« Brent… Tu peux venir chez moi dès que tu es levé et que tu as pris une douche ? Il faut qu’on parle du retour de Datalore. Si tu croises un journaliste sur mon chemin privé, écrase-le. »

C’est le message que j’avais laissé sur le répondeur de Brent à 8h du matin exactement. Bien sûr, il n’avait pas répondu à mon appel. A 8h, Brento est dans son lit ! Il aura le message quand il daignera sortir son cul de son lit !

J’étais censé tourner aujourd’hui mais le destin en avait voulu autrement… Je m’étais réveillé à 3h du matin dans ma villa afin d’être à 4h aux studios mais après avoir pris ma douche, je m’étais écroulé en sortant de la salle de bain foutant le bordel en tombant en cassant un vase qui datait de l’époque où Enora vivait ici. C’est ce qui arrive quand je me remémore toutes les choses qui m’ont contrariés ces derniers temps alors que je suis sous la douche.

Quand j’ai repris connaissance, Enora était là… Elle venait toujours chez moi un peu après 3h du matin pendant que je suis déjà sous la douche. Elle déjeunait chez moi pour ensuite nous conduire aux studios. Elle m’avait entendu chuté et n’avait pu qu’attendre la fin de la crise avec impuissance. Il n’y avait jamais grand-chose à faire dans ces cas-là. Juste attendre et, éventuellement, appeler le secours si ça dure trop longtemps. C’est après qu’elle avait pu soigner les léger dégât sur mon visage… Je m’étais, visiblement, coupé la pommette gauche dans mon aventure. Rien de bien grave… Mais ça fait quand même mal à mort !

Résultat ? Enora a annulé la journée de tournage ! J’ai protesté… Elle a insisté déclarant que si je maintenais la journée de tournage, elle ne produira pas une saison supplémentaire.

Vous savez quoi ? Je hais les producteurs ! Eux et leur argent se sentent tout puissant ! Et, bien entendu, je n’avais pas eu d’autre choix que d’accepter. Parce que je savais qu’elle ne rigolait pas. La dernière fois que j’ai cru qu’elle bluffait, Spaceship n’a pas obtenu de quatrième saison !

Enora passa les coups de fils à qui de droit avant d’être, heureusement, appelée ailleurs. Il était 7h30 quand je pus, enfin, être tranquille à récupérer allongé dans mon fauteuil. J’ai dormi… Avant de me réveiller 20 minutes plus tard me disant que je n’avais aucune envie de rendre cette journées totalement improductive.

J’avais, donc, laissé ce message à Brent espérant qu’il daigne changer ses possibles plans pour la journée pour moi.

En attendant, j’avais fini par manger, me faire un bon café pour ne pas bêtement tomber de fatigue avant de me replonger dans mes scénario. Ceux que j’avais déjà écrit. Tout ça affalé dans mon fauteuil en attendant Brent qui savait qu’il pouvait rentrer dans ma maison comme dans un moulin. Un peu comme Enora, d’ailleurs… Heureusement, elle, je n’allais probablement pas la revoir avant 16h ou 17h. Ce que j’ignorais, par contre, c’était qu’Enora avait aussi, en repassant par chez elle, laissé un message à Brent lui sommant, s’il avait le temps, de passer me voir dès qu’il serait levé et habillé en précisant les causes de son inquiétude.

J’avais un peu abusé du Martini hier, chez mon frère, lors d’un souper où on avait parlé de ma chance soudaine avec mes protégés. J’en avais désormais trois qui était plus que prometteurs. Bon, Livia était déjà confirmée, mais ça ne voulait pas dire charrette. La notoriété est quelque chose qui s’entretient en faisant des bons choix et je serais là pour guider la chanteuse aussi sûrement que je serais là pour Johnatan et Eleanor.

Ah, et évidemment, je n’avais pas manqué de lui parler de mon retour imminent dans Spaceship !

Bref, on avait beaucoup discuté, beaucoup bu et je ne me rappelais même plus comment j’étais rentré chez moi. Probablement au volant de ma voiture parce que je ne voyais pas vraiment d’autre solution dans la brume de mon cerveau quand j’ouvris les yeux à 10 :30 du matin.

Allongé dans mon lit, en short et en t-shirt, je me frottai le visage à deux mains alors qu’un léger mal de crâne semblait vouloir pointer le bout de son nez.

-T’as abusé, Brento…

Je réussi à me lever après dix minutes à tergiversé sur la question de savoir si j’allais encore m’accorder une heure de sommeil ou si j’allais me bouger un peu le cul.

Finalement, je me levai, mou et dans un état de zombie avancé. Fort heureusement, je n’avais rien de prévu aujourd’hui alors si je le voulais, je pouvais larver toute la journée devant la télé. Et me connaissant, vers 18 :00, j’allais avoir un regain d’énergie qui allait me mener droit à une nouvelle sortie et… Bref, j’étais dans un cercle vicieux, quoi.

-Hugh ?

Hugh n’était pas là, mais quand j’ouvris le frigo, j’y trouvai un petit déjeuner tout préparé à mon attention. Je pris l’assiette garnie de pancakes aux fruits, un sourire sur les lèvres. Mais au moment où je posais l’assiette sur la table de la cuisine, je remarquai la petite lumière clignotante de mon répondeur. J’avais des messages.

Deux messages, exactement. Le premier, de Shran qui me demandait de rappliquer chez lui dès que je serais prêt et d’écraser les journalistes qui se trouveraient sur son chemin privé. Je ne pus m’empêcher de rire un peu tout seul… Même si je savais que Shran était quand même à moitié sérieux.

Le deuxième message était d’Enora qui  me demandait elle aussi de rappliquer chez Shran, mais pas pour parler de Datalore. Non, Shran avait encore fait une crise et s’était blessé en tombant et elle souhaitait que Shran ne reste pas seul…

-Bon ben je sais ce que je vais faire aujourd’hui…

Cela dit, je pris mon temps, hein, pour manger, prendre ma douche, m’habiller… Et je laissai un mot à Hugh comme quoi j’allais chez Shran, ce qui signifiait, il le savait bien, que je pouvais possiblement revenir très tard.

Je fis le tour de ma voiture pour voir si elle n’avait pas des griffes ou des bosses que j’aurais faite lors du trajet du retour hier… La lumière du soleil me faisait un peu mal aux yeux et j’avais la tête lourde, mais ce n’était pas une petite gueule de bois qui allait m’empêcher de voir Shran.

Je ne vis aucun journaliste, sur son chemin privé.

Je me garai et entrai dans la villa de Shran comme si c’était chez moi, même pas refroidi par l’histoire qui s’était produite avec Sørensen…

-Shran ! C’est moi !

La villa était grande et je ne savais pas où il était mais le plus logique me semblait être le salon vers lequel je me dirigeai… Mon ami y était affalé dans son fauteuil un gros pansement sur sa joue. Je souris.

-Salut ! Et ben, Enora n’a pas menti, tu ne t’es pas raté.

Je me laissai tomber dans le fauteuil en biais à côté de lui.

-Tu ne crois pas que tu devrais faire revoir ton traitement ? On dirait que tu fais des crises de plus en plus souvent. Ou alors, tu te mets trop de pression.

Je lisais, relisais et éditais certains passage du script avec un crayon tout en attendant Brent. J’espérais qu’il n’avait rien d’autre d’important à faire aujourd’hui… Sinon, je pourrais me brosser pour qu’il vienne. Quoi que je savais que Brent trouvait que de passer du temps avec moi était important. Donc, j’avais tout de même des chances qu’il vienne !

Alors que je venais de rayer brutalement une de mes éditions, j’entendis la porte s’ouvrir et se fermer avant d’entendre la voix de Brent signaler que c’était lui. Je ne répondis pas. J’étais concentré sur mon script. Brent savait, de toute façon, que j’étais au salon. En fait, il n’en savait rien mais je me doutais que c’était là qu’il allait venir en premier.

Il finit par venir et je levai, enfin, mes yeux du script. Il me salua avant de dire qu’Enora n’avait pas menti et que je ne m’étais pas raté. Je fronçais les sourcils. J’ignorais qu’Enora avait prévenu Brent de mon petit incident de toute à l’heure.

-Elle te l’a dit ?!

On pouvait entendre toute ma contrariété dans ma voix. Je détestais quand Enora faisait ça ! Elle aurait pu garder ça pour elle, non ? Maintenant, je ne sais pas si Brent est venu pour moi ou simplement parce qu’Enora s’inquiète !

Je grommelai.

-Je n’aurais pas ce gros pensements sur la tronche si Enora avait embarqué tous ses foutus vases après notre divorce ! J’en ai cassé un en tombant et voilà le résultat ! Mais elle exagère. Je vais bien.

Bon ! Une mauvaise langue dirait que ça fait 5 ans qu’Enora et moi sommes divorcés et que, de ce fait, j’aurais pu, depuis longtemps, jeter ses vases ou les lui renvoyer… Mais Brent n’est pas une mauvaise langue, n’est-ce pas ?

Brent se laissa tombé dans un fauteuil. Si j’étais arrangé, lui, était pâle. Serait-il malade ? Je plissai des yeux en le regardant avant de carrément froncer les sourcils quand il suggéra l’idée qu’il serait bien de revoir mon traitement… Ou bien de me mettre moins la pression.

-De quoi je me mêle ?

Ok… Là, j’allais un peu trop loin. Je savais qu’autant Brent qu’Enora avaient toutes les raisons légitimes de me poser se genre de questions et de s’inquiéter comme ils le faisaient. Je soupirai, donc, me redressant un peu avant d’envoyer valser le script sur la table basse. Je fis de même avec mon crayon.

-Je ne peux pas revoir mon traitement. Pas maintenant. Chaque fois que je revois mon traitement, il faut le temps que je m’habitue au nouveau dosage et ça fait de moi un foutu zombie…

C’est le genre de médicament qui fait somnoler… Ce qui n’est pas pratique pour bosser 15h par jour.

-Je ne peux être un zombie alors que Galactic Wars fait de si belles audiences… Les nôtres sont en baisses… Comme si la télévision était trop petite pour deux séries qui se passent dans l’espace. Enora dit qu’il faut simplement qu’on change notre période de diffusion parce que Spaceship passe en même temps que Galactic Wars mais je ne veux pas m’abaisser à ça. Ça voudrait dire qu’on a perdu la guerre !

