J’avais pris une grande décision aujourd’hui ! J’avais téléphoné à Robin North et je lui avais dit qu’il ne devait plus compter sur moi pour la sitcom. Les nouvelles sur une potentielle saison 3 n’arrivaient toujours pas. Je savais que c’était parce que Robin et Sloan avaient de grosses divergences artistiques qui rendait le processus d’écriture très compliqué. Je ne suis même pas sûr que Robin avait encore envie de continuer l’aventure. Il m’avait fait entendre il y a quelques semaines qu’il avait envie de passer à autre chose mais que Sloan, elle, désirait continuer.

Et bien j’avais sans doute régler les choses en refusant de signer pour une nouvelle potentielle saison ! J’avais 15 ans ! J’avais envie de faire autre chose qu’une sitcom ! J’avais le talent pour bien d’autres choses et des rôles bien plus intéressant que le gamin de la famille !

J’étais, désormais, en recherche d’un meilleur projet digne de Ian Hunter ! Un scénario qui en vaut la peine et un rôle d’adolescent et plus d’enfant ! C’est ça que j’avais envoyé mon agent chercher !

Car je n’étais plus un gamin !

-On devrait aller à la fête au yacht de Ricci.

C’est ce que venait de dire Tarah alors qu’elle était installée de tout son long sur mon lit le nez, désormais, hors de son livre de math. Je l’avais invité à venir étudier avec moi chez moi. Etudier, c’était plus drôle à deux et Tarah avait un esprit aussi brillant que le mien !

Sauf que je ne m’attendais pas à ce qu’elle propose d’aller à la fête de Ricci ce qui me fit me retourner vers elle alors que j’étais assis à mon bureau. On était tous les deux seuls chez moi. Maman était partie tout le week-end à Vegas pour un concert. Elle faisait pas mal de concert depuis le début du mois. Et comme elle avait plaqué Tobby Cooper il y a trois jours, j’avais la maison pour moi pour tout le week-end. D’après ce que j’en sais, elle l’avait plaqué parce qu’il était un peu trop conciliant à son goût et qu’ils étaient parfois à cours de conversation au point où ma mère avait fini par se lasser. Tant mieux ! Je n’en pouvais plus de son horrible chien !

Du coup, j’étais tout seul et la proposition de Tarah était tentante ! Très tentante ! Je savais qu’on ne pouvais pas entré à cette fête parce qu’on avait pas 18 ans. Mais on était mature et j’avais déjà réussi à rentrer à une fête chez Ricci. Je pouvais très bien recommencer ! Seul problème :

-Mais Tarah… Tu dois rentrer chez ta grand-mère pour 22h…

Si elle ne rentrait pas, il y allait avoir un problème. Tarah fit la moue. Elle logeait chez sa grand-mère paternelle, ce week-end, parce que ses parents étaient en voyage d’affaire pour MTI à New York.

-Je vais régler ça…

Elle s’empara du cornet du téléphone que j’avais dans ma chambre, composa le numéro de Sonya Shran et lança un simple.

-Mamy… Est-ce que je peux rester jusqu’à demain chez Ian, s’il te plait ?

Je plissai des yeux n’entendant pas la réponse de l’autre côté du fil. Je vis juste un petit sourire s’afficher sur le visage de Tarah quand elle lança :

-Merci, Mamy. A demain.

Et elle raccrocha avant de se lever.

-Elle m’a dit de bien m’amuser ! Alors, on y va ?

J’esquissai un sourire en coin.

-Ouais ! Allons-y !

Et on y alla en taxi qui nous débarqua à Santa Monica non loin de là où se trouvait le yacht de Ricci. J’étais déjà entré ici mais par le mer mais, cette fois, c’est Tarah qui eut comme plan de passer par les rochers.

-On va se casser la figure ! On devrait passer par la mer. Je l’ai déjà fait !

Je vis Tarah faire une moue dont elle avait le secret. Ce genre de moue qui faisait qu’elle ressemblait à son oncle et que, donc, je n’aimais pas voir sur son visage.

-On va se noyer ! Je ne nage pas aussi bien que toi et je n’ai pas envie de tomber malade parce que tu ne veut pas grimper sur quelques rochers.

Je plissai des yeux et on décida de départager à pierre-papier-ciseaux ! Pas de chance pour moi, je choisi la mauvaise pioche en sortant le ciseaux et Tarah la pierre ! Je protestais mais on finit par passer par les rochers.

Ce fut dur et je me plaignis pendant notre escalade et notre descente jusqu’à la plage privée de Ricci. Mais quand on fut les deux pieds dans le sable, je fus satisfait.

-Ian Hunter, 2… Ricci, 0… Sa sécurité laisse toujours autant à désirer…

Tarah esquissa un petit sourire en coin.

-Ouais ! Maintenant, allons dans le yacht ! Je veux voir à qui il ressemble de l’intérieur !

Elle y alla à petit pas alors qu’on essayait de ne pas se faire prendre. On était doué pour ça ! Comme si on avait tous les deux jouer dans un film d’espionnage. Et on réussis à atteindre le yacht sans attirer l’attention. Les gens étaient souvent occupé à causer entre eux alors c’était plus ou moins facile.

A l’intérieur, Tarah réussi à nous avoir deux cocktails à la couleur bleue douteuse. Je me mis à boire et même si c’était dégueulasse, je continuais à boire tel l’adulte que je suis désormais ! Tarah fit de même alors qu’on atteignit le pont du yacht. Il y avait quelques invités ici. Beaucoup que je connaissais. J’ai grandis dans la jet-set. Tarah aussi. On connaissait tout le monde. Mais, encore une fois, personne ne sembla se préoccupé de nous.

-On devrait quitter le pont. Tout le monde va nous voir ici !

Tarah fit à nouveau sa petite moue.

-Mais je veux voir la mer d’ici. Ils ne feront pas attention à nous… Même le serveur semblait s’en foutre que je prenne des boissons, alors…

Je plissai des yeux.

-Il ne sait peut-être pas que tu as 15 ans…

Ce fut à Tarah de plisser les yeux.

-Est-ce que j’ai l’air d’une vieille ?

Je fis la moue. Non ! Bien sûr que non ! J’hochai négativement de la tête alors que Tarah regarda les invités sur le pont. Elle esquissa alors un petit sourire en coin.

-Jimmy Reed est là…

Je regardais dans la même direction qu’elle pour voir que, effectivement, Jimmy Reed était là.

-Normal, il est là à toutes les fêtes de Ricci ou presque !

Elle s’avança alors vers lui… Quoi ?! Mais elle est folle ?! On est censé ne pas se faire voir ! Et même si je pouvais facilement négocier avec mon ami, Reed, pour gagner son silence ce n’était pas une raison pour se lancer dans la gueule du loup.

Mais c’est ce que faisait celle folle de Tarah ! Elle était souvent censée mais parfois, elle faisait des trucs bizarres !

Je la suivis préparant déjà une âpre négociation avec Jimmy pour qu’il ne nous vire pas lançant à Tarah.

-Tu es folle !

Elle ne répondit pas et aborda alors Jimmy.

-Monsieur Reed ! J’avais envie de voir la mer d’ici. Est-ce que vous pouvez vous bouger pour que je puisse me mettre là ?

Je fis une moue perplexe devant la manière dont Tarah s’était adressée à Jimmy. Elle veut quoi ? Que Reed la foute à l’eau ?!

Aaaah enfin notre véritable vie reprenait son cours ! Et le fait que je n’avais pas dû trop forcer pour que Daniele organise, avec moi, une fête sur son yacht était bon signe. Je savais que le meurtre de Samantha l’avait affecté mais ça ne l’avait pas démoli. Non. Il était tout de même resté bien campé sur ses jambes et avec un courage que j’admirais, il avançait…

Tout ce que j’avais à faire, c’était rester gentiment derrière lui, comme un père qui aurait surveillé les premiers pas de son bambins, prêt à le rattraper au vol s’il flanchait.

Une autre bonne nouvelle, c’était que Victoria Hunter, qui avait récupéré, avec le départ de Livia, sa place de seule et unique femme à avoir signé chez BSC (si on ne comptait pas Faith de BleedingHeart que je ne considérais pas comme une femme mais comme un être asexué), avait plaqué cette nouille trop cuite de Tobby Cooper. Ce qui voulait dire qu’elle était de retour sur le marché et que je n’allais pas m’en priver… Même si ce soir, elle était à Vegas.

Ce n’était que partie remise.

Puisque moi aussi, j’étais de retour sur le marché pour des coups d’un soir, de même que Daniele… Bon, pour lui, il était peut-être un peu tôt, mais cette fête était déjà un grand pas en avant.

Je passais de conversation en conversation. Les gens nous congratulaient, Daniele et moi, pour ce magnifique événement.

Il y avait là des chanteurs (Sniper devait trainer quelque part), des réalisateurs (Christopher North, par exemple), des acteurs (j’espérais croiser des gens comme Hugh Crusher), et une flopée d’autres artistes en tout genre. Mais aussi des hommes d’affaires (j’avais envoyé une invitation à Julian Hughes dont la marque prenait tout doucement son essor), des producteurs et investisseurs.

De quoi faire des alliances… De belles alliances.

C’était donc un verre de très bon whisky à la main que je déambulais.

Puis, ayant besoin d’une petite pause, je me postai à la proue du bateau pour admirer le soleil se coucher sur Santa Monica et pour constater, encore une fois, que j’avais la tête délicieusement vide de tout souci. A la limite, la seule préoccupation que j’avais encore, c’était de trouver le garde du corps idéal pour J.R., que je puisse le sortir un peu de la villa où il était, actuellement, surveillé de près par ma mère et la jeune Isabel.

Ce fut la voix d’une jeune femme, alors même que je pensais à Isabel, qui s’éleva derrière moi et je me retournai, surpris qu’elle se soit comme matérialisée hors de mes pensées. Sauf que ce n’était pas Isabel. La fille qui avait parlé n’avait pas le doux accent chantant de ma petite protégée de l’Eastside.

Non…

-Mademoiselle Troi… Désolé, mais je crains que la proue ne soit pas assez grande pour nous deux.

Ce fut les cheveux blonds, pratiquement blancs de Ian Hunter qui attirèrent pour attention légèrement en retrait.

Je fronçai les sourcils.

-Bonsoir, Ian ravi de te voir… Qu’est-ce que vous faites ici, tous les deux ? Je sais pertinemment que vos parents ne sont pas là.

Je pointai Ian du doigt.

-Ta mère est à Vegas.

Puis Tarah.

-Tes parents sont en voyage d’affaire… Vous êtes donc des clandestins sur ce bateau…

Je souris.

-Mais je vais vous laisser essayer me convaincre de la légitimité de votre présence…

Tarah n’avait pas hésité à aller aborder Jimmy Reed alors même qu’il pouvait très bien nous foutre dehors. Elle était complètement folle, parfois ! Ce n’était pas tactique ! Si on veut rester ici le plus longtemps possible, il faut être rusé et savoir à qui se dévoiler. Et si j’avais plus ou moins Jimmy Reed dans ma poche ça ne voulait pas dire qu’il n’allait pas nous foutre dehors parce qu’on ne respecte pas le règlement de son ami le plus proche !

Même si je savais que s’il essayait de nous mettre dehors, je n’allais pas me laisser faire ! On ne fout pas Ian Hunter dehors comme ça même si on s’appelle Jimmy Reed !

C’est avec culot que Tarah demanda la place de Jimmy à la proue du bateau. Mais ce dernier rétorqua que la proue n’était pas assez grande pour elle et lui. Tarah esquissa un petit sourire.

-C’est bien ce que je dis, Monsieur Reed. C’est pour ça que je vous demande de me laisser la place. Je décrète que c’est mon tour de profiter de la proue.

Il y a de la place pour les deux, en réalité. Mais je comprenais que Tarah et Jimmy voulait toute la place. J’aurais voulu toute la place aussi !

Jimmy Reed nous salua et je pris un air sûr de moi et fier en levant le menton comme savait si bien le faire le magnat de BSC. Reed et moi avions une bonne relation. Maman était dans sa maison de disques et il m’avait, notamment, aidé quand j’avais fui l’école il y a quelques temps d’ici.

Il se demandait ce qu’on faisait ici. Comme tout le monde ! On est venu faire la fête ! Il demandait ça parce qu’il savait très bien que les parents de Tarah et ma mère n’étaient pas là. Il savait que ma mère est à Vegas. Un information qu’il a facilement pu avoir vu qu’elle est là-bas pour un concert. Quant aux parents de Tarah… Je ne savais pas comment il savait qu’ils étaient en voyage d’affaire. Mais Jimmy Reed était réputé être le genre d’homme à tout savait sur tout le monde dans la jet-set.

Je lançai alors à Reed.

-On est ici pour faire la fête ! Comme tout le monde !

Tarah, elle, prit un air suspicieux.

-Vous faites de l’espionnage industriel, Monsieur Reed, que vous savez où se trouvent mes parents ?

Elle demanda ça en soutenant le regard de Reed qui nous permit de le convaincre de notre légitimité à cette fête. Pourquoi ne serait-on pas légitime ? Nous sommes nés dans la jet-set et nous y prospérons ! Nous sommes la jet-set ! Comme Reed !

J’avais toujours mon air sûr et digne.

-Je suis un acteur célèbre depuis des années. Je suis, aussi, le fils de Victoria Hunter l’une des meilleures artistes de BSC. Je suis littéralement né dans la jet-set ! J’estime avoir largement ma place ici. J’ai peut-être 15 ans mais certains, ici, sont bien moins mature que moi !

C’était clair ! La dernière fois que j’étais venu ici, j’ai vu des gens faire des choses bien plus stupides que les choses que feraient un enfant de 4 ans ! Alors m’est d’avis que cette limite d’âge n’a aucune sens !

Tarah, elle, fixa Reed. Elle aussi avait un très bon pédigré. Aussi bon que le mien vu que sa mère est actrice et son père homme d’affaire. Mais elle était en mode provocation ! Je connaissais ce mode-là chez Tarah ! Elle pouvait être très énervante !

