Ça y est ! Je suis enfin un employé de Hughes Motors, j'avais commencé à travailler le lendemain de ma signature, et j'avais eu l'occasion de voir le prototype de Julian.

Je l'aimais bien, il avait une belle tête. Mais je voyais trois quatre choses à changer. Mais avant de proposer les plans à Julian, j'avais demandé à voir le pilote de l'équipe.

Ce n'est pas pour rien, j'ai besoin de son ressenti. J'ai besoin de comprendre ce qu'il a besoin comme sensation pour être encore plus performant. Je suis là pour avoir la meilleure voiture possible et avoir un pilote à l'aise. Un pilote à l'aise est un pilote qui va vite.

J'étais près de ma fenêtre entrain de dessiner, un café posé à côté de moi, je ne vois pas l'heure. J'entends toquer à ma porte, c'est surement Sonny Robson qui est devant ma porte.

Entrer ! Je suis à vous dans deux petites secondes !

Je pose mes crayons et mes outils de mesures et de traçage et je m'approche de mon bureau et je tends la main à Sonny.

Alexandre Gracia, c'est un plaisir de vous rencontrer, je vous en prie prenez place !

Je revenais d’avoir été faire des tours de piste avec le prototype de Hughes Motors, sur un circuit privé un peu plus petit que Long Beach. Il s’agissait du même prototype que celui qui s’était crashé aux derniers essais. Evidemment, il avait été réparé depuis et mon rôle, en le pilotant aujourd’hui, était de ressentir la voiture…

Le pilotage demande beaucoup de technique, mais aussi beaucoup de feeling… Avec le feeling que j’avais, je pouvais sentir venir les problèmes moteurs avant que le voyant ne s’allume.

C’était donc le but aujourd’hui, ressentir pour améliorer.

Et après ça, j’avais rendez-vous avec l’ingénieur aérodynamicien de Hughes Motors… Il s’agissait d’un certain Alexandre Garcia… Pour la Californien que j’étais, « Alexandre » n’était pas facile à prononcer et j’avais tendance à dire « Alexander », même dans ma tête.

Je me réjouissais de le rencontrer parce que, de un, j’adorais parler bagnoles, et, de deux, c’était un peu mon premier acte en tant que pilote professionnel… Et j’étais fier de l’être devenu, même sur le tard.

Mon rêve se réalisait ! Et Hughes Motors m’avait même payé ma licence pro ! Que rêver de mieux ?

Bref, j’avais laissé le prototype dans l’écurie du circuit pour reprendre ma Camaro et me rendre au siège de Hughes Motors qui se trouvait sur San Fernando Valley. Julian Hughes commençait peut-être tout juste sa carrière d’ingénieur et d’homme d’affaire, mais ce n’était pas l’argent qui lui faisait défaut.

Les infrastructures de Hughes Motors étaient toutes neuves et une réceptionniste attendait tranquillement derrière un comptoir aussi aérodynamique que les voitures que proposait la marque. Je me présentai à elle et elle m’indiqua dans quel bureau je devais me rendre.

J’étais à l’heure et même quelques minutes à l’avance… Contrairement à mon ami Howard, je mettais un point d’honneur à être ponctuel, c’était quelque chose que j’avais appris en travaillant au garage de mon père, mais aussi en tant qu’ambulancier où il était impératif que je me présente à l’heure pour mon shift sans quoi il n’y aurait personne pour conduire l’ambulance et là, c’était des vies humaines qui étaient mises en danger en cas de retard.

Je frappai à la porte du bureau et une voix jeune m’autorisa à entrer, ce que je fis. L’homme était effectivement jeune et son bureau était jonché de croquis et de matériel de dessin… Je m’approchai et lui tendis la main.

-Enchanté, Monsieur Garcia. Vous pouvez m’appeler Sonny.

Je m’assis, souriant en regardant les dessins de voiture ou de pièces de voiture que je pouvais voir.

-Je vois que vous êtes en pleine travail… Je viens juste d’essayer le prototype de course de Hughes Motors… On m’a dit que c’était à vous que je devais faire part de mon ressenti et des choses à améliorer.

J'avais un rendez-vous avec Sonny Robson, c'est le pilote de Hughes Motors et aujourd'hui, il avait des tests avec la voiture conçue par Julian. Je m'étais levé tôt et j'avais commencé à travailler sur la voiture. Je dessine beaucoup, tellement que je ne vois pas l'heure. J'entends toquer et je fais entrer Sonny.  On ce serait la main et il me demande de l'appeler Sonny.

Pas de soucis, Sonny, j'essaie juste de rester professionnel, mais si on peut être un peu plus détendu, ça me va aussi, vu qu'on va beaucoup travailler ensemble. Appelle-moi Alexandre ou Alex, c'est toi qui vois. Bon, du coup, les tests se sont bien passés ?

Je prends ma tasse à café et lui sourit.

Tu veux un café, peut-être ?

Autant se mettre à l'aise.

Bon sinon, j'ai un petit projet, je ne sais pas si Julian t'en à parler. J'ai un projet de châssis en aluminium, tu vas gagner du poids sur la voiture, ce nouveau châssis sera prêt dans quelque temps, et je voudrais que tu sois vraiment précis dans tes ressentis, j'ai besoin de toutes les infos, même ceux qui te paressent insignifiant !

Je prends mon stylo et mon calepin pour noter tout ce qu'il à à me dire.

Je veux te faire une voiture où tu es à l'aise. Je ne vais pas te promettre que tu vas gagner de suite, mais on essayera de te faire gagner le plus vite possible. Moi, j'ai envie d'aller sur le toit du monde !

Je lui souris tout en sirotant mon café.

Après une bonne poignée de main et sur l’invitation de Garcia, je m’assis en face de son bureau. Bizarrement, ça me rappelait les fois où Howard et moi, on avait été convoqués chez le proviseur après avoir fait une connerie.

Sauf que le contexte n’était pas du tout le même ! Ici, j’étais là pour quelque chose que j’aimais vraiment ! Pour contribuer à l’amélioration d’un véhicule qui, peut-être, à terme, concourrait dans les plus belles courses du monde !

Et j’avais la chance d’en être le pilote attitré !

Alexandre accepta de m’appeler Sonny… Je n’avais jamais eu la prétention d’être un « Monsieur Robson »… C’était beaucoup trop sérieux pour moi. Pas que je ne pouvais pas être sérieux ! Quand il était question de pilotage et de voitures, je pouvais être vraiment sérieux, passionné même !

Enfin, bref… Tout ça pour dire que mon interlocuteur m’autorisa lui aussi à l’appeler par son prénom… Je lui souris.

-Ce sera Alex alors… Parce que je n’arrive pas à dire Alexan… Alexan… der ? Merci…

Et comme il était passé direct au tutoiement j’imaginais que je pouvais en faire de même.

