-Tu ne rentrerais pas chez toi ?

Enora était dans l’encadrement de la porte de ma caravane alors que le tournage de la journée venait d’être abruptement interrompu quand un de mes acteurs principaux à eu le malheur de se tordre la cheville. Ce genre de fait avait le don de m’énerver mais on y pouvait rien. Parfois ça arrivait et, tout ce que j’espérais, c’était que sa blessure n’était pas trop grave. Je grommelai :

-A quoi bon ? On a quand même des scènes à tourner demain…

Depuis que j’avais perdu ma voiture, je passais ma semaine aux studios sans revenir dormir chez moi. J’avais une belle caravane ici et je passais quand même mes journées aux studios alors pourquoi je me casserais le cul à rentrer ?!

-Il est à peine 10h du matin… Tu as le temps de rentrer et de profiter de ta journée, Stevie… Tu devrais aller voir Brent, pour aller te détendre, tu ne penses pas ?

Je levai les yeux. Je devais aller voir Brent mais pour lui demander une faveur et je n’avais pas envie de faire ça aujourd’hui ! Je reculais l’échéance si bien que j’avais l’impression que je ne récupérerais JAMAIS ma voiture !

-Brent travaille, Enora. Je veux rester ici, ok ? J’aime être ici. Il y a rien de plus à foutre à Beverly Hills de toute façon.

Elle soupira, agacée.

-Très bien ! Fait ce que tu veux ! Mais si j’apprends que tu as encore été faire chier d’autres qui sont en train de tourner sur le site, je te jure que je viendrais te fliquer tous les jours et plus uniquement le mardi, c’est compris ?!

Je levai les yeux sur Enora la foudroyant du regard. Mais je ne dis rien et elle s’en alla non sans claquer la porte.

-La porte, bordel !

Comment j’ai pu survivre une année complète à vivre avec cette femme ? Parfois, je me le demande, hein !

Je soupirai et me concentrai sur la réorganisation du tournage pour faire, quand même, un maximum de scène demain. Je pris une heure à faire ça avant de commencer à sérieusement m’ennuyer !

Alors, je sortis de ma caravane, tasse de café en main, vu que je venais de m’en faire.

Il y avait plusieurs tournage en cours sur le site. Les studios étaient immense et permettait à pas mal de production de tourner. Il y avait un studio dédié à Spaceship mais d’autres étaient dédié à d’autres choses. De l’autre côté du site, par exemple, il y avait Christopher North qui était en train de tourner son prochain film avec son frère et Hugh Crusher. J’avais envie de voir comment Hugh se débrouillait mais je savais que je n’arriverais pas à entrer sans me faire virer sans ménagement. Le fait est que je suis persona non grata sur les tournages de North pour la simple et bonne raison que Christopher a peur que je n’entre en conflit avec Hank. Ce qui… Arrive très souvent, en fait.

Je grommelai à cette idée avant de me dire que je pourrais, sans doute, m’incruster sur un tournage d’une production moins connue avec des réalisateurs et acteur en quête d’un nom et d’une réputation. Si je faisais ça, qui sait si je ne trouvais pas une petite pépite ?

Bref… Je m’avançai vers l’un des studios que je savais dédié à ce genre de petites productions parce que moins grand. A l’intérieur, des gens s’afférait mais il était évident que le staff était moins nombreux que sur un gros film ou une série comme la mienne. On ne me remarqua même pas. Il faut dire que tout ceux qui arrivaient sur le site devait d’abord passer par la barrière et que, donc, théoriquement, ceux qui arrivaient à entrer étaient légitime.

Le tournage était en cour. Je ne connaissais pas le réalisateur mais il était clair que j’avais reconnu la fille qui tournait.

C’était Livia, la chanteuse. Celle qui avait, récemment, brisé son contrat avec BSC. La fille de Reed et l’ex-femme de Julian, le filleul de Brent.

Guitar&Pen disait qu’elle n’avait pas de projets… Encore une inexactitude de ce vendu de Moriarty !

Je regardais la jeune femme jouer tout en sirotant mon café. Ce n’était pas rare que des chanteurs s’essayent au cinéma. C’était même très courant. Et ça me semblait plus légitime que quand un avocat s’essaye à la chose !

Pour le moment, je me faisais discret dans un angle ou je pouvais tout voir et tout entendre sans réellement être vu ou entendu. Je voulais voir ce que la Miss valait.

Le tournage de The First Kiss avait débuté il y avait quelques jours. La première journée, j’avais ressentie un stress d’enfer ! Je ne savais pas à quoi m’attendre et surtout, j’ayant pas de formation d’actrice, j’avais peur d’être l’imposteur sur le plateau. J’avais été tout de suite mise à l’aise et tout le monde était vraiment très gentil ce qui facilitait l’adaptation et rendait l’ambiance agréable.

Je jouais le premier rôle féminin, celui de la fille coincée, le vilain petit canard du bahut qui devient le centre d’intérêt du garçon le plus populaire, quart arrière, promu à un très grand avenir. L’histoire classique de ce genre de film destiné à un public adolescent d’abord et avant tout mais qui ne déplaire certainement pas aux parents qui devraient accompagner leur progéniture au cinéma.