-On a gagné notre entrée en passant le système de sécurité très médiocre de cette plage privée.  N’est-ce pas suffisant ? Les gens ici entrent comme ils veulent. Nous on a montré qu’on avait la volonté d’être ici en redoublant d’imagination. De tout le monde ici, c’est nous qui sommes les plus légitime parce qu’on a gagné notre entrée.

C’était vrai ! On méritait probablement plus que les autres !

-Puis c’est le meilleur endroit pour faire avancer notre carrière. C’est pas de notre chambre que Ian et moi on va avancer, hein !

Elle dit ça avant de boire une grosse gorgée du cocktail bleu qu’elle avait en main. Je fixai Reed.

-Tarah a raison. Tous les réalisateurs et producteurs sont ici !

Tarah Troi était arrivée derrière moi sans aucune crainte dans les yeux. J’avais déjà croisé plusieurs fois la jeune fille, je lui avais déjà parlé et je savais qu’elle pouvait être provocatrice. Mais sa ressemblance avec son oncle, Stephen Shran, me poussait à lui rendre la vie dure. Je ne la détestais pas, loin de là. Elle était née dans la jet-set, elle y avait une place aussi légitime que moi. En plus, comme elle n’avait que 15 ans, je ne la voyais pas encore comme une femme.

Mais de là à lui céder gentiment ma proue, il ne fallait pas exagérer !

Alors quand, sur un ton solennel, elle annonça que c’était son tour de profiter de la proue, je la regardai droit dans les yeux avec un sourire en coin.

-Un jour, peut-être, quand tu seras une grande dame de Los Angeles et une hôtesse d’importance, peut-être que je te laisserais te placer à côté de moi.

Parce que je la voyais bien devenir ce genre de femme. Une Jessica Hill, mais en mieux. Elle en avait les capacités, je le savais. Or, on pouvait me dire misogyne, mais ce genre de femme ne me dérangeait pas. Au contraire ! Il en fallait pour faire tourner le monde culturel de Los Angeles comme l’avaient fait un jour les grandes aristocrates européennes dans les salons de Paris, par exemple.

Ian, légèrement en retrait, me fis sourire à son tour quand il rectifia son port de tête pour regarder de haut, comme moi je le faisais.

Je leur demandai alors ce qu’ils étaient venus faire ici et la réponse était  très simple : ils voulaient faire la fête.

-Alors vous êtes au bon endroit.

Les yeux de Tarah, eux, s’étrécirent et elle me regarda d’un air soupçonneux. Elle me demanda si je faisais de l’espionnage industriel puisque je savais que ses parents étaient en voyage d’affaire. Je fis un geste vers elle de mon verre de whisky, remarquant au même moment que les deux jeunes avaient chacun des Blue Lagoon…

-L’information est la clé du pouvoir, Tarah. Tu l’apprendras, Ian le sait déjà. Ce n’est pas réellement de l’espionnage industriel. Je n’ai pas besoin de copier MTI. Mais j’aime savoir qui est où et quand.

Comme un joueur d’échec, je me devais de connaître les positions de mes pions, mais aussi ceux de mon adversaire pour essayer d’avoir un maximum de coups d’avance.

Je demandai alors aux adolescents de me convaincre de leur légitimité à la fête de Daniele. Ce fut Ian qui se lança sur un ton presque outré, prônant son droit de naissance. Je lui souris.

-Bon argument. En effet, tu es la jet-set.

Tarah aussi, mais elle préféra critiquer le périmètre de sécurité autour du yacht. Elle pensait que parce qu’elle l’avait déjoué, elle avait gagné le droit d’être ici.

-Mauvais argument. Si on suit cette logique, alors Howard Stone serait légitime ici parce qu’il a accompli le même « exploit » que vous. Non, Tarah. Si vous avez pu entrer, c’est parce qu’on ne peut pas se permettre de transformer cette plage en château fort.

Mais elle rejoint ensuite Ian pour dire que c’était ici, à ce genre d’événement, qu’ils pouvaient faire avancer leurs carrières.

Et Ian renchérit.

-Ça, c’est un bon argument. Si vous avez déjà compris ça, alors vous irez loin.

Je souris.

-A condition de ne pas tomber sur Daniele. Lui ne verra en vous ni jet-set, ni carrière prometteuse. Seulement le lait qui vous coule encore de la commissure des lèvres.

Jimmy Reed ne voulait pas laisser sa place à Tarah. Il disait que Tarah pourra avoir sa place à ses côtés quand elle sera devenue une grande dame de L.A.. Comme ma mère ! Ma mère était une grande dame de Los Angeles et je savais que, de temps en temps, elle partageait plus que la proue d’un bateau avec Jimmy Reed. J’ai 15 ans ! Ma mère est Victoria Hunter ! Je sais parfaitement ce que tous ces adultes font quand ils vont s’éclipser lors de ce genre de fête.

Tarah esquissa un petit sourire en coin.

-Quand je serais devenue une grand dame de Los Angeles, je serais la première à ma propre proue et je ne vous laisserais pas avoir de place. Vous ne partagez pas. Je ne partagerais pas non plus.

Je comprenais Tarah. Moi non plus, je n’aimais pas partager. D’ailleurs, je n’avais jamais partagé de ma vie et ce n’était pas près d’arriver !

J’avais rétorqué directement quand Reed avait demandé ce qu’on faisait ici. Cette question était un peu stupide, non ? On était ici pour faire la fête ! Comme le reste des gens présents ici. C’est ce que je lançai avec assurance alors que Reed disait qu’on était un bon endroit pour ça. Certes… Même si des fêtes le samedi, il y en avait bien d’autres à Beverly Hills, par exemple. Celles de Ricci étaient simplement les plus réputées et celles qui rassemblaient le plus de monde.

Jimmy Reed savait parfaitement où se trouvaient nos parents. Je n’étais aucunement impressionné par ça étant donné que ma mère était dans sa maison de disques à lui et que, donc, qu’il ne sache pas où elle était aurait été très grave ! Mais Tarah, elle, soupçonnais Reed de faire de l’espionnage car son père à elle était le bras droit de Don Hughes. Reed déclara que l’information était la clé du pouvoir. Je le savais, ça et je souris, un peu fier, quand Reed le fit remarqué à Tarah. Il disait aimer savoir qui était où et quand.

-Le savoir c’est le pouvoir. J’applique ça à l’école.

Oui ! Je faisais en sorte de tout savoir sur tout le monde à l’école. Si, au départ, j’avais eu du mal à m’y adapter, j’y faisais, désormais, ma loi ! Et ça même si Monsieur Maguire ne cesse de me mener la vie dure me jugeant toujours sur base du « meilleur élève qu’il a eu » c’est-à-dire mon oncle, Victor Hunter. Je déteste Maguire pour ça ! Il pense que les artistes n’ont rien dans la cervelle alors que c’est totalement faux !

Mais Tarah était toujours sceptique mais ne rétorqua rien. C’est là que Reed nous demanda de lui prouver qu’on avait notre place à cette fête. Je mis en avant mon droit légitime de naissance. J’étais la jet-set ! Dans tous ces gens présents ici j’étais l’un de ceux qui avaient le plus droit à une place ici. Comme Reed, j’étais né dans ce monde. Il confirma que mon argument était bon et j’hochai de la tête.

-Je n’aurais même pas dû avoir à me justifier, d’ailleurs ! C’est dégradant !

Tarah, elle, disait qu’on avait notre place parce qu’on l’avait gagné en entrant ici par une chemin détourné. Mais Jimmy Reed ne valida pas l’argument car ça voudrait dire que Stone était aussi légitime malgré qu’il soit sur liste noire car il avait réussi la même chose. Pourquoi Tarah n’a pas dit qu’elle était une grand actrice et la fille de Marina Troi ? Il faut toujours qu’elle passe par le chemin compliqué !

Tarah plissa des yeux et fit sa petite moue. Ça annonçait une réplique ! Je commençais à la connaitre par cœur à force de la voir presque tous les jours à l’école !

-Se battre et faire des efforts pour gagner sa place est un mauvais argument ? Venant d’un homme qui a toujours tout eu sans lever le petit doigt, ça ne m’étonne pas… Quant à Stone, il n’a pas sa place parce qu’il est en froid avec vous et Ricci. Sinon, il a sa place en tant que rockstar.

J’étais fan de The Burning Fire mais je savais, pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises, qu’Howard Stone n’est pas l’homme le plus intelligent de la jet-set. Mais il fait de la bonne musique. C’est déjà ça ! On ne lui demande rien d’autre, après tout.

Tarah et moi on s’était quand même accordé sur un argument : on était aussi ici pour voir des gens et faire avancer notre carrière. J’avais besoin d’un nouveau projet et je savais que, ici, j’aurais peut-être une chance d’obtenir ce que je veux. Reed confirma la validité de notre argument.

-On est déjà loin ! Mais, oui, on peut aller encore plus loin !

Tarah et moi avions déjà fait pas mal de film et on a que 15 ans. Peu de gens peuvent se venter d’une telle carrière. Mais on peut aller encore plus loin ! Beaucoup plus loin ! On avait le talent pour !

Jimmy disait qu’on ferait quand même bien de ne pas tomber sur Ricci car, lui, ne verra en nous que des enfants.

-S’il essaye de nous sortir, on résistera. Ce n’est pas la première fois que je viens à ce genre de fête. J’étais là à l’inauguration. Je suis déjà venu, aussi, lorsque j’étais plus jeune grâce à ma mère ! Ces fêtes n’ont aucun secret pour moi et je n’ai pas peur de Daniele Ricci.

J’avais des arguments pour qu’il évite de me mettre dehors. Tarah hocha de la tête pour confirmé ce que je venais de dire.

-Qu’il essaye, oui… Il verra ce qui arrive quand je suis énervée…

A nous deux, on pouvait être terrible si on le voulait ! Tarah bus encore une gorgée de la mixture bleu et je le fis aussi même si elle avait bien 30 gorgées d’avances ! Elle esquissa un sourire.

-Alors, Monsieur Reed… Vous qui connaissez tout le monde parce que vous participer à ce genre de fête depuis, au moins, 50 ans… Qui Ian et moi devrions voir pour faire avancer notre carrière dès ce soir ? Et quel genre de projets devions nous accepter pour obtenir les projecteurs sur nous ?  

Je m’étais retourné et élégamment appuyé à la proue pour regarder en face les deux adolescents qui s’étaient incrustés à la fête. Et je rigolai quand Tarah Troi annonça que, quand elle serait une grande dame de L.A., elle ne me laisserait pas la place sur sa proue.

-Je me réjouis de voir ça. Il faudra donc m’inviter pour que je voie ton triomphe en personne.

Je savais que les parents de Ian et Tarah étaient tous absents, ce qui leur avait probablement rendu les choses plus faciles pour se retrouver ici. Mais si cela n’étonna pas Ian que je sache où était sa mère (logique puisque c’était BSC qui avait organisé son concert à Vegas), Tarah, elle me demanda comment je pouvais savoir pour le voyage d’affaire de ses parents.

Je ne dévoilai pas mon secret, mais leur dit ce que Ian savait déjà, que le savoir, c’était le pouvoir. Il disait appliquer cette loi à l’école et je souris, fier de lui.

-Alors personne ne peut rien contre toi, Ian.

Parce qu’il aurait toujours soit un coup d’avance, soit une information sensible sur quelqu’un qu’il pourrait garder comme un as dans sa manche.

Je leur demandai alors de me convaincre que leur légitimité ici et si Ian se débrouilla bien, il trouvait ça dégradant d’avoir à se justifier.

-Pas venant de moi… C’était surtout que je voulais que tu montres à Tarah ce qu’était un bon argument. Sinon, je ne t’aurais pas posé la question.

Parce que l’argument de Tarah, c’était qu’elle méritait d’être là parce qu’elle était passée sous le nez des vigiles de Daniele. Non… Non, ça ce n’était pas une bonne réponse. Parce que si on allait par là, n’importe qui pourrait être légitime sous le seul prétexte d’avoir trouvé une entrée dérobée. Elle me rétorqua qu’elle trouvait, en gros, qu’avoir gagné sa place était mieux que de tout obtenir sans jamais lever le petit doigt.

-Si tu t’étais vraiment sentie légitime… Tu te serais présentée à l’entrée de la plage et serait passée sans rien demander à personne.

Je souris en coin.

-J’ai l’impression d’entendre Shran, quand je t’entends défendre tes mérites. Mais tout le monde, même le dernier des clochards, peut trouver une entrée dérobée, Tarah.

Je ne fis aucun commentaire sur Howard Stone qui, selon Tarah, avait sa place ici en tant que rockstar. C’était vrai. Mais Daniele ne pouvait pas le sentir.

Là où ils marquèrent des points, c’est quand ils affirmèrent être là pour faire avancer leurs carrières, pour se créer des contacts. Une chose que ni Maritza, ni Livia, n’avaient profité pour faire quand leur lien avec moi auraient pu leur ouvrir toutes les portes qu’elles auraient voulu franchir.

Ian disait qu’ils étaient déjà loin mais qu’ils comptaient faire encore mieux.

-Belle mentalité, Ian.

De plus, aucun d’eux n’avait peur de Daniele, ce qui me fit rire gentiment. J’aurais voulu voir ce spectacle, mais ce n’était pas moi qui allais cafter les deux jeunes à mon meilleur ami. Non, car je savais que Ian et Tarah savaient que les opportunités, c’était ici et maintenant. Et ils n’allaient pas gâcher ça en faisant des frasques.

Cela ne les empêchaient pas de bomber le torse en disant, Ian, que ce n’était pas son premier rodéo et Tarah, qu’elle allait faire sortir le Stephen Shran en elle.

-Déjà, je vous garantis mon silence. Donc… Amusez-vous.

Je croyais que c’était fini, mais Tarah voulait des conseils, non sans me faire faire la grimace en disant que je participais aux fêtes depuis 50 ans.

