L.A. regorgeait de points stratégiques pour un journaliste tel que moi. Et le
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] en faisait partie. Il s'agissait d'une petite salle de cocktails adjacente à la salle de restauration du Canter's Deli. Chaque soir, des petits groupes venaient jouer en live dans cet espace réduit à la décoration très cosy. Et quand je dit « petits » groupes, il ne fallait pas oublié que cette salle avait quand même vu passer les Doors et les Byrds, Frank Zappa et Arthur Lee.
C'était ici qu'on pouvait croiser les artistes avec leurs petites amies, officielles ou non, et que, si on ouvrait bien ses oreilles, on pouvait chopper quelques informations au vol. Cette salle portait donc bien son nom : j'avais appris du jeune Mark Canter que « Kibitz » signifiait en Yiddish « donner de bons conseils ». En tout cas, j'avais déjà eu de bons conseils pour quelques articles en ne venant ici qu'une soirée de temps à autres.
C'est dans sur une banquette, dans un coin, que je pris place, comme à mon habitude et commandait un Maker's Old Fashioned, un cocktail à base de Whisky et de soda. Il y avait encore peu de monde dans le Kibitz Room parce que j'étais arrivé pour l'ouverture. Et j'étais placé de façon à avoir la porte d'entrée à vue. Je pouvais donc voir tout qui entrait ou sortait.
Et chaque fois, c'était la surprise ! Qui viendrait ce soir, qui ne viendrait pas ? Je n'avais pas revu Billy Lighter depuis notre dernière interview où il s'était coupé la main. Mais je ne pensais pas pouvoir le revoir ce soir : Cash Izbel avait fait une crise cardiaque il y avait quelques jours seulement et je doutai que le rouquin soit d'humeur à sortir. Quant à leur nouveau manager, il faisait barrage face au journaliste, protégeant ses poulains... Et le pognon qui allait avec, supposai-je.
Mais il fallait que je revienne avec quelque chose, n'importe quoi. Ce n'était pas indispensable au niveau professionnel ou pour la rédaction de L.A. People : j'avais déjà encore au chaud une très bonne « interview » de Daniele Ricci au sujet du premier single de Roadtramp et de toutes les rumeurs qui allaient avec. Il fallait encore que je la retravaille, ce que j'aurais pu faire ce soir. Mais je détestais rester enfermé dans mon bureau.
Non, je voulais chopper un truc, un scoop, n'importe quoi. Pourquoi ? Et ben juste pour l'exhiber devant la demi sœur de Billy Lighter. Parce que ça me tuait qu'elle soit juste à la source au niveau des informations sur The Lightening. Je ne l'avais pas croisée depuis la crise cardiaque du guitariste et je parais que cette petite veinarde avait pu aller le voir à l’hôpital en compagnie de son rouquin de frère... Shit.
Le grelot au dessus de la porte d'entrée du Kibitz Room tinta, et je levai les yeux de mon cocktail. La musique allait déjà plein tube, mais mon esprit concentré sur l'entrée pouvait encore percevoir le son ténu du grelot. Et Mark Canter apparu... Il discutait avec Steve Stix, le batteur de The Lightening. Excellent ! Je ne pouvait pas rêver mieux !
Et il était évident que c'était de nouvelle du guitariste que Stix devait donné à Canter. Cash Izbel, alors qu'il n'était encore qu'un ado, avait travaillé ici même et c'était un très bon ami du jeune Canter. Je bus une gorgée de mon cocktail. Mais la musique allait trop fort pour que je puisse discerner quoi que ce soit de la conversation entre les deux hommes.