-C’est vrai ce que je viens d’entendre ? Olivia Cortez doit passer sur notre tournage ? Qui a autorisé ça ?

Enora me regardait avec des poignards dans les yeux alors que j’avais sonné la pause après qu’on ait tourné quelques scènes ce matin. Apparemment, Enora venait d’apprendre que Livia allait être de passage aujourd’hui. Il faut dire que j’avais prévenu pas mal de gens travaillant sur le tournage que la jeune chanteuse allait venir. Tout le monde sauf Enora Lee.

Je la fixai et répondit avec le plus grand sérieux du monde.

-Moi. J’ai autorisé ça. J’ai rencontré Livia il y a une semaine sur le tournage d’un petit film quelques studios plus loin. Je lui ais proposé de venir voir comment ça se passe sur une plus grosse production. La gamine semble intéressée par le métier alors… Tu as un problème avec ça, Enora ?

Elle roula des yeux avant de mettre les poings fermé sur ses hanches. La position qui montre qu’elle n’était absolument pas satisfaite de ce que je venais de dire.

-Et tu ne m’as rien dit ? Je suis productrice que je rappelle ! Tu n’as pas à me faire ce genre de petit secret. On invite pas n’importe qui sur ce plateau, Shran !

Oh pas de « Stevie » ? Elle est réellement énervée ! C’est bien pour ça que j’avais laisser entendre à Livia qu’il était mieux qu’elle passe le mardi et pas un autre jour de la semaine. Car le mardi, c’est le jour où il y a le plus d’action !

Je fronçai, à mon tour, les sourcils.

-Et toi, tu ne m’as rien dit non plus concernant ton attirance envers mon meilleur ami ! Il a fallu que je fasse irruption chez lui pour voir que tu étais capable de finir dans son lit !

Elle soupira et roula des yeux.

-Tu exagères… J’ai le droit de mettre qui je veux dans mon lit et aller dans celui que je veux. Tes principes à la con, tu peux te les garder !

J’allais répliquer en haussant le ton mais un des membres du staff intervint en nous annonçant qu’Olivia Cortez était arrivée. Je le remerciai avant de me déplacer vers la jeune femme, Enora sur mes talons. J’affichais un sourire. Je savais sourire quand je voulais même si on m’avait énervé même pas deux secondes avant.

-Salut, Olivia. Bienvenue sur le tournage de Spaceship. Je te présente Enora Lee. C’est la productrice de la série. Elle vient tout les mardis pour voir si je respecte à la lettre ses conditions.

Et ces principes à la con ! C’est ce que j’aurais voulu rajouter mais je me retins. Enora, elle, avait bien plus de mal que moi de sourire.

-Bonjour Mademoiselle Cortez. Il parait que vous avez eu un rôle pour un petit film. Félicitation à vous.

Elle venait de l’apprendre il y a deux minutes, en fait. Mais elle faisait mine de le savoir depuis longtemps… Sacré Enora.

-Je te fais faire le tour ? Après tu pourras voir comment on tourne une scène ici. Je peux répondre à tes questions sur l’acting aussi.

Enora croisa les bras en regardant la jeune femme comme si elle analysait chaque intention de la jeune fille. Et c’est moi qu’on traite de parano, après ça !

À peine avais-je mis le pied sur le plateau de Spaceship que je pouvais voir la différence entre une production d’une si grande envergure et celle du film pour lequel j’avais obtenue mon premier rôle. Mon film en était un de petit budget, sans prétention et qui était tourné dans le but de divertir tout simplement alors qu’ici, les ambitions étaient plus évoluées.

On m’accueilli dès mon arrivée, on me serra la main et on me dirigea vers Stephen Shran, celui qui m’avait invité, pas plus tard que la semaine dernière. Je me sentais légèrement intimidé en passant au travers un staff volumineux et du matériel de haute qualité. Il y avait plus de bruit que dans mon studio et beaucoup plus d’action, là-dessus, Shran n’avait pas menti !

Je ne savais où regarder tant il y avait à voir ! C’était fort impressionnant, captivant et un peu déstabilisant. On me guida jusqu’à Shran qui était en conversation avec une femme qui, au premier regard, ne semblait pas de très bonne humeur. En fait, vu la position de ses poings sur ses hanches, j’aurais cru qu’elle était contrariée ou exaspérée.

Quand il m’aperçut, Stephen me présenta tout de suite à la femme et cela me fis rire, intérieurement. Tombais-je à point ? Venais-je de couper court à une conversation qui l’ennuyait ? Si j’en jugeais pas la forme qu’il utilisait, tout portait à le croire !

- Merci pour l’invitation, Stephen. Enchantée de faire votre connaissance Madame Lee.

Je lui tendis la main pour la lui serrer alors qu’elle semblait me regarder comme si elle m’analysait ou plutôt, si elle essayait de comprendre si elle m’appréciait, ou non. C’était un peu étrange et inconfortable pour dire vrai surtout la façon dont elle parla de mon petit film.

- C’est exact. La production n’a certes rien à voir avec ce que vous faites ici mais, il faut bien commencer quelque part. En tous les cas, c’est un plaisir de venir ici aujourd’hui.

Stephen coupa le malaise en me proposant de me faire faire le tour en disant que cela me permettrais de voir comment ils tournaient des scènes et qu’il pourrait également répondre à mes questions sur l’acting, si j’en avais.

- Avec plaisir. Je vous suis.

Ce fut avec soulagement que l’on s’éloigna de Madame Lee qui n’avait pas bougée d’un cheveux et nous regardait nous éloigner comme si elle voulait nous surveiller, de loin. En tous les cas, mon film n’était certainement pas une production d’aussi grande envergure mais au moins sur notre plateau, l’ambiance était moins rigide.

