Il était presque midi. Mes sacs étaient prêts, mes guitares dans leurs housses, c'était le signal du départ pour Oklahoma City. Le concert de la veille n'était pas le meilleur qu'on eut donné de notre carrière. En effet, depuis notre arrivée à Las Vegas et ma rencontre au hasard avec Savannah, Billy ne me parlait pas. Et on s'était évités pendant les deux jours qu'on avait passé dans la ville du péché. Il était dans sa chambre d'hôtel la plupart du temps pendant que moi, je passais mon temps avec les autres. Avant le concert, il était dans la loge... Et c'était sur scène qu'on s'était retrouvé le plus proche l'un de l'autre de tout le séjour. Mais nous n'avions pas cette complicité sur scène que les fans attendaient.

Et tout ça, c'était la faute de Savannah. Elle avait dû dire à Billy qu'on s'était croisés. Et elle avait du lui dire aussi que j'avais été un connard avec elle. Ce n'était pas faux, bien que je l'avais aidée à ranger sa valise qui s'était ouverte et déversée sur le sol. Mais évidemment, elle ne lui avait certainement raconté que la moitié de l'histoire, passant sur la passage de la valise et sur le fait que je ne l'avais pas fait tout simplement virer de la tournée.

Jusque-là, on avait donc évité le clash en réduisant nos contact et en ne se disant pas un mot, pour la plus grand malheur de la santé cardiaque de Lenny qui n'arrêtait pas de me demander ce qui nous arrivait. Ce à quoi je lui répondais chaque fois d'aller poser la question à Billy. Ce n'était pas moi qui avait autorisé le cancer à s'installer et à métastaser la tournée.

J'avais aidé les roadies à charger mes affaires dans le bus. Aucune trace de Billy. Il était sûrement encore au lit avec Savannah. J'en avais rien à foutre...

Enfin si, un peu quand même. Je ne voulais juste pas m'avouer que le silence de Billy me bouffait de l'intérieur.

Alors merde. Une fois que tout fut chargé, j'annonçai à Lenny que j'allais me charger de Billy. Il me regarda d'abord avec des yeux surpris puis perplexe...

-Pas de connerie, Cash... Je sais pas ce qui a, mais pas de connerie...

J'acquiesçai. J'allais faire de mon mieux. Mais je voulais que Billy me regarde et me parle. Sinon, j'allais devenir cinglé et j'allais finir par dire oui à la dose d'héroïne que Ziggy me proposait depuis le début de la tournée. Et tant pis si la mort me rattrapait. Si je ne pouvais plus créer en accord avec Billy Lighter, ça n'en valait de toute façon plus la peine.

Je remontai jusqu'au couloir qu'on occupait, sans me presser, à mon rythme. Arrivé devant la porte de la chambre de Billy, j'entrai, sans frapper... J'en avais rien à foutre de ce qu'il était en train de faire. J'avais besoin de son attention. Et c'était la meilleure façon de la gagner.

Pas de connerie avait dit Lenny... Celle-ci n'était que la première d'une longue liste. Mais The Lightening n'avançait que dans la douleur, et je le savais.

-Billy...

Les rayons du soleil traversaient les tentures mal fermée de ma chambre d’hôtel. Il faisait déjà chaud et la journée s’annonçait plutôt belle. J’ouvris tout doucement les yeux, le temps de m’habituer à la luminosité de la pièce. Le réveil à côté de moi indiquait midi. Je me frottais les yeux, le concert d’hier avait était assez bon. Tout du moins, il n’y avait pas eu d’incidents. Les fans étaient en forme et aucune bagarres n’a eu lieu entre le public de Roadtramp et le mien. Mais pourtant, je n’étais pas satisfait de ce qu’on avait fait hier. Comme s’il avait manqué quelque chose.

Je me couchai sur le dos en mettant mes bras derrière ma tête. Savannah n’était pas à mes côtés. Elle devait déjà être partie déjeuner. Elle avait l’habitude de se réveiller avant moi. Elle me manquait déjà…

Je me redressais et fini par me lever complètement. Je baillai un grand coup avant de remarquer un petit papier posé sur la table de nuit. C’était un mot de Savannah qui me prévenait qu’elle était partie déjeuner et ranger ses bagages dans le bus des roadies. Je souris en le lisant. On avait l’habitude de se laisser des papiers un peu partout, déjà lors de notre dernière relation. C’était comme si tout était redevenu comme avant.

Je rejoignis la salle de bain et me regardai dans le miroir, j’avais plutôt bonne mine pour un mec qui venait de passer plusieurs jours à Las Vegas. Je passais une main dans mes cheveux puis les attachai avec un élastique qui était posé à côté de l’évier. J’aurais ensuite plus qu’à prendre une douche et rejoindre le bus pour pouvoir partir direction Oklahoma City. Je décomptais les dates, je décomptais les jours pour voir enfin la fin de cette tournée qui ne faisait que commencer.