Mais je répondis sans broncher.

-Et bien… Vous êtes tous les deux acteurs… Vous pouvez donc laisser tomber tous les gens qui ont rapport avec le monde de la musique. Mais je pense que Christopher North est là. Ian, je te conseillerais d’aller voir Joe Maxwell qui doit trainer quelque part.

Je regardai Tarah de haut en bas.

-A toi, je ne le conseille pas. Pas parce que tu es en partie Shran… Mais tu es trop jeune encore pour jouer dans quoi que ce soit produit et réalisé par Maxwell.

-Bien sûr que vous serez invité, Monsieur Reed ! Sinon, ça ne sera pas drôle.

C’est ce qu’avait répliqué Tarah avant qu’on ne découvre que Jimmy Reed savait parfaitement où étaient nos parents. Ça rendit Tarah sceptique mais le fait est que Jimmy Reed était réputé pour tout savoir. Et je savais que tout savoir était important et que j’appliquais ça à l’école. Jimmy semblait très fier et ça et disait que, de ce fait, personne ne pourra rien contre moi. J’affichai un sourire fier avant d’hocher de la tête.

Il fallut, ensuite, qu’on justifie notre présence ici. Je répondis que j’avais légitimement le droit d’être ici car j’étais né dans la jet-set et que de devoir me justifier était dégradant. Mais Reed disait qu’il voulait simplement que je montre à Tarah ce qu’était un bon argument. J’esquissai un sourire en coin assez fier d’avoir eu le meilleur argument des deux. Mais Tarah, elle, fronça les sourcils.

-Je n’ai pas besoin de Ian pour avoir de bons arguments !

Pourtant, fort était de constater que mon argument était meilleur que le sien. Parce que Reed ne le trouva pas valable alors que le mien était incontestable. Si on avait mérité notre entrée, on aurait, en réalité, dû rentré par la grande porte ! Je regrettais de ne pas avoir fait ça. J’étais Ian Hunter ! J’aurais dû faire ça. D’ailleurs, Jimmy Reed disait que si Tarah s’était sentie légitime elle aurait dû se présenté à l’entrée de la plage. Elle fit la moue.

-Je suis légitime mais le règlement est injuste ! Tout le monde sait que si on s’était présenté à l’entrée de la plage, on aurait pas pu rentrer !

Tarah n’avait pas tort et j’hochai de la tête.

-Elle a raison ! La sécurité n’aurait pas trouvé notre argument incontestable valable et c’est, d’ailleurs, une totale honte de la part de l’organisateur de cette fête de rejeter des convives né dans la jet-set !

Tarah tiqua alors quand Jimmy la compara à son oncle, Stephen Shran. Je fronçais les sourcils. Il osait insulté mon amie ? Parce que c’était une insulte ! Stephen Shran est loin d’être comme Tarah.

Jimmy disait que même le dernier des clochards pouvait trouver une entrée dérobée. Tarah grommela.

-C’est n’importe quoi…

On affirma, ensuite, tous les deux qu’on était, aussi, ici, pour faire avancer notre carrière. On était déjà loin mais on pouvait faire encore mieux. Jimmy semblait apprécié cette mentalité ce qui m’arracha un sourire en coin.

J’irais loin ! Très loin !

Quant à Ricci, on avait pas peur de lui. Qu’il essaye de nous mettre dehors ! Il verra ! Reed, en tout cas, ne comptait pas nous donner en pâture à son meilleur ami.

-Je savais que je pouvais compter sur toi !

Il m’était déjà venu en aide plusieurs fois. C’était un homme de parole comme il y en a peu dans ce monde !

Tarah demanda alors des conseils à Reed sur les gens à voir. Je connaissais pas mal de réalisateur et elle aussi alors je me demandais bien pourquoi elle posait la question ! Mais Reed y répondit quand même parlant de Christopher North et de Joe Maxwell. Pour moi en tout cas ! Parce que, en ce qui concernait Maxwell, ce n’était pas recommandé pour Tarah. Cette dernière plissa les yeux.

-De toute façon, je n’ai aucune envie de jouer pour Joe Maxwell. Ses films et séries sont débiles. Il n’a aucune talent pour écrire un scénario. Ian a un trop grand talent pour les films de Maxwell et si je veux, moi, me mettre en maillot de bain, je vais à la plage pas sur un plateau de cinéma.

Je savais que Tarah n’aimait pas les films de Joe Maxwell mais, moi si! Je me tournai vers elle.

-J’adore ce que fais Maxwell. Galactic Wars est une très bonne série ! J’irais voir Maxwell. Pour North, j’ai déjà mes entrées. J’ai fais un film pour lui.

Tarah fit la moue. On avait déjà eu de long débat sur Maxwell et elle décida de ne pas s’engager là-dedans devant Jimmy Reed. Elle haussa les épaules.

-Christopher North c’est une bonne idée, Monsieur Reed. Je rêve de pouvoir jouer dans un de ses films. Ou Dylan Turner. C’est un bon réalisateur aussi.

Tarah afficha un sourire et fixa Reed.

-Mais mon but est aussi de percer dans la chanson. J’ai déjà un contrat avec MTI. C’est un nouveau défi. Je vais pouvoir utiliser tout ce que j’ai appris dans ma formation musicale.

Elle était choriste et claviériste de Nameless. Tom Tucker l’avait révélé à la presse. Tant qu’on était à parler entre adulte, je continuais à parler comme un adulte en regardant Reed.

-Et toi, Jimmy ? Comment vont les affaires ?

Je souris à Tarah qui avait bien l’intention de m’inviter à ses fêtes, quand elle en ferait, dans le futur.

-Je suis impatient de voir ça, Tarah.

Elle avait le potentiel pour devenir une grande dame à L.A., elle avait le caractère aussi, pas du genre à se fermer comme une huitre à la moindre petite critique. Que du contraire ! Elle semblait adorer les joutes verbales… Un peu comme son oncle, sauf qu’elle avait une toute autre façon de jouer le jeu.

Même si elle avait encore beaucoup à apprendre, comme je le remarquai en entendant son argument comme quoi elle avait mérité sa place ici parce qu’elle avait déjoué la sécurité. Elle râla qu’elle n’avait pas besoin de Ian pour avoir de bons arguments.

Je la regardai posément.

-Pourtant son argument était valable. Pas le tien.

Ce fut ensuite sur le règlement instauré par Daniele qu’elle pesta. En effet, seules les personnes majeures pouvaient, théoriquement, participer à ces fêtes. Et Ian était bien d’accord avec ça. Ils prétendaient que s’ils s’étaient présentés à l’entrée comme tout le monde, ils auraient été rejetés.

-Ce n’est pas gravé dans le marbre, les amis. Imaginons, vous vous présentez à l’entrée et on vous recale. Il est alors de votre droit de vous choisir une personne garante. Ian me connait. Il connait aussi Christopher North, entre autres. Et toi aussi, Tarah, tu connais du monde. Il suffisait de faire appeler quelqu’un qui vous aurait fait entrer.

Je haussai nonchalamment les épaules.

-Bref, vous êtes jeunes, mais vous avez déjà de très bonnes cartes dans votre jeu. Ne pas les utiliser prouve que vous n’êtes pas encore sûrs de votre légitimité.

Quand je comparai Tarah à son oncle, je la vit tiquer, ce qui me fit sourire en coin. Elle trouvait que mon argument sur les clochards était n’importe quoi. Pourtant, c’était vrai. A moins que Daniele ne décide d’ériger un mur autour de sa plage, l’endroit était bien loin d’être inaccessible.

Mais une chose était sûre, je ne les dénoncerais pas à Daniele et s’il les voyait, je l’empêcherais de les mettre dehors. Il fallait bien que jeunesse se fasse.

Ian était bien content de ça.

On passa alors aux choses plus sérieuses : leurs carrières. Il y avait ici nombre de gens qui pouvaient leur proposer des projets. Ian connaissait déjà North mais Tarah n’avait encore joué dans aucun de ses films. Il y avait aussi Maxwell qui avait le vent en poupe pour l’instant, mais je déconseillai à Tarah d’aller le voir. Pas avant d’être majeure, en tout cas. On pouvait dire de moi que je n’avais aucune morale, je ne voyais quand même pas d’un très bon œil qu’on hypersexualise une ado de 15 ans.

Ian, lui, ne risquait rien.

Mais de toute façon, Tarah ne portait pas Maxwell dans son cœur. Et sa réflexion sur le maillot de bain m’acheva. Je ris aux éclats.

-Tu as bien raison… Mais… Tu réalises que tu parles comme Stephen Shran parfois ? C’est hallucinant, j’ai l’impression de l’entendre.

Ian, lui, aimait ce que Maxwell faisait. Il aimait notamment Galactic Wars…

-Cette série me semble être une bonne façon de continuer sur ta lancée. Elle a beaucoup d’adepte. Et d’après ce que je sais, tu y retrouveras Moriarty… Kraken, dans Keeping Our Lands.

Je souris en coin.

-Peut-être que cette fois, ce sera toi qui le tueras.

Tarah, elle, misait plus sur North ou Turner.

-Deux très bon choix. Ce sont des réalisateurs qui peuvent concourir aux oscars… On ne peut pas dire la même chose de cet outsider qu’est ton oncle.

Tarah m’annonça alors qu’elle allait aussi percer dans la chanson, ayant signé avec MTI. Elle allait pouvoir mettre à profit sa formation musicale.

-Je savais par Marina que tu as appris la musique depuis ton plus jeune âge. Mais fais attention de ne pas t’éparpiller. A terme, il faudra privilégier ce qui va te rapporter le plus.

Et en parlant d’agent, Ian voulait savoir comment allaient mes affaires.

-Mes affaires vont parfaitement bien. Merci de demander, Ian. MTI a subi quelques coups durs ces derniers temps. Ils vont probablement faire quelques bonnes ventes parce que la mort fait toujours vendre mais… ça ne durera pas. J’ai l’album de Fireworks et Roadtramp est aussi en enregistrement.

Je fis une moue de réflexion.

-Ce qu’il me faudrait, c’est une tournée… Si j’avais ça, tout serait parfait.

Tarah fronça fort les sourcils quand Jimmy précisa que mon argument était valable contrairement au sien. Elle aurait eu des flingues à la place des yeux, Jimmy serait mort. Pourtant, il avait raison ! J’avais donné l’argument incontestable et elle avait donné un argument plus bancale.

Mais une chose était certaine : si on s’était pointé à l’entrée, on aurait été recalé ! Le règlement était injuste ! Il prenait l’âge en compte avant le droit de naissance ! C’était une honte ! Je pestai contre ça mais Jimmy Reed disait que tout ça n’était pas grave dans le marbre. Je plissai des yeux l’écoutant nous dire que quelqu’un aurait pu se porter garant de nous. Il disait qu’on avait des cartes dans notre jeu mais qu’on ne les avais pas utilisé prouvant qu’on ne se pensait pas encore suffisamment légitime.

Tarah rétorqua du tac au tac :

-Faire comme ça, ça n’aurait pas été drôle. Quel est le fun là-dedans ? Il n’y a pas de défi.

Moi, je me serais bien passé d’escalader ! J’aimerais pouvoir rentrer par la grande porte ! Et ce n’était pas tant parce que je ne me sentais pas légitime que je ne l’avais pas fait mais pour tout autre chose !

-Les cartes dans mon jeu n’étaient pas fiables ! Tu es le meilleur ami de Daniele Ricci. Je n’avais aucune garantie que tu n’allais pas aller dans son sens. Quant à Christopher North, je le connais assez pour savoir qu’il ne se serait pas porté garant pour moi. Il m’aurait renvoyé à la maison clamant que je suis trop jeune. Jessica Hill, ma marraine, certainement présente ici, ne se serait pas portée garante non plus et m’aurait, aussi, renvoyé à la maison. Le plus prudent était de passer par un autre chemin.

J’avais défendu mon point ! J’étais légitime mais beaucoup d’adultes que je connais ici ne voyaient que mon âge !

Mais Jimmy ne comptait pas cafté notre présence à Daniele Ricci ! C’était une bonne chose. La prochaine fois, je l’utiliserais comme garant maintenant que j’étais totalement sûr de sa fiabilité.

Tarah demanda alors qui on pourrait aller voir pour faire avancer notre carrière. Reed cita Maxwell mais c’était pour moi et non pour Tarah qui, de toute façon, n’aimait pas ce que faisais le réalisateur. C’est là que Reed la compara, encore une fois, à son oncle.

-Je ne suis pas venue ici pour me faire insulter, Monsieur Reed !

Si Tarah ressemblait autant à son oncle, elle ne serait pas mon amie.

-Elle est différente de Shran !

Même si parfois elle lui ressemblait quand elle faisait la moue mais je préférais oublier ce point !

Moi, j’affirmai aimer Maxwell et Galactic Wars. Reed disait que cette série serait une bonne façon de continuer sur ma lancer. J’hochai de la tête avant de froncer les sourcils quand il expliqua que River Moriarty était au casting de la série de Maxwell. Il avait tenté de me faire peur sur le plateau de Keeping Our Lands ! Mais il en fallait plus pour m’abattre surtout que, maintenant, j’étais plus vieux. Je pris un air digne et sérieux quand Reed déclara que, cette fois, ça sera peut-être moi qui le tuerais. Dans le série, bien sûr !

-Ça serait un juste retour des choses ! Il a essayé de me faire peur autrefois ! Mais ça n’a pas marché !

Presque pas marché… Mais ça, personne n’est obligé de le savoir !

-J’irais voir Maxwell ! C’est tout de même mieux qu’une sitcom ! Je suis trop expérimenté pour les sitcoms ! J’ai dit à Robin que s’il comptait faire une saison 3 de How I Met Your Mother, il devra la faire sans moi. J’en avais marre des guests qui n’ont aucune expérience et qui ne sont là que pour attirer de l’audience facile ! Stone avait même du mal à jouer son propre rôle, c’est dire le niveau ! Sans compter Jesse ! Lui c’est une catastrophe !

