Les bureaux de Brown Sugar Corp. étaient d’une couleur bien monotone. C’est bien pour cela que j’avais le mien, à moi tout seul, que j’avais arrangé à ma sauce. On pouvait y voir des récompenses, des maquettes de voitures et des dossiers mis en désordre un peu partout. C’était mon bureau, quoi, et personne n’avait le droit d’y rentrer sauf s’il y était invité.

Nos affaires allaient bien même si notre principal rival, MTI, disposait désormais des meilleurs groupes du moment. Ils avaient The Lightening qui confirmait peu à peu leur nouveau rang de stars. Mais, surtout, ils avaient Burning Fire qui lui était confirmé et posaient moins de problèmes que les membres de The Lightening. Burning Fire était une valeur sûre et je n’étais pas vraiment content qu’il soit chez nos rivaux.

C’est d’ailleurs pour cela que j’avais décidé de parler un peu avec le chanteur et guitariste du groupe, Kayden James. J’avais l’intention de le faire signer avec nous et de lui faire rompre son contrat avec MTI. J’avais des arguments… Je n’avais pas été élu manager de l’année pour rien.

On aurait pu croire que le meilleur argument pourrait être l’argent, mais je savais pertinemment que les rockstars ne pensaient pas prioritairement à cela. Ils aimaient avoir un endroit où pouvoir exprimer leur créativité. Ils aiment avoir des filles, de l’alcool et autre.

J’avais donc contacté James afin de lui fixer un rendez-vous. Il devait venir dans mon bureau. Je ne lui avais encore rien dit de bien précis sur cette entrevue. Juste que j’avais quelques propositions à lui faire.

Nous ne nous étions encore jamais vu mais, quelque part, c’était comme si on se connaissait déjà. Lui était connu depuis un moment déjà et, moi, j’étais moi-même réputé pour avoir était le manager de très grand groupe de rock. Ce ne serait donc qu’une entrevue entre deux personnes connues. Lui pour sa musique, moi pour mon travail de manager.

Et, alors que j’étais perdu dans mes réflexions, on toqua à la porte. C’était ma secrétaire qui m’annonça l’arrivée de Kayden. Je lui affirmai qu’elle pouvait me l’amener.

Aujourd'hui était un jour assez particulier. Cela faisait maintenant plusieurs jours que le manager le plus connu de BSC m'avait contacté... Sans me dire exactement pourquoi. Mais... C'était pourtant plutôt clair, même sans être dit. Quand un des managers les plus efficaces te contactais, te disant qu'il avait des propositions à te faire, ça signifiait qu'il était bien déterminé à te faire des offres qui te ferait quitter ta maison de disques actuelles.

Je connaissais bien Daniele Ricci, tout du moins, de nom. Il était le manager au sommet de BSC, il avait une sacrée réputation... Il savait se montrer persuasif, et je pense, un des rares qui savait que l'argent n'était pas forcément le meilleur des éléments dans un contrat. Bien sûr, ça jouait énormément – mais ce n'était pas la seule valeur à prendre en compte. En tant que rockstar, maintenant confirmé, l'argent... C'était pas ce qui m'attirait le plus.

Je redoutais un peu notre rendez-vous. Après tout, même si je savais que j'étais plutôt déterminé à rester chez MTI, je connaissais plutôt le genre de mec qu'il était, et je pense qu'il n'allait pas lâcher l'affaire facilement. J'avais mes arguments, mais j'étais sûr qu'il avait également les siens... De plus, j'étais seul. En fait, je redoutais ce moment, oui, mais en même temps, j'étais assez pressé de « l'affronter », en quelque sorte. Je pense que ça devrait être assez intéressant...

Une fois arrivé à BSC, je reçus pas mal de regards autour de moi, qui étaient un peu du genre, qu'est-ce qu'un artiste de MTI vient faire ici ? Mais bon, c'était assez normal qu'ils se le demandent, je pense. La secrétaire de Ricci me fit patienter un moment, avant de revenir et me dire que je pouvais aller dans son bureau. Je pris ma respiration, avant de me diriger vers son bureau, et d'y entrer. Une fois arrivé devant Ricci, je lui tendis ma main afin de serrer la sienne.

