Après ma conversation avec Brent, j’avais encore un peu tergiverser… J’hésitais à me lancer et à contacter River Moriarty. Ma première peur était de ne pas savoir comment lui présenter les choses. Est-ce que je devais aller droit au but ? Ou, au contraire, agir comme si de rien n’était ? Choisir entre les deux étaient compliqués sachant que chacune des deux avaient ses avantages et ses inconvénients.

J’avais, donc, longuement tergiversé au point que le seule moyen de pouvoir dormir convenablement était de me lancer définitivement. J’avais choisi d’y aller doucement au lieu de directement confronter River en lui demandant platement les choses. Sans doute parce que j’avais peur d’avoir une réponse franche et négative de sa part en plus de passer pour un idiot qui s’était fait des films. Autant que je me rende compte par moi-même des choses en analysant l’attitude de River. La pilule sera plus facile à avaler si jamais je m’étais fait des idées.

Après ça, j’avais dû me décider sur le « où ». Où est-ce que j’allais voir River ? Au bar ? A une fête ? Au cinéma ? Non ! Pas le cinéma ! Ça fait trop rencard ça ! Ça n’est pas subtile… A vrai dire, rien n’était réellement subtile alors j’avais décidé de simplement l’inviter chez moi. Pas chez Brent… Le vrai « chez moi » à Hollywood. J’imagine que entre les quatre murs de mon appartement, il sera peut-être plus simple pour River de se dévoiler qu’au milieu d’un bar.

Pour moi, ça l’est en tout cas.

J’avais, donc, pris mon courage à deux mains et j’avais téléphoné à River pour l’inviter passer la soirée chez moi. J’avais prétexté que, dans le monde de l’acting, il fallait entretenir ses relations afin de pouvoir évoluer. J’avais aussi déclarer que ça sera l’occasion de regarder un film et de causer cinéma.

Il avait accepté.

Du coup, une fois cette soirée bookée, je m’étais mis à nettoyer mon appartement de fond en comble. C’est le soucis quand on vit à l’extérieur… La poussière finit par s’accumuler. Alors, j’avais dû faire un grand nettoyage. Après quoi, j’avais commandé un traiteur… J’en faisais peut-être trop mais quitte à avoir de la visite, autant bien manger. Même si des pizza auraient pu faire l’affaire, en fait. Je ne connaissais absolument pas les goûts de River…

Bref… Le traiteur m’avait apporté tout ce qu’il fallait. Il nous restera à réchauffer. J’avais opté pour un plat mexicain… J’espérais que River aimait la cuisine mexicaine…

Après ça, j’étais allé me préparer. J’avais mis une tenue assez simple pour ne pas faire trop « chic » et faire penser à autre chose qu’une soirée entre amis. Ainsi, j’avais opté pour une jeans bleu et une chemise blanche… Quant à mes cheveux, ils étaient impeccablement coiffés, comme d’habitude.

Une fois prêt, je n’avais plus qu’à attendre. Je regardais vaguement la télévision regardant sans cesse ma montre jusqu’à-ce que la sonnette d’entrée de mon appartement retentisse.

Je bondis hors du fauteuil fermant la télévision au passage avant d’aller ouvrir. Je souris à River.

-Salut, River. Entre…

Je l’avais fait entrer fermant la porte derrière nous.

-Je suis content que tu ais accepté l’invitation. On a jamais trop peux d’amis dans le business.

Je lui fis signe de me suivre jusqu’au salon et l’invitai à s’asseoir. Ok… J’étais un rien stressé et je savais que je devais me détendre.

-Tu veux quelque chose à boire ? J’ai cru comprendre que tu ne buvais pas d’alcool alors j’ai fait le plein de soft.

Moi, il me faudra bien une bière, je le sens !

-J’ai commandé mexicain… J’espère que tu aimes bien ça… Sinon, on pourra commander des pizzas.

Je devais sérieusement me détendre. Ça s’entendais que j’étais extrêmement stressé.

La graine que j’avais semée avait germé. Je le constatai quand j’eus Hugh Crusher au bout du fil. J’avais visé juste. Je le sentais. Il avait un faible pour moi et ça m’excitait assez… Pas vraiment sexuellement bien que le plaisir était quelque peu similaire. Disons que je n’avais pas de désir sexuel pour Hugh…

Non, ce qui m’excitait, c’était la chasse. L’odeur du sang.

Hugh était pris dans un piège vicieux, et il ne le savait pas. Peut-être même ne le saurait-il jamais. Mais il serait la souris entre les pattes du jeune chat sadique que j’étais.

Il m’invita à passer la soirée chez lui, à Hollywood. On allait manger, discuter cinéma et business et regarder un film.

Un rencard, quoi… même si je sentais que hugh, hésitant, voulait faire passer cela pour autre chose. Cela dit, j’avais à y gagner,  en dehors du fait que j’allais clairement jouer avec les sentiments de Crusher. Il était connu dans le monde du cinéma et pourrait peut-être m’aider à faire fructifier ma carrière une bonne fois pour toute.

D’ailleurs, j’avais quelque chose à lui annoncer.

Mais ça attendait le fameux soir de notre deuxième rencontre.

Ça allait être beaucoup mieux que dans un bar ou un autre endroit public. Déjà, parce qu’on pourrait parler sans crier pour s’entendre l’un l’autre et puis… Il y avait quelque chose sur lequel moi-même, j’hésitais : et si un journaliste du genre d’Amon Sørensen me surprenait en train de jouer avec Hugh et déclarait dans la presse que j’étais homosexuel ? Est-ce que ça m’embêterait ou est-ce que je n’en avais rien à foutre.

Je pensais bien que ça m’embêterait quand même. Parce qu’on me refuserait des rôles pour ça. C’était probablement pour cette raison que Hugh lui-même restait caché. Probablement pour ça qu’il préférait qu’on se rencontrer à nouveau dans la sécurité de son appartement plutôt qu’ailleurs.

Bref, pour l’occasion, je l’étais habillé tout de noir, faisant ressortir le crucifix inversé en argent que je portais autour du cou… Quant à mes cheveux, je les portais savamment décoiffés et j’arborai une barbe de trois ou quatre jours un peu éparse parce que ça ne poussait pas partout pareil.