Le fait que je boitais toujours avait été intégré au scénario, donnant plus de profondeur a mon personnage de fille mal dans sa peau qui ne se voit pas du tout être élue reine du bal au bras du garçon le plus en vue. On m’avait coiffé d’une queue de cheval un peu lâche de laquelle quelques mèches rebelles se détachaient et je portait un polo blanc un peu trop grand pour moi et un pantalon de sport qui ne me mettait pas en valeur. Je tenais sur mon dos mon sac à dos débordant de livres, j’en avais même dans les bras pour mettre en avant le côté très studieux de mon personnage.

Aujourd’hui, nous tournions la scène où Luke, le fameux tombeur de la cours d’école, approchait Lucy et lui proposait une sortie à la plage. Il ne l’invitait pas de bon cœur mais plutôt parce qu’il avait perdu un paris avec ses copains et que ces derniers l’avaient contraint à faire une sortie avec une fille de leur choix et, bien sûr, ils avaient portés leur choix sur la dernière fille qu’on inviterait à une sortie en public.

Interprété Lucy m’avait un peu forcé à faire une introspection sur mes propres années de lycée, me questionnant sur qui j’avais été. Je ne m’étais jamais vu comme la fille populaire, que ce soit à l’école de Tijuana ou à Fairfax mais la vérité était que je l’avais été et que je n’avais jamais voulu l’admettre. La seule chose qui me consolait était que je n’avais pas eu l’attitude d’un personnage comme celui de Candace dans le film, c’est-à-dire, la petite ami du quart-arrière, meneuse des cheerleaders qui passe ses pauses à retoucher son maquillage ou à se moquer de toutes les Lucy qui tentaient de faire tapisserie.

- Hey ! Tu veux venir à une fête sur la plage, ce soir ?

Je ne devais pas réagir, plutôt, je remontais mes cahiers contre ma poitrine puis je jetais un petit coup d’œil derrière moi en supposant que j’y verrais Candace.

- C’est à toi que je parle, Lucy. Je passe te prendre à 19h00, ça te va ?

- Euh… Moi ?  Mais pourquoi moi ? Enfin, je veux dire… Moi ?

- Pourquoi pas toi ? Alors, tu viens ?

S’en suivait une discussion au terme de laquelle j’acceptais, convaincue des bonnes intentions de Luke qui lui, s’en retournait auprès de ses amis, fier d’avoir réussi la première étape de son défi.  Le réalisateur sonna alors la fin du tournage de cette séquence ce qui me soulagea parce que cela voulait dire que je pouvais retirer mon sac de mes épaules qui était plutôt lourds, chargé comme il l’était ! Je posais mon chargement sur le sol et discutais un peu avec l’assistant réalisateur qui avait quelques consignes à me donner avant de me laisser aller. J’avais besoin d’un café ! Il ne devait pas être très tard dans la journée mais nous étions en action depuis un moment déjà.

Un homme se tenait en retrait, une tasse à la main. Sa présence piqua ma curiosité, j’avais fait la connaissance de tout le monde présent et si j’oubliais parfois les noms, je n’oubliais jamais un visage. Je m’en approchais donc, mon café fumant entre mes mains.

- Bonjour ! Je ne me souviens pas de vous avoir rencontré. Je suis Olivia, et vous ?

Il ne me fallut pas longtemps avant de comprendre que la production dans laquelle je venais sciemment de tomber était une film avec des adolescents pour des adolescents. Le décors de couloir d’école, l’âge des acteurs… Tout ça était autant d’indices que j’étais tombé dans ce genre de production.

La jeune chanteuse, avec sa dégaine de fille mal habillée, devait être le centre de l’intrigue. Restait que si elle semblait avoir le rôle de l’adolescente à l’allure de nerd qui ne dispose d’aucune popularité, les réalisateurs ont quand même pris le parti de prendre une fille jolie. Parce que, même attifée de la sorte, Livia est une jolie jeune femme. Mais sans doute que ce qu’ils voulaient montré c’est que tout est une question de confiance en soi. C’était souvent le thème des films pour adolescents.

Je spéculais là. Mais c’était plus fort que moi. Je ne pouvais pas m’empêcher de spéculer.

Je regardais attentivement la scène se dérouler sous les yeux. Livia était dans son rôle. Celle que je compris comme étant celui de la fille très peu populaire qui, en plus de tout, boitillait. Je devais avouer qu’elle jouait parfaitement bien ce boitillement…

Le type, qui semblait être, lui aussi contraire, le type populaire de l’école. Genre joueur de football dont toutes les filles sont amoureuses. Approcha la jeune femme lui proposant de l’accompagner à une fête sur la plage. Alors piège ? Début de romance ? Je devais avouer que sans le scénario ou la scène qui précède, il était difficile pour moi de le savoir. Mais l’attitude du protagoniste supposait qu’il y avait anguille sous roche.

Vous savez quoi ? Je ne connaissais absolument pas Livia. J’avais simplement lu certaines de ses interview. Je l’avais entendu chanter. Je l’avais même vu à la télé lors de retransmission d’un ou l’autre de ses concerts. Sur scène, elle avait de la prestance et l’impression qu’elle est totalement en contrôle. Ici, elle semblait s’être muée en jeune femme peu sûre d’elle. Preuve qu’elle avait, sans avoir, à ma connaissance, de formation d’actrice, la capacité de savoir jouer.

