Roadtramp avait pas mal avancé depuis le temps où Clepto et moi, on traînait ici, au skate-park, où on venait écouter des cassettes volées. Et pourtant, ça tout ça ne datait pas encore vraiment! Ok, on était encore nulle part, on avait pas de maison de disque, mais on avait des rêves plein la tête! Rêves qui commençaient sérieusement à se matérialiser.

La seule chanson qu'on avait réussi à enregistrer et à refiler à un journaliste d'une radio locale passait de plus en plus souvent. Et mieux encore, on était de moins en moins obligés de courir après des petites scènes dans les clubs: c'était de plus en plus souvent les clubs eux mêmes qui nous appelaient pour savoir si on étaient libre pour jouer chez eux.

Et puis il y avait toujours le meilleur qui était à venir: la première partie de The Lightenng. J'étais d'ailleurs plus qu'excité à l'idée que le meilleur groupe du moment commence à enregistrer. Parce que plus vite ils commençaient, plus vite ils repartiraient en tournée... Et peut-être avec nous!

Etait-ce de la nostalige ou pas, j'en avais aucune idée, mais toujours était-il qu'aujourd'hui, Clepto et moi, on était passé chercher des bières au supermarché avant de se rendre dans notre ancien QG. Une fois là-bas, je me couchai sur une des rampe. Aucune chance qu'un skater vienne m'écraser: on était la journée, en pleine semaine et la plupart des gamins qui venaient habituellement rouler ici étaient à l'école. Et ceux qui sechaient n'allaient pas venir s'exposer ici. L'endroit était trop à vue.

Couché sur la rampe, le visage face au soleil au risque de prendre des couleurs qui seraient loin de ressembler à du bronzage, je décapsulai une bouteille avec mes dents avant de la tendre à Clepto et de recommencer l'opération pour ma propre bière. On était sortit de la baraque de ses parents devenue un vrai dépotoire sans qu'on s'en rende trop compte. Les deux autres étaient partit travailler parce qu'on devenait juste au niveau budget pour la bouffe (mais pas pour la bière apparemment)... C'était comme si on avait besoin d'un moment de calme pour regarder à la fois le chemin parcouru qui s'étendait derrière nous et puis faire un point sur ce qui nous attendait devant.

On allait refaire le monde, parce qu'un bon groupe pouvait en avoir le pouvoir! Mais on allait faire ça à la Roadtramp... Et ça allait être le bordel!

-Faut qu'on revoit Billy Lighter! Faut qu'on le motive à faire son album, mec! T'imagine la tournée de dingue qu'on pourrait faire! Plus toutes les nouvelles chansons qu'on a?

On pouvait sentir dans ma voix que j'en pouvais plus, dans le sens positif du terme. Ma tête était prête à exploser et mon imagination tournait plein tube! On avait entre autre travaillé la chanson que j'avais écrite, inconsiemment, pour Zoey...

Le fait de revenir dans le lieu qui avais marqué notre enfance, me rendais nostalgique. Me rappelant alors de toutes ces fois où nous avions volé des cassettes au disquaire du coin, et où l'on avais passé nos journées entières à glander, en s'imaginant à la place des mecs qui tournaient en boucles à la radio. La radio qu'on avais volé aussi.. Evidemment. Avec Clepto, on faisait pas les choses qu'à moitié..

Rien n'avais changé. Pas même la rampe que j'avais complètement flinguée en taguant. Enfin.. "en taguant" étais un bien grand mot, pour définir ce qu'il en étais réellement. Ouais, ça ressemblais plus à des graffitis, et puis faillais voir la gueule des graffitis aussi. Je graffais tous ce qui me passait par la tête quand j'étais pas bien, et que j'en voulais à la terre entière. Quand mes parents m'ignoraient et que ma copine de l'époque m'avais lâchée comme une merde. Bref, depuis cette époque, je m'étais quand même bien assagi. Enfin.. ça, c'est ce que je pensait, en regardant la rampe de skate qui étais face à moi.

D'ailleurs le coin étais vachement calme aujourd'hui, comparé à avant, je m'entends. Et c'est aussi pour ça qu'on s'étais posé au milieu de la rampe, et qu'on étais passé faire le plein de vitamines. Je détachais mon regard de la rampe et je saisi la bière que me tendais Eddy en le remerciant. Puis j'en bu une bonne gorgée, avant d'écouter Eddy parler de The Lightening.

C'étais notre rêve, à nous deux et au reste du groupe. On attendais que ça, depuis que Billy nous en avais parler. Faire leur première partie. Mais y'avais encore du boulot, c'est clair. Mais on étais des bosseurs, des passionnés, on étais fait pour ça, pour la musique. Et savoir si on tiendrais le coup étais la dernière de mes inquiétudes.

- T'inquiète mec, ils doivent déjà bosser dessus. Je pense pas que c'est le genre à Billy de rester traîner. On l'aura notre gloire !

Je levais alors ma bière à Eddy, en trinquant avec ce dernier.

- A Roadtramp ! Et à la future tournée qui nous attends !

Suite à ça, j'engloutis ma bière d'un coup. Fallais dire que niveau descente, ça fonctionnais plutôt pas mal chez moi. Et puis il faisait chaud aussi.

