-Ward, toi, tu restes ici. On était en train de tous quitter le QG alors qu’Alonso venait de faire tout son blabla du jour pour répartir tout le monde afin de répandre la drogue dans tout l’Eastside. Le genre de blabla que je n’écoutais que d’une oreille très distraite.
Rien ne m’amusait dans le fait d’entendre la voix d’Alonso. Il se prenait pour un leader mais il n’était rien d’autre qu’un sous-fifre.
Je fronçai les sourcils me retournant vers Alonso qui ne voulait, apparemment, pas que je parte.
-Quoi ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ?Je dis ça d’un ton légèrement agacé. Il voulait me faire prendre mon temps ? Et bien c’est du temps que je reprendrais pour moi sur mon temps de travail.
-Dario Giordano.Je levai un sourcil. Nous étions, maintenant, seul. Et Alonso me regardait droit dans les yeux après avoir donné le nom d’un acteur qui avait une certaine renommée. Il jouait dans pas mal de film d’action et d’autres à l’eau de rose. Pas mon genre de film.
-Quoi ? Fait des phrase complète, Vega et je pourrais peut-être comprendre ce que tu veux. Il me regardait toujours de la même manière. Sans laisser transparaitre quoi que ce soit. Comme s’il voulait se donner un genre.
-Il faut le faire disparaitre de la jet-set. C’est un acteur connu. Il va falloir être discret et faire en sorte que ça ne passe pas pour un meurtre.Je penchai légèrement la tête sur le côté. Est-ce que je m’attendais à ça ? Non. Parce que Alonso se réservait les missions d’intimidations depuis que Reed avait pris le pouvoir. Mais s’il me disait ça c’était certainement parce que, cette mission, il voulait me la confier. Eliminer un membre de la jet-set. Je n’avais encore jamais fait ça.
Est-ce que j’en avais envie ? Oui. Parce que c’est la seule mission digne de ce nom que je recevais depuis que Ricardo avait clamsé.
-Pourquoi Dario Giordano ? Ce n’est pas un de nos clients…On avait des clients de la jet-set. Mais pas lui. Alors ce n’était pas une histoire de drogue. C’était autre chose. Quelque chose que dans les bas-fonds de l’Eastside, on ne pouvait pas savoir. Quelque chose qui impliquait Reed, assurément. Reed qui semblait utiliser son gang pour éliminer des gens de son monde.
-Je n’ai pas demandé. Ça ne nous regarde pas. Fais-le disparaitre de la jet-set. C’est l’ordre. J’esquissai un petit sourire. C’est rare quand je laissais transparaitre ce genre d’expression.
-Pourquoi tu ne le fais pas toi-même Alonso ?Pas que ça m’ennuyait de le faire. Au contraire. Mais j’aimais entendre Alonso me dire qu’il n’y avait pas mieux que moi pour ce job. Car c’était pour ça, non, qu’il me le demandait ? Alors qu’il le dise.
Son visage se ferma.
-Parce que je sais que tu es l’homme le mieux qualifié pour ça…Je ricanai assez satisfait de tout ça. Je sentais que j’allais bien m’amuser.
-Dis à Reed que ça sera fait.Il hocha de la tête. Je tournai les talons.
***
Vous savez c’est quoi la différence entre tuer une prostituée et tuer un acteur ? Il y en a plein.
Les prostituées se promènent dans des rues sombres, elle sont souvent sans attaches et perdues, droguée même parfois… Si une d’entre elle meurt, tout le monde s’en fiche. La police elle-même ne pousse pas l’enquête très loin. Et elles finissent oubliée de tous.
Les acteurs célèbres par contre… Si l’un meurt, ça passe à la télé. Ils sont souvent très entourés. Leur mort provoque un véritable émoi. Et je ne vous parle même pas du fait que certains ont souvent des gardes du corps les rendant pas facilement atteignable.
Et c’est bien un acteur que je devais éliminer.
Un défi en soi. Un défi qui rendait la mission d’autant plus grisante. Car je me sentais tout à fait à la hauteur du défi.
Et contrairement au fait de tuer une prostituée, j’avais dû préparer mon coup en ce qui concernait Giordano.
L’observation. C’était la clé.
Alors, je l’avais observé. De loin. Il habitait Malibu dans une énorme villa payé par l’argent que lui rapportait ses films et sa notoriété. Il venait d’une famille italienne. Des riches à la base. Dario n’a pas de femmes. Juste des conquêtes. Il fait souvent la fête. Pendant la semaine que je l’avais observé il n’y avait pas un soir où il n’invitait pas des gens pour s’amuser. Sauf un soir… Un soir où il est descendu en ville pour aller au Rainbow se saouler la gueule avec son frère, Rino.
J’y avais été aussi entrant un peu plus tard que les deux frères. Ils étaient au bar et je m’étais installé non loin d’eux entendant, malgré la musique, leur conversation. Était-ce vraiment utile ? Pour la mission, non. J’avais assez d’informations. Je savais déjà comment j’allais l’avoir. J’allais le manger tout cru. Mais je voulais avoir la réponse à mon unique question : « pourquoi Reed voulait qu’il disparaisse ? ».
-Tu vas à la villa Ricci samedi ?
C’est la question que Rino Giordano posa à son frère. La villa Ricci. Lieu de débauche. Lieu où se trouve souvent Reed.
