Putain, j’en revenais pas encore !

Et j’étais arrivé en retard à la rédaction, avec ça… J’en avais le cerveau complètement chamboulé à me demander si j’avais agi comme un connard d’égoïste ou si j’avais pris la bonne décision… Pour moi-même, évidemment.

Mais je pensais avoir été clair, non ? Je pensais avoir bien expliqué ce que je voulais et surtout, ce que je ne voulais pas.

Et j’avais cru qu’on était d’accord !

J’entrai dans mon bureau en essuyant un « T’es en retard, Sørensen ! » lancé par mon patron depuis le bureau. Et alors, j’étais en retard et alors ?! Les stars allaient quand même faire des conneries et, finalement, mes articles étaient tellement recherchés que ça me prenais 10 minutes pour les écrire ! Un petit retard n’allait pas gâcher les ventes de ce foutu torchon, nom de Dieu !

Je posai mon sac à dos et me laissai tomber sur mon siège de bureau… Je mis mes coudes sur mon bureau et enfoui mon visage entre mes mains.

Ce ne fut que là que je me rendis compte que mon cœur battait vite… Et je ne savais pas si c’était à cause de l’énervement…

… Ou à cause de ce que je venais de jeter aux orties sans vraiment réfléchir à la question.

Putain, elle m’avait fait peur.

-Oh ! Loki… Merde… pardon…

Je fis pivoter mon siège, me levai, ouvris mon sac à dos et y pris une petite boîte avant de me retourner vers le terrarium juste derrière mon grand bureau. Je sortis une souris morte que je m’étais procurée à l’animalerie du centre-commercial et nourris Loki, mon serpent… Je l’avais depuis quelques années, ce serpent, déjà…

Je le regardai engloutir son repas sans le mâcher.

-T’as de la chance toi… Tout seul, dans ton terrarium, personne pour t’emmerder… Pas de femelle pour te poser des problèmes…

Je soupirai et retournai à mon bureau… Je pris un bic, mais juste pour le tapoter sur mon set de table en papier…

Je revoyais encore la scène, ce matin… Sonne…

Puis on frappa à la porte de mon bureau. Je sursautai, surpris… Puis lançai, un peu agressif.

-Ouais ! Entrez !

Et je fus encore plus surpris de voir entrer Timmy, mon meilleur ami, celui qui m’avait permis de venir à bout de mes études par des méthodes parfois discutables… Mais avec qui j’avais une grande complicité même si parfois, nous n’étions pas toujours d’accord.

-Oh… Salut, Timmy… Installe-toi.

Je me frottai le visage à deux mains avant de le regarder et il n’avait pas l’air beaucoup plus content que moi.

-Heu… Tu vas bien ?

MTI vivait probablement ses pires journées depuis bien longtemps. Nous avions appris le décès de Samantha Ricci qui avait été assassinée ainsi que celui de la jeune Eleanor Harris tombée accidentellement d’une falaise. Des décès ayant eut lieu le même jour comme un macabre hasard. Je ne savais point comment réagir à ces deux décès. Je n’avais que brièvement connu Eleanor… Quant à Samantha, si je la respectais en tant que collègue, nous avions très peu d’affinités.

Cependant, si ces deux décès était aussi soudains qu’inattendus, c’était moins le cas concernant la nouvelle que j’avais reçu ce matin et qui venait de la mère de Savannah Prescott. Elle était morte ce matin à l’hôpital à cause de son infection au SIDA. J’étais au courant que son état s’était dégradé ces derniers temps et que les traitements ne fonctionnaient plus adéquatement. Et il avait suffit qu’elle soit contaminée par une simple petite bactérie pour que son corps lâche.

Ce n’était point le genre de nouvelle que j’aurais voulu entendre mais les faits étaient là. Il me fallait, désormais, agir. J’avais proposé à la mère de Savannah de m’occuper moi-même de gérer cette information ce qu’elle avait accepté. Il était courant que ça soit le manager qui s’occupe d’annoncer les nouvelles de ce genre à la presse et c’est ce que je comptais faire. Après cela, il me faudra trouver un remplaçant à Savannah t exhorter The Burning Fire à se remettre au travail. Stone et McAvoy avaient sorti un album avec Fireworks. Il était, donc, plus que temps qu’ils s’occupent de The Burning Fire. S’il ne s’y mettaient pas, je comptais bien y aller de certaines menaces afin qu’ils ne bougent un peu.

Il n’y aura plus d’excuses, cette fois.

Je n’avais point tarder à me rendre chez L.A.People afin de voir Amon et de lui annoncer la nouvelle. Je préviendrais Stone et les autres dans la foulées. Je n’avais plus à prévenir Elizabeth car nous étions séparé depuis quelques semaines maintenant. Cette rupture s’était fait d’un commun accord. Nous avons réalisé que notre travail à chacun était tellement prenant que nous n’avions point le temps pour une vie saine de couple. Ainsi, nous avions chacun pris des chemins différents.

Une fois arrivé à la rédaction, j’avais prévenu la réception que je venais voir Amon afin de lui révéler une information. Je savais où se trouvait son bureau et c’est là que je me rendis. J’avais toqué à la porte et j’entendis la voix d’Amon m’autoriser à entrer.

J’entrai dans la pièce.

-Bonjour, Amon.

