C’était le week-end et j’avas décidé d’aller sur le domaine de Livia… J’avais vu son film plus tôt dans le mois et je voulais lui dire ce que j’en pensais. Tout comme je lui avais dit que je comptais vérifié si le système de sécurité de sa villa était aussi bon qu’il n’y paraissait. Voilà quelques raisons qui m’avait poussé à la prévenir que je passerais ce samedi à 15h.

Puis, je savais par Brento qu’il avait eu peu de nouvelles de Livia dernièrement. Avec tout ce qu’il se passait dans la vie de la jeune femme, il préférait ne pas la brusquer et la laisser digérer tout ce qui la secouait dernièrement. Sa mère était portée disparue ainsi que son petit frère depuis environs trois semaines. Pas le genre de nouvelle très réjouissante bien que j’ignorais quel type de relation Livia avait avec sa mère. Ça doit quand même secouer quoi qu’il en soit. J’allais pouvoir un peu voir comment elle se portait aussi et pourrai rassurer Brent au passage.

Elle avait accepté que je vienne et j’étais, désormais, en route vers son domaine située un peu à l’extérieur de la ville. Souvent les stars vont se planter à Beverly Hills ou Malibu comme je l’avais fait dès que j’en avais eu les moyens mais Livia avait choisi tout autre chose. Bien que ce n’était pas si stupide. Les prix d’un bien à l’extérieur de la ville était plus abordable qu’à Beverly Hills.

J’avais pris ma propre voiture… Ce n’était pas pour un fois… Je n’avais pas envie de m’emmerder avec des taxis ou de devoir m’en sortir avec un mensonge pour expliquer à Livia pourquoi je prenais le taxi… Et tant que je ne le disais pas à Brento ou à Enora, tout allait bien. Or, Enora n’aurais pas su me voir partir de chez moi en voiture étant donné que je savais qu’elle était en visite chez ses parents aujourd’hui. Sinon il y aurait eu un pourcentage de chance qu’elle m’aurait vu passé étant donné que je passe devant sa villa quand je sors de la mienne et qu’elle a l’art de faire du jardinage le week-end à l’avant de sa villa juste à l’endroit qui donne sur la route !

Du coup, j’étais safe et c’est avec la musique de The Army que j’avais filer jusqu’au domaine de la jeune chanteuse. Une fois arrivé là-bas, je m’étais retrouvé devant un portail. J’avais sonné à l’interphone.

-C’est Stephen Shran.

Comme j’avais prévenu de ma visite, on vint m’ouvrir et je pus entrer dans la propriété. En, soi, la villa n’était pas si grande. Elle était plus petite que la mienne. Mais le domaine était énorme. Beaucoup de verdure, un lac, des bâtiments annexe comme un grange, par exemple. C’était une sorte de ranch, si je puis dire. Ça en fait du terrain à surveiller… Personnellement, mon domaine avait un extérieur plus petit et ce n’était déjà pas si simple de couvrir tout le terrain avec des caméras. A moins qu’elle ne fonctionne avec un système d’alarme pour compenser.

Je me garai non loin de l’entrée et sortis de ma voiture pour aller sonner à la porte. Quand Livia vint m’ouvrir j’esquissai un petit sourire.

-Salut, Livia ! Comment tu vas ? Belle propriété que tu as ici. Ça en fait des hectares à tondre.

J’espérais qu’elle avait un jardinier pour faire ça. L’entretien de tout ça, ça doit en demander du personnel.

Les rénovations de la grande avançaient plus vite que l’échéancier prévu, de quoi nous réjouir. Enrique et moi ! J’en avais fait le tour ce matin, j’avais marché en long et en large de la salle. J’avais admiré la vue sur le lac depuis l’immense terrasse adjacente, là où les gens pourraient venir boire leur consommation tout en écoutant le spectacle qui se tiendrait sur la scène. J’y avais grimpé et j’en avais eu des frissons. C’était impressionnant ce que nous avions accompli. Il restait à travailler le terrassement, faire l’installation des lumières qui borderaient l’allée pour se rendre à la grange et quelques fioritures qui rendraient l’endroit encore plus féérique.

Enrique était satisfait et c’était ouvert une bière pour admirer tout ça. Depuis quelques jours, il était plus souriant, il avait un éclat dans les yeux. La satisfaction de pouvoir accomplir un projet, peut-être, ou tout simplement le fait qu’il renouait avec le bonheur depuis qu’il s’était installé ici avec mon petit frère et ma petite sœur.

Moi aussi je me sentais mieux dernièrement.

J’avais pris la résolution de lâcher prise sur ce que je ne pouvais contrôler et d’apprécier ce que la vie m’offrait sans me poser de question. Je ne voulais plus tergiverser avec l’opinion des gens bien que je ne ferais rien non plus, pour provoquer. J’avais compris depuis longtemps et j’en avais encore eu une preuve dernièrement avec la partition de l’article d’Amon ’’Garbageson’’ dans lequel il me prêtait une aventure avec Billy Lighter en se basant sur les paroles de ma chanson. Si ça l’amusait, tant mieux pour lui ! S’il savait que Stephen Shran était en route pour chez moi, il sauterait sur l’information et s’en délecterait ! À croire que l’amitié homme-femme en 1986 n’était pas possible.

Mais nous étions loin de parler d’amitié. Shran s’était incrusté sur le plateau de The First Kiss et nous avions fait officiellement connaissance. Il m’avait invité à cette occasion à lui rendre visite sur le plateau de Spaceshipe, un rêve que je réalisais étant fan de ce show. Un bonheur que de pouvoir voir l’envers du décor. Je ne m’en étais pas remise tant l’expérience avait été fascinante et amusante.

Un rêve devenue réalité pour une fan telle que moi !

J’étais dans la maison, je venais de me changer. J’avais troqué mes vêtements de travail de chantier pour un jeans et un chemisier, un look casual, sans prétention. Le téléphone près de la porte d’entrée sonna. Il était relié au portail de l’entrée de mon domaine. Il y en avait un autre à l’étage de ma maison et un que nous venions de faire installer dans les bureaux de La Grange, de façon à ce que nous puissions être en mesure de répondre et donner l’accès au chemin menant à mon domaine,  sans être obligé de nous rendre dans la maison. Lors de mon déménagement ici, je trouvais que les anciens propriétaires étaient un peu paranoïaques avec la sécurité et avaient transformé la propriété en véritable château-fort. Maintenant que j’y résidais, je pouvais confirmer qu’il n’y avait rien de meilleur au monde que de rentrer chez soi et de savoir qu’on y était totalement en sécurité.

Un monde à part.

- C’est bon, je t’ouvre le portail !

J’appuyais sur le bouton qui fit s’ouvrir les portes puis je déposais le cornet du téléphone du portail et traversais la maison pour me rentre vers l’entrée avant, là où je pourrais voir Shran remonter le long chemin avec sa voiture et prendre l’allée qui menait près de ma maison, là où il pourrait se stationner. Au travers de la fenêtre, je l’aperçue. Je le laissais quand même venir sonner, je ne voulais pas lui donner l’impression que je me précipitais à lui.