Bref, c’était pas mal pour une première fois.

Je continuai de siroter mon café les yeux plisser alors que j’analysais le jeu des deux acteurs. Et ça jusqu’à-ce que la scène se termine sans accro et que Livia pu se soulager du poids de son sac. Personne n’avait encore remarqué l’intrus que j’étais. Ils étaient tous concentré sur leur boulot.

Bien ! Je vais à nouveau remplir ma tasse, alors ! Et c’est ce que je fis. Je me servis du café avant de me remettre à l’écart attendant la fin de la pause. Parce que je voulais en voir plus ! Et je n’avais que ça à foutre !

Mais c’est quelques instants plus tard c’est Livia qui finit par me remarquer. Je remarquai que, finalement, ses boitillements n’étaient pas du jeu mais une évidente réalité. J’avais, comme tout le monde, eu vent de sa mésaventure en Afrique avec Howard Stone. C’était, peut-être, une séquelle de ça.

Elle me salua poliment remarquant ne m’avoir encore jamais vu ici. Elle se présenta, ensuite. Je lui tendis la main pour serrer la sienne tenant mon café de l’autre.

-Normal… Je n’ai, en réalité, rien n’à faire ici. Je suis Stephen Shran. Je tournais ma série dans un des studios du site quand l’un de mes acteurs s’est tordu la cheville me laissant sans travail jusqu’à demain matin…

On sentait mon agacement sur la situation dans ma voix.

Il était possible que mon nom lui dise quelque chose. Même si elle n’avait, peut-être, pas vu Spaceship rare étaient les gens qui n’avaient pas vu la trilogie de Love In L.A.… Bien que… Quand j’y pense, ça fait déjà environs 15 ans que cette foutue trilogie est sortie et que Livia n’a que 19 ans…

Je savais qu’elle connaissait bien Brent, par contre, avec son mariage avec Julian Hughes. Mais est-ce que Brent avait parlé de moi à Livia ? Je n’en avais aucune foutue idée ! Je dois me mettre dans la tête que je ne suis pas le centre de la vie de Brent. Et il n’est pas le centre de la mienne. Pas tout le temps en tout cas… Presque pas tout le temps…

-Je viens de voir ta scène. Pour une première c’est pas mal du tout. Ce rôle te change de ce que tu fais dans la vraie vie, n’est-ce pas ? Tu n’es plus une étudiante en quête d’identité et de confiance en soi…

Elle était une chanteuse accomplie. J’esquissai un petit sourire.

-Tu comptes te lancer dans une carrière d’actrice ?

Hey ! C’était possible ! Elle avait rompu son contrat. Peut-être qu’elle en profite pour changer carrément de discipline. Et elle semblait vouloir commencer en bas de l’échelle parce que elle est loin de tourner un blockbuster, ici.

Bien qu’il m’était agréable de tourner, je fus quand même heureuse qu’on sonne l’arrêt de la scène. Le sac que je devais porter sur mes épaules était surchargé de livres pour donner un effet réaliste que ma charge était lourde. Ainsi, je n’avais pas besoin de penser de replacer mon sac sur mes épaules, je le faisais par réflexe et pour éviter de me déboiter le dos.

La pause-café allait me faire du bien ! J’allais me reposer un peu le dos, me désaltérer avec une bonne tasse de courage liquide et bavarder avec le staff, chose que j’adorais faire. C’était une petite production alors tout le monde parlait avec tout le monde et plusieurs se connaissaient déjà d’avance ce qui me donnait un petit peu l’impression d’être une imposteur sur le plateau.

Je repérais un visage qui ne m’était pas familier et cela piqua ma curiosité. Nous avions déjà eu une réunion ou tout le monde avait été présentés et comme je n’oubliais que rarement un visage, alors que pour les noms c’était tout le contraire, je m’approchais et je me permis de me présenter en lui serrant la main. Quel ne fut pas ma surprise d’apprendre que l’individu en question n’était nul autre que Stephen Shran !

- Ok… Wow ! Je suis enchantée de faire votre connaissance et, ça va paraitre extrêmement cliché mais je suis une fan absolue de Spaceship et je connais Love In LA sur le bout des doigts !

Love In LA était en fait une trilogie et ma mère en était folle !  Pour moi, cela ne datait pas d’hier mais c’était ce genre de film qui vieillissait bien et que j’adorais mettre à toute les occasions.

C’était un tout petit peu impressionnant et intimidant qu’un homme avec autant de talent qu’en avait Stephen Shran ait pu observer ma façon de jouer alors que j’en étais à mes tous début comme actrice. Il devait voir tous les détails, tous les défauts sans difficulté, ceci dit, venant de lui, j’étais prête à tout entendre.

Ce qu’il avait à en dire n’était pas négatif et ça me fit sourire.

- Merci ! Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en acceptant mais comme j’adore relever des défis, et que, comme vous le dites, cela me sort de ma zone de confort, pourquoi pas ?

En plus, j’avais été très flatter qu’on me demande pour ne pas dire qu’on me supplie d’accepter leur proposition.