Cette rampe sur laquelle on était posés. Ben elle appartenait à la ville normalement. Sauf qu'en fait, pour tous les gosses de L.A. qui venaient traîner ici, la rampe était à Clepto. Il l'avait pratiquement repeinte entièrement, la transformant presque en un livre ouvert où, si on le connaissait assez bien, on pouvait y lire sa putain de vie. Il était assez bon en dessin, mais avait surtout fait du n'importe quoi, qui n'avait de sens que pour lui et moi.

J'avais toujours été l'excité de la bande, celui qu'il fallait retenir, calmer, etc. Clepto était un rien plus réfléchi quoi que totalement déjanté aussi. Mais surtout, il avait une personnalité bien plus complexe que la mienne, parce qu'il avait du s'occuper de lui-même pratiquement tout seul et que ça avait pas dû être du gâteau tous les jours.

Mais quand il dit que The Lightening devaient déjà être en train de bosser sur leur nouvel album, je haussai les épaules. Parce que j'en étais pas aussi sûr que lui... Je trinquai avec lui en souriant avant de lui faire part d'un truc...

-Mouais... J'ai lu dans Rolling Stones qu'ils étaient même pas encore entré en studio... Parait que Cash Izbel a été retenu une nuit en cellule de dégrisement...

Mais la conversation fut vite détournée quand mon attention fut attirée par des gloussements qui se rapprochaient. Je me retournai. Toute une bande de filles arrivait. Elles allaient sûrement pas s'arrêter ici, mais bon... Je me tournai vers Clepto et sourit de toute mes dents.

-Fais chaud, non?

Souriant toujours, j'enlevai mon t-shirt, me mettant torse nu, quitte à prendre encore plus de coups de soleil alors que ma tronche avait probablement déjà morflé. Clepto s'en foutait, lui, il bronzait. Et le pire dans l'histoire, c'était que j'étais tellement timide (si si, faut me croire!) qu'à part enlever mon t-shirt, j'allais même pas aller les voir et leur parler. Tout au plus jeter quelques coups d'oeil discrets quand elles passeraient à proximité.

Sur scène, j'étais complètement différent, parce que j'avais appris à l'être et surtout, que la musique m'aidait. Sans compter notre public devant lequel je n'avais aucun complexe. Mais mettez-moi en face d'une bande de filles et je partais en courant. Une ça allait, comme Zoey ou Ruby, par exemple. Mais un groupe de filles me faisait flipper à mort.

Soit, je me recouchai sur la rampe, beaucoup plus à l'aise en étant torse nu. Je bu une longue gorgée de ma bière avant de tourner ma tête vers Clepto qui était couché juste à côté de moi. Avec la chaleur qu'il faisait, on allait avoir soif, donc on allait boire beaucoup, et avec le soleil qui tapait à mort, ça allait faire beaucoup plus d'effet que prévu.

-Tu sais ce qu'il nous manque? En concert, je veux dire...

J'avais une idée en tête, peut-être même la façon de le faire pour pas cher... Parce qu'on avait quasi rien comme thunes, il fallait qu'on ait un système D.

La remarque d'Eddy me fis hausser les sourcils. J'avais pas tellement l'habitude de lire les journaux, mis à part dans mes moments de grande solitude aux W.C.. Le plus souvent ils traitaient ce qui les intéressaient et laissaient de côté, voir supprimaient à leur gré les faits réels à ne pas mettre en avant. Tout ça pour faire vendre. Mais les gens se voilaient la face et croyaient à tout ce qu'on leurs racontaient dans les médias, inclus Eddy. Je rapprochais le pack de bières à moi pour en attraper une nouvelle, que je décapsula à l'aide de mon briquet. J'avais pas les dents d'acier d'Eddy, malheureusement..

- Si c'est qu'une nuit c'est pas bien grave !

C'est vrai que j'ironisais un peu la chose.. mais au fond ça m'emmerdais pas mal quand même. Parce qu’en attendant, on étais impatient rien qu'à l'idée de partager la scène avec The Lightening. Sans savoir si vraiment ça se ferais. Mais bon.. il avais lu ça dans les Rolling Stones. C'était un magazine plutôt bien réputé et qui avais l'air de tenir le coup.. Mais pour moi ça restais la presse et tous leurs blablas.

En suivant le mouvement de tête d'Eddy, mes traits s'étirèrent pour laisser apparaître un léger sourire suivi d'un rire en voyant Eddy retirer son Tee-shirt. Connaissant Eddy, je savais très bien qu'il n'irais pas les aborder, c'est pour cela que je pris l'initiative pour lui. Je glissa mes doigts dans ma bouche pour les siffler. Puis sans qu'Eddy ne les détache du regard, je le pointa discrètement du doigt. Ces dernières se retournèrent alors en gloussant de plus belles. J'étais plutôt discret comme mec, j'aimais pas tellement aborder les gens directement comme ça dans la rue. Mais là c'était pas pour moi, alors ça allais encore.

En entendant Eddy parler du groupe, je me rallongeais sur la rampe en buvant quelques gorgées de ma bouteille, tout en prêtant attention à ce qu'il me demandais. Le temps,commençait à taper sérieusement, et Eddy à littéralement cramer.

- Euh...

Je tournais inconsciemment mon regard vers le pack de bières, presque vide, puis je riva mon regard sur Eddy d'un air amusé.

- De la bière ?

J'avalais une nouvelle gorgée avant de reposer ma bouteille à mes côtés et de sagement croiser mes bras derrière ma tête. Fini de déconner, Eddy avais l'air sérieux.

- Vas-y, j't'écoute.