- On sent bien le sérieux et le professionnalisme quand on entre ici. Mais j’imagine que c’est normal avec une série autant onéreuse.

Je ne connaissais pas grand-chose au cinéma mais ce n’était pas un secret pour personne que chaque épisode qu’ils tournaient ici coûtait un paquet de fric au studio.

Vous savez quoi ? J’aimais quand mes actions énervaient Enora. D’habitude, c’était l’inverse. Certainement parce que j’avais l’art de m’énerver vite. Mais là, je voyais bien que ça ne lui avait pas plu de ne pas savoir que Livia passerait en visite sur le tournage. Et vous savez ce qui était d’autant plus drôle ? C’est que, cet énervement, elle avait bien du mal à le cacher quand Livia fit son entré sur le plateau.

On la salua et elle fit de même. Elle me remercia, au passage, pour l’invitation ce qui arracha une petite moue à Enora. Je n’avais aucune idée de ce qu’Enora pensait de Livia… Je ne savais qu’elle appréciait la musique de la jeune femme mais je ne savais pas si elle avait une quelconque opinion sur Livia ou non. Mais le fait est que je pensais bien qu’elle était surtout contrarié par le fait de n’avoir pas eu son mot à dire dans ma décision de laisser la jeune fille venir visité le plateau.

-Moi de même, Madame Cortez.

Elle l’avait appelé « Mademoiselle Cortez » il n’y a pas deux minutes mais comme Livia l’appelait « Madame Lee », Enora avait décidé de faire de même. C’était mon ex-femme tout craché. Elle est fan du passif-agressif !

Vous savez quoi ? Maintenant, je souriais réellement parce que la situation m’amusait.

Livia confirma faire partie d’une production bien moins grande que celle de Spaceship mais elle ajouta qu’il fallait bien commencer quelque part. Enora, là-dessus, sembla extrêmement d’accord.

-Effectivement. Commencer par une petite production donne un bon avant-goût du métier avec moins de pression que sur une plus grosse production.

J’aurais bien voulu voir comment cette petite conversation allait tourné mais je ne voulais pas qu’Olivia soit un dégât collatéral de me éternelles disputes avec Enora. Alors, je lui proposai une petit visite du plateau. Elle accepta et on s’éloigna de mon ex-femme. Je sentais toujours le regard d’Enora sur nous. Je l’avais réellement foutu en rogne et ça me donnait énormément de satisfaction !

La jeune femme déclara qu’on sentait bien le professionnalisme. Je la dirigeai vers le décor déjà préparé pour la prochaine scène. C’était la passerelle du vaisseau. Un décor plus grand que ce que Livia avait pour sa propre production.

-Je suis d’avis de penser que, peu importe le budget, il faut donner le maximum de son professionnalisme. Quand j’ai démarré en tant qu’acteur j’ai fait quelques plus petites productions. Deux exactement. Et j’ai donné le meilleur de moi-même. Je demanda le même chose de tout le monde ici. On me trouve exigent… Voir parfois excentrique… Mais je n’en ai que faire.

J’esquissai un petit sourire.

-Le budget de Spaceship est assez grand mais il passe surtout dans le maquillage et les acteurs. Je mise plus là-dessus que sur les effets spéciaux. Ici, tu es dans le décor de la passerelle du vaisseau. Beaucoup de scène sont tournées dans le vaisseau. Ça nous permet de ne pas devoir trop dépenser en décor. Même si on s’est attardé sur les détails pour créé les décors du vaisseau.

Je laissais Livia s’imprégner des détails du décor.

-Oh et désolé pour Enora… Je ne lui ais pas dit que tu venais. Elle n’a pas apprécié. Elle m’en veut plus à moi qu’à toi, je crois. C’est le soucis de bosser avec son ex-femme, ça… Ça tourne vite à la dispute.

Et je ricanai un petit peu à cette constatation.

Ce que je découvrais, à peine avais-je mis un pied sur le plateau de Spaceship, n’avait rien à voir avec ce qui se passait sur mon propre plateau. Je ne pouvais pas non plus comparer des pommes et des oranges ! Mon film était une petite production sans prétention alors que celle de Spaceship était ambitieuse, remplis d’effets spéciaux et de maquillages à couper le souffle.

On me guida rapidement à Stephen, qui m’avait personnellement invité la semaine dernière, et auprès d’Enora Lee, la productrice de la série qui, visiblement, n’était plus qu’enchantée que ça de ma présence. Je ne savais pas ce qui l’ennuyais mais ça ne m’intéressais pas plus que ça de le savoir. Je me ferais toute petite et je ne resterais pas toute la journée non plus. Pas besoin de craindre que je sois dans leurs jambes.

Enora me questionna sur mon projet, une petite production je n’avais pas peur de le dire puis comme je le mentionnais, il fallait bien commencer quelque part !

- En effet, je suis d’accord. J’aurais eue l’air d’une biche effrayée par les phares si j’avais dû me retrouver sur un plateau comme le votre pour une toute première expérience.

Stephen coupa court à cette conversation en me proposant de me faire visiter. Je le suivis donc au travers du plateau, vers un décor déjà prêt. Connaissant la série, j’essayais un peu de deviner la scène mais nous pouvions nous attendre à tout alors, le suspens demeurait bien présent.

- C’est pour cela que je donne mon deux cents pour cent. Je ne me suis pas présenté pour le tournage avec l’attitude de la fille qui aune carrière en musique et qui veut impressionner. J’étais là pour apprendre et je continue d’en apprendre, tous les jours.