Enora et moi n’étions pas d’accord là-dessus. Elle disait que je devais faire un croix sur ma fierté pour le bien de ma série. Je n’étais pas prêt à ça.

Pas tout de suite. Pas avant d’avoir fait tout ce que je pouvais pour récupérer les audiences perdues.

-Et ouais, je me met la pression mais pas plus qu’avant. Je fais toujours ça ! Je ne peux pas changer ça.

Je regardais vers Brent.

-C’est pour ça que je veux faire revenir Datalore pour quelques épisodes. Pour faire remonter les audiences. Tu es prêt à donner le meilleur de toi-mêmes, Brento? Pour ça, il faudra peut-être faire en sorte que tu ressembles moins à un zombie, toi aussi... Tu es pâle... Tu es malade?

J’étais entré comme si j’étais chez moi pour trouver mon ami Shran dans le salon, penché sur tout un tas de feuilles, un crayon à la main. Je savais qu’il avait fait une crise d’épilepsie seulement quelques heures avant et je le trouvais déjà au travail ! On ne le changerait jamais !

Il avait, en prime, un beau pansement en pleine figure. Et je ne pus m’empêcher de dévoiler qu’Enora m’avait déjà mis au courant de l’incident de ce matin.

Je le regardai en faisant une petite moue comique… Je faisais tout le temps des moues comiques, en fait, parce que mon visage était ainsi fait, même quand j’étais sérieux.

-Bien sûr qu’elle me l’a dit. Mais je n’avais rien à faire alors je serais probablement venu quand même… Même si aucun de vous deux ne m’avait appelé.

Je sentais bien que Shran était contrarié, mais il ne pourrait jamais nous empêcher de nous faire du mouron pour lui.

Evidemment, pour sa blessure, c’était la faute d’Enora… Enfin, de ses vases… Je secouai la tête en souriant alors qu’il pestait sur lesdits vases. Ils étaient divorcés depuis 5 ans, mais c’était comme si aucun des deux ne pouvait réellement se passer de l’autre… Et ça passait par un attachement même aux objets évoquant l’un ou l’autre.

-Je vois que tu vas bien… Tu es déjà en train de travailler…

Je me penchai en avant pour essayer de voir ce qu’il était écrit sur ses feuilles. Apparemment, c’était le script d’un épisode de Spaceship… Je vis le nom de Five écrit en majuscule et en gras. J’étais vraiment content pour Hugh !

Mais avant de parler de choses fun, il fallait bien que je dise à Shran qu’il serait peut-être temps qu’il consulte parce que ses crises étaient de plus en plus rapprochées. J’eus droit à un revers qui aurait peut-être été douloureux si je ne connaissais pas Shran comme je le connaissais.

-Je me mêle, c’est tout. C’est ce que doit faire un ami.

Il ne m’en voulait pas vraiment… La preuve, ce fut qu’il se justifia. Changer son traitement impliquait qu’il ne soit pas au mieux de sa forme pendant un moment et il n’avait pas envie de ça, pas maintenant.

-Je comprends, mais si tu finis à l’hôpital au repos forcé, ça ne t’avancera pas non plus.

Ce qui l’embêtait surtout, c’était les audiences de Galactic Wars qui commençaient à être meilleures que celles de Spaceship. Il estimait apparemment être en guerre au point de ne pas vouloir changer l’heure de diffusion de sa série.

Je souris…

-Je sais… Mais tu sais quoi ? Je pense que l’engouement pour Galactic Wars tient surtout du fait que c’est nouveau. Avec les sujets qu’ils traitent, ils ne pourront pas tenir sur la longueur comme Spaceship qui puise dans les sujets de société… ça va se calmer. Tu vas voir.

Pour moi, il se mettait trop la pression, mais il affirma que ça avait toujours été comme ça.

-Je sais mais ça va finir par te tuer. Les idées, tu les as… Tu as le droit de te détendre un peu. Tout va rouler, tu vas voir. Hugh et moi, on est ultra motivés.

Shran disait que c’était pour faire remonter les audiences qu’il voulait Datalore. Je souris bien grand, content de la confiance qu’il mettait en mon personnage. Mais apparemment, mon sourire ne masquait pas totalement mes excès de la veille.

Je me frottai le visage à deux mains comme pour me redonner des couleurs.

-Ah heu… J’ai un peu trop bu hier, c’est tout. J’ai soupé chez Don. Et oui, je suis motivé pour rejoué Datalore ! J’en ai même rêvé !

Je regardai mon ami dans les yeux, amusé.

-Mais si on veut que ça marche, il a falloir que tu évites de finir en prison pour avoir tiré à vue sur quelqu’un qui a pénétré sur ta propriété…

Je rigolai…

-Une chance que Sørensen est borderline et qu’il risquerait autant que toi en portant plainte.

Il ne fallut pas deux secondes à Brent pour m’avouer qu’Enora l’avait mis au courant de mon petit incident du matin. Elle l’avait certainement prévenu parce qu’elle-même ne pourrait pas me surveiller toute la journée étant donné qu’elle avait des obligations ailleurs et elle s’attendait que Brent le fasse pour elle… J’espérais que Brent était plutôt venu pour mon message que pour ça ! Mais le connaissant, je le voyais bien penser qu’il faisait d’une pierre deux coups !

Il affirma qu’il serait venu même sans nos messages à Enora et moi.

-Je n’aurais pas été là si je n’avais pas fait cette foutue crise…

Donc, il serait tombé sur une porte close s’il était venu sans que je ne l’appelle. J’aurais été en train de tourner. Pas de repos pour les guerriers !

Je blâmai Enora pour ma blessures à la pommette. C’était la faute de son foutu vase qui trainait là depuis 5 ans. J’affirmai, ensuite, aller bien. Brent le constata de lui-même étant donné que j’étais déjà au travail en éditant mes scripts. Je fis une moue contrariée.

-Ouais… Mais j’aurais préféré aller tourner. Sauf qu’Enora a annulé la journée de tournage ! Elle m’ennuie.

Si quelqu’un se demande pourquoi elle et moi avons divorcer, voici pourquoi : elle me tape sur les nerfs ! Tout simplement !

Je vis le regarde de Brent vers mes scripts. Ça aurait été quelqu’un d’autre, je les aurais caché mais je n’avais pas de secrets envers Brent. Surtout qu’il finira bien par connaitre le contenu de ces scripts étant donné qu’il allait revenir dans ma série pour le temps de quelques épisodes que j’avais déjà écrit.

Et c’est de ça que je voulais lui parler ! Mais avant ça, je devais subir les inquiétudes de mon ami. Il avait toujours une façon bien différente d’Enora de les exposés mais je savais qu’ils s’inquiétaient autant l’un de l’autre de ma condition que, hélas, on ne pouvait pas changer. Tout comme Enora, il disait qu’il serait peut-être mieux que je consulte pour revoir mon traitement qui, visiblement, ne fonctionnait plus. Ou plus aussi bien…

Dans un premier temps, je fus brusque demandant, en gros, à Brent, qu’il se mêle de ses affaires… Il affirma alors que c’est ce que doit faire un ami. Je soupirai avant de finir par me justifier expliquant que changer mon traitement signifiait que je n’allais pas être efficace pendant un moment. Brent comprenait mais affirmait que finira à l’hôpital donnera, finalement, le même résultat. Mes lèvres se pincèrent.

-Je sais… Je suis dans une foutue impasse. Même si c’est quand même rare quand je finis à l’hôpital.

Ça ne veut pas dire que le risque est nul. Je le savais. Il suffisait d’une mauvaise chute… Ou bien d’une crise plus grave. Ça m’était déjà arrivé. L’un comme l’autre.

-Alors, je préfère prendre le risque.

Le temps que Spaceship reprenne les parts d’audience volée par Maxwell et sa série merdique. C’est ce que j’expliquais à Brento pour qu’il comprenne pourquoi je ne pouvais pas lever le pied. Brent se voulu alors rassurant disant que la passion pour Galactic Wars finira par s’estomper car les sujets traité dans la série ne pourront pas tenir sur la longueur. Je fis la moue.

Je n’étais pas aussi optimiste que lui !

-Le problème c’est que je ne pense pas que les gens regardent cette merde pour les sujets abordés ! Ils regardent parce que ça leur en met plein la vue visuellement. Ceux qui regardent pour les sujets abordés n’est pas un public pour Spaceship de toute manière. Moi, je veux récupérer les gens qui sont aller voir ailleurs juste parce que Galactic Wars a des effets spéciaux et de l’action. Je veux les ramener vers nous avec du bon scénario, de la nostalgie et de bons personnages !

En gros, je voulais faire du fan-service pour ramener le public de Spaceship à la maison. D’où le fait que j’avais rappelé Brent et Hugh.

J’affirmai alors que je ne pouvais faire autrement que de me mettre la pression. J’avais toujours fait ça et ça n’était pas prêt de changer ! Brent déclara que ça finira par me tuer avant d’essayer, encore, de me rassure en disant que j’avais les idées et que tout allait bien aller. Que lui et Hugh étaient ultra motivés. Je passai une main sur mon visage.

-Ouais… Vous avez intérêt à être motivés parce que ça doit être parfait ! Je me détendrais quand les audiences remontrons. Quand elles seront remontées, je promets d’aller voir ce foutu médecin.

Et je tenais mes promesses. Donc, je comptais réellement le faire quand Maxwell se rendra compte que son concept ne vaut pas le mien !

Pour ça, il me faudra un grand Datalore. Je comptais sur Brento pour ça même si, aujourd’hui, il avait l’air malade. Il déclara qu’il avait simplement trop bu hier soir. Ça me rappelle que ça fait un moment que je n’ai plus fait la fête ! Mais je n’ai pas le temps pour le moment !

Brento était plein de motivation au point où il avait rêvé de rejouer son androïde.

-Tant mieux !

Sauf que je ne m’attendis pas à ce que Brent dise que, pour que tout ça marche, il faudra que je ne finisse pas en prison pour avoir tiré à vue sur quelqu’un. Je plissai des yeux à nouveau contrarié. J’avais, bien sûr, lu l’article d’Amon où il disait un tas de connerie comme le fait que j’étais parano et que j’étais en couple avec Enora ! Brento disait tout ça sur le ton de la rigolade mais je savais qu’il ne blaguait pas concernant sa mise en garde.