Clepto avait pas l'air de s'inquiéter plus que ça au sujet de The Lightening. Il avait probablement raison de pas s'en faire, d'autant que si on voulais les vraie information ou des confirmations, on avait plus vraiment besoin des magazines. Aller traîner aux environs du Ginger et attendre qu'un des membres du groupe se pointe aurait suffit, sin on avait un peu de chance. Surtout que Billy nous connaissait maintenant et qu'en plus, c'était lui qui était venu vers moi la dernière fois.

-Ouais ok... mais bon...

Je haussai les épaules... Les filles arrivèrent, me bloquant dans ma réflexion. Bon, ben tant pis. J'enlevai mon t-shirt et...

Et cet enfoiré de Clepto attira leur attention un peu plus que je voulais. Si j'avais pas déjà été cramé, j'aurais rougis encore plus. Mais heureusement, ça ne se voyais pas vu que j'étais déjà tout cramé.

Je mis mon t-shirt sur ma tête et me recouchai finalement, arrêtant de regarder les filles tellement j'étais gêné et poussant Clepto.

-Putain! Merde Clepto! Pourquoi t'as fait ça?

Mais je rigolai en fait, maintenant que j'étais bien planqué sous mon t-shirt. j'entendais les filles rigoler et je savais qu'elles étaient encore là alors j'allais pas le retirer de si tôt. Tant pis, je ferais la conversation comme ça. Clepto s'ouvrit une deuxième bière... Merde... Comment j'allais achever la mienne avec mon t-shirt sur ma tête? Bon, je le relevai juste jusqu'à mon nez, gardant mes yeux cachés et terminai ma bière avant de tâter à la recherche d'une autre...

Ma main tomba sur le pack alors que Clepto répondait à ma question.

-Ouais... De la bière aussi... Mais tu sais ce qu'il nous manque vraiment?

Je me rassis, ouvris une nouvelle bière avec mes dents et bu quelques gorgées. Comme Clepto ne répondait pas, je supposai qu'il attendait que je réponde à ma propre question. Je soulevai alors encore mon t-shirt pour dévoiler un de mes yeux et le regarder.

-Du feu! Il nous faut du feu!

Les filles se mirent à rire encore et je remarquai qu'elles s'étaient rapprochées. Putain... Bon je me recachai sous mon t-shirt. Je saurais pas quoi dire à ces filles sinon à part "Salut, ça va?"... Je murmurai à Clepto à travers mon t-shirt, sur un ton de reproche...

-Bien jouer, vieux... Elles se sont rapprochées.

Mais mon idée en tête était quand même plus forte que ma foutue timidité, lourd fardeau que je tenais de mes années d'école.

-Et si on allait piquer de l'essence à la pompe? On remplis les bouteilles avec et puis on essaye de faire des feux d'artifices pas cher... Et on pourrait utiliser ça en concert!

Et des mots, qui pourraient peut-être servir pour une chanson, me vinrent en tête. Je gardai ça dans un coin de mon petit cerveau pour plus tard...

Spoiler:

Pourquoi est-ce que j'avais fait ça ? Ah.. bonne question.

Après avoir interpellé la troupe de filles, Eddy, ni une ni deux se planqua sous son tee-shirt, en me bousculant légèrement par la même occasion. Ce qui eut le don de m'arracher un rire. J'aimais bien taquiner Eddy en ce qui concernait sa timidité.

- T'inquiète, elles vont pas te bouffer !

Enfin, timidité qui ne le concernait pas sur scène apparemment. Et c'était un plus pour lui et pour le groupe. Eddy avais beaucoup plus de facilités à se lâcher sur scène que dans la vie de tous les jours. Personnellement ça m'en bouchais un coin. Car j'étais le parfait contraire. J'étais discret certes, mais moins timide. Alors que sur scène, j'étais comme impressionné. Même si j'étais en recul comparé à Eddy, qui lui étais au devant de la scène. Toutes ces personnes qui se déplaçaient rien que pour nous, j'étais pas encore habitué, et ça me foutais mal à l'aise. Mais je commençait à prendre mon aise, de plus en plus. Je commençais à m'habituer à avoir l'attention des gens.

Fallait dire que depuis que j'étais gosse, j'avais toujours eu l'impression d'être invisible aux yeux des autres, et notamment à ceux de mes parents. Ce qui m'avais entraîné plus tôt que prévu, à faire le plus de conneries possibles, comme voler, fumer, me battre, me droguer, picoler, dégrader les lieux publics.. Tout pour me faire remarquer. Alors le fait d'être propulsé d'un coup sur une scène m'avais effrayé au début.

Quoiqu'il en soit, le groupe de filles se rapprochaient considérablement de nous. "Bien joué, vieux... Elles se sont rapprochées." Inutile de préciser que j'étais fier de mon coup. Bien que le fait que Eddy se soit rapatrié sous son tee-shirt comme une autruche dans son trou, me faisais bien chier. Je savait pas non plus qu'est-ce que j'allais bien pouvoir leur dire. Mais j'aviserais.. Et puis la bière m'aidera. Et puis j'étais avec Eddy, je me sentais capable de tout faire ! On avais fait les pires conneries du monde ensembles. Alors rien ne pourrais être pire. Sauf s'il s’avérait que les filles en question soient des hommes ? Enfin là je m'éloigne...

Lorsque Eddy me dit qu'on avais besoin de feu, je haussais les sourcils en tournant mon regard vers lui.

- Du feu ?