- Bienvenue chez moi ! Ça va, ça va et toi ?

Je me permis de lui faire la bise, c’était amical et puis j’étais chaleureuse de nature. Il n’y avait rien de déplacé dans mon geste, simplement du bonheur de le recevoir.

- Oui, n’est-ce pas ? C’est vraiment grand, on ne sait pas tout faire en une seule journée. J’adore m’installer sur le tracteur à gazon avec mon walkman et tondre tout en me faisant bronzer !

Je me contentais de faire le tour de ma maison, de l’écurie et de la serre. Rien que ça me prenais une bonne heure, voir deux. Le reste, Enrique le faisait.

- Ça été le trajet ? Pas trop compliqué pour te rendre ?

En entrant dans la propriété, j’avais pu voir que, si la villa n’était pas spécialement grande, le domaine en lui-même était énorme. C’était un sacré bout de terrain qui demandait pas mal de temps à entretenir. Je me demandais aussi quel système de sécurité était mis en place pour surveiller autant de parcelles.

J’avais avancer ma voiture au plus près de là villa, là où il y avait de la place pour me garer. Conduire m’avait fait du bien… Ça faisait un moment que je n’avais pas eu l’occasion de le faire parce que je savais que si Brento apprenait que j’avais pris le volant, il allait résilier mon assurance et je n’en avais aucune envie. Je savais que je devais engager un chauffeur mais j’avais du mal à passer ce pas là étant donné les mauvaises expériences que j’avais eu dans le passé. Pour l’instant, le taxi et Enora faisaient l’affaire.

Je m’étais présenté devant la villa de Livia et j’avais sonné à la porte. Il ne fallut pas longtemps avant que la jeune femme ne vienne m’ouvrir. Sincèrement ? Elle semblait aller très bien malgré les circonstances. Elle avait le sourire et vint spontanément me faire la bise. Je la lui fis aussi pris dans le mouvement qu’elle avait initié. Elle disait aller bien et me renvoya la question.

-Je vais bien. Le tournage de Spaceship se passe bien et il n’en faut pas plus pour me mettre de bonne humeur.

Il n’en faut pas beaucoup non plus pour me mettre de mauvaise, cela dit… Une petit détails pouvait enrailler ma bonne humeur. Et quand c’était le cas, ça se voyait assez vite.

J’avais affirmé que ça faisait pas mal de terrain à tondre faisant référence à ce que j’avais vu en arrivant ici. Moi, je n’aurais jamais le courage d’entretenir un tel endroit. Ça m’aurait demandé du personnel et je n’aime pas avoir du personnel. J’ai simplement une femme de ménage qui vient faire le ménage la semaine quand je ne suis pas là. Pour l’entretien extérieur, j’ai de temps en temps des gens qui vienne aussi mais tellement peu souvent que mes extérieur ressemblent à une vraie jungle ! Il arrive à Enora d’entretenir quelques fleurs de temps à autres notamment sur la partie de terrain qu’on voyait de la piscine.

Livia confirma que ça prenait du temps de tout tondre. Mais elle semblait aimer ça.

-Heureusement que tu aimes ça… Moi, tondre, ça m’ennuie. Mes extérieurs ressemblent à une jungle. Mais j’espère que, pour tout ça, tu ne fais pas tout toute seule parce que ça doit t’en manager du temps…

Elle me demanda si mon trajet s’était bien passé. J’hochai de la tête.

-Ouais, sans aucun problème. J’en ai profité pour écouter The Army dans ma voiture. Ce n’était pas si difficile à trouver quand on connait le coin.

J’avais déjà fait des scènes d’un film dans les environs alors ça aidait à s’y retrouver.

-Alors ? Tu me montres ton fameux système de sécurité ? Parce que pour tout ce domaine, ça doit en demander des ressources. Je me demande comment les anciens propriétaires ont géré ça. Moi, mon système couvre tout mon terrain en caméra mais mon terrain est loin d’être aussi grand. N’empêche qu’il fonctionne. J’ai trouvé un Amon l’autre jour, sur ma propriété. Il se cachait dans les buissons...

Livia devait avoir lu ça dans L.A.People. Mon seul regret était, finalement, d’avoir tiré à côté d’Amon et pas dans sa tête.

J’accueillis mon visiteur après lui avoir donné l’accès à ma propriété en actionnant à distance le dispositif de la grille. Stephen, après avoir fait le chemin depuis la route principale jusqu’à mon allée et remontée cette dernière jusqu’à ma maison, se stationna et sortit de sa voiture. Je lui ouvris la porte quand il sonna et, amicalement, après s’être salué, je lui fis la bise.

- Je suis heureuse d’entendre que tout ce passe bien.

J’avais compris qu’il tenait au bon déroulement des choses ce qui était parfaitement compréhensible. Quand on dirige un plateau d’envergure, on ne devait pas avoir envie que ça devienne n’importe quoi ! De toute façon, sur un plateau quel qu’il soit comme ailleurs, il faut de la rigueur et du professionnalisme.

Stephan semblait impressionné par le nombre d’hectares que représentaient que je possédais. Ça me fit regarder un peu par-dessus son épaule, admirative devant tout ça. Comme il le disait, ça en faisait beaucoup à tondre mais j’adorais ça. J’enfilais un bikini, je m’enduisais d’huile à bronzage, je prenais avec moi mon walkman et je conduisais le tracteur à gazon pendant des heures.

- J’en profite pour bronzer et écouter de la musique. Ça rend la tâche plus amusante mais je t’avoue que je ne fais pas tout le domaine !

Il disait que chez lui, ça ressemblait à une jungle parce qu’il n’aimait pas tant s’en occuper. Je l’imaginais mal à quatre pattes avec une pelle à jardinage d’une main et une citronnade de l’autre.

- J’ai des gens qui viennent s’occuper des fleurs et entretenir le reste du jardin. Heureusement sinon, mon père et moi ne ferions que cela de nos journées !

Je l’invitais d’un geste de la main à entrer dans la maison et j’allais lui proposer une bière au moment où il me demanda de lui montrer mon fameux système de sécurité. Il s’interrogea à savoir comment les anciens propriétaires avaient pu gérer tout ça et les ressources que cela me demandait.

- Tu veux une bière, d’abord ?

Moi, j’en prenais une, en tous les cas !

Après je l’invitais à me suivre au travers de ma terrasse, puis d’un jardin de fleurs aménager le long de ma piscine pour descendre jusque sur le quai. Il y avait une douce brise, l’air était bon. J’admirais la vue tout en prenant une gorgée de bière avant d’expliquer à Stephen comment on ne pouvait entrer chez moi par le lac.