Parce que hier, même si rien de grave ne s’était passé, je ne m’étais pas vraiment éclater au concert. Comme si quelque chose était mort. Quelque chose d’important…

J’allais enlever mon short quand j’entendis quelqu’un entrer dans ma chambre. Mon rythme cardiaque augmenta d’un seul coup et je me mis à respirer très fort. Qui pouvait bien entrer sans frapper dans ma chambre ? Ça se fait pas ! Comme pour me rassurer, je pris ma brosse à dent en main. Ça pouvait faire une bonne arme si c’était bien utiliser. Je me mis dans le cadre de la porte de la salle de bain et j’entendis la voix de Cash. Je fronçais les sourcils en le voyant. Il venait de rentrer sans frapper en sachant très bien que c’était jamais une bonne idée.

-Cash… Qu’est-ce que tu fais là ?

Il était là peut-être parce qu’il était mon guitariste… Ou bien simplement parce, au fond, il était aussi mon ami.

-La prochaine fois, frappe ! On est à Vegas, il y a des dingues partout ! Qu’est-ce que tu veux ?

Trois phrases. Trois idées. Un ordre, une justification, une question. Cash n’avait cas dealer avec ça. C’était aussi probablement la plus longue phase que je lui ai adressé depuis notre départ de Los Angeles il y a plusieurs jours.

Quand je franchis la porte de la chambre de Billy, mon cœur fit un bond. Il n'y avait personne. Le lit  était défait, mais il n'y avait personne. Où était Billy ? S'était-il enfui avec Savannah pour vivre quelque part où plus personne ne pourrait le retrouver ? C'était une de mes hantise, parce que je connaissais Billy, parce que je connaissais ses peurs. Je murmurai son nom... Heureusement, je ne paniquai pas, parce que je connaissais aussi les rêve de Billy. Et son plus grand rêve était de faire un gros FUCK à tout ceux qui, dans son enfance, l'avaient pris pour un moins que rien.

Et si Billy cédait à ses peurs, il échouerait.

Le chanteur apparu dans l'encadrement de la porte de la salle de bain, me demandant ce que je foutais là. Je pris mon paquet de clopes dans la poche de poitrine de la chemise à carreaux noirs et gris que je portais ouverte par dessus mon torse nu. J'allumai une clope et lançai mon paquet à Billy pour lui en offrir une. J'avais réellement dû être un shaman dans une autre vie et j'offrais à mon ami de fumer avec moi le calumet de la paix.

On s'était évité l'un l'autre depuis qu'on était ici... Non, déjà avant, Billy fuyait mon regard. Ce n'était que quand j'avais croisé Savannah que j'avais compris pourquoi Billy ne me regardait plus dans les yeux. Il avait peur que je lise son âme, que je vois qu'il me cachait quelque chose. Il savait que j'allais le sentir.

J'allai vers le lit et me laissai tomber dessus, allongé sur le dos, tout en crachant ma fumée. Il sentait Billy, mais aussi le parfum d'une femme que je ne connaissais que trop bien. Billy, lui, sans s'exciter vraiment, passait par plusieurs phases en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Parano, angoissé et perplexe. Je bougeai les cheveux de mes yeux et tournai la tête vers lui, le regardant droit dans les yeux.

-Je sais que Savannah est là, et qu'elle est avec toi... Je l'ai aidée à ranger sa valise qui s'était renversée dans le couloir.

Deux informations, moi aussi. Je savais, mais j'atténuais directement la chose en montrant une forme de bonne volonté. Pourtant, je n'en avais rien à foutre de Savannah et sa foutue valise. Ce que je cherchais, c'était mettre Billy en confiance.

Je laissai mes cheveux retomber devant mes yeux...

-Ne part pas avec elle...

Mes parents avaient divorcé et j'avais un peu perdu mon père, d'une certaine façon, dans l'histoire. Je ne voulais pas perdre Billy. Et j'étais près à supporter Savannah tout le temps plutôt que de voir le chanteur abandonner The Lightening pour cette fille qui n'en valait pas la peine...

-Elle va te faire mal encore, tu le sais ça ?

Savannah ne méritait pas l'amour extrême dont pouvait faire preuve Billy. Elle avait eu sa chance, elle ne l'avait pas saisie, privilégiant sa carrière, se servant du tremplin de la renommée de Billy pour lancer sa carrière avant de le laisser tomber comme une pauvre merde.

J’attrapai le paquet de clopes que me lança Cash. J’avoue que j’aurais préféré que ce soit Savannah qui ait traversé ma porte plutôt que Cash, parce que je n’étais pas sûr d’être prêt pour une confrontation avec mon guitariste. M’en voulait-il ? Sinon, pourquoi serait-il là ? Allait-il me parler du concert et soulever nos problèmes ? Je redoutais les réponses à ses questions. Je n’avais pas envie de remuer la merde ce matin.

