Ils tournaient en rond en soufflant toutes les trois minutes. On attendait Nathan tous les cinq dans le studio qu’on avait aménagé pour composer notre nouvel album. MTI en voulait un pour relancer complètement notre groupe après le très bon concert de l’autre jour. Tant mieux, j’adorais bosser sur de nouvelles compositions.

-Arrêtez des tourner en rond, ça l’aidera pas à arriver plus vite.

Je souris en coin tout en tapant sur mon Aria sur le rythme d’une de nos anciennes chansons. Le bassiste de notre groupe se retourna vers moi avec un regard noir. Je savais à quel point il détestait Nathan. Plusieurs fois il s’était demandé s’il ne ferait pas mieux de faire comme Nathan l’original et se trouver un autre groupe. « Putain, Howard, il a quarante minutes de retard… Il se fout de notre gueule ! » Je haussais les épaules. Moi non plus je ne portais pas le gosse dans mon cœur mais pas à cause de son comportement ou à cause de ses blagues sur les comateux (ça c’était plutôt fun). Non, ce que je n’aimais pas chez Nathan c’est qu’il m’avait volé la Une de L.A.People. Des années que je la convoite et voilà que ce morpion débarque et me la prend sous le nez. Puis, il avait obtenu l’attention des fans et voilà que je me retrouvais à nouveau au second plan. Amon allait entendre parler de moi !

Je tapais de plus en plus fort et de plus en plus vite. Je déployais toute ma technique alors que notre bassiste, suivit du claviériste finirent par sortir prendre l’air. J’étais maintenant seul avec les deux petits nouveaux qui accordaient leur guitare et attendaient, silencieusement, le Nathan manquant. Ils faisaient pas de vagues, les deux nouveaux et j’aurais aimé que Williams prenne exemple sur eux. C’était moi le foutu bad boy. Pas ce gosse aux cheveux frisés.

Dix minutes s’écoulèrent encore et toujours pas de trace de Nathan. Les deux autres n’étaient pas revenu non plus… Ils s’étaient peut-être tout simplement barrés. Peu importe, en fait…

-Il s’est peut-être fait bouffer par ces foutus androïdes… Lui qui disait les avoir amadoué, c’était peut-être un piège…

Il m’arrivait de rentrer dans le délire de Nathan rien que pour emmerder le monde… Les deux nouveaux se retournèrent brièvement vers moi et me regardèrent avec un regard sceptique. Bah quoi… On sait jamais…  

Maman en avait marre des androïdes. Je lui en parlais à tous les repas – et même en dehors quand je la croisais. J’avais tout raconté à ma maman, du plan de Ron à la soumission de ces machines. Jerry The Kid avait une armée maintenant. Sauf que j’étais pas un méchant alors je n’allais pas utiliser cette armée pour conquérir le monde. Je savais même pas très bien ce que j’allais en faire de tous ses androïdes…

-Va prendre l’air, Nathan !, dit-elle alors que je lui parlais encore du concert des androïdes.

Ok, d’accord… J’étais sorti de chez moi en faisant une moue triste. Qui disparut une fois que j’avais fait quelques mètres. C’était bon de pouvoir se promener en rue en étant sûr de ne pas se faire aspirer l’énergie – ou pire se faire contrôler – par un androïde. Mon errance dura une heure avant que je ne prenne le bus direction Downtown et MTI. Je devais aller voir si les androïdes allaient bien. Puis aussi essayer de voir si mon groupe n’y était pas.

Une fois arrivé, et après avoir signé quelques autographe à des gens que je ne connaissais pas, j’entrai dans le bâtiment. Cindy, une réceptionniste, était là. C’était un androïde. Je l’ai su dès que nos regards se sont croisés. Elle tirait toujours la tronche alors il n’y avait aucun doute. Je lui fis un très grand sourire. Les androïdes étaient tous à moi donc Cindy aussi.

-Bonjour, Cindy ! Comment tu vas aujourd’hui ?, dis-je tout sourire.

Elle leva un sourcil.