- Il y a une digue aménagée en amont, et protège l’accès aux propriétés des résidents de Castaic Lake. Tu vois, là-bas, il y a la marina des résidents et pour y entrer, tu dois avoir ta carte de résident ou qu’un résident ait prévenu de ta visite.

Comme l’embouchure du lac était cerclé de grandes falaises, un bateau visiteur non résident et non invité ne pourrait même pas s’y accoster et tenter de contourner à pied. À la nage, il fallait être sacrément motivé et espérer que le courant ne t’envoie pas vers l’océan.

- Les résidents de Castaic Lake veulent la paix et ils ont payés le gros prix pour l’obtenir. Tu ne verrais pas un Amon sortir du lac avec sa tête de truite, crois moi !

La première chose qui m’avait frappé en arrivant ici était le nombre d’hectare à entretenir. Rien que tondre tout ça, ça devait prendre son paquet de temps ce que ne nia pas Livia. Elle aimait, elle-même, tondre tout en écoutant de la musique et en bronzant bien qu’elle avoua ne pas tondre tout le domaine elle-même.

-Ce n’est pas étonnant… C’est limite un travail à temps plein.

Déjà ma propriété, c’était pas mal dans le genre mais j’y mettais moins de conviction à l’entretenir que ce que faisait Livia. Il faut dire qu’en dehors du fait que ça ne m’amusait pas autant qu’elle, je manquais de temps. J’étais réalisateur et ça me bouffait beaucoup de temps même hors plateau… Il y avait les promotions mais, aussi, l’écriture de script parce que, si je suis réalisateur, je suis aussi scénariste… C’est deux métiers en soi. Et quand je ne bosse pas, j’aime me détendre en allant à des fêtes. L’entretien des extérieurs de la villa devant, du coup, totalement secondaire.

La jeune femme affirma que des gens venaient entretenir les fleurs et le reste du jardin car elle confirma que, effectivement, si c’était le cas, son père et elle passeraient leur journée à ça.

-C’est l’avantage du fric, ça. Ça libère de certaines tâches.

Je faisais pareil. Avec mon fric je me libérais du ménage, par exemple. Ce que, quand je n’en avais pas, je ne pouvais pas faire. Il faut dire que, sans fric, on ne pourrait pas se payer des domaines pareils et, donc, pas besoin d’entretenir tant de choses non plus.

J’entrai dans la villa de Livia quand elle me fit signe de la suivre. L’intérieur était pas mal et bien décoré. Le genre du chose sur lequel je m’attendre peu… C’est plus Enora qui aimait que ça soit beau à l’intérieur. Moi, je m’en fiche un peu.

Moi ce qui m’intéressait, c’était le fameux système de sécurité et je ne tardai pas à en parler. Livia demanda si, avant, je ne voulais pas une bière.

-Si ! Avec plaisir ! Je ne crache jamais sur une bière.

Qui cracherait là-dessus, sincèrement ? Livia nous entraina jusqu’à la cuisine et nous servis une bière chacun. J’en bus une gorgée avant de la suivre sur la terrasse. Une très belle terrasse aussi avec une magnifique vue. De la terrasse on passa par un jardin près de la piscine et parfaitement aménagé avant de finir sur le quai près du lac. C’était, en soi, un obstacle naturel à tout intrusion et Livia expliqua qu’une digue en amont permettait d’empêcher l’accès aux propriétés des résidents du coin. Il y a une carte d’accès à la marina qui renforçait cette sécurité.

-C’est plutôt pratique. En soi, le lac est déjà un bel obstacle même s’il n’est pas l’unique point d’accès.

Il y avait aussi l’entrée principale par laquelle j’étais, moi-même, entré.

Livia affirmait que les habitants du coin avait payé pour leur paix et qu’Amon ne risquait pas de sortir du lac. Je ricanai.

-Il ne faut pas sous-estimer les paparazzi. Ils sont parfois prêt à tout… Mais, ouais, j’avoue que ça dissuade. Et pour ton entrée principale ? Tu as des caméra en plus, je suppose ? Je serais toi, j’achèterais un fusil de chasse. Si tu vises les intrus avec, ils ne reviennent plus jamais.

C’était la meilleure dissuasion qui soit !  Quoi qu'en pensent Brento et Enora.

Je regardais au loin un moment avant de m’asseoir au sol sur le quais sirotant ma bière avant de lancer, le regard toujours sur le lac.

-J’ai vu ton film. Mais avant de te dire mon avis, je veux savoir ce que toi tu en as pensé. Autant du produit finale que de ton expérience de la chose.

Je n’aurais jamais assez de temps libre pour tondre tout l’étendu de mon domaine moi-même bien que je ne détestais pas cette tâche. Je me contentais d’en faire une partie, quand j’en avais le temps, Enrique en faisait beaucoup de son côté mais sinon, j’avais une équipe de jardiniers pour accomplir l’entièreté de la tâche car comme le faisait remarquer Stephan, ce n’était pas loin d’un travail à temps plein.

- Ça en est un un si on tient en compte les rocailles, les ilots de fleurs et tout ça.

Le jeu en valait la chandelle ! C’était magnifique, partout où l’on posait les yeux. Je préférais ne pas relever ce qu’ajouta Stephen sur le fric que cela devait coûter. De toute façon, il n’était pas dupe et savait calculer. Pas besoin de connaître le taux horaires de mes employés d’entretiens pour savoir, vu l’étendu de mon domaine, que ça coûtait un rein et un demi poumon. Heureusement que le fric n’était plus un enjeu quotidien, faute de quoi, je serais vite dans la merde. J’avais assez d’Enrique qui veillait sur les comptes alors que moi, je n’avais pas l’intention d’apporter un seul sous noir dans ma tombe.

L’argent se gagne et se dépense.

Lors de nos précédentes rencontres, nous avions un peu parlé de mon système de sécurité et ça avait piqué la curiosité de Stephen. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle je lui avais proposé de venir voir de lui-même. Je lui proposais une bière qu’il accepta avant de l’amener sur le quai pour admirer le lac et parler de ce qui selon moi, était le plus impressionnant. Le fait que l’on puisse  entrer chez moi par le lac avait fait pencher la balance dans l’achat de la propriété. Il y avait beau y avoir un impressionnant portail à l’entrée, le domaine avait beau être cerclé de deux immenses palissades et être doté d’un imposant et impressionnant système de caméras de surveillance,  savoir que le lac n’était pas une porte ouverte avait conclu ma réflexion lors de l’achat.

- En effet, il n’est pas l’unique point d’accès. Il reste l’entrée principale par laquelle tu es entré

Je regardais le lac et sa belle teinte émeraude. Combien de fois pouvais-je descendre ici sur le quai pour l’admirer, pour faire le vide dans la tête, me ressourcer ? J’avais trouvé mon endroit dans le monde, mon oasis de paix. Là où aucun Sørensen de ce monde ne pourrait passer sans déclencher tout un bataclan d’alarme. Par le lac, tous les voisins seraient alerté et si moi je le ratais, ça ne serait pas le cas des autres !