-Ce type n’avait rien n’à foutre ici ! Il y a un panneau « propriété privée ». Qui s’aventure ici en assume les conséquences ! Je tir où je veux quand je veux quand je suis chez moi ! Même Enora regrettait que je n’ai pas visé sa tête !

J’aurais peut-être dû vu toutes les conneries que Sørensen avait rapporté par après !

-Au moins, comme ça, je suis sûr qu’il ne reviendra plus. Comme tous les autres avant lui d’ailleurs ! Personne ne revient jamais deux fois ici ! Ma méthode est efficace ! Et je vise toujours à côté. Je ne suis pas stupide.

Quoi que parfois, ça me démange de réellement viser la tête !

-Cet enfoiré m’a inventé une romance avec Enora. Il est venu chez moi parce qu’il a vu la voiture d’Enora venir ici un peu trop souvent. Il a même su que j’ai dormis chez elle l’autre jour. Tu te rends compte ? Ce type paye les fans de Spaceship pour les faire m’espionner !

Shran n’était vraiment pas content. Je pouvais le sentir. Et je compris bien vite, quand je lui déclarai que je serais venu ici même sans les messages que j’avais reçus et qu’il me répondit qu’il n’aurait pas été présent chez lui, qu’Enora lui avait interdit d’aller tourner aujourd’hui. Ce qu’il me confirma assez vite, disant que son ex-femme l’ennuyait.

Je souris d’une façon un peu comique… même si je savais qu’essayer de le faire rire maintenant serait un challenge quasi impossible.

-Elle s’en fit pour toi, c’est normal. Vaut mieux ça qu’une ex qui te tire la gueule. Surtout que vous devez travailler ensemble.

Assis face à lui, j’essayai de lui expliquer qu’il ne serait plus avancé si, à force de tirer sur la corde, il se retrouvait à l’hôpital. Je comprenais bien qu’il ne voulait pas être un zombie à cause de ses médicaments, que ça ne lui permettait pas d’écrire et de tourner 15 heures par jour…

Lui-même savait qu’il était dans une impasse… Mais il déclara quand même que c’était rare qu’il finisse à l’hôpital.

-Une fois, c’est déjà trop.

Ce ne serait pas aujourd’hui que je le raisonnerais à ce niveau-là. Il était déterminé à prendre le risque et moi, je savais quand c’était impossible d’obtenir quelque chose de Shran. Je n’allais certainement pas me battre contre un mur.

-D’accord, mais soit prudent quand même.

On en vint à pourquoi il travaillait autant et à ce qui l’énervait vraiment. Je ne fus pas surpris que ce soient les audiences de Galactic Wars… Comme d’habitude, j’essayais de relativiser en disant que les gens allaient se lasser… Mais mon ami n’était pas d’accord. De un, il ne voulait pas récupérer des fans qui n’en étaient pas vraiment et de deux, les sujets abordés par la série n’avaient pas d’importance parce qu’il n’y en avait que pour le visuel.

-Ta fanbase reste quand même la plus importante, non ? Galactic Wars n’a pas des fans aussi impliqués que Spaceship… Pense aux gens qu’on rencontre aux conventions…

J’avais participé à plusieurs conventions, étant l’interprète de Datalore. Et je savais que les vrais fans de Spaceship en faisaient une véritable religion !

Bref, Shran se mettait beaucoup trop la pression. Et apparemment, il comptait la mettre aussi sur Hugh et moi… Heureusement que je n’étais pas facile à mettre sous pression. J’espérais, par contre, que Hugh allait tenir le coup.

-Bien sûr qu’on est motivé. Et je peux t’assurer que tu ne pouvais pas nous faire de plus beau cadeau que de nous faire revenir ! Tu aurais dû voir la tête de Hugh quand il l’a appris.

Je souris.

-Ce sera parfait… Et on va s’amuser !

Tout du moins, si Shran ne tuait pas quelqu’un avant de commencer. Je faisais clairement référence à Sørensen, ce qui eut le don de faire s’emballer Shran encore une fois.

-Wow, du calme… Je sais que Sørensen n’avait rien à foutre là… Mais un fusil de chasse, sérieusement, Shran ?

Mais ce qui était choquant, dans ce que disait mon ami, c’était que le journaliste allait jusqu’à payer des fans pour surveiller les faits et gestes du réalisateur. Là, je restai bouche bée.

-Tu es sérieux ? Il y a des fans qui font ça ?

Je me frottai le menton.

-Le pire, c’est que ça va être difficile à éviter. Mais bon…

Je retrouvai le sourire…

-Il faut penser comme les grands de ce monde, Shran : la mauvaise pub, c’est toujours de la pub… Et puis, qu’est-ce que ça peut faire si les gens pensent qu’Enora et toi êtes de nouveau ensemble ? Sur la longueur, ce mensonge ne tiendra pas… Si ?

Brent disait qu’Enora s’en faisait pour moi et que c’était pour ça que, dernièrement, elle m’ennuyait profondément. Mais mon meilleur ami affirma qu’il valait mieux ça qu’une ex qui me tire la gueule… Ou, pire, qui n’hésite pas à m’emmerder méchamment à la première occasion venue comme ma dernière ex-femme en date, Alicia Ford. Je grommelai.

-Mouais…

Mais il n’y avait pas qu’Enora qui s’inquiétait. Brento aussi semblait souhaiter que j’aille voir ce foutu médecin afin de revoir mon traitement devenu légèrement inefficace. Il essayait de me dire que finir comme un zombie était peut-être mieux que de finir à l’hosto mais je savais que le risque de devenir un zombie après révision du traitement était de 100% alors que le risque de finir à l’hosto si je ne faisais rien était beaucoup plus limité. Même si Brent disait qu’une fois, c’était déjà trop. Mes lèvres se pincèrent.

-Je sais…

Je n’aimais pas plus que ça faire ce choix. Et j’aurais sans doute été entre deux tournages ou dans une période moins stressante, j’aurais été chez le médecin sans hésiter. Mais je ne pouvais pas. Pas maintenant. Alors, mon choix était fait et Brento n’insista pas… J’hochai de la tête.

-T’en fais pas… Je suis rarement seul de toute façon.

Avec Enora qui passait tout le temps, je n’avais presque jamais une minute pour moi !

J’expliquai alors que mon but était repasser devant Galactic Wars dans les audiences. Et si Brento essayait d’être optimiste disant que le concept de Maxwell allait s’essouffler, je n’en étais pas certain. Je savais que les audiences perdues, je les avais perdues sur le simple fait que Maxwell a de meilleurs effets spéciaux et des scènes d’actions qui ont attirés une partie de mon public chez lui… Ceux qu’il a gagné sur ses thèmes abordés n’étaient, à la base, pas des gens qui regardaient Spaceship. C’était mon analyse et, du coup, je me devais de trouver des trucs pour faire revenir les gens qui étaient partis voir ailleurs chez nous.

Encore une fois, Brento voulait voir le bon côté des choses en parlant de ma fanbase. Il parla des conventions et de l’implication des fans. Je soupirai.

-Je sais… Pour l’instant, c’est encore ça ma plus grande force. Mais qui sait si Galactic Wars ne va pas aussi avoir une énorme fanbase ? C’est que le début… Si nos fans sont impliqués, on ne sait pas ce que feront les siens. Quoi qu’il en soit, je ne dois absolument pas baisser ma garde. Je dois récupérer un maximum d’audience !

Et pour ça, j’avais misé sur le fan-service en faisant revenir Datalore et Five. L’un pour quelques épisodes et l’autre comme personnage récurrent. Je savais que beaucoup de fans voulait le retour de ces deux personnages. J’allais me plier à leurs exigences pour le bien des audiences mais, aussi, parce que j’avais des plans autant pour l’un que pour l’autre.

Mais il me faudra un Hugh et un Brent motivé ! Mon meilleur ami confirma qu’ils étaient tous les deux très motivés. Apparemment, ma demande de faire revenir Hugh avait été largement apprécié par le petit latino. J’esquissai un sourire en coin ricanant un peu.

-Je m’en doute… J’ai entendu son interview dans l’émission de Jake Snyder…

C’est à peine s’il ne me suppliait pas de le faire revenir dans cette émission-là. Mais c’est surtout ce qu’il avait fait dans Boundaries qui m’avait convaincu. Dans ce film-là, j’avais bien vu qu’il avait remonté la pente.

Brento ajouta qu’on allait bien s’amuser.

-On va surtout bosser très dure ! Mais, ouais… On va s’amuser aussi. Je ne ferais pas ce métier si ça ne m’amusait pas.

Réaliser des films, c’est ce que j’aimais faire.

Mais Brento arriva, avec un transition digne des meilleurs orateur, à passer de ça à ma petite altercation avec Sørensen. Ce simple souvenir me fit m’emballer et pester contre le journaliste qui, en plus d’avoir piétiner mes plantes avait, aussi, écrit un article à la con qui ne me mettait en rien en valeur. Il m’avait inventé une paranoïa et une relation avec Enora. Deux choses totalement fausses !

Brento me disait de me calmer mais tout ça m’énervait. Mon meilleur ami comprenait qu’Amon n’avait rien à foutre sur ma propriété mais il ne validait pas ma réaction à ça. Je me défendis :

-Un fusil de chasse c’est plus efficace qu’un 9MM pour faire peur à ces foutus parasites ! Et je ne l’ai pas visé, que je sache ! Je lui ai juste fait peur en tirant à côté. Ça a fonctionné. Tu aurais dû voir ça tronche. Toute la jet-set redoute Sørensen. Mais c’est qu’un foutu journaliste comme un autre. Et tous les journalistes ont peur des gens qui leur pointent un fusil de chasse dessus.

Je n’étais pas prêt de me séparer de mon fusil de chasse. L’article d’Amon avait ça de bon que ça à prévenu tout le monde !

J’affirmai alors qu’Amon était vicieux au point qu’il payait mes fans pour me faire suivre. Une information qui m’avait fortement troublé et qui étonna Brento.

-Visiblement, ouais ! Il y a bien des foutus fans qui font ça. Effrayant, hein ?

J’étais extrêmement protecteur envers ma vie privée. D’où mes caméras et mon fusil de chasse. Mais difficile pour moi de savoir si j’étais suivi ou non sans savoir qui me suivait. Brento était du même avis parce qu’il disait que ça allait être difficile à éviter. Je fis une petite moue.