Tel un prédateur devant sa proie, je me pourléchai les lèvres avant d’appuyer sur la sonnette. J’entendis les pas précipités de l’autre côté de la porte. Et ce fut un Hugh parfaitement coiffé qui m’ouvrit la porte. Je souris. Un sourire radieux, peut-être un peu trop. Mes yeux grands ouverts et un peu fous braqués sur lui.

-Bonsoir, Hugh.

J’entrai à son invitation, découvrant un appartement extrêmement propre et décoré avec goût. Il était content que j’aie accepté l’invitation, réitérant le fait que tout ça, c’était liite juste pour le business.

Mais je savais que ce n’était pas vrai.

-C’est moi qui te remercie. Celui qui a le plus à gagner, c’est moi, dans l’histoire.

Sur tous les plans.

Il me proposa quelque chose à boire, il avait remarqué que je ne buvais pas d’alcool.

-Je tiens mal l’alcool. Un coca fera l’affaire, merci.

Ce n’était pas un mensonge. Je ne tenais pas l’alcool mais surtout, j’avais peur d’une perte de contrôle. Je voulais flirter avec les limites. Mais pas les dépasser. Je ne voulais ni finir en prison, ni interné.

Il déclara qu’il avait commandé mexicain, me proposant directement une alternative au cas où ça n’irait pas. Je souris.

-Mexicain, c’est très bien.

Je m’assis dans un fauteuil, attendant mon verre de coca et en profitai pour lancer.

-J’ai eu le rôle, dans Galactic Wars… Je vais jouer un alien au design particulièrement attrayant. Les cheveux blancs, les yeux blancs sauf la pupille. Je devrai attirer le vaisseau des héros dans un piège afin de tous les éliminer.

River était bien là. A l’heure et avec une barbe de trois jour qui lui allait bien. Tout de suite, son regard bleu de glace donnait à son visage marqué d’un sourire une lueur un peu folle. Je savais que ce regard était sa marque de fabrique et avait participé à l’obtention de certains rôles dans sa carrière. Il n’y avait rien n’à faire… Les caractéristiques physiques d’un acteur sont parfois tout aussi importante que le jeu de celui-ci.

Il me salua et je le fis entrer dans mon appartement avant de le remercier d’avoir accepté mon invitation. Mais lui pensait que c’était à lui de me remercier clamant qu’il avait plus à y gagner que moi. Je savais que j’allais analyser chacune de ses phrases pendant toute la soirée… C’était déjà le cas alors que River ne venait de dire que quelques mots.

-Je n’en suis pas certain de ça…

Je n’étais pas certain que c’était lui qui avait le plus à gagner. Même si, j’imagine qu’il parlait des liens qu’on pouvait avoir en tant qu’acteur. C’était important dans le milieu. Les liens pouvaient mener à des rôles sans passer par la case « casting ».

Je proposai à boire à River déclarant que j’avais des soft. J’avais cru comprendre que l’alcool ce n’était pas son truc ce qu’il confirma. Il ne tenait pas l’alcool. Il voulait un coca. Je souris en hochant de la tête.

-D’accord ! Va pour le coca.

Je me dirigeai vers la cuisine dont la porte était grande ouverte pour que je puisse continuer à discuter tout en allant chercher de quoi servir des verres. En chemin, j’avais demandé s’il aimait manger mexicain proposant, d’avance, une alternative si jamais il n’aimait pas ça. Mais, par chance, il aimait la cuisine mexicaine. Je souris tout en prenant deux verres, la bouteille de coca et une bouteille de vin… J’avais hésité entre vin et bière mais il me fallait quelque chose d’un peu plus fort, ce soir.

Je retournai au salon et versai un verre de coca à River après avoir poser les bouteilles sur la table basse. Il affirma, en même temps, avoir obtenu un rôle dans Galactic Wars. Son rôle était celui d’un alien assez hostile. Je souris après lui avoir tendu son verre de coca et m’être servi un verre de vin.

-C’est une très bonne nouvelle ça ! J’avoue que vu le design ça sera assez impressionnant. J’ai hâte de voir ça à l’écran même si je n’ai pas regardé un seul épisode de Galactic Wars depuis le pilote. Mais je me rattraperais juste pour te voir jouer dedans. J’imagine que l’alien perd à la fin ? C’est un peu comme ça que fonctionne la série, si j’ai bien compris ?

Tout rôle était bon à prendre pour un acteur. J’étais content que River ait pu obtenir ce rôle.

Je me mordis alors la lèvre. Moi aussi, j’avais une bonne nouvelle… Mais ce n’était pas encore officiel alors j’avais hésiter un peu avant de, finalement, me lancer.

-Moi aussi j’ai une bonne nouvelle… Stephen Shran va faire revenir mon personnage dans la série. Je vais à nouveau être dans Spaceship. Apparemment, mon rôle dans Boundaries l’a convaincu de me reprendre.

Je souris. J’attendais toujours le script mais je savais que ça ne saurait tarder.

-Mais il ne faudra le dire à personne. Ce n’est pas encore officiel et Shran déteste quand les informations lui échappent.

Et je n’avais pas envie qu’il me tir dessus avec son fusil de chasse…

J’étais entré dans l’appartement impeccable de Hugh Crusher. C’était rare quand quelqu’un m’invitait chez lui tout simplement parce que je n’avais pas vraiment d’ami et ne ressentais nullement le besoin d’en avoir. Pourtant, Hugh m’ouvrait une porte à laquelle je n’avais pas pensé : celle des liens qui permettraient à ma carrière de vraiment se lancer.

J’avais donc beaucoup à gagner, en plus de m’amuser avec les sentiments de l’acteur.

Lui pensait apparemment que c’était lui qui avait le plus à y gagner. Je lui souris, en ne quittant jamais ses yeux du regard. Je savais que mon propre regard avait une capacité hypnotique presque surnaturelle.

Et j’en jouais… Pas seulement au cinéma.

-Alors on y gagnera tous les deux.

Phrase que je ponctuai d’un clin d’œil.