« Bonjour... Enchanté d'enfin vous rencontrer. »

C'était de simples formalités, et j'attendais d'en savoir un peu plus ; m'asseyant une fois qu'il m'avait fait signe, impatient de savoir quelles étaient ses propositions dont il m'avait parlé il y a quelques jours.

J’avais enfin Kayden James en face de moi. Il ne se montra pas timide, au contraire, il me tendit directement la main en envoyant une formule polie. Je lui souris aimablement et serrai sa main. Je lui fis signe de s’assoir en face de mon bureau.

-De même.

La politesse de Kayden confirma mon intuition, mais aussi ce que disait les médias sur lui. Il était décrit comme quelqu’un de sympathique et qui ne se prenait pas trop la tête avec tous ces trucs de célébrité. Le genre de mec qui avait gardé sa façon d’être et son intégrité malgré que tout les médias soit braqués sur lui. Cela me prouvait bien qu’il avait le mental pour tenir sur la longueur. De plus, il était déjà confirmé et donc je ne risquais aucune surprise. Preuve que moi choix était minutieusement calculé.

-Je t’ai appelé pour te faire part de l’intérêt de notre maison de disques pour ton groupe.

Ca, j’étais sûr qu’il l’avait déjà déduit depuis longtemps. C’était évident. Il fallait désormais que je sois persuasif. Que je lui propose des choses que lui et les autres membres de son groupe n’avaient pas encore. Et, pour ça, je pouvais compter sur mes connaissances approfondie de notre rival. MTI payait plus que bien ces artistes mais ils avaient aussi des défauts.

-Toi et les autres avez un style de musique qui marche très bien, vous êtes constant, vous vous démener sur scène, vous êtes à l’heure… Que demander de plus d’un groupe ?

Je souris. Mes compliments étaient sincères et j’espérais qu’ils les appréciaient.

-Bien sûr, je sais que je vais devoir te convaincre. Ma première proposition est une légère augmentation de salaire. Mais ce n’est pas tout.

Mon sourire s’élargit. Je savais que l’argent ne suffirait pas. Mais ce n’était qu’un début. Je voulais voir à qu’elle point il était fidèle à MTI en lui distillant mes arguments un par un.

Je m’interrompis et me levai. J’allai ouvrir une armoire où se trouvais diverses boissons et sortis une bouteille de whisky.

-Tu veux un verre de whisky ?

Je voulais le mettre le plus à l’aise possible.

Une fois assis, j'étudiais un peu tout ce qu'il y avait autour de moi ; son bureau était un reflet parfait de son parcours rempli de réussites. Quelque chose d'assez professionnel, mais il avait aussi su en faire quelque chose d'également personnel. En fait, on pouvait directement confirmer le genre de personne qu'il était rien qu'en voyant son bureau. Comme quoi, cet home allait vraiment être un challenge.

Une fois qu'il commença à me parler, je l'écoutais attentivement, sachant à peu près à quoi m'attendre, et comment il allait à peu près fonctionner. Déjà, il avait commencer par me parler de l'évidence même. La raison pour laquelle il m'avait appelé ; même s'il avait parfaitement conscience que je le savais déjà.

« Bien sûr. C'est pour ça que j'ai accepté de venir. Je suis prêt a entendre ce qu'on peut me proposer. »

J'y avais longement réfléchi ; même si j'étais vraiment déterminé à rester chez MTI, j'étais quand même prêt à entendre ce qu'un manager très réputé avait à me dire. En fait, ce n'était pas vraiment quelque chose que l'on veut refuser. Connaissant le type de gars qu'il était, j'étais sûr qu'il avait bien préparé ce qu'il voulait me dire ; et que, je pense, il était plutôt informé sur mon cas. Il savait comment on fonctionnait un peu, tous, en tant que rockstar. Et c'est pour ça que ce qu'il dit ensuite, me fit légèrement sourire ; il savait que l'argent était important, mais qu'il y avait bien d'autres choses, qui, aux yeux de personnes comme moi, pouvait se révéler beaucoup plus attirant.