Il était surpris de me voir ce qui ne m’étonnait point. Je n’étais pas friand de ce genre de petite visite surprise. En réalité, même si nous étions meilleurs amis, nous ne nous voyions pas si souvent Amon et moi.

Je m’étais installé remarquant qu’Amon semblait contrarié. Cependant, je devais d’abord lui donner mon information avant de m’enquérir de son état.

-Je vais bien au vue des circonstances, oui. J’ai appris, ce matin, que Savannah Prescott est décédée à l’hôpital des suites de sa maladie. Je suis venu te donner l’information afin que tu la partage avec le public. C’est sa mère qui m’a prévenue de son décès.

J’avais marqué une pause avant de reprendre.

-J’aimerais que tu fasses cette déclaration sobrement. Sans spéculation aucune sur l’avenir de The Burning Fire. Je compte remettre le groupe sur les rails en commençant par engager un nouveau bassiste mais il serait malvenu d’en parler tout de suite.

C’est pour ça que je voulais que ça soit fait sobrement. Une déclaration et un simple petit hommage fera l’affaire dans ce cas-ci.

J’avais froncé les sourcils.

-Et toi ? Tu vas bien ? Tu m’as l’air contrarié…

S’il était déjà assez rare que Timmy viennent jusque chez moi pour une visite de courtoisie malgré notre amitié, il était encore plus rare qu’il vienne me trouver à la rédaction. Il savait que les informations, je finissais toujours par les avoir d’une façon ou d’une autre et qu’en générale, quand je savais que ces informations étaient liées de près ou de loin à lui, je faisais attention à ce que j’écrivais (sauf quand j’avais besoin de secouer Howard Stone quand il faisait de trop grosses conneries).

Timmy me salua donc, mais il n’avait pas l’air dans un bon jour, pas du tout.

Je l’invitai à s’installer et le regardai… Ses yeux bleus de glace trahissaient quelque chose, mais que je n’arrivais pas à nommer. Enervement ? Tristesse ? Confusion ?

Il m’annonça qu’il allait bien, ce qui me rassurait déjà. Ce n’était pas lui qui avait un problème. Mais alors, c’était qu’il était ici pour un communiqué officiel.

Et en effet, de but en blanc, il déclara que Savannah Prescott, la bassiste de The Burning Fire (qui avait sorti un album solo, mais aucun disque avec The Burning Fire, en fait), était décédée à l’hôpital des suites du SIDA.

Il était donc là pour que je partage cette information avec le public.

Mais moi, il me fallut deux ou trois secondes pour atterrir.

-Quoi ?

Je secouai la tête puis écartai les bras.

-L.A. a décidé de faire une purge ?! Je n’ai même pas encore eu le temps d’annoncer les morts de Samantha Ricci et la chanteuse de Nelligan… Truc là… heu heu…

Je claquai des doigts, pour retrouver le foutu nom de la chanteuse.

-Eleanor Harris !

Mais cette soudaine surcharge de travail ne décontenança pas Timmy qui me décrivit ce qu’il voulait comme genre d’article. Quelque chose de simple, sans spéculation sur l’avenir de The Burning Fire.

Je fis une moue de réflexion.

-D’accord… mais c’est bien parce que c’est toi.

Il comptait trouver un nouveau bassiste et je le regardai dans les yeux.

-Tu veux un conseil ? Pas de femme, cette fois. Avec Apolline McLagan, ça n’a pas marché, avec Savannah Prescott, ça n’a pas marché et je ne dis pas seulement ça parce qu’elle est tombée malade.

Je le disais parce que rien n’avait été fait sur tout le temps qu’elle était là.

-Et avec Stone qui est de nouveau célibataire, tu risques d’avoir à t’arranger avec des romances et tout ça…

Timmy, li, remarqua que j’étais contrarié et pas seulement à cause de toutes les morts que j’avais à recenser.

Je soupirai et passai mes deux mains en arrière dans mes cheveux.

-Il y a que j’ai bien manqué, ce matin, d’être le dindon de la farce. Fort heureusement, je suis un gros connard, alors…

J’étais entré dans le bureau d’un Amon visiblement contrarié. Cependant, loin de moi l’idée de commencer par une conversation sur nos états d’âmes… Il me fallait, d’abord, lui dire ce pour quoi j’étais venu. Ce que je ne tardai point à faire en annonçant la mort de Savannah Prescott.

C’était tragique… Comme toute mort prématurée. Bien que, dans le cas de Savannah, son destin était scellé à partir du moment où elle avait été contaminé par ce virus qui faisait bien des dommages dans les rangs des plus jeunes. Elle savait qu’il lui restait peu à vivre mais nous n’imaginions pas que les choses iraient si vite. C’était pourtant le cas et nous en étions là.

Amon sembla prendre le temps d’encaisser la nouvelle. Point parce qu’il avait la moindre affinité avec Savannah mais bien parce que ça faisait beaucoup en peu de temps. C’est ce qu’il disait en faisant référence aux décès de Sammantha Ricci et d’Eleanor Harris  dont il pris du temps à se rappeler le nom car Eleanor était encore peu connue. Amon ignorait qu’Eleanor était la fille de Don Hughes mais loin de ma l’idée de révéler ça par respect pour mon patron.