Et c’était le principal conflit entre Robin et Sloan actuellement… Savoir les guests qu’ils allaient invité sur la, de plus en plus improbable, saison 3.

Tarah, elle, comptait aller voir Christopher North ou Dylan Turner, deux autres grands réalisateurs pour lesquelles j’avais déjà travaillé. Jimmy valida ce choix en taclant Shran au passage ce qui fit faire la moue à Tarah.

-Mon oncle est un grand réalisateur, Monsieur Reed. Il est provocateur et sait raconter de bonnes histoires. C’est pour ça que Spaceship durera encore des années et pas Galactic Wars. Maxwell fait du vu et du revu… Spaceship ça parle de sujets de société. C’est, donc, intemporel.

Tarah n’aimait pas être comparée à son oncle mais elle aimait ce qu’l faisait comme travail. Parfois, je n’arrivais pas à la suivre !

Elle ajouta qu’elle avait aussi l’intention de percer dans la musique. Pour moi, elle allait être celle qui allait réellement rendre Nameless intéressant. Mais Jimmy lui disait de ne pas s’éparpiller.

-Je ne m’éparpille pas, j’élargis mon champs d’expertise. Avoir un pied dans le monde de la musique me permettra, non seulement de me faire de nouveaux liens mais, en plus de m’améliorer dans un domaine qui me sera utile même en tant qu’actrice. Puis, un acteur a souvent des périodes creuses entre deux films. Autant les combler de façon utile. J’aime travailler et me lancer des défis. Je ne suis pas du genre à rester dans ma zone de confort. On évolue pas quand on fait ça.

J’hochai de la tête approuvant Tarah. Je savais qu’elle avait un plan de carrière prévu jusqu’à la fin de ses jours et elle s’y tenait.

-Quant à me diriger sur ce qui me rapporte le plus… Je suis péter de thunes, Monsieur Reed. C’est pas après l’argent que je cours mais après les expériences dans les domaines où j’excelle. Je me fiche du profit.

Tarah parlait comme une adulte. Quelque chose que je savais faire aussi ! C’est pour ça que je le fis demandant à Reed comment allaient les affaires pour lui. Il disait que tout allait bien. Il parla de MTI et des coups durs qu’ils avaient eu. Il y avait eu deux morts chez MTI. La femme de Ricci et une des artistes de Brent. J’avais lu ça dans la presse.

-Mon père dit souvent que la mort rapporte. Peut-être que vous devriez tuer Jackson Holland pour que ça vous rapporte. Il n’a rien sorti depuis son dernier album qui est sorti il y a quelques années. Si vous voulez faire du profit il faut en faire sur les poids morts.

Tarah avec dit ça sur un ton cynique. Je savais qu’elle ne pensait pas réellement que tuer Holland était un bonne idée. Elle faisait encore ça pour provoquer Reed !

Un Reed qui voulait une tournée.

-Fireworks devrait partir en tournée ! The Burning Fire a perdu sa bassiste et je n’a pas encore envie d’attendre deux cents ans avant de voir quelque chose de similaire à mon groupe préféré en concert ! C’est toi le patron, Reed, envoie-les en tournée.

Je voulais qu’ils y aillent et vite !

Puis je lançai :

-Et ma mère fait un série de concert. Elle rapporte aussi à BSC, tu sais. C’est presque comme une tournée ce qu’elle fait.

Tarah me fusilla du regard quand je recalai son argument. Et tout ça m’amusait, j’accueillis donc ce regard avec un sourire. Tant Ian qu’elle avaient encore beaucoup à apprendre sur l’environnement qui les avait vus naître. Même s’ils en connaissaient par cœur les bases, il leur manquait encore cette petite étincelle qui les distinguerait, paillette parmi les paillettes.

Je leur montrai donc gentiment la voie, leur parlant de leurs relations qu’ils auraient pu faire jouer pour entrer plutôt que de le faire comme de vulgaires cambrioleurs.

Mais Tarah ne trouvait pas cela « fun » elle trouvait que ça manquait de défi. J’ouvris la bouche pour répondre, mais Ian aussi voulait défendre son point en disant qu’il ne faisait pas confiance aux cartes qu’il avait dans son propre jeu.

J’attendis une seconde, puis pointai Tarah.

-Il y a bien un défi à relever dans le fait de vous montrer assez confiants pour que personne ne mette en doute votre légitimité à l’entrée. C’est une question de non-verbal.

Evidemment, s’ils se pointaient devant les vigiles en s’excusant d’exister, c’était sûr que ça n’allait pas marcher.

Puis, je pointai Ian.

-Crois-tu vraiment qu’un seul des vigiles de Daniele, qui vous auraient tous les deux assurément reconnus, aurait mis en doute qu’il y avait quelqu’un pour se porter garant pour vous ? Les vois-tu vraiment oser ne fut-ce que mettre un pied sur la plage pour aller me déranger, déranger Christopher ou Jessica pour nous demander si vous pouviez vraiment entrer ?

Je fis un sérieux « non » de la tête.

-Si vous cherchez des moyens détournés pour vous retrouver ici, c’est que vous-même ne croyez pas encore que votre place est ici.

Je pris une gorgée de whisky, faisant cliqueter les glaçons dans mon verre.

Bref, maintenant qu’ils étaient entrés, ils cherchaient le meilleur moyen de faire décoller leurs carrières, si tant était qu’elles devaient encore vraiment décoller. Disons qu’ils étaient plutôt là pour les faire fructifier.

Je comparai encore une fois Tarah à son oncle. Je n’y pouvais rien, ils avaient la même façon de se défendre, les mêmes petits yeux froncés. Sauf que ceux de Tarah étaient bleu… Shran, lui avait les yeux d’un vert vaseux.

Elle prit cela comme une insulte et me fit bien comprendre que ce n’était pas ce qu’elle était venue chercher et Ian, tel Cerbère protégeant la porte des Enfers, renchérit en disant qu’elle n’était pas comme Shran.

Je fis un geste d’apaisement.

-Oh mais je sais bien qu’elle est bien différente de Shran… Ce ne sont que… des petits traits, par-ci par-là… Car à ton âge, Tarah, Stephen n’était personne alors que toi… Regarde-toi…

Je fis un geste englobant le yacht.

-Regarde où tu te trouves ! Et je sais que tu n’es pas là que pour te remplir la panse au buffet.

Ce que Shran et l’autre parasite de chez MTI faisaient, eux, en leur temps… Et peut-être même encore maintenant, d’ailleurs.

Bref, je leur conseillai quelques personnes à aller voir et qui étaient présentes ce soir. Même si je savais que je ne leur apprenais pas grand-chose. Ils savaient qui était qui… Mais les deux natifs de la jet-set qu’ils étaient semblaient déjà maîtriser l’art de la conversation même si parfois, cela se résumait à parler pour ne rien dire… ou pas grand-chose.

Ian était partant pour jouer dans une production de Maxwell… Il était même très emballé, parlant de la sitcom How I Met Your Mother dont il avait décliné la saison 3…

Je repris une gorgée de whisky en regardant un peu dans le vague.

-Ah… pas de saison 3 alors ? Tant mieux parce que cela devenait redondant et le petit Jesse était des plus énervants… Et comme tu le dis, tu es trop vieux pour jouer les gamins.

Je fis une moue de réflexion.

-Il te faut des rôles plus sérieux. Des personnages plus torturés…

Quant au choix de Tarah, je le validai tout en taclant Shran au passage. Mais elle se mit alors à défendre corps et âme celui auquel elle ne voulait absolument pas être comparée… Ainsi que sa série communiste.

-Je vois… Alors tout n’est pas à jeter chez Stephen Shran, selon toi ? Peut-être… Encore faudra-t-il qu’il s’en sorte lors de son procès pour intrusion et coup et blessure s’il veut continuer à pouvoir la diffuser, sa série.

Parce que certaines chaînes risquaient de refuser de la passer si Shran continuait d’entacher sa propre réputation déjà pas très reluisante.

Mais les ambitions de Tarah ne s’arrêtaient pas là. En plus du cinéma et de la télévision, elle voulait mettre à profit ses talents musicaux qu’elle perfectionnait depuis l’enfance. Je la mis juste en garde contre cette diversification. Mais elle défendit son point et je l’écoutai attentivement.

-Expliqué comme cela… Ok… Je valide. Cela te permettra d’avoir du boulot en permanence.

Je haussai les épaules et regardai les dernières lueurs du soleil à l’horizon avant de soupirer.

-Ce n’est pas comme si tu voulais te lancer dans la médecine en même temps que le reste. Tu te maintient quand même dans des domaines complémentaires.

Elle ajouta que son but n’était pas de faire de l’argent. Qu’elle en avait assez. Je souris.

-On en a jamais assez… Jamais. Tu verras… Même ton oncle qui tient le même discours que toi là-dessus n’en aura jamais assez… ne serait-ce que pour, justement, réinjecter cet argent dans les projets qui te tiendront à cœur. Ou pouvoir simplement te passer de producteurs encombrants et te financer toi-même. Tu verras !

Puis Ian me demanda comment allaient les affaires. Je lui répondis comme s’il était mon égal ou quelque chose d’au moins approchant et Tarah me proposa de tuer Jackson Holland pour que ses disques se vendent mieux. Je rigolai.

-J’y penserai, merci pour l’idée.

Ian, lui, voulait une tournée de Fireworks parce qu’il en avait marre d’attendre The Burning Fire.

-Mais Fireworks va tourner. Au moins à L.A. J’ai confiance en Jack Perry. C’est déjà lui qui les a remis sur les rails pour le dernier album. Tu auras l’occasion de les voir. Je t’inviterai en tribune d’honneur, si tu veux.

Là, je savais qu’Howard et David avaient l’intention d’essayer de passer The Burning Fire au défibrillateur, mais ce n’était pas pour autant qu’ils n’auraient pas le temps pour l’un ou l’autre concert avant une véritable tournée.

Ian parla alors de sa mère et je souris gentiment en pensant à notre fameuse Victoria Hunter.

-C’est sûr que ta mère rapporte. C’est une légende. Elle sait comment travailler. Et maintenant qu’elle est débarrassée de ce…

Je souris à Tarah.

-…poids mort de Tobby Cooper qui n’en touche pas une non plus. Elle va pouvoir briller à nouveau dans la jet-set. Etre en couple ne lui va pas du tout…

Puis je regardai Tarah en fronçant les sourcils.

-Qu’est-ce que tu as dit que tu allais faire, toi, chez MTI ?

Jimmy Reed balaya nos arguments en disant que c’était un bien plus grand défi de se pointé à l’entrée et de mettre en avant notre légitimité pour entrer. Cette réflexion fit froncer fort les sourcils à Tarah mais elle ne répliqua rien. Quant à moi, Jimmy disait que, même si mes cartes n’étaient pas fiables, le vigile n’aurait pas osé aller chercher Jimmy, Jessica ou Christopher… Je grommelai :

-Parfois les gens ont du culot. Certains vigiles vous auraient dérangé !

J’en étais certain. Je ne faisais pas confiance aux vigiles de Daniele Ricci ! Et j’aimais avoir le dernier mot aussi !

On parla alors de nos carrières et de comment on pouvait les faire avancer encore plus loin. Ce fut à ce moment-là que Jimmy Reed compara Tarah à son oncle ce qui ne plut pas à cette dernière. Je défendis Tarah disant que, effectivement, elle ne ressemblait pas à Stephen Shran ! Jimmy confirma qu’elle était différente de Shran. Bien sûr ! Bien différente ! Sinon, je ne pourrais pas la piffer ! Il disait qu’à l’âge de Tarah, Stephen n’était personne alors que Tarah, elle, n’était pas ici pour se remplir la pense. Elle haussa les épaules.

-Non. Si je voulais bien manger, je serais resté chez ma grand-mère. Et, effectivement, je ne suis pas personne. Les différences entre moi et mon oncle sont très nombreuses ! Il n’est que mon demi-oncle en plus.

Effectivement. Shran est l’oncle de Tarah mais seulement le demi-frère du père de Tarah. Ils étaient moins apparentés qu’on ne l’imagine.

J’acceptai d’aller voir Maxwell ce soir ! J’avais bien envie de jouer dans sa série de science-fiction. C’était bien mieux qu’une sitcom ! J’avais révélé que je ne participerais, de toute façon, pas à la possible saison de How I Met Your Mother. Jimmy était d’accord sur le fait que Jesse était énervant. C’était un mauvais acteur mais Robin et Sloan s’était toujours contenté de peu juste pour faire des audiences faciles ! Je détestais cette vision des choses ainsi quand Jimmy disait que j’étais prêt pour des rôles plus mature, j’hochai de la tête.

-Parfaitement ! Je suis prêt pour des rôles plus sérieux et plus des rôles d’enfants. Les gens pourront voir à quel point j’ai du talent ! Quant à la saison 3 de la série de Robin et Sloan, elle aura peut-être lieue mais sans moi !

Qu’ils se débrouillent ! Je ne signerais pas un autre contrat !

Jimmy rabaissa Shran mais, cette fois, ça ne plut pas à Tarah qui disait aimer beaucoup Spaceship. Elle et moi avions des grands débats sur ce qui est la meilleure série entre Galactic Wars et Spaceship. Je préférais largement la série de Maxwell mais Tarah n’était pas d’accord ! Jimmy disait que Shran devra s’en sortir avec son procès s’il voulait continuer à diffuser sa série. La presse en avait parlé mais Tarah m’avait donné tous les détails de l’affaire.

-Je ne pense pas que, même si mon oncle est condamné, ça change grand-chose pour Spaceship. Les gens vont voir ça comme une dispute entre deux rivaux. De toute façon, ma marraine saura persuader les diffuseur. Elle a l’habitude. Puis, Spaceship fait de l’audience, il en faudra plus que ça pour dégoûter les diffuseur, je pense. Ils aiment le profit.

