Prom song gone wrong ft. Savannah Osborne

Vendredi soir, année 1973. Le jour du bal de promo.

Cette journée avait été mouvementée. D'abord j'avais appris que je n'allais pas avoir mon diplôme , rendant ma mère furieuse. Mais bon, avec mes notes de merde, mes absences et mon comportement, cela ne m'avait pas étonné du tout. Alors je m'étais remonté le moral, me disant que, ce soir, j'allais foutre le bordel au bal et passer une nuit superbe avec ma petite copine. Pensant qu'ils ne pouvaient pas me virer le dernier jour, j'avais fait un carnage au bahut, déclenchant l'alarme incendie et attendant tout le monde dehors devant le lycée , debout sur le socle de la statue "sacrée" représentant un quelconque gars qui avait fait du bien à notre pays, faisant  l'hélicoptère avec mon pénis en hurlant que c'était les "putains de vacaaaances!" . Parce que moi , j'étais content que ce soit les vacances au soir, content de dire au revoir à ce lycée de merde.
Sauf que ça n'avait pas plu au corps enseignant et que j'avais été tiré par l'oreille, le fut encore aux chevilles, le cul à l'air, jusqu'au bureau du principal. Je vous épargne les détails, c'était violent, il avait pété un câble, c'était la goutte d'eau de trop dans l'vase de la patience. Du coup j'avais du vider mon casier et partir plus tôt du lycée. Pour sûr, ma copine n'était pas très contente, et moi non plus. J'étais dégoûté, interdit d'aller au bal de promo. Elle qui voulait être Prom Queen..


J'avais gâché sa soirée, je m'en voulais un peu. Je regardais par la fenêtre de ma chambre, écoutant du Elvis Pressley, ce qui ne me remontais pas vraiment le moral. Je soupirais, allumant une cigarette, penché par ma fenêtre ouverte, regardant la rue sombre de mon quartier mal famé , le vent qui s'engouffrait le long de la route envoyant mes cheveux mi-longs dans ma figure. Je les replaçaient d'un petit coup de tête. C'était grave hype, cette coupe. Ma mère me disait que je ressemblais à un clochard, mais justement c'était le but, c'était pour ne pas faire comme tout le monde. J'expirais lentement la fumée , me retournant le cerveau.

Il n'était pas encore trop tard pour aller au bal, finalement, non ? J'avais encore mon costard. Si j'y arrivais en retard, pendant que tout le monde faisait déjà la fête, je pouvais passer inaperçu. Je passerais par la porte de derrière du gymnase.

Lançant ma clope à moitié finie par la fenêtre, je m'empressais d'aller troquer mes vieilles fringues trouées contre le costard de seconde main que ma mère m'avait payé pour l'occasion, tellement fière que j'y aille, à la base, et puis contente de me voir dans autre chose que ces "vêtements de punk de merde". Je galérais un peu avec ma cravate, et au final j'avais l'air plutôt con là dedans,ne touchant pas à mes cheveux en pétards , la veste étant un peu trop grande et la chemise dépassant de mon pantalon car je n'avais pas voulu la rentrer dedans pour ne pas ressembler à un pingouin .

Je chopais les clés de la voiture de mon beau père qui étaient posées sur la table de la salle à manger en sortant discrètement de ma piaule, passant derrière le canapé du salon . Ma mère y était assise avec mon beau père, regardant un truc à la con, seul l'écran les éclairant.

Une fois sorti, je ricanais. Ils étaient trop cons, ils ne m'avaient même pas vu faire, j'étais grisé. En plus, j'allais faire une surprise à Savannah. Oh qu'est-ce qu'elle serait contente de me voir arriver! Le grand Jack , moi , au bal de promo, quand même là. Elle essuierais ses yeux de biche avec son mouchoir en reniflant, un petit sourire aux lèvres et me sauterait dans les bras, je voyais déjà d'ici la scène.



C'est avec un sourire idiot que je démarrais la voiture une fois dedans, chantant les chansons débiles qui passaient à la radio avec joie, tapant des doigts, qui n'étaient pas encore tatoués, à mon grand dam, sur le volant.
J'arrivais finalement devant le gymnase du lycée quinze minutes plus tard. Coupant le moteur, j'entendais d'ici la musique qu'ils jouaient, et les basses. Je sortais de la voiture, avançant de ma démarche calculée pour faire bad boy, mais malheureusement pour moi, sans la veste en cuir, ce qui me donnait plutôt l'air d'un gros boulet qui avait essayé d'être classe, vers la porte arrière du gymnase. Il n'y avait personne , tout le monde s'éclatais à l'intérieur. De toutes façons ils pensaient tous que je n'en avait rien à foutre du bal de promo et que ça m'arrangeais , j'imagine.  Puis certains étaient tellement content que je ne vienne pas, dans le groupe d'organisation du bal, qu'ils ne voulaient pas penser à une éventuelle intrusion de ma part.