- Je sais qu’il ne faut pas les sous-estimer. Mais si un jour l’un d’entre eux parvient à entrer sans attirer l’attention d’un des résidents autour de ce lac immense, il méritera mon respect et une interview exclusive ! rigolais-je. Pour ce qui est de l’entrée, j’ai confiance au portail et en la palissade qui entoure l’entièreté de ma propriété. Je n’ai aucune idée de combien tout cela a dû coûter aux anciens propriétaires. Tout ce que j’ai su par l’agent immobilier est que le système venait d’être installer et que le propriétaire travaillait dans la création de ce genre de dispositif.

Aussi bien dire qu'il connaissait son affaire. À mon avis, le couple était un peu paranoïaque et devait avoir peur d’avoir peur pour déployer autant d’efforts dans la protection de leur propriété. Aujourd’hui, j’en bénéficiais pour mon plus grand bonheur !

- J’y songe. J’irai certainement magasiner ça prochainement.

Je m’asseyais sur le quai, tout comme Stephen, je retirais mes sandales et je trempais mes pieds dans l’eau du lac.

- Tu pourrais m’y accompagner, puisque tu semble connaître ça. Puis je t’avoue que je serais écroulée de rire de voir le titre que l’article aurait.

Puisque de toute évidence, je ne pouvais pas me rendre quelque part avec un ami sans que ça passe pour un rencart.

Stephen avait vu mon film mais, avant de me donner son opinion, il voulait savoir ce que j’en pensais moi. Je bus une gorgée de bière et je lui répondis franchement en le regardant droit dans les yeux.

- J’ai adoré ! Autant le film que l’expérience. Je serais prête à replonger dans l’aventure n’importe quand.

Plusieurs n’avaient pas aimé le film, c’était leur droit. Il s’agissait d’un petit film sans prétention, sans budget adéquat, autour duquel la promotion n’avait pas été faite à grand déploiement.  La production s’était beaucoup fiée sur ma participation pour attirer la foule. Avait-elle remporté son pari ? Oui ! Le film avait rapporté beaucoup à sa première semaine à l’affiche. Mais ça s’arrêtait là, ce n’était pas le genre de film qui allait marquer notre génération ni même qui passerait à l’histoire mais ce n’était pas non plus ce que l’on pouvait attendre de ce genre de scénario.

- J’ai adoré le rendu après montage et je suis fière de le défendre si nécessaire. J’ai trouvé l’expérience très formatrice et gratifiante. J’ai encore beaucoup d’échelons à grimper avant de me prétendre actrice, ceci dit.

Un film ne faisait pas de moi une grande actrice, je ne suis pas l’autruche qui s’enfonce le plus la tête dans le sable.

Livia avait déclaré avoir des gens pour venir entretenir l’endroit même si elle et celui qu’elle considérait, désormais, comme son père mettait la main à la pâte notamment pour tondre. Ce n’était pas étonnant vu le travail qu’un domaine pareil représentait. Sans personne pour aider, ça devenait compliqué à entretenir.

Quoi qu’il en soit, de ce que j’avais vu, c’était parfaitement entretenu et Livia m’offrit une bière avant qu’on ne descende sur le quai qui donnait sur le lac. C’était un sacré beau paysage et Livia m’expliqua, concernant la sécurité, que le lac représentait déjà un sacré obstacle mais que la marina, elle-même, était sécurisée. C’était un investissement et un demande commune des habitants vivant dans les environs et qui avait, eux aussi, accès à la marina. Ils payaient pour leur paix. Un peu comme moi je l’avais fait en mettant en place un sacré bon système de sécurité pour ma villa.

Le lac n’était, seulement, pas l’unique point d’accès. Il y avait aussi le portail devant ce que confirma la jeune femme. Malgré tout, elle pensait bien ne jamais voir Sørensen passer par le lac à la nage pour venir jusqu’ici. Si l’image me fit sourire, il était important de ne jamais sous-estimer ces foutus journalistes. Ils sont parfois prêt à tout pour une simple image. Ils savent que ça peut leur rapporter très gros. Livia savait qu’il ne fallait pas les sous-estimer mais que si l’un d’entre eux venait à réussir à passer toute la sécurité de l’endroit, il méritera une interview. Je ricanai. Moi, ceux qui arrivent à faire ça, je trouve qu’ils méritent surtout un bon procès. « Propriété privée », ce ne sont pas des mots en l’air. Mais je savais que Livia disait ça parce qu’elle avait confiance en son système.

Elle ajouta que l’entrée était bien gardée par sa palissade et son portail. Apparemment, les anciens propriétaires bossaient dans la sécurité ce qui, assurément, était un plus.

-Ça devait être des gens bien friqué pour mettre en place un pareil système et en avoir les moyens. C’était des gens connus ?

Visiblement, Livia n’avait que peu d’informations sur les anciens propriétaires. Quoi qu’il en soit, je lançai :

-Tu aura l’occasion de savoir si le système de sécurité est assez bon quand les premiers intrus s’aventureront ici. Parce qu’ils essayeront. C’est clair et net.

Ce n’était qu’une question de temps. Les paparazzi essayent toujours. Livia était connue… Alors, c’est clair qu’ils essayeront. Que ça soit Amon ou bien d’autres. Alors, je conseillais à la jeune femme de s’acheter un fusil de chasse pour que, s’ils osaient venir, ils ne reviennent plus. D’expérience, je savais que ça fonctionnait très bien. Elle affirma qu’elle suivra certainement mon conseil alors que je m’étais assis à terre. Elle s’installa à mes côtés déclarant que je pourrais l’accompagner pour la conseil sur le bon fusil à prendre. Pourquoi pas ? Je n’avais rien contre. Même si je ne suis pas le plus grand expert en arme qui existe. J’ai fais l’armée mais j’en étais resté à la formation de base. Je n’avais pas vraiment pu aller plus loin. Livia déclara alors que ça la fera rire de voir quels article allaient être écrit sur ce genre de petite sortie. Je ricanai un peu.

-Ils écriront n’importe quoi, comme d’habitude… Amon a bien écrit que je m’étais remis avec Enora ce qui est totalement faux… Mais, ouais, j’ai lu que tu avais possiblement une aventure avec Billy Lighter qui en a aussi une avec Shiri… Donc, Billy Lighter, dans l’histoire à deux petites amies, si on suit L.A.People. Ils ont même capté que tu es venue sur le tournage de Spaceship alors possible que s’ils nous voient aller acheter des armes ensemble, toi aussi tu auras deux petits amis dont un qui a 45 ans de plus que toi.

J’exagérais… Je n’avais pas 45 ans de plus que Livia. Mais je pourrais être son père… Mais la presse écrira quand même ce qu’elle veut. Elle fait toujours ça.

