n’importe quoi !

-Sans blague ! Bien sûr que c’est de l’acting qu’il lui faut ! Il est fait pour ça ! Pourquoi il joue de la guitare ? Qu’est-ce qu’il lui a pris ?

Hugh est un brave type, il est très gentil mais il a l’art de prendre un tas de mauvaises décisions. Mais Sniper nota que le latino avait retrouvé sa voie vu qu’il était en train de tourner avec North. J’hochai de la tête.

-Ouais… J’espère qu’il ne va pas retomber dans ses travers. Ce film avec North c’est comme un grand test. S’il merde, je ne pourrais rien faire pour lui…

Et je ne parlais pas de son jeu d’acteur. Je parlais de tout ce qu’il y a autour. J’avais été témoin de sa descente aux enfers. Sur mon film, Dark Side, il était limite ingérable tellement il était shooté… Ce qui fait que je ne l’ai pas recasté pour le second opus… Ça m’a toujours fait râlé qu’un tel talent se soit à ce point autodétruit. Surtout que j’avais bien compris, pour avoir passer pas mal de temps avec Hugh, ce qui l’avait fait à ce point déconner. J’avais tenté de l’aider mais il m’avait envoyer chier. Et quand on m’envoie chier, comptez pas sur moi pour revenir vous supplier, hein !

Sniper en vint alors à la merde que nous venions tous de voir. Et je ne lui cachai pas n’avoir absolument pas apprécié « l’œuvre » de Maxwell. Surtout qu’il m’avait attiré ici me piquant mon ego. Tout ça pour quoi ? Que je perde totalement mon temps ! Sniper déclara qu’il espérait bien que Galactic Wars n’allait pas dépasser les audiences de ma propre série de science-fiction.

-Aucune chance ! Enora pense que la série de Maxwell va fonctionner mais elle s’est déjà tomber bien des fois.

J’avais déjà un petit aperçu de ce qu’Evan pensait de la série de Maxwell mais je voulais sa critique entière. Et ce qui semblait lui avoir le plus déplu c’était la façon dont les femmes étaient traitées dans cette merde intergalactique. Il affirma avoir deux filles… Je n’ai pas d’enfants mais j’aurais une fille, je ne voudrais pas qu’elle pense qu’elle doive se déshabiller pour avoir une place dans ce foutu univers. Ni qu’elle pense que sa parole vaut moins que celle d’un type comme Maxwell. Les femmes valent autant que nous ! C’est ce que j’essaye de montrer dans Spaceship en démolissant toutes les barrières qui séparent les gens. Des barrières invisibles qui, dans le fait, son bien là !

-Les gens comme Maxwell ont peur que si une femme cause un peu trop, ils se rendent compte qu’il sont, en fait, de gros abrutis ! S’il a besoin d’une femme qui ne cause pas et qui n’est là que pour exhiber ses formes, il n’a qu’à prendre une poupée gonflable !

Evan affirma qu’il préférait monter sa propre série à sa fille la plus jeune alors que Jess, que j’avais déjà vue alors qu’elle était toute petite, regardait même si elle prétendait le contraire. Je rigolai à la réflexion d’Evan sur le fait que Jess le traitait de nerd.

-Au moins, tu les a bien éduqué ! Je n’ai plus vu Jess depuis qu’elle est toute petite… Elle doit avoir grandi.

Et nous, on allait pas en rajeunissant.

-Mais dis-moi… Maxwell t’a invité personnellement ? Il est fan de The Army ? Putain, si c’est le cas, je doute qu’il comprenne la moindre parole de tes chansons…

Shran m’avait vu sur les affiches du parfum de Carrie en ville. Je rigolai quand il affirma que la créatrice de parfum et fille de Don Hughes avait dû être aux anges. Mais j’étais trop naïf pour saisir le sous-entendu… Si Carrie avait des sentiments pour moi, il lui faudrait l’écrire en néons fluo sur son front pour me le faire comprendre… Parce que dans ma vie, la seule femme qui comptait vraiment, d’un point de vue amoureux, c’était Sydney.

-Elle avait l’air contente du résultat, c’est tout ce qui compte.