-Ouais…

Mais Brento, lui, ne voyait aucun mal dans l’article d’Amon. Il se disait que de la mauvaise pub restait de la pub. Ce n’était pas tant ça qui m’ennuyais que le fait que j’aimais que les gens sachent la vérité. Qu’elle soit bonne ou mauvaise. Je n’aimais pas qu’on raconte de choses erronées sur ma personne comme le fait que je sois, à nouveau, avec Enora.

-Ça me fait que ce n’est pas vrai ! Tout simplement ! Je ne suis pas en couple avec Enora. Je n’y serais plus jamais. C’est une fatalité !

Je fis la moue. Ce n’était pas le bon mot « fatalité ». Si ? Non ? Je n’en sais rien, en fait.

-C’est un fait, plutôt… Bref… Et ça risque de tenir sur la longueur si jamais Enora ne cesse de venir chez moi à toutes les heures du jour et de la nuit. Au point où ça risque de devenir sérieusement problématique si jamais j’ai envie de ramener une foutue conquête à la maison. T’imagine ? J’en ramène une et Enora se pointe ? Faudra que tu lui parles pour qu’elle me laisse un peu d’air. Moi, elle ne m’écoute pas.

Sans compter que quand Enora est avec moi, on se dispute les trois quart du temps… Je passai une main sur mon visage soufflant un bon coup.

-Mais tu n’es pas ici pour m’entendre me plaindre de mes exs, n’est-ce pas ? Sinon, on a pas fini…

Je me levai alors doucement pour éviter de tomber bêtement avant d’avancer vers un meuble d’où je sortis un tas de feuille. Je revins alors vers Brento pour le lui tendre.

-Tiens… C’est ton exemplaire du script. Datalore reviendra pour six épisodes. On exploitera à nouveau son frère maléfique. Tu tiendras le coup pour autant de journée de tournage ? Je n’ai pas encore fait le planning mais je ferais en sorte que tu ne doives pas venir tous les jours…

Je savais qu’il avait aussi pas mal de boulot avec ses artistes. Je ne suis pas insensible à ça.

Je n’allais pas sermonner Shran sur sa condition pendant 10 ans. En tant qu’ami, je venais de lui dire ce que j’en pensais, après, la balle était dans son camp, il était majeur et vacciné… je ne pouvais rien faire de plus.

Il était en pleine phase de création et je comprenais qu’il ne veuille pas avoir l’esprit embrouillé par les médicaments. Pour me rassurer, il affirma qu’il était rarement seul. Je souris.

-Déjà rien qu’avec moi et Enora, tu es servi… Du coup, à la limite, je préfèrerais qu’elle te laisse aller tourner. Au moins, tu ne serais pas non plus seul ici.

Les studios dédiés à Spaceship étaient une véritable fourmilière. Si Shran devait faire une crise, autant que ce soit sur son lieu de travail.

On finit par en venir à ce qui nous intéressait vraiment : Spaceship, ses fans, leurs attentes et les audiences. La série de Maxwell avait complètement changé la donne, mettant sur le marché de l’audiovisuel le premier véritable concurrent de la série de Shran. Avant ça, en science-fiction sur petit écran, rien ou pratiquement rien n’existait.

Shran avait peur que Galactic Wars acquiert une fanbase aussi grosse que Spaceship et tout ça mettait le réalisateur sur les nerfs. Et sur ses gardes.

Encore une fois, j’essayai de relativiser en souriant gentiment.

-Tu ne penses pas, Shran, qu’il y a bien assez de gens qui regardent la télévision pour qu’il y ait de l’audience pour tout le monde ?

Je haussai les épaules.

-Spaceship est déjà culte. Rien ne pourra jamais changer ça. Et même si Galactic Wars remporte un succès monstre, admettons, le premier à avoir eu l’idée de raconter ce genre d’histoire, c’est quand même toi.

Shran avait plus de 10 ans d’avance sur Maxwell, après tout. Ses personnages avaient pris leur vitesse de croisière et était à chaque épisode un peu plus développé. De mon avis, Shran n’avait pas à s’en faire.

Mais il s’en faisait quand même.

Bref, Hugh et moi étions ravis et motivés… Je ne cachai pas à mon ami que le petit latino avait été plus qu’heureux de recevoir la nouvelle comme quoi il allait pouvoir rempiler avec Five. Shran le savait d’avance, car, comme moi, il avait entendu Hugh interviewé par Jake Snyder.

-C’était clairement un appel du pied de sa part, cette émission…

Et j’étais ravi qu’il l’ait fait. Il n’y avait rien de plus agréable que de tourner avec Hugh et Shran.  

-Ce sera comme au bon vieux temps.

Quand j’avais encore les cheveux bruns. Un temps bien révolu depuis longtemps.

Mais Shran remit vite les points sur les « i »… on allait bosser dur ! Je rigolai.

-Mais oui, mais oui… on bossera dur…

Et on boira du café entre les prises, on fera des siestes et on se fera des blagues les uns aux autres… Un comportement que j’avais déjà eu sur les premiers tournages que j’avais fait et que je comptais bien retrouver pour l’occasion. Un comportement que Shran ne tolérait que venant de moi… Parce qu’il savait que j’étais là pour le moral des troupes, entre autres.

En parlant de comportement douteux… Le coup du fusil de chasse, on en parle ?

Oui, on en parle.

Shran prit sa propre défense et à la fin de sa plaidoirie, je fis une moue comique.

-Tout le monde a peur quand on lui pointe un fusil de chasse dessus… Pas juste les journalistes et les paparazzi.

Sørensen, malgré sa réputation, n’était qu’un homme comme les autres, après tout. Il chiait dans son froc quand on le menaçait de mort. Bon, ce qui me choqua quand même, ce fut d’apprendre que certains fans suivaient Shran et revendaient les informations à L.A.People. Est-ce que ça allait m’arriver, ce genre de chose ? Je n’en étais vraiment pas sûr. Je n’étais pas une personnalité en vogue de la ville. Bien que… On verrait comment serait reçu le retour de Datalore.

-Oui, c’est effrayant.

Avec tout ça, toujours dans le but de relativiser les choses, je déclarai à mon ami que l’article de Sørensen ne portait pas tant préjudice à qui que ce soit… A la limite, ça ferait rêver les gens deux secondes quant à la prétendue romance entre Shran et Enora… Puis les gens oublieraient et passeraient à autre chose. L.A.People, ça se lit puis ça se jette.

Cependant, le fait que ce ne soit pas vrai énervait vraiment Shran. Mais je me demandais si le fond du problème n’était pas plutôt les intrusions intempestives d’Enora.

-Je lui parlerai si tu veux…

Je souris, espiègle.

-J’ai même un plan… Et si je laissais penser à Sørensen et consort que c’est moi qui vis une romance avec Enora ?

C’était presque vrai… On était très attirés l’un par l’autre et on le serait probablement jusqu’à ce que l’acte consommé brise le charme… mais ce n’était pas de l’amour.

Cela dit, Shran ne m’avait pas fait venir pour se plaindre de ses exs (même s’il ne manquait jamais de le faire)… Il se leva et revint avec un paquet de feuille dactylographiées que je pris avec un très grand sourire sur le visage.

-Oh ! Le script ! Merci !

Je le parcourus en diagonale, juste pour voir si Datalore avait beaucoup d’intervention. Et c’était le cas. Il avait même fait revenir Ram ! L’alter-ego de Datalore ! Je lui jetai un bref coup d’œil.

-Tu l’aimes bien, hein, Ram ?

Je souris et replongeai dans le script.

-Je tiendrai le coup, ne t’en fais pas. Six épisodes, ça fait combien de temps de tournage, à la grosse louche ? Six mois ?

J’étais tout excité.

-Il peut s’en passer, des choses, sur six mois !

Shran allait faire en sorte que je ne doive pas venir tous les jours.

-Ok, super comme ça les jours où je ne tourne pas, je pourrai m’occuper de mes protégés. J’aurai des Scène avec Hugh ? Mes protégés pourront venir sur le tournage ? Juste pour voir ?

Oui, entre Enora et Brent, j’étais servi niveau inquiétude. Sauf qu’ils n’avaient pas la même façon de voir les choses. Enora préférait que j’évite de travailler pour ne pas provoquer de crise alors que Brento, lui, préfèrerais que je travaille pour être sûr que je ne sois pas seul en cas de crise. Je pense que ce qu’Enora redoute c’est le même soucis qui m’est arrivé en 68 lors de la toute première saison de Spaceship, j’avais fait une crise alors que j’étais en train de vérifier la qualité d’un décor. J’étais en hauteur et j’étais tombé de deux mètres de haut m’éclatant le genou en chutant… C’est à cause de cette chute que T’Kor, mon personnage, n’a pas eu plus d’épisode dans cette saison-là. J’avais dû réécrire certains épisodes. Depuis, j’ai interdiction de grimper n’importe où… Du moins quand Enora est là.

-Et bien, postule pour devenir producteur de ma série ainsi je pourrais aller travailler quand je veux !

Je fis alors part à Brent de ce qui m’emmerdait le plus au monde actuellement : les audiences de Galactic Wars. Si mon meilleur ami essayait toujours de voir le bon côté des choses, moi, j’étais carrément en mission pour récupérer les audiences perdues. J’avais aussi peur que la série de Maxwell devienne un culte comme la mienne au sein d’un public plus spécifique : celui des nerds. C’était MON public ! Et je n’aimais pas spécialement partagé. Sans doute parce que j’avais été, en quelque sorte, un enfant unique mon demi-frère étant bien plus âgé que moi.

Mais Brent, lui, n’était pas un enfant unique et il disait qu’il y avait assez de gens qui regardaient la télévision pour que tout le monde puisse avoir sa part d’audience. Je fis une moue boudeuse alors qu’il ajouta que c’était moi qui avait eu l’idée en premier…

-Je ne veux rien laisser à Maxwell, Brent. C’est une question de principe. Je ne veux pas que les gens pensent que la science-fiction se résume aux méchants petits hommes verts et aux gentils humains. J’estime qu’en tant que réalisateur, je me dois de tirer les gens vers le haut. Pas les abrutir. Je ne veux pas que quelqu’un s’approprie un genre que j’affectionne pour en faire de la merde comme le fait Maxwell et me batte, en plus, aux audiences. Tu comprends ça ?