-Les tests se sont très bien passés ! La voiture est géniale. C’était la première fois que je la conduisais et on peut dire qu’elle en a sous le capot… Mais… Elle n’est pas encore parfaite. Je pense qu’on peut faire mieux.

Il me proposa alors un café.

-Oh je dis pas non, avec plaisir. Merci.

Mais avant que je ne dise mon ressenti sur le prototype, Alex me parla d’un châssis en aluminium qui semblait lui tenir vraiment à cœur. Je souris.

-Ce serait vraiment cool parce que je gagnerais automatiquement en vitesse ! J’ai hâte de pouvoir essayer ça !

Quand il déclara qu’il voulait me faire une voiture dans laquelle j’étais à l’aise, je hochai la tête… Quant à gagner…

-J’ai gagné des courses avec des voitures qui n’avaient rien à voir avec de vraies voitures de courses et encore moins avec les prototypes de Hughes Motors. Le talent du pilote compte aussi. Mais c’est clair que si la voiture est meilleures, les résultats seront automatiquement meilleurs aussi.

Je me grattai la tête.

-En tout cas, le plus gros défaut que je trouve sur le prototype actuel et avec lequel je viens de rouler, c’est la prise au vent. Il y a trop de prise au vent. Ça ralentis la voiture et ça fait un boucan d’enfer dans le cockpit…

Je lui avais bien serré la main. Tellement impatient que j'en oublie de lui faire un café. Je lui en propose un et il l'accepte. Je lui fais un café et je lui donne.

Tiens, j'espère qu'il te plaira. Il n'est pas trop fort.

Quand il me dit qu'il m'appellera Alex plutôt qu'Alexander, je rigole parce qu'il galère et m'appelle Alexander.

Aller va pour Alex ! Ce sera plus simple.

Je lui demande comment s'est passé les tests d'aujourd'hui. Il me dit que ça a été et que la voiture avait du potentiel.

Je vais recevoir tes données dans la journée. Je les ferai analyser et je les analyserai moi aussi. Mais je suis content que ça se soit bien passé, et je pense qu'en effet, il y a des choses à exploiter sur la voiture.

Je lui parle de mon idée de châssis en aluminium.

On va déjà faire des tests de solidités. Mais si j'ai bien fait mes calculs on devrait pouvoir gagner une centaine de kilos sur la voiture. Donc ça fera de la performance en plus !

Je suis toujours à la recherche de performance pour la voiture. Je lui fais part de mon envie de faire une voiture pour lui afin qu'il soit à l'aise et gagner.

Les gars m'ont fait un petit topo de ton passé de pilote. C'est ta première licence, mais je ne suis pas inquiet. Si Julian, tu as embauché, c'est que tu es performant. Et le pilote fait beaucoup, mais s'il a une voiture qui lui convient. Il sera encore plus performant, alors je vais prendre en compte ce que tu m'as dit pour faire la voiture la plus proche de la perfection pour toi.

Je prends mon stylo et mon calepin et je me prépare à noter son ressenti à propos de la voiture. Il me dit que la voiture a trop de prise au vent. La voiture est ralentie et elle fait un bruit d'enfer. Je note tout ça sur mon calepin et je prends les plans de la voiture et commence à gribouiller avec mon crayon à papier.

Je pense qu'on peut lui dessiner des courbes plus aérodynamiques sans forcément changer la tête de la voiture. Julian m'a demandé de ne pas la défigurer. Alors, ce que je peux faire, c'est de coller un petit aileron à l'avant et de faire des ouvertures au-dessus des pneus pour aerer tous ça. Et en même temps, si jamais l'air venait à s'engouffrer en dessous et lever la voiture. Je pense que ça pourrait la replaquer au sol et éviter les tonneaux. Ensuite, peut-être raboter un peu l'aileron à l'arrière. Pour avoir une moins grosse prise à l'air. Enfin on pourrait aussi mettre des appendices aérodynamiques sur les rétroviseurs pour qu'ils aient une moins grosse prise à l'air aussi.

L’ingénieur me servit un café, ce qui était bien sympa et je le remerciai. Il faisait son café pas trop fort, apparemment. Personnellement, j’aimais le café bien corsé, mais c’était déjà bien gentil à lui de m’offrir quelque chose à boire pendant qu’on parlait.

Il m’autorisa à l’appeler Alex aussi et ça plus le tutoiement, je me sentais très à l’aise. Il était jeune, aussi, probablement plus jeune que moi qui approchait dangereusement des 40 ans. Ce qui faisait de moi un vieux pilote, même si beaucoup de pros couraient jusqu’à plus de 40 ans. Mais bon…

Le principal, c’était que cet ingénieur avait l’air de quelqu’un de vraiment simple… Tout en étant ambitieux quand même. Il ne semblait pas là pour faire de la figuration.

Il déclara qu’il allait recevoir les données que j’avais fournies aux techniciens qui étaient sur le circuit ce matin et qu’il les analyserait.

-J’espère que ça ira ce que j’ai fait. Je suis un pilote mais j’ai encore beaucoup à apprendre par rapport à tout ce qu’il y a autour… C’est très technique et la plupart du temps, c’est surtout mon feeling que je donne.

Il me parla d’un projet de châssis en aluminium et j’ouvris de grands yeux impressionnés quand il affirma qu’avec ça, on allait gagner une centaine de kilos sur la voiture. C’était extra, bien sûr, mais je ne pus m’empêcher de rigoler !

-Mais je vais m’envoler !

Puis, je repris mon sérieux.

-Non, sans rire, si vous arrivez à faire ça, il y a moyen que Hughes Motors soit en possession d’une des voitures les plus performantes de la décennie.

Je hochai de la tête quand il parla de ce qu’on lui avait dit sur moi et notamment que c’était ma première licence. Mais il semblait avoir confiance quand même.

-C’est gentil d’avoir confiance… En fait, je n’ai ma licence que maintenant parce que je n’avais pas les moyens de me l’offrir. Alors quand Hughes Motors a passé son annonce, j’ai sauté sur l’occasion. Mais sinon, je fais des courses de voiture dans L.A. depuis que mes pieds atteignent les pédales…

Ce qui, vu mal taille, voulait dire depuis très longtemps. Je pinçai les lèvres.

-Bon, évidemment, tout ça n’était pas très légal…

J’aurais pu me faire choper un million de fois et passer ma jeunesse et la majorité de ma vie d’adulte en prison pour ça. Mais heureusement, ça ne m’était jamais arrivé.

Bref, pour en revenir à la voiture qu’Alex voulait personnaliser pour moi, je lui parlai de mon problème de prise au vent. Il sortit alors les plans de la voiture et commença, tout en me montrant, à griffonner dessus, traçant des lignes d’une main sûre et professionnelle. Tout en dessinant, il m’expliqua tout ce qu’il pouvait faire sur la voiture pour régler mon problème.

-Ah ouais, ce serait vraiment pas mal tout ça. Je ne suis pas ingénieur, je n’ai pas fait de hautes études, alors je ne suis pas sûr de tout comprendre. Je m’y connais un peu en mécanique, mais sur les voitures de monsieur tout le monde parce que mon père tient un garage dans l’Eastside.