J’allumai une clope avant de lancer le paquet de Cash sur mon lit. Cash choisi ce même endroit pour s’affaler de tout son long. Moi, je restais appuyé contre l’encadrement de la porte les bras croisé. J’attendais de savoir ce qu’il me voulait comme un condamné qui attend sa sentence. C’est quand Cash croisa mon regard, me donnant l’impression qu’il me mettait à nu que je compris qu’il allait me révélé ce qu’il avait à me dire. Et mes craintes se matérialisèrent dans ses paroles. Il savait pour Savannah. Je me demandais combien de temps mon petit secret allait durer. J’ai sous-estimé mon guitariste, il l’a su assez vite. Je me contractai un peu croisant un peu plus fort mes bras et laissant ma cigarette se consumer entre mes doigts. Il avait aidé ma petite amie à ranger sa valise. Ils se détestaient autant l’un que l’autre, je le savais. Alors pourquoi l’avait-il aidé ? Je ne comprenais pas toujours Cash.

Cash fis battre mon cœur un peu plus vite quand il me demanda de ne pas partir avec elle. Cash… Partir pour où ? J’ai déjà fuis l’Indiana pour aller à L.A. ? Je suis déjà partir pour un monde que je croyais meilleur quand j’étais ado. J’y ai réalisé mon rêve mais ça ne m’a pas rendu heureux.  Cash… Où veux-tu que j’aille d’autre ? Je n’ai pas d’endroit où fuir… Parce que ça ne sert plus à rien. Cash était certain que Savannah allait encore me faire du mal. Je fermais les yeux quelques secondes avant de les rouvrir sur mon guitariste. Je m’avançai vers le lit me plantant debout devant Cash. Je soupirai.

-Je ne partirai pas… Où veux-tu que j’aille, Cash ?

Je ne me sentais pas coincé mais j’étais maintenant persuadé que l’herbe n’était pas plus verte ailleurs. L’herbe n’est verte nulle part. Je m’assis sur le lit fumant une grosse bouffée de cigarette. J’étais plutôt calme parce que depuis que Savannah m’avait suivi en tournée mes émotions faisaient moins les montagnes russes qu’avant.

-Je suis heureux avec elle, Cash… Elle a changé, elle fait des efforts. Et j’aimerai en faire autant. Elle m’a fait mal la première fois… Mais j’ai fait pire…

Je ne voulais pas que Cash sabote tout. Je ne voulais pas qu’il fasse fuir Savannah loin de moi. Je ne voulais pas qu’il nous ligue l’un contre l’autre. Je voulais tellement qu’ils s’apprécient. Bordel, pourquoi ce putain de monde n’était pas parfait ?! Pourquoi fallait-il toujours que ça se complique ?!

-Je voulais pas que tu saches qu’elle était là parce que je savais que tu n’approuverais pas !

Mes émotions reprirent d’un coup le dessus comme si j’étais vraiment incapable de les contenir plus longtemps. Des larmes montaient à mes yeux parce que j’avais peur… Peur de ce que Cash serait capable de faire. Mais je les contenais. Chose que je faisais rarement.

-Pourquoi tu ne l’aimes pas ? Pourquoi ne veux-tu pas me faciliter la tâche, Cash ?

C’était déjà assez dur comme ça. Assez dur de me contenir moi-même de faire du mal à Savannah. Assez dur pour qu’en plus je doive avoir chaque fois la bénédiction de Cash…

Billy restait à distance, comme si l'encadrement de la porte et ses bras croisés allaient le protéger de tous les maux et surtout, de ce que j'avais à lui dire. Il avait accepter de prendre une cigarette hors de mon paquet, ce qui était un signe que même s'il avait peur, il était quand même prêt à écouter, si ce n'était pas à avoir une vraie discussion.

Alors, allongé sur le lit où Billy et Savannah avaient certainement passé la nuit ensemble à oublier le monde, je lui révélai que je savais. Et je lui avouai aussi que j'avais peur, peur qu'il parte, qu'il m'abandonne. Qu'il plaque tout pour vivre son pseudo amour avec cette fille qui ne cherchait qu'à avoir encore plus de photos d'elle dans les rues de L.A. et du monde. Une fille qui n'avait pas assez de charisme pour y arriver à elle toute seule et qui comptait utiliser mon meilleur ami comme booster.

Mais ça, bien que ça me dégoûtait, c'était leur problème. Si Billy voulait se faire avoir encore une fois, je ne pouvais pas réellement l'en empêcher. Seulement le prévenir. Ce qui m'effrayait vraiment, c'était les conséquences que revivre l'expérience de perdre Savannah allaient engendrer. Elle pouvait tuer Billy, simplement en lui disant « aurevoir » mais ça, elle n'avait pas assez d'intelligence pour s'en rendre compte.