-Brento dit qu’il faut les laisser dire… Il n’a pas tort… De toute façon, ils passent bien vite à autre chose. Mais, ouais… Si tu veux, on ira l’acheter ensemble. Je connais un bon armurier en ville. Quoi que je doute que Brent approuve que je t’incite à acheter un fusil de chasse pour tuer des paparrazzi…

Je rigolai un peu. Brent n’approuvait déjà pas que, moi, je tire sur des journalistes alors s’il voit que j’incite les autres à faire la même chose, pas sûr, qu’il ne fasse pas une remarque ou l’autre.

Toujours le regard sur l’horizon, je passai au film où apparaissait Livia. Avant de donner mon opinion, je demandais à la jeune femme ce qu’elle en avait pensé. Elle disait avoir adoré. Il faut dire qu’elle était encore dans la tranche d’âge des gens qui étaient ciblé par ce genre de film et qui pouvait, donc, apprécié. Elle avait aussi aimé l’expérience au point qu’elle ne fermait pas la porte à un récidive. Elle disait avoir beaucoup appris et être contente du résultat finale mais ne se qualifiait pas encore d’actrice.

-Si tu as apprécié l’expérience, c’est le principal. Si tu as appris aussi.

Parce que c’était pour ça qu’elle avait accepté le film, si j’avais bien compris, pour apprendre et, surtout, avoir un première expérience et s’essayer au cinéma. C’était l’avantage d’être déjà connu. Des portes s’ouvraient sans qu’on le demande vraiment. Si je trouvais ça parfois énervant, j’imagine que, dans la position de Livia, c’est stupide de ne pas essayer quand on vous donne l’opportunité de le faire.

-En ce qui concerne mon avis, disons que ça se voit que c’est un film à petit budget mais pour un film à petit budget, ce n’est vraiment pas mal même si tout n’est pas parfait. Tous les codes du teen movie sont respectés à la lettre. Evidemment, ce n’est pas mon style de film mais ceux dont c’est le style ont sûrement dû adorer. Et on peut dire que les producteurs ont bien joué leur coup marketing en t’engageant. Sans ça, je doute qu’autant de gens seraient aller le voir. M’est d’avis qu’il serait passé inaperçu sans ton nom à l’affiche.

Il fallait rendre à César ce qui revenait à César… Les producteurs avaient bien joué leur coup.

-Tu n’as pas détonné niveau acting. Tu as bien gérer. Les autres acteurs n’étaient pas mauvais non plus. Mais je suis sûr qu’avec une meilleure direction des acteurs, ils auraient pu tirer encore plus du cast. Vous n’aviez tous pas beaucoup voir aucune expérience. Vous avez encore tous à apprendre mais vous auriez encore plus appris, je pense, avec des réalisateurs plus expérimentés. Mais pour une première expérience, tu n’as pas à rougir du tout.

J’étais sincère. Livia avait géré, de mon avis. Dans un rôle qui, en soit, n’était pas totalement elle bien que, étant ado, elle avait dû avoir ses moments de doute. Elle a été connue très jeune… Elle n’avait, donc, pas eu le même destin du tout que son personnage.

-Si tu fais d’autres films, tu gagneras en expérience. Mais dis-moi… Tu as été bien payé pour ce film ? Ou bien tu as juste fait ça pour l’expérience et sans demander un trop gros cachet ?

Le système de sécurité autour de ma propriété était des plus impressionnants. J’avais eu de la chance que les anciens propriétaires bossaient dans le domaine autrement, je n‘aurais jamais su quoi faire installer ni même possiblement en avoir les moyens. Je n’avais aucun renseignement personnel sur le couple de qui j’avais acheté le domaine, sauf pour leur travail en référence à la sécurité donc je secourais doucement la tête en signe de négation à la question de Shran.

- Je n’en sais strictement rien. Le domaine à été mit en vente par l’intermédiaire d’une agence. Tout ce que je sais c’est que l’homme bossait dans la sécurité de grandes entreprises comme des banques ou des consulats, tu vois l’idée ? Il devait connaître son affaire !

En tous les cas, ça avait pesé dans la balance et c’est ce qui m’avait décidé à sortir mes gros sous pour acheter la propriété. Il faudrait beaucoup plus que de la détermination pour entrer ici sans y être autorisé.

La septicité de Stephen était visible comme un nez en plein milieu du visage. Je ne voulais pas le contredire comme je ne voulais pas non plus supposer qu’il puisse y avoir des failles dans la sécurité de mon domaine. Il n’y en avait pas, fin de la discussion. Tout ce que je pouvais ajouter était que si d’aventure quelqu’un entrait sans y avoir été invité, il mériterait bien une interview exclusive.

Avec ce que j’avais vécu avec Howard en Afrique, l’achat d’un fusil était tout de même dans la liste de projets. C’était pour acheter la paix avec mon esprit plus qu’autre chose puis, on ne savait jamais, non plus ! Comme j’avais des projets avec la grange je devais réfléchir à tous les aspects. Stephen pourrait m’accompagner pour choisir l’arme la mieux adapté à mes besoins. Rien que de penser à ce qu’on pourrait lire suite à cette sortie, si pour autant nous pouvions dire que ça en étant une, je m’en délectais déjà.

- Amon aime croire ce qu’Amon croit savoir, il est aussi bête que ça. Il fait son job, rarement comme il le faut mais je suppose que ça satisfait ses patrons vu qu’il écrit encore.

J’avais fait les frais de ses pages dernièrement. Ça ne valait absolument rien de plus qu’un cracha dans l’océan. Stephen ajouta que si nous allions ensemble acheter l’arme, je pourrais bientôt lire que j’avais moi aussi deux petits-amis dont un qui avait quarante-cinq ans de plus que moi. Je fronçais un peu des sourcils en calculant mentalement l’âge que pouvait avoir Stephen.

- Tu n’as pas bientôt soixante-dix ans… T’as quoi ? Quarante ? Quarante-cinq ans, à tout casser ?

Il devait avoir une vingtaine d’année de plus que moi, il y a pas mal plus choquant comme différence d’âge, à mon humble avis.

Selon Stephen, son meilleur ami Brent qui est aussi mon nouveau manager, avait pour opinion que le mieux était de les laisser faire. Je voulais bien le croire mais c’était souvent plus facile à dire qu’à faire. Je haussais des épaules, je bus une gorgée de bière avant de me prononcer.

- Quand ce n’est pas ta tronche en première page, c’est facile à faire, oui.

Puis je rigolais parce qu’il avait aussi dit que Brent désapprouverait l’achat d’une arme pour tuer un paparazzi.

- Je ne veux pas les tuer. Les dissuader, oui. Leur donner une bonne frousse, aussi.

Stephen engagea la conversation sur le film auquel j’avais participé. Il voulait connaître mon avis sur le résultat et mon expérience à l’aventure.  Je ne pouvais pas lui mentir, j’avais adoré ça ! Je savais que le film avait obtenu des critiques mitigé par la presse mais les entrées au box office avaient été faramineuses. Était-ce uniquement du fait que les gens avaient été curieux de voir comment je me défendais pour la première fois à l’écran ? Fort probablement, oui.