Enora disait que tout ça n’était qu’une question de fierté et d’ego. Elle avait sans doute raison mais je m’en fiche ! Quand il s’agit de Spaceship ce n’est pas la modestie qui m’étouffe. Mais c’est parce que c’est mon bébé. Le seul que j’aurais jamais sans doute… Je m’étais fait une raison à ce niveau-là aussi.

Quoi qu’il en sait, j’avais des armes de choix pour retrouver mes audiences : Five et Datalore. Brento ne manquait pas de motivation. C’était, visiblement, le cas de Hugh aussi. Ce dernier m’avait même supplié à la radio de le reprendre. Brento confirma que cet émission était un appel du pieds.

-Et ça n’a pas eu être facile pour lui.

Pas de me supplier… Mais de faire l’émission en elle-même. Je savais que ce n’était pas ce que préférais faire Hugh. Lui, il adorait tourner… Ce qui entourait ça, ça le stressait bien trop.

Brento, lui, se disait que le tournage allait être comme au bon vieux temps de quoi m’arracher un sourire en coin alors que j’hochai de la tête. J’ajoutai qu’on allait surtout bosser très dur. Il confirma en rigolant.

Du tournage, Brent passa à mon altercation avec Amon Sørensen. Je me justifiais sur le choix de mon arme et sur le fait que je ne comptais pas arrêter de menacer quiconque entrera ici sans autorisation. Je trouvais la méthode efficace pour faire peur aux paparazzis et autres journalistes comme Sørensen. Comme les autres le grand danois avait eu peur. Brent déclara alors que n’importe qui aurait peur si on le visait avec un fusil de chasse. Il affirma sa fameuse moue comique. Brento avait un visage souvent très expressif.

-Et bien tant mieux ! Ainsi, je suis certain que ceux qui viennent ici sans autorisation qu’ils soient journalistes ou non ne reviendrons jamais m’importuner !

J’aimais avoir la paix quand j’étais chez moi ! Et c’était d’autant plus vrai depuis que je savais que mes propres fans en venaient à me trahir pour un peu d’argent. Brento semblait aussi choqué par ce genre de chose. Je trouvais ça effrayant et il était plutôt d’accord avec ça. C’était aussi pour ça que je redoutais que Galactic Wars devienne un référence… S’ils commencent à avoir des fans pur et dure qu’est-ce qu’ils feront, hein ? Je recevais déjà des menace de mort depuis que j’avais repris Spaceship en 80… Qu’est-ce que ça sera avec une faction ennemie, hein ? Et ne dites pas que je suis parano ! Je ne le suis pas ! Je suis juste réaliste !

Encore une fois Brento tenta de relativiser… Ici, il relativisa l’article de Sørensen. Sauf que je détestais qu’on raconte des mensonges sur ma personne. Or, je n’étais pas en couple avec Enora. Mais le simple fait qu’elle venait chez moi tout le temps faisait que le public pourrait prendre les mots de Sørensen comme argent comptant alors que ce n’était pas le cas ! Brento promis de parler à Enora pour qu’elle cesse de me harceler et avança un plan pour faire taire les rumeurs qui disaient que je m’étais remis avec mon ex-femme. Sauf que son plan ne me plaisait pas du tout ! Je foudroyai Brento du regard.

-Quoi ?! C’est quoi cette idée à la con ?! C’est la vérité que je veux ! Pas un autre mensonge ! Parce que c’est un mensonge, hein ? N’est-ce pas Brento ? Tu ne te tapes pas Enora, hein ? Non ! Pas possible ! Elle n’aurait pas eu le temps ! Elle est tout le temps ici !

Je plissai des yeux regardant Brento à la recherche de la vérité là-dessus. Je savais qu’ils avaient failli passer à l’acte, il n’y a pas longtemps. Heureusement, j’étais arrivé avant que le mal ne soit fait !

Je ne veux pas que mon ex-femme sorte avec mon meilleur ami ! C’est une question de principe. Mes principes !

Bon ! Assez parler de mes exs ! Si on continuait, j’allais faire une autre crise ! Alors, je préférais me lever pour aller chercher le script destiné à Brent. Je le lui tendis et il me remercia avant que je ne retourne m’affaler dans mon fauteuil. Il ouvrit le script commençant à le lire en diagonale. Je lui avais dit que je voulais aussi faire revenir le frère maléfique de Datalore, Ram. Il affirma que je l’aimais bien. J’hochai de la tête.

-Ouais. J’aime surtout les interactions entre Datalore et Ram. J’ai de nouvelle technique pour que ça donne bien à l’écran et qu’on puisse réellement penser qu’ils se parlent l’un à l’autre. Ça donnera mieux que dans les épisodes de Spaceship qu’on a déjà tourné avec ces deux personnages.

Brento affirma qu’il tiendra le coup pendant le tournage malgré sa carrière de manager. Il estima alors le temps que ça prendra pour tourner ces six épisodes…

-Plutôt 3 mois… Mais comme on va devoir adapter à toi, disons plutôt 3 mois et demi ou 4 mois.

Il fallait environs 10 mois pour tourner 26 épisodes. C’était du boulot de dingue. Surtout que j’avais une idée de projet de film que je devrais caser aussi entre les prises. J’allais sans doute sacrifier des week-ends mais qu’importe.

J’allais devoir arranger les horaires et les adapter à Brento. Ça semblait lui convenir. Il se demanda s’il aura des scènes avec Hugh.

-Oui. Plusieurs. Et avec moi aussi. Enfin T’Kor.

Quant au fait que ses protégés puissent venir sur le tournage, je fixai Brento en plissant les yeux laissant un silence s’installer.

-Tes protégés ? Oh mais tu sais, l’un d’entre eux est déjà venu sur le tournage ! Et tu sais quoi ? Quand il est venu, je ne savais même pas que c’était ton foutu protégé ! Même elle ne me l’a pas dit ! C’est de Livia que je parle. Un jour où j’ai dû annuler le tournage de ma série, je suis aller visiter d’autres set et je suis tombé sur celui où jouait Livia. Je l’ai inviter à venir voir le set de Spaceship et je lui ais fait visité.

Je fixai toujours mon ami en plissant des yeux.

-Sauf que, vu que son album est sorti peu après, j’imagine qu’elle était déjà sous ton aile à ce moment-là, hein ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Tu sais que je n’aurais rien dit à personne si tu voulais garder ça secret. Je tiens TOUJOURS ma parole ! Tu ne me fais plus confiance, Brento ?

Je rigolai quand Shran me dit de postuler comme producteur de sa série pour qu’il n’y ait plus personne qui l’empêche d’aller tourner quand il voulait. Enora, elle, préférait qu’il se repose chez lui. Très sincèrement, je ne savais pas laquelle des deux solutions était la meilleure, probablement que le mieux se trouvait quelque part entre les deux.

Mais il y avait une chose dont j’étais sûr :

-Enora va me bouffer tout cru, si je fais ça.

Car Spaceship était autant son bébé à elle que celui de Shran.

Mis à part ça, concernant Galactic Wars et ses audiences, j’essayais de relativiser, de rassurer et de calmer mon ami pour qui cette rivalité commençait à devenir une véritable obsession. De mon avis, il y avait assez de fans pour tout le monde, surtout que, comme Shran le disait lui-même, les deux séries étaient complètement différentes, tant sur le fond que sur la forme.

Mais Shran ne voulait rien laisser à Maxwell, pas même les miettes. Il voulait que la science-fiction tire les gens vers le haut…

-Je comprends… Tu veux faire comprendre aux gens qu’avec un peu de tolérance, on peut faire de grande chose, construire un univers meilleur.

Je haussai les épaules.

-Mais tu sais… Une grande partie des gens regardent malheureusement la télévision juste pour se vider la tête… Et Maxwell leur offre ça.

Contrairement à Spaceship qui consistait à faire se poser des questions assez philosophiques aux gens.

Bref, de toute façon, ce qui importait, c’était que Shran avait des idées pour ramener ses fans à lui. Et pour ça, il avait besoin de Hugh et moi pour incarner à nouveau Five et Datalore (et accessoirement Ram que je jouais aussi). ? Hugh avait fait comprendre qu’il voulait revenir via une interview accordée à Jake Snyder… Shran sourit, visiblement satisfait de la presque supplication du petit latino pour qui cela n’avait pas dû être facile.

-Je connais bien Hugh maintenant qu’il vit avec moi… Et non, ça n’a pas dû être facile. Je crois que je n’ai jamais vu un acteur aussi timide et aussi peu sûr de lui… Pourtant, ce n’est plus un jeunot qui débute.

On fit un bref détour par son altercation avec Sørensen… Il savait que je désapprouvais l’usage du fusil de chasse, mais il n’en démordait pas et je savais que je m’engageais dans un combat perdu d’avance.

Je soupirai en rigolant légèrement, signe que j’acceptais ma défaite… De toute façon, ce qui le mettait le plus hors de lui, c’était le mensonge éhonté de Sørensen à propos de sa relation avec Enora.

Pour ça, j’avais un plan, s’il le voulait ! Je pouvais faire croire que je vivais une histoire avec Enora ! C’était une blague… Enfin… Au moins à 50%... Et directement, ça fit monter Shrans sur ses grands chevaux ! Je savais qu’il ne voulait pas que je touche à son ex-femme.

Quand il me vrilla du regard comme s’il sondait mon âme, je levai les mains en signe d’apaisement.

-Non, non, je ne couche pas avec Enora… La seule fois où on a failli, il a fallu que tu débarques…

Je rigolai…

-On a plus osé, après ça ! On a limite peur que tu surgisses d’un placard pour nous surprendre…

Bon ! Trêve de plaisanterie ! Nous étions là pour parler de Spaceship et du retour de Datalore ! Shran me donna mon script qui faisait un beau paquet de feuille et je découvris avec ravissement que j’avais beaucoup de répliques ! Une chance que j’avais une excellente mémoire ! Il avait même fait revenir Ram !

Mieux encore ! Shran avait de nouvelles technique qui permettrait de donner l’illusion que Ram et Datalore se parlaient réellement.

-Je me réjouis de voir ce que ça va donner sur écran. On va réellement bluffer les gens avec ça… Limite, Maxwell et ses effets spéciaux pourront aller se rhabiller.

Restait à savoir combien de temps j’allais devoir travailler là-dessus. D’un côté, j’espérais que ce soit le plus longtemps possible et d’un autre, je ne pouvais pas délaisser mes protégés trop longtemps. Shran estimait qu’on allait y passer entre trois mois et demi et quatre mois…

-Ça me va ! C’est même parfait. Pas trop long, pas trop court. Le temps de bien s’amuser…

Je souris.