Là-dessus, Stephen et moi nous entendions bien et quand il ajouta qu’on disait de lui qu’il était exigeant et qu’il n’en avait rien à faire, je rigolais. J’aimais sa façon de penser. En fait, j’aimais les gens qui assumaient leur réputation.

Je regardais autour de moi alors qu’il me présentait le décor de la passerelle du vaisseau. Combien de scène actée sur cette passerelle avais-je visionnée ? Je ne les comptais plus alors que je souriais grands.

- C’est impressionnant de se retrouver là après l’avoir vu tant de fois à la télé.

Je voyais ce que nous ne voyions pas à la télévision je me sentais presque comme l’un des personnages de la série et l’effet était loin d’être désagréable

- Oh, je comprends mieux maintenant…

Enora en voulait à Stephen de m’avoir invité sans son consentement ce qui de toute évidence, pimentait l’interaction entre lui et son ex-femme. Je pouvais comprendre que de travailler au quotidien ensemble ne devait pas être évident. En général, lorsque l’on se sépare de quelqu’un, ce n’est pas pour passer davantage de temps avec.

- Ça ne doit pas être évident comme situation tous les jours, je suppose.

D’un autre côté, il l’avait aimé, fut une époque alors elle ne devait pas n’avoir que des défauts, et lui non plus.

- Je peux repasser une autre journée si vous pensez que cela pourrait aider l’ambiance. Je ne veux pas que ma présence vous attire des ennuis non plus.

Bon ! Enora était de mauvaise mais c’était, quelque part, un peu l’effet que je voulais. Sauf que ça semblait quelque peu retomber sur Livia à qui elle n’offrit pas le meilleur des accueils. Mais la jeune femme resta courtoise alors qu’Enora et elle parlaient du film dans lequel la chanteuse jouait actuellement. La jeune fille disait que si elle avait commencé par un tournage comme le nôtre elle aurait été bien plus effrayée. Enora hocha de la tête.

-C’est sûr que ça peut impressionner. Mais je suis certaine qu’avec l’expérience que vous avez sur scène, vous auriez pu passer au-dessus de vous appréhension.

C’est clair que Livia avait l’habitude de s’exposer sur scène et même si ce n’était pas du tout la même chose que de tourner un film, ça demandait une même sorte de courage. Limite, on s’expose plus en tant que chanteur qu’en tant qu’acteur. En tant qu’acteur, on joue, finalement, quelqu’un d’autre que soit… Bien que certains chanteur se créent un personnage sur scène aussi…

Je finis par abréger la conversation entre les deux femmes pour que Livia ne subisse pas trop les assaut d’une Enora mal lunée. Et je démarrai notre petite visite par les décors dont celui de la passerelle du vaisseau. La jeune femme me posa des questions auxquelles je répondis clamant que peu important l’importance de la production, j’étais partisan du fait qu’il fallait toujours montrer le meilleur de soi-même. Livia rétorqua que c’est pour ça qu’elle se donnait à 200% sur le film pour lequel elle avait été engagée.

-C’est le genre d’attitude qui te permettra d’avancer dans ce foutu monde.

Je parlais du monde du cinéma… Mais ça valait aussi pour la vie en général. Même s’il ne faut pas nier ses acquis ou les dévaloriser. Une expérience dans un domaine peu aider dans un autre. En ce qui me concernait, j’étais sans doute trop borné voir, parfois, trop sûr de moi que pour, parfois, m’arrêter pour écouter ceux qui auraient de bon conseil à me donner. C’était moins le cas quand j’avais l’âge de Livia… Mais je n’avais plus l’âge de Livia.

J’enchainai en parlant de mon exigence ce qui fit rire la chanteuse. Je la laissais, ensuite, s’imprégner des décors de ma série qu’elle trouvait impressionnant. J’esquissai un sourire.

-Content que ça te plaise.

Je parlai un peu de la répartition de notre budget ce qui permettait à Livia de mieux comprendre les choses. Je misais sur le talent des acteurs et sur celui de mes maquilleurs plus que sur celui des effets spéciaux.

Après ça, je m’excusais un peu pour l’attitude d’Enora. J’affirmai que c’était surtout à moi qu’en voulait mon ex-femme. Livia déclara alors que ça ne devait pas être simple tous les jours.

-Heureusement elle ne vient qu’une fois par semaine. J’ai pas mal carte blanche sur la série ce qui fait qu’elle n’est pas obligée de venir tous les jours. Mais… Ouais… C’est plutôt rock’n’roll quand elle est là.

Et j’ignorais si j’adorais ça ou si je détestais ça. Je savais que je détestais ça lors de la diffusion de l’ancienne série Spaceship… Mais maintenant qu’Enora et moi avions été marié et divorcé, les choses était les mêmes tout en étant différentes.

-Elle trouve que je fais travailler trop tout le monde. Ce qui est faux…

Bon… Presque faux… Ok, je l’avoue. Mais pour atteindre la perfection, il faut bosser !

Livia se disait qu’elle pourrait repasser un autre jour.

-Non, ne t’en fais pas. L’ambiance est toujours comme ça le mardi. Enora et moi on trouve toujours un moyen de s’engueuler. Ça n’aurait pas été toi, ça aurait été moi qui lui aurait reproché qu’elle a failli se taper mon meilleur ami, Brent, pas plus tard que vendredi… Tu te rends compte de ça ?

J’étalais un peu ma vie (et celle de Brent et d’Enora) mais je n’en avais que faire. Il me faudra encore quelques jours avant de digérer ça. Au moins un ou deux !