Je souris et le regardai.

-Mais je suis sûr qu’une fois les modifications apportées sur la voiture, je comprendrai beaucoup mieux.

Puis, je m’intéressai un peu plus à lui.

-Tu viens d’où ? On dirait que tu as un accent latino… Alors tu peux très bien venir de L.A., mais Alexander… AlexanDRE… C’est pas vraiment un nom d’ici.

J'avais offert à Sonny un café. Je voulais le mettre à l'aise. C'est important à mes yeux. Je voulais le mettre à l'aise.

Je l'autorise à m'appeler Alex parce que je me doute que c'est complexe pour les gens qui ne viennent pas de l'Europe. Je lui faisais savoir que j'allais avoir les données qu'il avait donné au ingénieur sur le circuit.

J'ai mon diplôme depuis deux ans, donc on est des rookies toi comme moi. Et j'ai confiance en toi. Tu as en effet beaucoup à apprendre. Mais je pense que tu as quelque chose à faire.

Je lui parle de mon idée de châssis en aluminium. Il me dit qu'il va s'envoler, et je ris.

Justement, j'ai une idée pour contrer ça, mais j'ai besoin de ta vision des choses.

Puis il me dit qu'il n'a pas de licence depuis longtemps. Mais qu'avant, il avait fait des courses illégales.

Je vois, je vois. Tant que tu as des compétences, tu apprends toujours.

Je m'en fous, tant qu'il est bon et qu'il peut nous faire gagner, moi ça me va. Cher Cortes Motors on prenait des gens qui venaient de la rue parce que ça coutait moins cher. Et après, on s'étonne que ça ne roule pas !

Enfin bon il me donne son ressenti. Je commence à noter et à gribouiller sur les plans. Il ne comprend pas trop, parce que je parle avec des termes techniques.

Pardon, ce n'est juste que quand j'ai des idées. Je sors tous mes termes techniques ! Mais oui, les améliorations vont te faire aller plus vite ! Et il vaut mieux voir que parler !

Il vient à me demander d'où je viens, et qu'Alexandre n'est pas un nom d'ici.

Je viens de Madrid. Et j'ai changé de prénom et de nom. Je suis Alejandro Cortes, mais j'ai préféré prendre un prénom plus français pour mieux m'intégrer. J'ai fait des études en France pour devenir bilingue. Puis j'ai fini mes études en Angleterre à Southampton.

J’étais passé pro seulement récemment, malgré toutes les courses que j’avais courues depuis mes 13 ans… Ce qui faisait de moi un rookie comme le disait Alex qui était un peu dans le même cas, n’étant diplômé que depuis deux ans. N’empêche que ça me faisait bizarre qu’il me parle comme si j’étais un gamin en répétant que j’avais beaucoup à apprendre. Je le savais, je l’avais dit… Mais il avait eu dans la voix quelque chose d’un peu condescendant.

Et venant de quelqu’un qui était clairement plus jeune que moi, ça faisait bizarre. Mais je choisis de ne pas le prendre mal, il n’y avait pas vraiment de raison puisque même moi, j’admettais être nouveau dans le métier et donc je souris.

-Bah, je fais de mon mieux. Mais mon but n’est pas de devenir ingénieur non plus. Moi, je veux juste conduire des voitures, c’est tout.

Il avait besoin de moi, qu’il disait…

-Et j’ai besoin de toi parce que je ne sais pas dessiner, déjà… Et puis comme je te le dis, je suis bien loin d’être un ingénieur donc je te fais confiance pour traduire mes sensations en modifications concrètes sur les prototypes dont je ferai tout pour donner le meilleur sur circuit.

Il avait, d’ailleurs, déjà un projet de châssis en aluminium qui allègerait la voiture. C’était quelque chose de très intéressant. Seulement, il ne pouvait apparemment pas faire ça sans avoir le ressenti de celui qui serait derrière le volant. En l’occurrence, moi.

-C’est super valorisant, ce que tu dis ! Je m’imaginais bien devoir faire des résultats sur circuit, mais je ne pensais pas que j’aurais aussi ma part dans le fignolage de la voiture. C’est vraiment intéressant !

Pour moi qui aimais parler voiture, j’allais apparemment être servi. Et je sentais que j’allais beaucoup apprendre au contact d’Alex.

Je lui avouai que j’avais l’habitude de courir parce que j’avais fait pas mal de course illégales. Il croyait apparemment en mes compétences. Je haussai les épaules, de la nonchalance à la Howard Stone.

-Les compétences, je pense en avoir pas mal. Même si c’est complètement différent de conduire sur un circuit fait pour que de conduire en plein centre-ville, sans aucune balise. Mais bon, comme j’étais ambulancier avant de démissionner pour me consacrer à Hughes Motors, je pense avoir certaines qualités qui peuvent faire la différence par rapport à d’autres coureurs qui ne connaissent que les circuits.

Je souris.

-Mais c’est clair que j’apprendrai toujours !

On entra alors dans le vif du sujet et Alex m’expliqua ce qu’il comptait faire contre le problème de prise au vent. Seulement, comme je n’étais pas ingénieur et seulement un mécanicien amateur, je ne pouvais pas prétendre comprendre tout ce qu’il me disait et je ne cachai pas mon ignorance quant aux termes parfois très techniques qu’il utilisait.

Il me fit rire gentiment quand il déclara que quand il s’agissait de parler de son domaine, il s’emballait vite.

-Ok… Plus vite, ça me convient. J’ai plus ou moins compris ce que tu allais faire mais ça va être de gros travaux.

Puis, dans le but de le connaître un peu mieux, je lui posai quelques questions. Je fus très étonné d’apprendre qu’il venait d’Europe. De Madrid et qu’il s’appelait en fait Alejandro Cortes.

-Wow ! L’Espagne ! Et la France ! Si loin que ça ! Moi je n’étais jamais sorti de L.A. avant de suivre Howard Stone à Londres où il était en tournée. Tu connais Howard Stone ? De The Burning Fire et Fireworks ?

Suite à ma réflexion concernant le fait qu'il soit rookie dans le domaine et qu'il avait beaucoup à apprendre. Il me dit qu'il veut simplement conduire les voitures.

Je vois ce que tu veux dire. C'est pour ça que je suis là pour penser la voiture et toi pour la conduire ! Mais je t'explique quand même pour que tu voies un peu ce que je pense. Et peut-être que ces infos peuvent être utiles sur la piste, on ne sait pas !

Puis je lui dis que j'ai besoin de lui et lui me répond qu'il a besoin de moi.

Nous sommes sur la même longueur d'onde. Moi, ça me va !

Je lui souris, je lui parle de mon châssis en aluminium. Je lui fais part du fait que j'avais besoin de lui pour avoir le ressenti qu'il avait derrière le volant.