Je lui avais affirmé avoir rencontré Hugh Crusher et je ne fus pas étonné qu’il me demande des nouvelles de son acteur fétiche, l’attendrissant Five de Spaceship. Je lui racontai ce que faisait Hugh au moment de notre rencontre, soit de la guitare pour Victoria Hunter mais ne lui laissai pas d’illusion sur le talent de musicien de l’acteur.

Cela sembla choquer Stephen qui était bien d’accord avec moi sur le fait que Hugh avait besoin d’acting. Il se demandait comment son ancien protégé en était arrivé là.

-Je crois qu’il a voulu se remettre dans le bain sans trop être exposé au début. C’était de ça qu’il avait peur… De la jet-set, des médias et tout.

Je souris, regardant Shran dans les yeux.

-Mais quand je lui ai parlé de casting qu’organisait North, il n’a pas hésité longtemps, apparemment.

Stephen disait que ce film avec Christopher serait comme un grand test pour Hugh. Que si l’acteur retombait dans ses travers, il ne pourrait rien y faire. Je soupirai, résigné parce que Shran avait raison. C’était comme si moi, je retombais dans l’alcool, personne n’y pourrait rien faire. Mais personnellement, je savais que, non seulement j’étais plus vieux et donc légèrement plus mature, mais surtout, j’avais en Syd, Billie Blue et Jess une bonne raison de tenir.

-Je suis sûr que Hugh s’en sortira. Quand on sort d’une période comme ça, et je sais de quoi je parle, on ne voit, finalement que les opportunités manquées. Et ça pousse à saisir celle qui s’offrent présentement.

C’était ma façon de voir… Après, avais-je raison ou avais-je tort, je n’en savais rien. C’était probablement quelque chose qui était propre à chacun.

On en vint à parler de ce qu’on venait de voir, c’est-à-dire Galactic Wars… Shran disait qu’Enora, que je supposais être Enora Lee, la productrice de Spaceship (je le savais parce qu’elle était dans le générique de chaque épisode), pensais que Galactic Wars allait fonctionner.

-Avec un public plus conservateur, peut-être… ça attirera ceux qui ne sont pas d’accord avec les messages de paix, de tolérance et d’ouverture d’esprit véhiculés par Spaceship…

Parce qu’il y en avait ! Il y en avait qui se disaient choqués quand, par exemple, une des membres d’équipage de Spaceship avait un poste clé et était non seulement une femme, mais en plus, une femme de couleur. Et qu’en plus, elle avait une aventure avec le Capitaine qui, lui, était blanc ! C’était vraiment désolant de penser comme ça !

Shran me fit éclater de rire quand, bien d’accord avec moi, Il déclara que les gens comme Maxwell n’avaient qu’à se contenter de poupées gonflables. Stephen n’avait jamais eu sa langue en poche et je voyais qu’il n’avait pas changé !

Je souris quand Shran dit que j’éduquais bien mes filles et qu’il se rappelait de Jess.

-Tu étais là quand je l’ai fait faire l’introduction de Look Mommy ! sur la scène chez Ricci ? Mon ex-femme m’avait fait une de ses scènes parce que je l’avais emmenée à cette fête !

N’empêche que ça ne m’avait pas empêché de l’enregistrer ensuite, en studio, tellement ça avait bien donné sur scène, cette petite impro.

Je haussai les épaules quand Shran me demanda, en gros, comment ça se faisait que j’étais là.

-Je ne sais pas vraiment, en fait… Je pense que Maxwell voulait juste que sa projection attire l’attention. Et quoi de mieux que d’inviter des gens connus ? Il y a toi, moi, Trevor Price, Enora Lee, je crois que j’ai vu Jessica Hill…

Je rigolai.

-Et une flopée de journalistes pour couvrir l’événement… Toi, il t’as sûrement invité juste pour te faire fulminer, je parie.

Ce qui, connaissant Shran, était facile.

Ce n’était pas étonnant que Carrie Hughes soit contente du résultat de sa pub pour son parfum. Elle avait réussi à avoir Sniper dedans dont elle est autant fan qu’amoureuse et ça, depuis des années. Pourtant, le chanteur ne semblait pas avoir relevé le sous-entendu. Ce qui, le connaissant, n’était pas spécialement surprenant. Evan était se genre de type à ne pas voir quand un fille est dingue de lui. C’était déjà le cas quand il était plus jeune et ça ne semblait pas s’être amélioré avec le temps.

Comme quoi, il y a des choses qui ne changent pas !