J’avais énormément appris pendant la durée du tournage. Les acteurs avec qui j’avais partagés le plateau étaient fort sympathiques, l’équipe de tournage, la réalisation, les scripteurs, tous avaient été adorables et l’ambiance avait été à la fête presque tous les jours.

- Pour une première expérience, je crois que je ne pouvais demander mieux.

Si j e m’étais retrouvé, par exemple, sur le plateau de Spaceship pour une première expérience, je me serais fort probablement plantée.

Stephen me donna son avis personnel sur le film et il était intéressant d’entendre ce qu’un réalisateur et acteur d’expérience en pensait. Il n’avait pas tord, je le pensais moi-même que la production avait misé gros en me prenant et qu’elle savait que mon nom ferait vendre le film. J’étais ravie de l’entendre dire que je n’avais pas détonné au niveau de l’acting, que j’avais bien géré. Il se montra bien curieux ensuite à savoir si j’avais été payé pour jouer dans The First Kiss.

- Si je n’avais pas d’autre source de revenue que ce que j’ai gagné pour ce film, je n’aurais déjà plus rien en banque. Je n’ai pas voulu qu’on me paie une somme faramineuse pour ma participation au film, c’était une win-win collaboration à mon avis. Eux comme moi avaient tout à gagner en s’associant.

J’avais beaucoup appris et eux, avaient la visibilité escomptée.

- J’espère recevoir de nouvelles offres. Je crois que j’ai eue la piqure.

Livia n’en savait pas beaucoup plus sur les anciens propriétaires de son domaine hormis qu’ils bossaient dans la sécurité. D’après elle, il devait, de ce fait, connaitre son affaire. J’hochai de la tête.

-Oui, j’imagine.

S’il était professionnel de la sécurité, il devait, sans aucun doute, connaitre son affaire. Quoi qu’il en soit, Livia avait pleine confiance en son système. Je le voyais bien. Je l’entendais bien. Moi aussi j’avais confiance en mon système mais je partais du principe qu’aucune forteresse n’est impénétrable. Ça évitait d’être trop confiant et de se faire surprendre. Il faut toujours rester sur ses gardes. C’est ce que je pensais, en tout cas. La presse (et pas que…) pense que je suis paranoïaque mais je suis juste prudent !

Je lui avais tout de même conseillé d’acheter un fusil de chasse et elle semblait vouloir suivre ce conseil. Elle proposa qu’on aille l’acheter ensemble afin qu’elle puisse avoir mes conseils. Je ne refusais pas ça et elle en profita pour tacler un peu la propension des journalistes à faire des histoires avec rien. Je savais que Livia était apparue dans certains articles dernièrement et on lui avait prêté des histoires avec Lighter, notamment. Il faut dire que c’est une rockstar et que, de ce fait, elle était l’une des cibles favorites des journalistes people. Bien plus que je ne l’étais en tant que réalisateur.

Ça fait partie de la célébrité… Un de ses mauvais côtés. Il y avait de bons côtés aussi… Un très très bon salaire et l’occasion de vivre de ce qu’on aimait. La presse people c’est un peu le revers de la médaille.

Livia tacla Sørensen que je ne portais pas dans mon cœur non plus. Mais je n’étais pas entièrement d’accord avec la jeune femme sur la fait qu’Amon fait mal son job.

-Ou il le fait justement comme il le faut… Le but de la presse people est de vendre des magazines pas de prôner la vérité. Les articles d’Amon font vendre parce qu’ils donnent au public ce qu’il veut : du sensationnel. C’est pour ça qu’il spécule, invente et exagère à partir d’un soupçon de vérité : pour vendre. Les stars ne font pas toujours des choses exceptionnels alors ils sont bien obligés d’inventer ou de spéculer… Sinon, ils ne vendraient pas leur torchon.

Maintenant, il fallait le vouloir pour faire un tel métier. Et ne pas avoir trop de morale. Les journalistes ne se rendent pas toujours compte de ce que les stars vivent dans leur quotidien. Un petit article peut être une goutte de trop ou même détruire quelqu’un comme ça avait été le cas avec Karen Felberbaum… C’est pour ça que je détestais les gens comme Sørensen.

Mais, ouais, je voyais bien Amon, ou un autre, inventer une histoire sur une bête sortie pour un achat entre moi et Livia. Et quand j’affirmai qu’à la fin de l’histoire Livia pouvait bien se retrouver, pour L.A.People, comme ayant une ribambelle de petit ami en exagérant notre différance d’âge, elle se disait que je ne devais quand même pas avoir plus de 40 à 45 ans. J’esquissai un petit sourire. Ah oui ? 40 ans ? Brento m’avait dit que je faisais plus jeune que mon âge mais Brento est mon meilleur ami. Venant d’une fille d’une vingt ans, c’était plutôt flatteur.

-40 ans ? Waw ! Tu flattes mon égo, là ! Mais, non, je n’ai quand même pas 70 ans… J’exagérais. J’ai 47 ans.

Et, jusqu’ici, le vieillesse ne m’avait pas encore trop frappé. Pas comme Brento qui faisait plus que ses 50 ans. Mais j’avais toujours la hantise de vieillir tout d’un coup…

Concernant la presse, Brento disait toujours qu’il fallait simplement les laisser dire. Elle affirma que quand ce n’est pas ta tronche en première page, c’est facile à dire. C’est sûr…

-Oh, tu sais, Brento en a déjà pris quelques fois pour son grade aussi dans sa carrière. Moriarty ne l’a pas épargné cette année, par exemple… Mais il a un pouvoir d’autodérision qui fait qu’il sait s’en foutre. Mais, ouais, c’est pas simple ! Moi, il m’arrive souvent d’avoir réellement envie de tuer certains journalistes. Même si je sais que c’est de l’énergie dépensée pour rien.

C’était parfois plus fort que moi…

J’affirmai, ensuite, que Brent, justement, désapprouverait le prochain achat de Livia. Mais elle affirma, en rigolant, ne pas vouloir tuer des journalistes, juste leur faire peur.

-C’est ce que je dis toujours aussi mais je n’en pense pas moins.

Même si je sais que je ne serais pas capable de tuer quelqu’un. Pas volontairement en tout cas. Brento pensait bien que, un jour, je risquais bien d’avoir un accident fâcheux en tirant à vue chaque intrus qui s’aventurait dans les alentours de ma villa…

Je passais, ensuite, à une autre discussion. Celle du film qu’avait fait Livia. Elle me donna d’abord ses propres impressions. Elle avait adoré autant le film que l’expérience. Elle affirma ne pas pouvoir demander mieux pour une première. J’en vins, ensuite, à ma propre critique que je voulais constructives. Je prenais en compte le petit budget du film mais en ce qui concernait la prestation de Livia, elle n’avait pas détonnée vis-à-vis des autres jeunes acteurs.