Je buvais une gorgée de ma bière pour me rafraichir, bien que celles-ci elles aussi avaient déjà bien pris la chaleur.

Eddy s'empressa de renchérir qu'on pourrais l'utiliser sur scène. C'était pas une mauvaise idée.. Mais c'était pas au Stryge bar qu'on pourrais faire péter des lances flammes où des feux d'artifices. La salle avait beau être grande, on risquerais quand même de littéralement foutre le feu au bar. Même si c'était bien pensé, et que l'idée d'aller puiser de l'essence à la pompe, juste à côté me plaisait bien.

- Mec on pourra jamais user de ça au Stryge. Pour une plus grande scène par contre, ça pourrais être grave classe... Mais faut qu'on s'entraîne avant.

Notre soirée étais donc déjà toute prévue. On allais piller la station du coin en essence et on allais faire flamber le skate-park. Au sens figuré bien sûr... Ou peut-être pas !

Ah. Ah. Ah. Ca le faisait bien marrer Clepto évidemment, lui qui avait tendance à flipper avant de monter sur scène. Moi aussi en fait, je flippais avant de monter sur scène. A mort. Mais ici, maintenant, tout de suite, j'avais deux problèmes.

Problème numéro un: j'étais encore sobre. On avait pas encore bu assez de bières pour en ressentir les effets, même avec le soleil qui tapait. Et on avait pris la sale habitude de se bourrer la gueule avant de monter sur scène... Ce qui rendait tout plus facile.

Problème numéro deux: je n'avais pas une bande de métalleux venu pour un bon vieux pogo et pour hurler avec moi sur des riffs heavy, mais une bande de filles qui gloussaient. Et les filles, c'était pas ce qu'on trouvait le plus dans le public de Roadtramp... Ce que quelque part, je regrettais un peu, parce qu'on avait pas vraiment de groupies comme beaucoup de rockers en avaient. Mais d'un autre côté, ça me permettait d'être beaucoup plus à l'aise sur scène... Et beaucoup plus concentré aussi.

-Ah ça va! C'est bon, hein! Le public non plus va pas te bouffer.

Puis je lui parlai de mon idée... Un embryon d'idée qui grandissait dans mon cerveau depuis quelques semaines déjà. Le feu. C'était un élément qui m'avait toujours fasciné, de même que j'adorais l'odeur de l'essence. Un mélange dangereux, explosif, un peu comme nous. Déjà, Clepto me mettait en garde, sans pour autant refuser l'idée. Au contraire. Juste qu'une fois de plus, il réfléchissait un peu plus loin que moi. J'enlevai mon t-shirt de ma tête. J'avais complètement oublié les filles qui rigolèrent pourtant de nouveau en me voyant dévoiler ma tronche de cake.

-Ouais ouais... Je sais mais en plein air, Clepto!!! En plein air! BOOM!

J'avais fait un grand geste avec les bras pour illustrer mes propos décousus, incohérent, et pourtant clairs comme de l'eau de roche. Ce que je voulais, c'était un spectacle, minimaliste et pourtant brutal, à l'image du groupe, mais un spectacle quand même.

Et mon visage s'illumina d'autant plus quand Clepto affirma qu'il fallait qu'on s'entraîne. Voilà ce qu'on allait faire!!!! En plus, il nous fallait de la bière, donc la diversion pour la pompe était toute trouver. Je regardai Clepto dans les yeux puis nous désignai tour à tour du doigt. Autour de nous, les filles avaient arrêté de rigoler et fronçaient les sourcils, frustrée de ne plus être le centre d'intéret. Le feu était beaucoup plus intéressant.

-Toi, tu piques l'essence. Moi, j'achète les bières.

C'était pratiquement comme si c'était fait. On avait pas assez de thunes pour acheter des bières ET de l'essence. Et pourtant, on avait soudain atrocement besoin des deux. Je me levai, renfilai mon t-shirt dont le contact piquant sur mon visage m'informa que ma peau avait tourné au rouge écrevisse. Et merde... C'était Zoey qui allait encore bien se marrer. En même temps, la bière et l'essence passaient avant la crème solaire.

Et je me retrouvai face à face avec les filles qui attendaient qu'on les regarde depuis un moment... L'une d'elle se planta devant moi, les mains sur les hanches.

-Quoi? Faut qu'on y aille.

Cette histoire de feu avait balayé ma timidité. Quand j'avais une idée en tête, j'étais un vrai char d'assaut. Je voulu la contourner mais elle se replanta devant moi...

-Putain.... QUOI?!

Là, elle ne demanda pas son reste, me laissant passer sans rien dire. Je ne lui en voulais pas, je l'avais déjà oubliée, et me dirigeai vers la rue qui allait nous mener droit à la pompe la plus proche. Ah et pour motiver Clepto, j'avais emporté le reste des bières avec moi. Et si ça le décidait pas à venir, je pouvais encore revenir vers lui pour le tirer par la chaîne qui lui pendait du nez!

D'accord, j'admettais que pour cette fois-ci, Eddy marquais un point. J'étais vraiment stressé à mort et effrayé quant à l'idée de monter sur scène quand j'étais pas assez alcoolisé. C'était pas le fait de jouer ou bien de me planter qui me faisait peur. Depuis le temps que je jouais de la batterie, je connaissait chacun de nos morceaux parfaitement et sur le bout des doigts. C'était les autres. Va comprendre pourquoi, j'étais très à l'aise en temps normal avec les gens, mais pas sur scène. Encore un infime détail de ma personnalité.. Comme si elle étais pas déjà assez complexe comme ça.