Billy se planta finalement devant moi, sa cigarette se consumant entre ses doigts alors que la mienne pendait de ma bouche, se consumant elle aussi sans que je la fume réellement. Il me demanda où je pensais qu'il allait aller. Je haussai les épaules, ne répondant pas tout de suite, je ne connaissais que très bien les réponses à cette questions. Car il y avait au moins deux possibilités. J'avais baisser les yeux vers le sol, évitant le regard du chanteur.

Il enchaîna alors, vu que je ne lui donnais pas vraiment de réponses. Il disait qu'il était heureux avec elle, qu'elle avait changé, qu'elle faisait des efforts. C'était peut-être vrai mais ça ne changeait rien au fait que ça pouvait tout aussi bien être faux. Il disait avoir fait pire. Là, sans prononcer un mot, je hochai négativement la tête. Je n'étais pas d'accord quand il disait qu'il avait fait pire. Il ne s'était servi de personne, lui. Il avait été violent ? Ouais. Je le savais, je l'avais même vu faire une fois ou deux.

-Elle provoquait. Et au moins, tu ne mentais pas.

Billy s'emballa un peu, disant qu'il ne voulait pas que je sache qu'elle était là parce que je n'approuverais pas. C'était vrai, je n'approuvais pas. Je tirai un grand coup sur ma clope. Billy avait les larmes aux yeux et c'est le moment que je choisis pour soutenir son regard. Il demanda pourquoi je ne l'aimais pas, pourquoi je ne voulais pas lui faciliter la tâche.

-Rien n'est facile, tu sais... Et ce n'est pas moi qui rend ça difficile.

En effet, au début de la relation entre Billy et Savannah, je n'avais rien contre elle. Mais sa froideur, les distances qu'elle mettait entre Billy et le reste du groupe, j'avais eu vite compris qu'elle n'était avec lui que par intérêt. Et si ça avait changé depuis, c'était pas de chance pour elle. Je n'étais pas du genre à oublier.

De plus, l'animosité qui était née petit à petit entre moi et Savannah n'avait rien à voir avec tous les problèmes de couple qu'ils s'étaient tout de même créé.

-C'est un démon qui a pris forme humaine... La plus tentante des formes humaines. Mais elle te détourne du chemin... Et le terminus risque d'être un trou dans la terre pour toi. Ou une case profonde de ton cerveau où tu vas te réfugier sans plus savoir en sortir.

Je mis ma main sur la nuque de mon ami. Peu de gens pouvaient toucher Billy Lighter sans qu'il prenne peur ou se raidisse. Je faisais partie des privilégiés.

Pour moi, quand je disais que je ne voulais pas que Billy parte, je ne parlais pas en terme de géaographie. Il y avait un tas de moyen de partir. Et j'en connaissais quelques uns que j'utilisais à l'excès.

-Je ne veux pas te perdre, Billy.

D’après Cash, je n’avais pas fait pire. D’après Cash, la faute venait de Savannah. D’après Cash, j’étais le petit gamin qui était sans doute violent mais qui avait ses raisons. D’après Cash, j’étais sincère. Ce qui voulait dire que j’étais pas responsable de mes malheurs ? Je hochais la tête négativement à l’instar de Cash il y a quelques secondes. Si je vivais en pensant ça, jamais je n’évoluerais. Et si je n’évoluais pas, jamais je ne serais heureux. Mais Cash n’aimait pas le changement. Il voulait que je reste Billy et il voulait rester Cash. Et voilà où on en était aujourd’hui.

Les larmes me venaient aux yeux. J’avais tellement peur que ce qui est en train de se passer arrive. Que Cash n’approuve pas et qu’il me mette en garde. J’étais tiraillé entre l’amour que je portais à ma petite amie et mon meilleur ami. Ce dernier me regardait droit dans les yeux me forçant à détourner le regard. Cash affirmais que ce n’était pas lui qui rendait les choses difficiles. Si, parce qu’il n’aimait pas Savannah et parce que Savannah ne l’aimait pas tout était plus difficile. Ils ne pouvaient cohabiter ensemble dans ma foutue vie. Je ne pouvais pas être heureux s’ils ne s’aimaient pas parce que l’un comme l’autre me mettait en garde. Alors que moi je les aimais tous les deux… Je hochais encore la tête négativement pour désapprouver Cash. Les larmes s’étaient mises à couler le long de mes joues. Je ne pouvais pas les retenir plus longtemps.

Cash me déballa un discours mystique qui pouvait se traduire par ta copine va te tuer ou pire… Savannah n’est pas un démon mais juste une fille… Les filles étaient-elle des démons ? Je sentis la main de Cash toucher ma nuque sans que je bronche. Je regardais Cash, les yeux brillant de larmes. Il ne voulait pas me perdre. C’était trop… Cette phrase était de trop pour mon cerveau bipolaire. Je frottais mes yeux inutilement car les larmes coulaient à grosses gouttes. J’adorais mon meilleur ami… Mais cette amitié me tuait plus qu’elle ne m’était bénéfique…

-Cash… Je l’aime… Je peux pas faire autrement. J’ai essayé de l’oublier tout comme j’ai essayé d’oublier toutes les autres. J’y suis pas arrivé.