Il me demanda si je songeais à réorienter ma carrière pour devenir actrice et je répondis d’abord par un signe de la tête. Je savais que le fait que j’ai quitté BSC et que je n’ai pas encore annoncer un partenariat avec une nouvelle maison de disque allait faire parler les gens.

- Non, du moins pas complètement. On m’a fait une proposition pour ce film et j’ai eu envie d’essayer. Ceci dit, j’aime beaucoup trop chanter pour délaisser complètement cette vie-là.

Je n’étais cependant pas prête à annoncer à qui que ce soit que j’avais signé avec Brent Hughes ! Non ça, c’était mon petit secret que je gardais pour moi encore pour un petit moment.

Vous savez quoi ? Je n’aurais pas imaginé que la jeune Livia puisse être impressionné de me voir ici après que je me suis présenté. Il était clair que j’étais connu mais je ne pensais pas que je l’étais auprès d’une si jeune génération qui n’était pas fan de science-fiction. Sauf que j’appris que Livia aimait Spaceship ainsi que Love In L.A.. De quoi m’arracher un petit sourire. J’avais mon ego, hein ! Et savoir que la jeune femme aimait ce que je faisais flattait incontestablement mon ego.

-Qui aurait pu croire que la jeune Livia puisse aimer ma série ? Pas moi ! Mais ça fait plaisir !

Elle a bien plus de goût que son père ! A vrai dire, je savais déjà que Livia n’était pas comme Jimmy Reed. Suffisait d’écouter ses interviews, entendre ses chansons et avoir quelques échos de Brent pour savoir qu’elle n’avait pas un esprit aussi étroit que son géniteur. Et sans doute qu’elle, elle était d’accord avec le message de Spaceship !

Ok, tout ça m’avait remis d’une meilleure humeur après ce coup du sort de tout à l’heure. J’avais bien fait de me trainer jusqu’ici au lieu d’écouter les « conseils » d’Enora et de rentrer chez moi ou d’aller voir Brent qui, soyons honnête, est certainement toujours dans son lit à cette heure-ci. Je dis souvent aux autres qu’il travaille. Je suis son ami, après tout. Mais en réalité, je sais très bien qu’il passe ses foutues matinées à dormir !

J’avais complimenté ses débuts au cinéma. Ce que j’avais vu était loin d’être mauvais. Pour quelqu’un qui n’avait encore jamais fait ça c’était de bonne augure. Surtout dans un rôle qui, je pouvais le déduire, était loin de la jeune femme qu’elle était dans la vie de tous les jours. On a pas un carrière comme celle de Livia si on est une jeune femme pas sûre d’elle en quête d’identité. Non. Livia n’était pas comme son personnage. Elle devait, donc, bel et bien jouer et pas juste prester.

Elle sembla ravie des compliments. Ce job était, en fait, un défi pour elle. Elle aimait les défi.

-Avec la carrière musicale que tu as, tu pourrais jouer la prudence. Tu ne le fais pas. C’est la preuve que tu en as dans le ventre. Tu as eu raison de tenter le coup.

Se mettre en danger dans le domaine artistique était quelque chose de très très risqué. C’était exposer son âme. Ça demandait du foutu courage. Et Livia, qui vient de sortir d’une très mauvaise aventure en Afrique, venait déjà de sauter dans le train de ce genre de prise de risque. Elle en avait dans le ventre, c’était évident. D’autres, à sa place, auraient pris des mois de vacances.

Du coup, je me demandais, après ce que j’avais lu dans l’article orienté de Moriarty, si Livia comptait rediriger sa carrière vers l’acting. Question innocente ? Oui et non. Plus « non » que « oui », en fait. J’étais réalisateur. J’aimais savoir qui était sur le marché, hein !

La jeune femme répondit que « non »… Ce n’était pas un « non » catégorique. Je comprenais qu’elle semblait vouloir y aller un projet à la fois. Elle avait eu cette proposition de films. Elle l’avait accepté. Mais elle n’était pas prêt d’abandonner complètement la chanson.

-Si jamais tu attires l’attention avec ce petit film, tu risques d’avoir d’autres propositions. Avec ta carrière de chanteuse, tu auras le luxe de pouvoir accepter ou refuser ces propositions et faire le tri. Ça sera ton avantage.

Peu de gens pouvait se payer ce luxe. Mais si Livia venait à convaincre, elle aura ce luxe. Il n’y avait que des avantages, dans sa position, à se diversifier. Après, ça sera à elle de gérer ce qu’elle veut faire ou non.

Mais bon ! Ne suis-je pas un bon ami de Brent ? Si ! Je suis même le meilleur ! Alors, autant lui faire sa pub, non ?

-Et si tu veux continuer la chanson et que tu veux le meilleur manager de Los Angeles, tu devrais aller voir du côté de Brent. Tu le connais, ça je le sais. Il est très doué pour ce qu’il fait. Maintenant, je dis ça, je dis rien… Ah ! Et si jamais tu le vois, dis-lui que j’ai fait sa pub. Il m’en devra une comme ça.

Vu que j’allais lui en devoir une bientôt, autant prendre les devants ! Je détestais en devoir une même à mon meilleur ami.