Il me proposa à boire et je constatai que je n’étais pas le seul à être observateur puisque Hugh avait bien compris que je ne buvais pas d’alcool. Il s’en fut alors pour e chercher un coca dans la cuisine. Avec la porte ouverte, je pouvais l’observer…

Si Hugh était homosexuel, chose que je supposais de par ses interactions avec moi, il avait pourtant un look parfaitement masculin. Ce n’était pas une de ces folles qu’on voyait parfois dans les rues de L.A. Non.

Mais il avait des gestes délicats et une démarche plus gracieuse que la plupart des hommes, qui pouvait le trahir à un œil averti.

Lorsqu’il revint au salon, je pris le coca qu’il me tendit, faisant exprès de toucher ses doigts du bout des miens.

-Merci…

Je lui annonçai alors faire officiellement partie du cast à venir de Galactic Wars. Je lui décrivis aussi brièvement mon personnage. Ou tout du moins, le look qu’il aurait. Je souris. Hugh n’avait regardé que le pilote de la série… Même s’il disait qu’il allait regarder mes épisodes.

-J’imagine que pour quelqu’un qui joue dans Spaceship, ça doit être comme une trahison de regarder Galactic Wars… Je comprends… Tu n’es pas obligé de regarder pour moi.

Je rigolai.

-Et oui, l’alien perd à la fin… mais il reviendra dans plusieurs épisodes… Comme un méchant récurrent, si tu veux.

Lui aussi avait une bonne nouvelle… il allait revenir dans Spaceship… je lui offris mon plus beau sourire.

-Génial ! Le personnage de Five est intéressant…

Mais je n’aimais pas, en réalité, le personnage de Five. Il était trop gentil, trop poli, trop…

-Il est trop mignon…

Je passai ma langue sur mes lèvres.

-Et j’ai vu Boundaries… tu y es très crédible. Mais en dehors de ça, ce n’est pas vraiment le genre de film que j’aime vraiment. Comme je te l’ai dit, mon truc, c’est plus les thrillers ou l’horreur.

Il ne voulait pas que je dise sur tous les toits ce qu’il venait de me dire à propos de Five… Je mimais une fermeture éclair sur mes lèvres.

-Promis. De toute façon, je n’ai pas vraiment d’ami à qui confier ce secret…

Je souris quand River finit par conclure qu’on gagnera tous les deux de cette soirée. Il me fit un petit clin d’œil après avoir dit ça ce qui ne manqua pas de me faire légèrement rougir alors que j’hochai de la tête pour confirmer. Encore une fois, je ne savais pas si je devais interpréter ça comme un signe ou non.

River n’avait rien contre la cuisine mexicaine et j’avais entrepris de lui servir son verre de coca. Quand je revins de la cuisine, je lui tendis son verre. Nos doigts s’effleurèrent alors qu’il ne remercia. Je souris essayant de ne pas trop montrer que j’analysais chacune de ses paroles et de ses gestes. Je ne devais pas passer mon temps à sur-analyser, pourtant… Mais c’était plus fort que moi.

Je m’étais installé dans le fauteuil moi aussi me tournant vers River qui m’annonça fait officiellement partie du casting de Galactic Wars. J’avouai n’avoir vu que le pilote de la série de Maxwell que j’avais très moyennement apprécié mais, si River faisait partie du casting, ça me donnait une motivation de me remettre à regarder les autres épisodes. Bien que River me disait que je ne devais pas me forcer pour lui. Il se disait que comme j’avais joué dans Spaceship, regarder Galactic Wars était comme une trahison. Mes lèvres se pincèrent.

-Je ne suis pas du genre à penser comme ça… Je pense qu’on peut aimer Spaceship et aimer Galactic Wars… Pas pour les mêmes raisons, bien sûr. Ce sont des séries très différentes, c’est ça que je veux dire.

On pouvait adorer le message de Spaceship et faire fi du message de Galactic Wars mais en aimer les effets spéciaux et autres scènes d’action. C’est ça que je voulais dire. Même si j’imaginais que Stephen, lui, pensait bien que tous les fans de Spaceship qui aiment aussi Galactic Wars sont des traitres…

Je souris.

-Même si, en ce qui me concerne, c’est vrai que je ne me suis pas tellement retrouvé dans la série de Maxwell. Mais si tu viens à jouer dedans, elle gagne en intérêt.

J’esquissai un petit sourire alors que River affirma que, s’il allait bel et bien jouer le rôle d’un méchant alien, il serait plus un sorte de méchant récurant que d’un méchant qui vient à mourir au bout d’un épisode.

-Je suis content pour toi. Obtenir un rôle récurent dans une série, il n’y a rien de mieux.

Ça offrait une sécurité d’emploi qui n’était pas facile à obtenir en tant qu’acteur. Et River était un bon acteur alors il méritait d’avoir sa place dans le monde du cinéma et de la télévision.

Je finis, aussi, par annoncer ma propre bonne nouvelle qui concernait justement mon retour dans la série Spaceship. Je souris quand River s’exclama déclarant que le personnage de Five était intéressant. De tous les personnages que j’avais fait, c’était probablement celui qui me ressemblait le plus. Five était aussi indécis et remplis de doute. Il détestait être seul. Comme moi.

Mais quand River déclara que Five était mignon, je ne pus m’empêcher de me mordre un rien la lèvre. J’avais de plus en plus l’impression que River tentait de me dire quelque chose à travers ce genre de petit commentaire. Je rigolai un petit d’un rire un peu gêné.

-Le personnage a été taillé pour moi. J’ai eu la chance de pouvoir construire une bonne partie de sa personnalité. Shran m’a laissé beaucoup de liberté pour le coup.

Shran m’avait engagé parce qu’il ne voulait sans sa série. Il a inventé un personnage uniquement pour moi. Souvent, les réalisateurs ont déjà les personnages en tête et ils cherchent les acteurs après. Ici, c’était l’inverse. C’est sans doute pour ça que j’adore Five.

River déclara avoir vu mon dernier film en date. Mais ce n’était pas son genre de film. Il préférait les thrillers ou les films d’horreur. Je respectais ça.

-Chacun ses goûts comme on dit. Moi, je crois que si l’histoire ne m’avait pas tant touché, je ne me serais pas présenté au casting de Christopher North… Sans ça, je serais toujours à essayer de jouer de la guitare pour Victoria Hunter… Il faut dire qu’en tant qu’immigré, ça ne pouvait que me toucher.

