C’est à nouveau les rayons agressant du soleil qui me réveillèrent ce lendemain de concert. Pas de goût amer dans le bouche cette fois-ci, le concert avait été bien meilleur que celui de Las Vegas. Cash et moi avions retrouvé la symbiose qui nous caractérisait. On avait surpassé la crise provoquée par le retour de Savannah et on avait survécu à la décharge Moriarty. Je savais très bien qu’une envie irrésistible de révolte allait me pousser à lire l’article de l’infâme journaliste quand celui-ci sortira. Et je savais que j’allais m’en mordre les doigts. Je le savais mais ça sera plus fort que moi.

Je me retournai dans mon lit et découvrait l’absence de Savannah. Elle devait déjà être sortie faire du shopping. La pièce était silencieuse, tout comme elle l’avait été toute la nuit. Cash était persuadé que l’endroit était hanté, il avait même eu la chance d’entrer en contact avec l’esprit. Seul Cash pouvait voir et croire ce genre de chose. Comme s’il vivait entre deux mondes, bien loin de notre réalité à nous. Comme s’il était né humain mais que ce n’était pas ça qu’il aurait dû être. Il avait quelque chose d’animal que je n’arrivais pas toujours à comprendre.

Je me levai pour me posté à la fenêtre, torse nu et le regard pensif. La vue de l’hôtel donnait sur la ville. Une ville banale, une ville comme une autre… Combien de ville du même type allons-nous traverser ? Je n’osais même pas les compter. Mais ne valait-il mieux pas passé par ici qu’ailleurs ? Comme Indianapolis par exemple, qui était un des endroits où on devait aussi passer ? Si ! Je redoutais Indianapolis. Mes fantômes étaient dans cet Etat et ils étaient bien plus réel et tangible que le supposé esprit qui vivait dans cet hôtel. Et je n’étais pas sûr d’y survivre. Devenir rockstar était la raison qui m’avait poussé hors de l’Indiana et aussi la clé de ma vengeance. Et voilà que mon rêve, enfin réalisé, me ramenait à l’endroit que j’avais fuis des années auparavant.

Je soupirais en pensant à l’avenir. On y était pas encore. Il y avait d’autres dates avant. Puis j’avais Savannah et Cash et ils allaient m’aider à surmonter ça. Le retour de Savannah avait stabilisé plus ou moins mes sautes d’humeur depuis le début de la tournée.

Je me détachai de la fenêtre pour prendre un t-shirt qui trainait au sol et je l’enfilai. Je mourrais de faim et je voulais voir Cash. Mais pour ça, il fallait sortir… Sortir de mon petit havre qu’était cette chambre… Dehors, il n’y avait que du danger. Foutu danger qui était partout où je passais. Je me plantai devant la porte prenant une grande inspiration. Je mis ma main sur la clinche. Et s’il y avait une bande de groupie en folie dehors ? Non, je les aurais entendus si c’était le cas. Et si quelqu’un m’attaquais et me tuait comme ça était arrivé à John Lennon l’an dernier ? Ce genre d’évènement me hantait tous les jours. Mais la faim et l’envie de voir Cash me poussèrent le ouvrir cette foutue porte.

Et le malheur arriva. Un fan m’attendait juste derrière avec un grand sourire. Il s’adressa directement à moi me disant qu’il était mon plus grand fan et qu’il aimerait me parler. J’allais reculer vers ma chambre en un mouvement instinctif de survie, mais il me devança pour me barrer la route. Je reculais alors vers le mur du couloir.

-Je n’ai pas le temps ! J’ai des choses à faire !

J’étais à la fois agressif et angoissé. Il se rapprocha de moi et insista. Merde, il voulait me tuer c’est ça ? Je respirais très fort, prêt à frapper pour me défendre.

-Je te répète que je n’ai pas le temps ! Dégage !

Ça l’énerva encore plus. Il affirma qu’il n’aurait pas d’autres chances de me voir en personne et il m’attrapa le bras. Je regardais sa main me mordant la lèvre à sang. Des flashbacks de quand j’étais petit me revinrent à l’esprit. Les coups… Tout revenaient ; Il fallait que ce type me lâche et très vite. Je détestais qu’on me touche, ça me rendait dingue ! J’utilisais toute ma force pour me dégager de son emprise mais il rattaqua.

