Suite à notre dernière rencontre, le célèbre manager de chez BSC nous avaient laissé comprendre, à moi et a Eddy , qu'on avait en main toutes les clés pour prétendre signer chez BSC. Mais suite à nos plaisanteries, nous n'avions pas pu signer le jour même, et Daniele Ricci et moi avions donc convenu un jour pour nous retrouver aux studios BSC et ainsi parler plus sérieusement de ce qu'il allais advenir de Roadtramp, et je l'espérais aussi, pour pouvoir signer chez BSC une bonne fois pour toutes.

L'ambiance à l'appart était devenue des plus festives. Depuis qu'on avait eu le « presque accord » de Ricci The Best pour signer chez lui, on faisait la fête tout les soirs avec le groupe et Zoey. On ne se souciait même presque plus du négatif sur mon compte bancaire. On se disait qu'on aurait bientôt plus le problème récurrent auquel on avais en ce moment même à faire ; le manque d'argent. Quand on vivais à 5 dans un minuscule appartement, et qu'il y en avais qu'un seul sur 5 qui bossais, on se retrouvais vite à sec. Et ses derniers jours, on ne pensait plus qu'à ce qui nous attendais, aux tournées qu'on pourraient faire, aux stades qu'on pourraient remplir, aux soirées qu'on pourrais se payer.. on en oubliais presque parfois qu'on avais pas encore signé pour de vrai.

Le jour J était donc arrivé. Et j'avais pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Faisant ainsi d'incessables vas et viens entre le salon et ma chambre, réveillant par moment les deux autres membres du groupe qui dormaient dans un couchage par terre, tandis qu'Eddy partageait la chambre de mes parents avec Zoey. J'essayais tant bien que mal de trouver sommeil. Mais le stress, plus les grognements de mon ventre, plus stress et encore le stress me maintenait éveillé de force. J'allais devenir fou. Littéralement. Trop de questions trottaient dans ma tête. Moi qui d'habitude était toujours de nature décontracté et posée.

J'étais assis face à la télé, et mon esprit était trop occupé pour que je n'arrive à suivre complètement un programme sans m'en décrocher. L'horloge de la cuisine annonçait les 7 heures du matin. J'avais rendez-vous dans 7 heures. 7 heures.. en même temps ça me paraissait super court, car je savait pas vraiment si j'étais prêt, et en même temps, ça me paraissait une éternité, car j'arrivais pas à fermer l’œil. Tout le monde dormais depuis déjà deux heures, et ma blonde continuait à se consumer au bord du cendrier tandis que mes paupières commençaient à se faire lourdes...

«  Putain.. Clepto ! T'as encore fini toutes les bières hier soir ! » j'ouvrais les yeux, en voyant Eddy fouiller dans le frigo désertique. Je m'étais finalement écroulé de fatigue devant la télé, qui était bien sur restée allumée. Je regardais la télé, les yeux encore embrumés, puis j'essayais de mettre la main sur la télécommande, et j'éteignis celle-ci , sans remords après avoir aperçu la tête de ma mère dans une série TV à deux balles. Puis je me redressais pour m'asseoir, et je regardais  l'horloge.

13H 48.. un typique « PUTAIN MERDE! J'suis à la bourre !! » s'échappa de ma bouche et je me leva du canapé pour aller ouvrir la porte de ma chambre et enjamber les quelques mecs à terre pour attraper un jean et un tee-shirt au pif. Puis tout en sautillant dans le couloir je terminais d'enfiler mon jean et je jetais mon tee-shirt sur le canapé en enfilant celui que j'avais réussi à pêcher dans le tas de bordel qui étais ma chambre. Et j'allais jusqu'au salon et sortais en un éclair de l'appart, me précipitant ainsi jusqu'aux studios BSC.

14H 10, j'arrivais aux studios, à la bourre de 10 minutes.. mais bon. A cette heure là, y'avais pas encore grand monde, alors j'entrais sans problèmes dans les locaux, l'étrange sensation du stress, mélangé à la fatigue et à l'excitation, et j'errais dans les spacieux couloirs à la recherche du manager. Jusqu'au moment ou je l’aperçu dans un bureau, j'entre alors sans frapper, et vint lui serrer la main pour le saluer.

- Salut The Best ! Vous allez bien ?