-C’est un coup du sort … Trois morts en peu de temps… Disons que, pour Savannah, la différence c’est que nous nous y attendions. Je savais que les nouvelles n’étaient pas bonnes dernièrement. Ses traitements ne fonctionnaient plus. Pour les deux autres, c’était totalement inattendu… Particulièrement pour la jeune Eleanor qui avait encore la vie devant elle… Quant à Samantha, j’imagine que c’est ce qui arrive quand on joue avec le feu.

Je me doutais qu’Amon avait déjà tous les tenants et aboutissant de l’histoire… L.A.People avait ses sources au sein de la police.

Je souhaitais qu’Amon reste sobre dans ses déclarations concernant Savannah. Il accepta et j’hochai de la tête en signe de remerciement.

La prochaine étape pour moi était de trouver un nouveau bassiste à The Burning Fire. Amon disait que le mieux était de ne point opter pour une femme car, avec les deux précédentes, ça n’avait point fonctionner… Pour Apolline il est vrai que le fait qu’elle ait quitté le groupe était à cause de sa relation avec Stone… Et que, Stone étant célibataire, une femme dans le groupe risquerait de me poser des problèmes à l’avenir.

-Dis comme ça, ça fait surtout penser que c’est Stone le problème et non les femmes…

Bien que, dans le cas de Savannah, ce n’était pas parce qu’elle était une femme que ça n’avait pas marché mais bien parce qu’elle était atteinte du SIDA… Et si le groupe a ralentis c’est essentiellement à cause des disputes entre Stone et McBride.

-Si la maladie de Savannah a, inévitablement, ralenti le groupe, Stone et ses disputes avec McBride est ce qui a réellement plombé l’ambiance sans compter son autre projet, Fireworks.

Je savais qu’Amon était toujours prompt à défendre Stone mais il était clair que celui qui faisait le plus ralentir le groupe, c’était lui.

-Ainsi, quand je ferais des auditions, je prendrais le bassiste qui a le plus de talent et qui sera le plus à même de coller au style de The Burning Fire.

Ceci sans faire attention au sexe ou bien à d’autres futilités du genre.

Ceci étant dit, je m’intéressais à la contrariété d’Amon. Il disait qu’il avait bien failli être le dindon de la farce ce matin mais qu’il avait la chance d’être un gros connard. Je levai un sourcil.

-Que veux-tu dire ? Que s’est-il passé ?

Timmy était en fait venu m’annoncer la mort de Savannah Prescott… Je n’en étais ni triste ni heureux. Je ne connaissais pas personnellement Savannah Prescott. Mais il fallait bien avouer que ça faisait beaucoup, moi qui étais venu au bureau ce matin justement pour rédiger l’article qui annonçait à tout L.A. les décès de Samantha Ricci et de la jeune Eleanor Harris.

Tout ça était donc bien triste, mais comme le disait Timmy, pour Savannah, on se doutait bien que ça allait arriver un jour. Cette saloperie de SIDA faisait des ravages, notamment dans la communauté homosexuelle, mais j’aimais à penser que le cas de Savannah, qui n’avait rien à voir avec cette communauté, allait faire en sorte de rabattre le caquet des conservateurs extrémistes qui pensaient que le SIDA était une punition divine pour les hommes gays et leurs péchés.

Parce que ça pouvait arriver à tout le monde ! Absolument tout le monde !

Pour les deux autres, Timmy disait que c’était ce qui arrivait quand on jouait avec le feu.

-Dans le cas d’Eleanor aussi. Elle se promenait le long des falaises avec Ward Fleming. Je connais Ward Fleming. Crois-moi, je crois à tout sauf à un accident !

Comment est-ce qu’une fille comme la chanteuse de Nelligan avait fini avec Ward était un foutu putain de mystère !

Mais bon, le mal était fait. C’était trop tard.

Je regardai Timmy dans les yeux.

-Je ferai un article sobre pour Savannah, mais me permets-tu d’envoyer un message à tous ces imbéciles qui pensent que le SIDA est une punition divine envoyées sur les homosexuels ? Le cas de Savannah détruit toute cette théorie.

Et ça étofferait mon article.

Bref, avec tout ça, Timmy devait une nouvelle fois remanier la composition de The Burning Fire. Je lui conseillai de ne pas prendre une femme… Juste parce que les deux dernières n’avaient rien apporté au groupe et que mon ami Howard Stone étant de nouveau célibataire, c’était la porte ouverte à des problèmes…

Timmy déclara alors que dit comme ça, on aurait dit que c’était Stone le problème. Je me penchai en avant vers Timmy en ricanant cyniquement.

-Oh non. Crois-moi. Ce sont les femmes le problème. Toujours. Jimmy Reed n’a pas tout à fait tort sur elles. Si Stone tombe dans leurs filets, c’est uniquement parce qu’elles mettent tout en place pour que ça se produise.

Ouais, j’avais une dent contre les femmes. Mais ça, c’était uniquement à cause de ce que j’avais vécu ce matin même.

Timmy penchai plus pour dire que la réelle raison du ralentissement de The Burning Fire étaient plutôt les relations entre Stone et Mc Bride et aussi le fait qu’Howard semblait prioriser Fireworks qui venait de sortir un nouvel album.

-Faut avouer que McBride est une plaie… Et que Fireworks…

J’hésitai… Puis dit simplement :

-Fireworks fait de belles choses.