Disons que si la voiture ne te convient pas, ça sera problématique. Pour toi comme pour nous, et je n'aime pas cette idée. Certes, on ne va pas gagner de suite, mais dans pas longtemps.

Puis, il vient à me parler de son passé. Là où il a commencé à conduire. Et son ancien travail.

Bon donc tout va bien. Tu es bon sur les circuits urbains, et en plus esquiver, ça peut être utile. Je suppose que tu as des réflexes de dingues ! Maintenant, tu n'as plus qu'à apprendre la piste, mais je ne suis pas inquiet.

Je lui souris, avec tout ça on devrait avoir un excellent pilote.

Puis je viens à lui faire un speech sur tout ce que j'allais faire dans la voiture, il me regarde et me dit qu'il ne comprend pas ce que je lui ai dit. Je le fis rire quand je m'excusai d'être parti dans tous les sens. Je lui fais un résumé simple, il ira plus vite. Et ça lui va. Même si ça allait être de gros travaux.

Il faut déjà que Julian valide tout ça, mais je pense que ça va lui plaire. Je vais tout faire pour en tout cas. Et pour les gros travaux, ça devrait y aller.

Puis, on vient à parler de moi. Je lui donne mon nom de naissance et mon parcours, il me dit que c'est loin. Puis, il vient à me parler de Howard Stone et me demande si je le connais.

Oui, c'est loin, mais bon, il faut ce qu'il faut. Et en ce qui concerne Howard Stone. Je le connais, oui, pas personnellement mais oui je le connais, il tape bien, j'aime ce qu'il fait. Même si je suis plus un adepte de BleedingHearth ou récemment Nameless. Ils ont du potentiel.

Une chose était sûre et je l’apprenais au fur et à mesure que je parlais avec Alex… Il avait l’air de savoir très bien ce qu’il faisait, de connaître à fond son domaine. Mais putain, ce n’était certainement pas la modestie qui l’étouffait. Ok, il disait être un rookie… Mais je savais pas trop… Dans sa bouche, tout le reste de son discours me semblait un peu…

Je savais pas… Chauvin ? Pas encore réellement prétentieux mais… ambitieux ?

Bref, pour faire simple, il ne se prenait quand même pas pour de la merde, le petit nouveau à L.A.

Pour moi qui avais pas de prétention pour deux balles, juste des rêves que j’avais jusqu’ici pensé impossibles, je trouvais ça un rien irritant. Je savais que l’ambition était quelque chose de nécessaire pour aller loin mais qu’est-ce que ça pouvait être énervant d’entendre quelqu’un vanter ses mérites…

Et surtout, sous-estimer les miens… Ce n’était pas parce que je n’étais que pilote, sans plus d’ambition que ça et que je commençais juste à rouler sur circuit qu’il devait me rabâcher les oreilles avec le fait que « je devais apprendre »… Je le savais, je l’avais dit moi-même, j’avais pas besoin qu’on me le répète encore et encore.

Cela dit, je ne lui fis pas remarquer qu’il était clairement condescendant et je gardais le sourire… Ce que j’avais à lui montrer, je le lui montrerais en faisant des résultats sur n’importe quelle piste et avec n’importe quelle voiture qu’on m’imposerait.

Je haussai les épaules et pris une gorgée de café.

-Toute info est bonne à prendre. Mieux je connaîtrai la voiture, mieux je pourrai la conduire et anticiper ses réactions…

Je rigolai…

-J’ai un peu tendance à parler des voiture comme si c’était des gens en leur prêtant des caractères et des sentiments. Je trouve plus facile de les conduire en me disant que la voiture et moi formons une équipe.

Mais quand il dit qu’il fallait que la voiture me convienne et qu’on allait pas gagner de courses tout de suite, je ne pus me retenir de le regarder en biais parce que là, il m’insultait presque. Il ne savait même pas comment je courrais.

-J’ai gagné un tas de courses avec des voitures de merde. J’ai sauvé des vies avec une ambulance à moitié équipée par manque de budget. Alors je serais toi, je ne nous verrais pas automatiquement perdant, même avec une voiture qui est encore à améliorer.

Merde, quoi… J’avais des qualités, aussi, un peu. Il reconnaissait quand même sur si je savais rouler en milieu urbain, j’avais quand même acquis de l’expérience.

-J’ai de bons réflexes… J’aurais voulu passer pro plus tôt parce que plus on est jeune, plus les réflexes sont aiguisés, mais comme je l’ai dit, la chance ne s’est présentée que maintenant.

Evidemment, toutes les modifications qu’Alex apporterait à ses plans devraient être validées par le big boss, Julian Hughes.

Je souris.

-Il a pas l’air contraire et tes idées sont bonnes. Tu as l’air de connaître ton domaine à fond.

Je regardai le plan.

-Et j’ai jamais vu des voitures aussi bien dessinées. C’est un vrai talent.

Je posai alors des questions à Alex pour le cerner un peu mieux. Il était né en Espagne mais avait passé pas mal de temps en France. Je pinçai les lèvres pour ne pas sourire… Ok… je comprenais mieux maintenant. Les Français sont réputés pour avoir les chevilles enflées, le gros cou et la grosse tête.

Mais bon, comme j’étais pas son boss, faudrait que je fasse avec. Puis avec le temps, peut-être qu’il apprendrait à ne pas me rabaisser alors que j’étais plus vieux et plus expérimenté que lui dans certains domaines, même si ce n’était pas l’ingénierie.

J’en appris plus sur ses groupes préférés. Il aimait bien le jeu d’Howard, mais son cœur allait plus vers BleedingHeart et le tout nouveau groupe Nameless. Je souris.

-Evidemment, comme Howard est mon ami d’enfance, je ne suis pas objectif. Mais c’est vrai que BleedingHeart est très bon. J’aime aussi Nameless mais je n’ai pas encore eu le temps de m’habituer à ses chansons.

Je le regardai dans les yeux.

-Tu es à L.A. depuis combien de temps ?

Je lui disais qu'il avait encore beaucoup à apprendre. Je lui dis ça pour qu'il ne soit pas surpris si jamais, lors de la première course, il se retrouve largué. J'attendais de voir si Julian avait fait le bon choix quand il serait sur la piste avec les autres. Tout seul, c'est simple, la piste est libre, mais quand tu es avec les autres, ce n'est pas pareil. Je lui dis que j'allais essayer de lui faire une voiture à sa convenance et que j'avais besoin de son ressenti. Je lui fais part de mes idées pour qu'il ait une idée de ce qui va changer sur la voiture, même s'il le verra surement uniquement quand il sera dans la voiture.

Hum, je vois, tu essayes de ne faire qu'un avec la voiture, c'est pour ça que je vais essayer de faire en sorte qu'elle te corresponde au mieux.