- Ça t'en sais rien !

Enfin si. Mais j'avais rien trouvé de mieux à dire pour ma défense.

Je regardais Eddy m'exprimer son idée à sa manière. Il avais toujours été le plus créatif du groupe. On l'étaient tous un peu bien sûr.. Mais pas autant qu'Eddy. Introduire du feu lors de nos scènes, ça, c'était une putain d'idée. J'imaginais déjà l'énergie qui se dégageait de nos concerts doubler. Et puis ce serait surtout le bon plan pour se faire remarquer.. Et aussi pour qu'on nous prennent plus au sérieux. Qu'on impressionnes, nous aussi à notre tour.

Je me doutais bien qu'Eddy m'aurait attribué la tâche d'aller voler de l'essence à la pompe. C'était toujours moi qui me chargeais de voler les trucs lorsque Eddy faisait diversion. On étais plutôt doués pour ça, à force, mais du coup on évitais de toujours fréquenter les mêmes endroits ou les mêmes magasins. Parce que pour Eddy ça craignait.

Imaginons que des flics tournaient dans les parages et qu'on se faisais chopper.. Je pense que ses parents tireraient la tronche s'ils apprenaient que leur fils était au commissariat pour vol. De moi ils s'en foutaient, ils avaient bien vu que c'était réciproque de toute façon. J'étais habitué au commissariat, aux cellules.. Tellement habitué que j'en aurais même pu citer tous les noms des officiers et du personnel et décrire à chacun sa situation familiale et même nommer chacun de leurs gosses.

Je resta un moment allongé sur la rampe de skate à avaler les dernières gorgées de ma bière tandis qu'Eddy se levait et se faisait aussitôt barrer la route par une des filles de tout à l'heure. Mince c'est vrai.. On les avaient complètement zappées celles-ci. Et apparemment ça n'avais pas tellement l'air de leur plaire. Et de ce fait, Eddy les envoya balader et s'en alla avec les bières restantes.et m'abandonna ainsi avec la troupe de nanas encore plus en colère maintenant qu'Eddy leur avaient foutu un gros vent..

La fille qui avait d'ailleurs intercepté Eddy tout de suite se retourna vers moi en me lançant un regard accusateur, les sourcils froncés et les bras croisés sur sa poitrine. Je levais mon regard vers celles-ci, puis tourna aussitôt celui-ci à mes côtés, pour constater que ma bière était vide... et qu'Eddy avait eu la bonne idée de s'emparer du pack, sans doute pour me forcer à bouger d'ici. Je resta un moment impassible, puis je finis par me lever péniblement.

- Putain.. Eddyyyy !

Suite à ça je remonta mon froc avant de partir à la poursuite d'Eddy d'un pas rapide, puis en trottinant jusqu'à lui.

- File moi le pack, je vais me servir des bouteilles vides pour les remplir d’essence.

Après avoir passé très facilement le rempart qu'était cette bande de fille dont, au final, je n'avais plus grand chose à faire, trop pris par l'idée qui était en train de germer dans mon esprit

Et comme prévu, Clepto fini par me suivre... Enfin il suivait plutôt le pack de bières, mais il était là, alors c'était le principal. Il arriva à ma hauteur en courant et en gueulant. Je rigolais tellement c'était magnifique de le voir courir comme ça avec les filles fâchées en arrière plan et lui qui remontait son froc toutes les 10 secondes parce qu'il lui glissait sur les hanches.

Tout en rigolant, je lui filai les bouteilles qui étaient déjà vides. Puis j'en repris une de celle qui restait pleine et tendis l'autre à Celpto.

-Faut faire de la place pour l'essence!

On bu tout en marchant vers la pompe à essence. J'avais déjà une idée claire de comment on devait faire parce que je l'avais vu dans des films. Et en plus des bières, j'allais acheter des rouleaux de papiers cul. Pour faire la mèche.

-Des cocktails molotov. On va essayer de faire des cocktails molotov.

En fait, j'imaginais que si on mettait une mèche dans une bouteille de bière pleine d'essence, ça allait faire un jet de flammes qui monteraient vers le haut. Comme un lance-flamme. J'étais complètement à côté de la plaque évidemment, mais je ne le savais pas.

Notre voyage en quête de notre précieuse essence touchait à sa fin, mais le plus dur restait à faire. Il fallait maintenant voler l'essence. Je donnai ma dernière bouteille vide à Clepto et entrai sans hésitation dans le petit magasin attenant à la pompe. Le pompiste faisait plus attention à moi qu'à Clepto du fait qu'on était pas venu en voiture. Donc, il ne craignait pas trop pour le carburant. Et pourtant...

Je restait longtemps à hésiter devant le rayon des bières tellement il y avait du choix. Avec les années, si je n'étais pas devenu un pro du vol à l'étalage, j'étais par contre devenu le meilleur pour ce qui était de faire diversion. Je fini par choisir deux packs de bières et prendre un pack de PQ.

Puis j'approchai de la caisse et sourit au pompiste, lui demandant comment ça allait et en parlant du temps particulièrement beau, soulevant aussi mon t-shirt pour lui dévoiler ma peau rouge qui prouvait à quel point le soleil tapait. Je respirais une telle naïveté et une telle innocence que le pompiste n'y vit que du feu. Quant à moi, je n'avais aucun remords: c'était pour une bonne cause.