La marraine de Tarah est Enora Lee. Et je savais que tout ce que Tarah disait là, c’était les paroles d’Enora Lee. Je savais que Tarah voulait suivre ses traces et devenir, un jour, productrice.

D’ailleurs, elle parla de sa carrière. Celle dans la musique notamment. Et elle se défendit quand Jimmy lui dit de ne pas s’éparpiller. Il valida ses arguments avant de faire froncer les sourcils à Tarah quand il parla de « médecine ».

-Pourquoi je ferais médecine ? Je ne compte pas me lancer dans des études universitaire. Je n’ai pas besoin de plan de secours. Dès que je finis Fairfax, je me concentre uniquement sur ma carrière. Les études universitaire c’est pour ceux qui n’ont pas encore de carrière.

Je fixai Tarah. J’avais compris pourquoi Reed avait parlé de médecine et j’aimais montrer que je savais des choses, moi aussi.

-Il dit ça parce que Livia voulait faire ça avant de changer de filière.

Je le savais parce que j’avais été à l’école à Livia et j’en avais fait une alliée avant qu’elle ne terme l’école pour aller à l’Université.

Tarah roula des yeux.

-Je n’ai rien n’à voir avec Livia. Elle a trahi MTI et Brent… Je l’aimais bien avant. Je l’admirais sur certains points mais c’est terminé tout ça. Elle n’a pas eu de respect pour le travail de Brent, celui de Don et celui de mon père. Puis, elle est partie avec un magnat du pétrole après avoir été faire de l’Humanitaire en Afrique… Je ne veux pas être comme ça.

Mais c’est vrai ce que dit Jimmy ! Tarah est parfois digne de Stephen Shran. Je plissai d’ailleurs des yeux en l’écoutant.

Tarah ajouta qu’elle se fichait du profit mais Jimmy mit en avant l’intérêt du profit. Encore une fois, il avait comparé Tarah à Shran et, cette fois, après ce que je venais d’entendre, je ne le contredis pas !

-Je vous concède ça, Monsieur Reed. Bien que je compte devenir, à terme et quand j’aurais fait le tour niveau acting, un de ces producteurs encombrants. Mais je pars du principe que la musique autant que le cinéma me rapporteront de toute manière alors à quoi bon m’amuser à comparer chaque projet que je pourrais faire pour deux ou trois dollars de différences. Je préfère voir celui qui me plait le plus avant de regarder celui qui me rapportera le plus.

Je me concentrai sur les affaires de Reed et Tarah proposa que BSC fasse du profit en tuant Jackson Holland. Si elle avait été cynique, Jimmy considéré l’idée me faisait rigoler un peu. Il peut aussi tuer Tobby Cooper, au passage ! Ainsi, je serais sûr que ma mère ne se remettra pas avec !

Je poussai, ensuite, Reed à faire tourner Fireworks. Mais ça semblait être prévenu alors je souris, satisfait. Surtout que Jimmy me proposa des places en tribune d’honneur !

-Merci, Jimmy !

Tarah fit la moue.

-Et moi ? Je veux aussi voir Fireworks en tribune d’honneur !

C’était à Reed de décider. Mais si on pouvait y aller tous les deux ça serait encore mieux. Et je tentais de convaincre Reed d’un regard sûr d’un moi et d’un hochement de tête.

J’avais mis en avant que, niveau tournée, ma mère devait largement satisfaire BSC pour le moment. Reed confirma le statut de légende de Maman ce qui me gonfla de fierté. Je ricanai quand il parla de Tobby Cooper en disant que ma mère était mieux célibataire qu’en couple.

-Je ne te le fais pas dire ! Je la préfère célibataire. Elle n’allait quasi plus aux fêtes. Elle restait devant la télé avec Cooper… Il a essayé de m’amadouer mais j’ai vite compris ses limites, à Cooper. On avait rien en commun et il n’avait rien en commun avec ma mère. Puis, il avait un gros chien qui voyageait dans MA villa !

J’étais bien content que ma mère ait fini par le larguer !

Il demanda ensuite à Tarah ce qu’elle faisait chez MTI. Elle esquissa un sourire.

-Claviériste et choriste de Nameless. Je ferais des albums et des tournées avec le groupe. J’ai passé une audition pour ça. Encore une fois, j’ai gagné ma place. La presse pense le contraire mais ils verront !

La presse avait sous-entendu qu’elle avait été prise parce qu’elle était la fille de Stanley et la nièce de Shran, ami de Brent Hughes. Alors qu’elle a réellement du talent !

-Je l’ai déjà entendu. Elle est douée ! Digne de Lola !

Tarah acheva son cocktail d’une traite. Je ne la vis pas jeter un œil sur la plage et, d’un coup, changer de place pour se mettre de l’autre côté de moi comme pour éviter d’être vue de la plage. Je n’avais pas non plus vu que, sur la plage, il y avait Enora… Moi, j’étais contenté sur Reed.

Ian tint à avoir le dernier mot et je le lui accordai gracieusement… Il fonctionnait un peu comme Victor alors si je renchérissais à chaque fois, il allait faire pareil et cela allait être interminable. Mais je pensais bien que mes conseils n’étaient de toute façon pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Il s’en rappellerait en temps voulu.

Tarah, elle, détestait être comparée à son oncle et je soulignai qu’en effet, il y avait des différences entre eux. Nombreuses apparemment. Quand elle évoqua sa grand-mère, je tiquai de l’œil gauche. S’il pouvait exister quelqu’un de pire que Shran, c’était bien Sonya Shran.

Mais je finis par sourire.

-C’est vrai que tu es différente. J’ai appris récemment que, de toute façon, les gènes ne font pas tout.

Je vidai mon whisky.

-C’est ce que tu feras… Ce que vous ferez de vos vies qui comptera.

Ils étaient d’ailleurs là dans le but de faire exactement cela. Et ce fut là que j’appris que Ian ne participerait pas à une possible saison 3 de How I Met Your Mother qui était une sitcom bas de gamme à mes yeux.

-tu as raison, Ian. Je me demande comment quelqu’un d’aussi talentueux que Robin North s’est laissé entraîner là-dedans. Il s’est sûrement laissé aveuglé par Sloan…

Il y avait toujours une femme derrière les projets foireux.

Toujours.

Tarah défendit alors soudain son demi-oncle quand je le critiquai. Elle ne voulait pas lui être comparée mais ne crachait pas pour autant sur ce qu’il faisait. Et elle était persuadée que quelle que serait la peine dont Shran écoperait, sa marraine, Enora Lee, se batterait pour la diffusion de la série.

Je posai mon verre en équilibre sur le bastingage du yacht et me frottai le menton, réfléchissant sérieusement à la question.

-Il est quand même accusé de coups et blessures… Ta marraine aura du pain sur la planche s’il écope ne serait-ce que d’un toute petite peine de prison.

Pour en revenir à Tarah et ses projets, je remarquai qu’elle avait de la suite dans les idées. Tout ça était très prometteur. Bon… Je n’irais pas jusqu’à la faire signer chez BSC parce qu’un jour, elle allait devenir une femme et qu’elle allait probablement poser problème parce qu’elle n’était pas du même genre que Victoria… Elle avait trop de Shran en elle…

Mais j’aurais donné n’importe quoi pour que Livia, par exemple, ait la même vision des choses que Tarah.

Et justement, alors que Livia me revenait sournoisement en tête, je ne pus m’empêcher de revenir sur son projet complètement délirant de faire médecine en plus de chanteuse. Ce qui n’était pas du tout le but de Tarah Troi qui se demandait d’où je pouvais sortir une idée pareille. Et elle avait bien raison !

J’allais m’expliquer, mais Ian me devança.

Et quand Tarah réagit en disant que Livia l’avait déçue, comme elle avait probablement déçu tout L.A., je souris. Elle souligna même la contradiction entre faire de l’humanitaire en Afrique et partir faire sa vie à New York sous l’aile protectrice d’un magnat du pétrole. Elle conclut qu’elle ne voulait pas être comme ça et je pris un nouveau verre de whisky à un serveur qui passait exprès pour me servir et repris mon verre vide.

Je levai mon nouveau verre plein.

-Amen.

Et Livia reparti dans les oubliettes de mes pensées.

Pour ce qui était de l’argent que Tarah avait déjà, elle défendit son point. Elle voulait devenir productrice et ne voulait pas, pour l’instant, choisir des projets en fonction de ce qu’ils rapporteraient. Je la regardai dans les yeux.

-Je suis on ne peut plus d’accord avec toi si on parle de quelques dollars de différence… Ou même de quelques milliers de dollars. Toi comme moi, nous sommes déjà assez riches pour ne pas faire attention aux petites sommes mais… Tu verras, parfois, tu vas te retrouver à devoir choisir entre ton ambition de devenir productrice, parce qu’il faut énormément de fonds pour ça, et ton envie de participer à des projets qui te tiennent à cœur.

Je pris une gorgée de whisky.

-Y aura-t-il un bon choix ? Pas vraiment… Parce que si ça se trouve, au final, ce qui devait rapporter le moins plait aux gens et fini par rapporter plus… C’est le problème de s’investir dans l’art, j’en sais quelque chose.

J’avais investi dans Tobby Cooper et Jackson Holland qui étaient deux stars avant de signer chez BSC et ils ne m’avaient pas rapporté des masses. Au point que l’idée de Tarah de buter l’un ou l’autre ou les deux en était presque séduisante.

Mais non… Je n’étais pas Ward Fleming.

Ian, lui, voulait une tournée de Fireworks. Je lui proposai de venir en tribune d’honneur et Tarah demanda la même chose… Je la regardai, attendis une seconde, imaginai la tête de Stephen Shran s’il apprenait ou la voyait à mes côtés dans la tribune d’honneur puis déclarai :

-D’accord, Tarah. Tu auras ta place.

Avec grand plaisir !

Mes affaires allaient bien, donc, surtout qu’en plus, Victoria avait repris du service après s’être débarrassée de cette loque de Tobby Cooper, ce qui rendait heureux Ian.

-Oui, je connais ce chien. Il n’arrêtait pas d’empester MES studios.

Je voulus savoir ce que Tarah allait faire chez MTI. Elle était choriste et claviériste de Nameless… Je me frottai le menton.

-Mmm… Je pense que c’est un bon investissement de ton temps, en effet… Je ne sais pas ce qu’à bouffé Brent Hughes mais avec ce groupe, il s’investit comme jamais…

Ian disait qu’elle était doué, je hochai lentement la tête…

-Je sais… Je l’ai déjà entendue jouer, il y a longtemps… A une fête chez Marina Troi… J’imagine que tu n’as pu que progresser depuis…

Elle changea de place, la petite Tarah et je suivi le regard qu’elle avait eu vers la plage… Je remarquai alors Enora Lee et souris à la jeune fille.

-Confiance, Tarah. Tu es ici. Tu es avec moi. Je suis garant pour toi. Vous n’avez aucune raison de vous cacher.

Les gènes ne font pas tout. C’est ce que disait Reed alors que Tarah se défendit d’être comme son oncle. Jimmy disait que c’était ce qu’on fera dans notre vie qui comptera. J’hochai de la tête.

-Et on fera de grandes choses !

J’en étais sûr ! A commencer par faire de bien meilleure film et série que ce que j’avais fait précédemment. Comme How I Met Your Mother par exemple dont l’acting n’était pas toujours au bon niveau à cause de ses guests inexpérimentés. J’avais affirmé que je ne ferais pas partie de la potentielle saison 3. J’avais déjà prévenu Robin. Jimmy approuva mon choix se demandant, au passage, comment quelqu’un comme Robin avait pu se faire entrainer là-dedans. Il pensait que c’était la faute de Sloan ce qui fit soupirer faussement dramatiquement Tarah.

-Les hommes sont si faible… S’en est tellement triste !

Je fis la moue en la fixant avant de regarder à nouveau Jimmy.

-D’après ce que j’en sais c’était une idée qu’ils avaient en commun. Robin a du talent pour l’acting mais il rit pour un rien ! Puis, ils sont vite satisfait, tous les deux, du niveau d’acting des guests qui ne font même pas partie du monde du cinéma.

Après ça, Tarah défendit son oncle… Parfois, je n’arrivais pas à la suivre… Un moment elle déteste son oncle et, deux minutes après, elle le critique… Moi, par exemple, je n’aime pas mon oncle alors je ne le défends jamais. Que du contraire, d’ailleurs !

Reed disait que ce qu’avait fait Shran à Maxwell allait mettre à mal Spaceship mais Tarah n’en était pas aussi sûre. Elle disait que sa marraine, qui est productrice de la série, allait convaincre les diffuseurs quelle que soit l’issue du procès. Mais Jimmy disait qu’Enora aura du pain sur la planche si jamais Shran venait à avoir une peine de prison. Tarah esquissa un sourire en coin.

-Croyez-moi, Monsieur Reed… Elle est persuasive.

Tarah avait parlé de ses plans de carrière. Je le connaissais déjà. Il était clair. Le mien était de devenir le meilleur acteur de ma génération alors que celui de Tarah était de faire le tour niveau acting avant de passer à la production de films tout en cultivant ses capacités musicales. Elle ne comptait pas faire d’étude universitaire. Ni moi non plus d’ailleurs ! Ça nous serait totalement inutile. Une vraie perte de temps ! Mais j’avais bien compris, dans le discours de Reed, que quand il parla de médecine, il pensait à Livia. Mais Tarah ne voulait pas faire comme Livia qu’elle détestait depuis le coup qu’elle avait fait à Brent et MTI. Reed semblait approuver les dires de Tarah. Pour moi, Livia n’avait été importante que le moment où on était ensemble à Fairfax.

Tarah ajouta qu’elle préférait faire des projets qui l’intéressaient plutôt que ceux qui rapportaient. Jimmy était en partie d’accord mais disait que, parfois, Tarah devra choisir entre ses ambitions et le fun. Il disait qu’entre les deux, il n’y avait pas nécessairement un bon choix parce que les choses peuvent tourner différemment que prévus. Je me concentrai sur les paroles de Reed. Il était expérimenté et son entreprise prospérait ! Il fallait prendre en compte ce qu’il disait pour évoluer.