« Effectivement, je me doute que s'il n'y avait que cet argument-là, je ne serais pas ici aujourd'hui, car c'est assez mince. Je t'écoute. »

Je m'étais mis au tutoiement, aussi. Après tout, je voyais qu'il avait envie de me mettre à l'aise, de me sentir en confiance, et de se montrer plutôt sympathique à mon égard – il avait tout à y gagner. S'il avait les bons arguments, il savait que, même si j'étais déterminé, certains points pourrait jouer en sa faveur. Mais, même s'il avait sa propre tactique pour cela, les compliments qu'il me fit étaient sincères, ça se voyait, et ça, ça faisait toujours très plaisir à entendre.

« Merci, j'apprécie... On fait de notre mieux, et tant que ça marche, on continue dans la lancée. »

Je savais que, même s'il voulait me mettre à l'aise, et même si ça fonctionnait, lui, tout comme moi, on aurait toujours ce genre de compétition intérieure, qui consistait à tester l'autre, et à quel point l'autre était déterminé à réussir.

« Oui, avec plaisir. Merci. »

Nous étions désormais au clair sur les raisons évidente de cette entrevue. Les formalités étaient donc faites.

Comme je l’avais prévu, il était prêt à entendre mes propositions, preuve qu’il était aussi très bon en affaire. Certains rockeurs étaient devenus très fort en affaire après quelques tournées et quelques disques. Pour certain, les affaires étaient innées. Je ne savais pas vraiment dans laquelle de ces deux catégories était Kayden mais, une chose était sûr, il voulait bien entendre ce que j’avais à lui dire et c’était un bon point pour lui.

Pour l’instant, tout marchait selon me schéma pré établit. La proposition de l’augmentation de salaire n’était pas suffisante et il attendait la suite. J’esquissais un sourire. Je commençais à bien aimer ce gars là. Ce que je détestais, c’était les petits imprévisibles, il y en avait certain à BSC… Dont moi je crois… Mais je ne dois pas faire affaire avec moi-même alors ça allait.

Kayden appréciait les compliments tout en restant modeste. Ca aussi c’était une qualité qui pouvait ce perdre quand on devenait célèbre. Moi-même je ne l’étais pas… En fait, je ne l’avais jamais été… Mais Kayden, lui l’avait conservé.

Je nous servis un whisky avant de m’assoir à nouveau en face de lui.

-Je t’aime bien, Kayden. T’as le sens des affaires.

Je rassemblais mes idées. MTI disposait de quelques défauts parfois décrier par certain de leur manager et artiste. J’allais me baser là-dessus pour recruter James et ses amis.

-Je sais que MTI te fais enregistrer dans un de leur studio. Je sais aussi que leur organisation ne vous permet pas, à toi et les membres de ton groupe, de pouvoir constamment enregistrer ensemble. Ici, vous pourrez disposer de votre studio quand vous le désirer et procéder de la manière qu’il vous plaira.

J’avais bien d’autres arguments. Mais celui-là était très bon. J’avais entendu un groupe du MTI ce plaindre de l’organisation des studios de notre rival.

-Qu’en penses-tu ?

Mon sourire s’élargit et je regardais Kayden droit dans les yeux tout en buvant de temps à autre des coups de whisky.

Je me demandais quels arguments il allait m'exposer. Je pense qu'il avait vraiment bien préparé cet entretien, et je me demandais donc vraiment à quel point il était informé des conditions de travail de certains artistes comme nous, chez MTI. Car, pour avoir voulu me voir, je pense qu'il était sûr de lui, et qu'il avait, de source sûre, de bonnes informations, assez pour les contrer et me proposer mieux. C'était pour cela que, malgré ma détermination, je savais que cela allait être compliqué de me 'battre' avec lui, en quelque sorte. Surtout en étant seul, et pas avec les autres mecs du groupe.

En fait, je ne pensais pas que j'allais être déçu, aujourd'hui. Quelque soit l'issue de cette entrevue, il était franchement très bon en affaire, et c'était quelque chose de vraiment bon à voir de soi-même, honnêtement. Je savais que c'était précisément ce sens des affaires qui l'avait mené à être le meilleur, et à avoir eux aussi, à BSC, de très bons artistes.