-Ah… Et de bosser dur aussi.

Je demandai si j’allais pouvoir donner la réplique à Hugh et appris avec bonheur que non seulement, Datalore et Five auraient des scènes ensemble, mais j’en aurais aussi avec T’Kor !

-Inséparables même à l’écran ! Les gens vont adorer !

Les oustiders de la jet-set, ensemble dans une série culte ! J’en étais tout excité !

Mais quand je demandai à Shran si mes protégés pourraient venir sur le plateau visiter, dire bonjour ou demander de l’aide pour quoi que ce soit, je sentis directement le sarcasme dans la voix de mon ami. Je levai un sourcil quand il affirma qu’un de mes protégés avait déjà visité le plateau.

Livia.

Je passai ma langue sur mes lèvres pour ne pas sourire. Parce qu’évidemment, en faisant les liens, Shran devina qu’à ce moment-là, la jeune femme avait déjà signé avec moi.

Il râlait que je ne lui ai pas dit avant que Livia et moi étions désormais partenaires.

-Je ne te l’ai pas dit parce que ce n’est pas mon secret. C’était celui de Livia. Je ne doute pas que tu aurais tenu ta langue si je te l’avais dit, mais ça aurait été partir du mauvais pied avec la chanteuse si j’avais commencé par tout te dire.

Je haussai les épaules.

-Tu auras eu la surprise comme ça…

Je soupirai et me laissai aller en arrière sur mon fauteuil.

-J’espère que je serai à la hauteur avec elle. Elle sait ce qu’elle fait, je pense, ça aide déjà. Mais gérer une artiste comme elle, ce n’est pas comme faire émerger Eleanor Harris ou Nameless que j’ai depuis leurs tous débuts.

Ouais, sans doute qu’Enora allait démolir Brento si jamais il décidait de produire Spaceship. Je savais qu’Enora considérait ma série comme son bébé à elle aussi… Et, pour cause, sans sa boîte de production, sans doute que je n’aurais jamais trouvé de producteur qui aurait voulu se lancer dans un projet un peu trop à l’avant-garde à l’époque. Enora, elle, avait eu les couilles de le faire.

Et le pire c’est que, depuis, je pensais bien lui devoir une dette à vie…

Je déteste avoir des dettes…

Et je détestais, aussi, que mon bébé se fasse dépassé par une grosse merde comme Galactic Wars et si Brento disait que tout le monde pouvait avoir sa petite part du gâteau car il y avait suffisamment d’audience pour tout le monde, mon problème, ici, était que je ne voulais pas que le genre que je chérissais tant devienne la cour de récrée de gens aux idées étriquées comme Maxwell. Des gens qui aiment vivre dans le passé. De gens qui n’ont aucune envie de tirer les autres vers le haut. Brento comprenait tout ça. Il comprenait que c’était avec des séries comme celle de Maxwell que le message que je veux faire passer dans Spaceship s’en trouve déforcé.

-C’est le cas. Avec un peu de tolérance et d’empathie, le monde serait bien mieux. Ce que dit Maxwell c’est que les gens différents nous veulent automatiquement du mal sans aucune raison… Le monde est plus complexe que ça.

Ce genre de mentalité me dépassait complètement. Pourtant, Dieu sait qu’il y en a des gens qui pensent ainsi. Qui ont peur de ceux qui sont différents.

Brento disait que les gens qui regardaient Galactic Wars le faisaient pour se vider la tête. Mes lèvres se pincèrent.

-Ouais ! Littéralement, hein ! Il vide littéralement la tête des gens ! Je m’en fiche, Brento ! Il n’a qu’à se trouver un autre genre. La science-fiction, c’est le mien. Surtout que Maxwell l’a sûrement fait exprès pour prendre mes parts d’audience ! Lui et moi, on ne s’est jamais entendu !

A vrai dire, je ne m’entendais pas avec grand monde dans le monde du cinéma. Maxwell me trouvait trop progressiste. Trevor Price me trouvait trop arrogant. La plupart des producteurs me trouvait trop exigent et trop excentrique. Certains acteurs me détestaient pour des raisons chaque fois différentes comme Hank North, par exemple, que je ne supporte pas non plus. Bref… Je n’étais pas vraiment aimé mais je m’en fichais.

Mais j’allais tout reprendre à Maxwell grâce Hugh et Brento. Du moins, je comptais sur eux pour faire revenir mes fans partis à la concurrence. J’appris que Hugh avait été particulièrement heureux d’apprendre son retour dans la série ce dont je ne doutais pas vu ce que j’avais entendu dans l’émission de Jake Snyder. Je savais que cette interview n’avait pas dû être facile pour le petit latino ce que confirma Brent. Il était étonné qu’un acteur comme Hugh puisse être timide et si peu sûr de lui.

-Hugh à ses propres démons. C’est eux qui le bouffent. C’est aussi ça qui fait de lui un excellent acteur. Le talent à toujours un revers de médaille. Hugh n’est vraiment libéré que quand il tourne. En dehors de ça, c’est un petit chaton perdu. Je sais qu’il n’est sûr que d’une chose : son talent en tant qu’acteur. Pour ce qui est du reste, il pense toujours qu’il n’est pas légitime.

J’avais travaillé de nombreuses années avec lui. C’était mon acteur fétiche. Je m’y étais attaché aussi, inévitablement. Mais je l’avais aussi vu s’auto-détruire sans pouvoir rien faire pour éviter ça.

J’espérais que tout ça était derrière lui, maintenant.

On avait, ensuite, parlé de cet abruti de Sørensen et du fait qu’il avait répandu un mensonge éhonté sur moi et Enora. Mais Brento avait un plan pour que le mensonge d’Amon soit révélé au grand jour… Sauf que son plan venait à répandre un autre mensonge ! Ce que je ne voulais pas ! Car il y avait plutôt intérêt à ce que Brento n’ait pas couché avec Enora !

Il confirma ne pas avoir couché avec mon ex-femme. Ils avaient peur que je débarque si jamais ils osaient réessayer. Je plissai des yeux.

-Vous avez intérêt ! Tout finis par se savoir à L.A. ! Ceux qui pensent pouvoir cacher quelque chose même à Stephen Shran sont de gros abrutis !

En soi, je venais de m’insulter car j’essayais désespérément de garder un secret à Los Angeles… Je le faisais uniquement par fierté, en plus. Ah et aussi pour éviter que certains producteurs ne me refusent des projets rien qu’à cause de ma condition.

J’avais fini par me lever pour donner le script qui revenait à Brento. J’affirmai qu’il aura des scènes autant avec Hugh qu’avec moi. J’avais même une technique pour que Datalore puisse converser avec son frère maléfique, aussi joué par Brento. Ce dernier se réjouissait de voir ça. Il était certain que les effets spéciaux de Maxwell pourront aller se rhabiller.

-Je ne crierais victoire que quand les audiences augmenteront à nouveau.

J’avais estimé la durée du tournage pour Brento et il semblait satisfait. Il était certain qu’il allait s’amuser avant d’ajouter qu’on bossera aussi très dur. Je plissai les yeux en le fixant.

-Ouais ! Très dur !

Ça allait être fun ! Mais ça allait aussi être éprouvant surtout pour Brento qui n’avait pas l’habitude de ce genre d’horaire. Sans compter qu’il avait aussi ses protégés à s’occuper. Mais ça ne semblait pas le refroidir surtout qu’il se réjouissait que Datalore et T’Kor puissent avoir des scènes ensemble. J’esquissai un petit sourire.

-Inséparable partout, jusqu’à la mort.

Ça sera comme ça entre Brento et moi. Il n’y avait pas d’autre issue possible.

Brento demanda alors s’il pourra amener ses protégés visiter le tournage. C’est là que je pus lui mettre devant le nez qu’il m’avait, encore une fois, caché quelque chose : soit qu’il avait engagé Livia. Je vis bien que Brento essayait de ne pas rire ! Moi, je ne trouvais pas ça drôle ! Je n’aimais pas qu’il me fasse des cachoteries ! Il affirma alors que ce n’était pas son secret mais celui de Livia.

J’allais ouvrir la bouche et contester… Mais je la refermai directement, grommelai un peu avant de dire :

-J’imagine que c’est une preuve que je peux aveuglément te faire confiance, hein. Si j’ai un secret, tu sauras le garder.

Je le savais déjà, ça, en fait… Mais c’était une preuve supplémentaire que Brento était fiable. C’est pour ça qu’il était mon meilleur ami. C’est sans doute pour ça aussi que j’étais plus dur avec lui qu’avec un autre quand il me décevait. Parce qu’il n’avait pas l’habitude de me décevoir.

Il affirma que j’avais eu la surprise comme ça. Je grommelai :

-Je n’aime pas les surprises…

C’est là que Brento soupira un peu se questionnant sur le fait d’être à la hauteur ou non avec Livia qui avait déjà une renommée internationale. Il disait que de gérer quelqu’un de déjà accompli était bien différent que de gérer des artistes sur leur début. Livia avait déjà un historique avec différents manager. Je fis une petite moue de réflexion.

-Je pense qu’elle ne pourra pas trouver mieux comme manager. Elle n’aura pas les mêmes besoins qu’un artiste émergent mais il n’en reste pas moins qu’elle aura quand même besoin de toi. C’est une artiste accomplie mais elle n’a que 20 ans… A cette âge-là, accompli ou non, on a quand même besoin de gens expérimentés autour de soi.

J’esquissai un petit sourire en coin.

-Tu as toutes les qualités pour t’occuper d’elle. Tu est passionné de musique, tu sais encourager tes protégés et tu sais les ramener sur terre quand il faut.

Je l’avais vu faire tout ça avec Johnatan mais aussi avec d’autres avant lui.

-Star ou non, c’est ce que les artistes ont besoin. Tu seras toujours meilleur que Ricci, de toute manière.

J’étais souvent critique envers Ricci. Pour moi, il ne faisait pas ce qu’il fait pour la musique mais pour tirer la couverture à lui.

-Tout ira bien et, au pire, tu sais que tu n’es pas tout seul. Si tu veux des conseils sur la gestion humaine, tu n’as qu’à m’appeler.

Je pouffai de rire. Non, en réalité, j’étais le moins bien placé pour ça.