-Et sinon ? Tu t’es inspiré de quoi pour t’imprégner de ton personnage ? Celui que tu joues dans le film. Quand on a pas de base en tant qu’actrice, j’imagine qu’on essaye de se raccrocher à des choses qu’on a vécu, non ?

Pour évaluer un bon acteur, il fallait savoir comment celui-ci travaillait. Je voulais comprendre le processus de pensée de Livia pour entrer dans son rôle.

Mes genoux manquèrent de céder quand l’homme avec qui je venais d’engager la conversation se présenta comme étant Stephen Shran. J’étais fan de ses productions, ce que je lui avouais non sans oublier de mentionner combien clicher cela sonnerait, que j’étais une fan inconditionnelle ! Combien de fois j’avais visionné Love In LA avec ma mère ? Et que dire de Spaceship ? À première vue, cette série de science-fiction ne m’avait pas attiré mais je m’étais installée devant un soir avec Jess et toutes les deux avions été captivées.

- J’avoue que la science-fiction n’est pas le style qui m’attire et j’admets aussi être tombée par hasard avec une copine sur un épisode mais ça nous a accrochée et depuis, on ne rate pas un épisode. Il faut croire que la manière dont elle est faite est à la porté de tous.

Recevoir des compliments de la part d’un homme tel que Stephen Shran valait tout l’r du monde ! Si quelqu’un savait de quoi il parlait, c’était bien lui ! Du coup, je dû rougir, certainement. Je ne cachais pas voir là-dedans, un défi de taille mais comme je n’étais pas du genre à reculer, je confiais donc avoir foncée. Pour Stephen, c’était l’occasion de montrer au monde de quoi j’étais faite et que j’avais bien eu raison de tenter ma chance.

- Qui ne tente rien, n’a rien, pas vrai ?

En lisant le scénario, j’en étais venue à la conclusion que, bien que l’histoire ne racontait rien de nouveau et qu’il s’agissait d’un énième film d’ado à l’eau de rose, j’avais envie de prendre part à l’aventure pour tenter quelque chose de nouveau. Je ne risquais pas de remporter un Oscar pou ce genre de rôle ni même de passer à l’histoire mais pour mon plaisir personnel ? Pourquoi pas !

Stephen voulu savoir si j’allais opérer un changement de carrière avec ce film ce à quoi je répondis que non. Le chant, c’était toute ma vie, je n’étais pas prête à y renoncer malgré les choix déchirants que j’avais dû faire, dernièrement. Selon le célèbre réalisateur, je risquais bien de recevoir de nouvelles propositions si j’attirais l’attention avec ce film. Ça me faisait un petit velours que d’entendre ça.

- Qui sait ? Mais en attendant, je vais commencer par terminer ce tournage et voir comment le film et ma prestation seront reçus. N’empêche que ce serait formidable de pouvoir en tirer avantage.

Qui n’aimait pas avoir ce genre de luxe de dire oui ou non selon ses envies ?

Stephen venta ensuite les mérites de son ami Brent Hughes, comme manager. Cela me fit sourire, évidement parce que j’avais déjà signé avec l’oncle de mon ex-mari mais aussi parce qu’il était plaisant d’entendre dire du bien de l’homme qui avait maintenant ma carrière entre ses mains.

- J’apprécie vraiment beaucoup Brent. Chaque fois que j’ai eu l’occasion de le voir lors d’un souper de famille ou autres évènements, il m’a toujours beaucoup fait rire et il ne manque pas de sujet de conversation.

Ce qui était bien avec Brent, c’était qu’il ne connaissait pas tout sur tout mais cela ne l’empêchait pas d’entretenir une conversation, de se montrer intéresser, de poser des questions, d’apprendre et inversement, d’expliquer, d’élaborer et enseigner. J’adorais sa personnalité de ‘’Jack-Bon-Temps’’. Avec lui, on ne ressentait pas de stress inutile.

- Je ne manquerai pas de lui dire que vous lui faites de la publicité !

Stephen me demanda alors d’où venait mon inspiration pour m’imprégner de mon personnages. Il me cernait juste, je n’avais pas de formation d’actrice et ce n’était pas sur scène que je pouvais développer ce talent.

- À vrai dire, j’ai lu et relu le scénario, j’ai essayé de me mettre en tête en le lisant, que nous avions tous un côté vulnérable que nous ne voulons pas exposer. J’ai aussi repensé à mes années à Fairfax, aux clans qui se formaient entre les élèves qu’on le veuille ou non. J’essaie surtout de ne pas en faire un caricature, je raterais la cible en faisant ça.

L’important était de doser, ce que je tentais de faire.

- D’autres m’ont conseillés aussi. Des acteurs que je côtoies ici. J’ai beaucoup à apprendre et je prends tout ce que l’on veut bien m’enseigner.

Livia disait avoir aimé Spaceship chose à laquelle je ne m’attendais pas. Ma série était taguée de série pour nerd à cause du fait que ça soit une série de science-fiction. La jeune femme se fit franche clamant que la science-fiction n’était pas son style mais qu’elle était tombée sur un épisode par hasard avec une amie et que les deux filles avaient accrochés. J’esquissai un petit sourire.