Je lui adressais un sourire puis je venais m'excuser de mon retard.. je savait pas vraiment si ça faisait longtemps ou non qu'il m'attendais.

Le doux bruit des fléchettes qui s’enfoncent dans la photo de son rival. C’était vraiment un bruit magnifique. Toutes figées dans la figure de Timmy Evans le meilleur manager de MTI. Je n’avais aucun grief contre lui, mais c’était une réelle rivalité qui s’était mise entre nous. Depuis que j’avais essayé de recruter The Burning Fire, nous n’avions fait qu’essayer de s’entre voler nos talents.

J’avais appris qu’il avait approché Jade Hewans ma petite protégée et quand j’avais eu vent de cela j’avais décidé de lui envoyer des fléchettes en pleine figure. Surtout, qu’entre temps, il était lui aussi sur le dossier Roadtramp. Des petites batailles de managers, et comme j’étais le meilleur j’allais gagner. Surtout que mister Evans était maintenant préoccupé par le second coma de Kayden James. Une grosse perte pour la musique actuelle.

D’ailleurs, j’allais faire un vrai pas en avant aujourd’hui. Je comptais faire signer Roadtramp d’ici quelques minutes. Je préférais nettement traiter avec leur batteur, Frank Harrison alias Clepto, plutôt qu’avec le gentil mais naïf Eddy Cort. J’aimais bien Clepto, c’était un jeune gars vraiment bien. Et quand je l’aurai fait signer je pourrais damer le pion à Timmy et le tour sera jouer.

Je n’avais aucune idée de l’heure qu’il était, j’attendais juste patiemment Clepto dans mon bureau. Je jubilais intérieurement de la situation. Roadtramp n’est pas un groupe qui a l’air vraiment difficile donc c’est tout bénéf’ pour moi.

Alors que j’envoyai ma dernière flèche dans la tête d’Evans, j’entendis quelqu’un entrer dans mon bureau. Je me retournai vers le batteur de Roadtramp. Un grand sourire s’afficha sur mon visage surtout quand il vint me serrer la main en m’appelant The Best. En plus il n’oubliait pas vite !

-Je vais très bien Clepto ! J’espère que toi aussi.

Il s’excusa de son retard et je lui fis signe que ce n’était pas grave. Au fond, je n’avais même pas remarqué qu’il était en retard. Je l’invitai à s’asseoir sur la chaise en face de moi.

-Alors. Est-ce que Roadtramp est prêt à faire un album ?

C’était une manière de voir leur ambition et leurs convictions. J’avais appris à voir la motivation dans les tons de voix de gens.

Je me contentais d'acquiescer seulement lorsqu'il me dit qu'il espérais que j'allais bien de même que lui. A vrai dire, je crois que c'était la première fois de ma vie que je stressais.. Pas parce que j'avais réellement peur, mais l'idée même de tout foirer m'angoissait. Parce que Roadtramp était l'une des choses qui me tenait le plus à cœur, et que c'était aujourd'hui que tout allais se jouer.

Mon retard ne le dérangeais pas, moi non plus enfait, mais sait-on jamais. Il m'invita donc à m'asseoir sur la chaise face à lui. Je m'installa donc à mon aise, tout en fixant le manager. Maintenant que j'étais là, le stress commençait petit à petit à de moins en moins se faire ressentir. J'étais sans doute complètement à la masse, où alors je fonctionnais carrément à l'envers, mais Ricci mettais à l'aise, il était de bonne compagnie, c'est aussi ça que j'appréciais chez le manager de BSC.

Il aborda alors le vif du sujet en me demandant si Roadtramp était prêt à faire un album. Mon expression fciale s'émerveilla alors, tandis que je me redressais légèrement sur mon siège, en acquiesçant de la tête tout en accompagnant mes dires.

- Plutôt deux fois qu'une, ouais !

Ces derniers temps avaient été un peu dur à cause de l'accident d'Eddy, mais on avait déjà une bonne setlist de morceaux au point avec le groupe . Et donc, le fait d'enregistrer ceux-ci pour de vrai  m'emballais vraiment. Rien qu'à l'idée de savoir que les gens posséderaient une partie de Roadtramp chez eux, au boulot ou juste dans leur voiture, ca avais quelque chose de magique. Mais ce devait être ça aussi, l'aspect magique du monde de la musique aux débuts. J'étais pas persuadé que des groupes comme The Lightening avaient toujours cette vision là aujourd'hui-même.