Shran n’avait aucun bon mot pour Galactic Wars… Cela pouvait se comprendre vu que c’était désormais son concurrent direct. Et on trouvait tous les deux que le spectacle impressionnant de Maxwell prenait un peu trop le pas sur les messages philosophiques de Shran qui, malgré son caractère de cochon et ses idées bien arrêtées, avait une vision du futur particulièrement optimiste, aussi paradoxal que ça puisse paraître.

Shran trouvait la série de Maxwell bien trop manichéenne. Les humains étaient automatiquement les gentils et les aliens (soit tout ce qui était différent des humains) étaient forcément les méchants qu’il fallait éliminer. Spaceship était complètement différent. Déjà, le vaisseau des héros n’était pas un vaisseau de guerre mais d’exploration et l’approche de nouvelles formes de vie était toujours, au moins au départ, dans un but d’élargir les alliances et les connaissances.

Bref, l’un n’avait rien à voir avec l’autre.

-Spaceship a toujours eu pour but d’ouvrir l’esprit des gens. Certains de tes épisodes parlent même des différences entre les protagonistes humains.

Je haussai les épaules.

-Ceux que ça dégoûte ou énervent n’en valent pas la peine. Je serais toi, je n’y ferais pas attention.

Quant à Galactic Wars, selon moi, il fallait voir ça comme une série destinée à du pur divertissement, sans plus. Mais ce qui faisait chier Shran, c’était que Maxwell ait choisi de faire ça sous forme de science-fiction. Il aurait choisi de faire une sitcom à la How I Met Your Mother de Robin North et Sloan Perry, ou une série médiévale comme Keeping Our Lands que ça ne lui aurait fait ni chaud ni froid.

Je regardai mon ami, amusé.

-Il n’est pas marqué ton nom sur la science-fiction, tu sais ?

Tout le monde pouvait s’essayer au genre. Pas seulement Shran. C’était quelque chose dont il devait se rendre compte.

Bref, Shran comptait sur Hugh et moi pour faire remonter ses audiences. J’en étais honoré car au départ, je n’aurais pas cru que mon personnage de Datalore (que je n’avais à la base créé que pour une soirée costumée de la jet-set) susciterait un tel engouement de la part des fans.

Hugh, lui, avait fait part de son désir de revenir via l’émission de Jake Snyder… Et j’étais étonné que Hugh soit un si grand timide, ce que je savais depuis qu’il vivait chez moi. Shran, lui, le connaissait bien mieux et disait qu’il n’était à l’aise que lorsqu’il jouait. J’eus un sourire un peu triste.

-C’est clair qu’il a presque tendance à s’excuser d’exister alors que c’est un super gars.

Mais une fois à l’écran, c’était tout autre chose !

Enfin… Pour ce qui était de mon plan pour que Sørensen doive revenir sur les propos qu’il avait eu dans son dernier article, Shran n’était pas d’accord. Pas du tout d’accord, même ! Je n’avais pas intérêt à coucher avec Enora et, si on le faisait, il affirmait qu’il finirait par le savoir.

Je rigolai…

-Ok… J’ai compris… on essayera de ne pas trop boire ensemble alors, Enora et moi… Parce qu’autrement, je ne pourrai rien te promettre.

L’attirance était là, qu’est-ce que vous voulez… ? Je n’étais qu’un homme, après tout.

On en vint à ce pour quoi Shran voulait absolument me voir : le fameux script qui verrait le retour de Datalore ! J’étais super content et complètement excité ! Mais Shran ne voulait pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué…

Il se rassit en face de moi alors que je parcourais le script. J’étais d’autant plus content que j’allais partager l’écran non seulement avec moi-même, mais aussi avec Five et T’Kor ! Les fans allaient jubiler parce qu’il était de notoriété public que Shran et moi étions perpétuellement ensemble. Alors le concrétiser à la télévision, ça allait faire rire les gens.

Je regardai mon ami dans les yeux.

-Jusqu’à la mort ! Qu’elle vienne nous chercher le plus tard possible !

J’avais posé plusieurs questions à Shran, dont celle de savoir si mes protégés pourraient venir de temps en temps voir le tournage ou simplement me demander de l’aide pour n’importe quel problème qu’il rencontrerait. Le truc, c’était que Shran avait en fait déjà fait venir Livia sur son plateau sans encore savoir qu’elle avait signé avec moi.

Je me justifiai assez facilement. Parce que ce secret n’était pas le mien, c’était celui de la jeune femme. Ce qui confirma à un Shran grommelant qu’il pouvait compter sur moi pour garder ses propres secrets.

Je souris.

-Comme si tu ne le savais pas.

Mais évidemment, Shran devait continuer à alimenter sa légende de gros grognon et déclara qu’il n’aimait pas les surprises. Je fis la moue.

-Pas étonnant que toi et Hank North, vous ne pouvez pas vous piffer. Vous êtes les mêmes, en fait.

Je m’étais alors affalé un peu plus dans mon fauteuil… Si manager Eleanor et Johnatan ne me faisait pas peur, Livia était un cas un peu plus stressant pour moi. Elle avait déjà sa propre façon de travailler et des projets plein la tête… Un peu trop de projets d’ailleurs…

Shran n’avait que des bons mots pour moi, il était sûr que j’allais y arriver…

-Peut-être… Mais j’ai l’impression qu’elle est fort éparpillée aussi et je n’arrive pas à savoir si c’est positif ou négatif. Du coup, je crois que je vais me contenter de gérer ses albums, ses tournées et ses promotions. Pour ses autres projets, qu’elle se débrouille et si elle se plante, au moins, ce ne sera pas ma faute. Je suis son manager, pas son père, après tout, et ce qu’elle fait de ses sous ne me regarde pas.

C’était, pour moi, le problème d’avoir de l’argent à ne plus savoir qu’en faire à même pas 20 ans. A cet âge-là, les gosses sont loin d’être réalistes.

-Je ne veux pas la freiner dans ses projets, c’est surtout ça.

Pour Shran, je serais toujours meilleur que Ricci.

-Meilleur, je ne sais pas. Dans un autre style, ça, il n’y a pas photo.

J’éclatai de rire quand Shran me proposa son aide pour la gestion humaine.

-Oui, je te demanderai conseil.

Je secouai mon tas de feuilles.

-On lit le script ensemble ? J’ai que ça à faire de ma journée, de toute façon.

Je détestais la série de Maxwell. Je détestais son scénario simpliste et son approche manichéen. Je détestais le fait que ça envoie un message totalement contraire à celui envoyé par Spaceship. Je détestais le fait que les gens puissent être attiré par une connerie pareille tout ça parce que les images sont belles et qu’il y a des explosions partout. On peut avoir de bonnes images et, en plus, avoir un bon scénario. L’un n’exclus pas l’autre mais Maxwell a voulu jouer la carte de la facilité.

Brento affirma que ma série avait toujours chercher à ouvrir l’esprit des gens. J’hochai de la tête. Ouais. C’était le but. Je voulais leur montrer, parfois par l’absurde, que des attitudes comme l’intolérance est stupide et inacceptable. Mais Brento, lui, ajouta que si mes sujets énervaient ou dégoutaient certains, je ne devrais pas faire attention à ses gens-là.

-C’est plus fort que moi…

Et c’était bien ça le malheur. Je ne m’en foutais pas. Je n’arrivais pas à m’en foutre.

Quelque chose me révoltait dans cette histoire d’audience et je n’arrivais pas à m’en défaire. Je finis par me dire que si Maxwell avait écrit une histoire stupide dans un autre genre que la science-fiction, ça ne m’aurait fait ni chaud, ni froid… Mais il avait touché à un genre que j’affectionnais et j’avais l’impression qu’il avait fait ça en connaissance de cause. Je connaissais Maxwell depuis des années. Assez pour m’être frotter de nombreuses fois à lui. C’était un rival. Et, désormais, il venait de porter notre rivalité à un niveau supérieur.

Mais Brento déclara qu’il n’était pas marqué mon nom sur le science-fiction. Je me renfrognai un peu dans mon fauteuil avant de grommeler.

-Je sais…

Mais je ne voulais pas que Maxwell pollue la science-fiction ! Voilà tout !

J’avais un plan pour faire remonter les audiences ce qui nous amena à parler de Hugh. Il vivait actuellement chez Brent et ne semblait toujours pas s’être défait de ses démons. En dehors d’un set de cinéma, il était toujours aussi perdu. Brento confirma que Hugh donnait l’impression qu’il s’excusait d’exister. J’hochai de la tête.

-Un super gars, oui. Trop gentil et sensible pour ce monde…

Beaucoup trop. Au point où j’en venais à me dire qu’il était plus facile de vivre dans ma peau que dans la sienne. J’avais des soucis mais je n’étais pas aussi hypersensible de Hugh Crusher.

On parla ensuite de la maudite presse et de Sørensen jusqu’à-ce que Brento me fasse part d’un plan qui ne me plaisait pas. Je refusais qu’il s’invente une relation avec mon ex-femme. Je refusais même qu’il couche avec mon ex-femme ! Il finit par comprendre bien qu’il ne me promit rien. Je plissai des yeux le foudroyant un peu du regard.

-Même bourré, je suis certain que tu aurais peur que je sorte du placard !

Ceci étant dit, j’avais passé le script à Brento qui était plus qu’enthousiaste par rapport aux scènes qu’il devra tourné autant, entre autre, avec Hugh qu’avec moi. J’avais mis tout mon cœur dans ce script me donnant, à moi-même, le cadeau de pouvoir tourner des scène avec mon meilleur ami. Certains des fans de Spaceship allaient adoré voir Datalore et T’Kor interagir. Parce que mon amitié avec Brento était de notoriété publique.

On était inséparable. Jusqu’à la mort. Brento confirma espérant que la mort vienne nous chercher le plus tard possible. Je ricanai un peu.

-Elle aura peur de nous, ne t’en fais pas.

La mort était un sujet auquel je n’aimais pas penser. Surtout celle de Brento. Il était probablement la personne la plus proche de moi. Celle qui me connaissait le mieux. Une vie sans lui,  je n’en voulais pas.

Je préférais penser qu’on vivre jusqu’à 100 ans et qu’on continuera à jouer les parasites de la jet-set même à cet âge-là.