Je sortis du magasin et rejoignit Clepto à l'arrière qui avait disposé les bouteilles en équilibre, pleine d'essence... Je souris.

-Cool! Bien joué!

Je trouvai un casier dans les trucs qui étaient entassé derrière le bâtiments et les disposai dedans. Ce serait plus facile à transporter parce qu'on avait plus rien pour les reboucher.

-On retourne au skate park? J'ai pris de quoi faire des mèches!

Une fois arrivé à la hauteur d'Eddy, je bouscula légèrement ce dernier. Pas pour le frapper, juste parce que j'aimais pas qu'on se paie ma tête. Bien que moi même j'en étais amusé. Il me fila par la suite le pack de bières vides, en en sortant les quelques rescapées.

- Ok chef.

J'accepta sans hésiter la bière qu'Eddy me tendais. Il me disait qu'on en aurais besoin une fois vidées pour les remplir d'essence. Après avoir repris mon souffle, parce que j'étais un graaaand sportif et que je courrais un marathon tous les matins, je décapsula ma bouteille que je descendis en quelques minutes. Juste le temps d'arriver jusqu'à la station d'essence.

J'avais déjà eu recours à ce genre "d'inventions" quand j'étais gosse. Une fois, avec d'autres gamins de mon âge, on m'avais expliqué comment faire un cocktail molotov, et je l'avais jeté sur ce qui se trouvait à proximité de moi. Sans réfléchir. Et en l’occurrence, il s'agissait d'une voiture de flic. Et celle-ci avais littéralement explosée.. Le début d'une tendre histoire d'amour..

Je devais avouer que l'idée d'Eddy me paraissait un peu bizarre. En fait j'avais simplement du mal à comprendre pourquoi il voulait faire des cocktails sur scène. Et surtout.. sur quoi, ou qui est-ce qu'il comptais les lancer. Mais encore une fois, Eddy avais l'air plutôt sur de lui. Alors je lui faisait confiance, peut être avait-il une autre idée derrière la tête dont il ne m'aurais pas encore parlé.

Arrivés devant la station d'essence, je pris la bouteille d'Eddy avant de me diriger vers la pompe à essence, le plus normalement du monde, histoire d'éviter d'avoir l'air trop louche et de susciter les soupçons du pompiste. Une fois devant la pompe à essence, je m'accroupis pour remplir une à unes les bouteilles d'essence, en levant de temps en temps la tête pour vérifier si personne ne se ramenais. Je me demandais ce que Eddy pouvais bien raconter au pompiste, parce que j'étais plutôt tranquille pour le coup.

Une fois avoir rempli les bouteilles, je me sortis une cigarette que j'alluma sans réfléchir. L'idée même que je m'allumais une cigarette à côté d'une pompe à essence, où même de bouteilles remplies ne me percuta pas l'esprit. Une raison de plus pour croire que je n'avais pas touché à l'essence et que je transportais seulement des bouteilles, remplies de bière. Parce qu'une personne censée aurait pas fait ça en sachant qu'il transportais de l'essence.

Je disposa donc les bouteilles derrière la station, et je resta un moment attendre Eddy, qui me paru durer une éternité. Ensuite je vis celui-ci débouler avec un pack de PQ et de bières. Cool, le rab de PQ nous servira pour l'appart.. comme ça ça nous évitera de taper dans les réserves de serviettes volées au Burger king. Même si avec du PQ, on irais pas loin pour faire des cocktails molotov.. Enfin.. autant essayer !

- Niquel, on y va alors, avant qu'ils se rendent compte de quelque chose.

Une fois avoir aidé Eddy à remplir le casier des bouteilles d'essence, je jeta ma cigarette et je pris celui-ci avant de bouger, en commençant à rebrousser le chemin.

- Bien joué mec, j'sait pas ce que tu lui a raconté au pompiste.. mais c'est passé niquel !

Avec les années, en matière de vol, Clepto était devenu un des meilleurs. Et moi, j'étais le maître des diversions, mon air innocent achevant mes ennemis sans aucune pitié. Ce qui fait que, sans aucune angoisse, j'embobinait le pompiste et laissait tout le temps à Clepto de faire sa petite popotte tranquille. En fait, c'était devenu tellement naturel pour nous de voler qu'on avait même pas l'air suspect tellement on était relax.

Le truc, c'est qu'on avait même pas l'impression de faire quelque chose de mal. Parce qu'on avait toujours une bonne raison de voler, que ce soit au nom de la Créativité, de la Faim, ou de la Culture. On volait pour le bien de l'humanité.

Une fois derrière le bâtiment, avec notre casier rempli de bouteilles pleines de leur précieux contenu, Clepto la clope au bec sans qu'aucun d'entre nous ne se préoccupe de la dangerosité du mélange, on pris notre chargement et on "décampa" aussi naturellement qu'on était venus. Et on était très fier de nous en se dirigeant vers le skate park.

-Bah tu sais, des trucs cons quoi. les gens ils sont contents quand t'es gentils avec eux...

Pas sûr que le mec serait aussi content s'il se rendait compte qu'on lui avait piqué de l'essence. Mais vu qu'on en avait pris qu'une petite quantité, ses pertes seraient loin d'être catastrophiques.