Entrant discrètement dans la salle où se déroulait le bal, je  la cherchais du regard, restant dans l'ombre pour ne pas me faire décalé avant de l'avoir vue.

Prom song gone wrong Ft. Jack Farmer

Prom song gone wrong ft. Savannah Osborne

Je t’apercevais enfin, une crinière blonde détachée, naturelle, au milieu de toutes ces ploucs maquillées comme des idiotes car elles ne le faisaient jamais en cours et qu'elles s'étaient lâchées avec leurs pinceaux comme des gamines qui font du coloriage. J'affichais un énorme sourire en faisant un pas vers l'avant avant de froncer les sourcils. La musique avait changée pour prendre un ton plus lent,  langoureux. C'était un slow. Mais moi, dans ma tête, j'entendais de violents riffs de guitare et une voix hurler toute sa rage contre le monde.
Je voyais rouge, les sourcils froncés et les dents serrées sentant mon coeur se briser en milles morceaux. Mais au lieu de pleurer comme un gamin et d'aller m'accrocher à ta robe en te suppliant , je transformais mon dégoût et mon désenchantement en rage contre ce gars qui se collait à toi et s'approchait lentement pour coller ses lèvres de minet contre les tiennes.

Fendant la foule et poussant des élèves qui poussaient des cris d'indignation alors que je les coupaient dans leurs slow, je remontais mes manches, découvrant l'un de mes seuls et rare tatouages, desserrant également ma cravate en continuant de faire du coude pour progresser vers toi. J'étais rouge de rage, une veine saillant sur mon front et je surplombais l'autre gars de quelques centimètres, te poussant hors du champ pour venir lui faire face avec agressivité , collant presque mon visage au sien en le poussant légèrement avec mon front, lui hurlant à la figure en lui postillonnant dessus, levant mon poing bagué vers sa tête.



- JE RÊVE OU T'ES EN TRAIN DE  TOUCHER A MA COPINE, LA ? J'VAIS T’ÉCLATER LA FACE CONTRE LA SCÈNE POUR FAIRE DES CONFETTIS AVEC TES DENTS POUR QUAND ON ACCLAMERA LA REINE DE PROMO, FILS DE PUTE.



Quand à ce dénommé Nathan, il ne faisait pas vraiment le fier, mais il finit tout de même par me répliquer avec un sourire arrogant , bien que son petit rire sonne faux. Il avait également l'air de commencer à s'énerver.



- Ta "copine" elle est venue avec moi, c'est moi qui suis venu la chercher parce que, tu sait, j'suis pas renvoyé, moi!



Hurlant de rage, le traitant de menteur sous la colère et la frustration de cette trahison de ta part, selon mon point de vue, je lui collait mon poing dans la joue après avoir pris de l'élan. Ma bague laissa une marque rouge sur son visage , saignant légèrement. Mais ça, ce n'était rien de grave comparé à ce que j'avais envie de lui faire. Alors, le poussant à terre, devant une foule d'élève qui s'étaient arrêtés de danser, les yeux rivés sur nous, choqués et appeurés, je lui assénait un coup de pied dans l'estomac, lui coupant la respiration quelques secondes avant de me redresser, passant une main dans mes cheveux mi-longs pour les ramener vers l'arrière. Je te regardais d'un oeil rempli de reproches, le nez légèrement froncé de dégoût , secouant lentement la tête.



- Il ment, pas vrai ? Tu m'aurait pas fait ça, hein ? Tu m'a pas utilisé pour avoir ta foutue courone, puis lui ensuite parce que moi, j'pouvais pas v'nir ?



J'avais l'air con en général, mais j'avais bien compris ce qui pouvait se tramer ici. Notre couple était très populaire, après tout. La belle et le bad boy. Mais si je ne pouvais pas venir, tu allait forcément jetter ton dévolue sur quelqu'un d'autre si jamais tes larmes n'avaient été versée que pour ta couronne. J'étais complètement perdu, à la ramasse, devenant fou. Moi qui avait voulu te faire une jolie surprise. Alors que j'aime même pas ce putain de bal, que je trouve ça bon enfant, un peu snob. J'avais envie de foutre le feu à toute la salle, tellement j'étais sur le cul, énervé , choqué et triste. Je savais bien, que j'étais pas le plus beau de tout le lycée, moi. J'le savais, que tu pouvait me remplacer par n'importe quel beau gosse de l'équipe de foot. Mais je t'avais toujours fait confiance, je m'étais dit que t'était pas comme les autres disaient, que t'était pas si superficielle que ça, et que tu m'aimait vraiment. Mais apparemment, non, pas trop.
J'haussais les sourcils, les coins de ma bouche s'affaisant vers le bas , prenant un faux air impressionné et applaudissant comme un hystérique, riant sans humour . J'en était venu tout seul à ma propre conclusion, et peu importe ce que tu allait dire. Je m'étais fermé comme une huître, bien au chaud dans ma petite coquille de connard, vexé de m'être ouvert pour me prendre un coup de fourchette.