C’est là qu’un membre de mon équipe technique que j’avais engagé il n’y a pas deux semaine, j’approcha de nous. Il était jeune et avait un sourire jusqu’aux oreilles.

-Olivia Cortez ? C’est bien vous ? Je suis fan de ce que vous faites ? Je pourrais avoir un autographe ?

Non mais qui lui a dit de quitter son poste ?!

-Qu’est-ce que tu fous ici ? Tu ne dois pas être à ton poste ?

Vous savez ce qu’il fit ? Il m’ignora, tout simplement. Son regard brillait à la vue de Livia et il commença à la questionné.

-Vous avez quitté BSC… C’est dommage. On pourra quand même vous entendre encore ?

Mais c’était quoi ce type ? Un journaliste infiltré ?!

Il y avait une certaine tension qui émanait d’Énora. Est-ce que ma présence dérangeait à ce point ou était-ce autre chose ? Quoi qu’il en soit, je le ressentais assez pour me croire être à l’origine de son désagrément. La conversation était courtoise au minimum, basée sur des sujets que nous effleurions tout juste pour meubler l’instant.

- Je ne veux pas miser sur mon expérience de la scène pour  me prétendre actrice. Les deux choses se ressemblent certes mais en même temps, sont tellement différentes.

Peut-être pouvais-je être une bonne actrice parce que j’avais une bonne présence sur scène, que je savais bouger et que je n’avais pas peur de m’exposer devant une salle pleine ce qui revenait à m’ouvrir devant une caméra et faire transcender différentes émotions. Qui sait ? Je le verrais à la sortie de mon premier film, si ma performance est bien accueillie.

Je fus un peu soulagée quand Stephen mit un terme à la conversation et nous dirigea, sans Enora cela va de soi, plus loin sur le plateau.  Discuter avec lui m’était facile, peut-être parce que j’appréciais beaucoup ses œuvres et que, quelque part, j’étais fan de son travail.

- C’est quelque chose que je m’efforce de faire dans toutes les sphères de ma vie. Ma mère était comme cela, c’est ce qu’elle nous a enseigné de faire.

Ne jamais faire les choses à moitié et, si nous nous impliquons dans quelques choses, nous devons le faire au meilleur de nos capacité et pas en bas de cela.

De me retrouver sur le plateau de tournage d’une série dont je ne ratais dorénavant plus un seul épisode était impressionnant. Je reconnaissais les décors, je parvenais à visualiser certaines scènes que j’avais appréciées. C’était fascinant et excitant tout à la fois.

- Je vais m’en souvenir longtemps, ça ne fait aucun doute !

Stephen se confia un peu à moi en me parlant de l’attitude de son ex-femme, pour me faire comprendre que c’était à lui qu’elle en voulait et non pas à moi. Ça ne devait pas être simple de travailler avec son ex, à moins d’être resté en très bon terme avec la personne ce qui était en général beaucoup plus facile à faire qu’à dire.

- Et c’est exactement sur ce jour que vous m’avez invité. On pourrait presque croire que c’était fait exprès.

Ce constat me fit rigoler.

Il expliqua qu’Enora trouvait qu’il faisait trop travailler les gens et lui se défendait que c’était faux. Qui disait vrai ? Je n’en savais rien, je n’étais pas une proche du joyeux duo de divorcés et franchement, ça ne me faisait ni chaud ni froid de le savoir.

Je proposais de repasser une autre journée, si c’était mieux pour tout le monde, pour Enora à vrai dire. Ainsi, elle serait plu calme et Stephen pourrait bosser sans subir sa colère mais il me rassura en disant que c’était toujours ainsi le mardi. En gros, ma présence ne changeait rien à l’humeur de la femme. Stephen n’avait visiblement aucun filtre alors qu’il me révéla qu’Énora était passée près de coucher avec Brent, son meilleur ami.

- Ça ne doit pas être évident d’apprendre que son meilleur ami et son ex ont une histoire.

Je supposais…

Parce que dans mon mariage, j’étais celle qui avait trompé et non celle qui avait été trompée.

J’allais demander à Stephen si nous pouvions entrer dans le vaisseau mais nous fûmes interrompus par un technicien qui ne semblait pas en croire ses yeux que je sois là. Il se disait fan de moi et voulait un autographe. Par réflexe et prise de court, je tapotais mes poches sans y trouver de stylo, sans succès. Je ne trainais pas systématiquement un stylo et du papier, au cas !

- Euh…

Il me regardait avec insistance, ignorant littéralement Stephen qui lui demandait comment cela se faisait qu’il n’était pas à son poste.

- Je n’ai pas mis un terme à ma carrière, je vous promets du nouveau matériel bientôt. Je peux peut-être laisser un autographe pour vous quand je quitterai ? Ainsi, vous pourrez retourner travailler…

Et Stephen et moi pourrons reprendre notre conversation ! À moins qu’il ne décide de le virer sur le champ.

La jeune Livia ne souhaitait pas rester sur ses acquis. C’est ce qu’elle affirma à Enora et ce qu’elle confirma, peu après, alors qu’on discutait tous les deux. Elle voulait, surtout, apprendre ce nouveau métier que, finalement, elle connaissait très peu. C’était une foutue bonne attitude, je suppose. C’est ce que je lui avais dit alors que la jeune femme confirma que c’est ce qu’elle s’efforçait de faire dans toutes les sphères de sa vie et que tout ça lui avait été enseigné par sa mère. Sa mère qui avait fait un piètre choix de mari. Mais bon ! L’amour rend aveugle ! Je suis bien placé pour le savoir, ça ! Parce que non seulement l’amour me rend aveugle mais il me rend complètement con aussi vu que je me marie bien trop souvent ! Parfois, j’essaye de me rassurer en me disant que si j’étais comme ça c’est parce que mon cerveau avait grillé trop de fois !