-Je saurais faire le bon choix au bon moment, Monsieur Reed. Et je deviendrais productrice. Je saurais m’en donner les moyens. J’ai des années pour rassembler les fonds nécessaire et avoir l’expérience suffisante. J’ai bien le temps pour des projets funs en attendant.

On avait parlé des affaires de Reed. Je voulais une tournée de Fireworks et j’eus la bonne nouvelle que le groupe allait faire des concerts et que Jimmy m’offrait une place en tribune d’honneur. Tarah en voulait une aussi et l’obtins. Elle afficha un petit sourire.

-Merci, Monsieur Reed !

J’avais alors vanté la productivité de ma mère avant de dire à quel point j’étais content qu’elle ait largué Tobby Cooper. Jimmy disait que le chien de Tobby empestait aussi ses studios. Je grimaçai.

-Heureusement que je ne travaille pas là-bas ! Toi, tu vas encore devoir te coltiner ce chien !

Oui parce que ma mère avait largué Tobby mais pas BSC. Moi, j’étais tranquille. Pas Reed.

Jimmy s’intéressa alors à Tarah et à ce qu’elle faisait pour MTI. Elle expliqua ce qu’il y faisait et Reed approuva. Il disait que Brent s’investissait beaucoup avec Nameless.

-Il ne lui reste plus que ça, il faut dire !

Il avait perdu Nelligan et Livia… Il n’avait, donc, plus que Nameless. Tarah plissai les yeux en me regardant avant de reposer son regard sur Jimmy.

-Brent s’investit toujours à fond pour ses groupes et ça depuis le début de sa carrière.

Pourquoi ils n’ont jamais percés ses groupes, alors ? J’aurais bien posé la question si je savais que ça ne nous enverrais pas, Tarah et moi, dans un débat-dispute. A la place, je complimentai le talent de Tarah et Jimmy Reed confirma ce qui fit afficher un grand sourire sur le visage de Tarah.

-J’ai énormément progressé ! Vous le verrez sur le prochain album de Nameless. Je vous inviterais, Monsieur Reed, pour venir voir ça en live, aussi. Vous m’offrez une place, je vous offre une place. Ainsi, nous sommes quitte !

Et moi ? Je me retins de dire ça. Si je disais ça, on allait croire que je suis amoureux alors que ce n’est pas le cas.

Entre temps, Tarah avait changé de place et je ne compris que quand Reed déclara qu’il se portait garant d’elle qu’elle avait dû voir quelqu’un susceptible de la mettre dehors.

-On est légitime ! Ne l’oublie pas !

Tarah fit la moue.

-Ouais… Et je vous fais confiance, Monsieur Reed… Mais je sais aussi que si je me fais voir, je vais me faire ramasser quand mes parents rentreront.

Je levai un sourcil.

-Tes parents t’engueulent ?

C'est de la maltraitance! Tarah plissa des yeux.

-Ouais… Tout le monde n’a pas la chance d’avoir ta mère comme mère, Ian ! Moi, la mienne, elle est sévère.

C’est terrible, ça !

-Demande ton émancipation. J’ai un oncle avocat, si tu veux…

Tarah secoua la tête et fit une grimace.

-Beurk… Victor… Non…

Je la comprenais et m’avouai vaincu sur le coup. Elle se tourna alors, à nouveau, vers Reed après avoir pris, au vol, un verre d’alcool. Du whisky.

-Bon… Où en étions nous ? Ah oui ! Mon talent pour la musique. Pour l’instant, je me concentre sur Nameless… Je vais voir ce que, à terme, ça peut m’apporter… Qu’est-ce que vous pensez du groupe Nameless, Monsieur Reed ? Objectivement, hein ! Pas comme le fait Moriarty…

Moi, elle savait ce que j’en pensais. Je laissai Reed répondre avant de faire en sorte que la conversation revienne sur MES projets. Et alors que j’allais ouvrir la bouche à cet effet, une voix s’éleva non loin de nous.

-Tarah Shran ! Qu’est-ce que tu fous ici ?!

Je me retournai vers la voix ainsi que Tarah. C’était Enora Lee qui se tenait à quelques mètres de nous.

Les deux adolescents étaient prêts à faire de grandes choses, comme le clama Ian. Je n’en doutais pas, ils étaient bien partis pour ! D’ailleurs, Ian commençait à faire le ménage dans sa carrière en ayant rejeté la troisième saison de la sitcom ridicule de Robin North. Je me demandais bien comment un membre de la dynastie North avait pu se laisser entraîner là-dedans. Certainement qu’il s’était laissé influencer par celle qui était devenue sa fiancée.

Tarah en conclut que les hommes étaient faibles sur un ton désespéré… Ce fut à mon tour de la fusiller du regard.

-Peut-être… Mais certains apprennent vite.

Moi, j’avais fait en sorte d’évincer Maritza dès qu’elle était devenue dangereuse pour moi. Pour Livia, ça avait été plus simple : elle avait fui d’elle-même.

J’espérais pour Robin qu’il allait se réveiller et ne plus laisser Sloan décider à sa place.

Ian intervint en disant que l’idée de la sitcom avait germé d’un commun accord entre les deux acteurs mais que ça manquait cruellement de professionnalisme.

-C’était bon pour les ménagères de plus de 50 ans.

On parla un peu de Shran et de la diffusion de Spaceship qui était potentiellement sur la sellette. Mais Tarah faisait confiance à sa marraine, Enora Lee, pour que la diffusion soit maintenue, quoi qu’il arrive à Shran.

Je souris.

-Mais elle ne va pas aller jusqu’à distribuer des tracts pour récupérer ses audiences… Certains fans vont être déçus que leur idole soit une être aussi violent que Stephen Shran et risquent de boycotter.

Quant à devenir elle-même productrice, elle semblait savoir exactement comment s’y prendre pour arriver à ses fins.

-Tu as l’air de savoir ce que tu fais. Maintenant, j’attends de voir.

Ian avait parlé de mes affaires, d’une potentielle tournée de Fireworks et je leur avais promis des places en tribune d’honneur. Ils me remercièrent tous les deux et j’eus un petit sourire en coin en pensant à ce que Stephen Shran en penserait.

-Avec plaisir.

Ian, lui, vantait sa mère et était bien content d’avoir vu disparaître de sa vie alors que moi, j’allais encore devoir me coltiner son chien puant.

-Pas pour longtemps à mon avis. Jackson Holland et Tobby Cooper ne produisent rien et ils coûtent. Daniele ne va pas les laisser jouer longtemps comme ça.

Je m’intéressai un peu à la carrière musicale que Tarah allait entreprendre. Elle allait travailler avec Nameless, le groupe de Brent Hughes. Et je ne pouvais nier l’évidence : le vieil homme s’en sortait pas mal avec ce groupe… Pour la première fois de toute sa carrière.

Ian disait que c’était un peu logique vu que c’était le seul groupe qu’il restait au manager. Tarah, elle misait plutôt sur l’investissement qu’il mettait dans ce groupe.

-Ou alors… Nameless est tout simplement assez bon pour que Brent n’ait pratiquement rien à faire.

Tarah disait avoir énormément progressé depuis la dernière fois que je l’avais vue jouer. Et elle m’invita à venir la voir en live.

-Ce sera avec plaisir. Une place pour une place ? Si tu y tiens…

« On est quitte » était une phrase de Shran. Mais je pensais bien que Tarah avait bien compris, maintenant qu’elle ne pouvait pas nier la Shran en elle malgré ses efforts.

Soudain, il y eut comme un stress. Tarah venait de repérer Enora Lee. Je leur dis de garder confiance et contenance, que j’étais là, qu’ils étaient légitimes. Mais Tarah avait peur des représailles de ses parents. Ce qui étonna grandement Ian qui, je le savais, ne se faisait jamais engueuler par sa mère. C’était plutôt l’inverse.

Je suivais l’échange qui me fit sourire quand Ian parla d’émancipation, de Victor et de voir le dégoût se peindre sur le visage de Tarah.

Tarah qui prit un verre de whisky au vol et reprit contenance. Je fis comme si je n’avais pas vu qu’Enora Lee l’avait repérée et montait sur le pont d’un pas décidé.

-Ce que je pense de Nameless ? Et bien…

Pas le temps d’aller plus loin. Enora Lee intervint en interpelant « Tarah Shran »… Je souris à la productrice.

-Il n’y a pas de Tarah Shran ici. Je ne vois qu’une Tarah Troi ou une Tarah Montgomery, à la limite. Tu ne peux pas interrompre les conversations des gens de cette façon, c’est très impoli, Enora.

Je vis Jimmy foudroyer Tarah du regard quand elle affirma que les hommes étaient faibles. Il affirma que certains apprenaient vite et, comme toute réponse, elle lui souris de toute ses dents sachant très bien qu’elle avait contrarié Reed. Moi je suis un homme mais je ne suis pas faible !

Tout ça pour dire que la sitcom de Sloan et Robin n’était plus de mon âge et que je méritais des projets plus intéressants et ambitieux. Reed déclara que cette sitcom était bonne pour les ménagères de 50 ans.

-C’est souvent le public cible des sitcoms mais Robin et Sloan voulait toucher tout le monde en invitant des guests qui ne sont pas spécialement acteur. Si le public a suivi, j’ai trouvé que la qualité de l’acting s’en ressentais franchement beaucoup !

Une autre série qui allait sans doute être dans la tourmente était Spaceship à cause des frasques de Stephen Shran et Brent Hughes. Mais Tarah disait que sa marraine allait arranger les choses. Reed affirma que, malgré tout, certains fans risquaient de boycotter. Tarah soutins le regard de Reed.

-Les Shippies vont surtout voir que celui que mon oncle à frappé n’est autre que Maxwell… Pour certains, ça sera un acte de bravoure que Shran ait frappé un type comme Joe. Moi, je ne pense pas que ça mettra fin à la série.

Moi, je m’en fichais ! Je n’aimais pas plus que ça Spaceship et je n’avais aucune envie de travailler sous les ordres de Stephen Shran. J’avais déjà donné une fois et ça m’avait suffi !

Tarah avait, ensuite, décrit à Jimmy ses plans de carrières. Pour sûr, elle savait où elle allait tout comme moi !

-Tu verras !

Jimmy avait dit qu’il nous donnerait des places en tribune d’honneur lors d’une des concerts de Fireworks et j’attendais ça avec impatience ! Après quoi, j’avais parlé de ma mère et de Tobby Cooper qu’elle avait récemment largué. Jimmy lui devait toujours se coltiner Tobby et son chien vu que Tobby était toujours chez BSC… Mais plus pour longtemps apparemment. Tant mieux pour lui !

On parla ensuite de Tarah, de Nameless et de Brent. D’après Tarah le vieux manager était bon pour manager des groupes. Je plissai des yeux pas tellement sûr de ça vu qu’il n’avait jamais amené à groupe à devenir mondialement connu. Pour Jimmy c’était peut-être parce que Nameless est bon et que Brent n’a presque rien n’à faire que tout fonctionne bien. Je plissai des yeux pas sûr de ça.

-Moi je n’aime pas plus que ça leur musique. Mais avec Tarah, je suis sûr qu’ils vont s’améliorer. Un manager n’a pas tellement d’importance dans la notoriété d’un groupe. Ils disent que si mais c’est faux ! C’est comme si mes agents avaient quelque chose à voir avec mon succès. Ce n’est pas le cas.

C’était mon point de vue ! Et j’y tenais. Les agents et managers ne peuvent pas te rendre célèbre. Ton talent le peut !

Tarah, elle, vanta ses progrès en musique et proposa à Reed de venir la voir en échange de la place en tribune d’honneur que Jimmy lui avait cédé tout à l’heure. Il accepta.

-Oui, j’y tiens !

Tarah eut alors le besoin de se cacher quasi derrière moi en changeant de place. Elle avait vu quelqu’un susceptible de la foutre dehors. Mais Jimmy était là pour se porter garant d’elle alors elle n’avait rien n’à craindre. Mais elle affirma qu’elle risquait de se faire engueuler une fois rentrée chez elle. Pour moi, c’était limite de la maltraitance et je proposais à Tarah de s’émancipé mais elle ne voulait pas de Victor comme avocat ce que je pouvais comprendre !

Tarah reprit la conversation en demandant l’avis de Jimmy sur Nameless mais il n’eut pas le temps d’achever sa phrase qu’Enora Lee interpella Tarah en l’appellant « Shran ». Elle n’était pas une Shran ! Je fronçais les sourcils alors que Jimmy, lui, remit l’église au milieu du visage.

-Très impoli !

C’est ce que je lançai à la suite de Reed alors qu’Enora fronça les sourcils foudroyant le magnat de BSC du regard avant de s’approcher de nous.

-Marina et Stanley ne seraient jamais, étant mineur, entré en douce à une fête, crois-moi, Jimmy. Elle ne tient pas ça d’eux.

Tarah ne savait pas quoi dire. Elle plissai des yeux et faisant la moue tenant fermement son verre de whisky.

-Tu es partie en douce ? Tes parents sont à New York… Tu étais chez qui ?

Tarah soutins le regard de sa marraine.

-Chez Ian. Mamy m’a autorisé à dormir chez lui et on avait envie de faire la fête ! On est légitime ici… N’est pas Monsieur Reed ?

Enora roula des yeux et grommela le nom de Sonya avant de regarder Reed.

-Tu ne les as pas mis dehors, Jimmy ? Pourquoi ? Ce genre de fête n’est pas fait pour eux. Tu le sais. C’est la seule règle valable du règlement d’ordre intérieur de Ricci. S’ils veulent aller à une fête ils n’ont qu’à aller à une fête d’adolescent. Pas ici ! Il y a trop de dérives ici et tu le sais !