En attendant, lui, contrairement à moi, avais récemment revu Hugh Crusher. Le chanteur disait que Hugh allait bien mais qu’il s’était embarqué à devenir le guitariste de Victoria Hunter. Encore un choix douteux de la part de Crusher qui a l’art de prendre de mauvaises décisions pour lui-même. Mais d’après Evan, Hugh avait fait ça pour se remettre dans le bain sans trop s’exposer. Je poussai un long soupire.

-Ouais… Je vois… Sauf que, malgré tout, il a quand même été exposé. J’ai lu l’article de L.A.People sur sa pseudo relation avec Jessica. Donc, tant qu’à être exposé autant le faire pour ce qu’on aime.

Or, Hugh n’était pas un guitariste mais bien un acteur. Un des meilleurs acteur de sa génération ! Ça me faisait toujours râler de l’avoir vu s’autodétruire de la sorte. Mais c’est souvent les meilleurs artistes qui sont le plus à fleur de peau et Hugh était l’acteur le plus sensible que j’ai jamais rencontré.

Et j’appris que c’était Sniper qui avait parlé à Hugh du casting de North. Et ce dernier semblait avoir sauté sur l’occasion. J’esquissai un petit sourire.

-Tu as bien fait.

Maintenant, restait à voir si Hugh allait tenir la distance. Ce film sera un test et si le test était concluant, je comptais le faire revenir dans Spaceship. Depuis son interview, j’avais une tonne d’idées dont certaines vont sûrement plaire à ce bon vieux Brent. Sniper était confiant quant à la réussite de Hugh. Moi, je fis la moue. Je n’étais pas aussi catégorique que le chanteur. Je connaissais les faiblesses de Hugh par cœur. Bien que, contrairement à Sniper, je n’étais jamais tomber dans de tels travers…

-J’espère que tu as raison… Hugh est un bon acteur. Ça me ferait mal de le voir replonger à nouveau.

On en vint alors à discuter de la merde créée par Maxwell. Visiblement, Evan n’avait pas plus apprécié que moi. Ce qui me faisait râler c’était qu’Enora, elle, était certaine que ça allait marché quand même. Ça me révoltait que ce genre de merde puisse marcher. Il n’y avait aucun bon messages dans ce que j’avais vu aujourd’hui, ni même aucun bon jeu d’acteur… C’était même encore pire que ce que Trevor Price pouvait pondre !

Mais d’après Evan, ça allait attiré un public plus conservateur. Je ricanai jaune à cette réflexion.

-Ces foutus conservateurs ne sont qu’une bande de fragiles qui ont peur d’un petit baiser entre une femme noire et un homme blanc. Ou, pire, de voir une femme haut gradé de vaisseau ! Je devrais dire au CSA de mettre un message, avant les épisodes de Spaceship, comme quoi ça risque de heurté la sensibilité de ces êtres si fragiles… J’arrêterais peut-être de recevoir des lettres de menaces si je fais ça.

Pour moi, c’est ce qu’ils étaient ! Des gens qui ont peur qu’on trouble leur petit ordre établi. Des gens qui ont peur de la concurrence. Des gens qui ne pensent qu’à leur petit bonheur personnel au point de décider pour la vie des autres. En gros, ce sont des enfoirés de merde ! Et il y en a plein dans cette foutue pièce !

J’étais ravi d’apprendre qu’Evan élevait ses filles au contact de MA série. J’espérais que ça pourrait inspiré ses gamines à se dire que rien ne leur était fermée parce qu’elles sont des femmes. Elles pouvaient faire tout ce qu’elles veulent. N’importe quel métier et activité. C’était comme ça que je voyais les choses. J’affirmai, ensuite, n’avoir plus vu Jess depuis des lustres et Evan se demanda si j’étais là quand Jess avait fait irruption sur scène lors d’une fête chez Ricci, il y a des années d’ici. Je rigolai un peu quand il affirma que tout ça avait fortement déplu à son ex-femme.

-Tu m’étonnes. Et, oui, je m’en rappelle. Il y a même eu un feu d’artifice. Je crois que c’était la meilleure fête que Ricci ait jamais faite.

Je me rappelle aussi de la fête costumée où j’étais venu un T’Kor et où Brent avait créé Datalore. Une autre bonne soirée !