Une fois au skate park, on déposa notre butin et on entrepris de mettre une mèche de PQ dans chaque bouteille en verre pleine d'essence. Je n'avais jamais fait de cocktail molotov et ça ne me serait pas venu à l'esprit de les utiliser pour faire des dégâts exprès. Tout ce que je cherchait, c'était un effet lance-flamme pour les concert sans avoir aucune idée de comment faire. La solution qu'on était en train d'élaborer. J'étais excité comme pas deux et j'attendait qu'une seule chose, de pouvoir allumer la mèche.

Je fumais pas, mais Clepto ouais. Et on avait fini de préparer les mèches.

-J'allume la première!!! Passe ton briquet s'il te plait!

Les filles qu'on avait gougeattement éconduits (Eddy essaye de parler bien, même dans sa tête), s'étaient rapprochées pour regarder notre manège qui était des plus suspects. Mais elles restaient à distance, comme si ça pouvait nous foutre quelque chose qu'elles restent à distance. Notre monde, en se moment, se résumaient à une douzaine de bouteilles de bière pleines d'essence d'où pendait un pauvre morceau de PQ blanc comme neige. On ne voyait que ça. Et on se demandait bien ce que ça allait donné. J'avais bien en tête l'idée que je voulais de l'effet, mais je ne pouvais avoir la certitude que c'était ça que ça allait faire.

Clepto me tendis son briquet et j'eus l'honneur de m'approcher de la première bouteille. D'une main, je tins le corps de la bouteille et de l'autre, j'approchai la flamme du PQ...

-GIVE ME FUEL! GIVE ME FIRE! GIMME THAT WHICH I DESIRE!!!

BOUM!!!

La bouteille éclata littértalement dans ma main. Sur le coup, je ne sentis rien. Rien du tout. Ce n'est que quand je vis ma main couverte d'un mélange de sang et de viande cuite que je commençai à flipper.

J'avais mal... Et j'avais presque pas l'air con...

" Bah tu sais, des trucs cons quoi. les gens ils sont contents quand t'es gentils avec eux... " Evidemment. Ca ne m'étonnais absolument pas d'Eddy. Il savait parfaitement embobiner les gens. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il avais toujours l'air très naturel en faisant ça. Eddy savait parfaitement se servir de son côté naïf à son avantage. Alors que moi, je passait superbement inaperçu. On formais vraiment une belle paire de branleurs tous les deux.

Une fois arrivés au skate-park, j'aida Eddy à mettre ses mèches de PQ dans les bouteilles d'essence, et à disposer celles-ci par terre devant nous.

Eddy semblait excité comme pas deux et impatient quand à l'idée d'essayer son invention. Et c'est alors qu'il me demanda mon briquet, que je lui tendis après avoir fouillé maintes fois mes poches à la recherche de ce dernier. J'adoptais un air sceptique en lui donnant celui-ci. J’avais du mal à comprendre comment celui-ci voulait s'y prendre.

- Ouais.. fais gaffe hein..

Bien sur Eddy n'en avais royalement rien à faire. Mais c'était pas peine d'avoir prévenu..

L'attroupement de filles qu'on avait abandonnés un peu plus tôt étaient restées sur place, et nous regardaient d'un air méfiant, et un peu suspicieux. En y réfléchissant bien, y'avais de quoi. On étaient revenus avec une quinzaine de bières remplies d'essence, et on avait joliment décorées celles-ci de PQ, et disposées celles-ci comme si on avait l'intention de tout faire péter.

Je restais un peu à l'écart,en jetant un coup d’œil à la bande de filles qui jacassaient en nous regardant. Puis lorsque Eddy se mit à hurler "GIVE ME FUEL! GIVE ME FIRE! GIMME THAT WHICH I DESIRE!!!", je riva mon regard sur ce dernier en écarquillant les yeux.

- EDDY !!! LÂCHE LA BOUTEILLE !!!

Trop tard, la bouteille venait d'exploser dans sa main, et en voyant l'explosion, je recula instinctivement en portant mon bras devant mon visage pour me protéger des étincelles du feu. Après coup, je me précipita vers Eddy.

Je me pencha à moitié pour regarder Eddy.

- Mec ! Qu'est ce que t'as foutu ?!

Je baissa mon regard sur sa main, qui avais littéralement cramée sous l'effet de l'essence et du feu. Je paru soudainement un peu plus inquiet pour Eddy, et d'un ton un peu moins fort, je me murmura à moi même :

- Putain de merde..

On étaient dans la merde. J'avais séché la plupart des cours de secourisme à l'école, et j'étais pas franchement doué pour rassurer les victimes. En plus de ça, je n'avais aucune idée de comment m'y prendre. Je me retourna donc vers l'attroupement de filles qui s'en allaient d'un pas assez rapide. Puis je les interpella en hurlant.

- IL VA MOURIR AIDEZ MOI !!

J'exagérais, bien évidemment.. Mais c'était le seul moyen de les faire réagir selon moi. Et ça marcha plutôt bien, une fille d'entre elles se rapprochèrent de nous. Je me retourna donc vers Eddy, en le faisant s'asseoir.

- T'inquiète mec, ça va aller..

J'essayais moi-même de m'en persuader. Et puis j'avais aucune envie qu'Eddy perde sa main. Déjà, de un, parce que pour lui ce serais déjà super galère, et de deux, parce que y'aurais plus de Roadtramp.. et ça, c'était pas possible.