Je regardais maintenant mon guitariste, les sanglots avait fait de mon visage un véritable champ de bataille.

-J’aimerai qu’une fille m’aime. J’aimerai pouvoir construire avec elle ce que je n’ai jamais eu, bordel. Pourquoi tu ne me laisses pas faire, Cash ?

Pourquoi, Cash, ne puis-je pas tout avoir ? Pourquoi, Cash, suis-je célèbre mais pas heureux ? Pourquoi, Cash, ne veux-tu pas comprendre…

-J’aimerai pouvoir être l’un de ses foutu chanteur qui monte sur scène avec son groupe sans avoir la peur au ventre et en sachant qu’une famille l’attend à la maison.

Une famille… Mon groupe avait été ma famille pendant des années et c’était la seule famille que j’avais connu de toute ma vie. Etais-je condamné à ne pas avoir autre chose ? Etais-je condamné à voir mon groupe mourir à cause de la drogue ? A perde ma seule famille ? Parce que si Savannah était mon démon, la drogue était celui de Cash. Et tant qu’aucun d’entre nous ne l’avouera. Nos conversations ne seront que celles d’un hypocrite à un autre.  

Un dialogue de sourd, voilà où on en était. Et pourtant, cette conversation nous touchait tous les deux au même niveau. La seule différence, c'était que Billy ne pouvait s'empêcher de pleurer à grosses larmes alors que pour moi, tout se passait à l'intérieur. Il n'était pas d'accord. Rien de ce que je ne disais n'arrivais à percer les idées que Billy se faisait de lui-même, les idées qu'il se faisait de Savannah.

Je devais crier plus fort pour qu'il m'entende. C'était une image, bien sûr. Je devais aller au-delà de Savannah, au-delà de ce qu'on voulait, de ce qu'on espérait. Tout ça n'était pas une question de désir. C'était quelque chose qui nous dépassait qui nous mettait en mouvement. Et on avait pas le choix.

Billy me dit qu'il aimait Savannah, je n'en doutais pas. Ce n'était pas le problème. Le problème, c'était qu'il aimait trop fort, sans limite. Et que ce n'était pas le cas de la plupart des filles qui avaient vécu une histoire d'amour avec lui. De là naissait frustration, colère, puis violence. Et c'était toujours le chanteur qui en pâtissait.

Je ne coupais pas Billy, je le laissais dire ce qu'il avait à dire comme il m'avait lui-même laissé faire.

Et on en vint là où le bas blessait...

Billy voulait tout. Billy voulait la célébrité et la tranquillité. Billy voulait aimer une fille et qu'elle l'aime autant que lui. Billy voulait une vie de famille et une vie de rockstar. Billy voulait tout et donnerait tout pour cette vie faite d'incompatibilités.  

Il ne semblait même pas se rendre compte que ce qu'il voulait était juste impossible.

Je tirais sur ma clope, quelques secondes passèrent entre le moment où Billy arrêta de parler et le moment où j'ouvris la bouche.

-Savannah n'a pas d'importance.

Je regardai Billy dans les yeux à nouveau et passai ma main sur ses joues sans lui faire mal mais sans vraiment de délicatesse. Billy était mon ami, pas mon amant bien que les fans se faisaient pas mal d'idée. Par ce geste, je reprenais le contrôle pour lui.

-Je n'ai pas d'importance.

Je me levai et lui fit face.

-Tu n'as pas d'importance. Pas plus que ce que nous voulons. Ce n'est pas nous qui décidons.

Je lui tendis la main. Je devais lui montrer quelque chose. Quand il la pris, je l'aidai à se relever puis le lâchai et lui fit signe de me suivre. Sa chambre d'hôtel donnait sur la route qui serpentait jusqu'au désert.

J'ouvris la fenêtre et lui désignai la route. Le serpent que j'avais vu lors de ma rencontre avec la mort. Je l'avais finalement trouvé.

-On est né pour chevaucher le serpent. On est nés pour hurler nos maux du haut d'un scène. Pour éclabousser l'humanité de nos émotions extrêmes.

Je regardai Billy.

-Et c'est ce qui tueras nos corps, mais rendras nos noms immortels.

Où cette conversation allait nous mener ? Elle était aussi inutile et destructrice que le silence que l’on s’était infligé jusqu’ici. J’aimais Savannah et tous les discours mystiques de Cash ne pourront tuer cet amour. Je lui criais, en pleurant à chaudes larmes, mon désir le plus cher. Vivre réellement, avoir une famille, pouvoir leur ramener l’argent des concerts, pouvoir être heureux avec une femme et un gosse. C’était ce que je voulais, c’était quelque part une façon de me venger.