J’avais demandé à ce que River ne révèle pas à qui que ce soit que j’allais revenir dans Spacehsip. Du moins, pas avant que ça ne soit officiel. Il comptait tenir sa langue affirmant qu’il n’avait de toute façon pas vraiment d’ami à qui confier ça. Je pris un air un rien triste.

-Je me demande bien comment ça se fait que tu n’as pas d’amis… Tu es quelqu’un de sympathique. Je pensais que tu avais pourtant quelques amis. A l’époque, je pense avoir lu que tu avais le soutiens de Robin North et Jerry The Kid, non ? Ils paraissaient bien te connaitre…

Ils avaient soutenu River, en tout cas, lorsqu’il était interné. Je souris.

-Et, au pire… Tu as au moins un ami. Moi…

Je dis ça en le regardant dans ses yeux bleus et en posant une main sur son genou.

Quand Hugh se mit à rougir après mon clin d’œil, j’eus la confirmation de ce que je soupçonnais : l’acteur en pinçait clairement pour moi… Il était entre mes griffes et je n’avais plus qu’à jouer avec, jusqu’à ce que je me lasse et que je passe à une autre proie…

Sauf si… Sauf si j’avais quelque chose à gagner, en tant qu’acteur, en me rapprochant de Hugh d’une façon plus… pas plus intime… Mais plus amicale…

J’allais bien voir. J’étais un peu un impulsif, pas vraiment un calculateur.

Après m’avoir servi mon coca, Hugh s’était assis sur le même divan que moi… juste à côté de moi. Et là, on en vint à parler du rôle que j’avais obtenu dans Galactic Wars… je lui déclarai que je comprenais qu’il ne regarde pas, étant donné qu’il faisait partie de ce que tout le monde commençait apparemment à qualifier comme étant « le camp adverse »… Comme si les deux séries, Spaceship et Galactic Wars étaient des opposés et non des récits complémentaires.

Hugh disait ne pas penser comme ça. Qu’il admettait qu’on puisse aimer les deux.

Je pris une gorgée de coca.

-Personnellement, j’aime les deux. Même si, parfois, j’ai l’impression que Spaceship se veut un peu moralisateur.

Hugh, lui, ne se retrouvait pas dans la série de Maxwell mais ajouta que si je jouais dedans, cela aurait un intérêt.

Je souris.

-Alors je vais me surpasser pour ne pas décevoir.

Je jouais toujours avec mon cœur car, pour moi, l’acting était plus qu’un métier : c’était salvateur. C’était ce qui me permettait de ne pas franchir l’ultime limite qui ferait de moi un détraqué mental. Je ne me voyais pas comme un détraqué mental.

Bref, tout ça pour dire que Hugh était ravi pour moi et affirmait qu’avoir un rôle récurrent dans une série était une bonne chose.

-Je sais… Tout le temps où j’ai tourné Keeping Our Lands, je n’avais pas à me tracasser pour le reste…

Hugh, lui aussi avait un rôle récurrent dans Spaceship et je mentis effrontément sur ce que je pensais de Five. Des Five, j’en bouffais quatre au petit-déjeuner tous les matins. C’était le genre de personnalité que j’aimais détruire, écraser, torturer.

Hugh, fort des compliments que je venais de lui faire, avoua être comme Five.

Je souris, un rien carnassier.

-J’ai pu le remarquer…

J’avais aussi vu Boundaries où il jouait le père du jeune Danielo. Mais évidemment, le film ne nous touchait pas de la même façon, pour ne pas dire qu’il ne me touchait pas du tout. Je ne mentis pas, cette fois. Et Hugh respectait le fait que pour moi, ce film qui traitait d’un phénomène de société ne m’avait pas parlé.

Evidemment, pour lui, c’était différent.

-En effet, c’est différent quand on l’a vécu, j’imagine… Si un jour il y a un film sur une secte hippie, peut-être que ça me parlera.

Ma mère avait fui la famille Moriarty pour aller s’installer ne pleine nature avec une communauté hippie… Dieu que j’avais détesté ça !

Hugh ne voulait pas que je parle à quiconque de son retour imminent dans Spaceship. Je le lui promis, avouant ne pas avoir d’ami à qui me confier. Mais Hugh me rappela Robin et Nathan… Je fis la moue.

-Je ne vois que très peu Robin. Il a été très pris par sa propre série. Quant à Jerry The Kid, il est père de famille maintenant et il faut croire qu’il n’a plus de place pour un ami.

Ce n’était pas tout à fait vrai. Le fait était qu’en vivant chez lui, je n’avais pas toujours pu cacher mes vices. Je leur avais fait peur et lui et Kenzie m’avaient gentiment poussé dehors. Depuis, je n’avais plus de contact… mais je n’en avais pas cherché non plus.

Hug affirma être mon ami, lui. Il me fit cette déclaration en posant une main sur mon genou. Je le laissai faire, ne le repoussai pas et regardai sa main avec fascination. J’étais en train de gagner, mais il y avait des limites que je ne voulais pas dépasser. Je voulais devenir irrésistible, mais sans jamais franchir vraiment le pas.

-Merci…

Je passai ma langue sur mes lèvres.

-Tu as dit que tu étais guitariste pour Victoria Hunter… Tu peux me jouer quelque chose ?

River m’avait révélé faire, désormais, partie du casting de Galactic Wars. J’étais vraiment content pour lui-même si la série de Maxwell était loin d’être ma préférée. Toutefois, je n’étais pas du genre à me dire que de regarder Galactic Wars ou même de l’aimer était une trahison envers Spaceship. Je n’étais pas Stephen qui, le connaissant, devait penser comme ça. Non, je pensais qu’on pouvait apprécier les deux pour des raisons différentes. River était de ceux qui appréciaient les deux. Même s’il trouvait Spaceship un peu moralisateur. Mes lèvres se pincèrent.

-Tu trouves ? Moi, je pense simplement que ça donne de l’espoir aux gens… Ça leur permet d’entrevoir un meilleur avenir et que, pour ça, il suffit, parfois, d’un petit peu de tolérance.