Ceci étant dit, je fus curieux de savoir si elle avait été bien payé pour jouer là-dedans. Elle affirma que ce n’était pas le cas mais qu’elle avait fait ça pour l’expérience alors elle n’avait pas demandé un gros cachet. Ce qui expliquait comment une petite production avait réussi à s’attacher ses services alors qu’elle a déjà une bonne carrière dans la musique.

-Ouais, ils ont été malin. Et ils ont eut de la chance aussi. Un gros nom, ça fait des entrées, peu importe le scénario, finalement.

Certains étaient allé voir par curiosité parce que Livia était dedans… D’autres simplement parce qu’ils sont fans de la chanteuse… Même si la prestation de Livia avait été mauvaise, les entrées auraient quand même été là.

La jeune femme espérait recevoir de nouvelles offres. Celle-ci, on lui avait présenté sur un plateau. Ce n’était jamais le cas pour bien des acteurs en début de carrière. Livia avait la chance d’avoir une notoriété dans un autre domaine…

-Si tu veux vraiment réitérer l’expérience, il ne faut pas attendre les offres. Il faut participer à des casting qui t’intéressent. J’en fais de temps en temps. Je suis en train d’écrire un nouveau film. Il y aura une salve de casting. Je te préviendrais quand ça sera le cas. Tu pourras te présenter si un rôle t’intéresse.

Je faisais toujours passer des casting. Même Brento en avait, en quelque sorte, passé un pour Datalore. Les seuls qui n’avaient plus à devoir en passer c’était mes acteurs fétiches. Puis, j’avais toujours dans l’esprit qu’on doit vouloir un place et la gagner pour l’obtenir. Y mettre du sien. C’était ma mentalité comme ça.

-Ainsi, tu auras un expérience en casting. Et qui sait, un rôle aussi ? Tu auras l’avantage que la presse pourra dire que tu as gagné ta place si tu me convainc. Mais attention, je suis exigent.

Puis, ça me permettra de la voir à l’œuvre dans un exercice pas toujours facile. J’en avais foiré, des castings, dans le début de ma carrière.

-Enfin, si tu as envie de potentiellement m’avoir comme réalisateur… Parait que je suis un tyran…

Je rigolai un peu en disant ça.

Quand j’avais dit qu’Amon ne faisait que rarement bien son job, je ne voulais pas dire qu’il le faisait mal mais qu’il n’allait jamais au fond des choses. Il n’écrivait que la surface, que ce qu’il croyait avoir vu ou entendu. Il se contentait de ce qui semblait être plutôt que de chercher un peu plus et écrire un article conséquent. Je savais que pour L.A.People, il faisait très bien son job ! La preuve étant que c’était presque toujours ses nouvelles qui faisaient la une du magazine.

Je ne voulais pas reprendre Stephen qui rectifiait lui-même mon opinion sur Sørensen en m’expliquant que c’était ça le but de la presse people et que les articles comme ceux qu’écrivait Sørensen répondaient au besoin de sensationnalisme que recherchaient les gens. Je sourcillais, amusée alors qu’il ajoutait que les stars ne faisaient pas toujours quelque chose d’exceptionnel et que par conséquent, les journalistes de la trempe de Sørensen devaient bien inventer quelque chose.


Parce que Stephen me donnait vraiment envie de me procurer une arme pour ajouter à mon système de sécurité que je savais infaillible, je lui proposais de m’accompagner. Ainsi, il serait capable de me conseiller, peut-être même me faire acheter le même qu’il possédait. Si l’on nous voyait ensemble, cela donnerait une raison de plus à Sørensen  de réclamer son chèque de paie. Stephen ironisa la situation en disant qu’on me prêterait alors deux petits amis, dont un plutôt âgé.


- Oh bien tant mieux si je flatte ton égo ! Mais je t’assure que tu ne fais pas tes quarante-sept ans.


Je regardais mes pieds er l’ondulation de l’eau autour de mes chevilles, écoutant Stephen dire qu’il lui arrivait d’avoir envie de réellement tuer certains journalistes. Je pouvais comprendre ce sentiment, puis, de le ressentir ne voulait strictement pas dire qu’on passerait à l’acte, hein !


- C’est plus sage de mettre ses énergies ailleurs, en effet !


On parla ensuite de mon film et mon cachet passa dans la mire de Shran. J’avouais sans gêne ne pas avoir été grassement payée mais comme j’avais vu cela comme une expérience formatrice, je ne m’étais pas montrée très gourmande. Je savais aussi que la production tirerait beaucoup de mon nom sur l’affiche. La preuve étant les entrées aux guichets de cinéma.

- Je ne compte pas m’assoir sur mes lauriers, mais disons que dernièrement j’ai eu beaucoup d’incendie interne à éteindre. Je compte me remettre au travail vraiment très bientôt.

Je devais d’ailleurs passer un coup de fil à Brent pour nous rencontrer et discuter de concerts, tournée, ce genre de chose. Stephen était entrain d’écrire un nouveau film et proposa de me prévenir quand il sera le temps du casting et des auditions. Qui sait si un rôle m’intéresserait ?

- je serais honorée de tenir un rôle dans l’un de tes films ! J’en reviens même pas que tu puisses me le proposer.

C’était comme un matin de noël sans avoir dû attendre d’y être. Ça devait se voir sur mon visage qu’il venait de me faire un immense plaisir par cette simple proposition. Si je devais me montrer à la hauteur et obtenir un rôle ce serait le bonheur absolu ! Puis en toute honnêteté, même déguisée en plante verte dans le coin de l’écran, je serai heureuse d’être sur l’un de ses plateaux.

- Je devrai bien me préparer si je veux te convaincre. J’espère être à la hauteur.

Je n’attendais aucun traitement de faveur sous prétexte que nous partagions aujourd’hui une bière sur mon quai. Rien ne devait être dû dans la vie. Mais mérité au terme d’un travail acharné.

Il me fit rigoler en se comparant à un tyran. Il oubliait peut-être que j’avais Satan comme père biologique et que chaque compliment venant de lui venait avec une baffe monumentale. Shran pouvait m’en faire baver sur son plateau, je devrais être en mesure de survivre.

- Et bien levons notre bière à ton tyranisme et à ma volonté d’apprendre !

Livia et moi n’avions pas la même vision des choses concernant Sørensen… Pour moi, c’était justement parce qu’il faisait un peu trop bien son sale boulot de merde qu’il emmerdait les gens comme nous. Et comme Livia ne renchérit pas, je supposais qu’elle acceptait mon point de vue. Dans tous les cas, je n’aimais pas Amon pour la simple et bonne raison que je n’aimais pas la presse people qui se fait du fric sur des informations exagérées ou prises, parfois, hors contexte.