Prenant le verre de whisky qu'il m'avait tendu, je souriais une nouvelle fois. Décidément, il y allait avec les compliments...

« Merci. Pas autant que le meilleur manager du moment, toutefois. »

Je lui disais ceci en le regardant, un autre sourire sur mon visage avant de boire un peu de whisky. Lorsqu'il reprit la parole, j'écoutais attentivement – je voulais bien comprendre chaque argument qu'il allait m'exposer ; et je dois dire que celui qu'il venait de m'énoncer était déjà très bon. Franchement, c'était tentant, alors qu'il avait à peine commencé. Même si ça ne suffirait quand même pas à me faire flancher tout de suite, c'était vraiment quelque chose de non-négligeable. Effectivement, les conditions d'enregistrement pour plusieurs groupes, dont le mien, était plutôt bonnes chez MTI, mais pas forcément toujours satisfaisantes. Ce fait était assez connu, car quelques personnes s'en étaient plaintes ; et moi-même je commençais à m'en lasser. Il y a plusieurs années, ça m'importait peu, car je ne savais pas trop ce que je voulais, mais maintenant, je voyais à quel point ça nous pénalisait tous.

« Je vois... C'est intéressant. Effectivement, on ne dispose pas vraiment des meilleures conditions d'enregistrement, même si ça reste tout de même convenable, en régèle générale. Disons que, cette proposition est vraiment quelque chose qui améliorerait la créativité du groupe. »

J'étais sincère dans ce que j'avais dit, mais je n'avais pas encore fini mon argumentation. Je pris une autre gorgée de whisky avant de continuer, un léger sourire se reformant sur mes lèvres.

« Je pense toutefois qu'en discutant de meilleures conditions d'enregistrement chez MTI, vu qu'ils ne veulent pas nous perdre pour des choses comme celles-ci, ils seraient prêts à améliorer notre condition. Y'a t-il un autre point que tu souhaiterais aborder ? »

Je savais qu'il avait d'autres arguments, et j'attendais vraiment de savoir ce qu'il avait préparé. En tout cas, il commençait fort. Je buvais un peu plus de mon whisky, tout en attendant son prochain argument.

Il me renvoya des compliments à son tour. Je devais avouez que j’étais un grand fan de compliments surtout quand ils m’étaient destinés. Il était vrai que j’étais le meilleur manager du moment et je comptais bien le rester encore longtemps. Et pour cela, il était évident que d’engager les Burning Fire était un gros coup. Un coup de maitre même.

Mon argument sur les modalités des enregistrements semblait lui plaire. Il trouvait cela intéressant, mais, apparemment, il n’en voulait pas plus que cela au MTI… Même si cette proposition ne le faisait pas flancher directement, je voyais bien par ces dires que cela améliorerait pas mal de choses dans son groupe. L’inconvénient pour moi ? C’est qu’il m’avoua qu’il était peut-être possible de changer les conditions d’enregistrement en en parlant directement au MTI. Il n’avait pas tort… Le MTI ne pouvait pas se permettre de perde un groupe comme Burning Fire et donc j’étais certain qu’ils allaient céder à tout les caprices de James. Même si ce dernier était loin de faire des caprices.

Je bus l’entièreté de mon whisky. Cela m’aidait à réfléchir et à trouver l’argument qu’il fallait.

-Tu as raison. MTI pourra probablement vous changer tout cela. Mais ça prendra le temps. Ce ne sont pas les rois de l’organisation. Alors que chez nous, ce sera directement comme tu le souhaites.

Je marquai une pose. Il me fallait un argument de choc.

-Je connais aussi un peu les managers de MTI. Tu sais dans le monde de la production de disques, tout le monde se connait. Hé bien, je peux te dire que je suis bien moins chiant qu’eux. Vous pourrez faire la fête comme bon vous semble, je veux bien y participer.

Je souris. C’était un peu un argument qui n’en était pas un. Une façon de montrer la différence de mentalité entre les deux maisons de disques. Disons que chez BSC on était réputé pour être assez relax. Enfin, j’étais réputé pour cela. Mais si je faisais signer James et ses potes, il était claire que ce serait moi leur manager attitré.