Puis je le regarde et lui dis qu'il ne faut pas qu'il s'attende à gagner de suite. Et là, il me regarde de travers et commence à s'exciter. Il me dit qu'il à déjà gagné des courses avec des voitures de merdes et qu'il a sauvé des vies avec des ambulances avec la moitié de l'équipement. Il me dit que je ne dois pas partir perdant dès le départ. Je fais le tour de mon bureau et je viens lui poser ma main sur l'épaule tout en le regardant dans les yeux.

Je ne remets en aucun cas en cause ton talent de pilote Sonny. Je veux juste te prévenir que je ne garantis rien pour que tu aies une voiture compétitives dès le départ, et qu'on va peut-être devoir ramer en fond de grille quelque temps, évidement si j'étais sûr du fait qu'on pourrait jouer la victoire de suite, je te l'aurais dit, et j'espère que je me trompe en te disant qu'on va peut-être jouer le fond de grille. J'aimerais sincèrement que tu me fasses mentir. De toute façon, je vais faire en sorte que tout se passe pour le mieux, d'accord ? Excuse-moi de t'avoir vexé avec mes propos. Ce n'était pas mon but, sincèrement.

Je le regarde en souriant, ça m'embête de déjà l'avoir vexé alors que ça fait une demi-heure qu'il est rentré dans mon bureau.

C'est à cause de ce genre de choses que mon ex m'a quitté, comme quoi je n'ai pas appris de ces erreurs !

Je le regarde en riant et en me grattant l'arrière du crâne.

On en venait à parler de ces réflexes. Je retourne derrière mon bureau. Il m'explique qu'il aurait aimé passer pro plus tôt, mais qu'il n'avait jamais eu l'occasion avant.

Dommage que tu ne sois pas née en Espagne. Mon père prenait n'importe qui, et vu les guignols qu'il a pris, t'aurait eu toutes tes chances, t'es surement meilleur qu'eux. Toi, au moins, tu ne mets pas la voiture dans le mur au premier virage !

Je le regarde en souriant. Il est vrai qu'il peut difficilement faire pire que les pilotes de mon père. Je lui faisais enfin part du fait que j'ai dessiné des choses, mais que j'allais devoir tout faire valider par Julian. Il me dit qu'il n'a pas l'air contre et que j'ai l'air de connaitre mon domaine à fond. Je lui souris.

Comme toi, tu maitrises le volant mieux que moi ! On a chacun ces sujets de prédilection et ceux avec lesquels on a plus de soucis. Moi, je pilote très mal ! Et toi, tu n'as pas fait les études d'ingénieur !

Puis il pose ces yeux sur le dessin et me dit qu'il n'a jamais vu des dessins aussi beaux et que j'ai un vrai talent.

Avec un peu d'entrainement, tu pourrais dessiner comme moi. Pour en arriver à ce niveau, j'en ai passé des nuits blanches, mais ça en vaux la peine, tous les ingénieurs sont contents de tomber sur mes dessins, ils sont plus lisibles pour eux, et ça leur permet de faire un meilleur travail !

Puis, on vient à parler de moi, je lui parle de mon parcours, et après, on vient à parler de musique, il me demande si je connais Howard Stone. Je lui dis que oui et je complimente le fait qu'il joue bien de la batterie. Mais je lui dis que je préfère BleedingHearth et Nameless, je souris en coin quand il me dit qu'il ne peut pas être objectif concernant Stone, car c'est son ami d'enfance, je rigole.

Et Nameless est mon meilleur ami, je l'ai rencontré au lycée. Et je suis vraiment content pour lui et pour ce qui lui arrive. Il le mérite avec toutes les galères qu'il a connues. C'est grâce à lui que j'ai rencontré Julian. Je ne m'étalerai pas plus sur Nameless, je le laisserai parler de qui il est quand il le souhaitera. J'espère que tu comprends.

Alex comprit tout à fait ce que je voulais dire quand je disais que je communiais avec les voitures que je conduisais.

Je lui souris.

-Voilà, c’est ça… Je conduis vraiment à l’instinct parce que je n’ai pas de formation de pilote… Toujours le même problème à chaque fois : les sports moteurs sont des sports de riches et mon père n’avait pas l’argent pour faire fructifier mon talent.

Ce qui faisait que j’eus un peu l’impression qu’Alex me prenait de haut. Qu’il me prenait pour un complet débutant que je n’étais pas. J’avais des milliers de kilomètres au compteur. Tout ce qui me manquait, c’était les termes techniques pour pouvoir discuter d’égal à égal avec des ingénieurs comme lui.

Bref, ses paroles me mirent complètement en insécurité parce que j’avais l’impression qu’à ses yeux, j’étais juste un arriviste. Et même si c’était un peu vrai, c’était effectivement vexant.

Alors je me permis de lui remettre quand même les points sur les « i »… Mais apparemment, Alex s’était mal exprimé. Son intention n’était ni de me rabaisser, ni de me vexer. Est-ce que je devais mettre ça sur le fait que l’Anglais n’était pas sa langue maternelle ? Ou il était seulement juste comme ça ? L’air hautain mais sans l’être vraiment.

Toujours fut-il qu’après coup, je me dis que c’était quand même con de m’emballer pour un mot de travers. Alors je lui fis signe que ce n’était pas grave, puisqu’il s’excusait. En fait, c’était même plutôt les performances de la voiture qu’il remettait en cause, pas les miennes.

Je souris et le regardai avec mon regard le plus sincère.

-Ok, comme ça je comprends mieux. Je ne t’en veux pas, on s’est juste mal compris. Mais comme piloter est plus ou moins la seule chose que je fais vraiment bien, être considéré comme un débutant ne me plait pas beaucoup, tu comprends ?

Ouais, parce que je n’avais pas fait de hautes études, je n’avais même pas été jusqu’au bout de mon cursus scolaire. Je travaillais bien au garage de mon père à faire des entretiens de voitures et autres petits travaux, mais je n’aurais jamais osé prétendre être un vrai mécanicien.

Je souris plus grand aussi et lui dis sur un ton amical :

-Et je compte bien te faire mentir ! Tu verras.

Apparemment, d’après ce que je compris, Alex avait véritablement un problème pour s’exprimer. Au point que son ex l’avait quitté pour ça. Je ne devrai donc, à l’avenir, pas me formaliser s’il disait des choses qui pouvaient paraître vexantes ou prétentieuses.

-Je suis désolé d’apprendre pour ton ex… Mais comme on dit, une de perdue, dix de retrouvées.

En ce qui me concernait, je sortais de temps à autres avec des filles, mais jamais rien de bien sérieux et c’était très bien comme ça.

-Moi la relation la plus sérieuse que j’ai eue m’a quitté parce que je ne voulais pas du combo « mariage-enfant »… Et j’en ai toujours pas envie, alors je papillonne et ça me plait beaucoup.

D’après ce que je savais, Leia O’Reily sortait maintenant avec Duncan Keller, le chanteur de BleedingHeart… Et elle n’était toujours pas mariée et n’avait pas plus d’enfant qu’elle n’en avait eu avec moi.