-DEGAGE JE TE DIS !!!

Je m’énervais et essayais de me dégager mais ce type faisait deux fois mon poids… Je ne voyais pas d’issue… Je devais le tuer ou mourir.

C’est dans ces foutus moments que j’aurais voulu avoir Liam à mes côtés. Mais ce n’était pas le cas, il devait sûrement être en au bar de l’hôtel ou avec les autres roadies. J’aurais dû sonner à la réception pour qu’il le prévienne que j’étais levé. J’avais été con de vouloir sortir trop vite. Maintenant, j’allais mourir pour mon imprudence ou alors, j’allais simplement exploser et le tuer. Il m’était déjà arrivé de frapper des fans trop encombrants et je me rappelle à quel point ça avait fait échos dans les médias. Je ne voulais pas que ça arrive. Je ne voulais pas que ça profite à des rapaces comme Moriarty ou encore Sørensen.

Le fan me parlant et je me bouchais les oreilles. Il me touchait et je commençais à me recroqueviller sur moi-même. Bientôt, j’allais exploser et le frapper. Mais ça n’arriva pas. Une voix un peu plus loin ordonna au fan de dégager. Mon cœur battait très vite alors que je dévisageais celui qui essayait de me sauver la mise. Il était très grand et assez baraquer. Le fan à côté faisait pâle figure. Il empoigna le fan qui protestait et je restais recroquevillé sur moi en regardant la scène. Je voulais frapper ce fan, lui shooté dedans jusqu’à ce qu’il meurt, j’essayais de m’empêcher de commencé le massacre. Il était à terre, l’homme l’avait foutu au sol, et il était donc facile de l’achever. Je fermai un moment les yeux pour faire passer mes pulsions. Pense aux risques, Billy. Pense aux risques.

L’homme laissa une chance au fan de s’en aller. Non, il devait payer ! Je rouvris les yeux et serrais les dents, imprimant dans ma tête la tronche de ce fan. Si je le revoyais dans la rue, il payera. Il finit par déguerpir non sans lâcher des insultes à l’égard de l’homme qui venait de me sauver. Je me redressais un peu regardant plus en détails l’homme que j’avais devant moi. Je repris mon souffle avant de répondre à mon sauveur qui s’adressait à moi.

-Je crois… J’aurais pas dû sortir de cette foutue chambre d’hôtel !! C’est pas le premier fan taré que je rencontre. A croire que je les attire.

Je ne souriais pas du tout, j’étais bien trop choqué par ce qui venait de se passer pour ça. J’avais l’impression d’être maudit et de chaque fois tomber sur les spécimens de fans les plus dingues. Plus jamais je ne sortirais, d’abord ! Pas sans vingt gardes du corps. Je m’appuyais contre le mur levant la tête pour regarder l’homme.

-Merci…

Après tout, il aurait pu me laisser là et passer son chemin, or il ne l’avait pas fait. Je ne savais pas d’où il sortais, ni qui il était mais il avait suffisamment de technique pour mettre un homme à terre.

-Je ne sais pas qui tu es, mais tu es tombé au bon moment. J’ai oublié de prévenir mon garde du corps que j’allais sortir… Tu t’appelles ?

Ma respiration s’était normalisée mais j’étais toujours raide et collé contre le mur. Bordel, elle commençait bien cette foutue journée…

Le fan était parti… Le fan était loin. Je commençais tout doucement à me remettre de ce qu’il venait de se passer même si je m’en voulais à moi-même d’être sortie de ma foutue chambre.

Par chance, l’homme que j’avais en face de moi était intervenu. Il se présenta comme étant Luke Werner le garde du corps de Cash. Quoi ?! Le garde du corps de Cash ? Cash a un garde du corps ? MTI a enfin décidé de lui en imposer un ? Ouais parce que je voyais mal Cash engager lui-même un garde du corps. En y repensant, il est possible que Lenny m’ait parlé de ça hier… Cash adorait flirter avec les fans et avec la mort. Il flirtait avec la ligne invisible qui nous séparait d’eux. Cette ligne que je fuyais le plus possible. Ce n’est pas que je n’aimais pas nos fans. Je savais très bien que sans eux on ne serait rien. Mais certains m’effrayais… Comme s’ils étaient possédés et qu’ils essayaient de me posséder. Et je ne voulais pas leur appartenir. J’étais content que Cash ait un garde du corps. Il avait besoin d’être protégé de lui-même. Parce que sans lui, je ne serais plus rien… Même si je plaignais déjà Luke pour le travail qu’il allait devoir faire.