-Et je suis à l’écoute des groupes pour l’organisation des tournées. Donc pas de surprise à ce niveau là non plus.

Je me servis, à nouveau, du whisky attendant de voir la réaction de Kayden.

-Je sais que c’est très dur de prendre une décision pareille. Surtout sans les autres membres de ton groupe. Mais je ne te demande pas une réponse définitive aujourd’hui. Je te demande juste de peser le pour et le contre de tout cela.

Je gardais mon sourire, celui que j’utilisais pour mettre à l’aise tout le monde.

Je réfléchissais à ce que Daniele me disait. En fait, même si j'avais su à peu près à quoi m'attendre avec lui, me retrouver véritablement en face de lui, c'était autre chose ; au fond, il était comme moi. Juste un gars qui avait réussi dans la vie. Techniquement, je n'avais même pas à me faire du souci là-dessus, surtout quand je savais que je voulais rester dans ma maison de disques actuelle. Mais il y avait quelque chose, au fond de moi, qui se disait – si ce mec est le meilleur manager du moment, c'est qu'il y a une bonne raison. Et il n'était pas à MTI. En fait, même si je paraissais plutôt calme, intérieurement, c'était tout le contraire.

Je reprenais un peu de whisky avant de dire quoi que ce soit. Je l'écoutais, patiemment, je voulais être sûr de bien comprendre tout ce qu'il me disait.

« Oui, c'est sûr que ça prendrait du temps... Après, on est plutôt patients, mais tout dépend de ce que tu as d'autre à proposer. »

Je lui donnais un autre de mes sourires, de ceux qui signifiait – tu as raison, mais pour le moment, je ne suis pas prêt de changer d'avis. Ensuite, je le vis marquer une pause. Je crois que, même s'il avait bien préparé son coup, il se rendait compte que maintenant, il fallait qu'il me sorte la partie la plus convaincante de ce qu'il voulait me proposer – ou en tout cas, quelque chose de plus 'gros' que ce qu'il m'avait proposé jusqu'à maintenant. Et, quand il finit par reprendre la parole, je ne fus pas déçu.

« Moins chiant hein ? Effectivement, je connais la réputation globale de BSC, moins de pression sur les groupes. C'est pas mal, vraiment pas mal. Mais, comme tu le dis toi-même, je ne peux pas prendre de décision tout seul. »

Je finis mon verre de whisky avant de continuer. C'était con peut-être, mais à chaque fois que je voulais dire quelque chose à laquelle je tenais, quand je buvais avant ça me faisait un peu penser, 'Vas-y, tu sais ce que tu veux dire, c'est bon'.

« Je vais être honnête avec toi. Ce que tu propose, globalement, c'est très bien, c'est même relativement intéressant pour un groupe comme nous et possiblement même mieux. Ce que tu me propose, pour résumer, c'est plus de liberté en studio, une tournée organisée plutôt comme on le veut aussi, et faire ce qu'on veut une fois le concert terminé, d'ailleurs. Ce qui est vraiment quelque chose qui, pour la plupart des points, nous manque à MTI. Ce qui, franchement, vous donne plutôt l'avantage. Écoute, c'est tentant. Mais il faudra qu'on revoie ça une fois que j'en aurais parlé avec les gars. Mais je pense que ça leur plaira bien aussi. »

En fait, ce qui ressortais de notre discussion... C'est qu'au final, je n'étais pas contre l'idée de changer de maison de disque. Je n'avais rien contre MTI, au contraire. Mais plus je parlais avec Ricci, plus je me disais, pourquoi pas ? Il fallait que j'y réfléchisse. C'était bizarre, parce que, cinq minute auparavant, j'étais plutôt déterminé à rester chez MTI, mais il fallait avouer que ce qu'il proposait était vraiment mieux que la situation actuelle que l'on avait à MTI. il fallait donc que je prenne tout ça en considération. Mais je ne pouvais pas faire ça sans les gars.

J’analysais instinctivement chaque expression de Kayden. Je cherchais à savoir, avant même qu’il me le dise, vers quel décision il allait pencher.