Je ne savais pas ce qui m'avait fait le plus peur... L'explosion ou le cris d'avertissement de Clepto derrière moi. Mais au moment où j'avais voulu lâcher la bouteille, c'était déjà trop tard. Ma main n'était plus qu'un magma brûlant hérissé de bouts de verres. Et j'étais encore tellement sous le choc que quand Clepto me rejoignit en jurant, je n'étais pas capable d'articuler quelque chose. Par contre, je respirais très fort et très vite maintenant que mon cerveau, la première surprise passée, avait la bonne idée de me faire ressentir à quel point ça pouvait faire mal d'être un peu con.

Et je respirais tellement fort et tellement vite que ma tête se mettait à tourner. Je fermai les yeux, me privant du spectacle pitoyable de ma main et me rattarpai à à l'épaule de Clepto de ma main valide.

-Oh putain... Putain ça brûle...

Mon ton était légèrement absent, mais la douleur était bien présente. Je rouvris les yeux quand Clepto gueula que j'allais mourir. QUOI?! Je regardai à nouveau ma main... C'était vrai que c'était vraiment pas beau à voir et purement dégueu en plus de faire mal! J'allais mourir! Clepto l'avait dit et Clepto avait une fâcheuse tendance à avoir raison! Et même si par miracle, j'arrivais à survivre, on devrais certainement me couper la main!! Je pâlis d'un seul coup. J'allais vraiment tomber dans les pommes si je continuais à flipper comme ça.

L'idée d'aller direct à l'hopital ne m'avait pas effleuré l'esprit. Probablement parce que ce n'était pas vraiment un réflexe qu'avaient su m'inculquer mes parents. D'ailleurs, s'ils étaient là, ils diraient probablement, fatalistes, que ce qui venait de m'arriver était la punition pour tous mes péchés... Et ce foutu Dieu devait en avoir un liste plus longue que son bras, de mes péchés...

Les filles s'approchaient avec prudence, vu que Clepto les avait interpellées. Mais dès qu'elles voyaient l'état de ma main, elle hurlaient et déguerpissaient. Et moi, j'avais de plus en plus de mal à supporter la douleur. J'avais l'impression que ma main continuait à brûler, mais sans qu'il y ait de flammes.

Je m'adressai à Clepto... La douleur me faisant un peu redescendre sur terre.

-Hey... Hey... Faut qu'on aille à l'hopital avant que je meurs... Mais si j'ai le choix entre ça et qu'on me coupe la main, laisse-moi crever...

J'avais aucune envie de me retrouver mutilé...

Les filles que j'avais interpellées avaient déguerpis aussi rapidement qu'elles étaient venu voir la main d'Eddy. Ce qui eut le don de m'énerver, je me retourna donc vers Eddy, énervé. En voyant l'expression de celui-ci, j’essayai de retrouver mon calme, en fermant les yeux et en inspirant un grand coup. J'avais aucune envie de le stresser encore plus. Ce devait déjà être assez dur comme ça pour lui..

« Hey... Hey... Faut qu'on aille à l’hôpital avant que je meurs... Mais si j'ai le choix entre ça et qu'on me coupe la main, laisse-moi crever... » Avant qu'il ne meurs ? J'y avais été un peu trop fort, sous l'effet du stress, et j'aurais pas pensé qu'Eddy aurais pris ce que j'avais dit au pied de la lettre. Je me devais donc de le rassurer. Même si maintenant ça allais pas être évident, vu que la douleur devait déjà commencer à gagner sa main.

- T'inquiète, tu va pas mourir..

C'était un peu pourri comme réconfort, mais on pouvais sentir dans le ton de ma voix que j'étais sincère en disant ça. Par contre, j'étais un peu moins certain qu'on allais pas devoir lui couper la main. Je m'abstins donc de toute remarque concernant sa main.

- Ouais bien sur, j'vais te laisser crever.. T'en à d'autres dans le genre ?

Je me détacha du bras d'Eddy en prenant soin de laisser celui-ci assis à terre, au cas où il perdrais l'équilibre et qu'il tomberais, j'avais pas non plus envie d'avoir le traumatisme crânien de mon meilleur pote sur le dos.

Je me mis alors à courir jusqu'à la route, en attendant qu'une voiture arrive. Lorsque je vis une voiture arriver, je me posta en plein milieu de la route. Évidemment, vu que je ne bougeais pas d'un poil, le conducteur fut obligé de s'arrêter au risque de m'écraser. Une fois celui ci arrêté, je me précipita à la fenêtre de la voiture pour expliquer brièvement qu'on avais besoin d'aide et qu'on devais aller à l’hôpital d'urgence. J'évitais d'épiloguer, en partant du principe qu'en voyant la main d'Eddy et son état, il serait en mesure de comprendre la gravité de la situation. Il s'agissait un vieillard, pas très réactif, mais tant pis, ça ferais l'affaire. Toujours d'un pas aussi pressé je vint récupérer Eddy que j'avais laissé en plan juste un peu plus loin.

- On va à l’hôpital lève toi.

Je tendis ma main vers Eddy pour aider ce dernier à se relever en tirant vers moi sa main encore valide.

- Tu iras derrière comme ça tu va t'allonger le temps qu'on arrive.

J'avais aucune idée du temps que ça allait prendre, vu le personnage auquel on avait à faire.. Mais tant pis. J'aida Eddy à marcher jusqu'à la voiture en soutenant ce dernier par l'épaule, puis j'ouvris la portière pour l'aider à rentrer et je me précipita jusqu'à l'avant de la voiture en claquant d'un bruit sourd la portière.