Mais il y avait Cash… Et après avoir tout déballé le silence envahi la pièce. On ne pouvait entendre que mes sanglots que j’essayais péniblement de refouler. Cash brisa ce silence pour m’envoyer à la figure sa vision des choses. Pour lui tout ça n’avait pas d’importance. Moi, Savannah, lui… Rien n’avait d’importance. Il essuya mes larmes et j’arrêtai de sangloter comme un enfant. Je levai la tête vers lui quand il se leva pour achever sa phrase. On avait pas le contrôle, ce qu’on voulait n’a aucune importance. Et alors que j’essayais péniblement depuis des années d’avoir le contrôle ne serait-ce que sur mes émotions, Cash balaya mes efforts par quelques mots. Je le regardais, presque transi de peur. Mais si nous n’avions pas d’importance, qu’est-ce qui en avait ? A quoi cela sert de vivre si on ne pouvait pas avoir le contrôle ? J’évitais de pleurer à nouveau et pris la main de Cash pour le suivre jusqu’à la fenêtre. Je le suivais parce qu’il me fallait une réponse.

Je regardais le désert qui s’étendait devant nous. Au milieu de ce paysage on était tout petit. Insignifiant. En plein dans le délire de Cash où nous n’étions rien. Ce désert donnait du poids à ses mots, à sa vision des choses. Je regardais le paysage, en silence, essayant de comprendre. Cash me montra du doigt la route qui serpentait au milieu de ce désert. Et, tel un shaman, il me fit part de notre destin à tous les deux. Etre sur la route, cracher notre haine. Parce que oui, j’avais la haine. Pour tout ce qu’on m’avait fait. Et depuis que j’avais The Lightening je criais ma haine… Etais-ce cela que je devais faire, encore et encore, sans jamais m’arrêter ? Jusqu’à en mourir. D’après Cash oui… Et qu’est-ce qu’on y gagnera ? L’immortalité…

Je fermais les yeux baissant un peu la tête. Je les rouvris quelques secondes plus tard faisant face à Cash. Cette fois, je soutenais son regard comme jamais. Et je désapprouvai d’un signe de tête.

-Non… Je veux que le nom de Lighter crève avec moi. Je veux l’enterrer au fin fond d’un désert, là où personne ne le retrouvera. Ma vengeance, c’était d’atteindre cette foutue célébrité parce que personne n’a jamais cru en moi. J’ai craché ma haine pendant des années. Je continuerais à le faire, parce que j’aime la musique. Mais Cash…

Mais sans Cash, sans Savannah, sans Evelyn, je n’y arriverai pas. Alors si, tout ça a de l’importance. Tout ça EST l’important.

-Mais sans toi, je n’y arriverais pas. Sans Savannah non plus. Et sans Evelyn… Même si ça n’a pas d’importance pour je ne sais qu’elle instance supérieure, ça en a pour moi…

Et n’était-ce pas tout ce qui comptait ? Je ne pleurais plus du tout, je me contentais de parler calmement à mon guitariste. Je voulais vraiment qu’il comprenne. Je voulais que tout soit facile pour une fois dans ma vie.  

J'essayais d'expliquer mon point de vue au chanteur aux cheveux de feu. Mais comme le feu, il était impétueux et destructeur. Comme le feu, il ne se laissait contrôler par personne, si ce n'était après des heures et des heures de combat, s'éteignant parfois pour mieux se rallumer, patientant, consumant lentement les choses de l'intérieur. Puis explosant à nouveau.

Il voulait tout, il ne voulait rien.

Il m'avait suivi jusqu'à la fenêtre. Il avait arrêté de pleurer, m'écoutant. Pour essayer à nouveau de balayer ce que je disais. Mais si je restais sur une ligne bien définie, lui, il se perdait. Il voulait mourir, il voulait que son nom meurt avec lui. Comment ne pouvait-il se rendre compte qu'il se faisait tellement de mal à lui-même à force de combattre, d'essayer de freiner... Mais je ne l'interrompis pas.

C'était une forme de respect entre nous. Laisser l'autre aller jusqu'au bout de son idée.

Pour mieux la détruire ensuite.

Il disait que tout le monde était important. Je n'avais pas dit le contraire... Quand il prononça le nom d'Evelyn, je frissonnai. Ouais... Elle, elle avait quelque chose. Quelque chose que Billy avait aussi. Ils avaient tous les deux ma protection.

A mon tour d'enchaîner... C'était comme si on essayait désespérément de construire quelque chose et que quand on y était presque, il y en avait toujours un pour mettre un coup de pied là où il ne fallait pas.

-C'est trop tard, Billy. Nous ne pouvons plus mourir... Nous ne pouvons plus être oubliés.

A cause de la célébrité qui nous était très vite tombée dessus, déjà. Mais aussi parce que ce que nous faisions, notre musique, avait quelque chose de transcendant que le temps même ne saurait égratigner. Les problèmes que nous soulevions seront les même dans 50, 100 ou 1000 ans. Et les jeunes du futur continuerons de chanter ce que nous hurlions maintenant.