-La science-fiction n’est qu’un prétexte à ma série. Ce qui est important, c’est l’évolution des personnages et les réflexions que j’essaye de faire sur la société dans laquelle on vit. C’est peut-être pour ça que tu as accroché.

Je devais avoir que d’entendre ça me permettait de relativiser les films que je me faisais en tête depuis la sortie de la série de Maxwell qui avait son foutu petit succès alors que c’était une histoire à la con ! Tout ce qui comptait pour lui c’est de foutre un maximum de combats et d’effets spéciaux. Spaceship est justement tout le contraire !

J’avais complimenté Livia sur ce que je venais de voir à l’instant même. Pour un premier rodéo, c’était plutôt prometteur. Pour elle, tout ça était un défi. A son âge, elle avait bien raison de se lancer des défis et de sortir de sa zone de confort. Pourtant, Dieu sait qu’elle pourrait se reposer sur ses lauriers avec sa carrière dans la musique. Mais elle ne l’avait pas fait. Elle disait que qui ne tentait rien n’avait rien de quoi m’arracher un sourire alors que j’hochai de la tête pour confirmer.

Mais est-ce que tout ça n’était qu’une expérience en plus ou bien Livia comptait rediriger sa carrière ? Ok ! J’étais un foutu curieux et, parfois, un foutu mêle tout. Mais tant qu’à avoir la jeune femme devant moi autant m’intéresser à ce qu’elle voulait faire. Elle affirma alors trop aimer la musique que pour renoncer à sa carrière de chanteuse. Je mis en avant que si elle excellait dans son rôle ici-même, elle risquait d’avoir des propositions. Son avantage, c’est qu’elle aura le luxe de pouvoir refuser ou non. Quoi qu’il en soit, la jeune femme semblait vouloir y aller un pas à la fois. En gros, elle savait gérer son truc, la jeune fille. A son âge, pas sûr que j’aurais été aussi raisonné si j’avais eu toutes ses opportunités.

-Le plus important, finalement, c’est de voir si tu aimes ça. C’est la première chose à te demander.

Que ça marche ou non. Si elle n’aime pas l’acting alors, même si elle est douée, ça ne sert à rien de continuer. Et, inversement, si elle a aimé ça mais que sa prestation est mal reçue, elle aurait tort de baisser les bras. Elle est jeune. Elle a le temps de s’améliorer.

Bon ! En attendant, Livia était tout de même une grande chanteuse. Mais je savais qu’elle avait récemment brisé son contrat avec BSC. Donc, en vue d’une future faveur que je devrais à mon meilleur ami, Brento, je lui fis sa pub pour la payer d’avance. Je savais que la jeune femme connaissait déjà Brent et elle n’avait que de bons mots pour lui.

-Ouais, il sait mener à conversation, le Brento. C’est un type brave et fiable. Son seul foutu défaut est d’être un foutu lève tard.

Tant de compliments que je ne lui disais jamais en face même si je savais qu’il savait que je pensais ça. Ah sauf pour le lève tard. Ça, je lui fais souvent la remarque.

Quoi qu’il en soit, Livia ne manquera pas de dire à Brent que j’avais fait sa pub. J’esquissai un sourire satisfait.

-Merci ! Je te revaudrais ça !

Et merde ! En voulant ne pas en devoir une à Brent d’avance, j’en devais maintenant une à Livia. C’est dingue comme la vie était compliquée ! Surtout quand on vivait selon mes foutus principes.

Je finis par m’intéresser un peu plus au processus qu’avait utilisé Livia pour s’imprégner de son rôle. C’était, encore une fois, de la curiosité mais j’aimais discuter de ce genre de choses avec les acteurs. Surtout ceux qui n’avaient aucune base dans le métier et qui n’avaient pas fait d’école d’acting. Parce que je faisais partie de ces gens-là quand j’ai commencé ma carrière. Avant que Stanley n’utilise ses relations pour m’obtenir un rôle, j’avais comme seul expérience celle d’un militaire. Et encore ! Je n’étais même pas arrivé à la fin de ma formation ! En gros, je n’avais pas fait d’études d’acting… Je n’étais même pas allé au bout de mes études tout court ayant rapidement choisi l’armée. Mais j’adorais le cinéma depuis tout petit. C’était ma passion et j’avais prouvé, à force de travail, que j’avais ma place dans ce monde.

Alors, j’écoutai attentivement Livia m’expliquer qu’elle avait mainte fois relu le scénario et qu’elle s’était basée sur l’expérience qu’elle avait de l’école. Pas forcément de son expérience personnelle mais de ce qu’elle avait observé durant ses années d’étudiante. Elle cherchait à éviter les caricatures. Pas toujours facile sur ce genre de production dont le scénario est souvent, quelque part, un peu une caricature. Elle ajouta qu’elle écoutait les conseils des autres acteurs.

Elle disait avoir tout à apprendre.

J’esquissai un sourire.

-Impressionnant.

C’est son attitude qui était impressionnante.

-Tu sais quoi ? J’aurais pu croire qu’une jeune femme qui a eu, très jeune, une grande célébrité et une carrière musicale florissante, pense qu’elle sait gérer. Que jouer dans un film n’est pas plus compliqué qu’un concert. Que les gens seront content de te voir à la télévision que tu joues mal ou bien. Mais non. Tu ne prends rien pour acquis. Tu écoutes les conseils des autres…

Je marquai un pause avant de reprendre pour mieux expliquer mon point de vue.