-Cash a de la chance, t’as l’air d’être un gars efficace.

Je souris un peu. Je pariais que Cash n’imaginait pas à quel point il avait de la chance. Il était trop dans son monde pour le voir. Un monde bien trop éloigné des caprices de stars que les médias me soupçonnaient d’avoir un peu trop souvent. Lui, s’il pouvait faire une grosse fête avec plein de fans, il le ferait. Parce que pour Cash, le frontière n’existait pas.

Luke regardait les alentours et c’était là qu’on voyait qu’il s’agissait bel et bien d’un garde du corps.  Il était attentif à tout et je me sentais en sécurité avec lui. Il me proposa de faire connaissance… Je regardais à gauche et à droite, il n’y avait aucun danger…

-J’ai faim…

J’avais dit ça comme aurait pu le dire un petit enfant. Quand j’avais faim ou tout autre besoin primaire, je redevenais un petit enfant.

-On a cas allé faire connaissance au restaurant de l’hôtel…

Cet endroit était safe. J’y avais mangé hier et je n’étais pas mort. Ni à cause de fans en délire, ni à cause de la nourriture alors je crois qu’on pourrait bien s’y aventurer.

On marcha jusque-là côté à côté.

-Tu as déjà vu Cash ?

Je ne l’avais plus vu depuis le concert d’hier et je me demandais très sincèrement comment Cash avait réagi à ça.  

Le garde du corps de Cash était quelqu’un d’efficace et il avait pas hésité à mettre ce dingue de fan hors de ma vue. Il avait apprécié le compliment que je venais de lui faire sur son travail et je lui souris de mon sourire angélique. Bon signe ce sourire, ça signifiait que la tension que j’avais dans le corps s’était évacué grâce à l’intervention de Luke.

Maintenant, j’avais faim. Et comme je n’étais qu’une machine à émotions et à pulsions, il fallait que je mange. Si je ne mangeais pas, je n’allais pas pouvoir faire quoi que ce soit avant d’avoir mangé. Le restaurant de l’hôtel était l’endroit le plus sûr et le plus proche que je connaissais. On allais donc aller manger là et discuter Luke et moi. C’était ce que je voulais. Le garde du corps de Cash était d’accord alors on se mis en marche. Je regardais quand même, à chaque nouveau couloir, à gauche et à droite. Je venais de sortir d’une agression et, même si la présence de Luke me rassurait, je restais quand même un peu parano.

Je parlais à Luke tout en marchant. Il avait la dure tâche d’être le garde du corps de Cash Izbel. C’est un foutu job ingrat. Et apparemment, Luke avait déjà fait la connaissance de Cash dont qu’il avait du mal à comprendre. Je soupirais.

-Tu n’es pas le seul dans le cas…

Je ne continuais pas tout de suite à parler parce qu’on était arrivé au restaurant. Il y avait un peu de monde alors je choisis de m’assoir sur la table qui était le plus éloigné des gens. Je pris place en face de Luke et attrapais le menu me cachant derrière. Le dilemme de trouver un plat me prenait beaucoup d’énergie mais avec le temps, j’avais trouvé des stratagèmes pour rendre ce moment plus facile à vivre. Je continuais de parler maintenant qu’on était installé.

-Cash est un type spécial. Il vit dans son monde remplis de serpent et de magie. Il ne parle pas beaucoup, il préfère jouer de la guitare. C’est sa façon de communiquer. Il adore se mettre en danger, contrairement à moi. Parfois, je ne le comprends pas non plus… Mais on fini par s'habituer... Et lui aussi...

Cash se droguait, Cash aimait flirter avec les fans les plus dangereux, Cash était juste Cash et avait toujours été Cash. Et Cash n’était pas Billy. J’avais le mode d’emploi de Cash mais il était plus qu’incomplet même si c’était mon meilleur ami.