Alex enchaîna en disant que si j’avais été né en Espagne, son père m’aurait recruté parce qu’il prenait n’importe qui. Et même s’il terminait plus ou moins sur un compliment, ce qu’il venait de dire pouvait être extrêmement mal pris aussi.

Alors je rigolai.

-Il faut absolument que tu apprennes à t’écouter parler, parce que ça aussi, j’aurais pu mal le prendre quand tu dis que ton père recrute n’importe quel guignol.

Parce que j’espérais bien ne pas être un guignol, hein…

Tout ça pour finir par dire, et j’étais bien d’accord, qu’on était complémentaires. Lui l’ingénieur, moi le pilote.

-A nous deux on devrait pouvoir faire quelque chose de bien.

J’admirai ensuite ses dessins et le complimentai parce qu’ils étaient vraiment beaux, même avec toutes les annotations décrivant les pièces ou les lignes. Il affirma que si je m’entraînais, je pourrais dessiner aussi…

-Oh je ne crois pas. Chacun son talent et je n’en ai jamais eu pour le dessin.

On parla alors un peu de nous, mais surtout, de nos relations. Moi avec Howard Stone qui était mon ami d’enfance et lui avec Nameless aussi un ami de jeunesse.

-Non !  Tu es sérieux ? ça nous fait un sacré point commun !

Je rigolai.

-Tu crois que si on arrive à faire quelque chose de vraiment bien avec Hughes Motors… je veux dire… Si moi je deviens un pilote célèbre et toi l’ingénieur le plus en vue de Los Angeles, on pourrait participer aux mêmes fêtes qu’eux ? Sortir avec des actrices et tout le toutim ?

Il me parle du fait qu'il n'a pas pu être pilote par le passer parce que son père n'a pas l'argent pour faire ressortir son talent.

Je vois ce que tu veux dire. J'étais un piètre pilote, mais mon père était prêt à aligner ce qu'il fallait pour que je roule, mais j'ai toujours refusé.

J'espère qu'il ne s'arrache pas les cheveux quand il entend ça. Puis là, je fais la connerie à ne pas faire. Je me suis mal exprimé et j'ai vexé Sonny. En tout cas, je le vois comme ça. Il avait compris que je remettais en doute ces capacités de pilote, alors que non, c'est la voiture qui risque de lui poser problèmes plus que lui, alors je m'excuse et il me dit que ce n'est pas grave.

Je comprends, je comprends, je vais te dire te dire un truc, si tu es devant moi aujourd'hui c'est parce que Julian t'a fait confiance, tu n'as des comptes à rendre qu'à lui, moi, je suis là pour t'aider et je ferais en sorte que ça marchera.

Je souris, et je lui dis que j'espère qu'il me fera mentir sur le fait qu'on risque d'en chier au début. Et il me confirme qu'il me fera mentir.

Je lui parle aussi du fait que mon ex m'a largué parce que je ne savais pas m'exprimer. Et il me dit que, comme on dit, une de perdue, dix de retrouvée.

Mouai. On verra bien, c'est ce qu'elle a aimé au début, je faisais des boulettes et ça la faisait rire, sauf que c'était sûrement lourd au bout d'un moment.

Je me gratte la tête en riant. Il me dit que lui, virevolte un peu à droite à gauche. Parce que son ex est parti parce que Sonny ne voulait pas se marier et avoir des enfants.

C'est une vision des choses, moi j'aimerais bien avoir des enfants, après le mariage, on verra.

Je lui souris. Puis je viens à lui dire que s'il avait été en Espagne, mon père l'aurait embauché, car il prenait n'importe quel guignol. Sonny s'amuse à me faire remarquer que je devais absolument faire attention à ce que je dis. Je le regarde avant de me mettre à me hurler de rire et m'éclate la paume de la main sur le front.

Putain, je suis vraiment le roi des cons ! Va vraiment falloir que j'apprenne à parler.

On parle ensuite un peu plus de nous. Je lui parle de mon parcours. Lui aussi et il me dit qu'il est très pote avec Howard Stone, et moi, je lui dis que je suis pote avec Nameless. Il me dit que ça nous fait un sacré point commun.

En effet. On a été au lycée ensemble avec Nameless. Un jour qui sait s'il retire son masque, je te le présenterai. C'est un chic type, sans lui, je ne serai pas devant toi !

Je lui souris, il rigole et me demande si jamais on arrive à être célèbre, est-ce qu'on irait aux mêmes fêtes qu'eux et si on pourrait sortir avec les belles actrices. Je me mets à éclater de rire.

Bien évidemment qu'on aura l'occasion ! Après, c'est plus alcool et discussions, mais oui, c'est sympa ce genre de fêtes, mon père m'y a déjà emmené étant petit.

Si Alex était un très bon ingénieur, il disait être un piètre pilote.

-Chacun son truc. Il faut de toute façon de tout pour faire un monde… Si Monsieur Hughes t’a engagé, c’est que tu n’es certainement pas un nul dans ton domaine. Le patron a pour réputation d’être un perfectionniste. Il ne deviendrait pas partenaire avec n’importe qui.

Comme quoi, nous étions faits pour nous compléter. Mais avant ça, il fallait qu’on apprenne à se connaître un peu plus.  

Il me renvoya le compliment après que j’aie été un peu vexé par une réflexion qu’il avait eue. Mais je compris bien vite que l’homme ne pensait vraiment pas à mal. D’ailleurs, il s’excusa directement en se justifiant, ce qui me mis un peu de baume au cœur et me fit me faire la réflexion intérieure qu’Alex s’exprimait mal, mais que dans le fond, c’était quelqu’un de vraiment bien.

Il disait que je n’avais de compte à rendre qu’à Julian Hughes, tout comme lui.

-C’est comme si toi et moi, on était au même niveau. Chacun avec nos qualités. Je suis sûr qu’on va pouvoir devenir amis, avec le temps. Surtout avec notre passion commune pour les voitures.

Tout ça nous amena à parler de nos exs, puisqu’Alex disait que la sienne l’avait quitté justement parce qu’il avait tendance à mal s’exprimé. Et si c’était ce qui l’avait fait tomber amoureuse de lui, c’était aussi ce qui avait mis fin à leur relation.

Je fis la moue.

-C’est un truc de femme ça… Elles tombent amoureuses de nos défauts puis, quand elles se rendent compte qu’on ne peut pas changer fondamentalement quelqu’un même à coup d’amour, elles râlent puis finissent par s’en aller.

Je haussai les épaules.

-Pour ça que je ne me remettrai jamais en couple… Pas pour une relation sérieuse en tout cas.

Alex, lui, avait d’autres projets pour lui-même. L’idée d’être marié et d’avoir des enfants ne le répugnait pas. Encore une fois, c’était chacun son truc et c’était tout à son honneur. Je souris.

-Tu es plus courageux que moi. Personnellement, moins j’ai de responsabilités, mieux je me porte. Sauf dans mon sport évidemment !