-Moi, c’est Cynthia… Et puis qu’est-ce que tu fais ici Jerry ? Tu devrais être aux studios ! Les autres y sont déjà d’après les notes laissées par Evans !

Je pris un grand air surpris. Oh merde !!! C’est vrai !! J’avais complètement oublié !!

-Miiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinccccceeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee !!!, dis-je tirant mes cheveux avec mes mains. J’avais oublié…

Ils allaient me tuer, les autres. Je regardais Cindy qui soupirait. Il fallait que je m’y rendre vite fait, aux studios. Je regardais intensément la réceptionniste. Les androïdes lisaient dans les pensées alors j’avais pris l’habitude de leur donné des ordres par la pensée. Je plissais les yeux en pensent très très fort : « Conduis-moi aux studios… Conduis-moi aux studios… » Après quelques secondes à se regarder en chien de faïence, Cindy soupira à nouveau.

-Reste pas planter là, Jerry ! File aux studios au lieu de me regarder !, dit-elle en fronçant les sourcils.

Oh, ben ça a pas marché… J’approuvais énergiquement de la tête.

-Euh… Ok ! J’y vais !, dis-je en courant hors des bureaux.

Je pris le bus à nouveau jusqu’aux studios qui étaient situés à Hollywood. Arrivé là-bas, je courrais jusqu’au studio réservé par The Burning Fire. J’ouvris la porte. A l’intérieur, il y avait tout le monde. Sauf le bassiste et le claviériste. Eux, ils me parlaient jamais sauf pour m’engueuler… Donc j’étais content qu’ils ne soient pas là.

-Vomito-Man ! Stephen ! Howie !, dis-je ouvrant les bras pour saluer mes amis. Je suis en retard… Mais j’avais oublié… Cindy l’androïde n’a pas entendu l’ordre que je lui ai envoyé par la pensée.

Ils allaient comprendre, après tout ils savaient pour les androïdes. Je leur avais tout dit !

Un des deux guitaristes commençait doucement à ranger ses guitares. Je soupirai assez fort pour qu’il m’entende et lui envoyai un regard de reproche quand il se retourna vers moi. Bordel, c’est pas encore aujourd’hui qu’on allait pouvoir composer. Pourtant, j’étais pressé de sortir un nouvel album et de repartir en tournée. Tout ça me manquait à mort et je m’emmerdais depuis que Kayden avait décidé de tomber dans le coma…

Il s’arrêta cinq minutes de ranger avant de recommencer plus discrètement. C’est ce moment-là que trouva Nathan pour entrer tout essoufflé qu’il était dans le studio. Ce mec avait dû courir… Ce mec courrait tout le temps… Il nous salua en détruisant nos prénoms. Je ne connaissais aucun Stephen… D’ailleurs, j’entendais le guitariste marmonner derrière qu’il ne s’appelait pas ainsi. Quant à Vomito-Man, il détestait ce surnom… Et c’était compréhensible. Même si ça me faisait marrer à chaque fois quand Nathan l’appelait comme ça. Pour ce qui était d’Howie…

-Howard !

Je fronçais les sourcils. Personne, hormis mes petites amies, n’avait le droit de m’appeler Howie.

Nathan avait complètement oublié qu’on devait se rassembler aujourd’hui et, apparemment, Jerry The Kid n’avait pas encore assez développé ses pouvoir télépathiques pour contrôle Cindy, l’androïde. Cindy ? Je connaissais pas de Cindy… Je crois… Un sourire en coin s’afficha sur mon visage.

-Ouais ouais… La prochaine fois dit lui ton ordre de vive voix, ça marchera peut-être mieux…

Avec un peu de chance, les gens le prendront pour un dingue et l’interneront quelque part. Je tapai deux fois sur Aria avant de regarder le gosse droit dans les yeux.

-Seulement, t’es tellement en retard que deux d’entre nous sont déjà parti et que donc ça va pas être simple de composer si on est pas tous là.

Je croisais les bras. 

Bah ouais je sais que tu t’appelles Howard. C’était rare quand je retenais les noms, je sais, mais le sien je le savais.