Je demandai à Evan ce qui lui avait pris de venir ici. Maxwell n’est pas réputé pour être le réalisateur du siècle et il semblerait que même Evan ne sache pas trop ce qu’il faisait ici. D’après Evan, Maxwell avait simplement invité des gens connus sans vraiment réfléchir plus loin. Juste pour attirer l’attention. Je fis une moue boudeuse. J’avais vraiment perdu mon temps à venir ici. Et quand Evan déclara que Maxwell m’avait amené pour me faire fulminer, je m’exclamais.

-Et, le pire, c’est que c’est réussi. Il m’avait même placé juste à côté d’Enora ! Si c’est pas pour me faire chier, je ne sais pas ce que c’est ! Mais si je n’étais pas venu, il aurait trouvé un moyen de faire passer ça pour du snobisme ! Alors, je suis venu, j’ai vu sa merde et, tout à l’heure, je compte bien aller personnellement lui donner ma critique.

Je finis par déposer mon verre vide pour me masser les tempes. Je fulminais ce qui m’arrangeait pas mon mal de crâne. Je soufflai un bon coup avant de rouvrir les yeux.

-Je ne vais pas pouvoir me retenir… Je vais aller voir les audience chaque semaine maintenant. Putain de Maxwell.

Je soufflai encore un bon coup avant de plisser un peu les yeux pour regarder autour de nous.

-Tu es le seul de BSC ici ? J’aurais cru voir Ricci ou Reed… Ou même Daryll… Putain, ça c’est une brochette de gens qui aurait aimé cette foutue série.

Une belle bande de conservateur.

Je décrivis à Stephen Shran ma récente rencontre avec Hugh Crusher. Un Hugh Crusher qui m’avait donné l’impression qu’il avait vraiment envie de revenir dans la course, mais qui en même temps avait peur des conséquences d’une telle décision. Du coup, il s’était lancé comme guitariste de Victoria.

Seulement, comme le souligna le réalisateur, jusqu’ici, ça n’avait pas empêché L.A.People de raconter des conneries comme le fait que Hugh sortait avec Jessica alors que quiconque connaissait bien Hugh savait qu’une telle chose était impossible.

Comme le disait Shran, tant qu’à faire, autant être exposé pour les bonnes raisons.

Je repris une gorgée de champagne. Je le sirotais doucement, appréciant parce que je savais que ce serait mon seul verre d’alcool de la soirée.

-Là-dessus, on est bien d’accord. Mais il ne devrait pas tarder à être de nouveau au-devant de la scène pour les bonnes raisons. J’ai confiance en lui et en son talent.

Puisque, comme je l’expliquai au créateur de Spaceship, c’était moi qui l’avait mis sur la piste de North et ça avait payé. Je souris quand il affirma que j’avais bien fait. Cependant, il semblait que j’étais plus optimiste que lui quand on fait que Hugh ne replongerait pas. Même si c’était loin d’être ce que Shran souhaitait à son fameux Five.

-S’il est bien entouré, il peut s’en sortir. Il sait que je suis là pour lui et je suis sûr que tu seras là aussi s’il fait appel à toi.

Je n’étais pas l’ami le plus proche de Shran, mais je savais comment il était, de réputation et aussi parce que j’ai pu le voir évoluer au sein de la jet-set. Il faisait partie, avec des gens comme Brent Hughes ou même Enora Lee, d’un groupe un peu particulier… Célèbre sans crever le plafond. Faisant leur chemin dans les mondes alternatifs. C’était assez difficile à décrire, mais ils étaient vraiment à part.

Et Shran m’avait toujours fait l’effet du gars extrêmement bourru, mais atrocement loyal, juste et prêt à défendre les plus faibles.

On parla ensuite de ce qui nous avait menés ici, soit Galactic Wars de Joe Maxwell… Bon, c’était super décevant surtout quand une série comme Spaceship existait déjà…

Et Shran me fit sourire quand il traita les conservateurs de fragiles. Il avait extrêmement raison. Mais je haussai les sourcils quand il parla de lettres de menaces.

-Tu es sérieux ? Tu as reçu des lettres de menaces ? De Jimmy Reed, par exemple ? Ça ne m’étonnerait même pas.