Car c’était là le plus grand message de Spaceship : la tolérance. Mais je savais que beaucoup trouvait ça trop utopique ou, comme River le disait, trop moralisateur.

Quoi qu’il en soit, si je n’avais, pour l’instant, vu que le pilote de Galactic Wars, je comptais, désormais, suivre la série de près étant donné que River allait jouer dedans. Il disait qu’il allait se surpasser pour ne pas décevoir. Je souris.

-Je suis sûr que tu seras exceptionnel là-dedans.

River était un très bon acteur. Ce qu’il avait fait dans Keeping Our Lands et, dernièrement, dans le film de Price montrait bien ce talent qu’il avait pour l’acting. Ce ne sont pas des personnages facile à jouer qu’il avait fait là.

L’avantage que River avait, c’était que le personnage qu’il allait incarné dans la série de Maxwell allait être un méchant récurent. De quoi lui offrir une certaine sécurité d’emploi si précieuse à un acteur. River était bien conscient de ça. Il avait vécu cette sécurité quand il tournait Keeping Our Lands.

J’avais, de mon côté, avoué que j’allais reprendre mon rôle de Five dans Spaceship. Ça me fit plaisir d’entendre que River aimait bien Five. Parce que, en soi, il était un peu comme moi ce qu’avait très bien remarqué l’acteur. Son sourire aurait pu paraitre dérangeant mais, je ne m’en formalisait pas. Je souris à mon tour.

River avait, aussi, vu Boundaries mais c’était moins son genre de film… Peut-être parce que la problématique ne le touchait pas vraiment. Ce qu’il confirma, en quelque sorte, disant que si le film s’était passé dans un secte hippie, ça l’aurait sans doute plus parler. J’ignorais que River avait vécu dans une secte hippie… Si le mouvement hippie était vu comme Peace and Love, le mot « secte » avait, par contre, une toute autre connotation.

-J’ignorais que tu avais vécu dans une secte hippie… C’était avant que tu sois acteur ? C’était le genre de secte coupé du monde ?

Si c’était le cas, ça ne devait, en effet, pas être tout rose. Ça expliquait sans doute que l’acteur paraisse si détaché des autres. Et, pour cause, il m’avoua ne pas avoir d’amis. Sauf que j’avais lu dans L.A.People qu’il en avait, au moins, deux qui avait milité pour lui quand il avait était, visiblement injustement, interné.

River déclara voit très peu souvent Robin qui était occupé à sa sitcom. Quant à Jerry The Kid, il était père, désormais, et semblait ne plus avoir de place pour un ami. Je pris un air un peu triste. J’avais l’impression que River se sentait un peu délaissé.

-Je suis désolé pour ça… J’espère qu’il se rappelleront que l’amitié c’est aussi important qu’une famille. Pour moi, c’est le cas en tout cas.

Sans doute parce que j’avais été longtemps plus proche de mes amis que de ma famille.

Je déclarai alors qu’il pouvait me compter comme ami tout en ayant le courage de poser ma main sur son genou. Un premier geste qu’il ne rejeta pas faisant battre plus fort mon cœur. Il me remercia et je souris avant qu’il ne me prenne de court en demandant que je lui fasse une petite démonstration de mon talent à la guitare. Je bafouillai ne m’attendant pas vraiment à ça.

-En réalité, si Victoria m’a engagée c’est surtout pour m’avoir à l’œil et éviter que je ne replonge… Je ne suis pas très doué… Ça ennuyait beaucoup ses autres musiciens d’ailleurs. Mais…

Je me levai tout de même après deux secondes d’hésitation. Je sortis ma guitare qui était dans un coin du salon. Je revins alors dans le fauteuil l’accordant tant bien que mal.

-Je te préviens… Je ne suis vraiment pas un bon guitariste…

Mais je savais chanter et, probablement aveuglé par ce que je ressentais pour River, j’eus le courage de lui dévoilé l’un de mes secrets. Je savais que la chanson n’allait pas bien donner en accoustique et que le stress que je ressentais à cet instant allait me faire à la fois mal jouer et mal chanter mais qu’importe.

Je me lançai.


Je faisais du mieux que je pouvais mais la différence entre mon jeu de guitare et celui de Duncan était évident. Malgré tout, j’essayais que chaque note que je chantais soient plus ou moins correcte.

Quand la chanson se termina, j’eus le courage de regarder River pour essayer de déterminé ce qu’il en pensait.

Hugh et moi n’avions pas le même avis sur Spaceship pour moi, c’était trop moralisateur. Pour mon hôte, c’était une belle bouffée d’optimisme pour le futur et un appel à la tolérance. Je souris, un sourire qui se voulait compréhensif.

-En effet, mais ça reste trop optimiste pour moi et, du coup, j’ai du mal à y croire.

Toujours était-il que Hugh était prêt à regarder Galactic Wars juste pour me voir jouer ! Il allait même jusqu’à dire que j’allais être exceptionnel. Je hochai la tête, sincèrement déterminé.

-C’est bien mon but.

J’encensais, de mon côté, le personnage de Five que Hugh incarnait dans la série de Stephen Shran. Je mentais vraiment mais apparemment, j’étais crédible parce qu’il buvait mes paroles, souriait, rougissait. Je marquais des points.

Et pour rester crédible, il ne fallait pas que je sois positif pour tout. Donc, je donnai mon véritable ressenti sur Boundaries qui ne m’avait pas parlé du tout. Et ce happy end dégoulinant avait été pour moi pathétique.

Je dévoilai, dès lors, un peu de ma vie à l’acteur latino, laissant entendre dans quel contexte j’avais passé mon enfance. Et cela piqua la curiosité de hugh qui me posa des questions là-dessus.

Je soupirai, comme si tout ça était le pire souvenir de ma vie… Ce qui était un peu le cas, dans un sens. Parce que je n’étais pas assez sensible pour que cela m’ait détruit. Mais était-ce à cause de cela que j’étais ce que j’étais ? C’était une question qui restait sans réponse. Ce n’était pas comme si, au Hollywood Mental Health Center, j’avais eu à faire à des psychologues vraiment compétents… Sauf peut-être le Dr. Storm… Mais on avait pas vraiment eu le temps d’explorer mon enfance. Et je ne savais même pas si j’aurais dit la vérité à Storm.