Il me parla alors de son père qui engageait n’importe quel guignol. Mais cette fois, au lieu de le prendre directement mal, je le pris avec le sourire et lui expliquai pourquoi ça pouvait être mal compris… Voire blesser les gens à qui il parlait (en l’occurrence, moi)… Il s’en rendit compte après coup et se mit à rire de lui-même en se qualifiant de roi des cons.

-Bah… je suppose que tu pourrais apprendre, si tu fais attention à ce que tu dis. Limite, prends le temps de réfléchir deux secondes avant de dire quelque chose en te demandant comment ce que tu veux dire peut être bien ou mal compris…

Je souris.

-Si tu veux, je te le dirai quand ce que tu dis ne ressemble pas à ce que tu penses ou à ce que tu veux réellement dire. A deux, on pourrait s’en sortir.

Evidemment, je ne serais pas toujours là, mais ça pourrait être un entraînement quand on serait ensemble, vu que j’avais bien compris qu’il ne fallait pas se vexer de ses paroles.

Alex et moi avions un point commun. On avait tous les deux des stars ou futures stars dans nos amis proches. Lui, Nameless, et moi, Howard Stone. Alex me proposa même de me présenter Nameless si un jour, il décidait d’apparaître au grand jour, sans son masque.

-C’est clair que je suis partant ! Même pour le rencontrer avec son masque, d’ailleurs. Je le trouve graphiquement superbe. Après, comme je te dis, il faut que sa musique prenne le temps d’entrer dans l’esprit collectif des habitants de L.A., qu’on commence à avoir l’habitude de l’entendre. Ce qu’il fait est bon… Mais peut-être pas encore assez bon…

Je souris.

-Je suis sûr que ça viendra. Il faut juste qu’il trouve sa patte.

Je regardai Alex dans les yeux.

-Et je te présenterai Howard, évidemment !

Je comptais bien faire venir Howard sur le circuit pour lui montrer que j’avais enfin réalisé mon rêve. Et ce serait peut-être l’occasion de croiser Alex.

Quant à notre entrée, à Alex et moi, dans la jet-set, Alex semblait très confiant ! Moi, j’avais dit ça un peu comme ça, à la rigolade, mais je rêvais en couleur !  Pourtant, à en croire Alex, ce n’était peut-être pas si impossible.

-Putain, ce serait carrément génial ! Howard va toujours à un tas de fêtes et ça donne super envie ! Et crois-moi, à en croire Howard, ce n’est pas qu’alcool et discussions !

Il y avait aussi la musique, le sexe, les frasques des uns et des autres, les célébrités dans tous les coins ! Bref, pour un petit gars natif de l’Eastside comme moi, c’était strass et paillettes !

-Et si on en revenait à la voiture ? Qu’est-ce que tu veux savoir d’autre ?

J'avais dit à Sonny que j'étais un bon ingénieur, mais un piètre pilote.

Je lui ai montré que j'étais motivé et que j'avais les mêmes envies que lui, et que je respectais son travail. C'est ce qui l'a convaincu, je pense, il m'a vite signé de peur que je parte ailleurs, je pense, et toi, il t'a choisi parce que tu dois avoir un beau coup de volant !

Puis, on vient à parler et avec quelques mots maladroitement aligner, je vexe Sonny, et il me le fait comprendre, c'est la que je viens à m'excuser, je suis un bon ingénieur, mais un très mauvais parleur, c'est là que je viens d'ailleurs à parler de mon ex. Qu'elle m'aimait grâce à mes défauts, mais que c'est ce qui la fait partir aussi. Sonny me réponds que c'est un truc de femme. Je le regarde et me gratte l'arrière du crâne.

Peut-être qu'elle a mal pris le fait que j'ai dit que je ne m'étais pas mise avec elle pour son argent... Enfin, elle avait dit qu'elle s'était mise avec moi parce que j'avais de l'argent. En rigolant et vu que moi, j'ai balancé l'inverse devant ces parents, je crois que ça n'a pas plus. Bref, c'est fait, c'est fait, on ne refera pas le monde en parlant du passé !

Il me dit que lui ne se remettrait pas dans une relation sérieuse juste pour ça, et quand je lui dis que je ne suis pas contre le mariage et qu'avoir des enfants ne me dérangent pas, il me dit que je suis très courageux, il ne veut pas trop de responsabilité, sauf dans le boulot.

J'ai de la responsabilité depuis que je suis gamin, donc ça ne me fait pas peur. Les projets que personne ne voulait faire par ce qu'ils étaient durs, c'était pour moi. Les réunions avec les actionnaires, c'était pour moi. C'est comme ça que j'ai réussi à acheter des actions dans certaines entreprises et que je me suis fait une partie de ma fortune personnelle. Bon, il y a aussi l'argent de mon père, mais je n'y touche pas trop.

Puis évidemment, je ne peux pas m'en empêcher, je refais une boulette en disant que s'il avait été en Espagne, il aurait eu toutes ces chances pour être piloté, parce que mon père prenait le premier guignol qui passait. Et Sonny me fait remarquer gentiment que j'avais recommencé. Je marque un temps d'arrêt et me mets à hurler de rire en disant que je suis le roi des cons. Mais Sonny me dit qu'il pourrait m'aider à apprendre à mieux parler. Qu'il fallait que je prenne le temps.

Je vis toujours à cent à l'heure. Et je suis toujours branché sur le deux cent vingt volts !

Je souris, mais il n'a pas tort. Un jour, je vais avoir d'énormes problèmes et ça, même mon argent, ne suffira pas pour réparer mes conneries.

Puis, on vient à parler un peu plus perso, on avait un point commun, on connaissait tous les deux un artiste, lui Howard Stone et moi Nameless, je lui proposais de le lui présenter quand John aura décidé de se démasquer, mais Sonny veut le voir même masqué. Il aime aussi le masque et sa musique, il ne faut pas que j'en dise trop à John, sinon il va avoir la grosse tête.

S'il y a un truc que je peux te confirmer, c'est que c'est un acharné du travail. Il lui faut plus de 24 heures dans une journée . Si tu l'écoutes, il y a des fois où il arrivait en retard en cours parce qu'il avait bossé sur sa guitare toute la nuit !

Je ris parce que Johnatan m'a toujours fait marrer quand on le voyait arriver presque zombifier au lycée parce qu'il n'avait pas dormi. J'ai encore les images en tête.

Il me dit qu'il me présentera Howard.

Ce sera avec plaisir. Lui n'a plus rien à prouver, il est vraiment bon dans ce qu'il fait !

Et Sonny me demande si on arriverait à rentrer dans la jet-set. Évidemment, que si ça marche de notre côté, on pourra y entrer. Je lui fais un bref résumé des souvenirs que j'en ai. Et Sonny me dit que Howard avait une autre expérience de la jet-set. Je le regarde en souriant.