De toute façon, cette fois, Timmy comptait choisir un bassiste de talent qui collerait au style de The Burning Fire.

-La grande question, c’est… Qu’est-ce que c’est, le style de The Burning Fire ? Le groupe n’a fait que changer encore et encore depuis la mort de Kayden James.

Timmy n’étant pas mon ami pour rien, il avait bien capté que quelque chose me turlupinait, moi aussi. Et pour cause ! J’avais l’impression d’avoir échappé à un gros piège… ou d’avoir miraculeusement réussi à traverser une autoroute sans me faire renverser.

-Tu vois Sonne Moriarty ? La secrétaire de Ricci ? Tu sais que c’était mon amante… Et bien ce matin, elle a débarqué avec ses quatre mômes en espérant que je l’aime assez pour jouer les familles recomposées !

Je regardai Timmy droit dans les yeux.

-Je lui ai dit que non. Non, je ne l’ai jamais aimée à ce point. On s’amusait, c’était tout. Je l’avais prévenue depuis le départ que je ne voulais rien de sérieux.

Je haussai les épaules et me laissai aller sur le dossier de mon siège.

-Je l’ai envoyée voir ailleurs, avec les quatre gosses.

Trois décès en si peu de temps était autant inattendu que choquant. Bien que celui que Savannah était à prévoir, c’était moins le cas des deux autres. Particulièrement d’Eleanor Harris qui était morte accidentellement en tombant d’un falaise.

Cependant, pour Amon, le cas d’Eleanor était aussi à prévoir étant donné que son petit ami n’était autre que Ward Fleming. Amon pensait clairement que tout ceci n’était point un accident. Il semblait bien connaitre celui qui avait, il y a quelques temps, était sous le feu des projecteurs car la justice pensait qu’il était le chef des New Soldados, un gang de Los Angeles. Je pris un air légèrement surpris.

-Eleanor Harris était en couple avec Ward Fleming ? Celui qui a été blanchi de ses accusations d’être chef d’un gang ? Le fils du Boucher de Los Angeles ?

Ce même là, il semblerait.

-Elle a de piètres choix de petits amis… Cette histoire est bien sombre.

Eleanor ne me semblait point être le genre de jeune femme à s’enticher d’un bad-boy pourtant… Et si Amon le connaissait et était prêt à croire que Ward Fleming avait tué Eleanor, j’étais prêt à croire le flair de mon ami. On ne peut pas être l’enfant d’un sérial killer et être totalement sain d’esprit de mon avis.

Amon me promit de faire une article sobre afin d’annoncer la mauvaise nouvelle concernant Savannah. Cependant, il souhaitait utilisé cet article afin d’envoyer un message à ceux qui pensent que le SIDA est réservé aux homosexuels. J’hochai de la tête.

-Oui, je t’accorde le droit d’utiliser ça à cette fin. Tout ce que je veux c’est aucune spéculation sur The Burning Fire.

Amon n’avait point souvent l’occasion de « faire le bien » à travers ses articles alors autant lui laisser l’occasion de pouvoir le faire, pour une fois.

Amon me conseillait de prendre un homme comme prochain bassiste. Je l’avertis que j’allais simplement prendre le meilleur sans regarder à son genre… Surtout que je pensais bien que le naufrage de The Burning Fire était plutôt du fait de Stone que des femmes du groupe. Mais Amon persistait et signait : les femmes étaient le problème. Je levai un sourcil. Il n’avait point l’habitude d’être à ce point révolté sur la gente féminine. M’est d’avis qu’il s’était passé quelque chose pour qu’il en vienne à approuver un homme comme Jimmy Reed.

-Si Stone tombe dans leur filet c’est parce qu’il le veut bien. C’est parfois lui qui les attire dans les siens, d’ailleurs… Et si c’est bien ce que tu dis alors c’est la stupidité de Stone qui est coupable et non les femmes. Je ne sais pas ce que les femmes t’on fait Amon mais j’ignorais que tu étais à ce point stupide pour dire que Jimmy Reed a raison sur ce sujet.

Jimmy Reed avait un vision des femmes qui n’était point la mienne. Les femmes sont aussi compétentes que les hommes et Amon le sait très bien. Tout comme les femmes ne sont point responsable de tous les maux. C’est moi le manager de The Burning Fire et je sais que Stone est en grande partie responsable de la stagnation de The Burning Fire.

Mais Amon défendait Stone corps et âme. Sans doute parce que c’était son ami et qu’il était responsable du fait que Stone fasse partie de The Burning Fire. Il blâma McBride avant de dire que Fireworks faisait de belles choses (pour ne point dire autre chose qui aurait pu me faire regarder Amon de travers).

-McBride est un excellent guitariste. C’est le seul qui se rends chaque jour aux studios.

Quant à Fireworks…

-Et Fireworks est un caprice de Stone.

Les stars ont l’art de faire des caprices. Stone ne dérogeait pas à cette règle.

Amon était dur avec The Burning Fire. Je fronçai les sourcils quand il se demanda quel était le « style The Burning Fire ».

-Tu ne peux pas nier qu’il y a une certaines continuité dans le style malgré tout. Tu verras que ce groupe a encore beaucoup à dire et à faire.