Mais à Hugh, je pouvais la dire… ça ne coûtait rien.

-C’était bien avant que je devienne acteur. Bien avant que j’arrive à L.A. Non seulement nous étions coupés du monde, mais en plus, ma mère et ses compagnons étaient shootés en permanence.

Je haussai les épaules.

-C’est probablement pour ça que j’évite toutes les substances qui altèrent l’esprit.

Hugh ne voulait pas que je parle de son retour dans Spaceship… Pour l’instant, c’était un secret. Je le lui promis et Hugh s’étonna que je n’aie personne à qui confier son secret. Il y avait bien Robin et Nathan, mais je lui expliquai ce qu’il en était. Hugh m’offrit alors son amitié et sa main sur mon genou disait « et plus si affinité »… Il était désolé pour moi.

Je le regardai dans les yeux.

-Un seul ami, c’est déjà bien.

Je lui demandai alors, puisqu’il avait parlé de son job de guitariste pour Victoria Hunter, de me jouer quelque chose. Il se dénigra dès le départ, dès avant d’avoir joué la première note… Avant même d’avoir sa guitare en main.

-Je suis sûr que tu n’es pas si mauvais.

Je me voulais encourageant et cela du fonctionner parce que Hugh s’assis de nouveau, guitare à la main et se mit à jouer.

Je m’étais attendu à une chanson d’Hunter… Mais dès les premières notes, je reconnu une chanson que je connaissais et qui m’avait, dès la première écoute, fait penser que BleedingHeart était un groupe composé de gens faibles, trop émotifs…

Mais en fait, j’avais devant moi VOX en personne ! Il ne pouvait pas aussi bien imiter la voix du mystérieux invité de Duncan Keller et consort !

Quand il termina, j’étais bouche bée.

-VOX… Tu es VOX.

VOX, que j’aurais dévoré tout cru rien que parce que ses paroles dépeignait quelqu’un qui vivait au bord du gouffre.

Et qui ne demandait qu’à être poussé.

-C’est aussi un secret que je devrai garder, je suppose…

River trouvait Spaceship trop optimiste… C’est clair que certains pense que c’est un peu utopique. Moi, je me plaisais à croire que dans le future, on puisse vivre d’une façon similaire à ce que décrivait Shran.

Mais River à sans doute raison, je suis sans doute un grand rêveur… Ce qui est dommage pour le coup.

Quoi qu’il en soit, j’allais devoir me remettre à regarder la série de Maxwell rien que pour pouvoir y comprendre quelque chose (bien qu’il n’y a pas grand-chose à comprendre) quand River apparaitra à l’écran. L’acteur déclara qu’il allait donné le meilleur de lui-même… Je souris certain que j’allais apprécié. Il n’y avait quasi aucun doute là-dessus… J’étais sûrement déjà à la phase où j’allais trouver tout ce qu’il faisait magnifique.

On parla brièvement de Five mais, aussi, de Boundaries, le film qui venait de relancer ma carrière. C’est là que, de fil en aiguille, j’appris que River avait probablement vécu dans une secte hippie. Il confirma déclarant que ça s’était passé bien avant qu’il ne devienne acteur. En soi, quand il était encore très jeune. Il déclara que la secte était coupée du monde et que les gens, là-bas, sa mère compris, étaient shooté en permanences. Mes lèvres se pincèrent. Ça devait être loin d’être l’endroit rêvé pour élevé un enfant… Il se disait que c’était sans doute à cause de cette expérience qu’il fuyait toute les substances pouvant altérer l’esprit. C’était compréhensible. Je pris un air compatissant.

-Ça a dû être une expérience compliquée surtout que tu étais encore très jeune, non ? Pas l’endroit rêvé pour grandir… Je suis vraiment désolé que tu as eu à vivre ça. Mais tu as réussi à t’en sortir. Je sais à quel point ça n’a pas dû être simple. Et tu as réussi à devenir acteur malgré tout. Tout ça n’a pas dû être facile du tout.

Il devait avoir une sacré force de caractère. Sincèrement, je l’admirais pour ça.

J’appris aussi que River était quelqu’un de plutôt isolé. Il disait ne pas avoir d’ami, les deux qu’il avait s’étant éloigné de lui par manque de temps. Mais j’affirmai qu’il pouvait me compter parmi ses amis et je souris quand il disait qu’un c’était déjà bien.

-Je suis sûr que tu t’en feras d’autres.

Mais quand j’avais dit avoir été le guitariste de Victoria, je ne m’attendis pas à ce que River me demande que je lui joue quelque chose… Je bafouillai un peu clamant que je n’étais pas si doué que ça… C’était vrai. Je ne l’étais pas. Mais River disait que je ne devais pas être si mauvais que ça.

Je l’étais !

Mais je trouvai tout de même le courage de me lever pour aller chercher ma guitare. Est-ce que je stressais ? Enormément. Mais je ne voulais pas me dégonflé devant River.

Alors, je lui fis une chanson. Celle qui me tenait le plus à cœur. Tout en la faisant, je lui dévoilé le secret que je cachais à la ville entière.

Malgré tout, je fus concentré du début à la fin pour en pas décevoir River. Et quand ce fut terminé, il semblait bouche bée. Il avait, bien entendu, fait les liens. J’hochai de la tête un peu timidement.

-Oui. Je suis VOX.

River semblait comprendre que c’est un secret qu’il devait, aussi, garder. Mes lèvres se pincèrent.

-Oui… Je sais… Je te demande de garder pas mal de trucs pour toi. Désolé pour ça. Je n’aurais peut-être pas dû te le dire. Mais…

Je me mordis la lèvre.

-J’en avais envie. Je voulais que tu le saches. Parce que…

Mon cœur se mit à battre plus vite. Stephen Shran m’avait dit un jour que si je ne me jetais pas parfois dans le vide, je ne gagnerais jamais rien. Lui, il saute tout le temps dans le vide. Moi, je reste au-dessus et je le regarde tomber… Mais il a raison… Quand il se jette, il obtient parfois ce qu’il veut.

Alors…

-Parce que je crois que j’ai un faible pour toi.