On se rassure comme on peut !

-Elle t’a bien éduqué, alors.

Livia semblait impressionnée par le plateau et les décors. Elle m’avait dit aimer beaucoup ma série alors elle pouvait replacer facilement le décor en contexte. J’esquissai un sourire quand elle affirma qu’elle allait s’en souvenir longtemps.

Ce fut là que j’excusais l’attitude d’Enora avant de m’épancher un peu sur elle et sur notre relation professionnelle… J’affirmai, ensuite, que même si Livia n’avait pas été là on aurait trouvé un autre moyen de s’engueuler… A croire qu’on aimait s’engueuler en public… En privé, on aimait certainement moins ça vu qu’on avait décidé de divorcer. Enora avait dit qu’elle n’en pouvait plus de ma paranoïa… Je ne suis pas parano, pourtant !

Livia déclara alors qu’on pourrait presque croire que je l’avais invité un mardi exprès. Je pris un air mi-innocent, mi-malicieux.

-Ah oui ? Peut-être que ça l’était… Mais crois-moi quand je te dis que je n’aurais pas imaginé que sa mauvaise humeur déborderait comme ça sur toi. Sinon, je l’aurais prévenu que tu venais.

N’empêche qu’Enora n’était pas sur un non plus ! Pour cause, je m’épanchais sur le fait qu’elle avait presque coucher avec mon meilleur ami pas plus tard que vendredi ! Et lui s’était laissé faire, en plus ! Du Brent tout cracher ! Il ne peut pas s’empêcher de passer du bon temps ! Livia compatissait avec ma colère.

-C’est clair ! Heureusement, ils n’ont pas pu aller jusqu’au bout des choses. Enora ne cesse de clamer qu’elle est libre mais elle ne doit pas oublier les principes de bases ! On ne couche pas avec mon meilleur ami !

Les principes, c’est important !

J’allais montrer plus en détail les décors quand un de mes jeunes employés assigné à l’équipe technique s’amena pour aborder Livia. Je détestais quand on quittait son poste et je le fis remarquer au jeune homme qui m’ignora royalement.

Il voulait un autographe de la jeune femme avant de lui poser des questions sur l’avenir de sa musique. Est-ce qu’on est à une séance de dédicace ? Non ! Pas que je sache !

Livia commença par tapoter ses poches en recherche, j’imagine, de quoi donner ce qu’il voulait au type. Elle était bien gentille. Un peu trop, peut-être. Mais elle n’avait pas de quoi signer. Elle entreprit tout de même de répondre à sa question révélant qu’elle allait sortir du nouveau matériel bientôt. Ah oui ? Sans label ? Intéressant.

Et je vis le visage de l’homme s’illuminer alors que la jeune fille lui promettait un autographe avant de partir.

-Oh, merci beaucoup ! Je suis soulagé d’apprendre que vous allez continuer la musique.

Je fis la moue.

-Retourne à ton poste, maintenant !

Je dis ça sur un ton agacé mais le type m’ignora encore. C’est sérieux ça ?

-Vous avez signer ailleurs ? Oh, non, laissez-moi devinez ! Vous allez le sortir sans maison de disques, votre nouveau matériel ? Vous allez vous autoproduire, c’est ça ?

Je plissai les yeux. Il est bien curieux, celui-là. Et il m’énervait à me snober, ainsi. Alors, complètement agacé, je lançais.

-Ok ! T’es viré. Prends tes affaires et sort d’ici. Sur-le-champ !

Ok, là j’avais son attention.

-Mais… Monsieur Shran… Vous ne pouvez pas faire ça !

Il était outré. Ah ouais ? Bah, je m’en fiche.

-Si, j’ai le droit ! Va voir Enora et va lui dire ce que je viens de dire pour voir si j’ai pas le droit ! File sinon, j’appelle la sécurité pour qu’ils te sortent.

Il fronça les sourcils mais n’argumenta pas et alla directement voir Enora pour rouspéter. Je me retournai vers Livia.

-Il faut toujours faire attention aux questions des pseudos fans… C’était peut-être un journaliste infiltré. Il y en a partout !

Ce n’était pas le premier que je soupçonnais d’être un journaliste ou un paparazzi infiltrés. J’en avais viré d’autres sur base des mêmes suspicions même si Enora disait que je fabulais.

-D’ailleurs… J’espère qu’ils ne t’ennuient pas trop, les journalistes, depuis ta rupture de contrat. Sinon, je te conseille les caméras de surveillance autour de ta villa… C’est très efficace pour la dissuasion. Et place des alarmes un peu partout aussi.

Stephen était d’avis que ma mère m’avait bien éduqué. Il disait cela parce que je lui avais raconté que ma façon d’aborder la vie et ses défis m’avait été apprise par elle. Ça me fit sourire, j’aimais bien qu’on complimente ma mère, celle qu’elle était avant de devenir le tapis de bain personnel de Jimmy Reed. C’était la belle époque… une époque que je n’appréciais pas quand j’y avais les deux pieds bien trempés.

- Disons qu’elle a surtout fait son possible. Elle et mon père avaient une bonne discipline. Une main de fer dans un gant de velours.