-Si MTI t’as engagé c’est sûrement pour éviter qu’il ne se mette en danger. C’est un sale boulot. T’es certainement très doués s’ils t’ont choisi.

Je préférais être franc avec Luke. Il allait avoir du pain sur la planche…  

Je parlais de Cash tout en scrutant attentivement le menu. Il y avait beaucoup de plats dans ce menu… Bordel, il y en avait beaucoup trop… Je ne relevai pas les yeux du menu quand Luke me remercia pour les compliments. MTI n’engageais, en général, pas de mauvais garde du corps. Ils avaient bien trop peur que l’un de nous ne meurt pour ça. On était leur poule aux œufs d’or alors ils ne voulaient pas qu’on soit blessé. Ça faisait plusieurs années que j’avais Liam comme garde du corps et je n’en étais pas déçu. Il était maintenant un de mes amis les plus proches.

Luke ne comprenait pas Cash. Mais qui était capable de vraiment le comprendre ? Je ne sais pas. Pas moi en tout cas. Je savais comment il fonctionnait, ce qu’il aimait, ce qu’il n’aimait pas. Mais Cash était parfois imprévisible autant que mes émotions et mes sautes d’humeur étaient imprévisibles. Je ne le comprenais réellement que quand on était en train de créer. Ces moments ponctuels et rares… Ils étaient devenus rares avec les années.

Je mettais en garde Luke sur le fait que Cash adorait se mettre en danger. Il n’avait peur de rien… Il n’avait pas peur de mourir. Et en ça, il était mon exact opposé.

-Il se drogue. C’est déjà une façon de se mettre en danger.

Je serrais les dents. Peu de mois nous séparaient de la crise cardiaque qu’avait subi Cash et la cause de celle-ci était évidente : Cash avait abusé de l’héroïne. Je ne savais même pas si ça lui avait donné une leçon ou non, je préférais éviter le sujet.

-Il n’a pas peur de se jeter dans la foule à un concert ou bien dans un bain de foule. Il n’a pas peur d’une marée de groupies en délire, au contraire, il ira s’y baigner sans hésiter. Cash n’a peur de rien et il adore flirter avec les limites.

Et j’en étais jaloux, au fond. Vivre sans avoir peur devait être une bénédiction. Cash vivait sans la peur au ventre alors que moi je vivais dans une peur constante.

Luke me ramena un peu à la réalité en me demande ce que j’allais manger. Lui avait opté pour un steak frites. Je déposais le menu.

-Je vais prendre des spaghetti, un poulet avec des croquettes et des gambas…

Trois plats différents comme à chaque fois. Ainsi ça m’évitais de devoir choisir.  La serveuse vint à notre table et on commanda nos plats.

-Je suppose que tu t’habitueras à Cash… Il va être méfiant au début mais ça va changer…

Cash était un lion indomptable mais on finissait toujours par s’y habituer.

-Tu as déjà protégé des rockstars ?

En gros, je lui demandais son CV pour savoir à qui j’avais affaire.  

Faire que Cash ne se drogue plus était aussi difficile que de choisir un seul menu dans centaines de plats. Cash se droguait déjà quand on s'est rencontré... Et même si ce n'était pas des drogues aussi dur que maintenant, c'était quand même des drogues. Luke se demandait comment il pouvait faire pour empêcher Cash de se drogué. Il avait l'air très concerné par la santé de Cash. Normal, c'était son boulot, mais Cash était réticent à toutes personnes qui essayent de lui faire la morale ou tout ces choses là. Je soupirais en hochant négativement de la tête.

-Il n'y a pas de moyens... J'ai déjà essayé et il ne m'écoute pas. Pourtant, je suis son meilleur ami. Arrêter qu'il se drogue, c'est peine perdue...

Je n'y suis pas arrivé alors Luke n'y arrivera pas tout comme les proches de Cash n'y sont pas arrivé.

-La mort ne lui fait pas peur, je crois...