-Oui, je sais ça, Howie, dis-je surpris qu’il m’ait repris.

Mais Howie c’était tellement plus cool. Les surnoms c’était la classe, un peu comme Jerry The Kid. Je ne vois pas pourquoi Howie s’obstinait à s’appeler Howard. Une rockstar sans nom de scène c’était un peu triste. Howie devrait songer à en trouver un. Je pourrais même l’aider s’il veut.

Je m’étais mille fois excusé de mon retard. Cindy l’androïde n’avait pas bien entendu mon ordre. La force n’avait pas vraiment été avec moi et, même si je dirigeais les androïdes, je devais encore trouver le truc pour qu’ils entendent mes ordres. Heureusement qu’Howie était là ! Il me donna une idée de génie. Donner l’ordre de vive voix aux androïdes.

-Oh mais t’as raison, Howie ! Je n’y avais pas pensé ! J’essayerai ça la prochaine fois !, dis-je vraiment reconnaissant.

Par contre pour composer ça n’allait pas être simple, d’après Howie, parce qu’il manquait deux membres du groupe qui était parti avant que je n’arrive. Je soupçonnais ses deux-là d’appartenir à un complot de super-méchant… Je n’en avais pas encore parlé ni à Stephen, ni à Vomito-Man, ni à Howie mais j’étais persuadé que c’était le cas.

-C’est pas grave… On a cas composer et leur montrer ce qu’on a fait après. Ils sont surement partis comploter pour conquérir le monde. Depuis que les androïdes ne veulent plus le faire, ils ont champ libre, dis-je aussi sérieux que le Pape lors de son discours de Noël.

Je me mis devant mon micro.

-J’ai écrit une chanson, tu veux la voir ?, dis-je en regardant Howie.

Je sortis un papier chiffonner de ma poche et la tendit au batteur. J’avais écrit ça hier.

Bon ben, laissons tomber… Il n’allait pas lâcher ce foutu surnom apparemment. Je soupirai un long coup. Cette journée m’ennuyait déjà… Et ce petit Nathan aussi. Son retard avait fait fuir deux membres du groupe ce qui compromettait un peu notre session de composition.

Il m’avait sorti toute une histoire encore avec des androïdes. Apparemment, il avait eu du mal à transmettre son ordre à Cindy par la pensée… Sans blague… C’était pas un foutu chevalier Jedi que je sache… Je lui donnai la bonne idée d’à l’avenir transmettre son ordre de vive voix en espérant, pour ma part, que les gens de MTI le prennent pour un dingue et le foute à l’asile. Et Nathan trouva l’idée géniale. Je pouffais de rire pendant quelques secondes avant de reprendre tout mon sérieux, comme si de rien n’était. Bordel, je savais pas si ce gosse était complètement con ou s’il le faisait exprès…

-Ouais, ouais, essaye ça !

Surtout essaye bien, juste pour voir. Et, si possible, fait le quand je suis là comme ça je pourrais voir la scène.

En attendant, on n’en était pas encore là. On était plutôt à se demander comment on allait faire pour composer sans les deux autres. D’après Jerry The Kid, on pouvait très bien composer sans eux. Et que, de toute façon, ils étaient certainement partis conquérir le monde. Quoi ?? Je levai un sourcil. Encore un bon vieux délire à la Nathan ça…

-Putain, mais qu’est-ce que tu racontes ?

Notre claviériste et notre bassiste ? Conquérir le monde ? Mouais, peu probable. Ils n’avaient pas forcément assez d’ambition pour ça… Ils se reposaient sur les lauriers que The Burning Fire avait construits.

Enfin bon, Nathan était prêt à composer et je n’allais pas dire non à sa proposition de faire ça sans les deux autres. Je crevais bien trop d’envie de faire de la musique même si, sans le groupe complet, ça n’allait pas donner pareil. Je fis un signe de tête aux deux autres pour qu’ils se mettent en place. Nathan, lui, me tendit un vieux morceau de papier où il avait, apparemment, écrit une chanson.