Elle était vraiment fâchée sur Jimmy…

Ian était très critique vis-à-vis de la sitcom dans laquelle il avait joué. Il était vrai que les scénarios n’avaient en général rien de bien original et qu’en effet, certains guests n’étaient vraiment pas à la hauteur. J’avais vu celui avec Eddy Cort et j’avais trouvé ça très (trop) gentil de le mettre dans la peau d’un sympathique jeune déménageur. Non… Non..  Cort, c’est le métal, c’est l’abus d’alcool…

Ce n’est pas un sympathique déménageur.

-Je suis bien d’accord avec toi, Ian.

Pour ce qui était d’une autre série, Spaceship, la jeune Tarha avait bien plus que bon espoir que les frasques de son oncle n’aient aucune conséquence sur sa diffusion. Elle faisait notamment confiance à sa marraine, Enora Lee. Mieux encore, pour elle, et pour les Shippies, frapper Maxwell était un acte de bravoure.

Je la regardai avec un sourire en coin.

-Je ne savais pas les Shippies tant portés sur la tolérance. Je croyais que la série prônait le dialogue avec les autres formes de vie.

Quant à la carrière de Tarah… Elle semblait savoir où elle allait et comptais bien me le prouver.

-Oh mais je suivrai tes progrès avec intérêt !

Tarah qui avait comme projet de jouer et chanter pour Nameless. Un groupe qu’elle défendait notamment parce que le meilleur ami de Shran, Brent Hughes, en était le manager. Pour moi, Brent était juste enfin tombé sur un groupe capable de se gérer lui-même… J’ignorais, bien sûr, volontairement le fait qu’il leur avait organisé un concert dont il avait fait la publicité si bien que ça avait vraiment pas mal marché, ainsi qu’une séance de dédicace à laquelle, justement, Tarah et Ian avaient assisté. Amon Sørensen en avait parlé.

Ian pensait que Nameless allait y gagner à avoir Tarah dans leur groupe. Il pensait aussi que les managers, comme les agents, n’avaient pas tellement d’importance dans la renommée d’un groupe. Je ris et répondit ironiquement.

-On se demanderait bien pourquoi j’engage des managers alors…

Non, Ian avait tort. Les managers étaient importants. Je savais notamment que Jack Perry avait réussi à faire remonter suffisamment la pente à Howard pour qu’il nous ponde un nouvel album avec Fireworks. Et qui plus était, mon meilleur ami, Daniele Ricci, était manager également.

Après un bref échange de places de concert avec Tarah, nous fûmes odieusement interrompus par l’arrivée d’Enora Lee qui appela sa filleule par un nom qu’elle n’avait jamais porté, « Shran ». Je le lui fis remarquer et elle se justifia en disant que les parents de Tarah n’auraient jamais osé s’introduire à ce genre de fête à son âge. Elle ne tenait pas ça d’eux.

-Elle ne tient pas de Shran non plus : elle n’est pas là pour dévaliser le buffet.

Ce fut ensuite à Tarah qu’elle s’adressa, lui demandant des comptes. Apparemment, dans l’histoire, c’était Sonya Shran qui avait merdé.

Je souris, carnassier, à Enora alors que Tarah revendiqua sa légitimité.

-Bien sûr que tu es légitime. Tu es de la jet-set, non ?

Enora me demanda alors des comptes. Tarah avait toujours son verre de whisky en main et Ian, son Blue Lagoon. Lee disait que si les deux jeunes voulaient aller à une fête, ils n’avaient qu’à aller à une fête pour ado.

-Imaginons que je les vire… Qu’est-ce qu’ils vont faire ? Trainer dans les rues ?

Je la regardai droit dans les yeux.

-Ici, tout le monde les connait. Personne n’oserait les embarquer dans des dérives. Et j’aurais eu un œil sur eux de toute façon. Ils sont là pour leurs carrières, ils veulent se faire de liens.

Je ricanai…

-Et si tu crois qu’il n’y a pas de dérives lors de boums d’adolescents, c’est que tu n’y a pas beaucoup participé.

Les jeunes riches qui faisaient le genre de fêtes auxquelles Enora voulait qu’ils participent avaient autant de facilités de se fournir toutes sortes de drogues dures. Ici, Tarah et Ian étaient entourés d’adultes qui savaient qu’il y aurait des représailles de la part des parents si jamais on leur proposait de la drogue ou qu’on leur proposait des choses encore plus sordides.

Je pointai quelqu’un sur la plage.

-Regarde… même Kyle Davis est encore habillé.

Je pris un air fier alors que Jimmy se disait d’accord avec moi en ce qui concernait la sitcom. Au final, je verrais bien si Sloan et Robin continuent sans moi ou non. Dans tous les cas, je m’en fiche !

Quant à Spaceship, Tarah était certaine que les frasques de son oncle n’allait pas mettre un coup d’arrêt définitif à la série. Reed n’en était, lui, pas tellement convaincu mais Tarah était certaine que les fans comprendraient le coup de Shran sur Maxwell. Jimmy, lui, pensait que les fans de Spaceship prônaient les mêmes valeurs qu’il y a dans la série. Comme celle d’utiliser le dialogue avant la violence. Tarah continuai de soutenir le regard de Reed.

-Vous oubliez les passages où, dans la série, ils n’ont parfois pas le choix que de se défendre à coup de phaser contre des gens bouchés et intolérants… C’est comme ça que les Shippies voient Maxwell.

Tarah fit alors le point sur ses projets et Jimmy comptait suivre ses progrès avec intérêt. Je savais qu’il allait faire de même avec les miens. Jimmy avait toujours été intéressé par ma carrière et à raison !

On parla, ensuite, de Nameless, de Brent Hughes et des managers en général qui, pour moi, ne participait que très peu au succès des artistes. C’était mon avis ! Mes agents n’y étaient pour rien dans mon succès. Jimmy se demanda alors pourquoi il engage des managers.

-Pour faire la paperasse et les coups des fils que les artistes n’ont pas le temps de faire.

C’était à ça qu’ils servaient, de mon avis. J’en oubliais toute la partie promotionnelle car j’étais persuadé que c’était le talent qui comptait et non la publicité. Tout comme je n’avais eu aucune complicité avec aucun de mes agents alors je ne voyais pas, non plus, l’aspect émotionnel de la chose.

Après tout ça, Tarah fut rappelée à l’ordre par Enora Lee qui venait nous déranger dans notre conversation avec Jimmy Reed. Ce n’était vraiment pas poli ! Surtout qu’elle avait osé appelé Tarah, Tarah Shran. C’était insultant ! Et elle justifia ça en mettant en avant que les parents de Tarah n’auraient, dans leur jeunesse, jamais fait une telle chose. Mais Jimmy rétorqua que Tarah ne tenait pas non plus de Shran parce qu’elle n’était pas là pour dévaliser le buffer ce qui me fit ricaner. Enora plissa des yeux et montra du doigt le verre de whisky que Tarah tenait en main.

-Mais elle est là pour dévaliser le bar, apparemment, ce qui revient au même…

Tarah fut alors contrainte de passer par un interrogatoire dégradant avant qu’elle ne se révolte en mettant en avant sa légitimité confirmée par Jimmy.

-Oui ! Je suis de la jet-set ! J’ai tous les droits d’être ici !

Enora roula des yeux avant de les froncer.

-Non. Tu n’as pas le droit. Tu es trop jeune. Jet-set ou non, tu n’as pas le droit d’être ici. Et Ian non plus d’ailleurs !

Enora Lee n’avait strictement rien n’a me dire ! Je ne suis aucunement lié à elle d’aucune façon !

-Tu n’es pas ma mère !

Elle fit la moue avant de s’adresser à Reed. Elle le blâma de ne pas nous avoir mis dehors. Elle parla des dérives qu’il pouvait il y avoir à ces fêtes comme si, moi et Tarah, on était stupide assez que pour nous mettre inutilement en danger. On sait ce qu’on fait !

Jimmy se demanda ce qu’on aurait fait si il nous avait mis dehors. Il parla de la rue. Je grimaçai.

-Trainer dans les rues ? Non ! Je ne suis pas du genre à trainer ! Si Reed nous avait viré, j’aurais fait un scandale !

Enora soupira mais ne rajouta rien sur ce sujet avant que Reed ne dise qu’on ne risquait rien ici car tout le monde nous connaissait. Il disait qu’on était là pour notre carrière.

-Faire des liens ? Ici ? Alors que la moitié des convives sont déjà morts bourrés et que l’autre moitié le sera très bientôt et n’aura plus aucun souvenir d’avoir causé avec Tarah ou Ian ? Il auront plus de chance de se faire des liens sur les plateaux de tournage, dans les avant-première ou à d’autres réception moins débauchées que celle-ci où les plus jeunes sont les bienvenus !

Je plissai des yeux. Enora exagéraient ! La dernière fois que je suis venu j’ai pu discuter avec des gens. Même si, c’est vrai, j’avais l’impression que parler de ma carrière ennuyait certaines personnes…

Reed disait que des les fêtes d’adolescents, il y avait aussi des dérives. Enora soutenait son regard.

-J’en suis consciente mais un ado fait le poids contre un autre ado. Dans ce genre de boom, ils ont tous plus ou moins le même âge et Tarah et Ian sont assez intelligent pour ne pas tomber dans l’un ou l’autre vice. Un ado face à un adulte c’est autre chose. Surtout des adultes qui peuvent faire miroiter des choses à deux ados ambitieux.

Enora nous prenait pour des enfants et je n’aimais pas ça. Je savais parfaitement me débrouiller face à des adultes ! Depuis ma naissance, je fréquentes bien plus d’adultes que d’enfants !

Reed pointa alors Kyle Davis et déclara qu’il était encore habillé ce qui me fit rigoler un peu. Tarah, elle, avait le visage fermé surement parce qu’elle se disait qu’elle allait se faire engueuler.

Enora leva un sourcil.

-Kyle Davis n’est pas le pire, ici, Jimmy… C’est juste un camé un peu paumé. Les vrais dangers sont ailleurs. Je parles de gens comme Clayton Gardner ou encore Kate Julian… Et ne me dis pas que tu va faire attention, Reed… Ces gens-là savent se cacher et agir après c’est trop tard ! Cette putain de plage est grande et le yacht aussi ! Utilise le peu de conscience que tu as pour comprendre que malgré ce que tu penses, tu ne pourras pas tout contrôler ici !

Je plissai des yeux Clayton Gardner est un producteur New Yorkais qui s’est récemment installé à L.A.. Mon oncle le connait bien, d’après ce que j’en sais. Moi, je n’ai jamais bossé pour lui. Je ne le connais que de nom.

Tarah soupira.

-On est pas stupide ! On sait faire attention ! On a 15 ans, pas 4 ! Toi aussi tu as du mal avec ça, il n’y a pas que Shran.

Enora secoua la tête avant de foudroyer Tarah du regard.

-Je m’en fiche, Tarah ! Tu viens avec moi. On rentre ! Je te ramène chez moi !

Quoi ?! Elle ose faire ça ? Tarah fronça les sourcils.

-Nan !

Elle leva les yeux vers Reed.

-Monsieur Reed, cette femme n’est pas ma mère… Pouvez-vous la mettre dehors, s’ils vous plait ? Elle devrait être sur liste noire, d'ailleurs...

D’après Tarah, les Shippies voyaient Maxwell comme l’ennemi, un être bouché et intolérant qui ne comprenait que le langage des phaseurs. Une explication qui avait pour but de légitimer la réaction de son oncle face au réalisateur de Galactic Wars…

Je rigolai…

-Je le vois déjà expliquer au juge que Maxwell est ce genre d’ennemi. Est-ce qu’il se prend vraiment pour le Commander T’Kor ?

Mis à part ça, les projets des deux jeunes ne me semblaient pas mal. Ian avait juste du mal à se rendre compte de ce qu’était le travail de manager ou d’agent. Je savais qu’il avait toujours eu du mal avec ses agents et qu’il en avait déjà viré une flopée !

Moi, je savais que sans manager, peu d’artistes iraient loin. Mais Ian pensait qu’ils n’étaient là que pour la paperasse que les artistes n’avaient pas le temps de faire.

Je regardai le jeune homme dans les yeux.

-C’est un peu réducteur, Ian. Qui te dit à quels castings aller ? Qui fait ta promotion auprès des réalisateurs ? Je sais que tu en fais une partie toi-même, mais le reste ?

Nous fûmes alors brusquement interrompus par Enora Lee qui commença à engueuler Tarah. Et limite, à m’engueuler moi pour ne pas les avoir virés. Enora pointa le verre de whisky que Tarah avait en main alors que je venais de dire que contrairement à Shran, elle n’était pas là pour le buffet. Elle ne méritait donc pas de se faire insulter par sa marraine.

Je vrillai Enora du regard quand elle critiqua Tarah et son verre d’alcool en s’adressant à moi.

-Jure-moi, Enora, que tu n’as jamais pris de cuite avant tes 21 ans…

Si elle me disait que c’était le cas, j’aurais du mal à la croire. Comme Ian et Tarah, descendante de deux acteurs très connus, elle était également née dans la jet-set. Elle avait tout eu très vite à portée de main. Je ne pouvais pas croire qu’elle n’ait pas participé à ce genre de fête, ni bu d’alcool avant sa majorité.

Tarah clamait son droit d’être ici. Mais elle se crasha contre le mur Enora Lee qui répliqua que ce n’était pas le cas. Un vrai dialogue de sourd. Elle disait que Ian n’avait pas non plus à être ici. Ian répliqua à j’abondai dans son sens.

-Tu es peut-être la marraine de Tarah, Enora, mais tu n’es rien par rapport à Ian. Tu n’as aucune autorité sur lui.

Je déclarai qu’ils étaient mieux ici plutôt qu’à trainer dans les rues. Quant à Ian, il protesta en disant qu’il aurait fait un véritable scandale. Enora ne croyait pas que c’était ici qu’ils pourraient forger des liens avec des gens du cinéma ou de la musique. Parce que d’après elle, tout le monde ici était déjà bourré ou en passe de l’être.

Je la regardai d’un œil critique.