La presse people c’est du bas étages… Pas de l’art ou de l’information. Tout simplement. Mais c’est ce que veulent les gens, hélas… Et Amon se fera un plaisir de continuer à inventer même si certaines choses n’ont aucun sens et que certaines stars se retrouvent à être polygame ou volage d’un article à l’autre. Et alors qu’on parlait de tout ça, je remarquai que Livia me mettait quelques années en moins que ce que j’avais réellement. De quoi flatter un peu mon égo, je dois bien l’avouer. A mon âge, ça fait toujours plaisir surtout venant d’une jeune femme… Elle confirma que je ne faisais pas mes 47 ans ce qui me fit sourire.

Revenant aux journalistes, j’avais déclaré que Brent conseillait toujours de s’en foutre… Et si Livia pensait bien que c’était facile à dire quand on était pas en première page, je lui affirmai que Brento parlait en connaissance de cause. Depuis le début de sa carrière dans le milieu qui remontait déjà à plus de vingt ans, il en avait vu des choses écrites sur lui… Dernièrement, il avait même été dans le top 10 des célébrités les plus détestées à se demander pourquoi ! Que j’y sois, c’était une chose… La presse me dépeignait souvent comme paranoïaque, inflexible et tyrannique alors ça faisait sens même si c’était exagéré. Brent, par contre… Il ne méritait pas de figurer dans ce foutu top 10… Donc, quand il disait que c’était possible de s’en foutre, c’est que ça l’était… Mais ce n’était pas facile. Moi-même, j’avais du mal même si j’étais conscient que c’était de l’énergie dépensée pour rien que de s’en faire… Livia ne renchérit pas sur l’expérience de Brento mais, alors que je parlais de mon envie de tuer de temps à autre, des journalistes, elle affirma qu’il valait, en effet, mieux mettre son énergie ailleurs.

-Ouais. Il parait que les ignorer c’est encore le mieux…

Mais j’étais trop impulsif pour y arriver réellement.

Ce fut, ensuite, du film où apparaissait Livia qu’on parla. Je lui avais donné ma critique que je voulais constructive. Pour moi, c’était un assez bon film pour me budget et Livia n’avait pas détonner en tant qu’actrice débutante. Elle avait aimé l’expérience au point qu’elle se voyait la réitérer. Je lui conseillais que, si c’était bien le cas, il fallait qu’elle aille vers les castings et pas attendre les propositions. Elle affirma qu’elle ne comptait pas se reposer sur ses lauriers mais que, dernièrement, elle avait eu quelques incendies à éteindre.

-J’ai lu ça… Et j’en suis désolé.

J’imagine qu’elle faisait référence à la disparition de sa mère et de son petit frère… Ainsi j’avais dit « j’en suis désolé » afin de compatir à l’inquiétude qu’elle devait ressentir. Mais je me trompais peut-être sur ce qu’elle venait de dire en parlant d’incendies à éteindre.

Et comme j’avais parlé de casting, j’expliquai à Livia que j’allais, bientôt, en faire de nouveaux pour un nouveau projet de film. Ainsi, elle pourra s’y présenter si un rôle l’intéresse. Elle disait qu’elle serait honoré de paraitre dans un de mes films et j’esquissai un petit sourire avant qu’elle n’ajoute qu’elle n’en revenait pas que je lui propose. En soi, tout le monde peut se présenter à un casting mais j’imagine qu’elle disait ça parce que ça voulait dire que, réellement, je ne l’avais pas trouvé mauvaise dans son tout premier film.

Quoi qu’il en soit, je fus honnête clamant que rien n’était gagné d’avance. Elle sera jugée comme toutes les autres participantes et si une est meilleure qu’elle, ça sera comme ça. Je ne lui cachai, ainsi, pas que j’étais exigent mais elle affirma qu’elle allait se préparer comme il faut.

-Parfait ! J’ai hâte de voir comment tu te débrouilleras.

Je déclarai alors qu’elle pourra se présenter uniquement si elle encaissait le fait que j’étais un tyran sur un plateau. C’est ce que disait les techniciens, Enora et bien des acteurs avec qui j’avais travailler même si, de mon point de vue, ils exagéraient tous. Quoi qu’il en soit, ça fit rire Livia. Elle ne semblait pas avoir peur de ça et voulait même trinquer à ma tyrannie et à sa volonté d’apprendre.

-C’est la première fois que quelqu’un célèbre ma tyrannie mais…

Je rigolai un peu et je levai mon verre.

-A tout ça, alors ! Et, surtout, au bon cinéma ! Parce qu’il n’y a que ça de vrai.

La meilleure attitude à adopter avec les journalistes était, selon moi et ma courte expérience avec eux, de les ignorer. Peu important ce que l’on faisait, il y aurait de toute façon toujours quelqu’un quelque part pour  en rire, en dire du mal, nous dénigrer ou nous glorifier. Nous ne pouvions plaire à tout le monde et en fait, c’est ce qui faisait la beauté de la chose. Nous avions besoin de diversité, l’uniformité était ennuyante et monochrome.

On parla ensuite de mon tout premier film et de l’expérience que j’avais vécue. C’était pour moi, un cadeau que la vie m’avait fait et j’avais savouré mon expérience en entier. Je n’aurais pu souhaiter meilleur tremplin pour apprendre et de ce fait, ajouter une nouvelle corde à mon arc. Malgré cela, je ne m’étais pas rendu à la rencontre de producteur ou à des castings. Je l’expliquais simplement en disant que j’avais eu des incendies internes à gérer.

Stephen s’en disait désolé, j’appréciais cette petite marque et je lui en témoignais par un petit sourire.

- Ainsi va la vie… Ça ne sera jamais un long fleuve tranquille.

Stephen confia que bientôt, il ferait de nouveau casting pour son prochain film, de quoi me mettre des étoiles pleins les yeux et la tête. Obtenir un rôle dans l’un de ces films serait un rêve qui se concrétiserait, rien de moins. Dès que Stephen ferait savoir que les castings allaient être ouverts, je comptais bien m’y rendre et tenter ma chance. Qui sait ? Peut-être que je le convaincrais de me donner un rôle. Je me gardais bien de lui dire qu’un rôle de soutient et même, de troisième ordre me comblerais ! Je visais le premier rôle parce que j’aimais me mettre la barre haute. Il disait avoir hâte de voir comment je me débrouillerais.

- Moi aussi ! Me moquais-je !

Je ne craignais pas son côté tyrannique. J’aimais les choses bien ordonnées et structurées sur le plan professionnel et donc, je pouvais facilement comprendre que Stephen pouvait se montrer strict, disons-le ainsi. Je voyais là aussi une occasion de trinquer. Pourquoi ne pas lever notre bière à ma volonté d’apprendre et à sa tyrannie qui pourrait me permettre de prendre mon élan ?

- Il y a une première fois à tout, faut croire !

Stephen ajouta à notre célébration, le cinéma, le bon ! Car pour lui, il n’y avait que ça de vrai. Je levais donc ma bière et j’entrechoquais le goulot de ma bouteille au sien et avant d’en prendre une gorgée, je répétais la formule.

- À ta tyrannie, ma volonté d’apprendre et au bon cinéma ! Cheers !