Je le pris et… Bordel ! Ce foutu papier était tout gras… Il a écrit sa foutue chanson en mangeant un foutu hamburger ou quoi ? J’étais dégoûté et ça se voyais.

-Putain, Nathan, la prochaine fois, écrit sur une feuille propre avant de me la donner…

J’ouvris le papier du bout des doigts et découvrit les paroles. Je lus attentivement et, comme d’habitude, c’était très bien écrit. Ce gosse était un talent brut en chant mais c’était aussi un excellent parolier. Et c’était bien ça mon problème avec ce type… Il me volait la vedette mais j’en avais besoin pour que mon groupe continue. Comme s’il utilisait tout son intelligence dans son talent et que, du coup, elle manquait dans le reste de ses actes.

-C’est super bien…

Je rendis le papier à Nathan, du bout des doigts encore une fois et frottait ensuite mes mains contre mon jeans toujours aussi dégoûté.

-Faudra qu’on le montre aux deux autres. Mais en attendant, on peut déjà composer deux trois trucs là-dessus.

Je fermais les yeux quelques secondes et commençais à faire un rythme. Petit à petit, autant Vomito-Man que l’autre guitariste entrèrent dedans. Restait à entendre Jerry The Kid. 

Grâce à Howie, je savais maintenant comment il fallait que je procède pour communiquer avec les androïdes. Son idée était vraiment génale ! Heureusement qu’il était là !

J’étais fin prêt à commencer la session mais le batteur m’avait fait remarqué l’absence des deux membres du groupe. Je trouvais que ce n’était pas vraiment un problème. Surtout que notre bassiste et notre claviériste avaient mieux a faire qu’un album. Ils voulaient conquérir le monde !!

-Si, si !! Je te le jure ! Ils veulent conquérir le monde !, dis-je en faisant des très très grands gestes.

Le micro m’attendait parce qu’Howie il voulait composer alors je n’allais pas le mettre en colère en le faisant attendre. J’avais même composé une petit chanson rien que pour le groupe. Il était dégoûté et je pris un air étonné. Du papier c’est du papier… J’ai pris le premier qui m’était tombé sous la main.

-J’avais rien d’autre que le papier qui entourait mon hamburger…, dis-je en haussant les épaules.

Je mangeais et, tout d’un coup, j’ai eu l’inspiration ! Ça m’arrive souvent quand je mange… J’avais tout écris avant qu’elle ne s’en aille. En tout cas, j’étais super fier de ma chanson. Je regardais Howie qui lisait alors que je vacillais entre un sourire et un peu d’excitation. Il aimait ma chanson.

-Youhou !!!!!, dis-je en sautant de joie.

Il me rendit mon papier que j’enfui dans ma poche. Je la connaissais déjà par cœur cette chanson. Howie voulait composer dessus et j’étais carrément prêt. Depuis que j’avais gagné la confiance des androïdes je pouvais me concentrer entièrement sur la musique.

Howie commença à faire un rythme et je sautais sur place au rythme de sa batterie. Les guitaristes imitèrent Howie et, quand il y eu une cohérence, je commençai à chanter ma chanson.


Quand je chantais, je m’éclatais. Je savais qu’il y avait encore beaucoup de super-vilains dehors mais chanter me permettait de faire une pause dans ma protection du monde. Ron pense que la musique est une arme et j’espère qu’il a raison. Ainsi mes pauses serviront à quelque chose.

La chanson terminée, je sautais de joie !!

-Whouhou !!! C’était génial, Howie ! Tu gères !, dis-je en souriant très fort et en regardant le batteur.

L’était fort, Howie. Il lui fallait pas longtemps avant de sortir un bon truc.

Bon, ben, il était vraiment convaincu que notre bassiste et notre claviériste étaient déterminés à conquérir le monde. Bordel, ce Nathan venait de Krypton ou quoi ? J’affichai un petit sourire en coin.

-Si tu le dis…

J’avais quand même de très sérieux doutes et, vu la tête des deux autres, eux aussi en avaient des sérieux doutes. Mais, comme les petits délires de Nathan est tout ce qui le rendait sympathique à mes yeux, je le laissais délirer sans essayer de le ramener dans cette foutue réalité qui était, de mon avis, bien ennuyante.