-Tu l'as dit toi-même, on ne peux pas s'arrêter. On ne saurais pas s'arrêter.

Billy me regardait dans les yeux et je soutenais son regard, respirant l'air brûlant qui entrait par la fenêtre, combattant l'air frais diffusé par la climatisation de l'hôtel.

-C'est ce que je dis. Nous y arriverons ensemble. Nos individualités n'ont pas d'importance. Nos désirs n'ont pas d'importance.

Je jetai mon mégot par la fenêtre et m'y appuyai.

-Tu l'as compris, je l'ai compris. Je suis sûr qu'Evy le comprend instinctivement...

Je soupirai.

-Tout ce que je dis, c'est que je ne suis pas sûr que Savannah comprenne. Elle nous a déjà prouvé par le passé qu'elle privilégiait ses propres ambitions, ses propres rêves... Quitte à saboter quelque chose de plus grand.

J'entourai les épaules de mon ami de mon bras.

-Je ne veux pas qu'elle parte. On en a besoin.

Billy en avait besoin, donc, le groupe en avait besoin.

-Mais je me méfie... Je me méfie parce que j'ai peur qu'elle t'abandonne, qu'elle nous abandonne.

Ouais, parce que si Billy était inspiré par l'amour qu'il ressentait pour elle. Moi, c'était la haine que je lui portais qui m'inspirait.

 Je voulais l’oubli, il voulait l’immortalité. Je voulais m’enterrer, il voulait se réincarner. Je voulais des choses impossibles, il me le faisait remarquer. Je baissais les yeux. En signant pour ma vengeance, j’avais signé pour la célébrité. En signant pour la célébrité, j’avais signé pour l’immortalité. En voulant tuer Lighter, j’avais fait de lui un être éternel. Et ma vie était criblée de paradoxes. Nos noms seraient éternels, notre musique aussi.

Et on ne pourrait pas s’arrêter. Même si je l’avais voulu. Même si j’y pensais parfois. Je relevais le regard vers Cash. Je ne voulais pas le lâcher trop longtemps parce que je savais la signification que quelques regards avaient. L’air de dehors était étouffant comme cette guerre psychologique que j’allais perdre. Parce que psychologiquement j’étais bien loin de Cash… Tout en étant trop proche. Comme des aimants qui tantôt s’approche et tantôt se repoussent.

Nous étions importants, sans l’être. Nous n’étions important qu’ensemble. Et il doutait de Savannah et de sa volonté à faire partie de ce tout si cher à Cash. Il ne voulait pas qu’elle parte, je le regardais remplis d’interrogations. Il la détestait, mais il la voulait. Je ne saisissais pas. Avais-je déjà compris Cash ? Ses volontés cachées au commun des mortels ? Lui croyait que je le comprenais. Avant j’y croyais aussi. Plus je vieillissais plus j’en doute. Plus je vieillissais plus nous étions les mêmes aimants. Contraint à se repousser encore et encore. Je soupirais. Il avait peur qu’elle nous abandonne. Je jetais ma clope par la fenêtre comme Cash l’avait fait il y a quelques secondes. Je ne regardais plus Cash, je me concentrais sur le désert. De longues secondes passèrent avant que je ne me remette à fixer mon guitariste.

-Cash… Nous sommes des individualités. Nous ne formons un tout que quand on est en concert ou en train de créer. Cash… En dehors de ça, on est seul. On fait tout pour l’être. Tu le sais. Je le sais… On a nos propres démons et nos propres refuges.

Mais quel refuge ? Ça devrait être la musique mais ça fait bien longtemps qu’on en avait trouvé d’autres… Nous étions des électrons libres, pas des foutues entités en symbiose. Juste des électrons qui parfois se rencontrent pour faire des étincelles.

-Laisse sa chance à Savannah, Cash…

Ma voix était légèrement plus aigüe, bouffée par l’émotion.

-Tu l’as jugée avant qu’elle n’ait eu le temps de faire ses preuves. Prends-là comme une nouvelle Savannah. Parce que c’est ce qu’elle est…

Elle avait mûri plus que je n’avais mûri moi-même.

-Elle a accepté de venir en tournée… Une très longue tournée au détriment de sa carrière. Si ça c’est pas faire partie de ton foutu délire de « on est un tout », dit-moi ce que c’est !

Je le regardais avec détermination. Faisant l’avocat de ma petite amie.

A son tour de mettre un grand coup dans ce que j'avais essayé d'élaborer comme théorie. Et j'en venais tout doucement à la conclusion qu'on avait tous les deux raison, et tous les deux torts. Qu'on disait la même chose, avec des mots différents. Qu'on avait le même but, mais des façon différentes de l'appréhender. C'était comme si on cherchait à faire exprès de ne pas se comprendre, de compliquer les choses pour que l'autre soit obligé de les décoder.