- C'est génial, Savannah. Tu la mérite ta putain de couronne, t'es la Reine des connasses. T'a plus besoin de ton crapaud maint'nant qu'ta trouvé un Prince.


Le prince en question grognait, par terre, commençant à se relever et je lui lançais un regard des plus mauvais, ne voulant pas commencer à pleurer maintenant. Il fallait que je tape, que je hurle, pour ne pas pleurer. Une grimace mauvaise, pleine de haine, se formait sur mon visage.

 

Prom song gone wrong Ft. Jack Farmer

Prom song gone wrong ft. Savannah Osborne

Ce n'était pas la honte de me faire traiter ainsi devant tout le bahut qui me faisais te regarder soudain, mon visage se décomposant un bref instant. Non, c'était juste que, quand les mots sortaient de ta bouche plutôt que de l'intérieur de mon crâne d'adolescent perdu et sans avenir, ça faisait encore plus mal.

Je te lançais un petit sourire amer avant de m'énerver d'un coup, pétant un câble sur moi, sur toi, sur cet abruti qui t'avait emmené à ma place au bal de promo, sur  le monde entier. J'avais la rage,  vraiment la rage. Comment est-ce que j'avais pu m'ouvrir comme ça  pour une connasse ? Pourquoi est-ce que je t'avait crue quand tu me disait que tu m'aimait, et quand tu avait pleuré au téléphone ? J'avais fait tellement de choses pour toi, j'étais limite devenu un putain de pigeon. Mais finalement, j'en était revenu à la même conclusion. Les nanas, c'était des profiteuses de merde. Je n'allais certainement plus jamais avoir de remords après avoir couché pour un soir avec une donzelle en la laissant seule au matin, elle s'en remettrait, maintenant j'en étais sûr. Vous les filles vous vous en remettiez toujours, mais pas nous, les hommes. Alors autant s'amuser, ne jamais s'ouvrir et vous laisser souffrir un bref instant plutôt que de pleurer toute notre vie.

Mon visage se déformais en une grimace de rage et avant que le corps enseignant n'ai pu nous séparer, je sautais sur ton prince qui s'était relevé, disparaissant avec lui dans une masse informe de poings et de grognements, de hurlements. Je me prenais plusieurs coups en retour des miens, et une fois que le corps enseignant eut réussi à nous séparer, j'avais la lèvre en sang, les cheveux en pétard , un bleu aux côtes et à une de mes joues ainsi que ma manche de smoking déchirée sur le haut à l'épaule. Il n'était pas beau à voir non plus, essoufflé comme moi, le nez cassé et un oeil au beurre noir. Avec ma rage destructrice, j'avais réussi à l'amocher plus que moi. Je lui crachait au visage entre deux halètements , le principal et le prof de sport m'éloignant de Nathan et de toi.

Alors que je te voyais t'éloigner de mon champ de vision à reculons, je te pointais du doigt, me  laissant traîner, à bout de force, moralement achevé, bien trop pour me débattre. Et puis je ne voulais pas rester ici. Tout en te pointant du doigt j'hurlais à ton adresse , le visage rouge après tous ces efforts, des larmes de rage perlant aux yeux, postillonnant tellement je m'égosillais.



- SALOPE! J’ESPÈRE QUE CETTE PUTAIN DE COURONNE SERA LE SEUL TRUC QUE TU RÉUSSIRA A AVOIR DANS TA VIE! PERSONNE NE T'AIMERA JAMAIS COMME JE T'AI AIMÉE, ET MOI , J'T'AIMERAIS PLUS JAMAIS. TU CRÈVERA SEULE AVEC TES CHATS, GROSSE ET MOCHE! PROFITE! PROFITE!



Une fois foutu dehors, je restais assis un moment sur le bitume, entendant encore la musique étouffée venant de l'intérieur du gymnase. La porte était claquée à ma figure et je pouvais enfin me laisser aller, pleurant comme un gamin et tapant des poings par terre en pestant, m'éraflant la peau. Je marmonnais pour moi même entre deux reniflements peu gracieux.



- Plus jamais... Connasses... Toutes des connasses... J'vais pas m'priver... Ah ça non.. C'est moi qui vais faire chialer, c'pas grave, ce sera plus moi... Ah j'suis con.. Ah qu'est-ce que j'suis con. Avec ma sale gueule là...