On allait quand même se mettre à composer même si les autres n’étaient pas là. C’était moins pratique mais j’avais pas envie de rentrer chez moi sans rien avoir fait aujourd’hui. Je ne voulais pas que cette foutue journée soit totalement inutile.

Le gamin sortis un papier de sa poche. Apparemment, il avait bossé sur une chanson. Je pris cette feuille constatant, pour mon plus grand désarroi, que celle-ci était grasse. Je faisais grimaces sur grimaces tout en lisant le texte (qui lui était très bon). Je finis par être totalement dégoûté quand il me fit part de l’origine exacte du papier.

-Putain! C’est dégeu…

Heureusement que la chanson en valait le coup sinon j’allais moi aussi me barrer d’ici pour le laver les mains. Au lieu de ça, je rendis son papier à Nathan et m’essuyant les mains sur mon pantalon (faute de mieux). Au moins c’était du grand art ce qu’il avait écrit et je le dis au gamin qui sauta de joie.

Ensuite, je commençai à jouer. Aria résonna dans tout le studio et, à elle virent s’ajouter les deux guitares et, enfin, le chant de Nathan. Chacun de mes gestes étaient calculé, mon jeu de batterie étant très technique. Je fermais souvent les yeux pour ne faire qu’un avec mon Aria. Quand je jouais, c’était le seul moment où je ne m’ennuyais pas et où je pouvais « parler » avec ma Déesse.

La chanson terminée, le gamin sauta de joie encore une fois. Il ne pouvait absolument pas tenir en place. On avait presque une chanson entière avec ça et ça nous était venu tout naturellement. Ces nouvelles recrues étaient jeunes mais c’était tous du talent brut.

-Je sais. Ça fait des années que je gère.

J’affichai mon éternel sourire en coin et fini par me lever pour aller prendre la bouteille de vodka qui trainait dans un coin du studio. Je me retournais vers le groupe (enfin, plutôt, sur les trois gosses) et bus une énorme gorgée de vodka.

-Va falloir que tu nous pondes des trucs comme ça à chaque session, Jerry. Ainsi, l’album sortira vite. T’es capable de faire ça ?

Je bus une autre gorgée alors que Vomito-Man s’était approché de moi me demandant s’il pouvait boire un coup. Je levai un sourcil pour bien lui faire comprendre que cette bouteille n’était pas destinée au partage. Je continuai, ensuite, à fixer Nathan.

-Si tu fais ça et que tu fais tout ce que je te dis, je te promets d’empêcher nos deux chers amis de ne pas conquérir le monde.

Je jouais dans son délire mais ça valait le coup.  

Je te jure, Howie, le papier n’est pas radioactif ! Il le prenait avec tellement de dégoût qu’il devait croire que le papier était dangereux et qu’il allait lui ronger les doigts. Pourtant j’avais bien vérifié que le marchant de hamburger n’était pas un super-vilain ou bien un des rares androïdes dissidents. L’était méfiant Howie et je pouvais comprendre. Le monde était peupler de danger !

Il s’était détendu le Howie et il m’avait rendu mon papier en disant que ma chanson, elle était bien. Un cri de joie pour fêter ça et hop, c’était parti pour une petite improvisation sur les paroles que j’avais écrite. On faisait un très bon groupe. Si un jour Howie, Vomito-Man et Stephen voulaient devenir des combattants de la justice peut-être qu’on pourra former un groupe de super-héros. Voyez la pub: « The Burning Fire : musiciens la journée, super-héros la nuit ». Oh se serait la classe !!

Pour l’impro, il me suffisait de suivre le rythme bien organisé d’Howie et de choisir mes notes en fonction du jeu de guitare des deux autres. Ils faisaient tout le boulot, me restait qu’à m’adapter. En gros, on a fait une méga-super improvisation et j’avais encore crié de joie et complimenter Howie pour ce qu’on avait fait. Howie savait qu’il gérait, ce qui était pas étonnant. Je lui offris mon plus grand sourire.