Il ne fallait point être de mauvaise foi non plus !

Tout ce qu’il faut c’est que Stone se concentre dessus, tout simplement… Il faudra que je prenne ça en compte quand nous choisirons le prochain bassiste.

Je m’étais détourné de cette conversation pour demander à Amon ce qui n’allait pas. Il était contrarié, cela se voyait. Il affirma avoir failli se faire arnaquer en quelques sortes. Je lui demandai de m’expliquer plus en détails ce qu’il fit.

Il m’expliqua alors que Sonne Moriarty, la femme d’Axel Moriarty et l’amante de mon meilleur ami, avait débarqué chez lui avec ses enfants afin de vivre les joies d’une famille recomposée. J’en vint à la conclusion qu’elle et Axel étaient, de ce fait, séparé. Cependant, Amon avait refusé étant donné que, au début de leur relation interdite, il avait été clair sur ce fait.

-Et bien…

S’en était toute une histoire… Je ne savais point ce que Sonne avait pensé mais elle avait choisi le mauvais endroit où poser ses bagages.

-Elle devrait savoir que si le sexe est la seule raison d’une relation alors cette relation ne peut pas fonctionner. Que lui est-il passé par la tête ?

Amon n’avait point été un connard, il avait été logique avec lui-même.

-Tu l’avais prévenu. Tu n’es pas un connard, Amon… Sonne a suffisamment de revenu comme secrétaire de Ricci que pour se trouver un endroit où vivre. Quant à ses enfants, ils ont aussi un père alors ils ne sont pas à la rue.

Je fixai mon Amon.

-Je comprends mieux ta contrariété… Sais-tu pourquoi ils se sont séparés ?

Cette question était de la pure curiosité.

Timmy était surpris d’apprendre que la jeune Eleanor Harris était en couple avec Ward Fleming et que c’était avec lui qu’elle était en train de se promener à Malibu quand elle avait malencontreusement « chuté »… Je ne croyais pas une seconde à cette foutue histoire.

-Ouais, c’est ça, le fils du Boucher de Los Angeles.

Timmy en vint à la conclusion que la jeune femme avait de très mauvais choix de petits-amis…

-Peut-être… Mais Ward est aussi un foutu  manipulateur, crois-moi.

Pour ce qui était de Savannah et de l’article, Timmy me laissait toutes latitudes quant au message que je voulais faire passer. Tout ce qu’il ne voulait pas, c’était des spéculations sur The Burning Fire.

-Tu as ma parole.

Bref, avec tout ça, il allait encore falloir remanier The Burning Fire. Et ma petite expérience de ce matin me fit dire que Timmy devrait éviter de prendre une femme comme bassiste pour le groupe. J’allai même jusqu’à dire que Jimmy Reed avait raison au sujet de la gent féminine tout en défendant Howard qui, pour moi, d’un coup, devait avoir vécu des arnaques similaire à celle que Sonne avait essayé de me faire gober ce matin.

Timmy répliqua en disant que Stone était plus souvent fautif que les femmes en question et nous décris tous les deux de stupide.

Je soupirai, frottai mon visage et admis :

-Je sais que c’est stupide, ce que je dis… Ou tout du moins, que j’exagère. Mais crois-moi, je pense avoir de raisons de me méfier, depuis ce matin.

Je fis la moue et regardai Timmy d’un air torve.

-Avoue quand même que parfois, les femmes usent de leurs atours ou de l’emprise qu’elles ont sur nos sentiments pour obtenir ce qu’elles veulent. Et ce n’est pas du jeu !

Heureusement que je n’en avais jamais eu, des sentiments, pour Sonne. Sinon, les choses auraient été plus compliquées.

Je me renfrognai et croisai les bras.

-Mais tu vas me répliquer que ce genre de truc peut marcher dans les deux sens. Peut-être… Peut-être que c’est vrai. Mais je ne suis pas d’humeur à penser ça aujourd’hui…

J’allais probablement cracher ma haine sur les femmes pendant trois jours, les mettant toutes dans le même sac, puis ça allait me passer.

On en revint à The Burning Fire et à Stone. Si j’avais des griefs envers les femmes, Timmy, lui, c’était après Stone qu’il en avait. Il disait que McBride se rendait tous les jours aux studios. Et que Fireworks, que j’adorais, n’était qu’un caprice de mon ami Howard.

-Je ne sais pas. Peut-être… Mais tu sais qu’il y a pas mal d’artistes qui font partie de groupes et qui veulent avoir leur petit truc à eux, leur petite carrière solo, pour faire des trucs plus proches d’eux-mêmes… Je crois plutôt que c’est ça qu’Howard veut.

Malgré tout, Timmy restait optimiste au sujet de The Burning Fire qui avait beaucoup à dire et à faire.

-Je partage cet optimisme. Tu vas voir, ça va aller, mon ami. Maintenant que Stone a sorti son album avec Fireworks, maintenant que The Burning Fire va être remanié, son attention va de nouveau se tourner vers le groupe. Tu verras.

Evidemment, avec tout ce que j’avais dit sur les femmes et tout ça, Timmy avait bien deviné qu’il m’était arrivé quelque chose. Et je lui racontai donc dans quel piège Sonne avait voulu me faire tomber. Fort heureusement, elle avait échoué et je ne me retrouvais pas avec une femme tous les jours à la maison en plus de ses quatre mômes.