Et alors que j’avais affirmé ça, je sentais, au fond de moi, directement le regret d’avoir sauté.

Hugh semblait compatir quand je me dévoilai un peu plus sur mon enfance passée dans un campement de fortune où la culture principale était celle de la marijuana. J’avais clairement eu une enfance atypique, sans personne pour réellement se soucier de moi. Mais malgré tout, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Tout au plus avais-je du dégoût pour tout ce que représentait le mouvement hippie poussé à son extrême.

-J’étais plus que très jeune. J’étais bébé quand ma mère a atterri là-dedans.

Il était désolé mais trouvait que j’avais réussi à ne pas trop mal m’en sortir.  Je souris et hochai la tête.

-Heureusement que j’étais assez intelligent pour apprendre à lire et à écrire seul. Sinon, je n’aurais jamais pu devenir acteur.

Parce que le métier d’acteur, c’était énormément de lecture. Parfois de scripts de plusieurs centaines de pages.

Je continuai de me donner l’image d’un garçon solitaire qui n’avait pas eu la vie facile et ça fonctionnait du tonnerre sur Hugh qui était aux petits soins avec moi, se déclarant mon ami alors que nous ne nous étions encore vus que deux fois.

Mais je savais qu’il voulait plus que de l’amitié.

Il déclara que je me ferais d’autres amis. Je rigolai légèrement.

-S’ils ne prennent pas peur. Je sais que je peux faire peur. Je sais que je ne réagis parfois pas comme tout le monde.

Pour changer un peu de sujet, pour ramener la conversation sur le petit latino, je saisi l’information qu’il m’avait donnée un peu plus tôt : il était guitariste. Un mauvais guitariste, mais un guitariste quand même…

Il rechigna donc un peu, mais vraiment pas longtemps. Il alla chercher sa guitare et me joua, en chantant, une chanson qui était en fait une révélation. Hugh n’était autre que le mystérieux VOX. Et ça me donna un grand sentiment de puissance que de le savoir. Je savais quelque chose que, probablement, très peu de gens savaient.

Quand il eut fini sa chanson, j’étais quelque part entre la bouche bée et le sourire victorieux. Parce que j’étais en train de réussir à percer Hugh à jour. Si je continuais comme ça, j’allais devenir son confident. Puis plus tard, encore, peut-être, quelqu’un qui lui serait totalement indispensable.

Bref, j’aurais le pouvoir sur lui.

Il me confirma être VOX… Un autre secret que je devais garder.

-Je garderai ton secret. Je garderai tous tes secrets.

Et ce fut à moi de poser ma main sur son genou tout en lui souriant.

Il bafouilla un peu, alors, disant qu’il voulait que je sache cette information sur lui parce qu’il avait un faible pour moi.

Je le regardai dans les yeux.

-Je l’avais compris.

Alors, tout doucement, je me penchai vers lui, jouant à un jeu dangereux. Mais j’avais entendu des pas dans le couloir… Et avant que nos lèvres ne se touchent, la sonnette retentis et je m’éloignai brusquement, souriant.

-Ça doit être la bouffe. Reste là, je m’en occupe.

Je me levai et réceptionnai les paquets du traiteur.

Je revins ensuite près de Hugh et déposai la nourriture sur la table.

-A moi de te jouer quelque chose avant de manger. Quand je suis arrivé à Los Angeles, je jouais dans la rue pour un peu d’argent.

Je m’approchai et lui pris doucement sa guitare.

Puis je me mis à jouer You’re The Truth Not I de The Burning Fire.

Parce que c’était vrai.

River m’avait fait part d’un chapitre sombre de son enfance. Celui où il avait vécu dans une secte hippie. Il était arrivé là bébé… Ainsi, il avait passé les années critiques de sa vie dans un environnement certainement très peu adapté à un jeune enfant. Je n’osais pas imaginé ce qu’il avait pu vivre là-bas et, en entendant ça, j’avais même limite honte de parfois m’apitoyé sur mon propre sort.

River affirma qu’il avait eu la chance d’être assez intelligent pour apprendre à lire et à écrire seul… Sinon, il n’aurait jamais pu avoir sa place à Hollywood.

-Apprendre à lire et écrire seul, ça a dû être un challenge… Je n’arrive pas bien à imaginer l’enfer que tu as vécu.

Je n’osais pas imaginer qu’une mère puisse imposer ça à son enfant. Bien que la mère de River était sans doute endoctrinée et qu’elle pensait bien que c’était la meilleur vie pour elle et son fils. Heureusement que River avait été débrouillard et qu’il avait réussi à se sortir de là. C’était même impressionnant.

Malgré tout, ça avait rendu River très solitaire. C’est quelque chose que j’avais remarqué chez lui. Mais il ne semblait pas tellement se formalisé d’avoir si peu d’amis. Moi, si je n’avais pas d’ami, je ne serais rien. Je n’arriverais pas à fonctionner. Pour cause, je n’arrivais même pas à vivre seul chez moi.

River, lui, y arrivait.

Je déclarai alors que, moi, j’étais bel et bien son ami et que j’étais certain qu’il s’en fera d’autres. Mais River espéraient qu’ils ne prendraient pas peur car il disait ne pas toujours réagir comme tout le monde. Je levai un sourcil avant d’esquisser un sourire.

-Je ne trouve pas que tu fasses peur. Ni que tu réagis bizarrement.

En tout cas, je n’avais rien vu de tel chez lui. Je le trouvais sympathique et il était clair que je commençais réellement à avoir un faible pour lui. C’était une évidence… Je ne pouvais pas vraiment me voiler la face là-dessus.

Quand mes « talents » de guitariste arrivèrent sur le tapis, River arriva, avec quelques paroles, à me faire jouer pour lui. J’avais décidé, au passage, de lui révéler le secret sur VOX… C’était peut-être stupide de faire ça… Car si j’avais un faible sur River, ça ne faisait que la deuxième fois que je le rencontrais.

Mais je l’avais pourtant fait. River s’en étonna mais promis de garder mon secret. Tous mes secrets… Il posa sa main sur mon genou me faisant encore battre mon cœur plus vite. Je souris avant de souffler :

-Merci.