J’étais peut-être un artiste de BSC, mais ça ne m’empêchait pas de rester critique sans pour autant mordre la main qui me nourrissait. Je savais que Jimmy Reed était l’un des plus grands enfoirés du monde, conservateur à l’extrême et qui ne pensais qu’à l’argent. Mais ça faisait des années qu’il était comme ça. Il était né comme ça. Avec le temps, j’avais appris à m’en accommoder. Et, à ma connaissance, il avait beau être ce qu’il était, il laissait toute liberté aux artistes qui signaient chez BSC… Jamais personne ne s’était plaint que Jimmy ait censuré quelque chose, par exemple (pas même Fireworks qui l’attaquait directement à travers ses chansons). Sa seule règle était simple : pas de femmes chez BSC…

Et encore, il ne respectait pas sa propre règle puisqu’il y avait Faith Maldonado de BleedingHeart qui faisait partie de la bande, maintenant.

Cela dit, j’étais sûr qu’il détestait Spaceship et y préférerait la grosse merde de Maxwell.

La conversation déviant un peu sur mes filles, je rappelai à Shran le soir où j’avais emmené Jess, du haut de ses deux ans, chez Daniele. Ça avait fait fulminer Babs, ce qui n’étonnait pas le réalisateur qui me fit rire. Mais il se rappelait très bien de ce soir-là.

-Ouais, il y avait un feu d’artifice… Et je me suis endormi dans une des chambres avec Jess sur mon ventre… C’est un de mes meilleurs souvenirs de cette époque.

Une époque qui commençait déjà à devenir bien sombre pour moi, à ce moment-là.

Shran se demandait aussi ce que je foutais ici… Il était vrai que je n’avais rien à voir avec le monde du cinéma. Mais il y avait plein de journalistes et ça faisait toujours bien d’avoir un tas de gros noms lors de ce genre d’événement… Alors j’y allai de ma petite théorie, disant que si Maxwelle l’avait invité, c’était uniquement pour le faire enrager.

Et en plus, il avait eu le culot de le placer à côté de son ex-femme.

-Mais… Tu t’entends encore assez avec elle pour qu’elle continue de produire Spaceship, non ?

Je souris quand il déclara qu’il allait aller dire ses quatre vérités à Maxwell.

-Le contraire m’aurait étonné.

Quant à savoir si j’étais le seul de BSC ici… Je regardai encore une fois autour de nous, mais apparemment, c’était le cas.

-Bah, il semblerait que oui… Mais comme tu dis, ils auraient dû inviter au moins Jimmy. Ça l’aurait éclaté.

Je haussai les épaules.

-Mais j’ai croisé Daniele à la tour hier et sincèrement, il avait l’air de râler plein sa panse… Sauf que je sais pas pourquoi. Tout ce qu’il m’a dit quand je lui ai demandé, c’était que c’était pas ma faute, ce qui est rassurant.

Pour Sniper, Hugh ne devrait pas tarder à être à nouveau au-devant de la scène pour les bonnes raisons. Comme il était embarqué dans un film avec Christopher North, c’est clair qu’il ne pourra pas passer à côté de la tournée de promotion. C’était surtout cette tournée que j’allais observé pour analysé la capacité de Hugh à encaisser la pression des médias. Parce que beaucoup ne se contenteront pas des questions sur le film. Certains vont creuser… J’espérais qu’il allait pouvoir tenir le coup…

Quoi qu’il en soit, Sniper était confiant. J’hochai de la tête un rien pensif sur la question. Je ne savais absolument où Hugh en était psychologiquement parlant mais je savais que même un passage à vide ne pouvait pas fondamentalement changer quelqu’un…

Mais d’après Sniper, c’était l’entourage de Crusher qui sera la clé.

-Oui, il sait que je suis là pour l’aider. Et j’espère que, cette fois, il ne fera pas l’erreur de se couper des gens qui veulent l’aider. J’espère qu’il aura, au moins, appris ça.

Parce que Hugh, il y a 10 ans, n’avait pas simplement dynamité sa propre carrière. Il avait aussi dynamité tous les liens qu’il avait avec ses amis. Moi compris. D’après ce que j’en savais, il s’était enfoncé autant dans la drogue que dans les mauvaises fréquentations. Je ne sais pas ce qui l’a fait sortir de ça… Et j’étais sûr que les médias allaient vouloir le savoir.