J’écartai les bras quand mon ami me demanda ce qui était passé par la tête de Sonne.

-Aucune idée ! Je pensais pourtant avoir été clair. On s’amusait bien, mais ça s’arrêtait là.

Timmy déclara alors que je n’étais pas le connard pour lequel je voulais me faire passer dans cette histoire. Que j’avais mis les limites dès le début. Et que ce n’était pas comme si j’avais laissé Sonne et ses enfants à la rue.

-Je sais, je ne m’en fait pas pour ça… Ce qui me fout en rogne, c’est qu’elle ait ne fut-ce qu’avoir l’idée d’essayer. Comme si j’étais un bon gros pigeon.

Du coup, Timmy me comprenait mieux… Il comprenait mieux mes propos qui avaient été, effectivement, stupides. Mais ce qui l’intriguait, c’était de savoir pourquoi Sonne et Axel Moriarty s’étaient séparés…

Je haussai les épaules.

-Bah… Tu sais… Si Sonne m’avait déjà comme amant, c’était qu’il y avait une couille dans le potage dès le départ. Elle ne m’a pas vraiment expliqué pourquoi ils s’étaient séparés et j’étais tellement pressé de ne plus les voir tous les cinq avec leurs bagages devant ma porte que je n’ai pas demandé.

Je fis une moue de réflexion.

-Ce dont Sonne se plaignait souvent, c’était du fait qu’Axel aurait voulu qu’elle passe plus de temps avec ses mômes… Mais elle voulait être une femme indépendante en plus d’être mère.

Je grommelai.

-Mais ce qu’elle ne comprenait pas, c’est qu’elle ne pouvait pas tout avoir, entre sa famille, son boulot, son amant… A un moment donné, faut pas déconner.

Amon confirma qu’Eleanor Harris était bien en couple avec le fils du Boucher de Los Angeles et que c’était avec lui qu’elle se promenait lorsqu’elle a chuté. Ainsi, mon meilleur ami pensait bien qu’il ne s’agissait point d’un accident. Tout ceci était bien sombre et je me demandais bien comment une femme comme Eleanor avait fini avec un homme comme Ward Fleming. D’après Amon, ce Ward était un manipulateur.

-Je vois… Et Eleanor me semblait, en effet, être facilement manipulable.

Elle manquait de confiance en elle. C’était ce que j’avais pu remarqué lors de nos quelques entretiens avant que je ne refuse de faire signer le duo qui avait fini par tomber entre les mains de Brent Hughes. Mais tout ceci n’avait point duré.

J’avais eu la parole d’Amon concernant le fait qu’il n’allait point spéculer sur The Burning Fire dans son article. Un The Burning Fire pour lequel nous devrons trouver un nouveau bassiste. Cependant, Amon me déconseillait de reprendre une femme à ce poste. Il semblait avoir une dent contre les femmes aujourd’hui au point de donner raison à un homme rétrograde comme Jimmy Reed. Je ne pus m’empêcher de trouver les propos d’Amon stupide mais il semblait avoir vécu un évènement qui le poussait à penser de façon très émotionnelle.

-Au moins tu as l’intelligence de constater ta stupidité.

C’était un bon point mais Amon ne pus l’empêcher de dire que les femmes utilisaient parfois leur atour afin d’obtenir ce qu’elles voulaient. Les hommes utilisaient, parfois, aussi, leur emprise sur les femmes pour obtenir ce qu’ils veulent. Ce genre de comportement n’est pas exclusif au femme. Ne m’a-t-il pas parlé, plus tôt, des capacités d’un homme comme Ward Fleming à manipuler autrui dont son ex-petite amie ? J’allais répliqué tout ça mais Amon le fit pour moi déclarant qu’il n’était pas d’humeur à penser comme cela aujourd’hui.

-Je le constate… Le fait est que ça marche effectivement dans les deux sens… Tu l’as même dit toi-même plus tôt dans notre conversation.

Pour en revenir à The Burning Fire, pour moi, le plus gros problème était Stone et son petit caprice, Fireworks. Amon mit en avant que beaucoup d’artiste cumulaient groupes et carrière solo. Il pensait bien que c’est ce qu’Howard voulait. Son petit truc personnel sur le côté.

-Peut-être bien. Mais alors il doit faire en sorte d’être présent autant pour son projet « sur le côté » que pour The Burning Fire. Il ne peut pas en délaisser un pour l’autre, or, pour le moment, c’est ce qu’il fait. Ça n’est pas respectueux envers les autres membres de The Burning Fire.

Ni envers moi. Car je croyais encore fermement au projet qu’était The Burning Fire. C’était aussi le cas d’Amon. Il était sûr que Stone allait s’y remettre maintenant que Fireworks avait sorti son album.

-Il y a plutôt intérêt. Je compte, de toute façon, faire en sorte que les choses se passent ainsi. Stone n’aura d’autre choix que de s’attarder un peu sur le groupe qui l’a rendu célèbre.

Car sans The Burning Fire, il serait encore à trainer dans l’Eastside !