Je n'en était pas sûr... Tout le monde avait peur de la mort, moi le premier. Mais Cash la prenait comme un flirte... Il flirtait avec sans s'engager. Sa crise cardiaque en est la preuve. Et je ne pouvais pas le comprendre... Il était soit courageux, soit complètement cinglé. Et pourtant combien de fois je n'ai pas eu peur qu'il se tue... Et combien de fois il n'a pas eu peur que je me tue ? D'une manière tellement différente et en même temps extrêmement similaire. Lui se droguait et flirtait avec les limites et, moi, je m’enfermais jusqu'à m'empêcher parfois de vivre tellement je mourrais de trouille. Une mort différente mais le résultat est le même : on ne vit plus. Mourir et s'empêcher de vivre était pareils.

Luke semblait déterminé à freiner Cash dans ses actions autodestructrices.

-Je crois qu'il sait qu'il joue avec ça vie... Et c'est justement ça qui le rend vivant...

Je n'avais jamais parlé aussi longtemps de Cash à quelqu'un d'autre. Et ça me permettait même, moi-même de me poser des questions sur le guitaristes.

-C'est courageux d'essayer de lui apprendre les limites... Mais il risque de ne pas apprécier... C'est pas le genre à pas aimer qu'on lui dicte sa conduite...

Comme aucun membre de The Lightening d'ailleurs, moi compris. Je rassurais quand même Luke en disant que Cash finirait par s'habituer. Est-ce que j'en était sûr ? Pas totalement. Tout dépendra de beaucoup de choses... En tout cas, le garde du corps de Cash espérait vraiment que tout allait bien se passer entre lui et son nouveau protégé.

Nos assiettes arrivèrent et la serveuse posa mes trois plats devant moi. Trois plats qui n'allaient pas du tout ensemble mais je n'avais pas pu choisir. Luke fis la remarque que j'avais pris pas mal de trucs.

-Je ne mangerais pas tout... Juste un peu de chaque...

J'avais répondu ça machinalement parce que ce n'était pas la première fois qu'on me faisait la remarque. Je ne mangeais jamais tout, c'était impossible. Mais je mangeais un peu de chaque. Je commençai d'ailleurs à le faire en piquant d'abord dans un croquette avant de commencer à manger mes spaghetti.

Luke n'avait encore jamais été garde du corps de rockstars et je penchais la tête sur le côté. Alors Cash était sa première rockstar. Il n'avait pas commencé par le plus facile. Il avait fait ses faits d'armes avec des acteurs pas toujours facile à vivre...

-Durs à vivre... C'est-à-dire?

Fallait qu'on ait la même définition du mot pour que je vois quel expérience avait eu Luke dans le passé. En tout cas, il jugeais son métier comme pas simple.

-Le pire métier du monde, tu veux dire... Repousser les menaces, être tout le temps sur c'est garde, c'est horrible.

Liam semblait adoré son métier et ne s'était jamais plaint. J'admirais vraiment Liam pour ça.  

Luke aimait son boulot même si je considérais ce job comme le pire du monde. Pour moi, ça l’était. Mon garde du corps, Liam, ne se plaignait jamais. Comme Luke, il aimait ce qu’il faisait. Ça n’empêche qu’ils étaient cinglés d’aimer ça. Certaines personnes me trouvaient dingue mais aimer être garde du corps, c’était une forme de folie en soi.

-Heureusement qu’il y a des gens cinglés comme toi, sinon je ne pourrais jamais sortir de ma villa…

Je souris même si je pensais vraiment qu’il l’était, cinglé. J’avalai une bouchée de chaque plat que j’avais commandé. Ils étaient bon, aucun risque d’empoisonnement à première vue.

Luke avait été, avant d’être engagé par MTI, garde du corps pour plusieurs acteurs. Les rockstars et les acteurs étaient très différents même si nos deux mondes se rencontraient de temps en temps. Mais on n’avait pas forcément les mêmes vies ni les mêmes façons de fonctionner. Luke en avait rencontré des durs à vivre. Apparemment, les acteurs étaient du genre exigeant et bornés. En tout cas, ceux qu’avaient protégés Luke dans le passé correspondaient à ce profil. Les médias disaient ça aussi de moi que j’étais exigeant, borné, lunatique, tyrannique et ainsi de suite. J’étais, d’après eux, un cauchemar pour les roadies. Luke ne voulait pas vraiment s’étendre sur le sujet.