Ma mère s’était perdue, depuis, dans une vie de frivolité et d’apparences alors que mon père lui, avait gardé la tête hors de l’eau et je le sentais mieux que jamais dans sa peau. En plus, maintenant qu’il vivait sur mon domaine, il se plaisait à jouer les hommes de ranchs et à s’occuper des chevaux et entretenir la propriété.

Tout en discutant, Stephen me fit visiter le plateau, de quoi me donner de bons frissons. De pouvoir voir de mes propres yeux et en vrai le décor d’une série dont j’étais une nouvelle fan inconditionnelle n’avait pas de prix ! C’était comme si je prenais part à l’aventure, d’une certaine façon.

J’eu aussi droit à un petit résumé de l’histoire intime des ex-poux Shran-Lee et je compris un peu mieux le problème d’attitude d’Énora et ça me soulagea lorsque je compris que je n’étais la source de son mécontentement. Ceci dit, je taquinais Stephen lorsque je compris que son invitation à ce que je viennes le mardi, la journée où venait Énora, n’était pas anodine. La manière dont Stephen me répondit e fit rire doucement. Il me semblait être un sacré numéro !

- Je suis certaine que ça l’était. Je suis quand même contente d’entendre que sa mauvaise humeur n’était pas dirigée sur moi et, ceci dit, je ne suis pas affectée par ça. Il m’en faut plus pour être choquée.

Ce fut tout de même surprenant de l’entendre se confier davantage en ajoutant qu’il avait surprit son ex-femme et Brent Hughes, son meilleur ami, en position plutôt intime. Je pouvais comprendre qu’il se sente déboussolé par la situation, trahi même. La situation ne devait pas être évidente mais, qui étais-je pour juger ? Je n’étais pas en position de le faire.

On fut interrompu par un employé qui m’avait en admiration. Bien que je sois toujours heureuse de rencontrer des fans, me faire aborder comme si nous élevions les cochons ensembles me rendait toujours un peu mal. Je me faisais un point d’honneur de ne jamais laisser transparaitre mon malaise, quand j’en vivais un, comme c’était le cas présentement.

Il voulait un autographe, ce que je ne pouvais lui faire sur le moment faute d’avoir un crayon et un papier dans mes poches. Je lui proposais d’en laisser un à mon départ, une proposition qui l’emballa. Le fan avait aussi beaucoup de question, un peu trop à mon goût mais je restais quand même souriante et courtoise au possible, tout le contraire de Stephen dont le visage se contorsionnait sous la colère.

- Il faudra attendre la sortie de mon album pour avoir les réponses à vos questions, un peu de patience. Je vous promets que vous ne serez pas déçu.

L’insistance du fan eu le dessus sur la patience de Stephen, déjà bien maigre. Il s’emporta et congédia sur le champ l’employé qui réalisa soudainement qu’il avait tiré un petit peu trop sur son élastique. Il venait de lui péter en plein visage. Je restais impassible, préférant de pas me mêler de la situation. De toute façon, ce n’était pas mon rôle de me mêler des décisions de plateau. Le pauvre bougre malmené s’en retourna, sans demander son reste, me laissant avec un Stephen remonté à bloc.

- Je sais. C’est pour cela que je lui ai répondu sans trop lui en dire. Je reste prudente.

Dire que j’avais du nouveau matériel n’engageais à rien et lui donnait quelque chose à se mettre sous la dent.

- Jusqu’à maintenant, j’ai beaucoup de chance, je n’ai pas encore eu de problème majeur avec les journalistes. Ils me respectent probablement parce que je ne suis pas avare, cependant je sais imposer mes limites.

Je hochais de la tête alors qu’il me parlait des caméra de surveillances. Dans le monde dans lequel nous vivions aujourd’hui, nous n’étions jamais assez prudents et mon kidnapping avait laissé ses traces.

- J’ai un système de surveillance de haute qualité. Les anciens propriétaires devaient eux aussi tenir à leur vie privé. On ne peut même pas avoir accès à ma villa en passant par le lac. C’est l’endroit au monde où je me sens le plus en sécurité et avec mon père récemment installé sur mon domaine, c’est encore plus rassurant.

J’affirmai, au cours de notre conversation, que la mère de Livia avait bien éduqué sa fille. La jeune femme répliqua que sa mère avait fait de son mieux… Qu’elle et son père avait une bonne discipline. Je tiquai avant de me rendre compte qu’elle ne parlait probablement pas de Jimmy Reed parce que c’était de notoriété publique que Reed n’avait pas élevé Livia. Je me contentai de sourire et d’hocher de la tête pour signifier que sa mère et son beau-père, qu’elle considérait, donc, comme son père, avaient fait du bon boulot.

On parla alors de ma série, des décors et de l’attitude d’Enora qui n’était pas due à Livia mais à moi ce que je ne tardai pas à dire pour rassurer la jeune femme. Je m’épanchais même un peu plus sur ma relation avec mon ex-femme. Sans doute que Livia n’avait pas besoin de tant de détails mais quand je causais sur un truc il était parfois difficile de m’arrêter surtout quand sa remuait des choses à l’intérieur de moi.

Mais la jeune femme n’était pas dupe… Elle se disait alors que je l’avais invitée exprès un mardi pour énerver Enora. Ce qui était bel et bien le cas bien que je fis mine de nier à moitié. J’esquissai un sourire en coin quand elle affirma que je l’avais probablement fait exprès avant de se dire rassurée que la mauvaise humeur d’Enora n’était pas dirigée vers elle.

-A vrai dire, je pense même que vous pourriez vous entendre… Elle aussi n’est pas vite choquée.