Le batteur se pris de la vodka. Moi j’aimais pas la vodka, je préférais les bonnes bières du Dizzy Warhol. Je savais qu’Howie, lui, il buvait n’importe quoi, n’importe quand et avait une descente monstre – je ne lui connaissais d’ailleurs aucun égal. Il me parla ensuite de la manière dont on allait procédé pour que l’album sorte très très vite et mon travail était simple : écrire des chansons comme celle-ci.

-Aucun problème ! Aucun problème !, dis-je en secouant la tête de haut en bas en signe d’affirmation et en souriant.

J’en écrirais une chaque fois que je mangerais un hamburger… Il faudra que je mange beaucoup de hamburger, alors, sinon Howie sera pas content.

Vomito-Man tenta une approche pour essayer de soutirer de la vodka à Howie mais le batteur n’était pas très partageur. Moi, j’écoutais toujours le batteur qui me proposa de m’aider à empêcher la conquête du monde par nos deux collègues et ceci à deux conditions : la première qui est celle ci-dessus et la seconde qui est de faire tout ce qu’Howie dit. Oh mais c’est facile tout ça !

-C’est vrai ? Tu m’aideras à les empêcher de s’emparer de la Terre ?, dis-je des étoiles dans les yeux à l’idée d’avoir un coéquipier supplémentaire – le premier étant Ron.

Je sautais de joie partout dans la pièce avant de m’arrêter et de regarder Howie.

-C’est gééééééééénial !!!! Je ferais tout ce que tu dis !!! C’est promis !!

Je me remis à sauter dans tous les coins en chantant « We Are The Champions » de Queen et puis… Oups… Je finis par bousculer violement la batterie d’Howie qui en perdit une cymbale…

-Oups…, dis-je gêné.

Oh oh… J’espère que j’ai rien cassé…

Bordel, la vodka, elle était bien utile pour survivre aux cris de joie incessants de Nathan. En plus, il sautait partout… Il voulait me foutre le mal de mer ou quoi ? Je crois que j’allais devoir m’habituer à tout cas parce que ce mec était carrément hyperactif et que ça allait pas s’arranger.

Il était temps d’avancer et pour avancer, il fallait motiver le gamin à continuer à écrire des trucs comme il l’avait fait avec la chanson qu’on venait d’improviser. Pour ça, la première carotte que j’avais trouvé c’était que, s’il faisait ça, l’album sortira bien plus vite. Ça c’était ma volonté à moi, je savais pas Nathan voulait qu’il sorte aussi vite car, après tout, il ne savait pas ce que c’était de sortir un album et de partir en tournée. Il ne savait pas à quel point s’était amusant et à quel point j’en avais besoin. Si l’album ne sortait pas vite, pas de tournée et s’il n’y avait pas de tournée, j’allais finir par mourir d’ennuis. Pour le gosse, il n’y avait aucun problème à ma demande. Je souris.

-Cool !

Je buvais ma vodka presque sans discontinuer et sans partager avec les trois gamins que j’avais ici malgré la demande du mal nommé Vomito-Man. Et puis quoi encore ? C’est pas parce que ce sont des musiciens très bons que j’allais partager ma vodka avec eux. Je partage qu’avec mes amis…

La première carotte avait marché et je poussai le vice jusqu’à faire une autre demande à Jerry The Kid. Elle était simple, il suffisait qu’il fasse tout ce que je disais. Et pour ça, j’avais la carotte ultime, l’aider dans sa quête imaginaire contre les forces occultes qui veulent s’emparer du monde. Surpris et enthousiaste, Nathan se demanda si tout ça était bien vrai.

-Ouais ! Je t’aiderais !

Alors il accepta. Je souris pensant à tout ce que je pouvais maintenant faire avec ce gosse. Jerry The Kid était peut-être le seul conscient d’un complot de conquête du monde sous fond de science-fiction, c’était pas pour ça qu’il voyait mon envie de conquête de The Burning Fire sous fond de manipulation. Et ça m’arrangeait qu’il soit aveugle.