Il reprit du whisky sans même un mot. Il réfléchissait apparemment et c’était une bonne chose. S’il réfléchissait cela signifiait qu’il prenait en compte mon offre. Je savais à quel point une décision pareille n’était pas simple à prendre. Il s’agissait d’un gros changement, autant niveau organisation générale que au niveau de l’endroit où le groupe de Kayden devrait enregistrer.

J’achevai l’explication de mes arguments et quand je finis, il enchaina me confirmant que sa décision prendra du temps. Je souris tout en buvant un coup de whisky. Si j’avais d’autres choses à proposer ? Peut-être… Mais je voulais déjà voir si ces arguments-là allaient suffire.

Il continua son résonnement et je l’écoutai jusqu’au bout. Mes propositions l’intéressait mais il devait désormais en parler aux autres membres de son groupe. J’achevai moi aussi mon whisky.

-Tu as raison. Le mieux est que tu en parle à ton groupe. C’est plus sage.

Mon sourire s’élargit encore un peu. Je sentais être sur un bon coup. S’ils étaient tous d’accord j’aurais gagné ce que je voulais.

-Donne-moi votre réponse dés que vous aurez pesé le pour et le contre.

Je sortis une petite carte avec mes coordonnées afin qu’il puisse me contacter dés qu’il aurait sa décision définitive. Je lui tendis le petit carton avec mon super sourire d’agent commercial.

-Je suis sûr que vous ferez le bon choix.

Notre petite discussion était terminée et je me levai afin de raccompagner Kayden jusqu’à la porte.

-En tout cas, quoi que tu choisisses, ça a été un plaisir de te rencontrer.

J’ouvris la porte afin de le libérer. Je sentais l’odeur du travail bien fait. Encore un très bon coup de ma part.

Son offre laissait vraiment à réfléchir. En fait, ce qui importait, ce n'était même pas vraiment l'argent pour moi, même si une légère hausse est toujours sympathique. C'était plutôt ce qu'il y avait autour qui était assez tentant. On aurait probablement de meilleures conditions de travail et ce sous tous les aspects. Ce qu'il avait dit sur les fêtes était aussi vraiment pas mal. En fait... Techniquement, on serait mieux chez BSC. Mais entre la théorie, ce qu'on avait sur le papier, et ce qu'il allait réellement se passer... Je ne penserais pas qu'il y aurait vraiment de différences, de toutes façons. Mais, il fallait vraiment que je voye... Et surtout, je me demandais vraiment comment les gars allaient réagir.

« Honnêtement... Je pense qu'il me diront ce que je t'ai moi-même dit. Après, pour ce qu'il est de la décision finale, on verra. »

Je disais ça, mais je savais très bien que dans sa tête, c'était un peu comme si sa 'victoire' était déjà là. Et c'était probablement le cas, en fait. Parce que, même si l'on avait encore pas donné réponse, l'avantage était clairement dans sa maison de disques. Vraiment, plus il parlait, et plus je comprenais pourquoi il était le meilleur manager du moment. C'était un vrai businessman, sans aucun doute. Il savait ce qu'il faisait, et il le faisait bien. Et d'après notre discussion, je pouvais aussi dire qu'il savait aussi s'adapter au cas par cas ; et ça c'est un très bon point.

Je pris la carte qu'il me tendait, puis je la rangeais dans une de mes poches.

« Bien sûr. Je te contacterais dans les jours à venir, je pense que, même si on doit y réfléchir plutôt bien, ça ne devrait pas prendre très longtemps avant qu'on se décide. »

Je me levais puis marcha également jusqu'à la porte. Ce qui était bizarre, c'était le genre d'atmosphère qui planait. Ricci, plutôt sûr de lui, et moi, qui avait ce genre d'impression que... je ne savais plus trop quoi faire.

« De même, ce fut un plaisir. A bientôt, en tous les cas. »

Une fois la porte ouverte, je me retournais afin de lui serrer la main avant de marcher hors de la pièce. Tout ça m'avait laissé plutôt perplexe. Il était vrai que chez MTI, on pouvait sans doute changer notre condition, mais autant que ça ? Probablement pas... Maintenant, je n'avais plus qu'à y réfléchir, puis le recontacter.