-Des acteurs quoi… Ils ne sont pas comme nous… Moi, par exemple, tout ce que je demande, c’est la paix.

Il y avait rien de plus vrai. Je voulais être seul, sans l’être. Je voulais la gloire sans les inconvénients. Et c’est ça que j’exigeais des roadies pour moi. Que j’exigeais des fans. Rien que ça.

Il en revint ensuite à Cash et à la difficulté qu’il aura à lui « faire comprendre des choses ». Ouais, ce sera dur pour ne pas dire impossible. Mais ils s’y feront, tous les deux.

-Liam pourra t’aider aussi pour certaines choses. Il est mon garde du corps depuis un certain temps et il connait le fonctionnement de tout ce bordel mieux que moi.

Pour moi, Liam avait réponse à tout. Il était mon intermédiaire entre beaucoup de chose. Entre moi et le monde en général, en fait.

Je continuais de manger quand Luke fis une remarque sur la quantité de nourriture que j’avais devant moi. Je mangerai pas tout. Logique, comme il disait.

-Beaucoup trop… Mais il y a trop de choses dans leur menu. Je déteste devoir choisir un seul. Il me faudra une heure pour le faire. Je peux pas rester une heure ici…

Je ne rajoutais rien sur le sujet. J’avais tout dit.

-Tu me diras comme ça va avec Cash… Et s’il se drogue aussi. Dit moi quand il se drogue…

J’étais obnubilé par cette idée. De tout savoir. 

Etre cinglé semblait être un prérequis au métier de garde du corps. C’est ce que me confirmait Luke. J’approuvais de la tête ce qu’il disait. Ouais, il fallait sûrement être un minimum cinglé. Tout comme il fallait être cinglé de vouloir être rockstar alors qu’on est paranoïaque…

Je continuais de manger tout en parlant à Luke. J’en avais un peu appris sur lui. Il était garde du corps depuis un moment et avait déjà protégé des acteurs. C’était sa première fois avec des rockstars. Et on lui avait donné Cash Izbel… Il allait devoir utiliser toutes ses compétences pour s’occuper de mon guitariste. Accepter d’être le garde du corps de Cash, ça, c’était être cinglé. Je lui avais donné quelques conseils et je lui proposais d’aller voir Liam pour en avoir encore plus. Mon garde du corps sera bien mieux placé pour aiguiller Luke. Et comme disait ce dernier, heureusement que Liam était là.

-Ouais… C’est le meilleur. Il sait tout gérer.

Liam était autant mon garde du corps que mon ami. Il savait comment communiquer avec moi comme peu de gens savaient le faire.

On en revint à mes plats et je lui expliquais la cause. D’après lui, c’était normal, on ne pouvait pas rester des heures ici. On avait des choses à faire. Je soupirais.

-Non on peut pas… Et c’est dommage. Tout va trop vite.

Je déposais mes couverts. Je n’avais terminé aucun des trois plats mais je n’en pouvais plus. Luke était prêt à m’avertir quand Cash se droguait. Il serait comme un informateur pour moi. Je me penchais plus vers lui, intéressé par son offre. Il allait me poussé dans mon vice de vouloir tout savoir et de vouloir tout contrôler mais peu importait. La santé de Cash comptait beaucoup trop pour moi pour que je commence à trier ce qui était éthique ou non.

-Je te donnerai le numéro de ma villa pour quand on sera revenu de tournée. Sinon, pendant la tournée, il suffit que tu appelles ma chambre d’hôtel. C’est souvent là que je suis.

Il y avait différents moyens de me contacter. Le téléphone en était un mais n’étais pas vraiment mon favoris. Je hais les téléphones.

-Sinon, tu pourras faire passer le message à Liam. Il me transmettra.

Je souris, content que quelqu’un surveille Cash pour moi. Billy le tyran n’était jamais loin quand il s’agissait de The Lightening.  

J’encensais Liam parce qu’il le méritait. Beaucoup de monde disait que je n’avais aucun respect pour les roadies et que j’étais une véritable diva. C’était totalement faux ! Je les respectais tous, tant qu’ils me respectaient. Liam était quelqu’un qui essayais de me comprendre et qui ne me brusquait pas. C’est comme ça qu’il avait gagné ma confiance.