Non. Il en fallait beaucoup pour impressionner Enora Lee. Il faut dire que dans le monde du cinéma et du business il fallait s’accrocher… Et Enora savait s’accrocher. On a pas une boite de production à son nom en n’ayant pas un caractère bien trempé après tout. Même si je savais qu’Enora en avait chié pour arriver là où elle était. En partie à cause de moi, d’ailleurs…

Tout ça ne m’empêcha aucunement de révéler que mon ex avait presque couché avec mon meilleur ami !

Et c’est alors qu’on avait l’intention de continuer la visite qu’un fan de Livia, qui était, accessoirement, un de mes employés quitta son poste pour demander un autographe avant de bombarder la jeune femme de questions de plus en plus pointues. Il ignora complètement mes demandes qui le contraignaient à nous foutre la paix et à rejoindre son poste. Il tenta, ensuite, de tirer les vers du nez de Livia qui, cependant, resta vague ne révélant pas sous quel label son prochain album sortira.

Le fan n’eut pas le temps de poser plus de questions. Il était allé trop loin et je décidai de le virer sans préavis. Ça choqua l’employé qui se révolta un rien mais je me permis de tuer sa révolte dans l’œuf montrant que le maitre, ici, c’était moi !

Et moi seul !

Il finit par s’en aller pour aller, sans doute, pleurnicher chez Enora. Qu’il le fasse. Je savais que sur ce coup-là, elle sera totalement d’accord avec moi !

Je m’adressai, ensuite, à Livia pour la prévenir qu’il fallait faire attention aux journalistes infiltrés.

Ils sont partout !

Elle disait que c’était bien pour ça qu’elle avait été prudente dans ses réponses. J’hochai de la tête. Même si elle avait déjà dit pas mal de chose en parlant d’un album. Mais si elle l’avait dit c’est qu’elle n’avait aucune réelle raison de le cacher.

-Il devrait être content que tu ais été si conciliante. Moi, des fouineur comme ça, je les envoie chier.

Livia n’était pas ici pour répondre aux questions de tous les fans présent sur le plateau, après tout. Il y avait des moments pour que les fans puissent poser des questions et discuter avec leur idoles, hein. Des séances de dédicace et tout. Ça existe pour quelque chose, après tout !

Livia affirma que, jusqu’ici, elle n’avait pas encore eu de gros problèmes avec les journalistes. Elle disait qu’ils la respectaient parce qu’elle leur en donnait assez même si elle posait ses limites.

-Tu as de la chance. Mais dis-toi que plus longue et grande sera ta célébrité, plus ils vont devenir envahissant. Ils vont vouloir s’arracher tes photos… T’inventer des romances… Chercher à scruter ton moindre faux pas. Inventer des histoires sur une bête photo prise hors contexte… Ils sont impitoyables.

Je lui donnai, d’ailleurs, quelques conseils pour protéger sa vie privé en commençant par une bonne sécurité autour de sa villa. Elle affirma avoir déjà un système de sécurité de haute qualité que les anciens propriétaires avaient installés. Elle était aussi protégé par un lac. Elle s’y sentait, donc, en sécurité. Sans compté qu’elle ne vivait pas seule là-bas. Son père était là aussi.

-Parfait ! Une vraie forteresse anti-journaliste. Bien qu’il faut toujours faire attention. Certains utilisés parfois des gros moyens pour obtenir des photos.

Je fis une petite moue avant d’enchainer.

-Quand tu parles de ton père, j’imagine que tu parles de celui qui t’a élevé depuis l’enfance, c’est ça ? Pas de l’espèce de blondinet rétrograde qui dirige BSC, je suppose ? J’ai vu Jimmy Reed récemment. C’est toujours autant un enfoiré… Avec des gens comme lui, le monde n’est pas près d’évoluer.

Je ne cachai pas mon dégoût pour Reed. Pourquoi je le ferais d’ailleurs ? Même si Livia avait été en bon terme avec lui, je l’aurais quand même dit.

-Mais bon… Heureusement, la pomme est tombée loin de l’arbre, apparemment.

Du moins, c’est ce que je voyais. Je sortis alors un cigarette pour me calmer un peu mes nerfs après l’interruption qu’on avait eu. Je tendis, ensuite, le paquet à Livia pour qu’elle se serve…

-On continue la visite ?

J’avais la chance de visiter le plateau de Spaceship, de quoi faire rêver la fan en moi. On n’imagine pas de quoi ça a l’air, quand nous sommes confortablement installés devant notre petit écran. Il en faut du monde pour nous offrir un truc de qualité et à voir comment tout allait rondement, je ne pouvais que constater qu’ici, discipline et professionnalisme allai de pair.

En fait, c’était vrai jusqu’à ce qu’un employé ne quitte son poste pour venir me demander un autographe et me bombarder de questions. Je n’avais jamais rien refusé à mes fans mais malheureusement pour lui, je n’avais rien pour satisfaire sa demande, sauf une réponse évasive sur la sortie prochaine de nouveau matériel. Je pouvais très bien sentir Stephen bouillir intérieurement , je pouvais presque voir un compte à rebours au-dessus de sa tête, s’écoulant jusqu’à ce qu’il explose et signifie son renvoie à l’employé qui tombait des nues.

La réaction de Stephen ne m’avait pas choquée, je pouvais comprendre qu’ il puisse être irrité par le manque de professionnalisme de l’homme qu’il venait de virer. Il y a un temps pour chaque chose dans la vie et immédiatement, pour le staff de Spaceship, c’était le temps de bosser et pas autre chose. Cette petite intrusion dans notre conversation lui permis de me rappeler d’être prudente avec les gens, surtout avec les journalistes.