Il se remit à sauter partout. Je levai les yeux au ciel avant de boire encore et encore ma vodka. Ses sauts me rendaient vraiment malade. Il se mit à chanter et j’étais bien content qu’il sache chanter sinon ça aurait été de trop. Je me retournai vers le mur pour ne plus le voir sauter et pour boire ma vodka en paix. Jusqu’à ce que j’entende le son inquiétant d’une cymbale qui tombe. Je me retournai d’un seul coup vers ma batterie. Nathan avait bousculé Aria dans sa gymnastique d’hyperactif. Je lâchais ma bouteille de vodka qui se brisa au sol.

-Putain ! Sale petit enfoiré !

Je m’approchais du gosse et d’Aria, fou de rage. D’un geste violent je poussais Nathan sur le côté le faisant même tomber au sol. Je m’approchai ensuite d’Aria.

-Putain de merde !

Je remis en place la cymbale qui, heureusement, n’avait pas de dommage. J’inspectai ensuite chaque recoin de ma Déesse pour être bien sûr que ce petit con n’avait fait aucun coup. Après 10 minutes où les autres n’osaient pas bouger, je finis par soupirer de soulagement. Aria n’avait rien, hormis une grosse frayeur. Je me retournai ensuite vers Nathan avec un regard toujours pas spécialement sympathique.

-La session est terminée !

Les deux guitaristes me regardaient et protestaient un peu, rien qu’un tout petit peu et sans réelles convictions.

-Foutez le camp ! Tous !

J’aurais pas pu me remettre à travailler. Pas après ça et pas avec Jerry The Kid.  

Sa majesté Howie sera comblé. J’étais vraiment prêt à faire tout ce qu’il me disait contre sa participation au combat contre les forces du mal. Le bien de la planète était tout ce qui comptait, puis, s’il me rejoignait on serait maintenant trois à combattre les méchants. Ron sera sûrement très content savoir qu’Howie est avec nous.

Pour fêter ça, je m’étais mis à sauter partout en chantant Queen qui était, est et restera à tout jamais mon groupe préféré. Howie, lui, il s’était retourné vers le mur pour je ne sais quelle raison. Le mur était peut-être plus qu’un mur, après tout. Je n’étais pas au courant de tous les trucs surnaturels qui peuplaient la planète même si j’en savais pas mal sur les androïdes et le complot de conquête du monde. Howie savait peut-être des choses que je ne sais pas. Si ça tombait, il était lui-même un super-héro mais gardait son identité ultra secrète.

Dans mes sauts, j’avais malheureusement bousculé la batterie du batteur – oui, oui, la batterie du batteur ! Ça avait fait beaucoup de bruit et j’étais un peu gêné de ce qui venait d’arrivé. Aussitôt j’avais rallié Howie à ma cause, aussitôt je faisais déjà une connerie. Tout d’un coup, le mur sembla inintéressant pour le batteur qui se retourna furax vers moi. Oh merde… Il lâcha la bouteille de vodka… Oh double merde… Ce qui n’était pas bon signe du tout vu comment il la couvait il y a pas deux secondes. Il me traita de sale petit enfoiré et je pris un air choqué. Il s’approcha de moi et je mis mes mains en avant.

-Me frappe pas ! Me frappe pas ! Me frappe pas !, répétais-je en fermant les yeux.

Il me poussa sur le côté et je me ramassai à terre. Je me relevai aussitôt avec les yeux ronds. J’avais jamais vu Howie dans un tel état. Elle avait pas l’air trop endommagée, pourtant, sa batterie. Mais je préférais rien dire… S’il avait l’un ou l’autre super-pouvoir, j’étais bien mal.

Il remis tout en place et moi, je bougeais pas. On sait jamais de quoi les autres sont capables…Howie annonça alors la fin de notre moment unique de création. Oh… J’étais déçu et faisait une moue alors que les autres protestaient un peu. Mais rien à faire, il voulait qu’on se casse d’ici.

-Ok…, dis-je en marchant à reculons vers la sortie. Je suis désolé…, dis-je avant de disparaitre derrière la porte.

Howie pouvait faire peur quand il voulait.