Alors quand Luke me demanda s’il s’avait tout gérer, même les fans hystériques je secouais la tête positivement.

-Ouais. Même les fans hystériques. Tout.

Liam n’était pas violent, mais quand il devait agir, il agissait. Il savait parler aux gens aussi pour ne pas devoir en venir à des extrêmes. Il était mon mur de protection face à un monde bien trop dur pour moi. Un monde dont je ne voulais pas vraiment faire partie. Un monde trop dangereux. Liam était vital pour moi.

J’avais fini de manger et relevai le regard vers Luke quand il me demanda comment j’étais avec mes fans. Je le regardais un long moment. La question était très complexe. Trop complexe. Je haussais les épaules.

-Je fais tout pour eux. Je leur offre de la musique, des concerts. Je ne monte sur scène que quand je suis sûr de pouvoir le faire à 100% et leur offrir le meilleur des spectacles. Et ils ne sont jamais contents.

Et ses ingrats se plaignaient de mes retards alors qu’ils étaient vitaux à un bon concert. Si je ne montais pas c’est parce que je n’étais pas prêt.

-Je sais que sans eux, on ne serait rien. Je les en remercie pour tout ce qu’ils font pour The Lightening. Mais jamais ! JAMAIS ! Je ne les laisserai croire que je leur appartiens.

Parce que c’était injuste. Pourquoi devrais-je leur appartenir alors que n’arrivais même pas à m’appartenir ? Pourquoi devaient-ils avoir la mainmise sur moi alors que moi-même je ne sais pas l’avoir ?

-Alors il arrive que je les repousse… C’est vrai… Mais pas tout le temps. Tout dépend… Du moment… Parfois, j’ai envie d’être tranquille… De ne voir personne. Même mes amis.

Je savais très bien que j’étais un gars instable même s’il m’arrivait de ne pas vouloir l’admettre.  

J’approuvai Luke de la tête. Oui, Liam était vraiment le garde du corps idéal pour moi parce que, justement, il savait tout faire.

Mais les fans étaient le sujet de conversation qu’on avait en commun Luke et moi. Lui était un mur face censé ne laisser passer aucun fan hystérique alors que moi, j’étais la proie que les fans chassaient. Ce statut de victime, je n’avais jamais réussi à l’assumer ce qui provoquait en moi beaucoup de contradiction. Surtout que je ne détestais pas mes fans, je faisais d’ailleurs tout mon possible pour leur offrir la meilleure musique. Je savais que, sans eux, The Lightening ne serait pas là où il est aujourd’hui. Tout ça, je le savais. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser que certains voulaient ma peau.

Et Luke me comprenait et était prêt à me donner son aide quand j’en aurais besoin. J’affichais un sourire angélique qui disparut presque directement quand Luke me conseilla de garder les pieds sur terre et de ne pas pêter un câble.

-J’essaye… Tout le temps… Mais…

Mais je n’y arrivais pas. Quand mes émotions prenaient le dessus, je n’arrivais pas à me contrôler. Et ce n’était pas qu’avant les fans, c’était avec tout le monde. Qu’est-ce qu’ils disaient encore ces foutus médecins ? Ah ouais : « Mr. Lighter vous souffrez de trouble bipolaire ». Ouais, c’est ça… N’importe quoi…

Luke pensait que mes fans étaient plus contents que je ne le croyais tout en affirmant que ça ne devait pas être facile tous les jours. Je repoussais mes assiettes un peu plus loin de moi et croisai les bras.

-Non, ils huent le groupe quand je suis en retard. Ils nous critiquent au moindre faux pas. Ils ne sont jamais content… Jamais…

Rien ne me fera changer d’avis. L’exigence de mes fans au fur et à mesure des années n’avaient fait qu’empirer mon perfectionnisme et donc mes retards à répétition.

-Les tournées peuvent vite devenir un cauchemar…

Parce que le moindre incident était un drame.

-Si tu as finis de manger. Il vaudrait mieux qu’on retourne dans ma chambre…

Chaque chambre d’hôtel était mon bunker et je m’y enfermais la plupart du temps.