Je finissais par me calmer un peu, me relevant en titubant, un peu perdu puis sortais une clope de ma poche, légèrement écrasée et tordue, l'allumant une fois qu'elle fût coincée entre mes lèvres , le filtre se tâchant un peu de sang. Je tirais une longue latte pour me détendre puis me tournais vers le gymnase, les yeux encore rouges et  le visage un peu bouffi d'avoir pleuré comme une madeleine. Heureusement que personne ne m'avait vu. J'adressais un doigt d'honneur au bâtiment, et ça me soulageais un peu, même si je savais que ça ne servait à rien. Puis je retournais dans la voiture de mon beau père, la mort dans l'âme, déçu, dégoûté et me sentant sali.

Prom song gone wrong Ft. Jack Farmer

J'y avais été très fort pour ce que je t'avais dit, je savais que ça allait te blesser mais ce n'était qu'un sale moment à passer pour toi, du moins je l'espérais.
Tu me regardais avec ce regard qu'on a juste envie de fuir quand on aime la personne qui nous le jette, parce que malgré que je venais de te jeter comme une grosse merde que tu n'étais pas, ben oui je t'aimais.
Je te voyais encore te battre, tu pouvais te défouler, encore plus sur lui, je m'en fou de lui, c'est toi qui m'importe mais il faut que je passe pour quelqu'un qui protège les gens qu'elle aime et il faut que je te fasse passer pour le connard, ouais juste pour ma réputation.

Oh mon dieu ! Nathan ! Arrêtez ! Mais tu vas le lâcher Jack, putain !

Je levais les mains en l'air en criant, une vraie actrice...Si tu savais comment je regrette comment je te traite à l'instant, tu m'en voudras toute ta vie n'est-ce pas ?
A peine avais-je posé la question au fond de moi que j'avais la réponse lorsque le prof de sport t'embarqua avec lui, tu me crier dessus et tu sais quoi ? Je ne t'en voulais pas parce que ce que je t'avais dit était bien pire et je savais que tu étais fragile avec tout ce que tu vivais. Mais au fond tu avais peut-être raison, si je continuais à penser encore et toujours à moi comme ça je finirais ainsi. Eh oui je suis lâche, Jack au point que tu ignoreras toute ta vie.

Pour autant après un moment j'ai décidé d'aller voir dehors, discrètement en passant mon visage dans la petite ouverture de la porte du gymnase. Et tu étais là, je ne sais pas pourquoi je faisais ça, de te regarder. Mais comprends-moi c'était comme une punition que je me faisais à moi-même pour t'avoir blessé autant parce qu'il fallait que je vois les impacts que j'avais causé jusqu'au bout.
Et là je t'entendais pleurer et à chaque reniflement que tu faisais c'était mon cœur que tu déchirais. Crois-moi, Jack j'aurais voulu courir jusqu'à toi pour te prendre dans mes bras et te dire que j'étais désolée, mais qu'aurais-je fais de pire ? Tu aurais été encore bien plus perdu qu'à ce moment précis.
Je n'aimais pas te voir te faire du mal, je t'en avais déjà fait bien assez tu ne devais pas t'infliger ça, pas toi, pas maintenant...
Je t'ai regardais comme ça un long moment et j'aurais voulu le faire jusqu'à ce que tu partes seulement Becca est venue me chercher pour que je retourne dans la salle, pour qu'on me décerne ma couronne, tu sais ma couronne de Conasse ? Je la porterait pour toi ce soir.

Je revenais alors dans le gymnase accompagnée de Becca, j'attendais qu'on prononce mon nom impatiemment et quand il fût prononcé, je me faufilais à travers la foule pour rejoindre la scène.

Voilà notre héroïne de ce soir qui a sauvé Nathan ! Félicitation à notre reine, Savannah Osborne !  

Je mettais à présent ma couronne et je prenais le bouquet de fleurs que je lançais dans le public.
Présentement j'allais prononcer un discours que je ne penserais pas, vois-tu Jack à quelle point je ne suis pas moi-même ici ?

Merci à tous d'avoir voté pour moi ! Il est vrai que j'ai trouvé réellement ridicule que Nathan se fasse taper dessus alors que Jack était viré et n'avait rien à faire à ce bal Tu y était venu pour moi, merci mais tu n'aurais jamais dû, jamais. Vous pouvez être sûr que maintenant en m'ayant comme reine je ferais tout mon possible pour que ça n'arrive plus.

Voilà Jack je suis couronnée reine des conasses, mais ce n'est pas seulement pour cette année, c'est pour toute ma vie, pour t'avoir fait ça !