C’est quand Brento se mit à parler de ses protégés que je ne pus m’empêcher de lui reprocher de ne pas m’avoir parlé du fait qu’il avait fait signé Livia. Mais il se défendit assez bien sur ce coup-là me faisant dire que, au moins, je pouvais lui faire confiance en ce qui concernait le fait qu’il savait tenir sa langue. Chose que je savais déjà, en fait. C’est ce qu’il disait… Je fis la moue et ajoutai que je n’aimais pas les surprises afin d’avoir, quelque part, le dernier mot.

Mais Brento avait de la réplique et m’insulta en me comparant à Hank North. Je plissai des yeux me renfrognant un peu.

-Je ne suis pas DU TOUT comme Hank North. Je déteste ce type. Il ne sait pas parler sans gueuler et on a pas du tout la même vision des choses.

J’avais tourné avec Hank North une fois. Depuis, on se détestait et je n’avais plus jamais tourné pour Christopher North.

Comme on en était venu à parler de ses protégés, Brento me fit part de ses quelques inquiétudes. Il avait, désormais, un groupe, un duo et une artiste de renommée internationale sous son aile… S’il savait exactement comment procédé avec les artistes émergeant, il avait plus de moi à savoir comment procéder et se comporter vis-à-vis d’une artiste déjà confirmée comme Livia. Ce fut à moi de le rassurer me disant qu’il était le manager le mieux placer pour suivre et faire évoluer Livia qui, au final, n’avait encore que 20 ans. A 20 ans, on ne sait pas encore tout et avoir un manager comme Brent qui à l’âge et l’expérience peut-être le meilleur atout qui soit.

Brento m’expliqua alors qu’il trouvait Livia fort éparpillé et qu’il n’avait aucune idée de si c’était négatif ou positif. Je l’écoutais attentivement m’expliquer que, du coup, il comptait se concentrer sur le suivit artistique de la jeune femme. En gros, sur le pourquoi il était engagé. Comme il le disait si bien, il n’avait, en fait, pas à mettre son nez dans les projets personnels de Livia. Mais je voyais un peu où se trouvait les inquiétudes de Brento quand il affirma qu’il ne voulait pas freiner Livia dans ses projets. Aurait-il peur que Livia ait tellement de projets qu’elle en vienne à de pas réussir à tout goupiller sur une journée ? Peut-être… Je fis une moue de réflexion avant de fixer Brento.

-Ma mère m’a souvent dit qu’il faut laisser les jeunes faire leurs expériences. Qu’ils réussissent ou échouent, c’est le seul moyen pour eux d’apprendre. Probablement plus que si quelqu’un leur donne des conseils.

J’haussai des épaules. Un bébé apprends à marcher à force de chute, non ? Ils apprenne à reconnaitre les danger ainsi. C’est en expérimentant qu’un enfant devient un adulte. Mais je reconnaissait bien Brent dans toutes ces inquiétudes. Lui avait toujours été prudent autant de sa vie que dans sa carrière.

-Tout ce que tu peux faire avec Livia, c’est d’être là pour elle dans le domaine de la musique. Tu as été engagé pour ça. Tu es là pour gérer sa carrière pro, comme tu le dis, et pas autre chose finalement. Et je sais que, ça tu le feras à la perfection. Ce que fais Olivia Cortez dans sa vie personnelle, finalement, ça ne concerne qu’Olivia Cortez. Sauf si ça impacte sur sa carrière, bien sûr, mais dans ce cas, je sais que tu auras les bons mots. N’ait pas peur de mal faire. Tu va gérer, j’en suis certain.

Je souris.

-Ne la freine pas. Laisse-la faire. Et si ça peut te rassurer, son projet principale reste la musique. Elle ne peut pas vivre sans faire de la musique. C’est ce qu’elle m’a dit.

Après, elle est jeune… Les jeunes ont souvent plein d’idées en tête. Parfois des idées grandioses. Et Livia à l’argent pour concrétiser certaines de ses idées. Moi, quand j’ai commencé à avoir beaucoup d’argent, tout ce que j’ai pensé à faire c’est acheté une foutue bagnole hors de prix. L’argent peut parfois nous faire croire qu’on peut tout avoir. Heureusement que ma mère était là pour me rappeler à l’ordre. Quand elle a vu ma bagnole, elle a dit que c’était la plus laide chose qu’elle ait jamais vu. Elle a ajouté : « t’aurais pu penser à acheter une baraque avant d’acheter une foutue bagnole, abruti de nouveau riche sans domicile fixe. » Ma mère n’avait jamais eu la langue dans sa poche. Mais c’est parce qu’elle tenait à me remettre les pieds sur terre de temps à autre.

Elle le faisait toujours, d’ailleurs, même à quasi 80 piges…

Ce que je veux dire c’est que le temps m’avait rendu raisonnable au niveau du fric. Pas le choix quand le fric ne vient que de toi. Tout vient avec le temps et les expériences. C’est ce que j’essayais de dire pour rassurer Brent en lui disant de laisser faire son artiste en ce qui concernait ses projets personnels. Livia à certainement des gens autour d’elle pour la conseillé. Elle m’a parlé de son beau-père, par exemple. Et au pire, je savais que Brent aura les bons mots. Il les avait pour Johnatan. Il les auras pour Livia.

J’affirmai, ensuite, que, de toute façon, Brento sera toujours meilleur que Daniele Ricci. Modeste, il ne se trouvait pas meilleur mais différent. Je ricanai.

-Un style opposé même ! Lui utilise ses artistes pour se mettre en avant. Toi tu soutien tes artistes pour qu’ils aient les capacités de se mettre de la bonne façon en avant.

C’était absolument très différent.

J’ajoutai, un peu sur le ton de la blague, que Brento pourrait toujours venir me demander conseil au cas où. Je rigolai un peu quand il ne refusa pas. Ça voulait quand même dire que Brento me trouvait plutôt compétent en la matière. Enora ne serait pas fort d’accord avec lui.

Il voulait qu’on lise le script parce que, de toute façon, il n’avait que ça à faire de la journée. Je fis une petite moue.

-Mouais ! Que ça et me surveiller, n’est-ce pas ? Ok ! Lisons le script ! On en a pour un moment alors tu n’as qu’à rester pour souper jusqu’à-ce que, j’imagine, Enora se pointera pour me border !

Je repris ma propre copie du script et souris.

-C’est parti mon petit Datalore !

Bon, pour ce qui était de Spaceship VS Galactic Wars, on était d’accord. L’un était différent de l’autre sauf que le problème c’était que comme les deux se passaient dans l’espace, les gens faisaient l’amalgame et ça énervait Shran au plus haut point !

J’essayais de relativiser et s’il n’était pas d’accord avec tout ce que je disais, il semblait que le seul fait de discuter le calmait petit à petit. On parla aussi de Hugh, ce pauvre Hugh trop gentil et trop sensible pour ce monde.

-Sans ça, Five ne serait pas Five.

Je savais que Hugh avait modelé le personnage à son image. Parce que les sujets abordés par Shran lui tenaient particulièrement à cœur. S’il n’avait pas si peur de s’exposer, j’étais sûr que Hugh ferait un très bon activiste pour différentes causes.

Quant à la presse, Shran ne voulait pas de mon plan pour qu’ils arrêtent de penser qu’il y avait à nouveau quelque chose autre que professionnel entre lui et Enora. Et j’éclatai de rire quand il déclara que même si j’étais bourré (et Enora aussi) j’aurais peur qu’il sorte du placard pour nous prendre en flagrant délit.

-Le pire, c’est que c’est vrai.

Bref, avec tout ça, on réitéra nos vœux d’amitié, allant même jusqu’à penser faire peur à la Mort elle-même. J’espérais que quand elle nous prendra, elle le ferait en même temps pour tous les deux ou alors à pas trop de temps d’intervalle parce que je ne saurais pas vivre dans un monde où Shran ne serait plus là.

Ma comparaison avec Hank North, par contre, lui plut beaucoup moins. Je savais que ces deux-là ne pouvaient pas se voir en peinture. Pourtant, j’étais sûr que ce que je disais n’était pas très loin de la vérité. North était peut-être juste beaucoup plus casanier que Shran… Mais niveau caractère, ils se valaient.

Donc, forcément, il protesta, me faisant rire encore. Je savais que j’étais le seul à avoir le privilège de faire ce genre de réflexion sans m’en prendre une.

Ensuite, ce fut à moi de faire part de mes inquiétudes à mon ami. Car si je voyais exactement comment faire percer petit à petit Eleanor et Shrane, ainsi que Nameless, j’avais un peu peur de ne pas être à la hauteur avec Livia… Elle venait de chez Daniele Ricci ! Je n’étais pas du tout le même style de manager que l’Italien.

Je savais que c’était un peu ce qu’elle cherchait, quelque chose de plus « familial »… Mais était-ce encore possible avec la renommée qu’elle avait déjà ? C’était une star !

Et j’avais un peu peur que la célébrité et l’argent lui monte à la tête et le nombre de projets que je savais qu’elle avait me faisait sincèrement un peu peur.

Shran disait que je devais la laisser faire ses propres expériences. Je pinçai les lèvres.

-Ok, je suis bien d’accord avec ça, mais elle a beau être une star, elle n’a quand même que 24 heures dans une journée, comme tout le monde.

Et être chanteuse (auteur, compositrice et interprète), étudiante et gestionnaire de son propre argent, c’était déjà pas mal. Je ne comptais pas son petit projet de film qu’elle avait déjà commencé à tourner parce que je savais que c’était juste une occasion pour elle de s’essayer à l’acting, sans plus de prétention.

-Je ne dis pas que c’est mal d’avoir des projets plein la tête, au contraire. Mais à un moment donné, il faut choisir ses combats.

Shran me confirma alors que le mieux à faire, c’était que je me concentre uniquement sur ce pour quoi j’avais été engagé, soit la carrière musicale de Livia. Pour le reste, être là juste au cas où elle se perdrait dans toutes ses idées...

Je posai le script sur la table basse pour frotter mon visage à deux mains.

-Je pense que c’est ce que je vais faire. Au pire, j’imagine qu’elle se rendra bien compte assez vite si à un moment donné, elle se surmène.

Restait que je n’étais quand même pas Ricci. Mais Shran trouvait que c’était une bonne chose. Je lui souris, reconnaissant de m’encourager.

Mais bon ! Il était maintenant grand temps qu’on se mette au travail ! Et Shran donna le signal de départ quand j’eus à nouveau mon script en main.