-J’avoue que je n’ai jamais engagé de stars de la musique dans mes films parce que j’ai peur qu’ils se prennent pour ce qu’ils ne sont pas ou ne sont pas encore. Mais là, je dois avouer que je devrais peut-être ne pas les condamner trop vite. Tu viens de me donner la preuve que c’est possible d’en trouver qui peuvent mettre leur ego de côté sans croire que tout est déjà acquis à leur avantage.

Comme quand les critiques viennent chaque fois avec de bons mots pour les guests star de la sitcom de Robin North et Sloan Perry… Alors que, de mon avis, certains ne sont pas fait pour l’acting. Mais bon ! Quand tu as des noms comme « Daniele Ricci », « Cash Izbel » ou encore « Howard Stone » au générique ça fait de l’audience… Qu’ils soient bon ou non. Personnellement, ce n’était pas comme ça que je voyais les choses. Pour moi, un gros noms ne fait pas nécessairement un bon acteur. Et l’audience n’est pas tout !

-En tout cas, je ne manquerais pas de regarde ton film dès sa sortie. Je veux voir ce que tu vaux. Et qui sait si tu ne pourrais pas m’inspirer quelque chose?

J’esquissai un petit sourire la laissant prendre comme elle voulait ce que je venais de dire.

-Oh et si tu veux, un jour, voir un tournage d’une plus grosse production et avoir des conseils d’autres acteurs, tu pourras passer sur le tournage de Spaceship. Passe le mardi, c’est là qu’il y a le plus d’actions.

Quand Enora est là il y a toujours de l’action sur le plateau. Mais c’est aussi parce que j’ai l’impression que Livia s’entendrait à merveille avec mon ex-femme. Et que si Livia détourne l’attention d’Enora, j’aurais la paix !

-Je te donnerais un pass d’accès. J’ai pu rentrer ici facilement mais pour entrer dans les studios de Spaceship c’est plus compliqué. La productrice est parano. Elle a peur de l’espionnage industriel.

Mouais, non, en fait, Enora s’en fiche. Mais pas moi.

Ça semblait surprenant que je puisse être fan de Spaceship probablement parce qu’à première vue, je n’étais pas le public cible pour ce genre de série. Je ne cachais pas d’ailleurs ne pas être fan de la science-fiction mais cette série avait quelque chose de plus que je n’avais pas retrouvé dans les production de même acabit. Il y avait quelque chose d’humain dans les personnage qui faisait qu’on s’y attachait facilement et qui faisait aussi en sorte que nous voulions voir la suite au prochain épisode.

- Je crois, oui, que c’est ce qui m’a fait accrocher et je suis certaine que je ne suis pas la seule pour qui c’est le cas.

On parla ensuite de mes premiers pas sur un plateau de tournage, de ce que cela représentait pour moi. C’était un nouveau défis, quelque chose de tout nouveau mais que j’appréciais. J’écoutais les conseils qu’on m’offrait, je ne tenais pas pour acquis mon succès dans la chanson en jouant la diva sur le plateau. Je ne voulais pas adopter une attitude arrogante en me pensant au-dessus de tout. J’étais la petite nouvelle, celle qui avait tout à apprendre.

- Pour l’instant en tous les cas, j’apprécie beaucoup l’expérience. Qui sait où elle me mènera ? Je ne ferme aucune porte.

Allais-je abandonner la chanson pour une carrière au cinéma ?

Non !

J’aimais beaucoup trop chanter et si ma participation à ce film suite à ma séparation d’avec ma maison de disque pourrait laisser croire que j’opérais un virage en ‘’U’’, il n’en était rien. Ceci amena Stephen à me suggérer de me tourner vers son grand ami, Brent Hughes, pour prendre ma carrière en main. En dedans de moi, je souriais grand ! S’il savait que c’était déjà signé !

- Si de se lever tard est son seul défaut, il peut bien dormir jusqu’à midi, ce cher Brent ! , dis-je en rigolant.

J’adorais Brent, l’oncle de mon ex-mari, plus que n’importe qui dans la famille Hughes. Avec lui, la conversation était facile et toujours enrichissante, qu’importe le sujet.

Je rigolais encore quand Stephen me demanda de bien informer Brent que c’était lui qui en avait fait l’éloge ce qui amenait le célèbre producteur à avoir une dette envers moi. Je souriais en balayant sa phrase du revers de la main.

- Aucune dette. Je le ferai de bon cœur parce que je suis tout à fait en accord avec ce que vous avez dit.

Stephen s’intéressa sur ma source d’inspiration pour interpréter Lucy, mon personnage. N’ayant pas de formation d’actrice autre que ma petite expérience dans une pièce de théâtre d’école, je devais puiser dans mes années de lycéenne et surtout, d’éviter de tomber dans le caricaturale. Si je faisais cela, je risquais fort bien de rater la cible et d’être peu crédible. J’expliquais à Stephen mon approche qu’il jugea d’impressionnante.