De Hugh, on passa à la merde que nous avais proposé Maxwell aujourd’hui. Une série qui ne fera que le joie des plus conservateur de ce pays. Des gens bien trop fragile pour accepter que le monde ne tourne pas forcément comme eux le veulent. Des gens choqué par tout ce qui ne ressemblent pas à leur vision du monde. Un monde remplis de barrières pour certaines catégories de personnes. C’est ce genre de mon que je critique dans ma propre série. Parce que si j’expose un monde égalitaire dans ma série c’est bien pour critiqué le monde dans lequel on vit actuellement.

Et je ne comptais absolument pas m’arrêter de critiquer tant qu’il y aura des gens pour rabaisser ceux qui ne leur ressemblent pas. Et, croyez-moi, il y en a beaucoup, des fragiles… Preuve étant, j’avais déjà reçu une tonne de lettre de menace. Ce qui choqua Sniper qui se demanda si son patron faisait partie de ceux qui m’avaient menacés.

-J’en ai reçus plein… Soit aux studios, soit carrément chez moi. Mais loin de moi l’idée d’y prêter attention. Je crois que la meilleur façon de répondre à ça est de continuer et de créer des scénario qui les emmerderont encore plus. Ces gens-là, qui se cachent derrière des lettres anonymes, n’auront de toute façon pas les couilles de mettre leurs menaces à exécution.

Sinon, ils ne m’auraient pas envoyé de lettre. Ils m’auraient tabassé ou descendu dans la rue.

Je ricanai.

-Et, non, je n’en ai pas reçu de Jim J’ai-Peur-Des-Femmes. Lui, me fera peut-être tabasser en pleine rue, qui sait ?

Apparemment, Stone s’était fait tabassé par des gens envoyés par Reed. Quoi que si Reed envoie des gens me tabasser, c’est peut-être ses gens qui reviendront plein de bleus. Personnellement, je n’ai pas peur de Reed. La légende dit qu’il peut détruire des carrières. Moi je pense que de penser ça c’est lui faire trop plaisir.

Et je déteste faire plaisir à Reed !

-Quoi qu’il en soit, je n’ai absolument pas peur de lui !

Ni de quiconque ! Personne ne me fera la fermer !

Et j’espérais que les gens comme Reed allait finir par être en voie de disparition pour que des filles comme celles d’Evan puisse avoir toutes les opportunités qu’elle voulaient. Parler de Jess nous ramener plus d’une décennie en arrière. J’en avais passé des fêtes chez Ricci mais, pour être honnête, je ne m’en rappelais que de quelques-unes. Et, celle où Jess s’était incrustée, je m’en rappelais. C’était l’un des meilleurs souvenirs d’Evan. Le genre à me faire regretter de ne pas avoir d’enfants.

On en revint assez vite à Maxwell et à ce qui l’avait pris de nous inviter. Pour la frime, pour la visibilité et pour m’emmerder ! Voilà pourquoi. Et en parler me fit à nouveau m’énerver accentuant mon mal de crâne. J’affirmai que Maxwell avait même fait exprès de me foutre à côté d’Enora. Sniper réagit à cette réflexion de ma part.

-De l’amour-haine ! Voilà ce qui me lie à Enora. On aime se détester ! Je crois que je me serais mis à côté d’elle quand même mais c’est le principe !

Voilà ! Le principe ! Maxwell l’avait fait pour me faire chier et c’est cette intention qui m’ennuie !

Pourquoi je m’étais marié à Enora, encore ? Ah ouais ! Je suis tombé amoureux, c’est vrai !

Je comptais aller voir Maxwell et lui dire ses quatre vérités ce qui n’étonnait pas vraiment Evan. Quant à savoir s’il était le seul de BSC ici, ça semblait être le cas.

-Bien sûr que ça aurait éclaté Reed ! Les femmes sont des accessoires dans cette foutue série !

Sniper affirma avoir vu Ricci hier, à la tour. Et il avait l’air de râler. Je ricanai.

-Tu as regardé la bourse ? Le problème vient peut-être de là.

Pour moi, Ricci n’était que dirigé par son appât du gain. Du coup, s’il râlait c’était sûrement une histoire d’argent.

-Je ne sais pas ce qui emmerde Ricci. Mais si c’est vraiment grave, L.A.People nous l’apprendra.

Je me massai à nouveau les tempes. Je ne devrais vraiment pas m’énerver comme ça mais c’est plus fort que moi. Je soufflai un bon coup.