Il était temps d’en venir à ce qui provoquait la colère et la frustration d’Amon. Il s’agissait d’un problème qu’il avait eu avec son amante, Sonne Moriarty. Enfin, ex-Moriarty, visiblement car Sonne avait plié bagage et avait tenté de venir s’installer chez Amon qui avait, logiquement, refusé. Pour moi, mon ami avait mis les choses au clair dés le départ et je me demandais bien ce qui avait traversé la tête de Sonne. Amon l’ignorait. Il pensait, effectivement, avoir été clair.

Pour moi, Amon n’était pas le connard de cette histoire. Mais ce qui le troublait le plus c’était que Sonne ait quand même essayé.

-Peut-être était-elle désespérée ? Peut-être as-t-elle fait ça sur un coup de tête ? Ou peut-être qu’elle avait des sentiments pour toi que tu n’avais pas pour elle ? Peu importe, finalement, non ?

Le fait est qu’Amon avait refusé et que, désormais, Sonne ne reviendra plus. Cependant, je comprenais un peu mieux la colère d’Amon. Quant à moi, je me fis curieux sur ce qui avait pu provoquer la rupture entre la secrétaire de Ricci et le journaliste de Guitar&Pen. Amon n’avait pas vraiment la réponse mais il était clair que si Sonne avait un amant c’est, déjà, qu’il y avait un soucis.

-Certes. Ce n’est pas vraiment le signe d’un couple stable qui s’aime.

Amon affirma que Sonne se plaignait souvent qu’Axel désirait qu’elle passe plus de temps avec ses enfants. Mais Sonne semblait vouloir carrière, amant et famille tout en même temps ce qui, sur 24h, était très difficile à gérer sans laisser quelque chose sur le côté. Un peu comme Stone et ses deux groupes !

-C’est ce que je reproche à Stone… Mais, oui, je comprends mieux ce qui a pu provoquer leur rupture même si je dois avouer connaitre très peu Sonne. Désormais, avec quatre enfants qu’elle devra, au moins à mi-temps, élever seule, elle se devra de faire des choix… Mais ce n’est plus ton problème.

Ça ne l’a jamais été, en soi.

-Mais quelque part, je suis content d’apprendre qu’il y a du grabuge aussi dans la maison BSC.

Car Sonne était la secrétaire de Ricci et Axel un pro-BSC.

-J’ai moi-même rompu également… Mais d’un commun accord. Notre travail nous accaparait trop, Lizzie et moi.

Quand je parlai de la chanteuse de Nelligan et de sa relation avec Ward, il sembla que Tmmy avait les pièces du puzzle qui me manquaient. Car si je connaissais pas mal Ward, je n’avais jamais parlé ni même approché Eleanor Harris dont la carrière ne faisait que débuter. Et entre un gars qui était un psychopathe notoire et une fille qui semblait en proie à un doute permanant, cette histoire n’avait pu finir que par une chute du haut d’une falaise.

Je soupirai.

-Alors est arrivé ce qui devait arriver. C’est bien triste, mais c’est comme ça.

Le pire, c’était que Ward allait encore s’en tirer, sans aucun doute. La presse classique n’avait, dans aucun de ses articles sur le sujet, ne fut-ce qu’insinuer que Ward y était pour quelque chose. Je comptais bien ne pas suivre cette ligne de conduite. Je n’avais pas peur de Ward, bien que je sois au courant de ce qu’il pouvait faire. Bien qu’il risquait, par vengeance, de bien m’amocher sur un ring de boxe.  

Après ça, on parla de The Burning Fire et je ne pus m’empêcher de cracher sur les femmes, de les mettre toutes dans le même sachet. J’avais eu l’impression, ce matin, qu’on avait essayé de me forcer la main, de changer ma vie du tout au tout en employant des gosses en bas-âge pour m’attendrir.

Et je ne m’étais pas attendri… Quelque part, je savais que j’avais pris la bonne décision et en même temps, j’espérais que ça allait aller pour Alan, James, Nelly et Anna…

Bref, tout ça pour dire que la colère me faisait dire des choses que je ne pensais pas. Mais il fallait encore que j’encaisse le coup. J’avais aussi perdu une amante, dans l’histoire. C’était con, on s’amusait si bien ! Pourquoi avait-il fallu que Sonne flanque notre arrangement par terre ?

J’avais bien conscience que ce que je disais était stupide et en plus, Timmy ne se gênait pas pour me le dire. Mais c’était comme ça. Dans quelques jours, quand j’aurais oublié Sonne et son sale coup, ça irait mieux.

Nous étions d’accord pour dire que les choses pouvaient marcher dans les deux sens. Ce n’était pas forcément une histoire de genre.

Après ça, j’essayai de défendre Howard du mieux que je pouvais. Après tout, c’était moi qui l’avais découvert, moi qui lui avais dit d’aller voir Timmy pour qu’il devienne le batteur de The Burning Fire. Mais Timmy soutenait qu’Howard abandonnait un peu The Burning Fire…

-Je sais qu’il n’est pas très productif à ce niveau-là. Il a eu une sacrée mauvaise passe entre la mort de Lola et son accident en Afrique.

Je regardai Timmy dans les yeux.

-Avec Fireworks, il a pu raconter ça. Maintenant qu’il l’a pondu, il va pouvoir faire des choses moins « personnelles » avec The Burning Fire, j’en suis sûr !

Mais de toute façon, Timmy comptait bien secouer tout ce beau monde.