Je finis par me lancer et dire clairement à River que j’avais un faible pour lui. Si je gardais ça pour moi, j’avais l’impression que j’allais amèrement le regretter. Alors, je vendis la mèche et River rétorqua qu’il l’avait bel et bien remarqué.

Il ne confirma pas que c’était le cas pour lui aussi me laissant suspendu à se lèvres en attendant qu’il me dise si j’étais dans le faux ou dans le vrai… Mais à la place d’ouvrir la bouche, il se pencha vers moi. Je retins mon souffle et fermai les yeux quand nos lèvres furent très proches.

Mais avant quand je ne puisse sentir le contacte de ses lèvres sur les miennes. La sonnette retenti me faisant rouvrir brutalement les yeux et sursauter tout en même temps.

River se recula d’un coup.

Il affirma que ça devait être notre repas. Je restai interdit un moment avant de bafouiller :

-Oui… C’est sûrement ça…

Il s’était déjà leva pour aller récupérer nos plats avant de revenir au salon et déposer la nourriture sur la table. Le traiteur n’aurait pas pu faire un plus mauvais timing. C’est ce que je pensais sans l’exprimer tout haut.

Encore déstabilisé, il me fallut le temps avant de comprendre que River voulait, à son tour, me jouer quelque chose. Apparemment, il avait aussi un talent pour la guitare. Je secouai la tête tentant de me reprendre.

-Oui, vas-y, je t’en prie.

Il prit délicatement ma guitare de mes mains alors que j’étais incapable de bouger. Il se mit alors à jouer bien mieux que je n’étais capable de le faire. Je reconnus assez vite You’re The Truth Not I de The Burning Fire. Une chanson que j’appréciais beaucoup. J’entendais les paroles dans ma tête. Je finis même par les chanter à mi-voix alors que j’étais hypnotisé par le jeu de River.

Quand il termina, un silence s’installa. Je relevai le regard sur lui.

-C’était vraiment beau. C’est une chanson que j’aime beaucoup en plus. Tu es meilleur guitariste que je ne le suis.

Je n’osais plus vers un mouvement vers lui depuis que le traiteur nous avait coupé… J’essayais toujours de me reprendre. Ça plus la chanson qu’il venait de faire. Ça faisait beaucoup à gérer pour moi. Au point où il fallait que je reprenne un certain contrôle. Alors, je lançai :

-Qu’est-ce que tu dirais de manger et de regarder un film ? Je te laisserais choisir le film… J’ai une belle petite collection.

Je pourrais regarder n’importe quoi… Tant que River reste au moins pour une partie de la soirée.

La brève histoire de mon enfance semblait toucher Hugh. Mais je m’en étais sorti, et je l’avais fait seul, je n’avais eu besoin de personne. Hugh avait du mal à imaginer l’enfer que j’avais vécu. Je haussai les épaules et souris.

-Pas plus qu’un enfant latino qui fait ses premiers pas aux USA. Chacun sa galère.

Pour moi, il n’y avait aucune différence entre ce que j’avais vécu et un enfant qui arrivait dans un endroit inconnu et qui devait aussi apprendre à lire et à écrire une nouvelle langue. Et puis, de toute façon, mon cerveau n’était pas programmé pour se plaindre. Je ne me considérais pas comme une victime.

Tout au plus, ce que j’avais vécu avait peut-être détraqué quelque chose dans ma tête… Et encore… « Peut-être »… Car si ça se trouvait, j’étais tout simplement né comme ça.

Ce qui faisait que j’avais peu d’ami et le seul que j’avais vraiment eu, Nathan, avait fini par avoir peur de moi… Enfin… Je soupçonnais plutôt Kenzie d’avoir eu peur et d’avoir influencé Nathan. Les femmes étaient comme ça, quand elles n’aimaient pas quelqu’un… Elles supprimaient simplement ce quelqu’un de leur vie comme un membre gangrené qu’on ampute. Et sans plus de remords que ça.

Hugh, lui, ne trouvait pas que je faisais peur. Je souris.

-Parce que tu es acteur, probablement et que tu sais faire la différence entre un rôle et la réalité.

Sauf qu’en fait, c’était là, maintenant, que je jouais un rôle.

Ensuite, je demandai à Hugh de me jouer une chanson, puisqu’il était guitariste. Il hésita un peu puis se lança, me dévoilant du même coup qu’il était VOX. Et s’il avait raison sur son jeu de guitare qui était un peu approximatif, son chant, par contre, ne laissait aucun doute. Et même si les paroles de No Self Esteem me dégoûtaient, il fallait avouer qu’il avait un véritable talent pour le chant.

Il me fit promettre de garder son secret. Je lui fis cette promesse, sans savoir si j’allais vraiment le faire ou pas. Bien sûr, je n’allais pas courir à la rédaction de L.A.People pour tout cafter… Mais qui sait si un jour, les circonstances ne feraient pas qu’il serait intéressant pour moi de cracher le morceau ?

Après cela… Je tentai quelque chose de dangereux, rapprochant mes lèvres de celles de Hugh. Si j’allais jusqu’à toucher ses lèvres, ce serait vraiment crapuleux de ma part et c’était donc tentant… Mais je n’avais pas non plus envie d’être pris à mon propre piège. Pas que je tomberais amoureux de hugh, je ne pensais pas être capable de tomber amoureux de quiconque même si je pouvais être obsédé par quelqu’un.

Mais si je l’embrassais maintenant… C’était un peu comme dévoiler tout mon jeu d’un coup. Or, je voulais distiller les choses. Jouer le plus longtemps possible un amour impossible.

Fort heureusement, le livreur nous interrompit à un timing plus que parfait. J’avais donné un peu, sans aller trop loin.

Je réceptionnai la nourriture avant de demander à mon tour à jouer quelque chose.

Mon choix se porta sur You’re The Truth Not I de The Burning Fire. Quand j’eus terminé, Hugh affirma que j’étais meilleur guitariste que lui.
Je souris.

-Peut-être, mais je suis moins bon chanteur que toi.

Je n’avais d’ailleurs pas chanté pendant le morceau.

Hugh proposa alors de manger et de regarder un film, je remis une mèche de cheveux noirs derrière son oreille.

-Ça me va, comme soirée. Allons-y doucement.