-Bon ! Je vais aller trouver Maxwell et lui dire que sa série est merdique… Après, je décolle d’ici, je dois être aux studios 4h du mat’, demain…

Je tapai amicalement sur l’épaule de Sniper.

-C’était un plaisir de te revoir !

Je croisai les doigts devant Shran quand celui-ci déclara qu’il espérait que cette fois, si Hugh avait besoin d’aide, il viendrait en chercher plutôt que de couper tous les liens qu’il avait. Ma propre réclusion avait été légèrement différente… Je n’avais pas cherché à dynamiter les liens que j’avais… Mes amis étaient tout simplement morts. Le seul qui m’avait réellement abandonné en connaissance de cause, c’était Daniele.

Un Daniele à qui j’avais pardonné depuis.

Pour en venir à la série de Maxwell dont nous avions regardé le premier épisode d’une heure et demie sur grand écran, fallait bien se rendre compte que ça n’avait rien à voir avec la série à succès de Shran. Qu’est-ce qu’on pouvait reprocher à Spaceship ? Qu’est-ce qui était mieux dans Galactic Wars ? Le seul truc qui était mieux, c’était les effets spéciaux au niveau des batailles spatiales. Mais sinon, la série de Maxwell était vide. Alors je préférais de temps en temps me rendre compte que le décor était en carton et avoir droit à une vraie histoire que de voir des combats impressionnant mais sans scénario.

Ce qui me choqua, ce fut d’apprendre que Stephen recevait des lettres de menaces. Des critiques, j’aurais encore pu comprendre. Mais des menaces, sérieux ?

Mais ça ne semblait pas faire peur au réalisateur.

Cependant, ce qui m’avait fait rire au début me laissait bouche bée maintenant. Alors quand il me dit que Jimmy Reed allait peut-être le faire tabasser, j’eus une drôle et désagréable impression.

-Putain, j’espère que non.

Jimmy ferait ça ? Howard, mon ami, prétendait que c’était possible. Mais dans toutes ces histoires auxquelles je m’intéressais peu, je ne savais plus qui croire. Alors je me contentais de faire de la musique.

Shran, lui, disait qu’il n’avait pas peur de Jimmy Reed. Je me repris et haussai les épaules.

-Moi non plus. J’ai jamais eu de problème avec lui.

En même temps, je lui parlais jamais. Mon manager, c’était Daniele, pas Jimmy.

Je me mis à rigoler à nouveau quand on parla d’Enora Lee… J’avais un peu du mal à comprendre ce qui liait Shran à la productrice. Je savais qu’ils avaient été mariés, puis divorcés, mais ils semblaient quand même toujours jamais très loin l’un de l’autre. Comme le disait Stephen lui-même, si les places n’avaient pas été nominatives, il aurait quand même posé son cul à côté d’elle.

Ils aimaient donc se détester, ce qui me fit pouffer de rire.

-Je vois le genre… C’est vrai que tu as toujours adoré t’engueuler avec les gens.

C’était vrai. Shran trouvait toujours un moyen de se disputer… Parfois même, il se disputait un peu tout seul… Je l’avais déjà vu faire avec Brent Hughes, il y avait des années de ça, alors que tout ce que disait Shran coulait sur Brent comme de l’eau sur le plumage d’un canard.

Pour en revenir à Galactic Wars, je pensais bien que ça aurait plu à Jimmy et Stephen était bien d’accord, car les personnages féminins dans ce navet n’étaient que des accessoires. Je terminai mon verre avant de parler de Daniele qui n’avait pas l’air dans son meilleur jour quand je l’avais croisé hier.

Shran pensait que c’était à cause de la bourse. Je fis la moue.

-Je ne connais rien à la bourse alors, je ne saurais pas dire… Mais je pense que Daniele est quand même un peu plus complexe que ça.

Stephen pensait bien que quoi que ce soit qui ait emmerdé Daniele, on finirait par le savoir via L.A. People. Je haussai les épaules.

-Possible, on verra.

Bon, c’était pas tout ça, mais Shran devait maintenant aller donner sa critique à son tout nouveau rival… Je pinçai les lèvres, amusé.

-Va donc faire ça, ça te fera du bien.

Il me tapa sur l’épaule et je lui souris.

-Ça a été un plaisir aussi.