Je lui parlai ensuite, enfin, du coup que Sonne m’avait fait ce matin. J’en voulais à la secrétaire de Ricci d’avoir essayé de m’avoir. Parce que c’était vraiment ce que je ressentais : avoir failli être victime d’une grosse arnaque.

Je grommelai quand Timmy sorti une série de questions qui pouvaient justifier la tentative de Sonne de faire de moi, du jour au lendemain, le beau-père de ses quatre gosses.

-Si tu penses que Stone n’a aucune excuse, alors laisse-moi au moins penser que Sonne n’en a pas plus. Mais comme tu dis, je ne risque pas de la revoir alors, ça a peu d’importance.

Quant à savoir pourquoi elle avait quitté Axel, c’était pour moi un mystère. Je n’avais pas demandé, j’étais trop choqué de la voir sur mon pallier avec ses quatre gosses. Alors je spéculai. Le seul truc que je savais pour sûr, c’était que Sonne voulait à la fois être une mère de famille, une femme indépendante et dieu savait quoi encore.

Je fis la moue quand Timmy fit encore une comparaison avec Howard. Décidément, il lui en voulait.

-Non, ce n’est plus mon problème. Je ne veux plus la voir.

Je rigolai quand il déclara qu’il était content qu’il y ait du grabuge chez BSC.

-Pourquoi tu dis ça ? C’est avec Axel qu’elle rompt, pas avec Daniele Ricci.

Puis il m’annonça de but en blanc qu’il avait rompu avec le Dr. Elizabeth Spencer.

-Oh… je suis désolé de l’apprendre. Vous faisiez un beau couple… Cela dit, si c’était juste pour vous croiser entre deux portes, ça n’en valait pas la peine non plus.

Je soupirai.

-Si on allait boire un café au bistrot d’en face ? Après ça, il faudra que j’écrive sur les morts de Samantha Ricci et Eleanor Harris… Que je trouve les bons mots, tout ça…

Si je défendais la gente féminine, Amon, lui, s’évertuait à défendre Howard Stone. Je savais qu’il faisait ça parce qu’il était responsable du fait qu’Howard soit le batteur de mon groupe mais, aussi, parce qu’ils étaient amis. Mais il devait se rendre à l’évidence que, depuis un certain temps, Stone n’était plus du tout productif avec The Burning Fire. Il ne venait même plus en studio. Mais Amon, encore une fois, balançait ses arguments disant que Stone avait vécu une mauvaise passe entre le décès de Peyton et son voyage qui avait mal tourné en Afrique.

-Je le conçois… Mais son désintérêt pour The Burning Fire date d’avant cette mauvaise passe.

Pour cause le dernier album date de 1982… C’était il y a quatre ans. Peyton est décédée l’an dernier. L’Afrique, c’était il y a quelques mois.

Amon disait qu’avec Fireworks, Stone avait pu parler de tout ça et, désormais, il allait pouvoir se concentrer sur ce qui importe vraiment : The Burning Fire.

-Il a plutôt intérêt pour être tout à fait honnête.

Sinon, je serais obligé de réfléchir à une alternative à Stone et cela allait être délicat. Mais il valait mieux ça qu’un groupe qui ne produit rien.

Ceci étant dit, Amon me parla de sa mésaventure du matin avec son amante. Elle avait eu le culot de rompre leur arrangement en tentant l’acte désespéré d’avoir Amon comme bien plus qu’un amant. Ce que mon meilleur ami avait, logiquement, refusé. Il n’avait point à ce blâmer dans cette histoire… Quant à savoir pourquoi Sonne avait eu l’idée de faire ça, je mis en avant plusieurs possibilités sans savoir si l’une d’entre elle était valable étant donné que je ne connais point vraiment Sonne. Mais Amon voulait penser que Sonne n’a point d’excuses. Qu’il en soit ainsi.

-Comme tu veux.

Ça n’a pas d’importance pour moi. Comme je le dis, je ne connais pas la secrétaire de Ricci. Tout ce que je sais d’elle c’est qu’elle avait un amant et était mariée à Axel Moriarty… Ainsi, qu’Amon remettre toute la faute sur elle n’a pas d’importance pour moi. Tout comme, désormais, Sonne n’est plus le problème d’Amon ce qu’il confirma déclarant qu’il ne voulait plus la voir.

Moi, j’étais simplement content qu’il y ait un peu de grabuge chez BSC mais Amon déclara que c’était avec Sonne qu’Axel venait de rompre et pas avec Ricci.

-Oui, mais la vie personnelle peut parfois empiéter sur le travail. Or, Sonne est la secrétaire de Ricci. C’est une petite victoire mais toute petite victoire est bonne à prendre.

J’affirmai, alors, avoir, moi aussi, rompu mais d’un commun accord. Amon se disait désolé mais comprenait les raisons de ma rupture avec Lizzie.

-C’est ce que nous nous sommes dit.

Et nous nous sommes éloignés en bons termes ce qui est une très bonne chose. Je le vivais bien mieux que ma rupture avec Eileen.

Amon proposa alors d’aller boire un café avant qu’il ne se mette au travail. J’hochai de la tête.

-Avec plaisir. Nous en avons bien besoin.

Nous nous levâmes prêt à faire cette petite pause avant, tous les deux, de continuer notre travail.