Entendre ses commentaires me faisait sourire et pas qu’un peu. Comment pouvait-il en être autrement alors que tout ceci venait de quelqu’un qui trempait dans le métier depuis tellement d’année ? L’entendre également dire que notre conversation avait changé sa perspective sur les artistes de la chanson et leur égo et l’encourageait à réévaluer la possibilité d’en engager dans l’une ou l’autre de ses productions me rendait fière.

- Si notre conversation a pu changer votre perspective, j’en suis flattée.

Stephen allait regarder mon film à sa sortie et ajouta qu’il ne fermait pas la porte à savoir si ma prestation l’inspirerait. S’il continuait, il allait me donner la grosse tête avec autant de beaux mots. En plus, il m’invita à passer sur le plateau de Starship, de quoi me rendre encore plus euphorique.

- Oh, vraiment !? Wow ! Merci, je n’y manquerai pas, c’est certain !

Il me donnerait un pass d’accès ainsi, j’aurais toute légitimité d’entrer. Je devais avoir des étoiles dans les yeux, en tous les cas, j’avais des papillons dans l’estomac.

Derrière moi, on sonna la fin de la pause. J’aurais aimé continuer cette discussion mais je devais y retourner. Ce n’était que partie remise, j’en étais certaine.

- Je viendrai mardi prochain sur votre plateau, sans faute. Merci pour la belle conversation, elle va rester gravée dans ma mémoire, ça ne fait aucun doute.

Livia pensait bien que c’était parce que j’avais donné une dimension au-delà de la science-fiction à ma série qu’elle avait accroché. Elle était certaine que c’était le cas pour bien d’autres personnes qui n’appréciaient pas spécialement la science-fiction. Je devais avouer qu’après la semaine que j’avais passée, ça faisait du bien d’entendre ça. De quoi me mettre un peu moins sur les nerfs que je ne l’étais.

Livia me parla un peu de cette première expérience en tant qu’actrice. Elle disait apprécier ça pour l’instant. C’était le plus important à se demander, finalement. Tout le monde n’était pas fait pour être acteur et tout le monde n’appréciait pas spécialement ce métier. Mais, jusqu’ici, Livia n’était pas mécontente de ce qu’elle vivait. Elle ne se fermait, donc, aucune porte. J’hochai de la tête. Quand on avait ce privilège d’être demandé pour un rôle, il fallait en profiter.

Peu ont cette chance. Même certains acteurs confirmés doivent parfois passer par des auditions pour obtenir un rôle. C’est d’ailleurs parce que j’étais très peu doué à ce petit jeu que je suis devenu réalisateur.

Malgré tout, Livia ne comptait pas abandonner sa carrière de chanteuse. C’est ça qui la faisait réellement vibrer. Alors, je pris l’occasion pour faire de la pub pour Brent afin d’avoir d’avance, payer ma future dette envers lui. J’allais même jusqu’à faire pas mal de compliments envers mon meilleur ami déclarant que son seul défaut était de se lever tard. Ce qui, pour moi, était un sacré gros défaut ! Mais Livia pensait bien que si c’était son seul défaut, il pouvait bien dormir jusqu’à midi. Je ricanai.

-Il se laisse vivre, le Brent…

Il avait toujours été comme ça. A ne pas se prendre la tête. On était opposé pour ça.

Livia comptait bien faire passé le message comme quoi j’avais fait la pub de Brent. Du coup, je déclarai que je lui revaudrais ça déplaçant, en réalité, la dette de Brent à Livia… Mais la jeune femme disait que je ne lui devrais rien. Sauf que, dans mon esprit, je lui devrais quand même quelque chose. C’était plus fort que moi ! Malgré tout, j’esquissai un sourire reconnaissant.

Bon ! J’étais encore un peu curieux. Notamment sur le comment Livia avait procédé pour se mettre dans son rôle. Sa réponse me plu parce que je pouvais voir que, malgré son statut de star, elle ne se prenait pas pour une star, justement. Ça me faisait remettre en cause mes convictions comme quoi je n’engagerais jamais un star de la chanson pour jouer dans une de mes productions. Livia semblait flattée d’avoir pu changer ma perspective.

La jeune femme m’avait fait bonne impression. J’avais pu constater qu’elle n’avait, effectivement, rien n’à voir avec son géniteur. Je le savais déjà à travers Brent mais, maintenant, j’en étais certain. Alors, je décidai de l’inviter sur le tournage de Spaceship qu’elle puise voir comment ça fonctionne sur une plus grosse production que celle qu’elle était en train de tourner. Elle réagit comme une petite fille devant un cadeau de Noël ce qui m’arracha un sourire.

-Parfait !

J’allais lui donner un pass pour qu’elle puisse entrer sans se faire recaler. C’est à ce moment que la fin de la pause fut sonnée. Livia allait devoir reprendre le travail.

Elle déclara qu’elle viendra mardi prochain. J’hochai de la tête avant qu’elle n’ajoute qu’elle avait apprécié la conversation.

-Il y en aura d’autre.

C’était certain !

-A mardi, alors ! Moi, je vais me barrer d’ici avant de me faire jeter.

Je la laissais, donc, rejoindre les autres acteurs et je quittai les lieux pour me diriger vers d’autres studios et d’autres personnes à ennuyer.