-Bien sûr ! Je vais pas rater ça. Surtout que samedi dernier, je me suis vraiment bien amusé. J’ai finis par l’avoir, le frère de Victoria. Il me faisait de l’œil depuis quelques temps. J’espère qu’il sera encore là.
Rino siffla d’admiration avant de se marrer un peu.
-Tu te l’es fait ? T’es sérieux ? Et tu crois vraiment que tu pourras remettre le couvert. Mais attends… Il a pas 21 ans le frère de Vicky, si ?Victoria… Est-ce qu’ils parlaient de Victoria Hunter ? La chanteuse ? Peut-être bien. En tout cas, si de l’extérieur Dario Giordano était vu comme une homme à femmes, il semblerait que la réalité soit tout autre.
-Il était aux fêtes de Ricci. C’est interdit aux mineurs, non ?
C’est ce que répliqua Dario même si, vu son sourire, ça semblait être clair qu’il se fichait complètement de l’âge du frère de Victoria. Rino rigola.
-Mais ouais… Je pense avoir une chance de remettre le couvert. Parce qu’il a adoré ça. Alors que Kate, elle, m’a dit qu’elle avait pas réussi à le faire réagir. Ça veut tout dire, Rino. Puis, je sais le repérer à 10 kilomètres, tu le sais.Cette conversation était vide. Digne de la jet-set je suppose. Sauf que ce n’est pas avec ça que j’allais savoir pourquoi Reed en voulait à Dario… Parce qu’il est de l’autre bord ? J’en doute. Si c’était le cas, Reed me ferait démolir des stars toutes les semaines.
Quelque chose m’échappait. Je n’avais pas toutes les données. Et je n’étais pas sûr de les avoir un jour parce que la suite de la conversation ne fut pas plus relevée. Dario aimait se venter de ses conquêtes masculines et féminines… C’était un parieur aussi… Est-ce qu’il devait de l’argent à Reed ? Est-ce qu’il avait un jour triché contre Reed ? Tout était possible. Le fait est que Dario ne parla pas une seule fois du patron de BSC. Si ! Une fois. Pour dire qu’il était pas mal foutu quand il a comparé le physique de Reed à celui de Victor Hunter qui semblait être l’obsession du moment de l’acteur italo-américain. Est-ce que Dario avait tenté sa chance avec Reed et que Reed n’avait pas aimé ça ? Peut-être…
Je n’avais pas la réponse.
Et je ne l’aurais sans doute jamais. Parce que Dario finit par quitté le bar.
Bientôt, il quittera la jet-set.
Bientôt, il quittera même ce monde.
***
La fête battait son plein à la villa Ricci. Et si quelques voitures étaient garées à l’intérieur de la propriété, d’autres étaient dans la rue. Il faut dire qu’il y avait du monde ce soir. On entendait la musique bien au-delà de la propriété.
Moi, tout ce qui m’intéressait, c’était la voiture de Giordano. Elle était dans la rue.
A ma merci.
Je dégonflai un peu ses pneus dans le but de lui donner moins d’adhérence. Je savais qu’il allait la reprendre tout à l’heure alors qu’il sera complètement bourré. C’était son genre. Je l’avais asse observé pour le savoir.
Après ça, je n’avais plus qu’à attendre. Et je le fis.
C’est à trois heures du matin que Dario Giordano repris sa bagnole. Il titubait. Il était complètement jeté. Il démarra. J’attendis un peu avant de démarrer à mon tour. Je le suivais à une certaine distance. Je savais, de toute façon, où il habitait.
Ce n’est qu’une fois arrivé à Malibu que j’accélérais pour arriver juste derrière lui. Sa conduite n’était pas très orthodoxe. Il faut dire qu’il devait être sacrément plein. Et le fait que je sois derrière lui, lui avait fait instinctivement pressé le pas.
Il roulait plus vite.
Plus dangereusement.
Je conduisais dangereusement aussi. Je pouvais très bien y rester aussi. Ça donnait du piment à la chose. J’en frissonnais.
-Allez… Crashe-toi… La route était sinueuse… Beaucoup trop pour sa vitesse et pour se état. Et quand je finis par être vraiment proche de lui il pris peur et accéléra un peu de trop et loupa complètement son tournant. Il fila droit devant la barrière de sécurité faisant s’élever sa bagnole dans les airs. Il passa par-dessus dévalant la colline escarpée qui endommagea considérablement la voiture de sport. Je n’avais pas freiner brutalement. Ça aurait laissé des traces. J’avais alors continuer mon chemin. Vu le crash, il devait avoir son compte.
J’avais, donc, fait un tour pour revenir, un heure plus tard, sur les lieux. Mais la route était fermée.
C’était bon signe.
Je n’étais pas resté plus longtemps. Mon impulsivité de l’époque m’avait fait pensé que j’avais largement réussi mon coup. Alors, sans attendre, j’avais laissé un mot dans la boîte au lettre de Reed avant de repartir chez moi.
Un simple mot qui disait : « C’est fait ». Signé « W. ». Parce que je n’avais aucune envie qu’Alonso s’attribue cette œuvre.
Le lendemain, j’appris que Giordano était en vie. Mais que, mieux que s’il avait été mort, il était totalement détruit et qu’il ne devait ça qu’à une seule personne : Ward Fleming.