Mais contrairement à Billy, j'étais un serpent capable de se faufiler entre les rochers coupants des pièges qu'il me tendait. Je pouvais m'adapter en fonction de ce qu'il me fallait être pour survivre. Et je devais admettre que nous avions besoin de Savannah. Billy pour l'aimer, moi pour la haïr. Et je devais admettre aussi que le discours de Billy commençait à se rapprocher du mien. Nous n'étions productif que tous ensemble, nous faisions alors des miracles.

Et nous ne cherchions pourtant qu'à être seuls. Comme si nous avions peur de ce pouvoir.

Je hochai la tête quand Billy me demanda de donner une chance à Savannah. Et je savais que si je voulais garder Billy près de moi, je devais lui accorder ça.

Il disait qu'elle était une nouvelle Savannah. Je n'avais pourtant rien décelé de nouveau en elle lorsque je l'avais croisée. Elle avait toujours la même haine dans mes yeux lorsqu'elle me regardait. Ou peut-être ne faisaient-ils que refléter celle qu'elle pouvait voir dans mon propre regard ?

Elle avait accepté de venir en tournée, disait Billy. Elle avait mis sa carrière entre parenthèses pour le suivre.

Je gardai pour moi l'impression que c'était plutôt pour lui donner le coup de grâce. Il fallait que je sois plus intelligent que la jeune femme.

Il fallait que je la laisse venir, que je la laisse approcher, que je me tapisse dans l'ombre, observant, prêt à frapper au moindre faux pas.

J'allais accepter Savannah... J'allais même peut-être apprendre à la regarder avec un regard neutre plutôt que plein de haine.

J'allais faire plaisir à Billy.

Et espérer que ce soit la haine de la jeune femme envers moi qui lui attire les foudres du chanteur. Que ce soit lui, cette fois, qui prenne la décision de la laisser sur le bord de la route.

Je regardai Billy, longuement, dans les yeux. Les reflets émeraudes trahissaient son stress, sa peur qu'au final, ce soit moi qui parte. Mais je ne pouvais pas faire ça. Je ne pouvais pas parce que sans The Lightening, je n'étais rien.

Mes yeux noirs, eux, étaient des gouffres qui avalaient tout ce qu'ils regardaient. Des gouffres insatiables perdus au milieu d'un univers invisibles.

-Je ne te promets rien... Mais je peux apprendre. Pour toi. Puisque ça t'es si important.

J'allumai une nouvelle clope.

-Si tu chevauches le serpent avec moi.

Est-ce que cette conversation menait vraiment quelque part ? Est-ce qu’il s’agit d’un point de départ à des jours meilleurs, à une communication du fluide ? Ou bien serait-ce uniquement une suite de manipulation, de faux-compromis et de non-dits ? Plus les années n’avançaient plus moi et mon guitariste on s’éloignait. Sans le vouloir… Détruit par une même idée, exprimée d’une manière différente.

Cash retournait sa chemise. Il n’aimait pas Savannah mais il disait avoir besoin d’elle. Je soupirais parce que ça n’avait rien de logique. Parce que c’était la logique Cash et qu’elle était trop lointaine de la logique Lighter.

Et je pris cette brèche comme une invitation. Je voulais qu’il laisse sa chance à Savannah. Qu’il essaye de la comprendre, de se mettre à sa place. Qu’il essaye de comprendre que, sans elle, je ne serais jamais venu en tournée. Je voulais qu’il découvre la nouvelle Savannah. Ma Savannah. Celle que j’aime. Je voulais qu’il me facilite la vie, qu’il me permette d’être heureux. Pouvait-on faire de bonne chanson en étant heureux ?

C’était mon ticket pour la survie. Je voulais survivre à cette tournée, je voulais que Cash survivre ainsi que les autres. Et la clé était Savannah. Parce que, sans elle, je ne survivrais pas. Si Cash ne la supportais pas pour elle, il pouvait la supporter pour moi. Pour nous.

Je voulais sa réponse, les yeux remplis de stress. Le stress d’obtenir une réponse négative ou pire, le silence. Je me perdais dans le gouffre que formait ses yeux noirs. Comme emprisonnés. Oui, j’étais au fond de ce gouffre sans fin et ce depuis trop longtemps. Depuis le début de The Lightening, je m’y étais emprisonné. Provoquant autant mon bonheur que ma perte.

Il ne promit rien hormis d’apprendre. Je souris, parce que j’étais soulagé d’entendre ça. Mais une promesse en entraine une autre. C’était comme ça. Rien n’était gratuit. Il voulait que je chevauche le serpent. En d’autre terme, que l’alchimie reprenne au sein même de la tournée. Je baissais le regard avant de le remonter sur Cash.

-D’accord…

On avait chacun fait des promesses. On savait ce que la transgression entrainerait. Sans se le dire, on le savait.