Vous êtes surement plus fun, vous les Américains que nous les Européens. Moi, je me souviens qu'après avoir discuté pendant une heure, ça me gonflait parce qu'il se passait rien. Mais si pour nous deux ça marche du feu de dieux, on enfoncera des portes ouvertes pour y entrer !

Il me propose de revenir aux voitures. Et me demande si j'ai besoin d'autres choses.

Non, c'est tout bon ! Il me manque plus que les données, je vais dessiner ensuite. Et j'enverrai à toi et à Julian les plans et je voudrais vos retours.

D’après ce qu’Alex me racontait, je réalisais qu’on avait été engagés par Julian Hughes un peu pour les mêmes raisons : parce qu’on en voulait et parce qu’on était bons dans ce qu’on faisait.

-Il a surtout apprécié mon honnêteté… Notamment quand je lui ai dit que j’avais dans l’idée de gagner un maximum de courses juste pour vivre dans le même monde que mon meilleur pote Howard.

De fil en aiguille, on en vient à discuter, à presque se prendre la tête (bien que ce n’était pas vraiment mon genre alors ça aurait eu du mal de vraiment s’envenimer) et à parler de nos exs. Alex m’expliqua un peu plus avant l’histoire de leur rupture… Une histoire d’argent… J’imaginais bien qu’Alex venait d’une famille aisée puisque c’était un Cortes…

-L’argent, ce n’est pas toujours une bonne chose… Pourtant j’ai toujours rêvé d’en avoir, juste pour m’adonner à mes passions et aller à de super fêtes. Sinon, je n’ai pas de grandes ambitions.

Bref, je voulais vivre comme Howard quoi… En même temps, à l’entendre me raconter ses aventures tout le temps ça donnait clairement envie !

Et si je me voyais célibataire jusqu’à ma mort et sans enfant parce que je n’avais pas vraiment la fibre paternelle, Alex, lui, se voyait bien père de famille… il expliquait cela par le fait qu’il avait toujours eu des responsabilités et que les travaux durs et compliqués, ça avait toujours été pour sa pomme. J’étais assez admiratif en l’écoutant, parce que du coup, comme c’était quelqu’un d’assez calé dans les affaires, il avait déjà acquis une petite fortune personnelle.

Je le regardai avec de grands yeux impressionnés.

-Et ben… Moi, j’ai jamais fait de bien grandiose… J’ai pas non plus une super grande intelligence et je n’y connais rien en affaire. Comme je te l’ai dit plus tôt, la seule chose que je fais bien, c’est piloter.

Il fit encore une réflexion qui aurait pu être mal prise, mais quand je lui fis remarquer, il s’excusa tout de suite. Quand je lui conseillai de réfléchir un peu plus avant de parler, il rétorqua qu’il vivait à cent à l’heure…

Je souris.

-Moi aussi… Je suis shooté à l’adrénaline, mais je fais quand même attention à ce que je dis. L’un n’empêche pas l’autre.

Puis, sur un ton beaucoup plus léger, on parla de nos amis respéctifs. Et je pouvais bien me la péter en disant qu’Howard Stone était mon ami d’enfance, Alex, lui, connaissait la nouvelle sensation en ville : Nameless !

On se promit de se présenter mutuellement nos amis. Seulement, Nameless était un bosseur.

-Ah ouais, je vois. Howard, lui, c’est plutôt le genre à attendre l’inspiration… Mais il en a à crever et quand il sort quelque chose, ça fait toujours un malheur ! Que ce soit avec The Burning Fire ou Fireworks… Mais bon, il a eu quelques coups durs ces derniers temps…

Dont le plus gros avait été la mort de Peyton qui le laissait avec deux bébés jumeaux. La poisse intersidérale quoi.

Il affirma alors que les américains étaient sûrement plus fous lors des fêtes que les Européens.

-Ça, je sais pas. Mais je sais que ça vaut le coup d’essayer d’y entrer.

Sur ce, ne lui restait plus que les données de la voiture à avoir. Je terminai mon café et me levai.

-Ok ! Merci pour tout, ça a été un plaisir de discuter avec toi. Fais-moi savoir quand les modifications auront été apportées sur la voiture… Je la testerai à nouveau et on verra ce que ça donne.

Je faisais le pont entre l'embauche de Sonny et la mienne. Je lui dis que je lui ai montré que j'étais motivé et que j'avais envie de gagner et que c'est ça qui m'a aidé. Lui me dit qu'il a dit qu'il voulait vivre dans le même monde que Howard.

C'est un beau combat ça, Sonny. Et tu t'en donnes les moyens, je suis admiratif !

Puis, on vient à parler de tout et de rien, on allait même se prendre le chou à cause de mes conneries, puis je lui parle de ma relation avec Victoire et du fait que j'avais perdu la jeune femme suite à une discussion à propos d'argent. Sonny me dit qu'il n'en avait jamais eu beaucoup et qu'il en voulait pour vivre de ces passions et aller à certaines fêtes. Mais qu'il n'avait pas de grandes ambitions. Je le regarde en souriant.

Tu vas voir, quand Hughes Motors va se mettre à mettre ces ressources en place pour t'aider, tu voudras devenir le meilleur pilote de ta catégorie ! Mais l'argent aide pour pas mal de choses. J'ai été autonome assez vite !

Je lui souris, on vient de parler du fait d'avoir une famille ou non, lui n'en voulait pas. Moi, oui, je n'avais pas peur des responsabilités, j'en avais depuis enfant. Du coup, je lui parle du fait que je me suis fait une petite fortune de mon côté. Je le regarde et il me dit qu'elle n'a jamais rien fait de sa vie. Qu'il n'était pas intelligent. Et qu'il n'y connait rien en affaire. Je grimace.

Ne dit pas ça, Sonny, tu as quelque chose à faire dans le sport automobile, tu as surement l'intelligence de courses.

Je fais derrière une réflexion qui pourrait être encore mal pris. Et quand il me le fait remarquer, j'éclate de rire et je dis que je suis le roi des cons.

Je lui souris et je lui dis que je suis shooté à l'adrénaline. Et que c'est pour ça que je réfléchis pas à ce que je dis, il me dit que lui aussi vit à fond, mais il réfléchit plus.

Je vais essayer, mais je ne garantis rien.

Je ricane. Puis, on vient à parler de nos amis musiciens, un jour on présentera Howard et Nameless. Je lui dis qu'on trouvera le temps, mais que Nameless bossait beaucoup, ce qui semblait être l'inverse de Howard.

J'avoue que j'aime beaucoup ce qu'il fait. Après, je ne le connais pas assez pour juger, mais de ce que j'entends, je me dis qu'il doit être bon pour taper comme ça.

Puis, on vient de retourner sur les voitures. Je lui dis que maintenant, je n'avais besoin que de ces données. Il se lève et finit son café.

Je te fais signe dès que j'ai fini. Ça a été un vrai plaisir de discuter avec toi. Je vais essayer de m'ameliorer.

Je lui serre la main avec un grand sourire.