- Oh mais ça m’est arrivé ! On m’a prêté une aventure avec l’un de mes danseurs. Ça a pas mal malmené ma relation avec Julian. J’ai bien conscience que le moindre faux pas suffira à pondre tout un tas d’histoires à mon sujet. C’est un peu pour cela que je reste calme avec les fans insistants.

Dans ma tête, je pouvais leur dire tout ce que je voulais mais en vrai, je restais polie, souriante et consentais à signer tout ce qu’ils voulaient me faire signer. Sans les fans, un artiste n’est pas grand-chose.

Stephen me recommanda aussi de m’équiper d’un bon système de caméra de surveillance, chose que j’avais déjà. Il qualifia alors mon domaine de forteresse anti-journaliste, c’était une belle façon de le décrire.

- Vous venez visiter quand vous le voulez ! On y est si paisible, je m’y crois presque dans un oasis loin de tout.

Pourtant, ce n’était pas si loin du centre-ville, pas assez pour m’empêcher d’aller y faire du shoping sur un coup de tête quand l’envie m’y prenais. Puis, maintenant que mon père s’y était installé avec mon frère et ma sœur, mon bonheur était complet.

- Jimmy qui ?

Je souriais avant de poursuivre.

- Quand je parle de mon père, je parle en effet d’Enrique Lopez. Il a malheureusement fallu que je parte en quête de retrouver Jimmy pour comprendre que le seul et vrai père que j’ai toujours eu est celui qui m’a vu grandir.

La vie est bien mal faite, parfois mais, comme Enrique me le dit lui-même, mon besoin de savoir était rationnel et totalement compréhensible. Il aurait fallu que ma mère lève le voile sur l’identité de mon père biologique quand je lui demandais de le faire. Cela aurait peut-être suffit quoi que me connaissant, j’aurais tout fait pour obtenir mes propres réponses. L’histoire n’aurait donc pas été complètement différente.

- Oui, continuons. Je rêve de voir l’intérieur de ce vaisseau !

Je venais de virer un de mes employés sans ménagement. Il faut dire qu’il avait largement dépassé les bornes. Ça ne faisait que deux semaines qu’il était là mais j’estimais que deux semaines était largement suffisant pour vérifié que la réputation que les médias me prêtaient sur ma façon de me comporter n’était pas exagérée. J’exigeais beaucoup de professionnalisme et ce qu’il venait de faire n’avait strictement rien de pro.

Sans compter que je soupçonnais le type d’être un journaliste infiltré. Juste parce qu’il avait posé quelques questions un peu trop intrusive à Livia. Mais bon, ma parano n’a aucune limite alors… C’est ce qu’Enora dira, probablement. Mais elle confond souvent parano et prudence !

D’ailleurs, je ne tardai pas à dire à Livia de se méfier des journalistes. Ils vont chercher à parler d’elle pour un oui ou pour un non uniquement parce qu’elle est connue. Elle affirma que ça lui était déjà arrivé lorsque les médias lui avait prêté une aventure avec un de ses danseurs. Ce qui était faux, d’ailleurs. Ça avait mis à mal son couple, qui, aujourd’hui, n’existait, d’ailleurs plus bien que cette histoire de danseur ne semblait pas être la cause du divorce. Il en faut parfois peu pour venir à bout d’un couple. Je savais de quoi je parlais, là ayant quatre divorces à mon actif. Donc, loin de moi l’idée de juger Livia là-dessus. Le mariage, c’est compliqué.

-Rester calme est un art que je ne maitrise pas. Je respecte mes fans mais quand ils dépassent les bornes, je le leur fait comprendre. Pareil pour le presse même s’il est clair que j’ai bien moins de respect pour eux que pour mes fans.

Ils gagnent du fric sur des informations croustillantes… Et quand ils n’en ont pas ils inventent ! Je déteste ce genre de mentalité. C’est contraire à mes foutus principes.

Du coup, je donnais quelque conseille à Livia pour pouvoir, au moins au sein de sa villa, protéger sa vie privée. Elle semblait déjà avoir un bon système de surveillance et me proposa même de venir visiter son domaine qu’elle semblait beaucoup apprécier. J’esquissai un sourire.

-C’est si gentiment proposé que je passerais un jour. Ainsi, je pourrais voir si ton système de sécurité est optimal.

Rien de tel qu’un second avis, non ?

J’essayai, ensuite, de confirmer si le père dont Livia parlait était bien son beau-père et non Jimmy Reed, le fan des années 30. Elle blague me demandant de quel Jimmy je parlais ce qui me fit sourire en coin. Guitar&Pen avait, au moins, dit la vérité sur une chose : entre Livia et Reed, il y avait bel et bien de l’eau dans le gaz. Elle confirma, donc, qu’elle parlait bien de son beau-père et elle avoua qu’il lui avait malheureusement fallu qu’elle part à la quête de son père biologique pour se rendre compte que c’était son beau-père qui était, en fin de compte, celui qui méritait le plus le statut de père.

-La famille ce n’est jamais évident. On ne choisit pas ses parents biologiques. Tu as simplement tiré le mauvais numéro avec Reed. Et il faut parfois aller loin pour se rendre compte qu’on avait tout ce qu’il fallait à la base.

J’haussai des épaules. C’était comme ça. On est souvent jamais content de ce qu’on a.

Ceci étant dit, je proposais de poursuivre notre visite ce que Livia accepta.

-Allons-y, alors ! Avant qu’Enora ne me reproche d’avoir, encore, viré quelqu’un.

Je rigolai avant d’entrainer Livia vers la suite de la visite.