Je me sentais quand même obligé d'en toucher quelques mots au manager quand à l'accident de la main d'Eddy. Car si on signais aujourd'hui, il y avais de fortes chances qu'on soit amenés assez rapidement à enregistrer cet album. Mais j'avais beau être carrément je m'en foutiste de tout, j'étais un peu trop perfectionniste quand il s'agissait de Roadtramp, et de ce fait, je voulais attendre que mon pote ailles mieux pour pouvoir faire un premier enregistrement en béton.

- Par contre.. Il est arrivé un truc à Eddy. Il a failli perdre sa main y'a quelques semaines. Du coup, pour l'album, il nous faudra peut-être un peu plus de temps.

Tant qu'à commencer sur de bonnes bases, ça c'était dit.  J'avais beau être le plus grand des menteurs-voleurs-maniganceur et tout ce que vous voulez, encore une fois, la musique échappais à la règle. Et je préférais être honnête plutôt que de nous planter directement.

- Mais sinon.. on est quand même prêts à signer..

J'avais lancé ça sur le ton de la rigolade, tout en affichant un sourire narquois et un air déconneur, mais je n'en pensais pas moins tout de même.

L’expression faciale de Clepto en disait long sur son enthousiasme. Je venais de poser la question idéale pour le mettre à l’aise. Bravo Daniele ! Tu es le meilleur comme d’habitude ! Un large sourire se dessina sur mes lèvres alors qu’il disait que son groupe était prêt. Ils ne manquaient pas d’ambition. En même temps, Roadtramp avait déjà fait ses preuves ces derniers mois. C’était d’ailleurs grâce à leur travail que j’avais Clepto en face de moi dans mon bureau à cet instant précis.

-Magnifique ! On est déjà sur la même longueur d’onde.

Je me mis à l’aise, croisant mes jambes sur mon bureau et mes bras derrière ma tête. Je savais que Clepto s’en foutait des manières, donc à quoi bon faire semblant d’en avoir. J’aimais être relax et le montrer. En même temps, je prouvais que j’étais bien différent de tous ces types coincés qui travaillent habituellement dans les maisons de disques.

Je me demandais, au fond, si Clepto (et en même temps tous les autres membres de Roadtramp) savait dans quoi il s’embarquait. Etre rockstar n’est pas simple comme métier. Certes, la célébrité est quelque chose de génial, mais elle avait des mauvais côtés. Mais bon ce n’était pas le moment de lui parler de ça. Il verra bien ça de ses propres yeux en temps voulu.

Clepto me mis au courant de l’accident de main qu’avait eu Eddy. Je crois avoir vaguement entendu ça. Mais l’entendre de la bouche de Clepto rendait les choses bien plus réelles. Cet accident allait ralentir la sortie du potentiel album. Mais, pour rassurer le batteur, je gardais mon grand sourire.

-Tu sais Clepto, le but est qu’on sorte des albums plus vite et mieux que la concurrence. En face, pour l’instant, leur groupe phare est The Lightening. Or, leur dernier album date de 1979… Et le prochain peine à sortir. Je suis sûr que la main d’Eddy ne prendra pas deux ans à revivre. Et c’est le principal pour moi. Vous serez toujours plus rapide que Lighter et compagnie.

J’avais confiance. Roadtramp aura le temps qu’il faudra pour faire son premier album. Les fans sont toujours patients pour le premier album. C’est après que ça se complique parce qu’ils en veulent toujours plus.

Malgré sa révélation sur l’état d’Eddy, Clepto disait qu’ils étaient quand même prêts à signer. Je laissa quelques secondes de suspens avant d’ouvrir l’un des tiroirs et sortis une boîte de cigare. J’en pris un et l’allumai. J’en fumai un peu avant de regarder Clepto dans le yeux.

-Ok, je n’ai aucune exigence. Juste que vous bossiez assez pour être en forme pour les concerts et que vous puissiez être capable de sortir des albums plus vite que mister Lighter.

La fumée envahissait tout doucement l’endroit.

-Une préférence pour le montant de vos premiers salaires ?

Je devais aussi m’occuper de la partie économique.