-Alors qu’est-ce que tu fais ici toi-même, Shippie ? Si ce n’est pas pour parler travail avec les convives ? Shran et toi passez votre temps à nous critiquer, Daniele et moi, mais quand il s’agit de profiter de nos fêtes, vous êtes toujours là.

Bref, tout ça pour dire qu’Enora aurait préféré voir sa filleule à une fête pour ado… Sauf que ce n’était pas pour autant une garantie de sécurité. Combien de fois avions nous entendu parler de drames comme des viols, des overdoses ou encore des accidents de voiture pendant ou après une fête pour ado ? Pour moi, le risque ici était moindre, ou à la limite, équivalent.

Pour Enora, c’était une question d’influence. Un adulte aurait plus d’ascendant sur Ian et Tarah qu’un autre ado…

-Alors tu les connais mal. Parce qu’ils ont du caractère, ces deux-là.

Je leur fis un clin d’œil complice.

-En plus, personne, même pas quelqu’un de vraiment bourré, n’oserait leur faire quoi que ce soit après les avoir vus parler avec moi.

Enora continua en disant que Kyle Davis n’était pas le pire ici. Elle avait plutôt peur de Clayton Gardner ou Kate Julian. Mais quand elle affirma que je ne pouvais pas tout contrôler ici, je tiquai avant de la fusiller du regard.

-C’est faux. Un mot de moi et tous les vigiles et les serveurs qui, eux, ne sont pas en état d’ébriété, seront tout à la protection rapprochée de Tarah et Ian.

Je marquai une pause.

-J’ai ce pouvoir, Enora.

Tarah protesta vivement, accusant Enora de la prendre pour une enfant de quatre ans. Enora, elle, en avait marre de ce cinéma et était prête à repartir avec sa filleule en la prenant par la peau du cul. Ce fut alors que la jeune fille chercha en moi une bouée de sauvetage.

Et je ne pouvais pas faillir à ma réputation. Je devais montrer que j’avais le contrôle.

Je regardai Enora droit dans les yeux.

-Tu as le choix, Enora. Soit tu cesses ton cinéma et tu peux rester, ce qui te permettra de garder un œil sur Tarah et de la ramener, quand elle en aura marre, chez elle en toute sécurité.

Je souris.

-Soit je fais un geste, un seul, et les vigiles te mettent dehors. Et tu perdras tout contrôle sur cette soirée.

Tarah haussa les épaules quand Jimmy lui demanda si Shran se prenait vraiment pour le Commander T’Kor.

-Il est le Commander T’Kor. Il ne le joue pas… C’est ça le truc. T’Kor est entièrement basé sur la personnalité de mon oncle.

Jimmy n’était pas d’accord avec moi concernant les managers. Il mit en avant que mes agents, par exemple, me trouvaient des castings et faisait ma promotion. Je fis la moue. Il avait en partie raison mais les agents étaient, parfois, aussi, contraignant.

-Et parfois, ils t’envoient à des castings qui ne te correspondent pas… C’est là qu’on se demande s’ils sont vraiment utiles !

Pour eux, il faut aller à tous les castings possibles. Sauf que je ne suis pas un acteur aux abois et en quête de visibilité. Je suis visible depuis des années ! Désormais, je peux largement trié mes projets comme je venais de le faire avec la sitcom.

Enora Lee entra alors en scène pour engueuler Tarah. Je trouvais ça dégradant pour mon amie ! Elle était légitime ici, tout comme moi ! En plus, elle l’insulta en l’appelant Shran. Et elle pointa le verre de whisky pour faire la comparaison avec l’oncle de Tarah. Jimmy demanda alors à Enora de juré qu’elle n’avait jamais pris de cuite avant ses 21 ans. Elle soutins le regard de Reed.

-Bien sûr que j’en ai pris avant l’âge de 21 ans, Jimmy ! Mais ce que je veux dire c’est que venir ici pour se saouler ça fait très Shran !

Tarah se défendit mais Enora insista que ni moi, ni elle n’avions le droit d’être ici. Mais elle n’était pas ma mère ! Et c’est ce que je clamai avec force. Jimmy abonda dans mon sens.

-Exactement !

Enora fronça les sourcils.

-Effectivement. Et il a bien de la chance que je ne sois pas lié à lui !

Qu’est-ce que ça voulait dire ça ? Qu’elle m’aurait engueulé si c’était le cas ? Elle aurait essayé qu’elle se serait retrouvé avec un scandale sur le dos ! Car j’en aurais fait un de scandale si Enora Lee aurait tenté ne serait-ce que de lever la voix sur moi !

Enora disait que ce n’était pas ici qu’on allait pouvoir se créer de bons liens. Pourtant, le fait que tout le monde soit rassembler ici prouvait que c’était le meilleur endroit. Je suis certain qu’Enora exagère quand elle disait que tout le monde allait tout oublié le lendemain. Jimmy l’attaqua alors demandant ce qu’Enora, du coup, foutait ici si ce n’était pas pour parler travail. Il mit en avant l’hypocrisie de la productrice ce qui me fit ricaner un peu. Je tenais avec Jimmy dans cette joute verbale.

Enora croisa les bras.

-Je suis ici parce que j’ai des amis qui viennent à ces fêtes. Ils iraient à des fêtes ailleurs j’irais ailleurs. Et si je viens ce n’est pas pour parler travail mais pour me détendre. Je parle déjà travail toute la semaine, Jimmy… Tu crois que j’ai encore envie d’en parler le week-end ? Non.

Enora mit en avant les différences entre les fêtes d’ados et les fêtes ici. Moi, je n’avais aucune envie d’aller à une fête d’ados ! Les ados n’ont aucune conversation intéressante ! Je le sais, je vais déjà à l’école avec des ados… Je ne les apprécie pas ! Et, comme le disait Reed, Tarah et moi on avait assez de caractère pour tenir tête à des adultes. Enora soupira.

-J’en suis consciente. Mais ils restent très jeune. Ils peuvent se faire embobiner.

Je fronçai les sourcils.

-Non. On n’est pas stupides. On ne se fera pas embobiner !

J’en étais certain ! Elle nous sous-estimait !

Jimmy ajouta que personne n’oserait nous faire quoi que ce soit vu qu’on avait parlé avec Reed. Moi, je pensais bien que personne n’oserait rien me faire juste parce que je suis Ian Hunter ! Enora secoua la tête.

-Ah ! Parce que tu crois que tout le monde te regarde, Jimmy ? Plein de gens n’en ont rien à foutre de la conversation qui se passe ici ! Du coup, plein n’auront pas vu que les deux gamins t’ont parlé !

Et elle montra les gens en bas sur la plage qui, en effet, ne regardaient pas vers nous. Je plissai les yeux.

Enora cita certains noms de gens à éviter, apparemment. Comme si j’avais peur de Kate Julian… Je n’ai pas peur d’elle, loin de là ! Je la connais depuis que je suis né ! Elle ajouta que Reed ne pouvait pas tout contrôler ici. Je le vis tiquer ce qui me fit tiquer. Il réfuta les dires d’Enora et il clama que les serveurs seront là pour nous protéger. Je fronçais les sourcils.

-Mais on a pas besoin de protection ! De personne !

Mais Enora semblait ignorer mes dires alors que Jimmy disait avoir ce pouvoir-là. Elle secoua la tête riant un peu jaune.

-Tu as peut-être ce pouvoir, Jimmy… Mais un moment d’inattention est vite arrivé. Et il ne suffit que de ça à un prédateur pour fondre sur sa proie. Et si ça arrive, Jimmy, tu seras l’unique responsable. Parce que tu te seras cru plus puissant et plus malin que tu ne l’es réellement.

Ce fut, ensuite, à Tarah de se révolter avant de demander à Jimmy qu’il ne vire sa marraine. Enora prit un air outré.

-Quoi ?! Mais qu’est-ce qu’il te prend ?

Jimmy donna alors un choix à Enora. Soit elle restait, se taisait et gardait un œil sur Tarah. Soit Jimmy la mettait dehors. Enora se tut et fixa longuement Jimmy avec un regard noir.

Ce fut Tarah qu’elle regarda, finalement.

-Tes parents auront un compte rendu détaillé. Et la productrice en moi n’oubliera pas facilement ça, Tarah. Tu étais ici pour te faire des liens, c’est ça ? Et bien tu n’es pas assez mature pour jouer dans un de mes films. C’est ma conclusion du jour. Tu as « gagné » ça.

Tarah pris un air outré mais aucun mot ne sortit de ma bouche. Enora reposa alors son regard sur Reed.

-Inutile de me mettre dehors, Jimmy. Et je n’imaginais pas que tu puisses tomber plus bas dans mon estime mais, pourtant, tu as quand même réussi cet exploit. Félicitation !

Elle marqua une pause avant de reprendre.

-Je vous laisse. J’ai une conversation importante qui m’attends avec Daniele Ricci.

Elle tourna alors les talons et s’éloigna. Je fis la moue. J’étais certain que Ricci n’allait pas passer au-dessus de Reed et nous mettre dehors.

-Bon débarras !

Tarah, elle, avait le visage fermé et grommela :

-Je vais me faire tuer…

Tarah affirma que son oncle ne jouait pas le commander T’Kor. Il était T’Kor ou plutôt, T’Kor était lui. Je fis claquer ma langue, sceptique.

-Je vois… Et T’Kor est un héros, évidemment, dans la série. C’est tellement pathétique.

A défaut de valoir quelque chose en vrai, après s’être fait réformer de l’armée, il avait fallu que Shran se valorise lui-même autrement.

Ian, lui, pestait contre les agents et les managers. On l’obligeait apparemment à participer à des castings qui ne lui correspondaient pas. Je regardai l’adolescent en passant une main dans mes cheveux.

-C’est pour rencontrer des gens, Ian. Et puis, combien de fois un acteur ne s’est pas présenté pour un rôle qui ne lui correspondait pas et en décroche finalement un autre dans le même film. Un rôle pour lequel on aurait pas pensé à lui. Tu vois ce que je veux dire ?

Enora nous interrompis et commença à engueuler Tarah, Ian et même moi. Elle avait pointé l’alcool que Tarah avait en main pour justifier qu’elle était bien plus une Shran qu’une Montgomery ou une Troi. Je trouvais ça asser hypocrite de la part d’une femme qui avait aussi fait ses frasques en son temps.

Mais elle se justifia juste en disant que se bourrer la gueule à une fête faisait très Shran.

-Tout le monde s’appelle Shran alors, aujourd’hui.

Et je pris une gorgée de whisky comme pour confirmer cela. Parce que tout le monde venait ici pour se saouler. L’alcool  aidait à la conversation, faisaient que beaucoup osaient dire des choses ou se lancer dans des discussions qui n’auraient pas eu lieu dans un milieu sobre.

C’était aussi comme ça que fonctionnait le business.

Ian était outré qu’Enora s’en prenne aussi à lui et je pouvais comprendre. Elle n’était rien, vis-à-vis de lui. Elle n’avait pas d’ordre à lui donner.

Puisqu’Enora trouvait les fêtes de Daniele si débauchées, pourquoi n’allait-elle pas faire la fête ailleurs ? Pourquoi était-elle ici chez les gens que son ex-mari détestait probablement le plus à L.A. ?

Elle disait que c’était parce que ses amis étaient ici. Je souris en coin, cynique.

-Je vois… Les grands principes s’arrêtent là où la détente commence…

Moi, j’étais persuadé que les deux adolescents pouvaient évoluer ici sans se faire avoir par les quelques pièges dans lesquels ils pouvaient tomber. Il y avait suffisamment de gens qui les connaissaient, qui me connaissaient et qui connaissaient leurs parents pour qu’ils soient protégés par nos auras. Personne, pas même Kyle Davis, n’oserait leur proposer de la drogue, par exemple.

Enora, elle, soutenait qu’ils pouvaient se faire embobiner. J’allais réagir, mais Ian le fit à ma place. J’étais sûr qu’ils étaient assez intelligents que pour savoir ce qu’ils pouvaient faire ou pas.

En plus, on m’avait vu discuter avec eux. Mais de ça, Enora était sceptique. Elle disait que tout le monde ne me regardait pas.

Je m’approchai d’elle d’un pas et pointai un index vers le haut.

-Il suffit d’une seule personne, Enora. Une seule personne qui nous aura vus, ce qui est déjà fait, pour que le mot passe de groupe en groupe. A l’heure qu’il est, tout le monde sait que j’ai eu une conversation avec Ian et Tarah et que s’ils sont toujours là ensuite, c’est qu’ils ont ma bénédiction et ma protection.

Sans compter les serveurs et les vigiles qui pouvaient les protéger. Ian réagit, outré, disant qu’il n’avait pas besoin de protection.

-Tout le monde a besoin de protection, dans ce monde, Ian. Tu devrais le savoir, à ton âge et avec ton expérience.

Parce que sa réflexion, là, c’était celle d’un enfant qui veut grandir… Pas d’un adulte qui était encore juste un peu jeune.

Tarah n’en pouvait plus, elle voulait que je vire sa marraine de la fête. Je laissais alors un choix à la productrice.

Enora ne répondit pas dans un premier temps, visiblement choquée. Et elle s’adressa alors à Tarah en lui disant qu’elle venait de se griller les chances de jouer dans un de ses films. Quant à moi, j’étais descendu dans une estime dans laquelle j’étais déjà bien bas, la belle affaire !

-Bonne soirée, Enora.

Elle allait aller voir Daniele, probablement dans une tentative désespérée pour récupérer sa nièce et rentrer chez elle. Mais Daniele n’en ferait rien. Il n’allait pas passer au-dessus de moi tant que les deux adolescents ne faisaient pas de conneries à la Stone, ce qui n’était ni le genre de Ian, ni celui de Tarah.

Tarah grommela qu’elle allait se faire tuer.

-Alors allez-y, les jeunes… Allez faire en sorte que la sanction en vaille la chandelle. Trouvez-vus des projets. Personne ne pourra jamais vous reprocher ça.